«Nous ne sommes si enclins à bien juger autrui que parce que nous tremblons pour nous-mêmes.» Oscar Wilde.
feat Phèdre & ...

«Sam, je sors!» Annonçai-je à mon coloc', je fis en sorte de m'empresser de sortir pour ne pas qu'il me questionne sur où j'allais. En fait, je ne savais pas encore où j'allais attérrir, la seule chose que je savais était que j'avais mon bagage avec moi. Prenant ma vieille bagnole, je sillonnai les rues à la recherche d'un endroit isolé pour m'arrêter. J'empruntai une rue au hasard, j'avais même pas pris la peine d'ouvrir la radio, uniquement le son du moteur de mon vieux taco se faisait entendre, sentir aussi peut-être... Je finis par m'arrêtée devant un vieux bâtiment désafecté. Je sortis de mon véhicule et m'avança remarquant que l'immense porte en fer rouillé était close, je me pris à deux fois pour l'ouvrir. Quand la porte fut ouverte, je pénétrai dans ce temple abandonné, un sourire se dessina sur mon visage, l'endroit était vide, et c'est ce que je recherchais. Ressortant à la hâte, je m'emparai de mon matériels et retournai à l'intérieur. Un immense mûr à peine marquée par d'autres avant moi, était à ma disposition. J'arborai un sourire malicieux, puis je demeurai dans cette position, face au mur à la recherche d'idée pour laisser ma trace. J'optai cette fois pour l'utilisation de cannes en aérosol, de différentes couleurs, puis je débutai mon oeuvre. Uniquement le bruit "psssscht, psssscht, psssscht." de la canne se faisait entendre, la couleur se répendait sur le mur, s'y incrustant pour ainsi y demeurer. Ne faisant jamais mon art, sans musique je sortis mon ipod que je déposai sur un vieux banc non loin de moi, puis je mis la musique.

J'avais l'impression que ce que je faisais prenait un sens réel avec la musique, c'est étrange non? Sourcils froncés le regard sérieux, j'étais complétement dans ma tête, les traits de peinture étaient fin et discret, je ne ressentais aucune colère aujourd'hui, qui ferait en sorte que mon dessin pourrait être agressif. Tranquillement l'image prenait forme sur le mur, lui donnant un autre cachet, une vision différente. Soudainement, mon portable vibra me précisant que quelqu'un essayait de me rejoindre, je ne pris pas la peine de regarder, j'avais juste envie d'être seule avec mon art. Mes pensées divaguaient parfois, et l'image de ma mère me revenait en tête, je l'imaginais souriante lorsqu'elle connaissait des meilleurs jours, des jours que j'ai vue très peu souvent, puisque la maladie me l'a prise assez tôt, sans que je puisse riposter, me battre comme un guerrier. À l'époque, lorsque sa maladie se déclencha, j'étais jeune et trop occupée à vivre ma petite vie d'adolescente. C'est en grandissant que je réalisai l'ampleur de tout ça, comme un coup de poing en pleine figure, un bon matin j'avais réaliser que plus jamais elle me ferait des crêpes, qu'elle me demanderait comment à été ma journée. Ma mère n'était plus qu'une sorte d'épave combattant avec elle-même chaque jours, ça allait être ça jusqu'à la toute fin. M'humectant les lèvres, je me reculai pour avoir une perceptive plus grande, une vue d'ensemble. Une grimace d'insatisfaction apparut sur mon visage. Posant la canette avec les autres, je fouillai nerveusement dans la poche de mon jeans délavé, et j'y trouvai une cigarette.

Je m'emparai d'un briquet et l'alluma, pour enfin en tirer une bonne bouffée, que je soufflai après quelque secondes. Mon retour à Arrowsic me pesait, je me demandais encore ce que je faisais là. M'emparant de mon portable, je jetai un oeil à l'appel que j'avais loupée puis eut un sourire léger levant les yeux au ciel, je mis ma cigarette entre mes lèvres et m'empressa de répondre agilement à ce texto. Quand cela fut fait, je me remis au boulot, ma cigarette pincée entre mes lèvres, je continuai pendant une bonne dizaine de minutes, puis j'examinai le résultat, un brin de satisfaction créa une étincelle dans mon regard marron, jetant un regard vers l'extérieur, je voyais les voitures circuler à vive allure, comme s'ils avaient complètement oubliée mon existence, j'aimais ce sentiment de solitude. De paraître comme un fantôme errant, soudainement comme si j'avais souhaité trop fort, des bruits de pas se firent entendre, c'était trop beau pour être vrai.