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 next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey

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MessageSujet: next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey   next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey EmptyJeu 2 Fév - 2:08

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Le soleil cède sa place à la lune. L’obscurité devient maitresse des lieux & ta silhouette n’est éclairée que par quelques réverbères à faible intensité. Assis sur un banc, dans le parc, tu admires les alentours. Les arbres communiquent, les gens marchent entre eux en se racontant sans doute leur journée. Tes yeux remarquent des couples. Une notion qui te laisse d’ailleurs perplexe puisque tu ne l’as que rarement vécu. & tu n’entends rien sinon le craquement des feuilles morts écrasées par des pieds indélicats. Cette atmosphère te plait. Tu es seul & tranquillement installé. Sur tes genoux, une feuille noircie plaquée sur un support. & la mine de ton crayon y fait progressivement apparaitre des formes d’abord abstraites… puis de plus en plus précises. Un morceau de ton âme est maintenant gravé sur ce papier. & ça provoque en toi une sensation de bien-être. Le dessin n’est pas juste devenu une passion. C’est tellement plus fort que ça. Tellement plus… libérateur. Parce qu’il s’agit là, d’un moyen pour toi de t’échapper, de t’évader de ton quotidien morbide. Ta vie n’a plus de sens depuis si longtemps. Tu vogues dans le même labyrinthe sans jamais y trouver de sorties. Un infime nuage blanc colore l’air lorsque tu soupires la maladresse d’un trait de crayon. Il fait froid ce soir. La température avoisine certainement les zéro degré & ta simple veste ne suffit pas à réchauffer ton épiderme. C’n’est pas important. Tes doigts gelés ne t’empêchent certainement pas de poursuivre la réalisation de ce paysage. En revanche… cette fille, si.

Abbey. J’me souviens de cette fille. J’l’ai rencontré quelques années plus tôt alors que j’habitais encore à New-York. À plusieurs reprises, nous nous sommes prêtés à des jeux intimes &, finalement, nous n’avons rien partagé d’autre. Le temps a joué en ma défaveur & avant d’avoir eu l’opportunité de lui avouer mes fautes, elle m’a blâmé. J’ai dans mes souvenirs l’image de ses pupilles teintées d’une crainte sans nom. Aucune nouvelle. Évidemment, je n’en demandais pas & n’en exigeais pas non plus. J’aurais simplement aimé qu’Abbey ne soit pas la première d’une longue série à fuir ma personne. J’ignore encore pourquoi j’ai ce désir de devenir un homme de confiance. J’ignore également pourquoi je suis d’ores & déjà en train de ranger mes affaires dans mon sac, avec la simple envie de rejoindre la jeune femme. Mes pas me guident dans sa direction & sans même attendre son approbation, je m’installe à ses côtés en prêtant attention à cette distance raisonnable entre nos deux corps. La brusquer n’est pas mon intention. L’effrayer non plus. Je suis ici pour discuter. En suis-je seulement capable ? J’abuse sans cesse de sarcasmes. & je sais qu’à la moindre parole déplacée, je risque de sentir mon sang brûler mes veines assez violemment pour que mes poings se serrent. « Bonsoir » Ma voix est calme & posé. Avec une lenteur considérée, je tourne mon buste vers elle & scrute son profil. Je l’ai toujours trouvé jolie. Dommage que l’obscurité me prive d’une vue qui m’aurait sans doute plu.

Mes bras se croisent contre mon torse tandis qu’une longue inspiration brise le silence fraichement installé. Je suis réticent à l’idée de me replonger dans un passé qui m’a trop longuement détruit. Pourtant, j’ai connu Abbey à cette époque critique de ma vie. Je n’ai pas le choix. J’y repense. Mes organes se serrent à l’intérieur & j’en crève. Si seulement j’avais enfermé mes pulsions. « Arrowsic n’est pas tout proche de New-York. J’espère que je n’suis pas celui qui t’a poussé à partir si loin ? » L’atmosphère se doit d’être détendue dès maintenant. Je refuse qu’elle se braque. Je refuse qu’elle s’éclipse & me donne une énième fois l’impression d’être un monstre. Même si, putain, j’en suis un. Quel homme bat sa copine ? C’est… gerbant. Mais j'peux pas croire qu'elle se soit tirée par ma faute. Merde, c'est impossible n'est-ce pas ? « C’pas très raisonnable de te promener seule dans un endroit pareil, à une heure aussi tardive » Malgré moi, j’emploie des mots aptes à l’effrayer. L’angoisse risque de l’envelopper & mon seul sourire à cette fonction rassurante. Va-t-elle juste être réceptive ? Je n’fais que plaisanter. Bien que malheureusement, personne ne soit jamais à l’abri d’être la cible d’un détraqué. « Comment tu vas ? » Naturellement, je prends des nouvelles de cette fille qui a passé plus de temps nue contre moi, qu’habillée à mes côtés avec pour seule distraction une tasse de café & quelques gâteaux.
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Aaron Lawford
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MessageSujet: Re: next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey   next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey EmptyVen 3 Fév - 19:59

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il ne faut pas espérer changer le monde car le monde est bien plus fort que nous.


Doucement, la nuit plongeait sur Arrowsic, laissant l’obscurité pénétrer nos sombres âmes et la lune dominer sur nos esprits bouleversés. Quelques étoiles se différenciaient dans cette incroyable atmosphère que je trouvais magnifique. Arrowsic était une ville fabuleuse, mais je la trouvais encore plus belle quand elle était dominée sous les ténèbres. Mon service au Muffy’s était terminé depuis longtemps, et je n’avais rien trouvé d’autre à faire que de me balader sous les arbres qui ornaient la ville. A vrai dire, je n’avais pas envie de rentrer chez moi et me retrouver devant un vide angoissant, comme celui qui se trouvait dans mon cœur. J’avais juste besoin de me détendre, d’oublier tout, complètement tout, et de profiter de l’incroyable paysage qui m’entourait. Le vent se levait et soufflait comme une agréable bise, parcourant mes cheveux dorés avec délicatesse. J’avais un peu froid, mais ça n’était pas bien grave. Finalement, je décidais de m’arrêter au j.f. kennedy park, un endroit très populaire à Arrowsic mais qui, cette nuit-là, était presque désert, ce qui était plutôt plausible vu l’heure qu’il était. Je m’assis alors sur un banc, la tête vide et le regard ailleurs. J’étais comme plongée dans mes pensées, dans une sorte de transe qui m’envahissait parfois, sans même que je ne m’en rende compte.

« Bonsoir » Une voix. Il fallut quelques temps pour que je percute qu’une personne que je n’avais pas vue m’adressait la parole, très calmement. Il faut dire que je m’étais habituée à être seule, seule avec moi-même, seule contre le reste du monde, seule contre la vie, à tel point que j’en oubliais tout le reste. Je fronçais les sourcils, afin de distinguer la silhouette de mon interlocuteur qui s’effaçait sous la pénombre. Je pus très facilement deviner que c’était un homme, plutôt grand, avec une voix suave et intrigante. Finalement cette silhouette s’assit à côté de moi et je pus distinguer très nettement cette personne. Blake. Je tressaillis dès lors que je pus reconnaitre son visage rempli de remords et de secrets. Ses yeux bleus se distinguaient avec beauté dans cette obscurité, alors que le reste de son corps était comme caché sous l’atmosphère lourde. Je restai là, silencieuse, encore un peu sous le choc, quelques secondes. Des multiples questions se posaient dans ma tête, et de divers sentiments se battaient dans mon cœur. Il fallait que je reste calme, si je ne voulais pas qu’il m’arrive quelque chose. « Bonsoir, Blake. » répondis-je doucement. C’était tellement insensé que je n’arrivais pas à y croire. Que faisait-il ici, à Arrowsic ?

« Arrowsic n’est pas tout proche de New-York. J’espère que je n’suis pas celui qui t’a poussé à partir si loin ? » Je ne savais pas ce qu’il cherchait, ni même ce qu’il voulait. J’étais dans l’ignorance complète. Et je devais me contenter d’attendre, d’attendre de voir ce qu’il se passe. A vrai dire, je ne saurais dire si j’étais effrayée ou rassurée. Un mélange des deux, peut-être. « Non ne t’inquiète pas, ce n’est pas à cause de toi que je suis partie de New York, même si tu aurais pu être une très bonne raison. » A chaque fois que je parlais de New York, je ne pouvais m’empêcher d’éprouver des regrets. Beaucoup de regrets. A chaque fois, je me demandais ce qui se serait passé si je n’y avais pas été, ou si j’avais agi autrement, comme une personne raisonnable. Parfois oui, je me demandais comment aurait été ma vie si j’avais fait des choix différents. Mais je n’arrivais pas à l’imaginer. A croire que tout avait été déjà écrit. « C’pas très raisonnable de te promener seule dans un endroit pareil, à une heure aussi tardive » Blake. Blake et sa façon de parler qui ne me rassurait pas. Blake et ses mots remplis de sous-entendus que je ne comprenais pas. Blake et sa façon d’agir toujours aussi incompréhensible. « Pourquoi ? Est-ce que tu insinues que je devrais avoir peur de toi ? » Au fond, je savais que je l’étais. Tétanisée. Mais il fallait faire semblant. Faire semblant d’aller bien, faire semblant d’être forte, faire semblant de tout et de rien.

« Comment tu vas ? » me demanda-t-il alors. Comme si nous étions de vieilles connaissances, comme si nous étions encore quelque chose tous les deux, comme si rien ne s’était jamais passé. Avait-il oublié ce que nous avions vécu à New York ? Avait-il oublié les mots que je lui avais dits ? Avait-il oublié ce qu’il avait fait ? Pour moi, Blake faisait partie du passé. Il ne représentait plus rien pour moi. Et je ne lui devais rien. Absolument rien. Alors pourquoi faisait-il comme si tout allait bien ? Je ne comprendrais alors jamais ce personnage terrorisant et complexe. Jamais. Je soupirai. Non, je n’allais pas bien. Mais je me doutais que cela l’intéresse. « La réelle question, c’est comment TOI, tu vas ? » C’est vrai après tout c’était lui qui souffrait le plus entre nous deux. C’était lui qui était rempli de regrets, de blessures, pas moi. Même si je l’étais un peu, moi aussi. Je me demandais comment il avait fait pour surmonter tout ça, comment il avait fait pour recommencer. Parce que moi je n’y arrivais pas. Je n’arrivais pas à oublier mes fautes et mes douleurs. Comme si elles étaient encrées en moi. Peut-être qu’il ressentait la même chose que moi. Mais je crois que jamais il ne l’aurait montré. « Mais si ça t’intéresse, non ça ne va pas. Enfin, ça ne va pas changer ta vie de le savoir. » Je me fichais de ce qu’il pouvait penser de moi. Je me fichais de tout, en fait. Je voulais juste qu’il me laisse tranquille, et qu’il continue sa propre vie, sans moi. Cependant, je ne pouvais m’empêcher d’être curieuse. « Et toi, qu’est-ce que tu fais à Arrowsic ? » J’osais à peine le regarder. Comme si une barrière s’était bâtie entre nous et qu’elle nous séparerait pour toujours.
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MessageSujet: Re: next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey   next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey EmptyDim 5 Fév - 13:07

C’est l’inconnu d’une soirée comme celle-ci qui t’attire. Tu replonges dans un passé, que tu pensais oublié & noyé dans les méandres de ton esprit. Mais un rien te rappelle qu’il te suivra à jamais tel une ombre. Ce soir, Abbey porte l’image de tes conneries irréparables & honteuses. Pourquoi ne t’éloigne donc pas ? Comme un aimant, tu te sens emporté par ce qu’elle dégage. À vrai dire, tu es juste fasciné par ce que tu représentes. Tu suscites tant d’émotions opposées & dévastatrices. Parfois, tu te demandes comment tout cela est possible ; mais tu n’obtiens évidemment jamais de réponses. La vie n’explique pas ces choses-là. Tes souvenirs te forcent toutefois à retourner plusieurs années en arrière, lorsqu’Abbey fixait ton corps avec désir, puis plus tard, quand ses pupilles te crachaient toute leur crainte en pleine gueule. Tu n’as pourtant jamais été désagréable avec l’adolescente. & tu ne l’aurais jamais été. « Bonsoir, Blake. » L’espace d’un instant, tu as effectivement pensé qu’elle refuserait de te répondre, ou exigerait que tu quittes ce banc. Pourtant, Abbey s’est manifestée & abuse de politesse sans y être contrainte. Finalement, peut-être que ce soir, tu as l’occasion de t’expliquer. Putain, comme si ça allait changer quoi que ce soit ! Cette fille ne te redonnera plus jamais sa confiance. Ne vois-tu pas qu’elle ne daigne plonger son regard dans le tien ? Elle va te fuir comme la peste jusqu’à ce que tu crèves. & son attitude est tout à fait normale.

« Non ne t’inquiète pas, ce n’est pas à cause de toi que je suis partie de New York, même si tu aurais pu être une très bonne raison. » Je n’estime pas être coupable de cette fuite. À plusieurs reprises, j’ai retrouvé Abbey & à plusieurs reprises nous nous sommes envoyés en l’air sans jamais se poser de questions. Notre relation évoluait au jour le jour, sans contraintes & sans limites. J’n’ai jamais été désobligeant avec elle. & elle n’a pourtant pas hésité à me fuir. Je peux comprendre cette crainte qui jamais ne disparaitra. Mais bordel… c’est foutrement blessant. « C’est vrai que tu avais des raisons de t’casser d’là, j’étais agressif avec toi » L’ironie se lit sans mal dans ma voix, & j’lève malgré moi les yeux au ciel. Mes nerfs se réveillent mais je les repousse autant que possible. Je n’ai pas le droit de m’énerver pour si peu. Je n’ai pas le droit d’en vouloir à Abbey. « Pourquoi ? Est-ce que tu insinues que je devrais avoir peur de toi ? » Mes provocations ne sont que le reflet de ma véritable personnalité. J’abuse de sarcasmes & j’reste un homme assez indéchiffrable. J’aime créer le mystère autour de moi, même si je devrais plutôt pour une fois battre en retraite & anéantir ma putain de fierté. Au lieu de ça, un sourire moqueur étire mes lèvres. Puis je me penche dans l’espoir de croiser son regard. « Arrête Abbey, j’n’ai pas besoin d’insinuer quoi que ce soit. Tu as déjà peur. C’est ridicule » Ridicule ; ça l’est dans la mesure où je l’ai toujours respectée. & elle n’aurait jamais pu soupçonner mes fautes si celles-ci étaient restées coincées entre les quatre murs de l’appartement témoin.

« La réelle question, c’est comment TOI, tu vas ? » Cela fait bien longtemps que je ne m’interroge plus sur mon état. Comment vais-je ? Suis-je heureux ? Je me voile sans doute la face en arborant tous les jours des sourires ironiques & moqueurs au possible. De même que ces instants passés à taquiner les filles… Derrière moi reste caché l’homme que je suis réellement. Parce qu’il n’y a que ça qui compte dorénavant : dissimuler ma véritable identité & repartir de zéro sans laisser apparaitre de doutes. Je n’veux plus voir les gens changer de trottoir à la simple apparition de ma silhouette. Je n’veux plus entendre les femmes ordonner à leurs enfants de leur donner la main & d’entrer dans le magasin le plus proche. À New-York, j’étais bloqué dans la peau d’un criminel. Personne n’acceptait de me voir autrement. & c’était… purement mérité. « Mais si ça t’intéresse, non ça ne va pas. Enfin, ça ne va pas changer ta vie de le savoir. » En effet, ma vie ne changera pas. Ça ne m’empêche pourtant pas de l’écouter attentivement, comme je pense l’avoir toujours fait. Un fossé s’est creusé entre nous quelques années auparavant. & aujourd’hui encore, ce fossé s’agrandit. Elle me repousse & m’éloigne. « Je vais bien… & ça m’intéresse de savoir comment tu vas. Qu’est-c’qui s’passe ? » & je comprendrai parfaitement qu’elle refuse de m’en parler. Après tout, je ne suis rien pour elle.

« Et toi, qu’est-ce que tu fais à Arrowsic ? » Ses yeux fuient les miens & je peine à distinguer ses traits des plus féminins sous ce rideau noir plein d’étoiles. La nuit joue décidément en ma défaveur. « En fait… j’suis parti à ta recherche. Tu me manquais… » Sérieux un moment, je finis par esquisser un sourire teinté de malice. C’est faux, inutile de le préciser. J’ignorais vraiment qu’Abbey se trouverait ici. Après notre rencontre à New-York & sa fuite précipitée, les chances pour qu’Arrowsic nous réunisse étaient infiniment minces. & pourtant. « Mes erreurs me poursuivaient. C’est impossible de se reconstruire dans ce cas. Alors j’suis resté lâche & j’ai fui. Puis quand les gens apprendront c’que j’ai fait, ici, je partirai à nouveau » J’ai souvent envisagé d’autres solutions : me battre & prouver aux autres que je ne suis plus cet homme, que je ne battrai plus de femmes pour me faire entendre. Mais « quand on commence, on ne s’arrête plus » parait-il.
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Aaron Lawford
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MessageSujet: Re: next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey   next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey EmptyLun 6 Fév - 0:19

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il ne faut pas espérer changer le monde car le monde est bien plus fort que nous.


J’étais relativement calme, peut-être même un peu trop, ce qui devenait inquiétant. Cet homme était dangereux. Cet homme avait frappé sa petite amie. Cet homme avait fait de la prison. Et cet homme se tenait à côté de moi. Devais-je fuir ? Devais-je partir en courant ? Devais-je appeler la police ? Non, ça aurait été puéril. Il avait payé pour l’acte qu’il avait fait, et maintenant il avait sa liberté. Je suppose que tout le monde avait le droit de vivre. Je soupirai. Moi aussi, je voulais avoir la chance de vivre. Moi aussi, j’aurais aimé. Mais vivre dans ce monde était beaucoup plus difficile que ce que je ne l’avais pensé. J’essayais de percevoir le visage de Blake dans l’obscurité, en vain. Et puis c’était sans doute mieux ainsi. Je savais qu’il était dangereux, mais quelque chose me disait qu’il fallait que je reste. Mon instinct, sûrement. Un instinct qui m’avait joué des tours à multiples reprises d’ailleurs. Mais Blake ne m’avait jamais fait de mal. Jamais. Et c’était quelque chose que j’oubliais parfois. Cependant, la méfiance et les préjugés l’emportaient sur le doute que Blake pouvait être quelqu’un de bien. Après tout, je ne le connaissais pas si bien que ça. Je savais juste qu’il était un très bon partenaire au lit, et qu’il était incroyablement charmant tout comme il était incroyablement mystérieux. Je me revoyais encore le couvrir de baisers dans mon appartement, je me revoyais encore jouir de plaisir dans ses bras, ce qui provoquait des frissons glaçants dans mon dos. J’avais un peu de mal à croire que c’était la même Abbey fragile assise sur un banc d’Arrowsic qui autrefois couchait avec n’importe qui, n’importe quand, n’importe où, cette Abbey qui autrefois ne se souciait de rien et qui vivait dans l’ignorance.

Je ne savais pas très bien où cette conversation pouvait nous mener. Au fond, qu’étions-nous à présent ? Rien. Si ce n’est que deux âmes laissant leur souffle s’échapper sous la belle nuit d’Arrowsic. Mais malgré tout, il y avait un brin de curiosité qui se trouvait en moi et qui voulait à tout prix creuser pour comprendre l’étrange personnage de Blake. Mes envies jouaient avec le feu, et je le savais. Je savais que si je voulais m’engager sur ce terrain-là, je n’en sortirais pas indemne. Et je n’étais pas certaine d’être encore prête à affronter les méandres de la vie. « C’est vrai que tu avais des raisons de t’casser d’là, j’étais agressif avec toi » Je restais perplexe. Que voulait-il dire par là ? Qu’espérait-il que je réponde ? Était-ce une manière à lui de se blâmer de ses actes ? Ou était-ce un moyen de me reprocher d’avoir fui ? « Si tu cherches à me critiquer, je pense que tu es plutôt mal placé. » Mon ton se voulait peut-être un peu trop sec que prévu. Je ne voulais pas provoquer sa colère. Pas ici. Pas à Arrowsic. Pas dans cette ville où régnaient le calme et la paix. « Tu peux comprendre, non ? Je n’avais rien contre toi Blake, vraiment. Je t’appréciais beaucoup, c’est juste.. C’est juste que je n’avais pas tellement le choix. » Il pouvait bien penser ce qu’il voulait, je n’avais rien à me reprocher. Pas en ce qui concernait notre relation en tout cas. « Arrête Abbey, j’n’ai pas besoin d’insinuer quoi que ce soit. Tu as déjà peur. C’est ridicule » C’était vrai. Mais je ne voulais pas le blesser. C’était loin d’être mon intention. Avoir peur d’un être humain. Ça devait sacrément faire mal à entendre quand même, bien qu’il ne l’avouerait probablement jamais. Tout du moins pas à moi. « Si j’avais peur je crois que je serais déjà partie tu ne penses pas ? » Et voilà, je jouais encore avec le feu, avec Blake, malgré moi, comme si j’avais envie de me mettre en danger.

« Je vais bien… & ça m’intéresse de savoir comment tu vas. Qu’est-c’qui s’passe ? » Beau mensonge que voilà. Je savais pertinemment qu’il n’allait pas bien. Ça se voyait dans tout son corps, dans tout son visage, dans toute sa peau, jusqu’à sous ses veines. Je n’étais pas dupe, et je pouvais le voir, aussi clairement que du cristal. Blake dégageait quelque chose d’étrange, et malgré sa carapace dure, on pouvait très facilement deviner qu’il avait vécu des choses dans sa vie à peine imaginables. En tout cas, ce qui était certain, c’est qu’il n’allait pas « bien », comme il le prétendait. Au moins moi j’étais honnête avec lui. « Franchement ? Tu cherches vraiment à savoir ? Ou est-ce que je suis ton jouet de diversion pour ce soir ? On n’a jamais été amis Blake. On ne sait rien sur l’autre, alors pourquoi maintenant ça t’intéresse de savoir ce qu’il se passe dans ma vie, hein ? Je ne sais pas ce que tu cherches, mais je ne pourrais pas te le donner. » Je n’aimais pas parler de moi. Encore moi à des inconnus. Encore moins à lui, l’homme avec qui j’avais partagé mon lit pendant quelques mois, l’homme le plus renfermé et le plus cabalistique que je connaissais.

On était là, à se parler comme si on ne s’était pas vus depuis longtemps et comme si on refaisait connaissance. On était là, à faire comme si tout allait bien alors que non. On était là à essayer de rattraper le temps alors qu’il ne valait même pas la peine d’être rattrapé. Où cela nous menait-il ? Pourquoi agissait-on ainsi ? Encore un des mystères de la vie que je ne comprendrais jamais. « En fait… j’suis parti à ta recherche. Tu me manquais… » Ironique tout étant effrayant, c’était bien Blake. « Que c’est mignon ! Je dois dire que ton joli minois me manquait un peu aussi. » répondis-je, sur le même ton. Je savais que c’était imprudent de m’engager sur ce terrain-là, mais je l’avais déjà fait à la minute où je lui avais adressé la parole. Et puis il devint plus sérieux, ce qui avait le don de m’intéresser encore plus à ce qu’il disait. « Mes erreurs me poursuivaient. C’est impossible de se reconstruire dans ce cas. Alors j’suis resté lâche & j’ai fui. Puis quand les gens apprendront c’que j’ai fait, ici, je partirai à nouveau » « Je ne suis pas certaine que fuir soit la meilleure des solutions pour se reconstruire. Je ne suis même pas sûre qu’il existe un moyen pour ça. » Alors oui, j’avais beau avoir peur de Blake, il y avait quelque chose dans ses paroles et dans ses gestes qui me faisait étonnamment pensé à moi. Quelque chose qui me donnait envie de me rapprocher de lui. « Les erreurs nous suivent tout le temps, peu importe l’endroit où nous sommes. Elles sont toujours là, cachées quelque part, prêtes à te bouffer comme un animal sauvage, sans que tu ne t’y attendes. » Le regard perdu dans le néant, j’étais perdue dans mes propres pensées. « Ça ne sert à rien de partir Blake. » Un faible sourire s’afficha sur mes lèvres malgré moi. Je ne savais pas pourquoi, mais je me sentais légère. Incroyablement légère.
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MessageSujet: Re: next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey   next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey EmptyJeu 9 Fév - 15:53

Des années de méfiance. Des années de culpabilité rongée par un orgueil indémontable. & cette existence minable t’a trop souvent contraint à lire dans le regard des autres de la mésestime sans doute suffisamment fondée pour que tu puisses y mettre un terme. Les souvenirs te foutent de vieilles images devant les yeux, à chaque jour qui passe. De vieilles photos. Plus ou moins usées. Plus ou moins lisibles, trop abimées par les époques. Pourtant, ton esprit les déchiffre sans aucun mal. Étrangement, tu n’y remarques que tes fautes. N’as-tu donc jamais réalisé quoi que ce soit de bien dans ta vie ? Au fond de toi, tu espères qu’il ne soit pas trop tard pour que cette putain de roue tourne. Mais l’attitude d’Abbey te prouve indéniablement qu’il te reste encore beaucoup de chemin à parcourir. De ses petits bras, elle dresse de hautes barrières avec l’espoir sûrement de les rendre inaccessibles. Ta fierté te pousse à insister. Encore un peu. Juste un peu. « Si tu cherches à me critiquer, je pense que tu es plutôt mal placé. » Cherches-tu réellement à critiquer son comportement ? Après tout, Abbey n’aurait jamais été menacée. D’ailleurs, a-t-elle juste soupçonné quelconque singularité chez toi ? Tu l’as, certes, toujours respectée mais il est inutile de la blâmer. Car ses peurs sont compréhensibles. Malgré tout. « Tu peux comprendre, non ? Je n’avais rien contre toi Blake, vraiment. Je t’appréciais beaucoup, c’est juste.. C’est juste que je n’avais pas tellement le choix. » Tes dents se serrent. Tes muscles se crispent. & tes yeux pourraient facilement lancer des éclairs. Mais tu te retiens & avoue intérieurement qu’Abbey ne fait que cracher la vérité la plus légitime. « J’comprends Abbey. Putain, bien sûr que j’comprends ! J’imagine qu’en plus, tu n’sais pas tout » Bordel ! Qu’est c’que tu insinues cette fois ?! Tu essayes juste de lui donner de vraies raisons d’avoir peur. Même si elle s’efforce d’assumer le contraire.

« Si j’avais peur je crois que je serais déjà partie tu ne penses pas ? » Lentement, je croise mes bras contre mon torse & étend mes jambes de manière tout à fait nonchalante. Abbey ne me craint donc pas ? Un malicieux sourire étire mes lèvres. & je mime l’indifférence d’un bref haussement d’épaules. Tout me prête à penser le contraire. Puis-je en jouer ? « T’as grandi, c’est ça ? J’ai parfois tendance à oublier qu’tu n’étais qu’une enfant » Mes provocations s’échappent malgré moi. Abbey s’amuse & semble creuser mes failles. Un rien suffirait à me faire partir en vrille. Je tente depuis des années d’expulser ma colère par ma voix, à défaut d’utiliser la puissance de mes poings. Combien de temps vais-je tenir encore ? « Franchement ? Tu cherches vraiment à savoir ? Ou est-ce que je suis ton jouet de diversion pour ce soir ? On n’a jamais été amis Blake. On ne sait rien sur l’autre, alors pourquoi maintenant ça t’intéresse de savoir ce qu’il se passe dans ma vie, hein ? Je ne sais pas ce que tu cherches, mais je ne pourrais pas te le donner. » Rares sont les fois où j’ose prêter attention aux autres, les interroger & avoir une réelle envie d’être attentif. Abbey me pense juste intéressé ? Mes mains machinalement s’enfoncent dans les poches de ma veste. Mes poings se serrent & je me sens obligé de prendre une profonde inspiration. Elle me repousse & se montre presque hautaine à mon égard. Mauvaise idée. Très mauvaise idée. Elle n’a aucune idée du bordel soudainement créé dans mes tripes. « Un simple « J’ai pas envie d’en parler » aurait suffi. Qu’est c’que tu essayes de prouver là ? Qu’t’as pas peur ? Que tu es plus forte que moi ? J’essayais simplement d’être humain, contrairement à c’que tu sembles penser. Tu aurais préféré de l’indifférence ? Ok. Alors tu vas mal, & j’m’en branle. C’est mieux, princesse ? » Je ne suis pas quelqu’un de susceptible. Juste excessivement fier. & ma fierté, Abbey venait d’en griffer le cœur au moment-même où ses mots à l’allure d’un bouclier, repoussèrent mes sincères approches. Je n’attends foutrement rien d’elle. & je ne cherche peut-être qu’à devenir un homme bien, ce qu’elle ne peut effectivement me donner… Abbey impose ses limites & se cantonne dans sa bulle impossible d’accès lorsqu’on ne détient pas les bonnes clés. Hélas je ne la connais pas suffisamment, elle a raison : j’ignore tout.

Pourquoi Arrowsic ? Pourquoi ai-je atterri ici ? Je l’ignore. C’était un endroit assez éloigné de New-York pour que l’envie de m’y réfugier soit plus forte. Ici, tout le monde découvre ma personnalité. Une personnalité nullement inventée ! Mais incomplète. L’impulsivité touche d’innombrables types ; contrairement à l’envie, le désir & le besoin d’être violent. « Que c’est mignon ! Je dois dire que ton joli minois me manquait un peu aussi. » Mes yeux fixent au loin, alors que dans ma bouche s’étouffe une raillerie. Mon souffle rencontre l’air frais de cette nuit noire & projette un nuage de buée. Je regarde les étoiles. « Je ne suis pas certaine que fuir soit la meilleure des solutions pour se reconstruire. Je ne suis même pas sûre qu’il existe un moyen pour ça. » Cette dose de pessimisme a l’effet d’une barre de fer violemment abattue à l’arrière de mes genoux. Je suis incapable d’avancer seul. L’avenir m’a tendu la main. L’inconnu m’a tendu la main. & malgré ma fierté, j’ai été forcé de l’agripper aussi fort que possible. Abbey ne peut pas dire vrai ; c’est impossible. « Les erreurs nous suivent tout le temps, peu importe l’endroit où nous sommes. Elles sont toujours là, cachées quelque part, prêtes à te bouffer comme un animal sauvage, sans que tu ne t’y attendes. Ça ne sert à rien de partir Blake. » Une enclume posée sur mes poumons m’empêchent de respirer depuis des années. Mes erreurs me suivent, effectivement, je les ressens dans chacun de mes gestes, de mes regards & de mes mots. J’essaye malgré tout de les semer. En vain. « C’est ce que tes erreurs te poussent à ressentir ? Qu’t’es juste… prisonnière ? » C’est ce que j’ai toujours ressenti. Jusqu’à mon arrivée à Arrowsic où ma putain de vie mérite d’être bousculée un tant soit peu. « J’réussis à passer pour un type… normal ici. Personne ne sait. Alors même si mes conneries sont toujours collées à mon cul, j’les empêche de ressurgir. Ça fait presque huit ans… Elles me boufferont plus » L’auto-persuasion a de temps en temps des effets fichtrement jouissifs. « J’t’ai connu plus optimiste… » Je n’en démords pas ; je crève d’envie d’en savoir un peu plus à son sujet.
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Aaron Lawford
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MessageSujet: Re: next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey   next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey EmptySam 11 Fév - 19:21

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il ne faut pas espérer changer le monde car le monde est bien plus fort que nous.


Le ciel était magnifique. Les étoiles qui se distinguaient avec splendeur dans l'obscurité m’éblouissaient. Je me disais qu’il fallait que je sorte plus souvent à Arrowsic la nuit. Arrowsic réduit au silence, Arrowsic subissant les lois de la douce et belle nature, c’était magnifique. Ce beau spectacle m’allégeait le cœur et me soulageait d’un poids. Autour de nous il n’y avait rien. Il n’y avait que nous deux. Nous étions comme les rois des ténèbres. Qui aurait cru qu’un jour nous nous retrouverions ici, à Arrowsic ? Je ne pensais plus jamais revoir Blake. Je pensais qu’il allait continuer sa vie, sans moi. Je pensais qu’il n’était qu’une conquête de passage, un homme qui faisait partie de mon passé. Il faut croire que le monde regorgeait de surprises. Et je ne saurais dire si Blake était une bonne ou une mauvaise surprise. « J’comprends Abbey. Putain, bien sûr que j’comprends ! J’imagine qu’en plus, tu n’sais pas tout » Je fronçais les sourcils. Il était si mystérieux, si évasif, que j’avais du mal à comprendre ce qu’il voulait me dire. C’était ça le problème avec Blake : on ne savait jamais vraiment ce qu’il voulait, et le comprendre était comme un casse-tête chinois. Je demeurais silencieuse, quelques secondes. Avais-je vraiment envie de savoir les choses horribles qui s’étaient produites dans sa vie sinueuse ? Je n’en étais pas certaine. Mais la curiosité prenait le dessus, encore une fois. Cette curiosité qui m’envahissait par moment, sans même que je ne m’en rende compte. « Je ne sais pas tout ? T’as quoi à me dire d’autre, Blake ? » Au fond tout ce que je savais de cet homme, je l’avais appris de diverses rumeurs et suppositions. Lui ne m’avait jamais rien dit concrètement. J’avais écouté les autres, j’avais fait comme tout le monde : j’avais fui. J’avais fui, sans même essayer de comprendre Blake, sans même me demander s’il n’y avait pas quelque chose qui clochait. Je l’avais jugé, comme beaucoup l’avaient fait. Mais je sais que parfois, il ne fallait pas se fier aux apparences. Bon nombre de personnes m’avaient fui aussi, quand j’avais commencé à tomber dans le néant, doucement. Beaucoup de personnes m’avaient jugée. Et je sais que j’aurais aimé m’expliquer auprès de ces personnes-là. Je sais que j’aurais aimé leur montrer que je n’étais pas la personne qu’ils pensaient que j’étais. Alors Blake avait beau avoir beaucoup de choses à se faire blâmer, je savais qu’il y avait une part de lui qui voulait juste qu’on le pardonne. J’en étais persuadée. Car le pardon était le plus beau cadeau qu’un être rempli de douleur pouvait recevoir. Si j’étais prête à le pardonner ? Je n’en savais rien.

« T’as grandi, c’est ça ? J’ai parfois tendance à oublier qu’tu n’étais qu’une enfant » Une enfant ? Je n’aimais pas qu’on me caractérise de cette manière. Blake était blessant, malgré lui sans doute, mais blessant quand même. Il est vrai que j’étais jeune. Peut-être trop jeune. Mais si j’étais partie à New York, c’est parce que je pensais que j’étais prête, que j’étais assez mûre pour affronter les méandres de la vie. Il faut croire que j’avais été naïve, que je pensais tout savoir sur la vie, alors que ça n’était pas le cas. Blake avait raison, et je n’aimais pas quand il avait raison. « Oui j’ai grandi Blake, même si ça peut te paraitre insensé. Tu sais, il y a beaucoup de choses que tu ignores toi aussi. » Je croisai les bras. Oui, il m’avait un peu vexée, je devais l’avouer. Il savait toucher là où ça faisait mal. « Et puis à ce que je sache, je crois que t’appréciais plutôt bien l’enfant que j’étais. » Il savait que j’avais raison, et ça, il ne pouvait pas le nier. Aussi loin que je me souvienne, nous nous amusions bien tous les deux. Blake était charmant, incroyablement charmant. Le mystère qu’il dégageait ainsi que son visage à la fois dur et fatigué m’avaient fait tremblés à plusieurs reprises. Je me souviens que dans ses bras, je me sentais bien, comme si le ciel s’envolait et que je quittais la Terre. Je devais d’ailleurs avouer que Blake n’avait pas perdu tout son côté charmant, même si penser de cette façon de Blake me donnait des frissons sous la peau. « Un simple « J’ai pas envie d’en parler » aurait suffi. Qu’est c’que tu essayes de prouver là ? Qu’t’as pas peur ? Que tu es plus forte que moi ? J’essayais simplement d’être humain, contrairement à c’que tu sembles penser. Tu aurais préféré de l’indifférence ? Ok. Alors tu vas mal, & j’m’en branle. C’est mieux, princesse ? » Je me pinçai les lèvres. La peur me rendait exécrable. Et Blake ne méritait pas que je lui parle de cette façon. Après tout, il n’avait jamais été méchant avec moi. J’essayais alors de me radoucir, du mieux que je pouvais. « Désolé, je ne sais pas ce que j’ai. C’est juste.. ça me fait bizarre de parler de ces choses-là avec toi. Et je crois que je suis un peu nerveuse aussi.. » Il fallait vraiment que j’apprenne à me taire parfois. Blake n’avait sans doute pas grand-chose à faire de moi. Mais au moins lui, il m’écoutait. Je ne savais pas si je devais lui faire confiance ou pas. C’était peut-être trop tôt.

Le vent commençait à souffler de plus en plus fort, alors je refermais ma veste et serra mes épaules. Qu’est ce qu’il m’avait pris de sortir aussi tard et aussi peu couverte ? « C’est ce que tes erreurs te poussent à ressentir ? Qu’t’es juste… prisonnière ? » Étais-je vraiment prisonnière de mon passé ? Au fond, je savais que non, mais tout me poussait à dire le contraire. Plus les jours passaient et plus je m’enfonçais dans une sorte de tornade qui me raccrochait toujours au passé. Comme si je ne pouvais m’en détacher. Et Dieu sait pourtant combien j’en avais envie. J’avais beau courir, il était toujours là, à me retenir, à me tirer vers le fond. « C’est bien l’impression que j’ai oui, malheureusement. J’ai le sentiment que jamais je ne pourrais me sortir de mes propres erreurs, que jamais je ne pourrais avancer sans me retourner. Et c’est atroce. » Alors à force de me battre sans aucun succès, j’avais fini par baisser les bras. Parce que j’étais faible, parce que je n’avais pas assez de forces. Du moins, c’était ce que je pensais. « J’réussis à passer pour un type… normal ici. Personne ne sait. Alors même si mes conneries sont toujours collées à mon cul, j’les empêche de ressurgir. Ça fait presque huit ans… Elles me boufferont plus » « Crois-moi, t’auras beau les empêcher de ressurgir, elles reviendront toujours. Tôt ou tard, et souvent au moment où tu t’y attends le moins. » C’est vrai, j’étais convaincue que j’allais mieux. Mon chemin commençait à se redessiner petit à petit devant mes yeux. La clé du bonheur était presque à mes doigts. Mais tout est tombé, d’un seul coup, non sans me laisser un goût amer dans la bouche. « J’t’ai connu plus optimiste… » Je levai les sourcils et soupirai. C’est vrai que j’avais connu de meilleurs jours. De meilleurs jours qui me semblaient bien loin dans mon esprit. « Je crois que la vie m’a enlevé plein de choses, y compris mon optimisme. Disons qu’à force de recevoir des coups, j’ai fini par arrêter d’y croire. » J’étais jeune, je le savais. Beaucoup de gens commençaient à faire leur vie à mon âge. Moi j’avais plutôt l’impression qu’elle se finissait. Alors comme ça, tout était perdu ? Tout était terminé ? Ma vie s’arrêtait ici ? Non, je refusais. Il fallait que je continue à vivre. Même si ça devenait de plus en plus difficile.

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MessageSujet: Re: next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey   next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey EmptyLun 20 Fév - 3:03

Depuis tellement longtemps, tu entretiens cette part de mystère qui, forcément, attise la curiosité. Tes mots restent évasifs au possible. Tes yeux crachent cette lueur incandescente & effrayante à la fois, foutant peut-être mal à l’aise quiconque ose soutenir ton regard. Des années ont passé, & t’as juste pris l’habitude de te cacher derrière d’immenses forteresses. Solides, autour de ton âme, elles bloquent l’accès à ton cœur, & donc à tes putains de faiblesses. Les gens peinent à lire en toi ; c’est l’effet escompté. Abbey est toutefois la seule, à Arrowsic, capable de défoncer les obstacles fièrement dressés. Parce qu’à un moment ou à un autre, il faudra que tu affrontes son regard & qu’tu avoues tes fautes & tes regrets. Presque sept années ont passé. Sept années durant lesquelles tu as gardé le silence, ne faisant plus jamais allusion aux violents coups portés sur le visage porcelaine de ta petite femme. C’est excessivement long. Certains mots ne demandent qu’à franchir la barrière de tes lèvres. Abbey n’est peut-être pas la bonne personne pour les entendre, néanmoins. Elle reste sur la défensive, ce n’est plus la même qu’il y a… longtemps. C’est normal. L’un comme l’autre, avez changé. Il est bien loin, le temps de l’insouciance & des parties de jambes en l’air fougueuses & intenses. « Je ne sais pas tout ? T’as quoi à me dire d’autre, Blake ? » Qu’a-t-elle entendu exactement, à propos de ton histoire ? Le quartier de New-York dans lequel tu vivais regorge de racailles prêtes à tout pour t’anéantir. Au moindre faux pas, tu apparais sur leur liste noire & il est inutile de fuir. Catalogué. Blâmé. Condamné. Ta réputation fut faite en un claquement de doigts même si parfois, les gens allaient beaucoup trop loin dans leurs explications. « J’ai pas envie de me justifier. Je l’ai frappée, c’est vrai. Plusieurs fois, & vraiment fort. J’comprends qu’t’aies eu envie de partir, j’ai aucune excuse » Frapper une femme reste un geste honteux. Un geste qui t’fout la gerbe rien qu’en y pensant. & tu ne peux malgré tout t’empêcher d’avouer que ton ex-femme les méritait, ces gifles. Parce qu’elle t’a sacrément poussé à bout avec ses crises excessives & ridicules.

« Oui j’ai grandi Blake, même si ça peut te paraitre insensé. Tu sais, il y a beaucoup de choses que tu ignores toi aussi. Et puis à ce que je sache, je crois que t’appréciais plutôt bien l’enfant que j’étais. » Ce n’était qu’une enfant. Quel âge avait-elle, à l’époque ? Dix-sept ans ? Dix-huit ? Nous avons couché ensemble à plusieurs reprises, sans barrière & sans prêter attention aux autres. C’était agréable. Les moments passés en sa compagnie m’ont plu, m’incitant donc à côtoyer la jeune femme durant de longues semaines. J’ai le souvenir de son corps frêle entre mes bras puissants. De ses tremblements vite mêlés aux miens, lorsque l’orgasme nous frappait de plein fouet. De ses lèvres contre les miennes. Abbey a parfaitement raison ; j’appréciais l’enfant qu’elle était. & malgré les années, j’ai l’impression de ressentir la même fragilité. C’est étrange. Puis j’aurais tort d’affirmer mes pensées ; j’ignore énormément de choses. « J’me souviens pas avoir dit le contraire. J’t’appréciais oui, j’t’aurais pas blessée… » Cette précision n’a sans doute plus lieu d’être. Nos chemins se sont séparés quelques années auparavant, & nous sommes réduits au statut de parfaits inconnus. Je tiens toutefois à ce qu’elle sache, conscient malgré tout qu’elle n’aura jamais confiance en moi. Ce ne sont que des mots, & je suis un parfait manipulateur.
Le ton monte. Abbey repousse mes approches. Ma fierté palie. Comment suis-je supposé réagir ? J’n’ai pas envie de foutre genoux à terre aussi tôt. J’accepte son refus de se confier, si seulement elle abuse davantage de délicatesse pour évincer ma curiosité. « Désolé, je ne sais pas ce que j’ai. C’est juste.. ça me fait bizarre de parler de ces choses-là avec toi. Et je crois que je suis un peu nerveuse aussi.. » J’aurais peut-être aimé que les choses soient plus simples. Qu’Abbey ne craigne pas ma présence & ose plonger son regard dans le mien. Que notre entrevue se déroule de manière plus naturelle & plus spontanée, comme avant. Qu’on ose rire. Mes pensées m’arrachent un sourire. J’m’accroche au passé comme s’il pouvait effacer mes erreurs, pourquoi ? Aujourd’hui, je me sens mieux. Le pire est, je l’espère, loin derrière moi. « J’peux te laisser tranquille, si c’est c’que tu veux… » Bien que blessé, je serais dans ce cas compréhensif.

Mes yeux se lèvent vers le rideau d’étoiles que forme la nuit. Le froid en découle & glace mon sang, ma peau. Mes mains s’enfoncent dans les poches de mon pantalon, mes cuisses se serrent & je glisse mon nez dans mon écharpe aucunement assortie à mes vêtements. « C’est bien l’impression que j’ai oui, malheureusement. J’ai le sentiment que jamais je ne pourrais me sortir de mes propres erreurs, que jamais je ne pourrais avancer sans me retourner. Et c’est atroce. » Je ne peux que la comprendre. Mes erreurs ont l’effet d’un étau autour de mon cœur. Je manque de forces, parfois, quand j’essaye de m’en dépêtrer. Pourtant j’avance. & lorsque je me retourne, je tente d’affronter mes fautes sans leur permettre de me courir après. Je les sèmerai toujours. Je ne veux plus les voir ressurgir de nulle part. Un instant, je reste silencieux. Ses mots m’intriguent. « Crois-moi, t’auras beau les empêcher de ressurgir, elles reviendront toujours. Tôt ou tard, et souvent au moment où tu t’y attends le moins. » Abbey semble si convaincue. A-t-elle vécu quelque chose de semblable ? Une vie soudainement bafouée, salie par son passé jamais enfoui ? « Je crois que la vie m’a enlevé plein de choses, y compris mon optimisme. Disons qu’à force de recevoir des coups, j’ai fini par arrêter d’y croire. » Je doute en mes capacités à redonner le sourire. Puis ici, à Arrowsic, j’imagine qu’Abbey a plusieurs amis dont les mots réussissent à l’apaiser, & leurs épaules supportent peut-être plus aisément ses larmes, ses problèmes. Qui suis-je ? Je ne suis rien pour elle. « Tu n’as pas tout perdu » Son charme est là. Je n’ai toutefois pas eu l’occasion de voir son sourire. Est-elle si malheureuse ? « Qu’est c’qui t’en empêche ? Tu peux t’en sortir, tu dois être assez forte pour ça… T’es jeune Abbey, tu as toute la vie devant toi, alors fonce, mh ? » Suis-je bien placé pour lui donner de tels conseils ? J’essaye juste d’être… humain & compréhensif. « Tes erreurs ne vont pas forcément ressurgir. J’suis pas d’accord avec ça. Il faut que tu y croies… » Un frisson traverse mon corps pourtant habitué à la basse température. La nuit ne m’effraie pas, les degrés négatifs non plus. & mes pupilles vagabondent sur le profil de la jeune femme, essayant de distinguer ses traits dans l’obscurité.

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MessageSujet: Re: next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey   next time I'm pissed I'll aim my fist at the drywall ♣ abbey EmptyLun 20 Fév - 12:23

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il ne faut pas espérer changer le monde car le monde est bien plus fort que nous.


L’époque de New York me paraissait bien loin, évasive, transparente au-dessus de ma tête. Mais elle était bel et bien toujours là, derrière moi. Les souvenirs remontaient à la surface, non sans me frapper avec violence. La présence de Blake ne faisait qu’accentuer ce sentiment qui venait me hanter chaque jour de ma putain de vie. Je ne voulais pas revivre ce que j’avais vécu à New York. Je ne voulais pas me rappeler. Que j’aurais aimé plonger ma tête dans l’eau profonde pour oublier, tout, complètement tout.. Mais ce n’était pas la solution, je le savais. Jamais je ne pourrais oublier. Il fallait juste que je vive avec. « J’ai pas envie de me justifier. Je l’ai frappée, c’est vrai. Plusieurs fois, & vraiment fort. J’comprends qu’t’aies eu envie de partir, j’ai aucune excuse » Je baissais la tête. Au moins lui avait le courage d’avouer à voix haute ses fautes, alors que j’en étais incapable. La différence entre Blake et moi était que lui arrivait à faire face à la réalité, alors que moi je l’ignorais complètement. Je ne savais pas si je devais continuer à m’engager sur ce chemin-là avec Blake. Je ne savais pas si j’avais vraiment envie de tout découvrir. Il y a des choses qui parfois, méritaient mieux de rester secrètes. Alors je lâchai un soupir, préférant demeurer silencieuse.

« J’me souviens pas avoir dit le contraire. J’t’appréciais oui, j’t’aurais pas blessée… » Bien sûr qu’il ne m’aurait jamais touché. Pour avoir frappé cette femme, il devait sûrement y avoir une très bonne raison. Ou peut-être pas. Mais je devais l’avouer, j’avais très envie de creuser pour en savoir plus. Mais peut-être pas maintenant. J’étais un peu sous le choc et un peu effrayée par la présence de Blake à Arrowsic. Il me fallait un peu de temps. Je n’avais pas envie de le fuir, étrangement. « J’peux te laisser tranquille, si c’est c’que tu veux… » Je ne savais pas ce que je voulais. J’avais envie de ne pas être raisonnable, et parler avec Blake jusqu’au petit matin. Mais ce n’était pas forcément une bonne idée. Qu’étions-nous, après tout ? Des inconnus ? Alors à quoi bon ? Malgré tout quelque chose me disait que ça n’était pas notre dernière rencontre. « Non, tu ne me déranges pas Blake. De toute façon je crois que je vais bientôt rentrer, il se fait tard. » Un sourire s’afficha sur mes lèvres dans la pénombre. Je ne voulais pas qu’il soit blessé, surtout par ma faute. « Peut-être qu’on se recroisera un de ces jours. C’est plutôt petit ici.. » Oui, je ne pouvais pas l’éviter constamment, et à vrai dire, je crois que je ne le voulais pas.

Depuis combien de temps étions-nous ici ? En fait, le temps m’importait peu. Mais il devait sûrement être très tard, et bientôt le jour se lèverait, et nous débuterions une nouvelle journée, doucement, sans pour autant oublier cette nuit où nous nous étions retrouvés. Oui c’était presque certain : Blake n’avait pas fini de me tourmenter l’esprit. « Tu n’as pas tout perdu » dit-il alors. Curieuse, je le laissais parler, attentive à tous ses mots. « Qu’est c’qui t’en empêche ? Tu peux t’en sortir, tu dois être assez forte pour ça… T’es jeune Abbey, tu as toute la vie devant toi, alors fonce, mh ? » Oui j’avais toute la vie devant moi. Alors pourquoi n’en avais-je pas l’impression ? « Tes erreurs ne vont pas forcément ressurgir. J’suis pas d’accord avec ça. Il faut que tu y croies… » Je souris. Je ne savais pas s’il était vraiment sincère, mais ses mots me faisaient réellement plaisir. Alors pour la première fois de cette soirée, j’osais toucher sa main dure et me rapprocher de son visage. Mon cœur s’accéléra tout d’un coup. Il était tellement.. hypnotisant. « Merci, Blake. » dis-je finalement, dans un souffle. Je me levai ensuite, et passa une main dans mes cheveux froids. « Prends soin de toi, tu veux bien ? » Je n’attendis pas son approbation, je m’éclipsai alors dans l’obscurité, le cœur encore un peu mouvementé par cette nuit si étrange et si magnifique.
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