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 there's no one else to blame ♣ maybel

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MessageSujet: there's no one else to blame ♣ maybel   there's no one else to blame ♣ maybel EmptyMar 21 Fév - 18:03

there's no one else to blame ♣ maybel Tumblr_lzl1dzbb2k1r7mqggo7_250there's no one else to blame ♣ maybel Tumblr_lzl1dzbb2k1r7mqggo8_250

Certains évènements, certains secrets sont enfermés à jamais dans ta mémoire. Ils s’y agrippent & parfois, glissent jusqu’à ce cœur que tu pensais inexistant. Ils sont tes chaines, aussi solides que ces putains de barreaux. Finalement, tu n’es jamais réellement sorti de ta prison. Tes erreurs demeurent & se calquent à ton ombre. Tu n’avances pas. Impulsif & solitaire, tu combles tes journées dans une salle de sport remplie de nanas. À Arrowsic, tu erres dans les rues ignorantes. Les plus polis te saluent sans penser une seule seconde que – par le passé – tu as été cet espèce de criminel juste bon à poser tes fesses sur une chaise électrique. Tu ne nies pas & avoue te complaire dans cette situation, où progressivement tu te glisses dans la peau d’un type bien. Un type sans histoires, souriant & à l’écoute de ses interlocuteurs. Pensées illusoires. Elles t’assaillent & tourmentent ton esprit. Car rien ne changera. & la vie s’amuse avec toi, la garce. Des années ont passé. Des années de tranquillité, de reconstruction vaine, de mensonges & chimères. & aujourd’hui, au moment où tu t’y attends le moins, le destin dresse sur ton chemin un obstacle de taille. Sans doute le seul à pouvoir t’abattre…

D’une main, j’enfonce mon portefeuille dans la poche de mon jean. & l’autre s’empresse d’attraper mon « caramel macchiato ». Je remercie la jeune serveuse & m’éclipse, rejoignant ainsi la température glaciale de cette ville pourtant ensoleillée. Le froid mord avidement ma chair, mais sans m’en formaliser, je glisse mes lunettes de soleil sur mon nez. Un frisson parcoure la totalité de mon corps. & je déambule dans ces rues bondées, me fondant dans une masse impressionnante. Invisible. Inexistant. Mes pas m’entrainent sur le parking, là où j’ai abandonné ma voiture. J'ai passé ma journée seul, comme toujours. & je m'apprête à rentrer seul, à jamais. Une silhouette s’impose néanmoins dans mon champ de vision. Une silhouette féminine. Seule, elle semble embêtée avec son véhicule refusant de démarrer. Alors je m’approche, juste décidé à lui venir en aide sans arrière-pensée. « J’peux t’aider ? » Rares sont les fois où je fouille dans le cambouis, mais je pense pouvoir m’en sortir avec ce tas de ferrailles capricieux, au cas où mademoiselle m’accorderait le droit de lui apporter mon aide, évidemment. Une gorgée de café traverse ma gorge & mes yeux – au travers de mes verres noircis – fixent l’arrière de son corps. Je me poste ensuite à côté d’elle. Puis elle tourne son visage. Ce geste normalement bref s’éternise. Mon cerveau se la joue à l’américaine, avec des scènes tournées au ralenti pour plus d’effet. Il m’est impossible de prendre du recul. L’impression de plonger dans un tourbillon nocif m’envahit. Violemment. Vigoureusement. C’est juste le choc. Lou est là. & je ne le réalise qu’en retard. La panique peut à tout moment m’forcer à lâcher prise. Par simple réflexe, j’ai ce putain de mouvement de recul. & paradoxalement, mes doigts écrasent mon gobelet bouillant. J’ai toujours été ainsi : contradictoire, incompréhensible, mystérieux. Je crois que peu de personne me comprenne. Je crois d’ailleurs que je ne me comprends pas moi-même.

Comment suis-je supposé réagir ? Être à moins d’un mètre de mon ex petite copine crée un bordel sans nom en moi. Mon ventre se tord. & mon cœur bondit désagréablement dans ma poitrine. Il a juste l’air de se foutre de ma gueule, cet enfoiré. C’est vrai, j’ai naïvement pensé vivre ma vie sans en subir de prochains rebondissements. Mais Lou est présente. & j’ignore encore ce que je suis censé faire. Je suis perdu entre l’envie de la prendre dans mes bras, m’excuser à n’en plus finir & celle de lui hurler dessus, la descendre une nouvelle fois. Parce qu’elle a porté plainte. Parce qu’elle a gâché sept mois de ma vie… & plus encore, lorsque je fus rongé par mes remords. Mes pensées sont dégueulasses, & au fond de moi, j’en suis foutrement conscient. Elle a eu raison de se défendre, enfin. « Maybel… Qu’est c’que tu… » Après avoir quitté la grosse pomme, j’ai imaginé une vie de princesse pour elle. Un homme qui l’aimerait mieux que moi. Des amis qui aduleraient son visage d’ange & son intelligence. Un métier épanouissant & que sais-je encore… Lou, cependant, est à Arrowsic. Dans la même putain de ville que moi. Alors qu'elle devrait se trouver où je ne suis pas. « J’te croyais toujours à New-York. Comment tu vas ? » À défaut de ne plus me défendre en frappant les plus faibles, j’abuse encore & toujours d’une lâcheté excessive. Je me comporte avec elle comme si nous n’avions pas eu ce passé sulfureux & dévastateur. Sans aucune honte. « Tu veux que je regarde c’qui cloche ? » Avec une lenteur incontestable, je retire mes lunettes & les accroche à l’encolure de mon t-shirt. Il n’est pas impossible que Lou me demande de partir. Mais putain, je n’en ai aucune foutre envie. J’ai… tellement de choses à lui dire. Tellement de choses qui ne daignent franchir la barrière de mes lèvres. « T’as pas changé, t'es toujours aussi jolie… » Malgré moi, je m’enfonce dans ma maladresse. J’aime les femmes. Pourtant je n’ai jamais les mots, jamais les gestes. Je n'ai rien.


Dernière édition par Blake I. Fawkes le Mar 21 Fév - 23:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: there's no one else to blame ♣ maybel   there's no one else to blame ♣ maybel EmptyMar 21 Fév - 23:19

there's no one else to blame ♣ maybel 450055tumblrlt9iq4RLOu1qcapu0o1r2250there's no one else to blame ♣ maybel 411361tumblrlt9iq4RLOu1qcapu0o2r1250

Depuis son arrivée à Arrowsic, la vie de Maybel avait complètement changé. Quitter la grande ville de New-York pour venir habité dans cette petite ville lui avait vraiment fait beaucoup de bien. En effet, tous les souvenirs qu’elle gardait de son séjour dans la grosse pomme n’étaient pas les plus merveilleux. Déjà avec les problèmes familiaux et ensuite avec les problèmes de couple. Alors, venir se recueillir en quelque sorte dans cet endroit avait été une bonne idée. Elle avait quitté New-York sans aucun regret. Elle ne manquerait à personne là-bas, enfin peut-être à sa mère, mais c’était tout. La dernière fois qu’elle avait vu son père, c’était il y a dix ans quand il s’était fait embarqué pour violence conjugale sur sa mère évidemment. Puis elle n’avait ni frère, ni sœur. A cette époque, elle avait eu un homme dans sa vie, dont elle se souviendrait toute sa vie. D’abord, parce qu’elle avait vraiment aimé – contrairement à ses ex petits-amis sans grande importance, et ensuite parce qu’il avait fait de sa vie en enfer. Enfer qu’elle n’arrivait toujours pas à oublier aujourd’hui. Et enfin, il y avait son meilleur ami. Lui ne lui manquerait pas puisqu’elle était venue dans le Maine avec lui, l’idée venant de lui. Il avait dit à Maybel qu’ici, elle oublierait tous ces tracas, qu’elle rencontrerait quelqu’un d’autre et qu’elle oublierait vite fait Blake. D’autres, comme sa mère, lui avaient dit que ce n’était pas parce qu’elle changeait de ville qu’elle changeait de vie. Effacer le passé semblait pourtant impossible pour la jolie blonde. Même si aujourd’hui, sa vie était plutôt stable ; elle travaillait comme aide-soignante à l’hôpital de la ville, vivait dans un bel appartement ; elle n’en oubliait pas les années de galère. Elle n’arrivait pas à regretter sa décision de quitter la maison, ce qui pouvait paraître égoïste aux yeux des autres. Mais elle s’en fichait. Elle ne souciait plus des autres depuis longtemps.

Ce jour-là, la jeune Lou devait repasser en ville pour faire une course. Elle rentrait d’une garde à l’hôpital et était donc très épuisée. Elle ne se souvenait plus de la dernière fois où elle avait dormie dans son propre lit, tellement cela semblait loin. Son métier lui prenait beaucoup de son temps, mais heureusement elle n’avait ni homme dans sa vie, ni enfant à qui ça pourrait poser problème. La belle avait bien sur eu quelques histoires d’amour entre guillemets à Arrowsic mais rien de bien sérieux. En fait, elle avait l’impression qu’elle ne pouvait plus s’attacher ou aimer un autre homme que son ex. Difficile à croire, surtout quand on savait tout ce qu’il lui avait fait endurer. C’est ainsi qu’elle se retrouva sur le parking, sur central square après avoir fait un tour à la boulangerie. Triste vie ? Peut-être bien, mais elle fait avec. Elle dépose ses courses sur le siège arrière puis monte dans son véhicule pour retrouver son appartement. Jusque là, rien d’anormal à la situation, jusqu’à ce qu’elle se rende compte que la voiture ne démarre pas. Saleté de voiture. Elle qui voulait retrouver rapidement son lit, c’est raté. Elle soupire et tape sur le volant, bien que ça ne change rien au fait que son tas de ferraille ne démarre pas. Le problème vient du moteur, il n’y a aucun doute. La blonde sort de la voiture, ouvre le capot et regarde ce qui cloche. Manque de pot, elle n’est pas garagiste alors va t’en savoir pourquoi ça ne veut pas démarrer. Heureusement pour elle, une bonne âme s’approche d’elle, lui proposant son aide. La demoiselle relève la tête pour voir qui est-ce. A près tout, si c’est un beau garçon, pourquoi refuser ? Quand elle découvre enfin le visage de son sauveur, c’est le choc. Elle ferme les yeux et les rouvre. Non, elle ne rêve pas, c’est bien lui. En se relevant complètement, Maybel se cogne la tête, tellement elle est troublée. Elle murmure un petit « aie » avant de se reculer. Peur de lui ? Surement. « Bl...Blake ? ». Il porte des lunettes de soleil mais elle est sure que c’est lui. Soudain, comme un électrochoc dans sa tête, elle se revoit sept ans en arrière, à New-York, avec lui. Soudain, elle oublie les dernières années passées ici se focalisant seulement sur les moments passés avec lui. Elle secoue la tête, comme pour les faire disparaître, en vain. C’est lui qui la sortit de ses pensées en bégayant quelques mots. « Maybel… Qu’est c’que tu… » Maybel le regarde dans les yeux, elle sait pertinemment qu’il la regarde aussi, à travers ses lunettes. La jeune femme se ressaisit enfin, bien qu’encore choqué par cette réapparition « Qu’est-ce que je fais là ? La même chose que toi j’imagine ». Elle le croyait en prison. Elle ne savait pas qu’il était sorti. « J’te croyais toujours à New-York. Comment tu vas ? » Il continue avec ces questions. Maybel a bien envie de s’enfuir en courant, mais il est impossible pour elle de bouger face à lui. « Ca t’intéresse vraiment de le savoir ? ». Elle est dure avec lui. Elle s’en rend bien compte mais après tout, ce n’est rien comparé au mal qu’il lui a fait. Dans le fond, elle aimerait bien savoir ce qui l’a amené ici également. « Tu veux que je regarde c’qui cloche ? ». Franchement ? Elle n’en sait rien. Une partie d’elle-même a bien envie qu’il parte et l’autre… et bien l’autre, elle n’en sait rien. « Te prends pas la tête, j’allais appeler un dépanneur… Enfin… fais comme tu veux ». Pourtant, il ne l’écoute pas. Il enlève ces lunettes et pour la première fois depuis qu’ils sont séparés, Maybel revoit ces yeux. Elle le regarde avec insistance. Elle s’est promis de ne plus baisser les yeux devant lui. C’est une femme forte maintenant, plus une gamine de dix sept ans à qui tu peux dicter sa conduite. « T’as pas changé, t'es toujours aussi jolie… » Maybel ne sait pas quoi en penser. Il la complimente maintenant ? C’est nouveau. Lui non plus n’a pas changé. Il est resté le même, le même salaud qui lui taper dessus, elle en est persuadée. Elle rit, non pas d’un rire jovial mais d’un rire plutôt ironique. « C’est tout ce que tu trouves à dire après toutes ces années ? Je peux te demander comment t’as atterrit ici ? ». Désormais, Maybel est plus confiante. Si elle était encore plus méchante, elle lui aurait demandé comment c’était la prison, mais elle évita le sujet.


Dernière édition par L. Maybel Carlson le Mer 22 Fév - 17:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: there's no one else to blame ♣ maybel   there's no one else to blame ♣ maybel EmptyMer 22 Fév - 13:34

Tu les sens, là ? Les souvenirs qui grattent à sang les parois de ton cœur ? Ça fait mal, n’est-ce pas ? Tout ce que tu gardais enfoui au plus profond de ton âme tente de ressurgir. & malheureusement, cette fois-ci, tu n’auras guère la force de les en empêcher. Ton passé est là, dessiné juste devant toi. Tes yeux parcourent cette silhouette frêle & innocente. Cette silhouette que tu as osé abimer par tes mains puissantes & refermées en d’indestructibles poings. Dans ton cerveau, c’est le chaos désormais. Les cris de Lou résonnent, ses pleurs, ses supplications, ses gémissements de douleur. Tout ce qui est susceptible de te rappeler à quel point tu n’étais qu’un « moins que rien ». Finalement, si elle n’a pas été la seule à le décréter, c’était peut-être pour une simple & bonne raison. Tu n’as été qu’un moins que rien… Un sale enfoiré juste bon à dominer par tes gestes dégueulasses. Dressé sur l’asphalte maintenant, tu te sens perdu. Désorienté. Tu n’as pas le droit à l’erreur, tu n’as pas le droit de jouer avec le feu, avec tes sarcasmes & tes réflexions déplacées. Putain, aujourd’hui, sois un homme ! Un vrai. Assume tes erreurs & permets-lui enfin d’aller de l’avant… si ce n’est pas déjà fait. Parce qu’au fond, tu espères simplement que ta petite Lou touche le bonheur du bout des doigts & s’en amourache autant que possible.

« Bl...Blake ? » La surprise est là. Pour elle comme pour moi. Je suppose qu’elle a passé des années à prier, à espérer qu’on ne se croise plus jamais. & bordel c’était juste improbable que nos chemins se joignent à nouveau. Pourquoi la vie s’acharne-t-elle ainsi ? J’n’ai jamais cru au destin… pourtant aujourd’hui, les évènements me poussent à revoir mes jugements. « Qu’est-ce que je fais là ? La même chose que toi j’imagine » L’assurance se lit sans mal dans sa voix. J’avoue en être surpris. Agréablement surpris. Lou n’est plus l’adolescente prête à subir mes foudres juste par amour… ou par totale stupidité. Elle a grandi & est devenue une jeune femme apparemment sûre d’elle. J’espère donc de tout cœur qu’aucun homme n’a le don de la manipuler comme j’ai pu autrefois le faire. Haussant simplement mes épaules, j’ose lui demander davantage de précisions sur son état. Comment va-t-elle, après toutes ces années ? Vit-elle épanouie ? « Ca t’intéresse vraiment de le savoir ? » Sa réponse ne m’étonne aucunement. Je n’ai jamais manifesté l’envie d’être là pour elle. Je n’ai jamais montré d’attention, ni même le moindre intéressement à son égard. Souvent, je rentrais, l’embrassais & l’entrainais sous la douche pour lui faire l’amour. & lorsque le soir, éreinté, sa voix parvenait jusqu’à mes oreilles, je lui intimais de se taire. D’abord par un baiser, puis par un ordre, & enfin par une gifle. Un monstre, je n’étais qu’un monstre. « Ça m’intéresse » Lou dresse ses forteresses autour de son petit cœur. Elle se protège & je ne peux la blâmer pour ça. Ses réactions sont tout à fait normales. Pourtant j’insiste & lui propose à nouveau mon aide. Enfant, je bricolais avec mon père. & j’adorais plus particulièrement les instants où nous restions à deux dans le garage, les mains noires d’huile dégueulasse. Peut-être serai-je capable d’aider mon ex grâce aux infimes leçons apprises il y a de cela presque trente ans. « Te prends pas la tête, j’allais appeler un dépanneur… Enfin… fais comme tu veux » Mes lunettes de soleil se retrouvent glissées dans l’encolure de mon t-shirt & je fixe ainsi les dessous de cette voiture. En un rien de temps, je décèle le problème. Reste à savoir si je serai apte à le résoudre mais quoi qu’il en soit, je refuse de permettre à Lou de s’échapper. Pas tout de suite. « Je vais m’en occuper… Oublies le dépanneur » Un sourire étire mes lèvres. J’essaie tant bien que mal d’être agréable, & c’est plus difficile qu’il n’y parait.

« C’est tout ce que tu trouves à dire après toutes ces années ? Je peux te demander comment t’as atterrit ici ? » Elle a du répondant, elle ne se laisse plus faire. Ses yeux se plongent dans les miens, & je la sens plus forte que jamais. Ces sept mois de prison m’ont changé. Mais je reste cet homme impulsif & agressif lorsque ma place de dominant est engagée, menacée. Seul un souffle s’échappe de ma gorge, & j’évite ainsi de serrer mes poings. Moi qui crachais sur ce psychologue, je m’estime dorénavant chanceux de l’avoir eu à mes côtés. Son aide a été précieuse, réellement. « C’est tout ? Jolie, ça te plait pas ? Tu es très belle… » J’ai parfaitement compris le sens de sa phrase & pourtant, je joue. Comme je l’ai toujours fait, & comme je le ferai toujours. Aucune méchanceté n’est à extraire ! Lou doit juste penser que je me moque d’elle alors que ce n’est pas le cas – ou alors, sans once de sournoiserie. « J’suis ici depuis quelques années… & j’suis arrivé par hasard. & toi ? » Avec pour objectif de construire une autre vie, sans ressentir la haine & le mépris de mes voisins. Les conséquences étaient justifiées, mais difficiles à encaisser. Par lâcheté – encore – j’ai donc quitté ma famille, mes amis & cette ville que j’aimais tant.
Un instant, mes dents maltraitent ma lèvre inférieure. J’ose un pas en direction de mon ex petite amie & enfonce mes mains dans mes poches – après avoir déposé mon café sur le toit de sa voiture. Ce geste aux allures banales prouve uniquement que je ne compte en aucun cas la toucher ; que ce soit affectueusement ou violemment. « Écoute Lou… J’te demande pardon. J’veux qu’tu saches que j’suis sincèrement désolé pour tout c’que j’ai pu t’faire » dis-je, le bleu de mes yeux soutenant son regard. D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais présenté de réelles excuses. C’était selon moi un signe de faiblesse, de défaite. & parfois, en voyant le sang couler sur la peau douce & délicate de ma belle, j’ai éprouvé des remords. Mais ceux-ci profondément scellés & moi, fier comme jamais, je n’ai daigné demander pardon. Lou n’est donc pas la seule à avoir grandi.


Dernière édition par Blake I. Fawkes le Mer 22 Fév - 18:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: there's no one else to blame ♣ maybel   there's no one else to blame ♣ maybel EmptyMer 22 Fév - 17:54


Pourquoi maintenant ? Pourquoi réapparaît t-il dans sa vie maintenant ? Ces questions étaient les deux seules qui lui venaient à l’esprit à ce moment là. Qu’est-ce qui avait poussé le destin – si on pouvait appeler cela comme ça – à faire se retrouver Blake et Lou. N’avait-elle pas assez souffert comme ça ? Qu’est-ce qu’elle avait bien pu faire de mal pour se retrouver nez-à-nez avec celui qui avait fait de sa vie un véritable enfer. Parce que oui, Lou définissait la relation qu’elle avait eu avec Blake d’enfer ; du moins quand il se comportait mal avec elle. Ils avaient eu des bons moments mais ces derniers avaient été très rares. Dans sa jolie petite tête blonde, tout se bouscula. La vie s’acharne sur elle. Elle ne comprend plus rien. Ce qu’elle ne comprend surtout pas, c’est la raison de ce retour. Pourquoi après autant d’années, alors qu’elle essaie toujours de l’oublier ?

Lou a pris de l’assurance pendant toutes ces années, c’est vrai mais elle reste méfiante. Méfiante envers les hommes. Méfiante envers Blake. Elle ne pourra jamais oublier ce qu’il s’est passé entre eux. Elle était jeune, naïve, insouciante et surtout amoureuse. Elle se laissait faire, acceptant sans rechigner ses sautes d’humeur. Elle était soumise en quelque sorte. Revoir ces images dans sa tête lui donne des frissons. Elle ne veut plus avoir peur, alors elle le lui montre en lui répondant sèchement à toutes ces questions. Elle peut paraître méchante, mais c’est tout l’inverse. Lou est une jeune femme gentille et aimante ; elle n’a rien à se reprocher. Elle regarde Blake de la tête aux pieds. Non, il n’a pas changé. Si elle n’était pas si en colère, il lui plairait encore, c’est sur. « Ça m’intéresse ». Lou a envie d’éclater de rire face à cette réponse. Blake n’a jamais fait attention à elle. Jamais, même quand ils vivaient sous le même toit, il n’a daigné lui demander comment elle allait. Il ne se souciait pas de savoir si sa journée s’était bien passée ou non. Alors pourquoi le ferait-il maintenant ? Aurait-il changé ? Elle en doute fortement. « Et depuis quand ? » Lou ne lâchera pas prise. Il l’a assez prise pour une conne, pour un objet ou un défouloir. Elle n’a pas envie de lui parler. Pourtant, elle n’arrivera pas à lui demander de partir. Elle relâche un peu la pression, et lui dit finalement en soupirant. « Mais je vais bien merci, et toi ? ». Merci ? Merci de t’intéresser à moi seulement maintenant ? Merci de m’avoir frappé dessus quand on était ensemble ? Merci de ne jamais avoir fait attention à moi? Lou est trop polie, ça la perdra. Elle a toujours été comme ça, attentionnée envers les autres. Sa gentillesse lui a pourtant souvent joué des tours. Elle se rappelle quand elle était avec Blake, elle lui trouvait toujours des excuses : soit il était énervé, soit c’était elle qui avait dit quelque chose de mal ; ce n’était jamais de sa faute à lui. L’amour ne rend pas qu’aveugle, il rend idiot aussi surtout quand t’as dix sept ans. Quelle cruche. Comment t’as pu croire que ça marcherait ? T’étais qu’une gamine, il était un homme. T’étais perdue, faible, il était fort. Maintenant, elle le regardait dans les yeux. Ses grands yeux bleus qui l’avaient fait craquée à l'époque. Il se proposa pour réparer sa voiture. Il ne voulait pas qu’elle appelle un dépanneur. Il sourit, essaie d’être gentil. Un peu tard non ? Il regarde sous le capot de la voiture, cherchant l’anomalie qui fait qu’elle ne démarre pas. « Je me rappelle pas que tu aies parlé que tu t’y connaissais en voiture… ». A vrai dire, elle ne se rappelle pas de grand-chose quand à ce qu’ils ont pu se dire. Ils ne parlaient pas beaucoup. Leur relation n’était pas vraiment basée sur la discussion. Ou alors quand ils se parlaient, c’était pour se disputer. Et chaque dispute finissait de la même façon : soit au lit, soit en bagarre. Enfin, en bagarre, c’est vite dit parce qu’il était le seul à frapper. Elle, ne disait rien, par peur qu’il recommence. Elle s’enfermait dans la salle de bain le temps qu’il se calme, et ils faisaient comme si de rien était.

« C’est tout ? Jolie, ça te plait pas ? Tu es très belle… » Lou remarque qu’il est toujours aussi drôle. Tout ce qu’elle pense, c’est qu’il se fout d’elle. Elle n’a pas envie de l’énerver – car elle sait très bien ce qui est souvent arrivé dans ce cas – mais elle n’a pas non plus envie de se laisser faire, comme avant. Même si elle se sent plus forte aujourd’hui, elle reste une fille. Une fille, qui contre un homme comme Blake, n’aurait aucune chance de gagner. C’est peut-être la première fois qu’il la complimente. « Tu sais bien que ce n’est pas ce que je voulais dire. Mais, merci, enfin je crois ». C’est ce qu’elle était censé dire non ? Lou n’est pas du genre à adorer les compliments. Faut dire qu’elle en a pas eu beaucoup dans sa vie. Avec un père absent et une mère semi-présente elle aussi, il était très rare qu’on la complimente pour telle ou telle chose. Enfin, ils arrivent à l’important. Le pourquoi du comment ils se retrouvent tous les deux dans cette ville. Cette ville, où elle pensait pouvoir échapper à sa vie d’antan. « J’suis ici depuis quelques années… & j’suis arrivé par hasard. & toi ? » Depuis quelques années il dit ? Et pourquoi elle ne l’a jamais vu ici alors ? Faut dire qu’en dehors du travail, elle ne sort plus beaucoup à présent. « Ca fait quatre ans que j’ai emménagé à Arrowsic ; je suis venue avec Jake qui me l’a proposé pour … changer d’air. J’en avais assez de New-York ». Jake, tu sais Jake, mon meilleur ami, celui qui m’avait mis en garde contre toi, celui avec qui je trainais tout le temps a envie d’ajouter Lou. Elle en avait assez de New-York, enfin pas de la ville elle-même mais de tout le reste. Assez de sa mère aussi, qui ne cessé de lui faire la morale, assez de passer chaque jour devant cet appartement où ils ont vécus tous les deux. Arrowsic… Cette ville qu’elle ne connaissait pas lui avait apporté de la sérénité et le calme nécessaire. Cette ville avait réussie à la changer, elle l’avait aidé à se reconstruire. Les gens ici, semblaient différents. Lou était persuadée que le climat et le nombre d’habitant y était pour quelque chose. Elle était née et avait grandie dans une des plus grandes villes du monde alors se retrouver ici avait été un réel changement. Changement apprécié par la belle. Lou regarda à nouveau Blake, qui la fixait droit dans les yeux. Il s’avança un peu plus près d’elle. Elle fit un pas en arrière, par pur réflexe, puis se résigna à continuer. Elle ne voulait plus avoir peur de lui. D’ailleurs, il avait les mains dans ses poches, signe qu’il n’allait rien lui faire. « Écoute Lou… J’te demande pardon. J’veux qu’tu saches que j’suis sincèrement désolé pour tout c’que j’ai pu t’faire » Lou. Personne ne l’avait plus appelé Lou depuis longtemps. A Arrowsic, elle s’était présenté Maybel Carlson et non Lou. Comme si utiliser ce prénom effacerait ce qu’il s’était passé à New-York. En fait, peu de personne connaissait son premier prénom. L’entendre l’appeler Lou lui fit ressentir une drôle de sensation. Et les mots qui suivirent l’étonnèrent encore plus. Il était désolé. Lou n’aurait jamais pensé entendre les excuses de Blake un jour. Elle était donc surprise de sa réaction. Elle resta un moment silencieuse, ne sachant quoi répondre. Que devait-elle dire ? « T’es désolé… c’est peut-être un peu tard pour être désolé non ? » Que pouvait-elle dire d’autre ? Qu’elle était prête à le pardonner ? Ce n’était pas le cas. Que ça changeait quelque chose ? Ce n’était pas le cas non plus. « A quoi bon s’excuser ? Tu te sens mieux maintenant ? ». La belle était dure avec lui, elle le savait, mais c’était plus fort qu’elle. Elle devait faire exploser la rage qu’elle avait en elle.



Dernière édition par L. Maybel Carlson le Jeu 23 Fév - 22:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: there's no one else to blame ♣ maybel   there's no one else to blame ♣ maybel EmptyJeu 23 Fév - 1:29

Certains jours, tu aimerais simplement être le spectateur de ta vie. Hors du temps. Hors de l’univers – sans pour autant être ailleurs. Juste avoir la possibilité de voir tes trente-six dernières années défiler en d’innombrables images. Parfois, tu pointerais du doigt tes fautes, mais malheureusement elles resteront inchangées. La vie n’offre pas de seconde chance. Aujourd’hui, tu en prends conscience. Un peu tard néanmoins. Tu t’es levé ce matin sans penser un seul instant que tout s’écroulerai. & si tu avais su que Lou serait là, tu aurais sans doute pris le temps de l’aborder convenablement, & de prononcer quelques excuses dignes de ce nom. Tu aurais peut-être essayé d’être présentable, également. Contrairement à toi, Maybel est très élégante. Toi, tu n’as jamais rien compris à la mode – & tu ne t'en portes pas plus mal. Mais de toute façon, l’imprévu des évènements te fout presque à nu devant ton ex petite copine. Tu as touché le fond & cela t’a finalement rendu lucide. Il est temps de grandir, d’affronter tes erreurs. Pensées sclérosées. T’es-tu juste une fois mis à sa place ? Les poings d’un homme peuvent tuer, à répétitions. & tu n’y allais jamais délicatement. Tu voulais faire mal ; c’était ton seul putain de but.

« Et depuis quand ? » La prison m’a fait réfléchir sur l’homme que j’étais. Je n’ai plus jamais levé la main sur une femme. Mais je ne suis pas pour autant devenu plus attentionné & plus délicat. Lou est juste… différente des autres filles. Elle a été la seule ; mon unique relation. Il ne se passe pas une journée sans que mes pensées glissent son image devant mes yeux. Elle, si jeune & si douce. Je l’ai brisée. Je l’ai détruite. J’ai simplement besoin de savoir si, malgré tout, elle est heureuse. « Putain Lou j’te demande juste si ça va. J’sais qu’c’est surprenant mais quand même… réponds moi… » Avec une dextérité incontestable, je parviens à contrôler ma voix. Elle est posée & rassurante, sans aucune once d’agressivité. Maybel n’a pas de raison d’avoir peur de moi, plus maintenant. Je suis un homme nouveau & même si nous ne sommes pas amenés à nous revoir, j’espère que notre petite entrevue servira à le lui faire comprendre. Je n’attends rien d’elle. Juste qu’elle m’avoue être comblée & épanouie dans cette nouvelle vie à Arrowsic. « Mais je vais bien merci, et toi ? » Un sourire étire mes lèvres, alors que le soulagement prend place dans mon corps & réchauffe mon cœur. Je n’ai pas envie d’imaginer la possibilité d’un mensonge. Lou a toujours été sincère avec moi, non ? Mes sourcils se froncent. & je repense à l’annonce de sa grossesse. La panique m’envahit, mais je la balaye d’un revers. Je refuse d’y penser maintenant, je refuse de croire que peut-être, un enfant est né. Notre enfant. Nerveusement ma main glisse dans ma nuque & je détourne mes yeux. « Ça va aussi… » Autant que possible, du moins. Mais ça n’a aucune importance. « Je me rappelle pas que tu aies parlé que tu t’y connaissais en voiture… ». Les discussions se faisaient rares, entre nous. Il y a énormément de choses qu’elle ignore, tout comme j’ignore sans doute une petite partie de sa vie. Amusé je penche ma tête, & plonge dans mes souvenirs anciens. Lorsque je n’étais qu’un enfant insouciant & agréable. « T’aurais p’être pas été réceptive si j’t’avais dragué en parlant voiture… & après, j’ai plus réellement eu l’occasion d’te montrer… » Sûrement trop occupé à l’étreindre plus ou moins passionnément. Trop occupé à l’engueuler sans réelles raisons. Trop occupé à la battre lâchement & à lui hurler dessus comme si elle n’était qu’un objet bon à jeter.

« Tu sais bien que ce n’est pas ce que je voulais dire. Mais, merci, enfin je crois » J’ai toujours été avare en matière de compliments. Pourtant, Lou méritait que je la flatte. Elle a toujours été jolie à mes yeux, mais je n’ai jamais pris soin d’elle & j’étais juste indifférent à ses changements de coiffure, à ses nouvelles robes, à ses petites touches de fantaisie lorsqu’elle arborait ses plus beaux bijoux. & elle n’a finalement jamais su ce que je pensais d’elle, au plus profond de moi. Sans ajouter quoi que ce soit, j’esquisse un faible sourire. C’est si facile de deviner que je ne suis guère à l’aise. & j’ai honte d’avouer qu’effectivement, il est plus aisé de frapper une femme que la complimenter à longueur de journée. J’ai honte. « Ca fait quatre ans que j’ai emménagé à Arrowsic ; je suis venue avec Jake qui me l’a proposé pour … changer d’air. J’en avais assez de New-York » Pour changer d’aide ? Pour me fuir ? Jake… Je me souviens vaguement de ce prénom. Maybel a dû m’en parler quelques fois, alors que je ne lui aurais montré que de l’indifférence & de l’ignorance. Qui est-il ? Un ami ? Son petit-ami ? Lui demander davantage de réponses serait confirmer mon statut de mec indigne & irrespectueux, qui – jamais – n’a su écouter sa petite amie. Ainsi, j’acquiesce d’un signe de tête & maltraite ma lèvre inférieure. Comme un lâche. « J’imagine que t’es en train de maudire Jake, mh ? Il t’a conduit dans la même ville que ton ex. Tu vis avec lui ? » Sa seule réponse peut d’ores & déjà me renseigner sur sa nouvelle vie – bien que cela ne me regarde absolument pas, je le conçois. Lou est juste supposée avancer. & je n’ai aucun mot à dire sur ses possibles choix. & ma bonne volonté est prouvée par mes excuses plus sincères que jamais. « T’es désolé… c’est peut-être un peu tard pour être désolé non ? » Ses pas l’éloignent de moi. Je lis la crainte sur son visage, vite camouflée d’un semblant d’assurance. Son comportement me blesse, mais il reste compréhensible malgré tout. Un long soupir franchit la barrière de mes lèvres & à mon tour, je fais un pas en arrière. Mon but n’est pas de l’effrayer. Mes fesses trouvent appui contre la portière de sa voiture, mes chevilles se croisent, & je la dévisage. Longuement. « Mieux vaut tard que jamais, non ?! » Putain. Présenter mes excuses reste un acte compliqué & foutrement rare. Par conséquent, le simple fait d’être rejeté m’énerve & entache mon égo. Déçu & dépité, j’avale une longue bouffée d’air pur. Il faut juste que j’apaise mes nerfs soudainement éveillés. « A quoi bon s’excuser ? Tu te sens mieux maintenant ? ». Les années s’écoulent & je ressens toujours ce mal-être. Cette sensation désagréable qui brûle mes entrailles, qui m’empêche de vivre pleinement. De simples excuses n’y changeront malheureusement rien. Mais il est sans doute nécessaire qu’elles les entendent. « En fait non, j’me sens pas mieux. Te demander pardon, c’est juste la moindre des choses, après tout c’que t’as enduré. & ça n’effacera rien, j’en suis conscient » Que Lou me crache dessus, si ça peut la soulager. Qu’elle ma haïsse jusqu’à la fin de sa vie. Ce n’est que ce que je mérite. & je jure de ne même pas essayer de me défendre. « J’peux savoir c’que tu deviens ? & avant que tu demandes, oui ça m’intéresse » Inutile que j’admette avoir changé, Lou a sûrement mieux à entendre. & je n’ai aucunement envie de vanter mon évolution positive ; ça serait déplacé.
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MessageSujet: Re: there's no one else to blame ♣ maybel   there's no one else to blame ♣ maybel EmptyJeu 23 Fév - 22:09

La situation était tellement bizarre. Lou ne pensait jamais revoir Blake de toute sa vie. Elle pensait que le jour où elle a quitté leur appartement pour aller porter plainte serait la dernière fois. En effet, quand celle-ci s’est rendue au commissariat, sa plainte a suffit à arrêter Blake. Elle a préféré ne pas assister au jugement et ne sait donc même pas combien de temps il est resté en prison. La dernière image qu’elle a de lui est la scène où elle lui a annoncé qu’elle était enceinte. Cette scène où il l’a frappé encore plus violemment que les fois d’avant. Cette scène où elle s’est retrouvée à l’hôpital avec des bleus et du sang partout. Une scène qu’elle n’est pas prête d’oublier. Elle n’était pas préparée à le revoir – jamais. Alors être là, devant lui, par pur hasard la laisse perplexe. Elle ne sait pas comment réagir. Devrait-elle se mettre à le frapper, devrait-elle s’enfuir, devrait-elle rester et savoir pourquoi il était comme ça avec elle ? Elle était perdue. Et lui le semblait tout aussi.

« Putain Lou j’te demande juste si ça va. J’sais qu’c’est surprenant mais quand même… réponds moi… » Surprenant n’aurait pas été le mot qu’elle aurait utilisé, étrange peut-être, déplacé même si elle avait eu l’esprit plus tordu. Aux yeux de Lou, encore blessée par tant de souffrance de la part de cet homme, Blake semblait pourtant différent. Elle ne savait dire en quoi, mais elle le sentait. D’habitude, il aurait haussé le ton si elle avait osé lui parler de la sorte, mais là, il en était tout autre chose. Elle aurait baissé ses armes si elle ne le connaissait pas si bien – si elle ne connaissait pas son côté sombre. Ce côté qu’elle a toujours détesté, mais qui ne l’empêchait pas de rester avec lui. Pourtant, elle se détend et lui répond tranquillement qu’elle va bien. Elle va bien, oui elle va bien. Pour la première fois de sa vie, Lou se sent bien. Elle qui a longtemps été témoin du malaise entre sa mère et son père ; qui n’a plus vu son père depuis qu’elle a neuf ans ; qui a vécue une histoire d’amour catastrophique ; se sent bien aujourd’hui. Sa vie est stable, comme ce n’était jamais arrivé. La seule partie de sa vie qui n’est plus stable depuis Blake, c’est bien sur la partie sentimentale. A vrai dire, depuis lui, elle n’a plus vraiment eu de relation. Elle est bien sortie avec quelques gars, par ci par là, mais aucun avec qui c’était sérieux. Le vide total. La discussion devient de plus en « normal » si l’on peut dire ça comme ça. Lou pense que c’est la première vraie discussion qu’ils ont depuis qu’ils se connaissent. « T’aurais p’être pas été réceptive si j’t’avais dragué en parlant voiture… & après, j’ai plus réellement eu l’occasion d’te montrer… » Peut-être ou peut-être pas. En fait non, surement pas. Les voitures, ce n’est pas vraiment le truc de Lou. Ce n’est pas vraiment le truc de toutes les filles en général. « Tu as raison, tu n’aurais pas eu le même effet sur moi… ». Peut-être que ça aurait été mieux, dans le fond, si elle ne l’avait jamais rencontré. S’il ne l’avait pas dragué ce jour là, elle ne serait jamais tombée amoureuse de lui, ils n’auraient jamais habités ensemble et la suite ne serait jamais arrivée. Lou regrette parfois sa rencontre avec Blake. Si elle n’avait pas été si naïve, elle ne serait pas sortie avec lui. C’était une phase de son passé qu’elle essayé surtout d’oublier.

« J’imagine que t’es en train de maudire Jake, mh ? Il t’a conduit dans la même ville que ton ex. Tu vis avec lui ? » Parler de Jake avec lui est vraiment trop bizarre. Lou se rappelle très bien lui avoir déjà parlé de lui. A l’époque, il était son meilleur ami, aujourd’hui, entre eux, tout était différent. Les années avaient passées et ils s’étaient peu à peu éloignés. Malgré qu’ils habitaient tous les deux ici, et ce, à quelques maisons l’une de l’autre, elle ne lui avait pas parlé depuis longtemps. Le maudire ? Non pas vraiment. Après tout, qui aurait pu deviner qu’ils se seraient retrouvés dans la même ville. Si Jake l’avait su, il ne lui aurait certainement jamais proposé. Du moins, elle l’espérait ! « Pas vraiment. J’imagine que c’est juste une question de hasard. Le hasard ne fait pas toujours bien les choses apparemment. Non, on ne vit pas ensemble. C’est d’ailleurs compliqué entre nous ces temps-ci. Je me demande si je peux encore le considéré comme un ami. Enfin bref, je veux pas t’ennuyer avec mes histoires. Tu as surement autre chose à faire. » En effet, quelques temps après leur arrivée à Arrowsic, Jake avait annoncé à Lou qu’il était amoureux d’elle. Chose, qui était évidemment non-réciproque. Lou avait confiance en lui, ils se connaissaient depuis toujours. Et puis, il savait très bien tout ce qui s’était passé avec Blake, il savait très bien qu’elle n’était pas prête à se remettre avec quelqu’un. Surtout pas avec lui, pour qui elle n’avait jamais rien ressenti. Lou s’est souvent demandé ce qu’était devenu Blake au fond. Si sa vie avait changé, s’il avait retrouvé quelqu’un et si cette femme avec qui il partageait sa vie – si c’était le cas – vivait le même enfer qu’elle avait vécu ou bien s’il n’avait frappé qu’elle. Si c’était le cas, elle se demandait pourquoi elle et pas une autre. Toutes ces questions la hantaient, mais elle n’était pas prête à en connaître les réponses. Elle ne serait d’ailleurs probablement jamais prête à les entendre. Dans tous les cas, elle serait déçue. Elle espérait qu’aucune femme ne veuille de lui, car elle était persuadée qu’aucune ne l’aimerait comme elle avait fait. Dans le fond, aucune femme ne serait aussi naïve qu’elle, aucune ne serait restée avec un homme méchant qui la bat. Seule Lou avait réussi à rester. Seule Lou l’aimait malgré les coups qu’il lui mettait. Il en vint aux excuses. Lou était en colère contre lui, elle n’arrivait pas à contrôler ses émotions. Elle était heureuse qu’il trouve le courage de s’excuser mais en colère parce qu’il ne les faisait que maintenant. Elle le trouvait quand même culotter de s’excuser, dans de telles circonstances. Les excuses n’excusaient pas tout. C’est ce qu’elle avait compris au cours de sa petite vie. Car malgré les excuses, les blessures resteraient toujours ancrées en elle. Il pouvait les garder ces excuses. Il avait gâché une partie de sa vie. Pas seulement les mois pendant lesquels ils étaient restés ensemble, mais les mois qui ont suivis. Des mois pendant lesquels la jolie blonde a sombré doucement. Elle a eu à subir la perte de son compagnon ainsi que la perte d’un bébé. Des mois difficiles pendant lesquels elle avait été insupportable, triste, malheureuse et ou elle ressemblait à une vraie larve. Peut-être ne se rendait-il pas compte du mal qu’il lui avait fait en dehors des coups qu’il lui avait donné, mais elle, elle le savait. « Mieux vaut tard que jamais, non ?! » est la seule réponse qu’il arrive à lui donner. Lou lui répond donc : « C’est ce qu’on dit. ». C’est ce qu’on dit, mais ce n’est pas toujours le cas. Pour Lou, les excuses arrivent trop tard et ne servent de toute façon à rien. « En fait non, j’me sens pas mieux. Te demander pardon, c’est juste la moindre des choses, après tout c’que t’as enduré. & ça n’effacera rien, j’en suis conscient » Lou pourrait se sentir satisfaite de cette réponse mais ce n’est pas le cas. Il est conscient du mal qu’il a fait, alors qu’avant ce n’était pas le cas. Peut-être qu’il a changé. « Et bien… merci. Je ne sais pas quoi te dire. Tu me surprends tellement. » C’est tellement dur pour la petite Lou de se trouver là face à lui. Elle n’arrive pourtant pas à s’enlever de la tête le Blake d’autrefois. « J’peux savoir c’que tu deviens ? & avant que tu demandes, oui ça m’intéresse » Lou se surprend à sourire à sa dernière remarque, bien qu’elle n’en est pas vraiment envie. Il lui a en quelque sorte cloué le bec. Elle hésite à lui répondre. Qu’est-ce que ça peut lui faire après tout ? Pourtant, elle décide d’en jouer avec lui. « Oh et bien, je suis mariée, j’ai trois enfants & mon mari est millionnaire ». Ca n’a pas vraiment l’air de le faire rire. Mais ce n’était pas vraiment le but de toute façon. « Je travaille comme aide-soignante à l’hôpital de la ville. Et ma vie sentimentale est complètement chaotique. Et toi ? Tu fais quoi maintenant ? »


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Dernière édition par L. Maybel Carlson le Ven 24 Fév - 16:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: there's no one else to blame ♣ maybel   there's no one else to blame ♣ maybel EmptyVen 24 Fév - 14:04

Puisque le temps est aux aveux ; as-tu réellement éprouvé des sentiments pour Maybel ? L’as-tu porté dans ton cœur ? Pensais-tu à elle, quand, la journée, tu travaillais comme un fou & sans relâche ? Attendais-tu de pouvoir enfin la serrer dans tes bras ? Étais-tu amoureux ? Ta putain de fierté ricane & s’impose en meneuse, assurant ainsi que jamais tu n’as ressenti quoi que ce soit pour cette gamine. Mais putain pour une fois, laisse juste parler ton cœur ! Fermé à double tours, ce dernier ose en plus s’entourer d’une épaisse carapace. Carapace qui n’implosera sous aucun prétexte ; tu refuses de devenir affaibli par ce sentiment qu’est l’Amour. Tu refuses de ressentir ne serait-ce qu’une bribe d’affection pour quiconque. Alors tu avances dans le labyrinthe d’une vie qui ne te correspond pas tout à fait… mais qui ne te rend pas pour autant malheureux. Pourtant, sauter des minettes ne t’amènera jamais de stabilité ; tu en es conscient. Qu’attends-tu finalement ? Parce qu’à ce rythme, tu crèveras seul. Seul, sans que personne ne s’en soucie ni même ne le remarque.

Aurais-je dû lui parler de moi ? De mes loisirs, de mes passions, de mes craintes, de mes désirs ou même de mes envies ? Maybel ignore beaucoup de choses, y compris ma faible habileté à réparer les voitures endommagées. Ce n’est qu’un détail. Mais dans une vie de couple, un détail peut tout changer. Parce que si j’avais juste pris la peine de m’asseoir, de prendre ses mains entre les miennes pour ainsi lui raconter mon existence, Lou se serait sentie importante & aimée. Je n’ai fait que lui prouver le contraire en la traitant comme une poupée envahissante & inutile à mon quotidien. Elle n’a jamais rien su. & aujourd’hui, il est trop tard. « Tu as raison, tu n’aurais pas eu le même effet sur moi… ». Avec le temps, j’ai appris à m’adresser aux femmes. Pour les faire succomber, il faut savoir les complimenter, leur sourire, lancer quelques regards équivoques. Sans être trop direct, il est nécessaire qu’elles se sentent belles & désirées, par des mots ou bien des gestes. Étrangement, je n’ai aucun mal à me souvenir de notre rencontre. La discussion s’est éternisée, puis j’ai osé glisser mes doigts dans ses cheveux blonds avec une douceur considérable. Elle a frissonné. & j’ai souri. Lou fut foutue, attrapée & coincée dans mes filets. Je n’aurais cependant jamais prémédité de tels rebondissements. « Nan, princesse. Là tu étais supposée répondre ‘mais si Blake, tu fais trop d’effet !’ » Peut-être que mes plaisanteries ne sont pas les bienvenues. Je ne peux hélas m’en empêcher, les accompagnant en plus d’un sourire éclatant. J’ai toujours été un homme culotté. & malgré les circonstances, j’ose des remarques foutrement déplacées. Irrécupérable. « Pas vraiment. J’imagine que c’est juste une question de hasard. Le hasard ne fait pas toujours bien les choses apparemment. Non, on ne vit pas ensemble. C’est d’ailleurs compliqué entre nous ces temps-ci. Je me demande si je peux encore le considéré comme un ami. Enfin bref, je veux pas t’ennuyer avec mes histoires. Tu as surement autre chose à faire. » Lou & Jake ne sont – ou n’étaient – donc qu’amis. Mais cette information me laisse indifférent contrairement à ses aveux sur le hasard. C’est blessant d’entendre de telles paroles. C’est blessant de se sentir rejeté. À New-York, dans notre quartier, j’étais devenu l’homme à abattre, le sale enfoiré qui battait sa petite copine. Mes amis ont préféré avancer sans moi, ma famille a été déçue & choquée. J’ai tout foutu en l’air, en réalité. Leurs réactions, à tous, est plus que logique. Pourtant, après autant d’années, j’aurais naïvement espéré plus de… compassion ? J’ai honte d’oser penser cela. Je mérite juste qu’elle me crache dessus, qu’elle soit odieuse & qu’elle me haïsse. « Comme tu vois… je n’ai rien de mieux à faire. Explique-moi. Qu’est c’qui s’est passé ? » Il est possible qu’elle ne veuille me raconter ses histoires. Mais je peux avoir l’oreille attentive dorénavant. Autant que possible, du moins. Je suis capable d’écouter, sans forcément trouver les mots. Je n’ai jamais été doué pour conseiller les autres & leur donner quelconques pistes pour se sortir de leurs merdiers. Rien ne m’empêche cependant d’essayer, si ?

« Et bien… merci. Je ne sais pas quoi te dire. Tu me surprends tellement. » De manière nonchalante, j’hausse mes épaules. Mes yeux fixent mes baskets ; celles-ci frottent le béton avec nervosité. Comment se sent-elle après avoir eu droit à mes excuses ? J’ai du mal à déceler ne serait-ce qu’un moindre indice sur son état. & j’ignore si sa réponse est celle que j’attendais finalement. Pourquoi me remercie-t-elle ? Elle aurait juste dû se rapprocher de moi & claquer violemment sa main sur ma joue, ou son poing contre mon torse, ma mâchoire. Peu importe. « Ne dis rien dans ce cas… » J’esquisse un faible sourire & m’intéresse à son existence. Des années ont passé. & j’ai ce désir d’entendre ses réussites. Pour elle, & aussi peut-être pour ma conscience. Savoir que, malgré tout, Lou a remonté la pente & s’est forgé un avenir solide & épanouissant. « Oh et bien, je suis mariée, j’ai trois enfants & mon mari est millionnaire ». Mes sourcils se froncent. Ça ne m’amuse pas. Elle joue avec moi, avec mes nerfs, & ce n’est franchement pas la meilleure chose à faire. Évidemment, je ne lèverai plus jamais la main sur elle, ni sur aucune autre femme. Mais je pense rester impressionnant quand je me fous en colère… & je n’ai aucune envie qu’elle me fuit, la peur au ventre. « Je travaille comme aide-soignante à l’hôpital de la ville. Et ma vie sentimentale est complètement chaotique. Et toi ? Tu fais quoi maintenant ? » Sa réponse me parait plus sincère, & peut-être plus crédible. Bien que l’idée qu’elle soit mariée & maman ne soit pas foncièrement stupide. Lou est une très belle femme, & elle déborde d’amour – d’autant que j’m’en souvienne. N’importe quel homme tuerait pour l’avoir à ses côtés. Dommage que sa voix sarcastique ait bousillé sa plaisanterie. Mon cœur se serre cependant, & je détourne un instant mes yeux. Si sa vie sentimentale est chaotique, c’est de ma faute. J’en suis intimement persuadé. « J’ai réussi à faire ouvrir un petit local de sport… J’suis coach » J'ai toujours aimé le sport. Je rentrais d'ailleurs souvent épuisé & trempé après mes deux heures de footing. Je me garderai bien toutefois d’avouer avoir galérer pour parvenir à mes fins, à cause de mes antécédents. Tout comme j’éviterai de parler de mes clients… pour les trois quart féminin. & j’ai d’ailleurs soigneusement omis de parler de ma vie privée. De toute façon, qu’y’a-t-il à dire ? Je suis seul. Je change de partenaire comme je change de sous-vêtement. Je suis incapable d’appartenir à une femme. Il n’y a que Maybel, qui a su me retenir durant quelques mois… mais je l’ai trompé. « Ta vie sentimentale est chaotique à cause d’un petit con… ? Ou… ? » Ou d’un con d’un tout autre calibre ; moi ? J’imagine que nous glissons progressivement vers un terrain glissant & plus que sensible. Mais c’est peut-être le moment idéal pour que Lou extériorise sa haine & tout ce qu’elle peut ressentir à mon égard. Si mes excuses ne suffisent pas, alors qu’elle use de tous les stratagèmes pour repartir un peu plus soulagée. « J’ai gâché ta vie. Je t’ai frappée Lou, je t’ai battue, je t’ai humiliée » Évidemment, je fais exprès. Je cherche juste à la blesser, une dernière fois. Je cherche juste à ce qu’elle s’emporte & ouvre la porte à toute cette colère, toute cette possible rancœur, toutes ses envies de me heurter autant que j’ai pu le faire. « T’es tombée sur le mauvais, c’est tout. Tous ne sont pas comme ça » Mon corps se décolle de la voiture. & j’ose cette fois m’approcher d’elle sans appréhender ses réflexes de recul. Mes pupilles bleues incandescentes se plongent dans les siennes. « C’est moi ! Juste moi, l’enfoiré. & le pire ? C’est qu’tu pourras jamais oublier ça. Je suis le seul fautif. & tu vas vivre avec ça pour le restant de tes jours. » Là, devant toi Lou ! Ouvre les yeux, réagis. Je ne fais que dire la vérité. Je suis sûrement celui qui l’empêche de vivre sa vie. & une partie de moi restera toujours ancrée au plus profond d’elle. J’ai été son premier amour. Le plus douloureux. & si Maybel ne réagit pas, alors j'aurais juste merdé une fois de plus en la plongeant dans ce tourbillon rempli de mauvais souvenirs.

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MessageSujet: Re: there's no one else to blame ♣ maybel   there's no one else to blame ♣ maybel EmptyVen 24 Fév - 16:13

Repenser à cette période de sa vie lui fait mal, mais elle ne peut s’y résoudre. Elle savait bien qu’elle devrait y refaire face un jour, juste pas que ce serait aussi tôt. Elle pensait que peut-être un jour, elle aurait du annoncer à son futur mari qu’elle ne le méritait pas. Qu’elle pense n’être qu’une sale gamine capricieuse, qui a gâché la vie de son ex en l’envoyant en taule. Elle s’était trompée. C’est aujourd’hui qu’elle est replongé dans son passé, devant celui qui lui a causé tous ces soucis. Elle pensait que ça ferait plus mal que ça et au final, elle ne sait même pas quoi dire ou quoi faire.

« Nan, princesse. Là tu étais supposée répondre ‘mais si Blake, tu fais trop d’effet !’ » Princesse. Un mot qu’il utilisait souvent quand ils étaient ensemble. Un mot qui voulait dire tant de chose pour elle, mais qui pour lui, était un mot comme un autre. A ce moment là, elle se demande si Blake l’a vraiment aimé. Il n’est franchement pas du genre à étaler ses sentiments, mais elle espère qu’il l’aimé au moins un peu, tandis qu’elle était folle de lui. Il y a des amours dont on ne guérit pas, et pour Lou, celui-ci semble en faire parti. Blake était son premier amour, et certainement le seul. Le seul dont elle se souvienne de tous les moments, le seul dont elle aimerait pourtant oublié. Blake essaie d’être drôle. Il était drôle, avant, quand il n’était pas énervé. Elle a toujours apprécié son humour, parfois décalé certes, mais qui la faisait craquer. Comme ses yeux, ses yeux si bleus dans lesquels elle aimait se plonger. Quand elle le regardait, elle aurait aimé avoir l’impression que tout était parfait. Qu’il n’y avait personne d’autre qu’elle qui comptait. Elle aurait aimé ressentir rien qu’une fois ce que lui pouvait parfaitement voir dans les siens. Parce que pour elle, il était le seul et l’unique. Elle aurait fait n’importe quoi, tant que c’était pour lui. Sa mère lui disait souvent d’ouvrir les yeux, qu’il n’était pas fait pour elle. Ses amis lui tournaient le dos tandis qu’elle passait ses journées à le défendre contre leurs réflexions. N’importe quoi. Jusqu’à se laisser faire. En pensant à tout ça, il avait surement raison. Elle aurait craqué quand même. Parce qu’elle avait besoin de sentir, rien qu’une fois, ce sentiment d’amour dont tout le monde parlé. Et parce qu’elle n’aurait pas résisté à ces grands yeux bleus. Ses yeux bleus qui lui ont manqués malgré tout durant toutes ces années. Elle joue la franchise avec lui, en prenant compte de sa remarque : « J’aurais craqué quand même ; tu n’aurais eu qu’à me regarder dans les yeux pour que je tombe dans tes bras ». Exactement comme c’était arrivé sept ans auparavant. Ce n’est peut-être pas ce qu’il a envie d’entendre, mais c’est ce qu’elle a envie de lui dire. Que dans tous les cas, il aurait fini par l’avoir sans grands efforts. Parce qu’elle était accro avant même d’avoir eu le temps d’y penser. Elle sait qu’elle lui a fait mal en lui disant presque qu’elle aurait aimé ne pas le revoir. Que le hasard avait mal fait les choses en les amenant tous les deux dans cette petite ville qu’est Arrowsic. Mais elle ne veut pas lui mentir. Elle ne l’a jamais fait. Quand elle l’aimait, elle lui disait, quand elle était en colère contre lui, elle lui disait et ce même si ça lui devait des coups de sa part, honnête, Lou l’a toujours été avec lui. De son côté, c’était tout autre chose. Elle est tombée de haut avec Blake, elle s’en est vite rendu compte quand il est sorti de sa vie. Elle a ainsi vite sombré, découvrant qu’elle n’était plus grand-chose sans son beau brun ténébreux. « Comme tu vois… je n’ai rien de mieux à faire. Explique-moi. Qu’est c’qui s’est passé ? » Ce qu’il s’est passé ? Lou a bien envie de lui dire que tout est de sa faute. Du moins, c’est ce qu’elle aime penser. Quand ça tourne mal avec un mec, c’est de la faute de Blake. Le pauvre, il n’est plus là, mais c’est encore de sa faute ? C’est juste que Lou a une fâcheuse tendance à croire que Blake est fautif, pour tout ce qu’elle entreprend. « Rien de grave. Pour résumer, il était amoureux, et moi… Je n’avais pas envie de penser à ça. C’est ce qui arrive… parfois » fait elle en le regardant. Elle n’avait pas envie de penser à ça, parce qu’elle t’avait encore toi dans la tête, Blake. Difficile de rouvrir son cœur quand celui-ci a été déchiré en mille morceaux. Mais elle n’a pas envie de se plaindre. Elle n’est plus comme ça. Elle a grandi, elle est forte et elle n’a plus envie de passer pour la petite victime.

« Et bien… merci. Je ne sais pas quoi te dire. Tu me surprends tellement. » Il hausse les épaules, ne s’attendant pas à cette réponse. Mais c’est vrai, elle ne sait pas quoi dire. Cette histoire est passée, il n’y a plus rien à faire désormais. Puis il s’intéresse à sa vie. Etonnant, venant de sa part à lui. Lui, qui ne lui a jamais rien demandé de tel en quelques mois de vie commune. Elle n’est même plus sure de ce qu’elle a pu lui raconté. Ce qui est sur, c’est qu’elle ne lui a jamais dit où son père était. Non pas parce qu’elle ne le savait pas, mais juste parce qu’elle n’avait pas envie de lui dire. Il l’aurait traité de conne si elle lui avait dit que sa mère aussi se faisait frapper et que Lou n’a pas réagit tout de suite. « J’ai réussi à faire ouvrir un petit local de sport… J’suis coach » C’est bien. Il a fait ce pour quoi il vivait à l’époque. Etre gérant de son propre local, quoi de plus beau a-t-elle envie de dire. Pourtant, elle ne lui répondra pas. Devrait-elle être en colère qu’il ait réussi sa vie malgré tout, ou devrait-elle être heureuse pour lui ? La première solution semble plus appropriée, mais franchement, elle n’a pas envie de s’emmerder. Il en revient à parler de sa vie personnelle ; le malin. Il va essayer de la mettre à bout pour qu’elle réagisse, mais ce serait trop facile. Ce serait trop facile de s’en prendre à lui maintenant, alors que tout est fini. Ce serait trop facile que de le frapper, de l’insulter ou de lui dire des horreurs comme elle avait pu le faire avant. Il ne l’aura pas. « Ta vie sentimentale est chaotique à cause d’un petit con… ? Ou… ? » A cause de toi. A cause de toi et tous les garçons en général. A cause de tous ces mecs qui se prennent pour les rois du monde et qui croient dominer leurs femmes en claquant des doigts. « Ma vie sentimentale est un désastre depuis que tu y es entré. Ca te surprend ? » Lou essaie de garder son calme, mais ça va être dur. Elle était tellement impulsive auparavant qu’elle ressemble à une poupée qu’on pourrait diriger avec des ficelles. Une marionnette. « J’ai gâché ta vie. Je t’ai frappée Lou, je t’ai battue, je t’ai humiliée » Elle ne répond pas à ses provocations. Elle reste calme, comme il lui a si bien apprit en la battant pour la faire taire. C’est lui qui l’a rendu si faible et si forte à la fois. Il s’approche d’elle pour la provoquer, encore. « T’es tombée sur le mauvais, c’est tout. Tous ne sont pas comme ça » « Tu crois vraiment ce que tu dis ? Tu crois que je suis la seule à s’être fait avoir par un conna*d comme toi ? Bien sur que non Blake ! T’es pas le seul lâche de cette planète ! ». Qu’essaie t-il de faire là ? Réagis Lou ! Frappe le, vas-y frappe le comme il t’a frappé dessus. Fais-le ! Venge-toi de ses années de malheur. Il veut que tu lui fasses du mal pour oublier tout ce que lui t’as fais. Elle n’en fait rien. « C’est moi ! Juste moi, l’enfoiré. & le pire ? C’est qu’tu pourras jamais oublier ça. Je suis le seul fautif. & tu vas vivre avec ça pour le restant de tes jours. » Il l’énerve encore plus, essaie de la mettre à bout et s’approche d’elle. Il n’est qu’à quelques centimètres maintenant. Il la rend dingue. Le calme dont a fait part la jolie blonde depuis le début commence à s’estomper. Elle devient agressive et les larmes lui montent aux yeux. « Qu’est-ce que tu cherches Blake ? Tu veux que je te frappe c’est ça ? Tu veux que je te dise que t’es qu’un salopard, que t’as tout gâché ? Ma vie était déjà un véritable chantier avant que tu n’arrives ! ». Lou reprend son souffle avant de lâcher, en criant et pleurant : « Oui t’as tout gâché Blake ! T’as tout foutu en l’air dans ma vie, il n’y a pas un jour sans lequel je pense pas à toi et à tes puta*ns de yeux. Y’a pas un jour sans lequel je me rappelle de tes poings sur mon visage ou de tes mots ! Y’a pas un jour sans lequel je me demande où j’en serais si j’avais continué à te laisser faire, si j’avais pas porté plainte et que j’avais pas fais cette fausse couche ! Pas un jour sans lequel je pense à ma vie si jt’avais pas rencontré ! ». Lou n’a pas finit de déballer son sac : « Tous les jours je me lève en espérant que ma vie ne soit qu’un mauvais rêve ! Et pas seulement les années avec toi ! C’est ça que tu veux entendre ? » Parce qu’avant lui, il y avait son père aussi, mais qu’il ne l’a jamais su. Son père frappait sa mère, ou la frappait elle-aussi. Pourquoi elle ne leur en veut pas autant alors ?
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MessageSujet: Re: there's no one else to blame ♣ maybel   there's no one else to blame ♣ maybel EmptySam 25 Fév - 23:25

Sept années. Sept années de vide, de « rien ». Aujourd’hui, tes pensées s’enchevêtrent, ton crâne bouillonne & se déglingue. T’as juste l’impression d’avoir passé sept ans cloitré dans un labyrinthe sans jamais y trouver la sortie. Comme un crétin, tu allais & venais, déambulais & te perdais. Sans comprendre que la solution n’est autre que Maybel & les explications que tu lui dois. La clarté s’offre enfin à toi & balaye violemment toute l’obscurité d’habitude omniprésente au-dessus de ta tête. Le chemin est cependant si long. Tes mots ne seront jamais suffisants. D’ailleurs, rien ne sera jamais suffisant. Penses-tu réellement la revoir, prochainement ? Le mieux serait peut-être de fuir, une nouvelle fois. Abandonner cette ville & rejoindre des contrées encore inconnues. Mais en as-tu seulement envie ? & elle, que pense-t-elle ? Désire-t-elle te voir partir ? Il est inutile qu’elle vive de nouveau en ayant cette putain de boule au ventre à chaque pas foutu dehors. & soudain, tu te rends compte que tu serais capable de beaucoup, juste pour qu’elle aille mieux. Incroyable comme les gens changent.

« J’aurais craqué quand même ; tu n’aurais eu qu’à me regarder dans les yeux pour que je tombe dans tes bras ». Je ne peux douter de ses paroles. Avec Lou, tout s’est passé de manière si fluide, si naturelle. Elle m’a plu à la seconde même où j’ai posé mes yeux sur elle. Alors je l’ai approchée & l’ai flattée avec une sincérité incontestable. Nous nous sommes embrassés tendrement, très vites emportés par un désir sans nom. Nous avons terminé la soirée chez moi ; je vivais à l’époque dans un petit appartement spacieux & lumineux décoré par mes soins. À vingt-neuf ans, mes espérances pour le reste de la soirée ne se calquaient pas avec les siennes. L’adolescente souhaitait peut-être passer des heures à discuter, apprendre à me connaitre & que sais-je encore. Mes mains désireuses se baladaient pourtant sur son corps délicieux… jusqu’à ce qu’elle m’avoue être vierge. Je n’étais pas sûr de vouloir être le premier homme pour elle. & finalement, nous avons fait l’amour avec délicatesse & attention. Ce fut sans doute l’instant le plus doux de toute mon existence. La suite de notre relation fut bercée de catastrophes néanmoins. « Ma vie sentimentale est un désastre depuis que tu y es entré. Ca te surprend ? » Comment être surpris ? J’ai sûrement pulvérisé toute la confiance qu’elle aurait pu donner à un homme. Tout comme j’ai certainement bousillé tous ses rêves, toutes ses espérances. Bordel, j’ai juste envie qu’elle remonte la pente, qu’elle oublie cela & soit heureuse avec un type bien. N’importe qui, pourvu qu’il ne lui fasse pas de mal. & j’ai envie d’y veiller personnellement… « Tu crois vraiment ce que tu dis ? Tu crois que je suis la seule à s’être fait avoir par un conna*d comme toi ? Bien sur que non Blake ! T’es pas le seul lâche de cette planète ! ». Évidemment. Des centaines de femmes sont battues chaque jour, sans oser en parler à qui que ce soit. Des centaines de femmes sont violées par des putains de lâches. Des tas de femmes subissent les foudres des dominants – comme moi. Je ne suis donc pas le seul ‘connard’, hélas. « J’m’en branle des autres ! J’parle de toi ! C’est toi qui compte, là ! Ouais, j’suis pas le seul, mais t’es tombée sur moi & je t’ai manipulée, j’ai fait ce que j’voulais de toi ! » Mes sourcils me froncent. Je cherche toujours à la pousser à bout, profitant également pour extérioriser toute la haine que je ressens à mon égard. Il faut que ça sorte. Pour elle. Pour moi. Bordel, il y a eu tellement de non-dits. Il est impossible d’avancer sans évacuer tout ce qui nous empêche de vivre & de respirer. J’y pense tous les jours. J’en rêve toutes les nuits. Ça m’obsède, me rend dingue. Je ne vis plus ; & ce n’est que justice en fin de compte. « Qu’est-ce que tu cherches Blake ? Tu veux que je te frappe c’est ça ? Tu veux que je te dise que t’es qu’un salopard, que t’as tout gâché ? Ma vie était déjà un véritable chantier avant que tu n’arrives ! » Je n’attends pas forcément d’elle qu’elle me gifle. Juste qu’elle soulage sa peine & me crache tout son dégout. Je ne suis qu’un salopard, elle a raison. Encore aujourd’hui, je suis tout bonnement incapable de traiter une femme avec respect. « & j’ai foutu ton chantier en ruine !! » Le ton monte. Les nerfs se réveillent & ne demandent qu’à imploser. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine & j’imagine qu’il doit en être de même pour le sien. Il n’est plus question de parler posément, nous ne pensons qu’à hurler plus fort que l’autre. J’aperçois ses larmes. & je me demande s’il s’est déjà passé une journée sans que Lou ne les laisse s’écouler le long de ses joues délicates. Aujourd’hui, sept ans après, je la blesse encore.

« Oui t’as tout gâché Blake ! T’as tout foutu en l’air dans ma vie, il n’y a pas un jour sans lequel je pense pas à toi et à tes puta*ns de yeux. Y’a pas un jour sans lequel je me rappelle de tes poings sur mon visage ou de tes mots ! Y’a pas un jour sans lequel je me demande où j’en serais si j’avais continué à te laisser faire, si j’avais pas porté plainte et que j’avais pas fait cette fausse couche ! Pas un jour sans lequel je pense à ma vie si jt’avais pas rencontré ! ». Mon cerveau ne sélectionne que quelques informations. Parce que j’ai juste envie d’appuyer encore là où la souffrance pulse. J’ai juste envie qu’elle vide son énergie en me hurlant dessus, en me balançant tous ses reproches qu’elle n’a peut-être pas osé me dire avant de quitter notre appartement. Alors mes poings se serrent, mes veines apparaissent au coin de mes yeux & ma mâchoire se crispe. Comme avant. Comme lorsque seul le désir de la frapper dictait mes pensées. « Tu veux que j’te dise où tu en serais ?! Tu veux savoir ?! T’étais tellement faible & soumise, j’t’aurais tué !! » Ma cage thoracique se soulève brusquement, au rythme de ma respiration haletante. L’énervement se lit sans mal dans mes yeux bleus. Mais finalement, suis-je en colère contre elle, ou contre moi-même ? Maybel hurle, pleure. Sa voix s’est mêlée à la mienne, je n’ai donc pas tout entendu. « (…)C’est ça que tu veux entendre ? » Le calme reprend place progressivement. & le silence n’est brisé que par ma forte respiration & ses faibles suffocations. & mes organes se tordent. La douleur m’envahit quand ce putain de retour en arrière m’assaille. « te laisser faire », « porter plainte », « fausse couche ». Ces dernières mots résonnent dans ma tête, me narguent & me tuent. Lou n’avait ainsi pas menti, en m’annonçant être enceinte ? Je ne l’ai pas cru… & je l’ai battu plus fort qu’à l’habitude, sans jamais soupçonner la présence d’un être tout aussi innocent qu’elle… Je ne suis pas un monstre, je suis pire. « Une fausse couche ? Putain c’est pas possible… ça peut pas être vrai… » Alors je n’ai pas blessé une personne, mais deux ? Lou a perdu son enfant, notre enfant… J’ai réellement foiré sur toute la ligne, & plus le temps passe, plus j’me rends compte qu’il est improbable qu’elle accepte mes excuses. & elle aurait raison. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai peur. Ma main puissante enserre son frêle poignet & je l’approche de moi. Mes doigts libres parcourent tendrement sa joue, j’efface ses gouttelettes salées. « Mais… quand ? Comment ? Enfin, les médecins expliquent ça comment ? » Intérieurement, je prie pour que ce ne soit pas à cause de mes putains de coups. Mais pourquoi me voilerai-je la face ? Tout est de ma faute. « J’n’ai pris que sept mois… J’t’ai détestée pour m’avoir dénoncé & m’avoir envoyé dans c’trou » & cette fois ? Qu’est c’que j’attends comme réaction ? Sept mois… Putain, elle a tellement de quoi être dégoutée. C’est peu payé pour le mal que je lui ai fait.
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MessageSujet: Re: there's no one else to blame ♣ maybel   there's no one else to blame ♣ maybel EmptyLun 27 Fév - 17:51


Vider son sac à Blake était peut-être l’une des choses dont avait besoin la jeune Maybel. Elle pensait qu’évacuer toute sa peine et surtout toute la haine qu’elle éprouvait envers lui lui permettrait d’oublier ou de tourner la page. Bien sur, cette discussion était loin d’être suffisante pour cela. Il faudrait encore des années pour que Maybel puisse oublier tout ce qu’il lui avait fait vivre. Quand on parlait de haine, Maybel était toujours réticente. Elle ne savait pas ce qu’elle pouvait ressentir pour Blake, au vue de l’amour qu’elle lui avait autrefois porté, mais il était sur qu’elle ne pouvait le haïr. Elle haïssait chacun de ses coups, chacune de ses paroles blessantes mais elle ne le haïssait pas. On pouvait donc parler de haine envers les actes de Blake, mais non pas envers Blake lui-même. Après tout, si elle le haïssait vraiment, elle ne serait pas resté avec lui tous ces mois et elle n’aurait pas eu autant de mal à le dénoncer à la police.

« J’m’en branle des autres ! J’parle de toi ! C’est toi qui compte, là ! Ouais, j’suis pas le seul, mais t’es tombée sur moi & je t’ai manipulée, j’ai fait ce que j’voulais de toi ! » C’était au tour de Blake de lui dire ce qu’il pensait. Pour la première fois depuis longtemps, Maybel revoit le regard de Blake lorsqu’il est énervé. C’est elle qui compte, voila ce qu’il vient de dire. Elle n’y croit pas ; parce que jamais il ne lui a dit, jamais il ne lui a fait comprendre que c’était elle qui comptait et pas une autre. Il l’avait même trompée une fois. Elle aurait déjà du le laisser à ce moment là. Comme il l’a si bien dit, il l’a manipulée jusqu’à avoir tout ce qu’il voulait d’elle. Mais qu’est-ce qui faisait d’elle ? Une pauvre fille amoureuse de lui avec qui coucher quand il en avait envie ? Une épave. Il avait fait de Maybel une épave. « Ouai t’as fais tout ce que tu voulais de moi ! Mais t’en fais pas, ça m’a servi de leçon ! J’approche plus aucun mec, par peur qu’il finisse par me taper dessus lui-aussi ! Et pourquoi tu me dis tout ça ? Pourquoi tu me rappelles à quel point j’ai été conne ? » A croire que ça lui faisait plaisir de la rabaisser comme ça. La rabaisser comme il l’a toujours fait, alors qu’elle, le soutenait toujours et tout le temps. Elle le soutenait et le défendait comme personne devant ses amis, sa famille, sa mère. Quand elle était avec lui, elle s’était mise à dos la moitié de ses proches, mais elle s’en fichait parce qu’elle l’aimait et qu’elle pensait qu’il l’aimait aussi. Au final, elle est passée pour la grosse idiote, incapable de garder un mec. Incapable de se défendre. Blake lui rappelle une partie de sa vie qu’elle tente d’oublier. Malheureusement, même après tant d’années, elle n’y arrive pas. Elle s’efforce de penser à autre chose, d’essayer de refaire sa vie, comme quand elle est venue habiter à Arrowsic mais ça ne suffit pas. Et ça ne suffira jamais. Parce que même absent, même loin d’elle, Blake a une influence sur sa vie. Si elle était passé à autre chose, peut-être qu’elle vivrait heureuse dans les bras de son meilleur ami. Mais non, encore une fois, et sans le vouloir, il l’en avait empêché. Il l’avait empêché de s’épanouir comme il se doit auprès d’un gars qui l’aime pour ce qu’elle est et qui la rend heureuse. Sa vie sentimentale est une catastrophe oui, et elle le sera toujours, parce qu’elle ne sera jamais plus capable de faire confiance à un homme, parce qu’elle ne sera jamais plus capable d’aimer un homme comme elle l’avait aimé lui. « & j’ai foutu ton chantier en ruine !! » Belle expression pour résumer ce qu’il a fait de sa vie. Elle avait tellement espéré de lui, de leur relation qu’elle était tombé de bien haut. Le ton est monté, et Maybel explose littéralement. En moins de deux minutes, elle lui balance au visage tout ce qu’elle a sur le cœur. Elle lui explique à quoi ressemble sa vie maintenant et surtout à quoi elle aurait ressemblé si elle ne l’avait pas connu. Seulement, elle a aussi vécue des bons moments avec lui ; et c’est sans cesse ce qu’elle essaie de se rappeler quand elle pense à son passé avec Blake. Avec lui, elle aura tout connu : du bonheur d’être avec quelqu’un qu’on aime, de se sentir pousser des ailes pour la première fois de sa vie ; au pire quand il a commencé à la frapper.

Maybel est très énervée. Elle lui crie dessus et pleure. Elle lui dit tout ce qu’elle a à lui dire, lui confessant au passage des choses qu’il ne savait pas. Des choses qu’elle avait préféré garder pour elle à l’époque, notamment sa fausse couche. L’annonce de cette grossesse à Blake avait été l’élément déclencheur à tout ce qui a suivi. Après cette discussion, il l’avait frappé, et pour la première fois, Maybel avait eu le courage de s’en aller, de porter plainte contre lui. Inconsciemment, elle l’avait fait pour cet enfant qu’elle portait alors quand les médecins lui avaient dit qu’elle avait perdue, son monde s’effondra. Pendant des mois, elle fut en dépression, ne mangeant plus, ne dormant plus, n’ayant plus envie de rien. Elle en aurait voulu à Blake encore plus si on ne lui avait pas dit que cette fausse couche s’expliquait médicalement par une malformation de l’embryon. Jamais elle n’aurait cru perdre cet enfant, qui lui avait donné le courage de tout arrêter. « Tu veux que j’te dise où tu en serais ?! Tu veux savoir ?! T’étais tellement faible & soumise, j’t’aurais tué !! » Ces derniers mots font écho dans sa tête. Tuer. Maybel y a pensé plusieurs fois. Elle n’hésite pas à lui répondre, toujours en lui hurlant dessus : « Peut-être que ça aurait été le mieux ! ». Le mieux pour elle en tout cas. Cela met un froid dans leur discussion et un silence s’installe brusquement. « Une fausse couche ? Putain c’est pas possible… ça peut pas être vrai… » Blake est plus calme, et Lou aussi. Les deux ont fini de se hurler dessus, au plus grand bien des passants sur ce fameux parking. Alors il ne la croyait pas. Comment ne pouvait-il ne pas la croire quand elle lui avait dit qu’elle attendait son bébé ? Et pourquoi aurait-elle inventé une bêtise pareille ? Elle ne comprend plus. « Tu… tu croyais que je te mentais ? Putain Blake, je ne t’aurais jamais menti sur un truc comme ça, t’aurais du le savoir ». Parler. Parler sans hurler. Même si elle aurait bien envie d’encore lui crier dessus pour ne pas lui avoir fait confiance. Lou avait une confiante aveugle et sans limite pour lui, savoir que cette confiance n’était pas partagée la blesse horriblement. Peut-être l’a-t-il ressenti puisqu’il attrape Lou par son poignet pour l’approcher de lui. Lou se laisse faire, fatiguée de vouloir le repousser chaque fois. Bien sur, elle n’aurait pas imaginé leurs retrouvailles comme ça. Elle libère son poignet pour lui prendre la main alors qu’il sèche délicatement les larmes qu’elle a versé. Elle n’a pas peur ; elle n’a plus peur de Blake. Il semble changé. « Mais… quand ? Comment ? Enfin, les médecins expliquent ça comment ? » Lou sait bien qu’il pense que c’est de sa faute. Peut-être qu’elle devrait simplement lui dire que c’est le cas, pour qu’il se sente encore plus mal. Mais elle ne veut pas lui mentir. « C’est arrivé le jour même où je te l’ai annoncé. Les médecins ont juste dit que c’était une malformation ou je ne sais quoi ; que ça arrivait très souvent ». Lou est calme, lui aussi, mais reste pensif. Elle ajoute : « C’est pas ta faute Blake. Peut-être que le stress a joué sur ça mais c’est tout. Tu ne l’as pas tué d’accord ? ». Il devait se sentir encore plus coupable. Et elle aurait du le laisser penser cela, juste pour le faire souffrir mais elle ne peut pas. Pourquoi ? Elle ne le sait pas vraiment. « J’n’ai pris que sept mois… J’t’ai détestée pour m’avoir dénoncé & m’avoir envoyé dans c’trou » Que sept mois. A peu près la durée pendant laquelle elle a supporté ces coups. La détester. Bien sur qu’il l’a détestée pour ce qu’elle avait fait. C’est logique. Elle n’arrive pas à lui demander comment c’était. Les autres détenus l’ont-ils torturé ? A-t-il au moins pensé à elle et à ce qu’il lui avait fait tant qu’il était enfermé ? Elle a presque envie de lui demander pardon, mais non, elle n’est pas idiote non plus. « J’imagine bien… ».
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MessageSujet: Re: there's no one else to blame ♣ maybel   there's no one else to blame ♣ maybel EmptyMer 29 Fév - 19:00

Ses virulents aveux jouent avec ton cœur. Brusquement & douloureusement. À l’allure d’une grande claque sur ta joue, tu ressens enfin toute la souffrance endurée – bien que ça soit foutrement culotté de comparer vos ressentis. Lou a souffert. Plus que toi. Plus que n’importe qui. À l’époque, tu n’en avais que faire. Aujourd’hui, ça t’obsède. Jours & nuits, tu ressasses ses cris, ses hurlements, ses supplications & ses plaintes. & lorsque la nuit, les cauchemars t’encerclent & te torturent, tu n’aperçois que son visage maquillé de larmes. A-t-elle déjà souri ? Tu n’as été qu’un monstre, un putain de monstre. & tu n’auras jamais la force d’effacer cela, ni même de reprendre un tout nouveau départ. C’est impossible. Maybel mérite juste que tu sortes de son existence, une bonne fois pour toutes. & la vie n’est qu’une chienne, d’oser réunir vos chemins, encore & encore. Pourquoi restes-tu à ses côtés ? Pourquoi ne la laisses-tu pas seule ? Votre discussion crèvera d’innombrables abcès…, le passé restera toutefois inchangé. Inutile de te battre. Inutile de la torturer.

« Ouais t’as fait tout ce que tu voulais de moi ! Mais t’en fais pas, ça m’a servi de leçon ! J’approche plus aucun mec, par peur qu’il finisse par me taper dessus lui-aussi ! Et pourquoi tu me dis tout ça ? Pourquoi tu me rappelles à quel point j’ai été conne ? » Peut-être parce que, malheureusement, c’est dans ma nature d’humilier les personnes que je côtoie. Sans réellement en être conscient, j’essaye de m’imposer en tant que dominant, & je me fous des moyens utilisés. Maybel n’a pas été stupide ; juste impuissante. Sa seule solution était de me dénoncer à la police. Elle aurait dû le faire bien avant… mais elle imaginait sans doute que je changerai. L’Amour est un sentiment tellement trompeur. Aveuglée, ma jeune Lou n’a écouté que son cœur, au détriment de sa raison & de sa famille qui espérait juste nous voir séparés. « Pour que tu avances… que tu n’aies plus peur de tomber sur un homme comme moi. J’souhaite juste que tu sois heureuse, malgré tout… » Un long souffle s’échappe de ma gorge ; il n’est plus question de lui hurler dessus. C’est inutile. Maybel n’est plus cette enfant manipulable. Elle est devenue une - très jolie - jeune femme, capable de se défendre & d’affronter les démons. Elle n’a plus peur de moi : son regard soutient le mien, & ses mots plus mâtures me rassurent. J’ai la ferme impression qu’aucun homme ne réussira à lui faire exécuter ses ordres, & là est mon seul espoir. Bordel. Lou a bravé tellement de tempêtes, a surmonté tellement d’obstacles. Comment peut-être être aussi résistante ? J’ignorais la présence de ce bébé. Sept ans auparavant, j’ai refusé de croire à ses aveux. Ça me paraissait impossible ! Je ne me souviens pas avoir été malveillant lors de nos ébats. & pourtant…, il y a eu une faille, car Maybel a porté notre enfant l’espace de quelques semaines. « Tu… tu croyais que je te mentais ? Putain Blake, je ne t’aurais jamais menti sur un truc comme ça, t’aurais du le savoir » L’idée qu’elle puisse être enceinte m’effrayait. L’un comme l’autre, nous n’étions pas prêts. Lou n’avait que dix-sept ans, & malgré mes trente ans, je ne pensais encore qu’à m’amuser. Comment aurais-je pu être un bon père ? Avec le recul, je réalise finalement que j’ai toujours cru ma petite copine sur paroles. En revanche, je repoussais cette putain de vérité & tentait juste de la transformer en un terrible mensonge. En vain. « Je l’sais…, j’aurais préféré… » J’ignore si mes mots vont la blesser davantage. Mais Maybel se doit de percevoir la sincérité au son de ma voix. & si je ne désirais pas de bambin, ce n’était que parce que je n’avais aucune confiance en mes capacités. Elle… putain, elle aurait été une maman parfaite.

« C’est arrivé le jour même où je te l’ai annoncé. Les médecins ont juste dit que c’était une malformation ou je ne sais quoi ; que ça arrivait très souvent » Mes pensées divaguent & me lancent des épées qui me rongent de l’intérieur. Mon cœur hurle qu’il est coupable de tous ses malheurs, y compris de la perte de cet être innocent & fragile. Comment aurait-il, de toute façon, pu survivre à mes côtés ? Je l’ai frappé à travers Maybel. & mes poings se sont si souvent retrouvés enfoncés dans la chaleur de son ventre… Je l’ai tué. Je ne parviens pas à ôter cette évidence de mon crâne. « C’est pas ta faute Blake. Peut-être que le stress a joué sur ça mais c’est tout. Tu ne l’as pas tué d’accord ? » Ma main resserre brusquement la sienne. Ses mots ne m’apportent aucun réconfort. Je devrais la croire & pourtant, je campe sur mes positions. J’ai trop souvent été lâche, j’ai trop souvent rejeté la faute sur le dos des autres. Aujourd’hui, j’assume la totalité de mes actes… mais putain, c’est si dur d’admettre que j’ai sans doute contribué à la mort du fruit de notre histoire. Avec tendresse, j’incite Maybel à se rapprocher de moi. Mes doigts glissent dans sa longue chevelure blonde & sa tête repose ainsi contre mon torse peut-être aussi dur & froid que mon palpitant. Pour la première fois depuis une éternité, j’ose la prendre dans mes bras & lui témoigne un simple geste affectueux. Je comprendrais qu’elle me repousse & m’ordonne de la relâcher. J’n’opposerais d’ailleurs aucune résistance. « C’est de ma faute… Si je t’avais aimé normalement, si j’avais pris soin de toi, ce bébé aurait pu évoluer sans risque. & tu aurais pu prendre la décision d’avorter, ou de le garder… Tu n’aurais pas eu à vivre sa perte… » & je n’ai aucunement besoin d’être médecin pour en être intimement persuadé. Ça me déglingue. Lentement, je relâche & abandonne mon ex-copine. Je n’ai pas le droit de lui imposer ma présence, cette proximité, plus longtemps. À moins que ça ne soit que l’effet de ma lâcheté, qui me pousse à partir ? Je l’ignore. Ma paume se faufile nerveusement dans mes cheveux, & j’ouvre finalement la portière de cette voiture capricieuse. J’ai promis d’y jeter un coup d’œil, alors je m’y affaire sans demander de réelle permission. Nullement décidé à démarrer, le tas de ferraille me contraint à salir ma peau dans cette suie grasse & huileuse. Qu’importe. « Putain… » Un grognement sourd rompt le silence. & un sourire lumineux étire mes lèvres lorsqu’enfin, je règle le problème. Torse bombé, je pose mes fesses sur le siège de la conductrice & démarre son véhicule. Un vrombissement certain m’assure de sa bonne santé. Je suis plutôt fier de moi. « Les filles sont pas sensibles quand un homme parle de voiture… mais c’est quand même vachement utile parfois, mh ? » J’abandonne le fauteuil confortable, claque correctement le capot & fait quelques pas en direction de Maybel. J’imagine qu’il est temps pour nous d’emprunter des chemins différents. Encore. « Tu peux t’en aller maintenant… Tu fais attention à toi, ok ? & si un homme te fait du mal, j’lui ferais regretter pour le restant de ses jours » Autrement dit, j’lui souhaite une dose de bonheur indéfinissable. & si une ombre se glisse sur le tableau, je l’effacerais sans remords. Je ne frappe plus les femmes, mais en ce qui concerne les hommes, c’est une tout autre histoire…
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