Sujet: prend moi la main, dis moi que tout ira bien. ▬ alexander. Dim 11 Mar - 1:21
Sentir ses jambes lourdes. Ne pas savoir comment s'en sortir. Lever les yeux et jeter un appel de détresse. Graziella s'effondrait sur Alexander au fur et à mesure des secondes. Elle ne connaissait que trop bien cette sensation d'extrême faiblesse mais cette fois-ci, l'effet était différent, il était décuplé, encore, et encore. Bien sûr que Graziella avait déjà dans sa vie avalé un peu trop de sucre mais avec la surveillance de son frère et son achat systématique de produits qu'elle pouvait manger, cela ne lui était plus arrivé depuis des années ; mais on ne parlait pas d'une migraine nocturne ou d'un malaise passager, Graziella était vraiment mal. Avec ce qu'il lui restait de vivacité mentale, elle tentait de se remémorer les évènements. Grazie était une habituée du Muffy's et elle connaissait les plats réalisés avec du faux sucre. Mais c'était arrivé, l'émotion, ce transport ahurissant, cette foule d'émotions contradictoires qu'elle avait pu avoir durant tout le temps qu'elle avait passé avec Alex au Muffy's. Cette part énorme de gâteau, celle qu'elle avait avalé vite, très vite, beaucoup trop vite. La frustration, l'énervement, et l'amour. Elle se sentit décoller du sol, alors qu'elle n'y voyait plus très bien et luttait sans doute trop pour que ça s'arrange. Elle savait que c'était Alex, elle savait qu'il était en train de l'aider, sans doute de la sauver, suivant le temps qu'elle aurait pu passer dans cette rue, à la nuit tombée, avant que quelqu'un ne la trouve. On avait raconté des histoires à Graziella sur les hyperglycémies trop importantes. Elle ne voulait pas y penser, elle s'accrocha autant qu'elle pu à Alexander. Il n'avait même pas du le sentir avec sa force actuelle.
« Alex... » articula-t-elle. Il venait de la poser sur le siège passager et attachait sa ceinture avec frénésie, les gestes lourds et angoissés. Elle posa sa main sur son bras, avec beaucoup de douceur, et leva des yeux embrumés vers lui. « Calme toi, ça va aller. » le son de sa voix était d'un tel calme qu'il paraissait lointain, effacé. Alex démarra très vite en trombe vers l'hôpital. Bien sûr celui-ci n'était pas très loin, mais il y avait un énorme risque que Grazie s'évanouisse sur le siège. Alex le savait. A cet instant précis Graziella entendit toute son inquiétude, et toute la force de son affection, il était en train de lui sauver la vie. Elle se força à tenir à ses paroles, elle voulait garder les yeux ouverts pour s'assurer qu'il était toujours là avec elle, elle voulait à tout prix qu'il reste à côté d'elle. Ils arrivèrent à l'hôpital, où la situation devint complexe. Graziella avait besoin de soins en urgence, à commencer par des piqures pour calmer sa douleur et son taux de glucose. Un médecin la fit immédiatement placer sur un brancard, et deux minutes plus tard une infirmière arriva. Graziella ouvrit les yeux à cet instant. Elle n'avait pas peur, pas forcément le temps de se le demander surtout. Elle tourna faiblement la tête et vit Alex. Elle le vit seul au milieu de cette grande salle sous les lumières de l'hôpital, et elle compris qu'elle l'aimait avec une force sans limites. Elle sentit le lit bouger, et avec une force inconnue, cria. « Attendez ! J'ai besoin du jeune homme là bas, allez le chercher, je vous en prie. » L'accord des médecins fut le bienvenu. Peu après, Grazie avait déjà une perfusion dans le bras avant même d'avoir pu s'en rendre compte. Elle savait plus ou moins ce qui allait maintenant se passer, elle allait devoir subir une semi-dialyse pour nettoyer son sang. Ca allait prendre de longues heures. Elle chercha Alex du regard.
Sujet: Re: prend moi la main, dis moi que tout ira bien. ▬ alexander. Mer 14 Mar - 14:23
Les minutes passaient comme des heures, les secondes comme des minutes. En très peu de temps il y avait eu beaucoup de remue. Quand Alex avait porté Graziella jusqu'à sa voiture, il ne réalisait pas vraiment c'était plutôt de l'instinct. Il ne se souvenait même plus de ce qu'il avait fait pour l'amener à l'hôpital, c'était flou dans sa tête. C'est comme si le lendemain d'une soirée on nous la remémore, on se souvient bout à bout. La, il n'avait besoin de personne mais il était angoissé. Il avait à peine entendu la voix à Graziella dans la voiture, la peur était montée trop haut, elle avait touché tout ce qui ne fallait pas toucher à Alexander. Il ne fallut que quelques secondes pour que cette situation se fasse, une discussion et tout à coup boum-.. Il ne fallait pas traîner, ni se presser Alex le savait et donc il avait fait comme il le pouvait, protégeant au maximum l’intérêt de Graziella. Il aurait été prêt à tout pour la sauver, voler une voiture d'une vielle par exemple, ou alors courir jusqu'à l'hôpital avec Grazie dans ses bras, sans problème. "Calme toi, ça va aller", c'est limite si il n'avait pas entendu ces quelques mots. Il n'avait qu'une chose en tête, qu'un objectif. Sur terre personne n'est invincible, on peut mourir à chaque moment, qui sait; On lui avait tant répété ce genre de chose, profitez du moment présent comme on dit. Lui il ne pouvait plus profiter de rien, car elle n'était plus là, il avait organisé ce rendez-vous pour réparer les conneries. Il n'avait presque pas senti le poids de Graziella dans ses bras, il ne faisait que avancer, tout en ayant une espèce de grosse boule dans le ventre.
Une fois à l'hôpital, un médecin prit en charge Graziella et fit venir un brancard pour la transporter. Alex était dans le doute, il ne savait pas ce qu'il se passait, ça pouvait être un gros problème comme un petit, qui sait. Il devait rester dans une petite salle, attendre. Les doutes hantaient son esprit, il ne savait pas si c'était à cause de sa faute ce genre de chose? Il avait fait tellement de conneries avec elle, qu'il ne savait même pas par où commencer. Il marchait, comme un soldat patrouillant d'un côté à l'autre, réfléchissant. La peur se voyait sur son visage, il ne voulait pas déranger en demandant des nouvelles, il voulait que tous les éléments soient réunis pour l'aider, prenant sur lui. Il souffla un bon coup pour ensuite regarder autour de lui et soudain une femme arriva, elle semblait vouloir parler à Alexander, il s'approcha en même temps. Il n'eut même pas le temps d'adresser qu'un seul mot que l'infirmière dit d'un ton assez calme "Votre amie vous demande." Il ne répondit même pas et trotta jusqu'à Graziella ou il s'arrêta à sa hauteur. Il la regardait, elle avait l'air d'aller bien. Il sentait tous ses doutes s'envolaient, il s'était fait dans sa tête les pires scénarios possibles. Alex avait les larmes aux yeux, il n'avait pas eu le temps de s'en rendre compte, ce n'était pas son genre. Même pour de petites larmes, c'était pas le genre de mec à avoir cela. Il baissa la tête, comme pour se cacher, il se frotta le menton avec sa main droite. Il soupira un grand coup avant de parler, toujours la tête baissée.
- Putin, Gra-Graziella tu m'as fait peur.. Dis moi, tu vas bien j’espère, tu sais je suis là, t'as be-besoin de quelque chose?
Sujet: Re: prend moi la main, dis moi que tout ira bien. ▬ alexander. Ven 23 Mar - 20:06
La perfusion lui brulait le bras, il faut croire que cette infirmière ne savait vraiment pas y faire. Graziella regarda son bras relié au mince tube de plastique, et ne put s'empêcher de penser à quel point sa vie avait failli ressembler à ce simple tube : mince, fragile, et interrompue par un simple geste. En l'occurrence celui de manger une tarte aux pommes, un geste innocent et habituel, un geste qui n'avait choqué personne lorsqu'elle avait effectué mais qui aurait du. Elle avait encore dans les mains une raison d'en vouloir à Alex : celui-ci savait parfaitement bien qu'elle était diabétique et il l'avait regardée manger son sucre sans faire un geste. Mais elle ne lui en voulait pas, pour la simple et bonne raison que leur rencontre avait été une succession de moment gênants, de paroles blessantes, et d'émotion aussi. Grazie posa sa tête sur l'oreiller et porta à son front une main faible. Elle tremblait encore, son corps ne s'était absolument pas stabilisé mais elle s'en foutait. Sa tête lui tourna lorsqu'elle porta ses pensées jusqu'au moment qu'elle venait de passer avec son ex petit ami. Il lui avait manqué plus qu'elle ne l'aurait cru, et ça l'énervait en la ravissant à la fois, c'est tout à fait ce qui s'appelait l'amour, en vérité.
Quelques secondes auparavant, Graziella avait réalisé qu'un médecin voulait emporter son lit. Elle avait alors senti qu'elle ne pourrait pas supporter ce qui l'attendait sans Alex, elle l'avait donc appelé en usant toutes ses forces. Le bonheur qu'elle ressentit en le voyant arriver suffit à soulager toute ses peines. Après avoir longuement pensé à leurs retrouvailles, et à la façon dont elle voulait, de toutes ses forces, le sortir de sa vie, voila que Graziella était sur un lit d'hôpital à ne penser qu'à une chose : Lui. Il s'approcha d'elle, avec un air qu'elle ne lui avait jamais vu. Un air de tristesse, un air d'inquiétude, un air d'un mélange entre un éprouvement physique et une angoisse mentale. Il avait simplement l'air de ne pas avoir dormi pendant trois jours alors qu'ils n'étaient arrivés que depuis quelques minutes. Elle observa attentivement son visage, fermé, comme d'habitude, avant qu'il ne baisse la tête. Elle avait très bien compris qu'il cherchait avant tout à lui cacher quelque chose. Et dans une telle circonstance, elle savait ce que c'était. Une larme lui vint à elle-même et celle ci glissa sur sa joue, presque imperceptiblement. Elle lui fit un sourire, un sourire tendre, et lui répondit en tendant tant bien que mal la main vers lui. « Chut.. Chut calme toi. » elle avait envie de lui dire ce qu'elle aurait pu lui dire avant, de l'appeler mon amour et de le serrer dans ses bras. Elle essaya de se reprendre. « Tout va bien, j'ai juste.. J'ai juste la tête qui tourne affreusement. Mais tu es là. Merci... merci d'être là. » elle n'avait pas la force de lui en dire plus, malgré tout ce qui s'entassait dans son crane. Elle le regarda juste, elle se sentait partir, mais elle ne voulait pas l'effrayer en tombant dans les pommes. On l'emmena enfin et elle savait qu'il allait suivre, elle s'accrochait donc de toutes ses forces pour ne pas fermer les yeux et se laisser aller.