« Maman pourquoi tu pleures ? » lui demandais-je en observant ma mère fondre en larme bien trop souvent lorsque mon père nous laissait seules. Matys et moi étaient encore bien trop jeunes pour comprendre que notre père maltraitait notre mère. Pourtant j'avais vite compris que ce n'était certainement pas les femmes qui feraient la loi dans cette maison. Et j'étais loin de m'imaginer à quel point. Souvent je repensais à mon enfance avec tristesse, le temps de l'innocence s'était envolé pour laisser place à l'horrible réalité du monde adulte. Et il s'était définitivement installé lorsque mon père m'avait annoncé de but-en-blanc que j'étais destinée à un homme dont je ne connaissais absolument et pour qui je n'avais aucun sentiments.
« Mais papa ! Il n'est pas question que je me marie avec cet homme. Je suis trop jeune et je n'aime pas ce type. » M'exclamais-je hors de moi.
« Ecoute moi bien ma petite chérie, je ne te demande pas ton avis de toute façon. Il est parfait pour toi, il a un emploi, une belle maison et de l'argent. Je pense uniquement à ton bonheur. » Finit-il dans un sourire hypocrite. Le regard écoeurant que m'adressait le pervers qui était destiné à devenir mon mari me donnait envie de vomir. Le regard humide je partis m'enfermer dans ma chambre. Je n'étais même pas majeure, je n'avais même pas fini le lycée et mon père venait de me dire que j'avais déjà un mari, que mon avenir était déjà tout tracé ? Je ne voulais pas de cette vie. On toqua à ma porte mais je ne pris pas la peine de répondre, ma mère entra et s'assit sur mon lit, avec ce même air triste qu'elle portait tous les jours.
« Ecoute ma puce, ne réagit pas comme ça, tu verras ce n'est pas si horrible que ce que tu penses aujourd'hui. » Tenta-t-elle de me rassurer sans grande conviction.
« Maman arrête, ta vie c'est pas une vie tu sais. Et moi je ne veux pas de ça. Je ne veux pas être la bonne d'un homme qui n'en a rien à faire de moi. » Lui hurlais-je, furieuse qu'elle soit toujours du coté de notre père, qu'elle ne daigne pas se bouger un peu pour ses filles. Elle avait trop peur, elle vivait dans la peur depuis qu'on avait du la forcer à épouser notre père également. Et ca me pendait au nez également. La prochaine serait Matys. Je bouillonais. Il fallait que je trouve une solution. Je ne pouvais pas voir ma vie prendre un tel tournant.
FLASH BACK
« Matys viens vite on va être en retard. » Lui hurlait Jasmine, son sac d'école déjà sur le dos. Sa sœur était toujours en retard, elle n'arrivait jamais à quitter son lit dès que leur maman venait les réveiller. Résultat elles devaient toujours courir comme des folles sur le chemin. Elle lançait un regard complice à sa jumelle. Elles n'étaient pas des copies conformes car elles n'étaient des jumelles hétérozygotes mais leur air de famille était indéniable. Et elles partageaient ce lien si spécial et fabuleux de la gémellité.
« Hé ! Lâchez la bande de brutes. » S'enquit alors une petite voix alors que les trois garçons se tournèrent pour observer qui avait osé s'adresser à eux alors qu'ils étaient occupés. Le plus grand l'observa amusé :
« Dégage la naine et occupe toi de tes affaires. » Lui intima-t-il. La fillette serra les poings puis fit demi tour en tournant les talons. Que pouvait-elle bien faire toute seule contre ses trois grands dadets. Puis soudain un éclair de malice s'installa dans le noir de ses pupilles. Elle se retourna à nouveau alors que les garçons avaient repris leur activité, elle se mit alors à courir vers eux puis sauta sur le dos de celui qui avait osé la traiter de naine. S'accrochant à son cou elle devait certainement l'étrangler un peu mais qu'importe.
« Laissez-la tranquille, laissez-la tranquille ! » Leur ordanna-t-elle en hurlant tandis qu'il tentait de la faire dégager de son dos. La petite furie en profitait pour lui donner des coups de pieds et finit par mordre la main de celui qui avait tenté de la décrocher de son perchoir. Un cri de douleur retentit alors dans la cour, alertant leur professeur qui arriva en courant vers eux.
« Jasmine descends de là tout de suite. » Pantoise elle relâcha le pauvre garçon dont le visage avait rougi par le manque d'oxygène. S'il fallait bien éviter une chose, c'était de s'en prendre à une des sœurs Di Conti sous peine de s'attirer les foudres de la seconde. Un sourire de la part de Matys lui suffit comme remerciement.
« Toi et moi on restera ensemble pour toujours hein ? » Lui avait-elle demandé le soir avant de s'endormir. Et comme si tout ça lu avait semblé clair depuis toujours Jasmine lui répondit simplement :
« Bah oui banane. Pour toujours. »
FIN DU FLASH BACK
Je repensais à cette promesse que je m'apprêtais à rompre, mais je savais que ma sœur comprendrait. J'étais trop jeune pour tout ça, j'aspirais à plus grand, à mieux comme vie. Il fallait que je parte, que je fuis pendant qu'il était encore temps. Je ne pouvais pas rester là, à attendre patiemment mon destin.
UNDERCO