J'étais cachée. J'aimais le regarder jouer au basket avec tous ses amis. Le sport était bien ce qui lui permettait de s'éloigner de notre maison, ou plutôt de notre enfer quotidien. Je n'avais pas de jouets avec lesquels jouer. Je pouvais aussi rester avec ma jumelle, ce que je faisais souvent, mais j'aimais bien rester près de lui. Je le regardais du coin du bâtiment, jusqu'au jour où ce que je m'avançai brusquement vers la lumière en criant, ayant cru avoir vu une araignée. Il suffit de quelques secondes pour qu'il me voie.
« T'es là depuis longtemps ? » Il était tellement plus grand que moi que juste en se tenant devant moi, je nageais dans son ombre. Je ne répondis pas, mais mon expression suffisait à lui répondre : oui, j'étais là depuis longtemps, c'était d'ailleurs pas la première fois que j'étais venue, pas du tout.
« Viens. » Il me tendit sa main. J'hésitai un moment, essayant de voir s'il avait l'air contrarié. Je finis par lui donner ma main qu'il tira pour ensuite me porter dans ses bras.
« Les gars, j'vous présente ma petite sœur. » Je fis un signe de main à ses amis qui me sourirent avec gentillesse. Gabriel finit par me poser sur le banc en face du terrain et reprit son jeu. Depuis, je l'accompagnais souvent pour le regarder jouer ou, plus tard, dessiner pendant qu'il jouait. Je l'aimais tellement, je le suivais partout. C'était beaucoup mieux que de rester dans cette maison à l'ambiance tendue, devait-il surement se dire.
Enfant, j'étais aveugle. Un peu comme tous les enfants. Cependant, j'étais différente d'eux, moi et Matys étions différentes. Comparé aux autres, nous ne voyions pas uniquement la réalité de la vie extérieure. Nous ne voyions pas non plus à quel point les relations dans notre maison étaient désastreuses. Nous ne voyions pas à quel point notre mère était soumise à notre père, à quel point elle était maltraitée par celui-ci et vidée par cette vie qu'elle n'avait jamais voulu. Pour moi, mes parents étaient des étrangers. Je ne passais pas de temps avec eux, je ne les aimais pas comme j'étais supposée les aimer. Ils étaient juste des colocataires et pour moi, c'était comme si c'était tout à fait normal. Heureusement, j'avais ma jumelle, Matys, et mon grand-frère, Gabriel. Mes relations avec eux deux étaient très différentes. Matys était celle qui me complétait, celle avec qui je pouvais avoir des grands délires à partir de rien. Avec Gabriel, j'avais une toute autre relation. C'était mon mentor, mon exemple, celui sans qui je serais perdue. Je tenais à eux très fort, et même si je n'étais qu'une petite fille qui vivait sa vie sans se soucier d'autres choses, je savais pertinemment que sans eux j'aurais été bien malheureuse.
L'adolescence. Avec le temps, l'illusion que j'avais sur ma vie s'était évanouie et j'avais réussi à me forger un caractère, un vrai. Au collège et au lycée, j'étais connue pour avoir une forte personnalité. J'étais studieuse et courageuse selon mes professeurs. Par contre, les avis des élèves étaient mitigés. Il était vrai qu'avec certains, j'étais une vraie garce, mais il y avait toujours une raison : soit ils l'avaient cherché, soit c'était parce que je m'étais ennuyée et qu'ils étaient dans mon chemin. Cependant, j'avais aussi une autre image : celle d'une fille fort sympathique, serviable et toujours le sourire aux lèvres. Bon, j'étais aussi connue pour former avec Matys les jumelles sexy, mais ça il n'y a pas besoin d'en parler, il suffit de nous regarder pour comprendre l'attirance qu'avaient les autres pour nous. Du côté de ma vie personnelle, je n'étais que chez moi pour dormir, et encore, parfois je dormais chez une de mes amies. Je faisais beaucoup de sorties, je trainais avec Matys, ou sinon je collais Gabriel qui s'était habitué à me garder auprès de lui. J'évitais mon père et j'adressais parfois la parole à ma mère par simple pitié. Mais tout changea lors de mes seize ans.
« Jasmine, va ouvrir. » Je le regardai, puis éclata de rire.
« Je suis pas maman. T'as qu'à aller l'ouvrir. » Mon père allait me gifler quand j'entendis Matys ouvrir la porte. Elle n'avait surement pas entendu mon père.
« Bonjour, vous êtes qui vous ? » J'arrivai derrière ma jumelle. Ces types ne m'étonnaient pas. Ils étaient probablement encore de ces types bizarres qui restaient avec mon père. Celui-ci était un alcoolique de haut niveau et ses amis n'étaient pas mieux. Je dévisageai les hommes qui se trouvaient devant notre porte. Je ne voulais pas qu'ils rentrent. Il valait mieux qu'ils aillent se souler autre part. Malheureusement, la décision ne tenait pas à moi, ni à Matys qui, j'étais sûre, partageait mon avis. Ils entrèrent donc dans notre "demeure" et mon père les emmena dans son bureau où elle m'appela. C'était bizarre. Jamais il ne m'appelait quand il était avec ses amis.
« Carlos, je te présente ma fille. » L'homme me regarda de haut en bas avec un regard pervers. Je portais un t-shirt ainsi qu'une jupe que je finis par tirer. Ce type me dégoutait, voir même me faisait peur. Il me fit une place à côté de lui. Il suffisait que je voie le regard de mon père pour comprendre qu'il m'ordonnait de m'assoir à côté de lui.
« Allez, viens. » Hum, il était qui pour m'adresser la parole ? Je fronçai les sourcils, puis finit par prendre la place qu'il me proposait, je me sentais trop conne à rester debout devant eux.
« T'es magnifique, ma petite femme. » Mon coeur s'arrêta.
« Jasmine chérie, voici ton mari. » Jasmine chérie ? Ce type-là, cet inconnu délabré, mon futur mari ? Je faillis perdre connaissance, mais finalement ma rage me permit de rester consciente. Je ne savais pas quoi dire, cette situation me dépassait complètement. Je me levai brusquement, sentant la main de mon prétendant encore mouillée d'alcool sur mon épaule.
« Papa, j'ai que 16 ans et je ne veux pas me marier avec ce machin là. Il a au moins 58 ans de plus que moi ! » Il se leva de sa chaise, furieux, prêt à me donner une gifle encore plus dynamique que celle que j'aurais dû avoir tout à l'heure. Je sortis de la pièce, mais il me rattrapa par le bras. Il me serrait tellement fort que j'en avais mal. Je regardai Carlos dans les yeux. Il me dégoutait, rien que le voir me révoltait. Je posai mon regard ensuite sur ma mère, silencieuse comme toujours, puis sur Matys. En quelques minutes, j'étais devenue paniquée. L'idée de partager ma vie avec un homme comme mon père, c'est-à-dire violent, alcoolique, qui me forcerait de coucher avec lui quand il en a envie et d'avoir des enfants de lui, d'être complètement soumise à lui : tout ça, il était hors de question que cela m'arrive, je n'étais pas ma mère. Je finis par pousser mon père qui allait se mettre à me battre quand un de ses amis mit sa main sur son épaule. Je savais que ce n'était pas pour m'aider qu'il avait fait cela, c'était juste parce que cela ne changerait rien au fait que j'allais épouser Carlos. Je courus dans ma chambre que je fermai. Matys essaya d'ouvrir la porte, mais je refusai de la déverrouiller pour elle. Je ne voulais pas qu'elle me voie remplir mon sac d'affaires. Une fois que je pris le minimum, je cachai mon sac puis rouvris la porte. Matys me prit dans ses bras.
« Jasmine... » Je la serrais tellement fort et pleurais toutes les larmes de mon corps. Nous restâmes ensemble pendant des heures. Elle me tenait la main tandis que j'avais ma tête sur son épaule, toujours occupée à pleurer. Les mots n'avaient pas d'utilité. Tout ce que j'avais besoin, c'était sa présence. Au moins pour la dernière fois où j'étais avec elle dans cette maison. Le soir, quand elle dormit, je sortis le sac et ouvris la fenêtre de notre chambre. J'allais débarquer chez un ami à Gabriel : il n'y avait que ses potes pour m'héberger et me garder cachée. Ce que je n'avais pas prévu par contre, c'était de faire une rencontre qui me marqua physiquement et psychologiquement, une rencontre qui aura un impact sur toute ma vie.
Après ce qui s'était passé, j'étais restée plantée là pendant deux bonnes heures. Au début, je ne bougeais plus. J'étais choquée, traumatisée. Comment cela a-t-il pu se passer ? A moi ? Finalement, je finis par pleurer jusqu'à en être malade, me raccrochant aux seuls vêtements encore en état. Je finis par me rendre chez Yanice en plein milieu de la nuit. Il n'ouvrit pas tout de suite, mais je pouvais entendre ses pas derrière la porte. Je comprenais qu'il ne veuille pas ouvrir tout de suite vu l'heure qu'il était. Entendant que je ne partais pas, il finit par parler.
« C'est qui ? » Je n'arrivais pas à parler. Au lieu de ça, je me remis à pleurer. Il ouvrit un peu la porte puis l'ouvrit complètement, étonné de me voir chez lui, et surtout de cette manière.
« Entre ! » Je posai mon sac quelque part, n'importe où, je m'en fichais éperdument.
« Qu'est-ce qui s'est passé ? » Il s'approcha de moi, mais je reculai. Je ne voulais que plus personne ne me touche, ne m'approche. Tout ce que je sus lui dire ce jour-là, ce fut :
« J'étais vierge... » avant de m'effondrer. Yanice comprit tout de suite, mais ne savait pas quoi faire. Sa mère arriva et apprit la nouvelle sans avoir besoin d'explications. Elle posa sa main sur sa bouche, surprise et scandalisée par ce qu'il venait de m'arriver. Par terre, je continuais de pleurer, tandis que Yan' et sa mère s'approchèrent, voulant essayer de m'aider. Seulement, ils étaient totalement impuissants. Je m'étais fait violée et rien ni personne, même pas moi, ne pouvait changer quelque chose à ça. [...] Matys avait essayé plusieurs fois de m'appeler et m'envoyait une tonne de SMS pour que je lui réponde. Pour ce qui était de Gabriel, j'avais dit à Yanice de ne rien lui dire. C'était son meilleur ami, je savais que cela allait être difficile pour lui de garder ce secret, mais c'était justement parce que c'était son meilleur ami que j'étais venue chez lui, je savais que je pouvais avoir confiance en lui. Je finis par répondre à Matys au bout de trois jours. Je lui dis où je me trouvais et elle me dit qu'elle venait ce soir pour me raconter tout ce qui s'était passé en mon absence. En attendant, j'avais fait la même chose que ce que j'avais fait depuis mon arrivée chez Yanice : je restais assise dans son lit qu'il m'avait donné et ne bougeais pas. Sa mère venait plusieurs fois pour savoir comment j'allais ou pour me donner de la nourriture que je ne mangeais pas. Je ne parlais pas, je répondais à la femme en souriant légèrement, mais il était clair que je me forçais. Heureusement, elle semblait comprendre. Je restai donc comme ça jusqu'à ce que Matys arrive. C'est Yanice qui l’accueillit et qui lui indiqua où j'étais. Je n'eus pas besoin de parler pendant un premier temps, elle me raconta tout de suite tout ce que j'avais "manqué". Quand elle eut terminé, elle reprit son souffle puis continua calmement mais sérieusement.
« Tu devrais rentrer Jasmine, papa est en colère mais plus les heures passent et pire c'est. » Je restai sans rien dire. Je ne voulais pas revenir, car cela voulait dire que j'allais me marier avec Carlos, que j'acceptais ce qu'il m'avait fait et que j'allais avoir une vie comme ma mère, voir pire. Je me retins de fondre en larmes : je ne voulais pas que Matys me voit dans l'état dans lequel j'étais ces derniers jours, je ne voulais pas lui faire de peine, car s'il y avait bien quelque chose qui me liait avec elle, c'était le fait qu'on arrivait à ressentir exactement ce que l'autre ressentait.
« Je peux pas, je vais me faire tuer.. Tu comprends pas. » Je baissai la tête et ramenai mes jambes à moi. Mes yeux devenaient rouge. J'étais si faible, si peureuse, l'opposé de celle que j'étais... ou du moins, avant mon viol.
« Hier soir je suis tombée sur Carlos, tu sais l'ami de papa. Il m'a forcé Matys, j'suis désolée. »Je n'ai pas arrêté de le recommencer, encore et encore. Ce foutu test se trompait surement... il le devait ! Matys, Yanice, sa mère, n'arrivaient pas à y croire, et moi non plus. C'était impossible. Ça ne pouvait pas m'arriver ! Je finis par me mettre à l'évidence : j'étais bel et bien enceinte. Après tout ça, il fallait que ça aussi me tombe dessus. Je devais rentrée à la maison, je n'avais plus le choix. Matys m'appuya dans ma décision. Je pris mes affaires, je dis au revoir à Yanice et sa mère et je les remercia pour ce qu'ils avaient fait pour moi. Yan' était le seul à refuser que je parte. Selon lui, on pouvait toujours trouver une solution. Il était gentil, mais malheureusement je n'en étais pas capable. Ma main dans celle de Matys, je passai le palier de la porte. Ma mère ne réagit pas à mon retour, elle était figée, comme à son habitude. Mon père, par contre, entreprit une long discours de victoire et appela Carlos. En l'entendant au téléphone, je serrai la main de Matys avec force : elle était toujours là pour moi. [...] Le mariage se passa le lendemain. Gabriel eut à peine le temps d'apprendre mon retour qu'il eut l'occasion d'être au courant de mon mariage et de ma grossesse. Il se tourna brusquement vers moi et je le fuis du regard.
« Pourquoi t'es là ? Pourquoi t'es revenue ? Tu aurais dû rester où tu étais ! Comment peux-tu accepter de le marier ? Jasmine, comment t'as pu carrément couché avec lui ?! » Il avait élevé la voix au fur et à mesure qu'il parlait.
« Explique-moi, merde ! Parle ! T'étais vierge ! Qu'est-ce que t'as foutu ? » C'est alors qu'il s'arrêta.
« Il t'a pas... » Mes lèvres tremblèrent. Je ne voulais pas me mettre à pleurer, pas encore. Il avait tout compris. Il posa ses mains sur son visage puis, dans une rage incroyable, cassa tout ce qui était dans son passage avant de sortir en disant.
« Il va le payer. » Je le rattrapai.
« Gab, je t'en supplie, reste.. » Il posa ses mains sur mes joues. Il voyait à quel point j'étais détruite et ça me tuait, mais lui encore plus.
« Et toi ?! Comment tu peux rien faire ?! » cria-t-il à notre mère. Elle ne réagit pas, ce qui agaça Gabriel. Je savais qu'elle n'allait rien faire, c'était ce qu'elle faisait toujours, pourquoi changer tout d'un coup ? Non, elle était toujours trop lâche. Il se tourna vers moi, puis me prit dans ses bras.
« Il va payer. » Dans ma tête, je l'encourageais, mais je ne voulais pas non plus que mon grand frère ait des problèmes. Malgré tout, je n'ai rien dit, je l'ai laissé agir. Je n'aurais jamais dû écouter mon égoïsme. Le lendemain, Gabriel avait surgi à la "cérémonie", un pistolet à la main. Il le rata au premier coup. Au moment de tirer le deuxième coup, la police se jeta sur lui. Ils étaient dans le coin, comme par hasard. Combien avait payé Carlos pour sa sécurité ? Beaucoup, on pouvait le voir. Ils emportèrent Gabriel et me poussèrent, ne voulant pas me décrocher de lui. Mon père m'attrapa et me ramena devant l'autel.
« Dis "oui". » Sa main serrait mon bras au point que le sang ne devait surement plus passer. Posant mon regard sur ma soeur qui me fit signe de dire "oui", pour ma survie, je me retournai.
« Oui, je le veux. »Mon frère était en taule pour tentative de meurtre à cause de moi, j'avais arrêté l'école, j'étais devenue la femme d'un salop dont je portais l'enfant et je venais de m'installer avec lui. Pour couronner le tout, j'étais appelée la pute du quartier. Et le bonheur dans tout ça ? Il n'y était plus. Je venais d'avoir 17 ans quand j'accouchai d'une petite fille que Carlos appela Carmen. Je n'avais jamais compris comment ma mère n'avait jamais pu se sentir concernée par notre vie, à moi, Mat' & Gab'. Je la pensais insensible et égoïste. Je regrettais toutes mes pensées à présent : je comprenais finalement ce qu'elle ressentait. En regardant Carmen, je ne ressentais pratiquement rien. Elle était la raison pour laquelle j'avais dû revenir pour vivre cet enfer. Celle à cause de qui je pleurais chaque fois quand son père n'était pas là, que je dus laisser tomber les cours. Cependant, je n'allais pas me comporter envers elle comme ma mère l'avait fait avec moi. Comparé à elle, j'allais m'occuper d'elle. Certes, je ne lui donnerais pas l'amour que l'on attend d'une mère, mais au moins elle ne serait pas seule. [...]
Un an. Ma vie était exactement celle que je m'étais prédite, à mon plus grand malheur. A la différence que j'étais encore plus détruite. Il y avait seulement Matys et Gabriel qui m'aidaient à tenir. Je ne voyais plus autant Matys qu'avant à cause de Carlos, mais il n'arrivait pas non plus à m'empêcher d'aller voir mon grand frère. J'allais le voir presque tous les jours. D'habitude, quand on est en prison, on attend de ceux qui viennent nous rendre visite de nous aider à tenir. Avec Gab', c'était l'opposé : c'était lui qui m'aidait à tenir, qui me disait de continuer. A l'extérieur, c'était Mat' qui s'en chargeait. [...]
Deux ans. Était-ce que je n'étais pas assez courageuse ? Ma mère avait tenu toutes ces années, et moi à peine deux ans et je craquais déjà. Je n'avais toujours pas pardonné Carlos pour ce qu'il m'avait fait et je ne lui pardonnerai jamais pour ce qu'il continuait de me faire. Je n'osais même plus sortir, mes bleus étaient beaucoup trop apparents. Et Carmen qui était au milieu de tout ça. Carlos m'avait violé pour finalement ne même pas regarder son enfant. Pendant qu'elle dormait et qu'il était encore sorti pour se saouler au bar, je m'étais enfermée dans la salle de bain. Matys était partie à Beverly Hills chez le fiancé que notre père lui avait choisi et je n'osais plus aller voir Gabriel, car je ne voulais pas qu'il me voie dans l'état dans lequel j'étais physiquement. J'étais seule et j'allais le rester pour le restant de ma vie. A quoi bon m'infliger tout ça ? Tenant le couteau de cuisine dans ma main, je m'apprêtai à mettre fin à tout ça quand mon téléphone sonna. Je regardai qui s'était : Matys. Je respirai puis décrochai, afin de l'entendre une dernière fois. A croire que Dieu m'avait entendu... car l'annonce qu'elle me fit changea mon destin tout entier.
Arrowsic. Oui, c'était bien le nom de l'endroit où je me dirigeais. Après l'appel de Matys, j'étais restée immobile pendant quelques minutes, me demandant si ce qui s'était passé était bien réel.. et oui, c'était bien réel. Ma soeur venait de me sauver la vie et me donnait l'occasion de la recommencer. J'avais attendu quelques jours, le temps que les traces de Carlos sur mon corps s'en aillent. Je pris alors un petit sac avec quelques affaires, presque rien à vrai dire afin que mon cher mari ne se rende compte de rien. J'avais acheté un billet d'avion, sous mon nom de jeune fille, avec l'argent que je gardais toujours de côté, au cas où. La seule chose qui me retenait était Gabriel. Je vins le voir une dernière fois et il me dit de m'en aller. Je pleurai, nous nous dîmes adieu même s'il me promettait que dès qu'il sortirait de prison, il viendrait nous rejoindre. Tout ce qu'il voulait, c'était que je sorte de toute cette merde et que je sois enfin heureuse. Le soir même, je sortis donc en douce, puis m'en allai vers l'aéroport sans même dire au revoir à Carmen. En attendant de pouvoir monter dans mon avion, j'avais cette sensation de similarité avec ma fugue d'il y a deux ans. Cependant, c'était bien différent : cette fois-ci, mon départ était définitif et allait bien m'amener à une nouvelle vie pleine de joie et d'opportunités.
LA SUITE ? VOUS VERREZ BIEN