Sujet: chaos and commotion wherever i go. (mateus) Mer 4 Avr - 13:49
MATEUS & BARBARA
J'avais cru que les choses changeraient. Oui, j'avais vraiment espéré retrouver une vie acceptable en quittant New York pour me rendre vers ma ville natale. Mais il fallait se rendre à l'évidence : partout où j'allais je semais le chaos derrière moi. Je me retrouvais sans amis, sans soutient, sans personne. Humiliée, brisée, désespérément seule. Même mon psy en avait marre de m'entendre, marre de ce petit jeu qui c'était instauré entre nous et qui n'avait fait que m'ajouter de nouveaux problèmes. Niallàn était parti pour de bon, me laissant en seule compagnie de mes mensonges. Bambi s'était échappée de ma vie comme de la fumé s'échappe toujours de vos doigts. Abbey, douce Abbey. Elle non plus n'étais plus là. Après une brève réconciliation, notre amitié semblait s'être définitivement brisée, à cause d'une rumeur dont je n'étais même pas à l'origine. Et pour ne pas faire les choses à moitié, j'avais réussi à m'humilier devant tout Arrowsic avec un discours public tout aussi idiot qu'inutile pour récupérer l'amitié d'Abbey.
J'avais tout fait foirer, comme toujours. Et je pensais sérieusement à changer de ville, aller quelque part ou personne ne me connaissais pour repartir de zero. Mais bien évidement, ce serait inutile. En moins d'un an j'avais réussi à me mettre tout Arrowsic à dos, et je recommencerai toujours et encore quelque soit la ville. J'avais passé ma vie à me forger un caractère de battante, de garce aussi, et c'était cette partie de moi incapable d’accepter l’échec, incapable de se remettre en question qui avait causé ma perte.
J'aurais dû rester à New York. Certes, j'y avais de bien mauvais souvenir, et là bas la blessure douloureuse de mon avortement serait réveillée, mais au moins j'aurais eu des gens sur qui compter là bas. Des gens sur qui me reposer. Mais à présent, c'était trop tard. J'avais quitté la grande pomme sans un au revoir, j'avais tout abandonné lorsque des gens comptaient sur moi. Ils devaient me détester, à présent. Je n'avais plus personne nulle part. Partout où j'étais passé, je m'étais acharné à ne me faire que des ennemis, et j'en payais les conséquences.
Je marchais dans les rues d'Arrowsic, sans but précis. J'avais simplement ressenti le besoin de quitter mon appartement ou je ne recevais aucune visite, prendre un peu l'air, essayer de me vider la tête, tenter de sécher mes joues constamment trempées de larmes.
Après une dizaine de minutes passées à faire le tour d'Arrowsic, comme un fantôme errant dans son royaume en ruine, je m'adossais à un mur. Le vertige me prenais et je m'en trouvais les jambes tremblantes et vidée de force. Cela faisait plusieurs jours que je n'avais pas avalé de repas digne de ce nom, n'ayant plus aucun appétit, et le manque d'énergie s'en faisais ressentir. J'étais pathétique. La pâleur de mon teint et mes cheveux emmêlés dénonçaient à quel point j'étais mal en point. Je fermais un instant les yeux, essayant de puiser encore un peu de courage au plus profond de moi. Et quand je les rouvris, mon coeur rata un battement.
C'était comme une apparition. Mon passé abandonné qui revenait vers moi. Mateus. Je ne savais pas si c'était une tentative désespérée de mon esprit pour me faire croire que tout le monde ne m'avait pas abandonné ou si je ne rêvais pas, mais je le voyais, à une dizaine de mètres devant moi. Paniquée, je tournais les talons, incapable d'affronter mon passé, incapable de faire face aux reproches que Mateus (si il n'était un subterfuge de mon imagination) allait me balancer au visage afin de m'achever pour de bon.