Et le award de la situation la plus ridicule est décerné à qui ? A vous, bande de niais. Il est tard, très tard, vous êtes tous les deux accoudés au bar et vous vous prenez au jeu de la séduction. Les verres s'enchaînent, les rires ne s'arrêtent plus et notre Fernando international atteint son objectif : lécher les amygdales de la belle moins de trente minutes après leur rencontre. L'alcool vous est monté aux cerveaux et vous semblez amoureux... jusqu'à demain matin. Alors vous décidez d'accélérer les choses et de passer à la nuit de noces en vous rendant chez Kai. Ça papillonne dans l'estomac (est-ce la gerbe qui vous monte doucement à la gorge), vous avez chaud & finissez nus dans le bain de la belle. La température de la pièce montera-t-elle encore ?

I'M DRINKING, I'M DRINKING, I'M DRANK.

Dure journée à l’hôpital. Un patient qui meure dans nos bras, c’est toujours un échec. Mon rêve c’était de sauver des vies, mais je crois que je n’étais pas conscient de ce que c’était que de perdre un patient, si jeune en plus. C’est la première fois en deux ans d’internat que je subis ça. J’aurai aimé que ça ne m’arrive jamais. Pourtant, c’est la dure loi de la nature. La mort est plus présente à l’hôpital que n’importe où ailleurs. J’aurai du m’y attendre. Je peux déjà m’estimer heureux que ça ne me soit pas arriver plus tôt.
Bref, ce soir je vais au bar d’Arrowsic me changer les idées. Boire c’est pas trop mon truc d’habitude, mais là je ne vois pas d’autres alternatives. Je passe juste chez moi en coup de vent histoire de passer des habits plus confortable que ma tenue de travail que je considère à présent comme tâchée de sang. Du sang invisible bien évidemment, mais moi je le sens. Je ne pouvais rien faire, mais je me sens responsable de sa mort. C’est moche. J’enfile une jolie chemise noire et mon jean fétiche. J’emporte mon porte monnaie et mon téléphone, même si je sais qu’il ne me servira strictement à rien, puisqu’on ne m’appelle jamais. Je le prends juste comme ça, comme sécurité peut-être. Je marche d’un bon pas, comme toujours. J’arrive au bar et je m’assieds au comptoire. Il n’y a pas grand monde, c’est encore tôt.
(…)
Le temps passe, l’alcool coule à flot, la tête tourne, je divague. Il est maintenant vingt-trois heures et je ne sais plus depuis combien de temps je suis là à enchaîner vodka, tequila, whisky et j’en passe. L’alcool me monte au crâne et ça ne me réussit pas. Je me mets à chanter, à rigoler à pleine voix et les autres bourrés du coin me rejoignent avec plaisir. Etrangement je tiens encore debout, enfin j’ai pas vraiment essayé, juste le temps d’aller vider ma vessie de temps à autre, mais sinon je bouge pas de ma chaise. Le bar commence à vider, mes amis bourrés s’en vont. Ils enchaînent avec la boîte, j’imagine. Moi j’ai pas le courage, et puis je n’y suis jamais allé. Je suis bien, là, à rire tout seul et à enchaîner les verres comme si j’avalais de l’eau. Des litres d’eau pour être exact. Là c’est le moment où je devrais m’arrêter si je ne veux pas tomber dans le coma, mais non, je n’ai plus aucune conscience. Je me lève sur mon tabouret et je me dandine. C’est marrant. Une fille éclate de rire, je me retourne. Elle est magnifique, enfin je crois. En fait je m’en fous, je la veux c’est tout. Enfin, je la désire, je ne sais même plus trop ce que je dis. Allez, parles Fernando.
« Salut beauté, j’peux te sauter dessus ? » Je n’entends pas sa réponse, juste les éclats de rire du barman qui cache le son de sa douce voix. Ce comportement ne me ressemble pas, mais après tout… On s’en fout ! On n’a qu’une vie et il faut vivre dangereusement. Sans attendre une seconde de plus, je me jette sur elle et je l’embrasse à pleine bouche. Nous avons chaud, c’est marrant et ça me donne même envie de la mettre à poil.

On dirait qu'on est connecté à ce moment là, elle se met à me déboutonner ma chemise. Le barman gueule, apparemment c'est pas l'endroit pour ça. On dégage, plus par instinct naturel que par lucidité. Je me laisse traîner par la main je ne sais où. Elle m'entraîne, je la suis. J'essaie de parler, mais rien ne sort, à part des phrases de bourrés qui ne veulent rien dire. Plus des grognement en fait, et des éclats de rire. C'est comme si nous parlions un nouveau language qui n'existe pas encore. Nous inventons une nouvelle manière de marcher: à moitié debout, à moitié couché. C'est trop drôle. Je ris tellement que je ne peux plus respirer. Par moment c'est pire, elle se jète sur moi pour m'embrasser et nous tombons par terre. Je remarque à peine que je n'ai plus ma chemise. Sa robe est à moitié déchirée et nous rions, encore. Nous passons une porte, certainement celle de son appartement. Je ne sais pas, je m'en fous. Je lui arrache les derniers vêtements qu'elle porte, c'est tout ce qui m'intéresse. Je ne sais pas trop ce qui se passe, je suis assis par terre, sur le carlage de la salle de bain. Je suis pris de haut-le-coeur. J'arrive plus ou moins à viser le lavabo, puis je m'écroule à nouveau. Quand je la vois, nue, debout devant moi, toute mon énergie me revint en pleine face. Je me lève et je la jète dans la baignoire. Juste assez fort pour me cogner la tête contre le rebord. M'en fous, même pas mal. Mes mains sont baladeuses, je ne distingue plus tellement ce qui fait partie d'elle, de moi ou de l'eau. Tout se mélange, tout est rose. C'est comme au pays des Barapapas. Je me mets à chantonner le générique de la série enfantine en la mixant avec des chansons de pirate. L'eau a une drôle de couleur, on se croirait dans la mer rouge.

« La chance s’envole, l’esprit s’décolle, mais il nous reste la picole. »

L’alcool coulait à flot, assises au comptoir les jeunes femmes ne se lassaient pas de critiquer tout et n’importe quoi en enchaînant les verres. Kai commençait sérieusement à découvrir un autre monde, sa tête tournait et elle riait pour un rien, elle n’était même pas sûre de tenir encore debout mais, peu importe, ça lui faisait tellement bien de s’amuser et de se détacher de toute pression parentale. Elle osait rarement se mettre dans tes états pareils mais, entraînée par ses amies –qui avaient l’air de vouloir s’en aller à présent- elle s’était laissée aller et ne le regrettait en rien. « Kai, on va poursuivre la soirée chez Erin, tu viens ? » Elle regarda la blondinette avec un large sourire niais qui n’avait rien à voir avec la proposition, elle avait simplement trop bu, elle secoua la tête négativement avec de se désintéresser totalement de son amie. « Tu ne veux pas qu’on te ramène ? » La rouquine éclata de rire alors qu’il n’y avait de drôle en apparence, c’était surtout de voir le beau brun se dandiner sur son tabouret qui la faisait rire, il était diablement canon et diablement drôle… sans même le vouloir. Enfin, drôle… il en fallait peu pour faire rire une fille dans cet état et peut-être que ses copines auraient dû la forcer à les suivre mais, elles étaient parties sans demander leurs restes, Kai se débrouillerait très bien toute seule.

« Salut beauté, j’peux te sauter dessus ? » elle le regarda avec un large sourire, il lui plaisait lui, pas du genre gros lourd, plutôt direct et carrément sexy, du moins, il avait l’air étant donné que l’alcool ne la rendait pas très objective. « Te gênes pas. » son ton était un peu provocateur, elle se demandait bien s’il était capable de le faire mais de toute façon, sa réponse fut voilée par le rire du barman, pour autant, le jeune homme ne se priva pas de concrétiser ses idées. Oui, il n’en avait pas fallu plus pour que les deux jeunes profitent des plaisirs de la vie et s’embrassent… comme des bêtes. S’ils continuaient comme ça, ils risquaient de mourir et chaud et de finir nus comme des verres au milieu de la pièce.

Ouais, sauf que cette idée n’avait pas l’air de plaire à tout le monde et notamment au barman, après tout, ce n’est pas vraiment l’endroit pour arracher une chemise comme ça. Les deux amants d’un soir quittèrent le bar instinctivement et sans avoir les idées très claires et Kai lui prit la main. Où elle l’amenait ? Elle ne savait pas trop, sûrement chez elle, elle s’en foutait, elle avait mal au ventre à force de rire, de finir par terre à l’embrasser comme si elle venait de l’épouser. Ah c’est beau d’être jeune, de se prendre des cuites pas possible, de s’aimer le temps d’une nuit, il faut en profiter demain, les conséquences seraient là mais, ce n’était pas le moment d’y songer. En attendant, le jeune homme et sans chemise et semble chaud comme la braise tout comme la rouquine qui ouvre la porte de la maison.

Ils se retrouvèrent dans la salle de bain où les vêtements tombèrent, il était affreusement sexy et elle n’avait qu’une envie, s’envoyer en l’air avec lui, là tout de suite maintenant, dans ce baignoire. Baignoire où l’eau était devenue étrangement rouge ? Étais-ce une illusion d’optique ou un tout autre évènement ? Il semblerait que le sort n’était pas vraiment pour que les deux amoureux copulent ici et maintenant. Et le jeune homme dont elle ne connaissait pas l’identité se met à chanter alors qu’elle rigolait se demandant à quoi pouvait être dû cette foutue couleur rouge. La belle embrassa fougueusement le beau brun alors que la raison lui venait à l’esprit petit à petit, en libérant les lèvres du jeune homme elle lâcha « je crois que je me suis blessée ! » Blessée ? Vraiment Kai ? Où ? Comment ? Elle n’avait pas l’air de s’en souvenir et ça le faisait rire alors que ses mains se baladaient sur le corps de son amant qui semblait d’un autre monde, peu importe cette dites blessure, elle n’avait pas l’intention de se priver de son apollon.

WE ARE WATER, BABY !

« Ohé, ohé, capitaaaaine abandoooônnééééééé (…) » chantai-je avec une joie artificielle. Selon mon ouïe de dépravé, j’ai une voix de robot et ça me fait kiffer. Non, mais sérieusement. Je parle comme la voix de Secret Story – émission que je regardais à mes heures perdues en Suisse- je divague mais c’est pas grave. La fille semble aimer ça. Mon instinct animal me pousse à me mettre sur elle, j’ai trop envie là. Coucher dans la mer rouge, en Egypte, le rêêêve.

« Je crois que je me suis blessée » dit-elle. Mon dieu, j’adore sa voix, elle me donne encore plus envie d’elle. « Besoin de rien, enviiiiiiiiie de toi ». Décidemment, ce soir, c’est le concert. J’adore chanter quand je suis bourré, c’est un fait. Elle rit, elle me touche, je ne peux plus attendre. Encore une fois je ne comprends plus rien, je ne distingue plus la différence entre la mer, elle et moi. Mais j’ai l’impression qu’on se mélange. Ca fait drôlement du bien en tout cas.

Débile comme je suis, je me mets à imiter le célèbre joueur de tennis espagnol : Rafael Nadal. Je suis un peu espagnol moi aussi. En tout cas, je crie tout aussi bien que lui. Mon amoureuse de la nuit se prend au jeu, enfin je crois, chez elle ça semble sortir tout seul. On kiffe se mélanger elle et moi. Je n’arrive plus à penser, je suis tellement bouillant à l’intérieur. J’ai l’impression d’être dans le désert, ou alors sur le soleil, mais il fait trop chaud. J’entends un bruit de vague aussi, je sens presque la petite brise de bord de mer me caresser les cheveux. Ah non, c’est elle qui s’agrippe à moi, elle grimace. C’est ma sirène, ma petite sirène. « Oh Ariel, continues ». C’est tout ce que j’arrive à murmurer, parce que là, c’est le moment où je réalise que je ne me mélange pas, non, on joue pas à la pâte à modeler là, je suis juste en train de m’envoyer en l’air comme une bête sauvage. Bref, j’ai quand même l’impression d’être à la mer. Tous mes muscles sont en tension, l’eau et bruyante, mais pas autant que nos respirations. Je sens son souffle chaud qui me caresse le cou. On dirait le soleil, je l’aime.

« Tu sais que je t’aime toi ? ». En vrai, j’ai jamais dit à quelqu’un que je les aimais, pas même à ma mère. Et je choisis de le dire à une parfaite inconnue. Enfin, à une bonne inconnue. Elle m’a rendu tellement heureux et tellement comblé en quelques minutes – qui me paraissent des heures – que je suis obligé de le lui crier. Madre, c’est l’extase. À l’état pur. Pur comme de l’eau de roche.

On dit que toute bonne chose a une fin, en général c’est vrai mais là, les minutes semblent être des heures et j’ai perdu toute notion du temps. C’est parfait comme ça, j’aurai aimé de jamais arrêté. Pourtant le rythme effréné diminue et le cri final se fait entendre. C’est la fin de notre symphonie. Je ne fais plus le malin, je halète comme un fou et je l’embrasse encore. Je ne veux pas que ça se termine.

« La chance s’envole, l’esprit s’décolle, mais il nous reste la picole. »

Et le jeune homme chantait, sous les éclats de rire de la jeune Kai qui était décidément trop bourrée pour se rendre compte à quel point la situation était ridicule ou encore, pour accorder de l’importance à la couleur de l’eau. Il se mit sur elle de façon animal alors que Kai le regardait avec un grand sourire, elle avait presque envie rugir tiens, elle était vraiment de plus en plus excitée et il le semblait tout autant, se moquant bien que la rouquine se soit –soit disant- blessée « Besoin de rien, enviiiiiiiiie de toi » Il n’en avait pas fallu plus pour que les deux amoureux d’un soir se complètent à nouveau et dans leurs gestes se lancent dans un concert de bruits témoignant de leur plaisir commun. Kai avait tout simplement l’impression d’être dans un autre monde délicieusement agréable, elle se donnait à lui tout à fait naturellement, stimulée par les cris –dignes d’un joueur de tennis professionnel en plein match- de son sexy partenaire, en tout cas la température est chaude, très chaude. « Oh Ariel, continues » Et elle s’agrippait à ses cheveux prenant plaisir dans ce bain particulier, la jolie rousse n’avait pas envie que les choses s’arrêtent, sexuellement parlant, ce mec était vraiment doué -ou alors tout ça n’était que les effets de l’alcool- mais, elle prenait son pied, tout comme lui visiblement. Ouais, parce que physiquement son bel amoureux avait l’air de se donner aussi. « Tu sais que je t’aime toi ? » Ça c’était clairement les mots qu’elle n’avait jamais entendu et qu’elle n’avait jamais dit - du moins pas depuis neuf ans- mais, dans son état ça ne la choquait même pas, ça ne faisait que rendre leurs ébats plus torrides, plus vigoureux. « T’es un dieu. » parvient-elle à susurrer, le souffle court alors que l’extase atteint le sommet. C’est le moins que l’on puisse dire d’ailleurs, puisque le cri final, preuve de leur plaisir se fit entendre, c’était affreusement bon et au fond, la rouquine refusait que ça se termine, elle en voulait encore et encore. Pourtant, malgré leurs baisers et leurs caresses, leurs corps, eux, avaient suffisamment donné. C’est ça le problème avec les bonnes choses, on y prend rapidement goût et c’est difficile d’y mettre fin.

La jeune fille reposa son regard sur l’eau rouge, les vapeurs de l’alcool lui permettaient encore de s’en foutre totalement, persuadée qu’elle s’était blessée, à un moment ou un autre. « Toi, t’es vraiment mon capitaine » annonça-t-elle avec un sourire béat, embrassant encore et encore le jeune homme alors que son souffle était toujours aussi court. Il était peut-être son capitaine mais, elle devrait surtout arrêter l’alcool parce qu’elle devenait grave à le regarder avec ses yeux de biche, demain, ça ne serait peut-être pas la même chose même si elle savait qu’elle n’aurait pas de regrets. Elle caressa délicatement ses cheveux, refusant de laisser son amoureux s’envoler, c’était comme savourer des noces sans avoir à subir l’étape ennuyeuse du mariage, c’était comme vivre l’amour fou mais, seulement pour un soir.

WE ARE WATER, BABY !

Je respire, très fort. Je la laisse s’allonger sur moi, me couvrir de baiser. Je me calme enfin, je deviens passif. C’est pas pour autant que tout est clair autour de moi. J’ai toujours l’impression d’être dans un autre monde et apparemment je suis un dieu, c’est elle qui l’a dit. Nos gestes sont plus tendres, moins brusques. Ma main se balade sur ses reins, elle semble frémir. J’ai envie de lui chuchoter des mots d’amour, mais j’ai l’impression que c’est mal.
« Toi t’es vraiment mon capitaine ! » On dirait qu’elle m’aime, elle a les yeux d’une amoureuse et je crois que moi aussi. C’est un peu comme si on était marié. Dans notre paradis aquatique, je réalise doucement que je ne connais pas son nom. Pourtant, j’avais l’impression qu’on était comme la partie manquante de l’autre. Faut dire, on s’emboitait tellement bien…
« C’est quoi ton nom, chérie ? » je chuchote tout en m’agrippant à elle. Je ne la lâcherai pas, non. Ma tête tourne dans tous les sens, mais je me concentre pour entendre sa réponse. Kai. C’est joli, je ne veux pas oublier. Kai, kai, kai, kai, kai. J’oublierai pas.
Je l’embrasse, je fais encore des blagues débiles, parce que ouais, j’ai toujours la force d’être drôle, même quand je suis dans des états pas possible, un peu comme maintenant. J’ai arrêté de chanter, je suis plutôt dans la phase où je me pose des questions existentielles sur tout ce qui m’entoure. Du genre : « Kai, kai, pourquoi on doit se laver les dents ? » ou encore « Kai, kai, pourquoi tu as un linge violet ? » La belle rousse rit, mais ne me répond pas, elle a bien raison. Le pire, c’est que j’ai ce foutu accent de bourré. J’trouve que j’ai vraiment une voix trop cooooool comme ça.
« En las noches como esta la tuve entre mis brazos. La bese tantas veces bajo el cielo infinito. » C’est une petite phrase que ma mère répétait souvent, je l’ai toujours bien aimée. Je ne sais pas pourquoi ça me prend d’un coup, de sortir ça, mais peu importe.
Mon corps semble lourd tout à coup, l’eau ne me porte plus. La mer s’est asséché. L’un de nous deux à du relâcher l’écoulement de l’eau, parce qu’il ne reste plus qu’une flaque de sang dans la baignoire. Tant pis, j’arrive pas à bouger, puis peu importe, je suis bien comme ça. J’aimerais vraiment lui dire plein de choses tout à coup, mais je reste muet.
Je me mets face à elle, sans bouger et je la fixe. Je pense que j’ai l’air d’une petite biche attendrie à la regarder comme ça. J’essaye de mémoriser chaque trait de son visage. Mais c’est un peu comme si mon cerveau s’attelait à effacer tout ce que j’essayais d’y faire entrer. Je n’arrivais plus à penser, mon esprit était ailleurs, divaguant dans une contrée lointaine.

Spoiler:

« La chance s’envole, l’esprit s’décolle, mais il nous reste la picole. »

C’était dingue d’avoir de tels gestes, de se donner l’un à l’autre comme ça et d’avoir la sensation de se compléter alors qu’ils ne connaissaient rien l’un de l’autre, même pas leur prénom. Tout ce qui les liait c’était l’alcool et le moment intime dans un bain de sang qu’ils venaient de vivre. « C’est quoi ton nom, chérie ? » Il chuchota en s’accrochant à la belle alors qu’elle lui caressait les cheveux, le regard amoureux et un sourire niais sur le visage. « Kai » annonça-t-elle dans un murmure délicat avant de surenchérir « Et toi, beau brun ? » Et il l’embrassa à nouveau tout en lui livrant son prénom, Fernando. La rouquine est certaine qu’elle ne l’oublierait pas, même avec tout l’alcool, parce qu’elle ne voulait pas l’oublier, il était trop tout ce dont elle avait besoin, non, non, elle ne l’oubliera pas, elle en était certaine, elle s’en faisait la promesse.

Et le jeune homme se lança dans les blagues et les questions existentielles faisant rire la belle alors qu’elle ne prenait pas la peine de répondre. Il faut dire que des phrases comme« Kai, kai, pourquoi on doit se laver les dents ? » ou « Kai, kai, pourquoi tu as un linge violet ? » ça la faisait plus rire qu’autre chose et elle ne savait pas quoi répondre, pire elle était trop ivre de le faire, ivre d’alcool, ivre du moment qu’elle venait de passer avec Fernando, ivre de bonheur donc. De plus, elle le trouvait incroyablement sexy avec cet accent qu’on les gens qui ont trop bu et qu’elle devait certainement avoir aussi, alors, elle se mit à l’embrasser encore et encore avant qu’il se mette à parler espagnol. « En las noches como esta la tuve entre mis brazos. La bese tantas veces bajo el cielo infinito. » Elle ne comprenait absolument rien mais, elle était vraiment attendri si bien qu’elle caressa ses lèvres du bout des doigts avant de l’embrasser amoureusement, telle une amante attentionnée.

L’eau du bain se vidait alors qu’il la regardait amoureusement, oui, c’était fou de voir qu’il ne s’aimait pas –enfin qu’il ne se connaissait pas – mais, que, grâce à l’alcool, ils se regardaient comme de jeunes mariés encore insouciant de la vie. Elle l’admirait sans dire un traite mot, elle savait pertinemment qu’elle devrait l’amener dans sa chambre mais, elle avait envie de rester face à sa beauté, la vision encore troublée, elle n’avait pas envie de bouger de cette baignoire et de cette marre de sang. « T’es beau » glissa-t-elle à l’oreille de son amoureux d’un soir. Elle l’embrassa à nouveau tendrement, avant de caresser son tendre torse.

Puis, pris d’une motivation soudaine et inexpliquée, elle attrapa la main de son amoureux d’un soir et se releva, s’arrangeant pour qu’il la suive. Elle l’embrasse tendrement en essayant tant bien que mal de ne pas tomber sur le chemin qui les séparait de sa chambre. Se mordillant la lèvre inférieure, elle poussa Fernando sur le lit avant de se mettre au-dessus de lui et de l’embrasser, encore et encore.

WE ARE WATER, BABY !

J’ai l’impression que mes lèvres sont scellées à celle de Kai. On dirait qu’on est la même personne. Tout est tellement parfait. Alors qu’elle vient de me révéler son doux nom, elle me demande le mien. « Fernando » je susurre avec une voix de loveur. Elle semble aimer, glousse et s’attache à nouveau à ma bouche. On se regarde, on s’embrasse, on s’aime pour une nuit. J’ai l’impression que je n’ai jamais ressentie des choses aussi fortes pour une fille avant ce soir. Peut-être est-ce l’artifice de l’alcool. J’m’en fous, j’ai pris mon pied et tant mieux si je suis amoureux juste pour cette nuit. Beaucoup de bonheur d’un coup. Demain, peut-être qu’on redeviendra deux inconnus. Peut-être pas, au fond on s’en tape, on s’éclate.

« T’es beau ». Elle me dit ça avec une telle sensualité. Ca me fait trop plaisir. J’aimerais sourire pour lui témoigner de ma joie, mais au lieu de ça je glousse comme une jeune poulette. C’est ridiculement marrant. J’arrive à la faire rire, encore. Je crois que de toute façon, dans notre état, même une poutre qui grince, ça nous tordrait de rire. La vie est belle quand on est bourré.
Nos lèvres se touchent, se frôlent, se rencontrent, s’abandonnent, se retrouvent. Je sens les miennes se gonflés légèrement. Je retrouve quelques sensations, mais j’ai toujours cette monstrueuse chaleur qui ne me quitte plus. Ca tambourine dans mon estomac, je ne sais pas ce qui me fait ressentir ça, mais j’aime à croire que c’est Kai. Mon amour d’une nuit pour elle en tout cas.

Elle me tire par le bras. Je n’oppose aucune résistance. Au contraire, je la suis volontiers. C’est vrai que tout à coup, me lever de notre baignoire est assez compliqué. J’ai mal partout. Pourtant, quelque chose qui me dépasse me pousse tout contre elle. Alors que j’essaye de l’attirer à moi pour l’embrasser sur la nuque, elle me pousse. Je pensais me fracasser par terre, mais non. J’atterris sur un bon lit bien ferme. La surprise me fait sursauter et je pousse un petit cri. Je rigole, parce que je me trouve trop bête. Kai saute sauvagement sur moi et m’embrasse avec la même fougue que tout à l’heure. La chaleur qui parcourait mon corps s’intensifie et se spécialise à un endroit particulier de mon corps. Entre deux baisers je ris. « Je crois que mon kiki en veut encore hi hi hi ». Soudainement habité par une féroce énergie, je la renverse sur le lit et j’inverse nos rôles. Je me tiens au dessus d’elle et balade mes lèvres contre sa peau.

« La chance s’envole, l’esprit s’décolle, mais il nous reste la picole. »

Kai poussa le jeune homme sur son lit et ce dernier laissa un petit cri lui échapper dans un sursaut ridicule que la rouquine trouvait tout à fait attendrissant, de toute façon, avec les vapeurs d’alcool, tout le monde il est beau, tout le monde il est mignon. Enfin, il avait certainement réagi ainsi en pensant trouver le sol mais, Kai n’aurait jamais osé, sauf si elle avait eu une hallucination mais, ce n’était pas -encore- le cas, heureusement. Pas la peine de dire qu’ils rigolaient encore tout le deux, c’était devenu une évidence, comme s’ils étaient liés par le rire…et par le sexe. Ils échangeaient encore des baisers toujours aussi passionnés que dans la salle de bain et la température qui avait à peine diminuée après l’acte remontait de plus belle. A croire qu’ils n’étaient pas à rassasier, qu’ils n’avaient rien fait tout à l’heure dans la baignoire. C’est ça, la jeunesse, se soucier de rien et profiter de l’instant présent dans le bras d’un séduisant inconnu. « Je crois que mon kiki en veut encore hi hi hi » Et il la retourna soudainement avec fougue alors que la jeune femme riait de plus belle tout en laissant ses mains baladeuses parcourir le corps du beau brun. Les rôles inversés, le jeune Fernando couvrait les corps de Kai de baisers qui faisaient frissonner sa peau de plaisir. « Moi aussi j’en veux encore » murmura-t-elle en gloussant avant de s’en prendre au cou du beau brun.

Il n’en fallut pas plus pour que les choses recommencent, pour que la pause prenne fin et qu’ils reprennent leur danse. La rouquine avait à nouveau cette impression d’harmonie et de découvrir quelque chose qu’elle avait oublié, elle avait l’impression que personne ne lui avait jamais fait l’amour comme ça, peut-être parce que depuis neuf ans, elle n’avait pas couché avec quelqu’un en ayant autant d’alcool dans le sang, ou peut-être parce que Fernando était vraiment doué, elle ne pouvait pas trop savoir de toute façon mais, dans le fond, ça n’avait pas d’importance. Accrocher à ses cheveux, à sa peau, griffant légèrement le bas de son dos, caressant sa nuque, on pouvait dire que le rapport était intensément bon.

Heureusement que les parents de la demoiselle étaient à Santa Barbara parce qu’ils n’aimeraient certainement pas retrouver leur fille chérie au bras d’un parfait inconnu et surtout elle aurait le temps de nettoyer tout le sang dans la baignoire et puis un peu sur les draps. C’est fou ça, à croire que cette blessure était particulièrement ouverte… non, franchement, l’alcool lui faisait vraiment croire des conneries, la réponse était bien plus logique que ça. Mais, à cette heure, dans cet état, la logique n’était pas vraiment présente chez Kai. Elle ne pensait qu’à partager ce moment avec Fernando et à ce niveau-là, ça se passait très très bien, si bien qu’elle n’avait pas envie de s’arrêter, elle voulait continuer toute la nuit même si c’était techniquement impossible, ce plaisir était trop délicieux pour qu’il prenne fin un jour.

I WANNA STAY WITH YOU

« Moi aussi j’en veux encore » et sur ce murmure, j’obtiens l’autorisation de lui sauter dessus. Mon corps tout entier frémit de plaisir. Retrouvant peu à peu mes sens, je profite cinq cent fois plus. C’est bon, très bon. Elle est bonne, très bonne. Nous jouissons d’une seule et même voix. Cela ressemble à un magnifique chant. C’est vrai qu’avant ce soir, j’étais légèrement en manque… Kai tombait à pic. Je l’adore.

On est sensé être deux inconnus et pourtant j’ai l’impression de la connaître depuis toujours. Depuis ce soir je connais chaque recoin dans son corps frêle et je me prends à rêver qu’il m’appartient. La lâcher ne fait pas partie de mes plans. J’ai envie de vivre ici, dans ce lit ou alors dans la baignoire. J’men fous en fait, tant que je suis avec elle. On dit que l’amour parfait est éphémère. C’est peut-être vrai quand on sait que notre amour alcoolisé se dissipera peut-être au réveil. Mais non, je ne veux pas le croire. Celle là je la garde. Je considère Kai comme la plus délicieuse des crèmes fouettées. Le genre de crème dont j’ai toujours besoin d’avoir un stock dans le frigo.

Nos ébats durent malheureusement moins longtemps que la première fois. En tant que mec, j’ai du mal à garder le jus trop longtemps quand il s’agit de remettre ça. Il n’empêche que c’est bon, encore plus intense que dans la baignoire – plus confortable aussi – je caresse ses cheveux en la regardant d’un air amoureux. « Je ne veux pas partir… » Je m’allonge à côté d’elle et je la serre fort dans mes bras. J’embrasse sa joue tendrement, puis je ramène ses lèvres contre les miennes.

Je baille, la fatigue se fait sentir. Le peu de lucidité que j’ai retrouvé me permet de constater qu’il est cinq heures du matin. Notre nuit d’amour m’a semblé passer en dix minutes. Pourtant, cela fait des heures qu’on s’éclate ensemble. J’ai peur de m’endormir. Peur que tout ça ne soit qu’un rêve. Peur de tout oublier au lendemain. Peur qu’en fait ce soit une vieille peau, moche et que j’ai pu être aveugle le temps d’une nuit. Peur qu’elle ne soit plus là. Peur de retrouver la réalité.
Je sens qu’elle me caresse le visage. J’aimerais dire quelque chose, mais je suis à bout de force. Je lutte, mais je ne tiens plus. Mes yeux se ferment et je sombre dans le sommeil.

J’ai du dormir longtemps. Quand j’ouvre les yeux, le jour bat son plein. Je me souviens vaguement de ce que j’ai fait hier soir. Pour l’instant, je peine à réfléchir, j’ai un mal de crâne horrible. Tout ce qui me vient, c’est le visage de la magnifique Kai que je me suis envoyé hier soir. Je suis chez elle, je crois. Tout à coup, quelque chose d’étrange me frappe : une horrible odeur de sang surplombe la pièce. « C’est quoi ce bordel » je murmure.

« La chance s’envole, l’esprit s’décolle, mais il nous reste la picole. »

Leur ébat fut peut-être plus court mais, l’intensité était là, la passion et la communion, c’était vraiment bon, Kai ne pouvait pas le nier, elle le regardait amoureusement alors que Fernando en faisait autant, caressant ses longs cheveux roux. « Je ne veux pas partir… » Elle lui fit un beau sourire, un de ces sourires qui veut dire, je sais et tu peux rester, qui signifie, je ne veux pas que tu partes, reste la nuit avec moi, s’il te plaît. En fait, si elle avait eu conscience de la situation elle ne l’aurait peut-être pas laissé rester mais, elle s’était laissée aller à ses bras et ses baisers, trop amoureuse –ou alcoolisée étant donné que les deux adjectifs avaient le même sens ce soir- pour le repousser et lui demander de partir, belle erreur d’une nuit haute en couleur – ou d’une nuit rouge-.

Il était cinq heures du matin et les deux corps s’épuisaient enfin, le bâillement de Fernando contamina la jeune Bonistaw et pourtant elle n’avait pas envie de dormir, elle voulait rester éveillée des heures et des heures en se disant simplement que la vie est belle et qu’elle pouvait passer l’éternité au côté du beau brun, croire en l’amour et au prince charmant. Elle voulait arrêter le temps et ne pas jouer la princesse au bois dormant, elle voulait explorer toutes les pièces de la maison et oublier qu’ils étaient mortels, que demain elle se lèverait pour célébrer l’amour de jeunes couples venus la voir pour se marier, elle voulait oublier qu’elle n’avait pas le droit à ça et vivre cet amour superficiel sans connaître la chute, la défaite, arrêter l’histoire au beau milieu pour ne pas voir le héros – ou l’amour- mourir. Oui, c’est ce qu’elle voulait mais, c’était de toute évidence, totalement impossible.

Du bout de ses doigts fins, elle lui caressait le visage avec délicatesse essayant d’imprimer à jamais l’image de Fernando, apaisé, au bord des bras de Morphée. Bras qui, bientôt, enveloppèrent la douce Kai, elle n’avait pas pu survivre indéfiniment à la fatigue, toutes les bonnes choses ont une fin après tout.
La belle ouvrit les yeux quelques –nombreuses- heures plus tard alors que son prince charmant était tout ensommeillé. Mal de crâne atroce et odeur du sang, voilà à quoi elle avait eu le droit pour ce réveil qu’elle n’aurait jamais voulu connaître. Elle s’était dirigée dans la salle de bain en prenant bien soin de ne pas réveiller ce beau brun qui risquait d’avoir une très mauvaise surprise à son réveil. Non mais, franchement, avoir ses règles dans de telles circonstances, c’était le genre de choses qui n’arrivaient qu’à elle, elle avait une poisse monstre. Certes, elle savait que ça ne devait pas tarder mais, pourquoi ce soir ? Pourquoi quand elle voulait s’envoyer un si beau mec ? Pourquoi quand il dormait chez elle ? Ça la faisait chier et franchement elle ne savait pas trop comment lui expliquer, comment il allait prendre les choses. Enfin, elle nettoyant la salle de bain une première fois – qui était à l’image de leur nuit de folie- se doucha, puis nettoya une deuxième fois la salle de bain tout en espérant que son tendre amant ne s’était pas réveillé durant ce temps.

Une fois habillée – et protéger contre les problèmes féminins- elle retourna dans sa chambre maudissant cette odeur ignoble qui l’agaçait tant, elle était mal à l’aise, après tout, ce n’était jamais très agréable de découvrir ça au réveil. Elle s’assit sur un fauteuil et brossa ses longs cheveux roux quand un signe de vie –autre que la sienne- se fit entendre. « C’est quoi ce bordel » Elle se tourna vers lui, désolé et à la fois attendrie de le voir se réveiller –oui, oui, il en lui en fallait peu- « Tu veux de l’aspirine avant de m’égorger ? » Demanda-t-elle avec légèreté mais non sans anxiété, elle avait toujours abordé les problèmes avec humour mais, ça ne voulait pas dire que ça ne la touchait pas pour autant, elle espérait vraiment que son beau brun ne lui en voulait pas trop. Oui, vraiment, elle n’aurait pas voulu connaître ce réveil.

« La chance s’envole, l’esprit s’décolle, mais il nous reste la picole. »

Le pauvre Fernando devait avoir un affreux mal de crâne, comme la douce Kai d’ailleurs même si depuis son réveil, cela c’était quelque peu dissipé laissant place à un ventre barbouillé et une nausée probable devant n’importe quel aliment. Fernando ne devait pas comprendre grand-chose à ce que venait de lui dire Kai, après une telle soirée, c’était dur d’être réactif aux sous-entendus dès le réveil mais, elle ne savait pas trop comment lui expliquer la situation. « Volontiers, parce que sinon ma tête va exploser, je peux utiliser ta douche, enfin baignoire ? » Il ria en abordant la baignoire et Kai lui fit un petit sourire amusé en lui indiquant, d’un signe de la tête, que oui il pouvait. En fait, il aurait pu aller dans une douche aussi, s’il le souhaitait, parce que la demeure des parents Bonistaw était composée de deux salles de bains et d’un grand nombre de pièces inutiles qui rendaient la maison gigantesque mais, ça n’avait aucune importance tout ça.

Kai se leva pour descendre à la cuisine, chercher une aspirine à son amant d’une nuit, elle pouvait bien lui rendre ce service après ce qu’elle lui avait imposé sans même le vouloir. Turbo –son chien- se frotta contre sa jambe, comme pour lui dire bonjour, il était certainement malheureux d’avoir dormi dans une autre chambre que sa maîtresse, lui qui était traité comme un enfant roi. Elle posa délicatement sa main sur la tête de son chien avec un sourire attendri. « Ça va mon grand ? On ira promener tout à l’heure, promis ! » Turbo aboya comme pour s’il avait compris les paroles de sa maîtresse, comme s’il approuvait ce qu’elle disait. Elle lui caressa le museau avec un beau sourire avant de remonter, le verre à la main.

Fernando était toujours sous la douche –et heureusement, il aurait fait vite autrement- alors, Kai posa le verre sur la table de chevet avant de s’occuper des draps. Elle n’allait pas les laisser dans cet état, c’était une évidence, elle s’activa pour les retirer et les amener dans la buanderie, elle allait refaire son lit et appeler la blanchisserie, c’était plus raisonnable que de les mettre à la poubelle –c’était ce que sa mère faisait-. Elle retourna donc dans sa chambre et effectua exactement le programme qu’elle avait prévu, laissa apparaître une chambre parfaitement propre où personne n’aurait imaginé ce qui s’y était déroulé hier au soir – et ce matin-. Puis, elle quitta la pièce pour passer ce fameux coup de fil.

Elle venait de mettre fin à la conversation quand la voix de Fernando résonna à ses oreilles. . « Kaiiiiii ! » La belle afficha un petit sourire tout en se dirigeant vers sa chambre, elle s’arrêta sur le seuil de la porte en faisant tournoyer sa robe avant de poser son regard sur Fernando. « Tu ne saurai pas par hasard où sont mes vêtements ? » Demanda-t-il avec un beau sourire sur les lèvres. Kai posa son regard sur le corps du jeune homme, il était vraiment canon, pour le coup, malgré l’alcool, elle ne s’était pas trompée, tant mieux hein. « T’es sûr de vouloir t’habiller ? T’es vraiment sexy comme ça. » Elle afficha un petit sourire, Kai n’était pas le genre de fille à être gênée de dire de telles choses, à être un peu salace. « Je vais te chercher ça. » Elle lui offrit un beau sourire avant d’aller récupérer ses affaires qu’elle avait soigneusement plier et poser dans une autre pièce, elle lui aurait bien proposé des fringues un peu plus propres –parce que qu’avec le nombre de fois où ils étaient tombés, ce n’était pas tout à fait ça- mais, son cher père avait un peu –beaucoup- plus d’embonpoint que le jeune homme.
Elle retourna dans sa chambre et y entra cette fois pour donner les vêtements au jeune homme, avec un joli sourire.

« La chance s’envole, l’esprit s’décolle, mais il nous reste la picole. »

Le sourire que lui rendit le jeune homme était juste poli, il n’avait pas l’air très à l’aise comparé à tout à l’heure, la réalité semblait lui être revenue en pleine figure, on avait l’impression qu’il réveillait enfin, qu’il atterrissait lentement. Etrangement, ce sourire gênait Kai, elle avait l’impression d’avoir dit ou fait quelque chose qu’il ne fallait pas, qu’en quelques secondes elle avait commis une faute irréparable sans même savoir quoi. Elle aurait pu s’en moquer, ce n’était qu’un inconnu qui n’avait pas grande importance dans sa vie, il avait juste partagé une nuit avec elle comme quelques autres mais, c’était différent. Au fond, elle avait terriblement envie de le connaître, d’en savoir plus sur lui et qu’il fasse partie de sa vie, c’était idiot mais ce simple sourire la rendait malade. La rouquine ne l’observa pas enfilé ses vêtements en vitesse, trop gênée par la situation, à l’idée d’avoir fait une erreur. Elle aurait vraiment aimé lui proposer d’autres vêtements mais, elle ne pouvait pas et elle espérait au moins qu’il ne lui en voudrait pas pour ça. Elle avait l’impression que toute la magie d’hier c’était effacée et elle se répétait dans sa tête c’est terminé Kai, tu t’es fait des illusions, bercée par l’alcool mais, ça ne rentrait pas. Elle avait tellement envie de Fernando reste qu’elle s’accrochait bêtement à cet espoir alors qu’elle le savait vain, belle désillusion d’une jeunesse dans l’ivresse, peut-être aurait-elle mieux fait d’y rester, dans l’ivresse. Ne pas se réveiller de ce doux et merveilleux rêve, c’est ce qu’elle avait désiré le plus au monde hier soir et maintenant, elle savait bien pourquoi ou du moins, elle n’avait plus de doutes. Fernando ne voulait sans doute rien plus que cette nuit, elle devait se le mettre dans la crâne une bonne fois pour toute, à coup de marteau, de pioche et de pelle si nécessaire mais, il le fallait.

« Écoutes Kai, je vais y aller. Merci pour l'hospitalité ! Passes une bonne journée. » Son ton était tellement froid, neutre, dénoué de tous sentiments, en fait, Kai tombait d’encore plus haut, et il indiquait clairement son intention de ne pas la revoir… La belle rouquine ne pouvait s’empêcher d’être déçue, elle s’était attendue à plus d’une nuit, à une relation, une vraie, sans aller jusqu’à parler de grande histoire d’amour ou même de sentiments, elle aurait simplement voulu leur donner une chance d’exister. Elle s’était perdue dans son regard, pour une fois elle avait voulu y croire, pour une fois, c’était différent d’avec les autres garçons mais, visiblement, pour lui ce n’était rien, qu’une simple nuit dans l’alcool et le sexe, qu’une simple fille un peu trop envahissante. Les deux jeunes se firent la bise laissant à Kai un goût amer et le souvenir de la douceur de ses lèvres, persuadée qu’elle ne pourrait pas l’oublier, qu’elle voudrait sans cesse y goûter à nouveau. Ils s’échangèrent un dernier regard, les yeux de Kai étaient pleins d’émotions alors que ne savait pas interpréter celui de son amour d’une nuit. C’était la fin, d’une nuit d’amour, d’une rêve deux, la fin de leur passion et finalement, tout ça avait été aussi éphémère que la vie d’un papillon.