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 Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ

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Ella B. Clarke-Jarvis
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MessageSujet: Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ   Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ EmptyDim 15 Avr - 23:15

J’écoutais vaguement le cours. Je n’avais pas la tête à ça. Mila envoyait des messages à côté de moi. Elle avait remarqué que je n’avais pas la tête à parler. « Il est temps pour vous de vous glisser dans la peau de parents. » J’avais envie de lui rire au nez. De lui dire que je n’avais pas besoin de son machin en plastique. Que j’en avais un dans le bide. J’avais envie de lui dire que son expérience était stupide. Je ne voyais même pas à quoi elle servait. S’inventer une vie d’adulte. Élever un gosse. Supporter ça pendant trois jours. Je ne voyais pas ce que ça nous apprenait de la vie. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais plus. Parce que j’avais vu trois tests positifs sous mes yeux. Parce que je ne pouvais pas rire de cette expérience. Je tournais la tête vers Mattia. Il était à l’autre extrémité de la pièce. Nous ne nous étions pas reparlé depuis l’autre jour au cinéma. C’était le silence radio.

Je tirais un bout de papier au hasard. La prof avait trouvé ça innovent et plus appréciable de laisser jouer le hasard. Ainsi, un petit bout de papier allait décerner avec qui nous allions être mariés et parents pendant trois jours. Personnellement, j’en avais rien à foutre. Tout ce que je voulais c’était une bonne note. Le reste n’avait pas d’importance. D’ailleurs je n’avais même pas regardé le papier. Mais, Mila l’avait fait. Elle échangea très rapidement nos deux « maris ».

J’attrapais le petit bout. Mattia Jarvis. Je la regardais avec de gros yeux. Pourquoi avait-elle fait ça ? « Oh me regarde pas comme ça. Je sais pas pourquoi vous vous faites la tronche mais on a constamment l’impression que vous allez à un enterrement. Tu verras tu me remercieras. » Ou pas Mila. Ce n’était pas enterrement. Simplement l’idée de donner la vie. Elle était complètement à côté de la plaque. Mais, dans le fond elle avait raison. Sans lui je déprimais complètement. Mais, je n’allais pas la remerciais. Parce que le dialogue avec Mattia s’annonçait tendu. « Non franchement Mila, abuse pas. Te mêles pas de ça je t’en prie. » Elle me fit un petit sourire. Celui-là même qui voulait dire non. Je prends malin plaisir à jouer les cupidons. Tu verras Ella, Mattia et toi vous serez à nouveau amoureux et heureux. Mais, elle ne savait rien. Elle ne pouvait pas jouer les cupidons comme ça. « Et puis franchement, tu gagnes au change poupée ! Tu devais être la merveilleuse épouse du gros porc de Finn ! » J’aurais préféré. Franchement pour éviter une conversation houleuse. Pour éviter ses regards noirs. Pour éviter de chialer encore une fois. J’aurais été prête à supporter la mauvaise haleine de ce type. J’aurais été prête à beaucoup de chose. « Mesdemoiselles ! Je vous prie de vous taire. Dîtes-moi plutôt avec qui êtes-vous en binôme ? » Vieille morue. Vieille conne. J’allais la défenestrer. La tuer sur place. Détruire son expérience. « Avec Finn M’dame et Ella elle est avec Mattia ! ». Je baissais les yeux. J’espérais au moins qu’il ne pensait pas que je l’avais fait exprès. « Eh bien les garçons, venaient chercher vos bébés. ». Bébé. Rien que le mot me rendait dingue. Je m’affalais sur ma table. Je voulais que le cours ne termine jamais. Parce qu’après toutes les explications ennuyantes, nous n’aurions pas d’autre choix que d’être à deux. En gros je voulais que le temps s’arrête là. Même si c’était ennuyeux à mourir.


Dernière édition par Ella B. Clarke le Mar 17 Avr - 22:32, édité 1 fois
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Mattia Jarvis
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MessageSujet: Re: Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ   Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ EmptyLun 16 Avr - 12:32

« Il est temps pour vous de vous glisser dans la peau de parents. » A l'entente de ces mots, Mattia releva la tête. Dans le peau de parents.. Maintenant qu'il avait flippé à l'idée d'être père, maintenant qu'il avait renoncé, trop stressé, trop angoissé, à s'impliquer dans la vie d'un futur petit être, on lui demandait de jouer les pères avec une poupée brailleuse. Mais bien sûr ! Il souffla légèrement, ennuyé par ce cours où il avait été contraint et forcé d'y aller. Des cours de parenting.. Tu parles.. des cours de maths, c'était cent fois plus intéressant! Même les cours de philo étaient plus agréables. Mais parce que l'Amérique en avait marre de voir des jeunes ados parents, les cours de parenting avaient été conçus, afin d'éviter que ça n'arrive. Comme si ça changeait quelque chose.. Ella et lui y participaient à ces putains de cours! Ça ne les avait pas empêché de se retrouver dans cette situation délicate. Elle, enceinte et effrayé. Lui, juste effrayé. Les accidents, ça arrive. Alors, cours ou pas, ça ne changeait rien. Ca emmerdait juste les élèves. Encore une fois.

Il se retourna vers Jamie. « Et voilà.. On va se coltiner pendant trois jours un gamin dans nos bras.. Comme si on avait que ça à faire! » Jamie rigola. Content de voir son ami autre que de mauvais poil, il lui dit alors. « He! attends! Peut-être que ça ne sera pas si méchant. Peut-être que Miranda tirera ton nom.. » Mattia jeta un coup d'oeil à son ami, assis à côté de lui. En prononçant le prénom Miranda, un large sourire béat s'était dessiné sur son visage. Essayant de cacher un rire, Mattia réagit aussitôt. « Avec la chance que t'as, Stephanie va te piocher.. » Jamie ouvrit de grands yeux, effrayés, et jeta un regard angoissé avec Stephanie. La fille la moins populaire du lycée. Pourtant, la fille la plus connue. Le bouc-émissaire de pas mal de gens. Pas méchante, mais terriblement timide, presque sans amis, fan de mangas, n'aimant que peu les fêtes, les garçons préféraient l'éviter en général; tout comme les filles. « Je te jure que si c'est elle, la mère de mon enfant, je te tue pour m'avoir porter la poisse.. »

« Mesdemoiselles ! Je vous prie de vous taire. Dîtes-moi plutôt avec qui êtes-vous en binôme ? » La prof rappela deux filles à l'ordre. Mattia se retourna et remarqua qu'il s'agissait d'Ella et de Mila. Il sentit son coeur se serrer en voyant la jeune fille, et dut détourner le regard, fixant le tableau. Il avait mal pour elle. Mal. Mais en même temps, il ne se sentait pas capable de l'aider. Pas capable de se rapprocher de nouveau d'elle. Pas capable de la réconforter.. Il préférait l'éviter. Comme ils l'avaient fait ces cinq derniers jours. Pas un sms. Pas un appel. Pas un rendez-vous. Rien. Le néant. Les copains de Mattia s'en étaient rendus compte, mais aucun n'avait demandé des explications.. Ils se doutaient bien que tant que Mattia n'ouvrait pas la bouche, c'était impossible de savoir.
Mila répondit rapidement à la prof « Avec Finn M’dame et Ella elle est avec Mattia ! ». Sa tête dériva aussitôt vers Ella. Ses yeux étaient grands ouverts. Sa bouche légèrement entre-ouverte aussi. QUOI? C'était une blague ça! Ella ne pouvait pas l'avoir pioché. Il y avait quinze autres garçons au moins dans cette pièce ! Et il avait fallu qu'elle pioche son prénom? « Eh bien les garçons, venaient chercher vos bébés. » Il ne réagit pas de suite. Comme il ne réagit pas non plus à la remarque, amusé de Jamie. Son regard toujours rivé sur Ella, il essayait de croiser le sien. Impossible. Elle baissait les yeux. Comme si elle l'avait fait exprès. « Mattia -souffla la prof- Dépêche-toi, on a autre chose à faire encore. »

Les yeux de Mattia cessèrent de voir Ella, et il se retourna vers sa prof. Il se leva, et attrapa le gosse qu'elle lui tendait. La poupée qui allait les énerver pendant trois jours. La poupée qui avait comme mère et père, Ella et Mattia, comme le petit foetus dans le ventre d'Ella. Il souffla, et tenant le bébé par le bras, la prof s'insurgea « Mattia! C'est un bébé.. tu tiens les nourrissons comme ça, toi? » Quelques rires fusèrent, et le bébé de Mattia commença alors à pleurer. Stupide poupée! Il le prit alors comme un vrai bébé, dans le creux de ses bras. Il se sentait stupide. Stupide, et incroyablement maladroit. « Donc, voilà, ce qu'il ne fallait pas faire.. » expliqua la prof.

Mattia se fraya un chemin jusqu'à la table d'Ella, et lui lançant un regard un peu noir -celui qui disait bravo, t'as gagné, t'es avec moi, t'es contente?-, il lui tendit le bébé. « Il veut sa mère » En insistant bien sur le dernier mot, et en essayant de croiser son regard. Puis, il se retourna, et fila à l'autre bout de la salle, là où Jamie et lui étaient installés.

La prof commença ses explications. Mais Mattia ne suivit pas. Bien trop énervé. Contre lui, encore et toujours. Et contre Ella; pour l'avoir choisi lui..
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MessageSujet: Re: Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ   Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ EmptyLun 16 Avr - 20:23

Je gardais les yeux baissés. Je ne voulais pas voir Mattia prendre ce machin en plastique. « Mattia Dépêche-toi, on a autre chose à faire encore. » Autre chose à faire que de nous pourrir la vie ? Ça serait bien une nouveauté ça. En fait, j’avais envie Mattia soit bloqué sur sa chaise. Ou qu’il hurle au scandale. Qu’il refuse d’être avec moi. Que j’en rajoute une couche. Comme ça elle finirait bien par échanger. Mais, non rien. J’en voulais vraiment à Mila pour le coup. Et je crois qu’elle le sentait à l’heure actuelle. Je ne levais toujours pas les yeux. La poupée se mit à crier. Probablement qu’elle avait déjà un problème. Je n’en avais rien à foutre. Ce n’était rien d’autre qu’un jouet en plastique. « Mattia! C'est un bébé.. tu tiens les nourrissons comme ça, toi? » Mais s’en est pas une pétasse ! C’est simplement un truc en plastique. Une tentative du gouvernement pour nous apprendre qu’être parent c’est loin d’être cool. Sans blague. On ne l’aurait pas deviné hein. Comme si j’étais volontairement enceinte. Comme si j’avais voulu une seconde que Mattia me fasse un enfant. Ce n’était qu’un accident. Et contre ça, personne ne pouvait rien y faire. Les accidents arrivaient et arriveront toujours.

Le bébé et les rirent finirent pas cesser. Il l’avait probablement pris correctement. Franchement, je crois que je l’aurais fracassé. « Donc, voilà, ce qu'il ne fallait pas faire.. » Et voici l’exemple même du cours le plus inutile. Le cours qu’il ne fallait pas faire. Tu vois, toi aussi tu peux servir d’exemple sorcière.

Mattia s’approcha de moi. Je n’avais pas relevé les yeux. Simplement sentit son odeur. Tout comme son regard noir posé sur moi. J’étais certaine qu’il me jugeait. Qu’il pensait que je l’avais fait exprès. Je serrais les dents. Pour ne pas en mettre une à Mila. Pour ne pas craquer une nouvelle fois. « Il veut sa mère » Je le laissais poser son jouet sur la table. Je me fichais bien qu’il ait insisté sur le dernier mot. Je me fichais bien de ce bout de plastique. Tout ce que je voulais c’était ne pas croiser son regard. Je m’en sortais très bien. Mila attrapa le gosse pour le prendre dans ses bras. Elle ne supportait pas le cris de ces choses. Je le savais.

La prof reprit ses explications. « Franchement Mila, t’abuses. » Je la regardais. C’était probablement la première qu’elle voyait de la colère sur mon visage. Ou alors elle ne l’avait pas vu souvent. « Désolée mais, si tu me disais ce qui se passait, non ? » Je savais qu’elle était perdue. Qu’elle voulait comprendre. Mais, je ne voulais pas lui expliquer. Salut Mila, je suis enceinte. Non franchement. Je ne voulais même plus avoir à dire ce mot. « On s’en fout, le truc c’est qu’il m’en veut suffisamment, y avait pas besoin de rajouter ça, sérieux, il m’aura massacré avant les trois jours. » Mila posa sa main sur mon épaule avec un sourire. « Tu dramatises princesse. » Je crois pas non. J’étais même plutôt sérieuse. « LES FILLES ! Taisez-vous ou je vous sépare ! » Je soufflais un grand coup. Celle-là, j’allais vraiment la bousiller. « Et Ella reprends ton nourrisson ! » Je levais les yeux vers elle. « Ce n’est pas un nourrisson c’est un truc en plastique qui braye ! » je laissais le machin dans les bras de Mila. « Mademoiselle Clarke ! Je ne vous savez pas si isolante ! » SURPRISE ! Je peux être chiante quand j’ai un truc dans le ventre. C’est cool hein ? Bouffonne. « Et moi j’ignorais que votre cours pouvait être aussi emmerdant. » Elle me fit les yeux ronds. A tous les coups, Ashton allait être au courant très rapidement. Mais, peu importe. « Surveilles ton langage si tu ne veux pas être collée ! » Je soufflais. Elle me faisait chier la vieille. J’allais la bouffer.

Elle tapa dans ses mains dans le but de faire taire les bavardages. Mila me regardait sans comprendre. J’en avais rien à foutre. « Bon maintenant, mettez-vous avec vos binômes. » Trop la joie. Vraiment. Je prenais le bout de plastique avant de changer de place. J’en avais pas envie. Mila me fit un regard désolé alors que je m’installais à côté de Mattia. Je ne lui faisais pas un sourire. Pour aujourd’hui, je lui en voulais bien trop. Je posais le truc sur la table. Il brayait ? J’en avais rien cirer.



Dernière édition par Ella B. Clarke le Mar 17 Avr - 22:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ   Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ EmptyMar 17 Avr - 18:36

De retour à sa table, Mattia cessa d'écouter le cours. La prof parlait, mais il n'en avait strictement rien à faire. Est-ce qu'elle se rendait compte qu'elle parlait devant des personnes concernées? Il ne fallait pas être né de la dernière pluie pour savoir qu'être parent, c'était horrible. Il ne fallait pas croire les films; dedans, ils sont tout beaux, tout mignons, tout charmants. Mais si les élèves allaient un tant soit peu faire les magasins ils y verraient des gamins capricieux, colériques, pleurnichards. Tout le contraire de ce qu'on voit dans les films. Alors, ces cours de parenting, elle pouvait se les garder cette prof.

Un cri de la prof le fit relever la tête. « LES FILLES ! Taisez-vous ou je vous sépare ! » Ella et Mila, sûrement. Mais cette fois, il ne se retourna pas vers elles. Il entendait juste « son fils » pleurer. « Et Ella reprends ton nourrisson ! » Mattia aurait parié qu'elle allait le reprendre. Mais il l'entendit répondre. « Ce n’est pas un nourrisson c’est un truc en plastique qui braye ! » Ah ouais, t'es énervée Ella? Quel dommage ! « Mademoiselle Clarke ! Je ne vous savais pas si isolante ! » Lui non plus. « Et moi j’ignorais que votre cours pouvait être aussi emmerdant. » En entendant ces derniers mots, Mattia détourna la tête vers Ella. Il ne l'avait jamais vu aussi énervée. Jamais vu comme ça. Et il en eut le coeur serré.« Surveilles ton langage si tu ne veux pas être collée ! »

La discussion entre les deux s'arrêta là, laissant un Mattia surprit par la réaction de son ancienne petite amie. Il ne l'avait jamais vu comme ça. Jamais. En même temps, il n'allait pas la blâmer. C'était elle qui avait fait exprès de se retrouver avec lui, non? Il lui avait fait comprendre qu'il n'en voulait pas de ce truc ! Et rester loin d'elle semblait être la meilleure chose à faire. Mais non, il avait fallut qu'elle s'arrange pour le piocher, lui! Il y avait quatorze autres garçons, et elle avait choisi l'élu! Celui qui avait fait d'elle une fille enceinte ! Celui qu'elle avait aimer ! Mais merde quoi !

Finalement, la prof demanda de se mettre en binôme. Génial. En tout cas, lui, il n'allait pas bouger. Ella n'avait qu'à venir. Ce qu'elle fit d'ailleurs. Elle amena également « leurs enfants » -celui dans son ventre, et celui qu'elle posa sur la table. Il se remit à brailler de plus belle. Ca avait des piles ce truc non? Il fallait que dans les prochaines heures Mattia découvre où elles se trouvaient.. En tout cas, qu'il crie. Mattia ne voulait pas entrer dans sa vie. Il ne voulait pas le bercer. Il ne voulait pas lui donner à boire. Il ne voulait pas lui chanter des chansons. Alors, sans faire le moindre geste pour cet enfant, Mattia murmura quelques mots à Ella, couvert par les cris du gosse. « Bravo Ella! C'est génial, on va passer du temps ensemble!! » fit-il, ironique. Il entendit alors la prof dire « Le bébé » en soufflant. Mais ce n'est pas pour autant qu'il s'en occupa.

C'est là, que la prof, chieuse professionnelle, décida d'intervenir. Elle s'approcha d'eux, et leur lança un « Bon, j'en ai marre. Je ne sais pas ce qu'il se passe entre vous deux, mais vous allez devoir vous entendre pendant trois jours. Prenez ce bébé! » Les yeux rivés vers eux, elle les fixait à tour de rôle. « C'est une poupée.. » murmura Mattia en lui jetant un coup d'oeil. La prof soupira  « Ok. Je le dis une dernière fois; occupez-vous en, ou je vous colle tout les deux avec un F en prime.. » Cette fois, le tennisman releva la tête vers elle. Elle le fixait. Comme pour lui faire passer un message. Pas si compliqué à comprendre le message. Un F, c'était synonyme de banc. Son coach Ted aimait savoir les notes de ses poulains; une mauvaise note, et c'était une interdiction de jouer. Ni plus. Ni moins. Ca devait sans doute être la même chose pour Ella. Alors cette fois, Mattia prit le gamin dans ses bras, et vint coller le truc sur son épaule. La chose cessa aussitôt de brailler. « Bien » Et la prof leur tourna le dos pour repartir au tableau continuer ses explications.

Tenant toujours la chose sur son épaule, Mattia regardait droit devant lui. Il se maudissait de l'avoir pris dans les bras. Et il maudit le mauvais sort. Qu'avait-il fait pour que le destin s'acharne sur lui? Faire un gosse et le renier, ce n'était pas suffisant. Il fallait que le destin lui fasse croiser le chemin d'Ella. Alors, les yeux rivés sur le tableau, il ouvrit la bouche. « Tu croyais quoi Ella? Qu'en me choisissant, qu'en passant du temps avec moi, et cette poupée, ça allait tout arranger? Je te l'ai déjà dit, mais je vais te le redire; ce truc dans ton ventre, j'en veux pas! » Ce truc. Il avait fait exprès de choisir ce mot. Pour qu'elle comprenne qu'il n'en avait rien à faire de cet enfant. De ce foetus. Tant pis, si ça lui faisait du mal. De toute façon, si elle avait mal, elle n'avait qu'à s'en prendre à elle-même; elle n'avait qu'à choisir quelqu'un d'autre comme mari
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MessageSujet: Re: Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ   Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ EmptyMar 17 Avr - 22:46

J’en avais rien à faire ce bout de plastique. J’avais la réalité dans le bide. Il pouvait bien brayer, il ne faisait pas le poids. Je voulais que ce cours se termine. Je ne voulais pas avoir à vivre ces trois jours. Je n’avais pas demandé à être Mattia. Bien au contraire. Pourquoi avait-il fallut que Mila s’emmêle hein ? Je regardais le tableau. Je ne voulais pas échanger quelconque regard avec… mon ex petit-ami. Putain. Rien que de me dire ça j’avais envie de chialer. J’étais pathétique. Bien loin de la classe des héroïnes de roman. Je n’étais rien d’autre qu’une pauvre fille capable que d’une seule et même chose. Chialer sur son sort. Même moi j’avais envie de me tirer une balle là. « Bravo Ella! C'est génial, on va passer du temps ensemble!! » Alors le regarder j’en avais pas envie. Mais, lui parler ? Encore moins ! Il pensait quoi ? Que je l’avais fait exprès ? Que j’étais suffisamment naïve pour croire qu’on allait danser la salsa en mangeant des chamallow ? Non mais, franchement ! Moi non plus je n’avais pas envie d’être avec lui. Moi non plus je n’avais pas envie de cette poupée qui braye. On était tout simplement dans la même merde. Une fois de plus. Mais, je n’avais pas envie. Et je n’avais rien fait pour. Quelqu’un d’autre s’était chargé de tenter le diable. En l’occurrence Mila qui se retournait vers nous toutes les deux secondes pour voir si j’étais encore vivante. J’aurais bien répondu à Mattia mais, la prof fit entendre sa voix avant moi. « Le bébé » Je croisais les bras sur ma poitrine. Il était hors de question que j’y touche. Ce n’était pas mon jouet. Elle pouvait se l’enfoncer et bien profond, son gosse en plastique.

Bien évidemment, il fallait qu’elle en rajoute une couche. Le bout de plastique continuait de brayer alors qu’elle s’approchait de nous. « Bon, j'en ai marre. Je ne sais pas ce qu'il se passe entre vous deux, mais vous allez devoir vous entendre pendant trois jours. Prenez ce bébé! » Ouais moi aussi j’en ai marre. Et c’est un jouet. Quand est-ce que tu vas rentrer ça dans ton crâne vieille conne ? Mattia et moi, on ne s’entendra pas pendant trois jours. Il va me finir avec une poêle et moi avec un lancer d’assiette dans la gueule. Ça te va comme explication salope ? Elle pouvait bien nous fixer en alternance. Je n’avais pas l’intention de dialoguer. Si je l’ouvrais, je l’insultais. « C'est une poupée.. » Au moins, Mattia et moi étions d’accord sur une chose. La prof soupira. Elle en avait assez ? Ça tombe bien, moi aussi. Elle avait qu’à nous changer. Ça irait parfaitement. « Ok. Je le dis une dernière fois; occupez-vous en, ou je vous colle tous les deux avec un F en prime… » Je continuais à regarder le tableau, les bras croisés. Qu’est-ce qu’elle croyait ? Que j’en avais quelque chose à foutre de son F ? Mes parents m’en voudraient. Mais, pas autant que quand je leur annoncerais que j’ai un mutant dans le bide. Elle voulait peut-être parler de la natation ? La prochaine compétition était en duo. Mila en serait privée aussi. Notre coach ne laisserait jamais faire ça. Je n’allais pas changer de comportement sous la menace d’un F. Mattia, oui. Il attrapa le plastique. Il avait probablement peur pour le tennis. Une mauvaise note revenait à un match sur le banc. Peu importe. « Bien » Allez, casses-toi grosse truie.

La prof continua ses explications. Je restais silencieuse. Je n’avais toujours pas envie. Ni même de toucher ce truc. « Tu croyais quoi Ella? Qu'en me choisissant, qu'en passant du temps avec moi, et cette poupée, ça allait tout arranger? Je te l'ai déjà dit, mais je vais te le redire; ce truc dans ton ventre, j'en veux pas! » Ce truc. Je n’en voulais pas non plus. Je ne l’avais pas choisi non plus. Putain de merde ! On avait l’avait fait à deux ! Il ne pouvait pas reposer la faute uniquement sur moi ! Certes, j’étais obligée de le porter mais, je n’avais pas choisi ! Qu’est-ce qui j’y pouvais si les femmes devaient porter l’enfant ? Et il pensait vraiment que je l’avais fait exprès ? De me retrouver avec lui. Mais putain ! Je n’étais pas masochiste ! Un petit peu conne, un petit peu naïve, enfantine, tout ce qu’il voulait mais, pas suicidaire ! Je n’avais même pas envie de le regarder. Je fixais le tableau. La colère dessinée sur le visage. Les larmes au bord des yeux. « Oh oui bien évidemment ! J’ai des penchants masochistes, c’est bien connu ! Oh tiens si je faisais exprès d’être avec Mattia pour m’en prendre plein la gueule. C’est vrai que je ne ramasse pas assez. Non mais, franchement! » Je me taisais quelques secondes, le temps que la prof détourne le regard. Que je fasse semblant décrire. Parce que j’avais peut-être chuchoté un peu fort. « Que tu le crois ou non je n’ai pas voulu de ce machin en plastique ni de ce monstre dans mon ventre. » Je ne voulais rien de tout ça. Je voulais partir. Rentrer chez moi. Me blottir sous ma couette et tout oublier. Je savais qu’il m’en voulait. Et ce qui m’énervait c’est qu’il réagissait comme s’il ne me connaissait pas. Comment j’aurais pu lui faire ça ? Le forcer à passer du temps avec moi alors qu’il ne voulait pas ? Je ne l’aurais fait pour rien au monde. Ce n’est pas comme si ça ne me faisait rien de lui avoir dit qu’il allait être papa. Je n'allais pas en rajouter une couche. Comment il pouvait croire le contraire, bordel ?
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MessageSujet: Re: Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ   Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ EmptyMer 18 Avr - 18:39

La première chose à blâmer, dans leurs états, c'était le destin. Le destin venait de leur jouer de biens mauvais tours. Comme si son premier tour maléfique -la présence de ce truc dans le ventre d'Ella- n'avait pas suffit, il avait fallu qu'il invente un deuxième tour tout aussi grisant; le coup du bébé brailleur en cours de parenting. Et comme si ça n'avait pas suffit, Ella avait forcé son destin, et avait tout fait pour se retrouver avec Mattia. Du moins, c'était ce qu'il croyait lui.

Et le pire, c'est qu'il le lui reprochait, inconscient du mal que cela pouvait lui faire. Oui, il croyait dur comme fer qu'elle l'avait fait exprès. Qu'elle avait échangé son bout de papier avec Mila. Ou alors qu'elle s'était amusée à piocher plusieurs noms, et avait choisi le sien. C'était évident! Aussi évident que le nez en plein milieu de la figure. Et ça, ça l'énervait. Se savoir quelque peu manipulé, tel un pantin et ses ficelles. Alors, un tant soit peu blasé, maniant ce bébé sur son épaule, il ne cessait de regarder le tableau noir. Surtout ne la regarde pas! ne cessait-il de se dire. Pas un regard vers elle. Pas un. Il savait qu'il pouvait la blesser, il le savait, mais il ne voulait pas en prendre réellement conscience. Pas avec ce que lui, il vivait. Et c'est bien connu, c'est en évitant de voir la réalité en face qu'on se protège le plus. Mais même s'il ne la voyait pas, il pouvait entendre son énervement, rien qu'à ses paroles.« Oh oui bien évidemment ! J’ai des penchants masochistes, c’est bien connu ! Oh tiens si je faisais exprès d’être avec Mattia pour m’en prendre plein la gueule. C’est vrai que je ne ramasse pas assez. Non mais, franchement! » Il eut un léger rire. Tout léger. Le genre de rire gêné, celui qu'on ne veut pas faire, mais qu'on se sent obligé de faire. Comme pour se moquer. Par ironie. Il n'y croyait pas du tout à son histoire. Pour lui, elle avait elle-même voulu se retrouver avec. C'est tout.

Elle se tut alors. Il remarqua que la prof regardait dans leur direction. Lui, il serra les mâchoires. Bien crispées. Pour pas s'énerver. Pour pas se faire remarquer. Parce que lui aussi, il avait envie de gueuler. Lui aussi, il avait envie de dire tout haut ce qu'il pensait. Il voulait lui hurler dessus. Même s'il savait que la faute était partagée. Mais en attendant, ce n'était pas lui qui abritait l'objet du délit. « Que tu le crois ou non je n’ai pas voulu de ce machin en plastique ni de ce monstre dans mon ventre. » ouais, ça, il le savait. Lui non plus il ne l'avait pas voulu. Sa première réponse fusa alors « Alors, avorte! ». Comme un ordre. Comme une fusée. Comme un smatch. Il venait de frapper fort. A la vitesse maximum.

Voilà, la solution était aussi simple que ça. Elle ne l'avait pas voulu, il ne l'avait pas voulu. Elle n'en voulait pas, il n'en voulait pas. Elle n'en voudra pas, il n'en voudra pas! Au passé, au présent, ou au futur, le résultat était le même. La solution était donc tout aussi simple. Avorter et ne plus en parler.

Et puis, serrant les dents, pour ne pas faire voir à la prof qu'il parlait, Mattia lui dit. « Et parle moins fort putain! » C'était peut-être la première chose qu'il aurait du lui dire. Pour ne pas se faire remarquer, parce qu'une heure de colle, ce n'était rien; mais qu'un F, ce n'était pas rien. Et puis, lui dire ça, ça le soulageait. Mais lui dire d'avorter, le dire sur ce ton presque ordonné malgré un timbre de voix bas, avait fusé avant même qu'il s'en rende compte. Les mots étaient sortis de sa bouche sans passer par son cerveau. Pas de contrôle. Pas de censure. Allez, calme-toi, calme-toi. Ca ne servait à rien de s'énerver, il le savait. Mais son impulsivité risquait de lui jouer de mauvais tours. Alors, le regard rivé toujours devant lui, il évitait de la regarder. Il ne se croirait sûrement pas, mais là, à cet instant précis, il préférait la vision de cette vieille bique de prof à la vision d'Ella. D'ailleurs, la prof s'était retournée, encore une fois, vers eux, avec son regard las. Peut-être qu'il venait de parler un peu trop fort. Peut-être qu'elle voyait qu'il notait rien. Il maugréa, et commença à écrire quelques mots sur sa feuille. D'abord, il écrivit deux-trois explications que la prof venait de donner. Puis, voyant que la prof ne cessait de les regarder, l'un après l'autre, il finit par écrire sur sa feuille quelques mots à l'adresse de la jeune fille; son ex-petite amie. Ex.. ca lui faisait drôle rien que d'y penser. Il sentait des fourmillements dans son ventre. Sachant son écriture peu lisible, il fit un effort inhumain pour écrire le mieux possible. T'en as parlé à quelqu'un? Et de sa main toujours libre, il poussa légèrement la feuille vers Ella. Mais comme il doutait qu'elle eut envie de lire ce qu'il venait d'écrire, il finit par le murmurer. « Tu l'as dis à quelqu'un? » Il insistait, encore et encore. Il voulait vraiment qu'elle réponde à sa question. Parce que si Mattia stressait autant, c'était bien pour deux raisons. La première était évidente ; il se voyait comme un empoté avec un gosse entre les pattes, il avait peur de briser sa future carrière rien qu'avec.. Il avait peur pour son futur. Mais son futur proche l'inquiétait aussi. Si jamais une rumeur sur la grossesse d'Ella faisait le tour du village.. Rien qu'en y pensait, il avait envie de vomir. Son estomac se nouait. Ses muscles se crispaient. Finalement, s'enfuir le plus loin possible de ce village, comme il l'avait déjà pensé de nombreuses fois avant de rencontrer Ella, ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée. Et au moment, il serait loin. Loin d'Ella. Loin de ce truc. Loin de tout.

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Ella B. Clarke-Jarvis
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MessageSujet: Re: Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ   Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ EmptyJeu 19 Avr - 15:57

Il se foutait de moi. Il riait. Je me foutais bien que ce soit gêné ou non. Ça ne faisait que me blesser. Je trouvais ce comportement mesquin. J’avais envie de lui demander où il avait foutu nos souvenirs ? Il me connaissait un minimum. Il aurait dû savoir que je ne l’aurais pas fait exprès. Oui, je ne faisais que me le répéter. Comme si je voulais me faire plus mal encore. Comme si je ne crevais pas sous le poids de son rire. De ses mots. De son comportement. Ou de son accusation. J’avais le cœur remué. Une envie de vomir. Vomir sur ma douleur. Sur cette poupée. Vomir sur son rire. Pendant un bref instant j’aurais voulu qu’il soit à ma place. Pour qu’il se taise simplement. Qu’il arrête d’essayer de m’atteindre toujours plus. De me faire pleurer. Je voulais hurler. Crier. Gueuler mes pensées. Insulter le monde entier. Cracher sur le destin. Remonter le temps et tout modifier. Parce qu’une nouvelle fois, je ne voulais pas être mère. Tout comme Mattia refusait catégoriquement d’être père. « Alors, avorte! » ça sonnait comme un ordre. Vas-y Ella fais-le ! T’as pas le choix ! Mais oui bien sûr ! C’est vrai que c’était quelque chose de simple. Aussi simple que de retirer un t-shirt. Bien sûr Mattia ! Et quoi d’autre ? Tu veux pas que je me tire une balle tant qu’on y est ? Non mais parce que dans les morts autant continuer hein ! Ouais, pour lui la solution était vraiment simple. Pour moi beaucoup moins. « Que je le tue, que je le donne, que je le garde, tu peux me dire ce que ça change pour toi ? Soit honnête Mattia, même si je viens à avorter, tu ne reviendras pas avec moi. » J’avais murmuré. A voix très basse. Parce que ça me faisait mal. D’y penser. De le dire. De devoir l’admettre à voix haute. De ne pas enfouir ça au fond de mes pensées. Peu importe mon choix, ça reviendrait au même. Je pouvais bien offrir cet enfant comme cadeau de Noël à un couple gay. Ou le vendre à l’esclave. En faire de la bouillie pour la cuisine. Ou même le donner à des cannibales. Dans la vie de Mattia, ça ne changerait rien. Le seul problème en fait, c’était moi. Et ma conscience. Rien d’autre. Finalement, j’aurais voulu que Mattia porte l’enfant. Comme ça il aurait pris la décision. Cette décision. Celle qui lui semblait si simple.

Je voulais sortir de cette salle. Ne plus avoir à vivre un moment aussi douloureux. Et humiliant. Parce que son rire raisonnait encore à mes oreilles. Ses paroles plus encore. Je me sentais royalement humiliée. Réduit à la fonction de pauvre petite chose. « Et parle moins fort putain! » Évidemment, il parlait pour tout à l’heure. La prof avait très bien compris que nous étions encore en train de nous disputer. Et apparemment, ce F lui faisait vraiment peur. J’avais envie de lui dire, ne parlons pas, ça sera plus simple. Et ça le serait vraiment. Mais, je n’avais pas pris la peine de répondre. Il aurait peut-être mieux fait de commencer par ça. Mais, il avait de la chance. J’avais murmuré. Il avait de la chance. Il m’avait fait tellement mal que je n’avais pas eu la force de hurler. Il pouvait vraiment être fier de lui. Pour un peu j’aurais applaudi dans mes mains. Avant de vomir ma haine sur la table. Je me concentrais à faire semblant de prendre des notes. Mattia aussi. Peut-être parce qu’il avait senti le regard las de la prof. Peu importe. J’en avais rien à foutre de sa raison. Tout comme j’en avais rien à foutre du mot qu’il venait de me glisser. Je n’avais pas envie de recevoir du poison de manière écrite. Je ne désirais plus communiquer avec lui. J’étais las de sentir cette douleur béante dans ma poitrine. De souffrir dès qu’un mot franchissait sa bouche. Le lire revenait au même.

Bien évidemment, il ne voulait pas le comprendre. Il voulait à tout prix que je lui parle. Que je réponde à sa foutue question. Et si je ne voulais pas ? Apparemment ? C’était pareil pour lui. Il ne voulait même pas laisser à mon cœur l’occasion de respirer. « Tu l'as dis à quelqu'un? » Mais qu’est-ce que ça pouvait lui faire ? Franchement, quelle importance ça pouvait avoir ? Je n’allais pas en parler à son coach de tennis qu’il soit rassuré ! Et puis franchement, je n’avais pas envie que ça se sache non plus. Surtout que si la rumeur circulait dans les lycées, j’étais finie. J’allais m’en prendre plein la gueule. Par des filles comme Teddy. Par tous ces mecs qui se foutait de moi quand j’étais vierge. Putain mais, il réfléchissait avant de poser des questions ? J’avais comme un doute là-dessus. « Dis-moi plutôt à qui tu ne veux pas que j’en parle, ça ira plus vite. » Ouais. S’il y avait quelqu’un en particulier qui ne devait pas savoir, il avait qu’à m’en parler. Sentant le regard plus qu’énervé de la prof sur nous, je me remettais à gribouiller. Si j’avais vraiment besoin du cours, je demanderais à Mila. Elle me devait bien ça.

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Mattia Jarvis
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MessageSujet: Re: Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ   Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ EmptyVen 20 Avr - 15:30

Après avoir balancé ces mots, qui sonnaient aux oreilles des jeunes gens, plus comme un ordre qu'autre chose, Ella avait finit par murmurer, très bas. « Que je le tue, que je le donne, que je le garde, tu peux me dire ce que ça change pour toi ? Soit honnête Mattia, même si je viens à avorter, tu ne reviendras pas avec moi. » Mais il n'y avait pas à le tuer !Ce n'était qu'un foetus, un foetus ! Un truc qui ne mesure que quelques millimètres, centimètres peut-être. Il ne ressemblait en rien à un être humain à l'heure actuelle; ce n'était qu'un amas de cellules, comme une petite tumeur qui se nichait au creux d'un utérus. Ce n'était pas encore un bébé, et même si Mattia pensait en ces termes comme « un futur bébé », il s'en voulait, et se rectifiait immédiatement que ça n'en était encore pas un. Juste pour pas l'effrayer encore plus. Parce que c'était déjà assez flippant comme ça. Elle devait faire pareil, elle devait se dire que ce n'était pas encore un bébé, que c'était juste des cellules, juste un truc, juste une grosseur. Mais pas un bébé. Alors, elle ne pouvait pas tuer quelqu'un.. Elle pouvait juste l'éliminer de son ventre, le chasser.

Obnubilé par sa propre peur, Mattia ne réalisa pas l'état de détresse dans lequel était Ella. Son choix était sans doute le plus important choix de toute sa petite vie. Parce que ça jouait sur sa future vie. Parce que ça changeait tout son futur. Et parce qu'en plus, sa conscience venait mettre son petit bout du nez là-dedans.

Mais elle avait tord dans ses paroles. Qu'elle le tue comme elle le disait, qu'elle le donne, ou qu'elle le garde, ça changeait tout. Et même qu'il était incapable de dire si oui ou non, il reviendrait vers elle en fonction de son choix. Il n'en savait rien. Il ne pouvait pas se projeter dans l'avenir. Il ne se voyait pas lui courir après, il ne se voyait pas la serrer dans ses bras. Mais malgré tout ce qu'il disait, pensait en ce moment-même, il ne se voyait pas non plus l'ignorer dans la rue, passer son chemin devant elle sans s'arrêter. Alors, plutôt que de dire quoique ce soit d'autre, il se tut. Préférant lui demander d'arrêter de parler fort, plutôt que de lui mentir.

Et puis, une question la tarauda. Le genre de questions à laquelle on veut absolument une réponse. Il en désirait plus que tout une. Alors, il finit par lui envoyer un mot, puis, par lui demander oralement. Sa réponse ne tarda pas. D'un ton las, presque blasée – du moins, ce fut comme ça qu'il le ressentit-, Ella ouvrit la bouche. « Dis-moi plutôt à qui tu ne veux pas que j’en parle, ça ira plus vite. » Putain, mais qu'est-ce qu'ils avaient tous? D'abord, c'était certains profs, qui depuis des années, lui demandaient si ça allait. Puis, il y a eu ce psy, là, Ethan Calaan, qui ne cessait de lui demander s'il ne cachait pas quelque chose. Et il y avait sa femme aussi, Elizabeth, rencontrée à l'hôpital, qui lui demandait de parler. Et maintenant, Ella.. Mais qu'est-ce qu'elle savait exactement, hein? Qu'est-ce qu'elle pouvait s'imaginer? Ils ne pouvaient pas lui foutre la paix, arrêter de l'emmerder avec des histoires comme ça? Nan, apparemment, c'était trop pour eux ! Alors, blasé, énervé, fatigué d'entendre ce genre de questions, Mattia finit par exploser. Il tapa un grand coup sur la table, table qui bougea d'une dizaine de centimètres dans un grand bruit. « Putain, mais personne! » Il venait de gueuler, assez fort. Trop fort.

Il sentit des regards sur lui. La prof, les élèves s'étaient retournés. « Sors de ce cours ! Tout ce que je t'ai promis, tu l'auras, crois-moi. Mais sors d'ici ! » suivi d'un «  Toi aussi Ella !» Et merde, merde, merde, merde !! MERDE ! Mattia se releva alors, posant le bébé sur la table, et attrapa ses affaires. Il se dépêcha, pressé de quitter ce cours pourri, ce prof chiant, et ces élèves insouciants. Elle pouvait dire tout ce qu'elle voulait cette prof, Ella et lui ne jouaient pas dans la même cours que les autres élèves. Il était arrivé près de la porte par laquelle Ella venait de passer, lorsque la prof l'emmerda encore. « Et le bébé? ». Mattia se retourna alors vers elle, arrogant. « On a déjà un F, c'est pas suffisant comme note? » Là-dessus, il sortit de la salle en claquant la porte. Littéralement. Parce que claquer cette porte, ça le délivrait.

A peine fut-il en dehors de la salle qu'il balança son sac de cours dans le couloir. Il vint s'écraser contre des casiers. Détournant son regard de ses affaires balancées, Mattia se retourna vers Ella. Il lui attrapa son bras, pour qu'elle se retourne. Sans faire attention à son état, il s'exclama alors. « Putain tu croyais quoi Ella quand tu me l'as annoncé? Que j'allais hurler de joie? Que j'allais te vénérer de m'avoir fait un gosse? Que j'allais te baiser les pieds tellement j'étais heureux?» Les yeux rivés dans les siens, il ajouta alors, le souffle de plus en plus court. « Bah non, je ne le suis pas ! J'en veux pas, et j'en voudrais pas. Alors, écoute, c'est pas que je veux pas que tu dises que t'es enceinte. Ca, tu fais comme tu veux. Je veux juste que personne ne sache que je suis le..- il hésita-géniteur. Je veux vivre ma vie tranquillement. ». il insistait, il le savait. Mais au moins, il y avait des chances pour qu'elle ne dise rien. « Tu te débrouilles comme tu veux, tu lui inventes le père que tu veux, mais ce ne sera jamais moi, et je ne veux pas être mêlé à ça. Jamais. C'est clair? » Le souffle court, il tenait toujours la jeune fille par le bras. Il ne la lâcherait pas, tant qu'elle n'aura pas répondu. Qu'importe qu'il passe pour un gamin égoïste qui ne pensait qu'à lui. Il s'en fichait. Lui, la seule chose qu'il voulait, c'était pouvoir vivre sa vie tranquillement, et ne pas flipper en rentrant chez lui. Alors qu'elle croit ce qu'elle voulait, qu'elle le pense égoïste, qu'elle le pense odieux, qu'elle pense qu'il n'en avait rien à faire d'elle, qu'elle pense qu'il s'en fichait des rumeurs qui pourraient alors circuler sur elle, qu'elle pense tout ce qu'elle voulait; ça ne changeait rien. Son nom ne devait pas être associé au bébé; c'est tout. Même si Ella passait pour la fille qui couchait avec n'importe qui.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ   Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ EmptyVen 20 Avr - 20:02

Il ne pouvait se taire. Se dire, eh j’en ai peut-être fait assez. Peut-être que son cœur va exploser. Peut-être qu’elle va finir par se foutre en l’air si je continue. Non. Il ne pouvait pas réfléchir comme ça. Il ne voyait que lui. Et ses questions. Celle auxquelles il ne pouvait répondre seul. Celle qui nécessitait une conversation. Chose que je n’avais pas envie d’avoir. Il voulait à tout prix savoir si j’en avais parlé à quelqu’un. Comme s’il y avait quelqu’un à éviter. La nouvelle fille qu’il avait en vue peut-être ? Qu’il ne s’inquiète pas. Je n’irais pas lui mettre des bâtons dans les roues. Ma réponse eut l’air de faire monter la colère chez lui. Pourtant, elle était simple. Il n’avait qu’à me dire les noms. Si lui-même ne savait pas, je ne pouvais pas savoir pour lui. Il me rendait dingue. Je ne comprenais pas son obstination. L’intérêt de ses questions. Ni même pourquoi il avait ouvert la bouche.

La table bougea d’une dizaine de centimètre. Cette pauvre table venait de rencontrer la colère de Mattia. Je le regardais. Blasée. Qu’est-ce qui lui prenait encore ? Il avait envie de me frapper ? De me ruer de coups ? Mais qu’il le fasse putain ! Et qu’il me foute la paix ! Qu’il se fasse plaisir. « Putain, mais personne! » Personne ? Alors pourquoi il me prenait la tête ? Je regardais devant moi. Les bras croisés sur ma poitrine. J’en avais assez. Je ne voulais plus le voir. Plus l’entendre. Je ne voulais plus essayer de la comprendre. Tout ce qui je désirais c’était rentrer chez moi. Me blottir sous mes draps. Mettre son pull. Relire nos messages. Regarder nos photos. Me noyer dans les larmes. Je ne voulais rien d’autres que me morfondre dans mon coin. « Sors de ce cours ! Tout ce que je t'ai promis, tu l'auras, crois-moi. Mais sors d'ici ! » Je soufflais. Évidemment, elle n’avait pas loupé le coche. Et j’allais certainement y passer aussi. Mais, c’était tant mieux. Plus d’obligations avec Mattia. Libérer de cours. C’était ce que je voulais non ? Le F n’était qu’un détail. Je foutais déjà ma vie en l’air de toute façon. Et de toute beauté. « Toi aussi Ella !» Alors ça franchement, elle me l’aurait pas dit, j’aurais pas deviné ! Mais quelle gourde ! Je rangeais mes affaires en vitesse. Je n’avais qu’une hâte, sortir de cet enfer. Et c’est ce que je fis. Sans attendre Mattia.

Une fois dehors, j’inspirais un grand coup. J’avais envie de chialer. De tout détruire autour de moi. Je voulais que tout ceci ne soit qu’un affreux cauchemar. J’avais envie d’appeler mon père et de redevenir une petite fille. Ou d’aller voir mon frère. De lui dire de m’amener loin d’ici. De me protéger de ce monde dans lequel je ne me retrouvais plus. Je ne pouvais rien faire de tout ça. Je n’avais plus qu’à rentrer. Même si j’avais cours après. J’avais trop mal au ventre. J’en avais plus qu’assez. Je ne voulais pas prendre le risque de revivre ça.

Mais apparemment, je n’avais pas fini d’en pâtir. Mattia n’en avait pas fini avec moi. Son sac cogna violemment les casiers. Le fracas me fit sursauter. Mais, ce n’était rien. Le pire fut quand il m’attrapa le bras. La douleur dans mon cœur semblait s’accentuer. C’était comme s’il se déchirait. La boule dans la gorge. Les frissons de peur. Le visage fermé. Là, plus que jamais je voulais fuir. Loin. Terriblement loin. Mais, j’étais obligée de le regarder. De rester en face de lui. De m’en prendre plein la figure. Encore. « Putain tu croyais quoi Ella quand tu me l'as annoncé? Que j'allais hurler de joie? Que j'allais te vénérer de m'avoir fait un gosse? Que j'allais te baiser les pieds tellement j'étais heureux?» Mais, il était con ou quoi ? Il le faisait exprès ce n’était pas possible ! Bien sûr que non ! Je n’avais pas cru ça une seule seconde. Je n’avais même pas osé imaginer quoique ce soit. Mais, je n’aurais jamais pensé qu’il m’enfoncerait autant. Je voulais simplement qu’il sache. Et voilà que ça me retombait sur le bout du nez. Mais, bordel qu’est-ce que j’avais fait au destin pour mériter ça ? Son regard dans le mieux ne faisait que m’enfoncer. Il y croyait sincèrement. Que je le vivais comme une bonne nouvelle. Que je m’attendais à ce qu’il soit heureux. Je sentais son souffle court. Preuve de sa colère. « Bah non, je ne le suis pas ! J'en veux pas, et j'en voudrais pas. Alors, écoute, c'est pas que je veux pas que tu dises que t'es enceinte. Ça, tu fais comme tu veux. Je veux juste que personne ne sache que je suis le…géniteur. Je veux vivre ma vie tranquillement. » Alors, Ella quel effet ça fait d’entendre ça ? Ça y est, t’as envie d’en finir ? Peut-être que tu vas avorter ? Ou Mieux te foutre en l’air ? Allez Ella, fais-moi plaisir. Dis-moi que tu souffres. C’était affreux. Comme s’il n’y avait jamais eu de sentiment entre nous. Comme s’il allait même jusqu’à rejeter l’acte qu’il y avait eu entre nous. Mon cœur semblait vide. L’endroit parfait pour subir les attaques de la souffrance sans aucune résistance. J’étais à bout. J’avais l’impression d'être avec quelqu’un d’autre. Un inconnu. Quelqu’un qui ne m’avait jamais parlé. Il aurait dû savoir que peu importe mon choix, je n’irais plus intervenir dans sa vie. Mais, non, il fallait qu’il remue le couteau. Qu’il rappelle que pour lui je n’étais rien. Plus rien. Ou que je n’avais jamais rien été. Je ne savais même plus quoi penser. Y avait-il seulement quelque chose à penser là-dedans ? Certainement pas. « Tu te débrouilles comme tu veux, tu lui inventes le père que tu veux, mais ce ne sera jamais moi, et je ne veux pas être mêlé à ça. Jamais. C'est clair? » Là il m’avait achevé. Il avait creusé ma tombe et m’avait foutu dedans. A coup de pied au cul. J’espérais au moins qu’il était fier de lui. De sa prouesse. De sentir mon corps faiblir sous sa main. Mon ventre se tordait de douleur. Ma gorge était nouée. Je n’avais plus le courage de parler. De lui dire qu’il me demandait l’impossible. Parce que tout le monde n’y croirait pas. Notamment Ashton. Je ne parvenais pas à lui dire de me foutre la paix. Qu’il n’avait pas d’ordre à me donner. Qu’il avait qu’à se démerder. Que ce n’était pas mes affaires. Je n’avais pas la force de me comporter comme lui. De le mettre une position de faiblesse à son tour. Parce que j’étais déjà écrasée. Et parce que je l’aimais. Bien trop pour tenter de l’atteindre. « Lâche-moi. » Soufflais-je en baissant les yeux. Je voulais juste qu’il me lâche. Qu’il ne me regarde plus. Et qu’il me laisse lutter contre les larmes en paix. Lutter ? Oui, j’essayais. Non, je ne savais pas comment je ne m’étais pas encore écroulée. Oui, un mot de plus et il aurait ce qu’il voulait. Il me verrait plus bas que Terre. Il m’aura fait toucher le fond. Il avait réussi. Je me refermais complètement sur moi-même.

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MessageSujet: Re: Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ   Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ EmptySam 21 Avr - 18:12


Tenant fermement le bras d'Ella dans sa main, Mattia attendait, les yeux rivés sur elle. Plus rien autour d'eux n'existait. Juste lui et sa colère aveuglante. Même Ella n'était réduite qu'à une simple chose, même plus un être humain. Même plus sa petite amie. Ou son ex-petite amie. Qu'elle ait les larmes aux yeux, qu'elle faiblissait, il n'en avait rien à faire. Son nombril était le seul centre du monde. Égoïste. Têtu. Violent. Jamais il ne s'était montré avec autant de défauts devant le visage d'Ella. Mais qu'importe. Ils venaient de faire une connerie ensemble. Et comme à chaque faute qu'il faisait, il s'en voulait. Terriblement. Au point de ne plus se contrôler, au point d'en vouloir à la terre entière, au point de se laisser aller. N'ayant plus aucune limite sur lui-même, il se montrait sous son véritable jour, celui d'homme des cavernes; rustique, sans limite, essayant juste de sauver sa peau.

Un proverbe dit qu'entre l'amour et la haine, il n'y a qu'une seule frontière. C'est vrai. Il suffisait juste d'une petit coup de pouce pour basculer d'un amour sincère à une haine profonde. Parce que oui, là, il pouvait le dire, mais il la haïssait Ella. Il haïssait celle qu'il aimait appeler son Ella. Il la haïssait d'être si franche. Il la haïssait d'être si fertile. Il la haïssait de devoir lui faire subir ça. Et en même temps, il se haïssait lui-même; parce qu'il s'était fait avoir, parce qu'il était si bon coureur, parce qu'il était si effrayé. Mais tout ça ni changeait rien. Il n'ouvrait pas les yeux, les laissant bloqués derrière un déversement de colère. Parce qu'être bloqué dans une colère, c'est cent fois mieux. Ca vous protège. Ca vous empêche de voir le mal que vous faites. Ca vous soulage. Serrant son bras compulsivement, il ne se rendait pas compte qu'elle avait mal. Il venait déjà grâce à sa langue de vipère de la clouer sur place à l'aide de quelques mots vénéneux. « Lâche-moi. » souffla-elle. Mais non, non, il ne la lâcherait pas! Pas tant qu'elle ne lui aurait pas répondu, pas tant qu'elle ne l'aurait pas réconfortée, pas tant qu'il ne saurait pas qu'il pouvait dormir sur ses deux oreilles tranquille. Après oui, il la lâcherait sans soucis. Il la laisserait reprendre le cours de sa vie, sans lui. Après. Sans soucis.

Mais porter tout ça sur son dos quand on a dix-sept ans, c'est de trop. A dix-sept ans, on est frêle, on risque de s'écraser sur le sol, incapable de se relever sous la charge de notre fardeau. Mattia essayait comme il le pouvait de rester debout, de tenir le plus longtemps possible. Et pour ça, il fallait qu'il ait l'impression de gérer. Pour qu'au moins une fois, il n'ait pas l'impression que la terre entière lui lance des coups de poignard dans le dos. Non, cette fois, c'était lui qui les lançait ces coups. Lui sur Ella. Lui sur elle. Lui sur la fille qu'il avait aimé, sur la fille qu'il aimait encore. « Pas avant que tu m'aie répondu. » Et cette fois, dans un geste plus doux, il s'était rapproché de la tête de la jeune fille. A quelques centimètres d'elle, il lui avait insufflé ces mots. De cette proximité, la menace se faisait plus oppressante. mais ce n'était pas son intention première. Collé presque contre elle, il sentait son cœur battre à la chamade. Le sien suivait le même tempo, cognant dans sa cage thoracique, heurtant ces parois si rapidement qu'il avait l'impression que ses côtes allaient exploser en mille morceaux. Comme une bombe. Mais qu'elles explosent ! Qu'il crève comme ça, là ! Qu'il s'en aille ! De toute façon, son espérance de vie était à l'heure actuelle réduite.

Il souffla un coup. Il ferma les yeux un instant. Tentant de se reconcentrer. Tentant de se calmer. Il fallait que sa respiration haletante cesse. En ouvrant de nouveau les yeux, il la vit, Ella, les yeux baissés. Son Ella. Morte écrasée sous le poids de ces mots. Effrayée par sa colère et ce truc dans son ventre. Fatiguée par tout ça. Mais il ne la lâcha pas pour autant. « Ella,.. » Il voulait qu'elle parle. Il voulait juste l'entendre dire « oui ». Ou un simple « ok ». Ou juste un hochement de tête. Qu'elle parle par des mots ou par des gestes, qu'importe ! Mais il voulait juste qu'elle s'exprime. Serrant encore plus fortement son bras, il ajouta « Juste un Ok me suffit!.. ». Et dans un élan désespéré, il lâcha un « S'il te plait ». Son regard sur elle, il essayait de croiser le sien. Impossible. Ella, je t'en prie. Je t'en prie. Je t'en prie. S'il te plaît, Ella. Désespéré, il espérait qu'elle pouvait faire au moins un geste pour lui, juste un. Lui qui ne l'aidait en rien. Lui qui ne faisait aucun geste pour elle. Lui qui ne faisait que l'enfoncer un peu plus..
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Ella B. Clarke-Jarvis
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MessageSujet: Re: Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ   Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ EmptyDim 22 Avr - 0:49

Il me faisait mal. Physiquement. Mentalement. J’avais mal à ce bras qu’il serait si fort. J’avais mal au ventre. La faute à cet enfant. J’avais mal au cœur. La faute à son venin. Je voulais partir loin de lui. Loin de cette terre. Changeait de nom et fuir. Je voulais être lâche. Choisir la facilité. Arrêter de verser des larmes. Je voulais m’écraser au sol. Dormir mille ans. Mourir sur place. Oublier le temps. Oublier les gens. Je n’avais plus envie de me battre. De rester debout. De me montrer forte. Ce n’était pas comme dans une compétition de natation. Là, je ne concourais pas pour la première place. Je n’avais pas à être parfaite. Là je devais me battre pour continuer à vivre. Pour ça je devais marcher la tête haute. Tout encaisser sans rien dire. Exécuter sans broncher. Pleurer en silence. Alors, non, je n’avais plus la force. Ni le courage. J’avais envie qu’on m’achève. Que la douleur atteigne son apogée. Et qu’enfin je m’éteigne. Je voulais souffrir jusqu’à ne plus rien ressentir. Je voulais tout un tas de choses que je n’avais pas. Alors que j’offrais à Mattia le spectacle de ma décomposition. J’offrais à Mattia le chef d’œuvre qu’il cherchait à voir. Et lui ? Il n’était même pas fichu de me lâcher. De m’accorder un peu de répit. De me laisser souffler. De m’épargner une douleur supplémentaire. J’étais son pantin. Son jouet désarticulé. La poupée qu’on vole à une petite fille. Celle dont les garçons arrache la tête. Je n’étais même plus une personne pour lui. Qu’un stupide sac dans lequel il pouvait frapper. Mesurer sa force. Et l’impact de ses mots. Je n’étais plus rien.

Je sentais son souffle court sur mon visage. Je lui en voulais tellement de me tenir prisonnière. De délivrer toute sa force sur moi. Comme s’il avait besoin de se sentir supérieur. De me prouver qu’il pouvait me forcer à tout. Me faire plier sur n’importe quoi. Que je ne m’appartenais plus. Que je n’étais même plus une personne. Que je m’étais doucement faite avoir. Par l’homme que j’aimais. Et que j’aime toujours. J’allais m’écrouler. Ce n’était qu’une question de temps. « Pas avant que tu m'aie répondu. » Et il voulait que je lui dise quoi ? Que j’allais faire l’impossible ? Prouver par A+B à la Terre entière que ce n’était pas lui le père ? Mais, putain ! Il ne fallait pas être con pour comprendre que tout le monde nous avait vus ensemble. Que même avec tous les efforts du monde, tout le monde n’y croirait pas. Il s’était rapproché de moi. Doucement. Mais, ça ressemblait tellement à une menace. Il m’écrasait un peu plus. Il me dominait un peu plus. Et mon cœur s’emballait affreusement. Il semblait se déchirer en moi. Se cogner contre les côtes. Devenir fou. Il demandait à sortir. Et je mourrais d’envie d’exhausser son vœu. Mais, il était prisonnier. Tout comme moi. Un cœur prisonnier par l’amour. Un corps prisonnier par les gestes.

Il ferma les yeux. Un instant. Je baissais les miens. Comment pouvais-je encore lutter ? Pourquoi j’essayais de me montrer si forte ? Ça n’avait aucun intérêt. J’allais sombrer. Tout ou tard. En luttant, je ne faisais que retarder le moment échéant. « Ella,.. » Je ne relevais pas les yeux. Je n’avais pas envie de l’affronter. Ni même de lui répondre. Les mots étaient bloqués dans ma gorge. J’étais blottie dans mon silence. La seule chose qui me protégeait. Je ne voulais plus parler. Plus dire le moindre mot. Je m’étais complètement refermée sur moi-même. Il sera mon bras encore plus fort. M’arrachant une grimace. Je gardais les yeux rivés sur le sol. « Juste un Ok me suffit!.. » Je ne daignais toujours pas à le regarder. Ni à lui répondre. Il me faisait chier avec sa connerie. Il pouvait bien se débrouiller tout seul là-dessus. Réfléchir un peu par lui-même. Comprendre que je n’étais pas aussi ignoble qu’il voulait bien le croire. Que je n’avais pas l’intention de le crier sur tous les toits. Mais, que tout se savait à Arrowsic. Comprendre que moi je ne voulais pas le détruire. Ni lui ni sa petite vie bien tranquille mais, qu’il y aurait forcément des rumeurs. Il n’avait qu’à réfléchir. Comprendre que je ne serais pas à la source de tous ses malheurs. « S'il te plait » C’était à moi qu’il disait ça ? Après toutes les saloperies qu’il m’avait lancées ? Comment osait-il ? Il n’avait rien à attendre moi. Il m’avait rayé de sa vie. Je n’existais plus pour lui. Je n’étais même plus une personne à part entière. Alors non ! Il n’avait rien à me demander ! Rien du tout. Et il n’y avait pas politesse qui tienne. Il ne pouvait pas me demander de faire quelque chose pour lui. Pas après tout ça. Je me mettais à trembler. Les larmes venaient d’inonder mes joues. Je ne tenais plus. Il m’avait donné le dernier coup. Il avait gagné la partie sans difficulté. Je fuyais son regard alors que le mien était rempli de larmes. J’étais honteuse. Trop honteuse. Trop énervée. Je n’avais même pas le courage de lui dire débrouilles-toi comme tu veux. Je ne voulais plus parler. Je ne pouvais plus. Et pourtant dans un dernier effort, je le regardais dans les yeux. Tant pis pour les larmes. Je voulais qu’il sache qu’il n’aurait pas d’autres réponses. Qu’il allait avoir celle-là et qu’après je me barrais. Qu’il n’avait pas le choix de se tenir à ce qu’il m’avait dit. « Réfléchis… ». J’avais soufflé ces mots. Réfléchis Mattia. Essaye de te souvenir qu’avant ça j’existais. Que même si aujourd’hui je ne suis plus rien, je ne changerais pas mes valeurs.

Je récupérais mon bras. Un peu de force. Peu importe. Je partais en courant. Les larmes troublaient ma vision. Mais, je courrais. Je voulais rentrer chez moi. J’allais le faire. Je n’irais pas en cours. Ni cette après-midi. Ni demain. Ni même après-demain. Je ne voulais plus jamais y retourner. Je ne voulais plus prendre le risque d’avoir à l’affronter.

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Mattia Jarvis
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MessageSujet: Re: Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ   Usé par les chansons d'amour, fatigué des larmes. Ҩ EmptyDim 22 Avr - 16:17

S'il te plaît. Trois mots ignobles dans cette situation. Mais trois mots importants. S'il te plaît. Comme si sa vie en dépendait, comme si tout ce qu'il espérait, après l'avoir blessée, tuée à coup de mots poignants, c'est qu'elle lui dise que ce n'était pas grave, qu'elle ferait tout pour lui. Il rêvait. Mais il rêvait fort. En somme, l'hôpital qui se fout de la charité. Et il croyait dur comme fer qu'elle allait lui répondre.

La tenant toujours par le bras, il attendait. Il attendait une réponse qui ne viendrait jamais. Cause perdue. Mais elle, elle restait là, devant lui, sans rien oser faire. Oser dire. Son corps entier tremblait. Et d'un coup, des larmes vinrent inonder ses joues. Son regard se posa dans le sien, et elle souffla alors un « Réfléchis… ». Mais réfléchis à quoi putain? A quoi est-ce qu'il pouvait bien penser? Ils étaient ensemble, et les gens croiraient qu'il était forcément le père. C'était ça ce qu'elle voulait dire? Oui, et alors? Qu'est-ce que ça changeait? Ils étaient dans une société différente d'il y a quelques dizaines d'années. Les filles infidèles, ça existe, il y en avait plein le lycée. Elle n'avait qu'à se faire passer pour l'une d'entre elle! Qu'importe, qu'elle invente une histoire ! C'était largement faisable.. A une soirée, elle aurait pu rencontrer un autre type. Et lui, il serait le dindon, celui qui aurait été cocu, celui qu'il aurait fallu plaindre. Et puis comme ça, avec cette histoire, les gens auraient quelque chose de bien à se mettre sous la dent..

Le regard toujours rivé sur lui, Ella força alors; Mattia laissa son bras s'échapper de sa main. Trop surpris de sa réponse. Trop perdu. Trop dans ses pensées. Elle lui tourna aussitôt le dos, et Mattia tenta de la rattraper. Il fit un geste en avant, mais sa main se referma sur du vide après l'avoir frôlée. Ses yeux scrutèrent la jeune fille, il la vit partir en courant, secouée par moment de spasmes. Et là, là, il eut mal. Mal de la voir comme ça. Mal de la voir tremblante. Mal de la voir pleurant. Mal de la voir partir loin de lui.

Et lui, il était là, debout devant une rangée de casiers, incapable de bouger le moindre petit pouce. Il ne se mit pas à courir derrière elle. Il aurait dû le faire, mais les émotions qui le tiraillaient coulaient le long de ses jambes, le plantant là, l'enracinant. Incapable de bouger. Incapable de réagir. Sa tête fit quelques hochements de droite à gauche. Il perdit rapidement la jeune fille de son champs de vision, lorsque celle-ci vira sur la droite. Il rageait, pestait. Contre elle. Contre lui. Il se retourna, et dans un grand élan, son poing vint s'abattre sur le dos d'un casier. La taule vrilla. Le bruit strident qui s'en suivi allait faire exploser ses oreilles. Haletant encore, il se maintint quelques secondes comme ça, le poing dans le casier, avant de poser son dos contre le mur. Après un dernier regard vers l'endroit où Ella avait disparu, il descendit doucement, finissant par s'asseoir sur le sol, face à cette porte où derrière, des dizaines de jeunes s'amusaient avec des poupons.

Il les enviait. Bien qu'il ait tout fait pour quitter ce cours, il les enviait d'y participer. Eux, ils étaient là, à regarder leurs poupons pleurer. Ils les observaient, les berçaient. Ils riaient. Amusés par ce jeu d'enfant, pourtant si proche d'une vie d'adulte, ils devaient se vanner. T'as vu? Il a ton nez.. et tes yeux, regarde! Pauvres imbéciles! Pauvres chanceux! Votre vie d'ado, à vous, elle n'allait pas s'arrêter là. Vous allez rentrer chez vous, avec ce gamin dans les pattes, il va vous en faire voir de toutes les couleurs pendant trois jours, mais au moins, vous allez bien rire. Et dans trois jours, ce sera fini.. Et puis, quand il ne vous embêtera pas, quand il ne pleurera pas, vous allez aller devant l'ordinateur, vous allez vous connecter à facebook, vous allez rire de toutes ces conneries. Quand vous en aurez fini avec l'ordinateur, vous irez vous coller devant la télévision, à vous demander quel programme regarder. Une télé-réalité? Non, peut-être bien un jeu télévisé.. Putain mais quel choix vous aurez à faire!! Mais quel choix !! Et quand vous en aurez marre, vous sortirez; vous irez voir un pote, vous irez en chercher un autre, et vous irez boire un coup tous ensemble. Et le pire dans tout ça, c'est que vous ne vous rendrez pas compte que vous avez de la chance, que vous menez une vie de rêve.
Lui, il venait de blesser Ella. Au plus profond d'elle-même. Tout simplement, parce qu'il n'avait pas réussi à se contrôler et à réagir comme un adulte. Et elle, là, elle pleurait. Elle pleurait, et il était incapable d'aller la voir, malgré le remords qui empoisonnait son sang à cette heure-ci. Parce que malgré tout, il avait envie de la consoler mais aussi de lui faire du mal. Parce que malgré tout, il avait envie de la faire sourire mais aussi de la faire pleurer. Parce que malgré tout, aujourd'hui, il l'aimait et la détestait.

Ruminant tout ça, Mattia resta là, assis sur le sol, ses bras sur ses genoux, à côté des casiers. Le regard perdu dans le vide. Sa main sur son front. Il s'en voulait. Terriblement. C'était elle qui portait ce fardeau, et lui qui trouvait encore le moyen de se faire passer pour une victime. Il lui demandait l'impossible, quitte à se faire passer pour une fille qu'elle n'était pas. Mais en même temps, il lui en voulait tellement d'être tombée enceinte, et de le lui avoir annoncer ça!! Le dos contre le mur, Mattia resta longtemps comme ça. Il n'alla nul part. De toute façon, il n'avait nul part où aller.


THE END
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