this one girl in her aquarium ; lux s. livingston

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LUX (SILVER) LIVINGSTON

« be yourself. everybody else is already taken. »

NOM: Livingston ⊰ PRÉNOM: Lux⊰ ÂGE: dix-huit ⊰ ORIGINES: parents américains, elle a vécu en Angleterre, dans divers Etats des USA, en Nouvelle-Zélande, en Australie et même quelques mois au Japon. ⊰ MÉTIER/ÉTUDES: étudiante en lettres modernes ⊰ STATUT CIVIL: célibataire ⊰ CRÉDITS: // ⊰ AVATAR: emily browning

please, tell me your story.
i’m listening.

PERE- « Tu le sais, on te l’a déjà dit : nous allons nous installer dans cette petite ville et, cette fois-ci, nous y resterons. Ta mère et moi avons trouvé cette jolie maison, nous aimerions te la faire visiter. »

MERE - « Ce sera plus facile, plus calme pour tout le monde et nous aurons un beau jardin. Il y a même une pièce qu’on aimerait te laisser en plus de ta chambre. Pourquoi pas une bibliothèque pour tes livres ? »

LUX- « Oui… Je veux bien. D’accord… Où ce sera, cette fois ? »

MERE – « Arrowsic, dans le Maine ! Tu verras, ça va te plaire. C’est convivial et intime. Ce n’est pas très animé mais on pourra être entre nous. Enfin. Nous avons réussi à découvrir des opportunités là-bas. Oh, tu verras, la maison était tellement jolie qu’on a voulu tout faire pour pouvoir y emménager… »

Pourquoi avoir pris tant de précautions pour annoncer cette nouvelle ? Tout simplement parce qu’ils se le devaient et cela même si c’était inutile parce que, au fond, c’était ça qui les faisait se sentir parents. Mais, au final, il n’y avait eu aucun effet, rien ne semblait perturber Lux. Elle était comme une image, ou une statue, ou toute création figée ; où qu’on la plaçait, elle était constante. Et elle en avait fait des lieux, des villes et des pays. Tout cela faisait le bonheur de ses parents. Depuis douze ans, elle était leur parfaite petite fille, une perle perdue dans l’océan des problèmes que les enfants croient se devoir de causer à leurs parents. Une gamine simple, curieuse et sans excès depuis le départ. Pour une enfant vivant dans une famille où le manque ne se faisait jamais sentir, elle était bien loin des stéréotypes. Pas d’enfant gâté si ce n’est par des montagnes de livres, et tellement loin d'avoir été pourrie par la vie. Elle n’avait jamais semblé souffrir de leurs absences et horaires invivables. C’était ses parents qui avaient craqué, après tant d’années passées à enchaîner des missions toutes plus prenantes les unes que des autres dans leurs domaines respectifs, à vivre parfois séparés, déménageant toujours et s’installant régulièrement dans des hôtels tant ils savaient qu’ils ne resteraient pas. Là, ils parlaient d’acheter. Ils voulaient retrouver – ou, au moins, trouver - leur famille. L’expérience s’annonçait merveilleuse.

La maison était aussi belle qu’on l’avait annoncé. Un peu en retrait par rapport à la ville, elle avait largement de quoi accueillir les trois Livingston ainsi que quelques amis. On avait promis de leur rendre visite mais on leur laissa quelques mois pour s’installer, être entre eux. Le père se mit enfin à la cuisine et inventa quelques recettes dont certaines laissèrent un goût amer et a mère fit et re-fit la décoration avant de changer d’avis. Quant à Lux, elle eut sa bibliothèque et en fit, bien plus que sa chambre, son repaire. Pour la première fois, elle débarqua dans un établissement scolaire avec la perspective d’y rester. Enfin, à vrai dire, elle n’y croyait pas trop. Ce n’était pas dans les habitudes de ses parents, ça allait certainement leur passer. Dans tous les cas, cela lui était égal et jamais elle ne fit une seule remarque à ce sujet. Elle s’entendit bien avec ses camarades mais elle préférait ses livres qu’elle ouvrait dès que la récréation débutait. Avec eux, le temps passait vite. Il y avait en elle ce besoin de faire couler les minutes. Avec tout cela, elle ne se rendit jamais vraiment compte que, oui, finalement, elle était bien restée.

Les années ont filées jusqu’à aujourd’hui. Je suis bien désolée de ne rien avoir de particulier à vous raconter. Mais vous n’auriez qu’à écouter ses camarades pour savoir ce qu’il en est réellement de Lux : elle n’est pas intéressante. Ou peut-être est-ce un peu trop vite parler… ? Ses parents se rendirent assez rapidement compte de son côté solitaire. Ils pensèrent que c’était une habitude qu’ils lui avaient donnée mais ça ne lui passa pas. Alors, pendant quelques secondes, ils crurent à la timidité de leur fille mais Lux était avec eux la même qu’avec n’importe qui, un étranger compris. C’était bien cela le problème, voilà quelques années qu’ils savent : leur fille est bien trop introvertie. Littéralement, elle vit dans son monde. Elle n’a jamais ramené d’ami à sa maison, n’a jamais semblé être attachée à une personne plus qu’à une autre. Pourtant, tout le monde l’apprécie. C’est juste que rien ne va jamais plus loin avec elle, elle ne partage pas. Elle est « pas intéressante », c’est bien ça. A eux même, ses parents, elle n’a jamais dit qu’elle les aime. Mais les années l’ont révélée brillante, ouverte au monde et équilibrée. Ils peuvent bien s’accommoder de ce trait. Surtout avec la procédure de divorce… Oui, ils divorcent. Ce n’est la force de personne ou alors cette faute est partagée. Le temps a eu raison d’eux, peut-être aussi que cette vie statique y est pour quelque chose. Le bricolage, la peinture, la décoration, le jardinage, la cuisine… Tous ces hobbys ont fini par être épuisés et ils se sont retrouvés face à face. Ca n’a pas marché.

A aujourd’hui dix-huit ans, Lux n’a rien vu de sa vie. Ses livres lui ont pourtant fait voir apercevoir mille choses, son esprit aussi. Des choses dont elle croit avoir déjà fait le tour mais qu'elle n'a pourtant jamais approchées. Et toutes ces choses, ces idées qui gravitent en elle et ne sortent jamais. Elle s'est enfermée dans son propre monde, par inadvertance, sans s'en rendre compte. Parfois, lorsqu’elle compte les années, ça lui fait un peu peur. Pas de la peur qui prend au ventre, elle se demande seulement si c’est ça que ça fait d’être vivante. Il y a cette terrible évidence : elle ne ressent rien.

(oui, c'est un peu court mais l'histoire de Lux est l'histoire de la passivité alors il n'y a pas grand-chose à vous raconter ; je vous ai laissé l'essentiel)