Cela faisait un mois que j’étais arrivée dans le joli petit endroit qu’est Arrowsic. Je m’intégrais peu à peu à la ville, faisant de nouvelles rencontres au fur et à mesure et autant vous dire que je me plaisais vraiment ici. Seulement au fil du temps j’avais écarté un peu la véritable raison de ma présence ici. Je souhaitais retrouver mon frère jumeau et pour le moment je n’avais entrepris que très peu de démarche à ce sujet. C’est pourquoi il y a de ça quelques jours j’ai demandé à Roman s’il connaissait un certain Joaquin ici et si c’était le cas, s’il pouvait me dire où je pouvais le trouver. Heureusement pour moi Roman le connaissait, en même temps dans cette ville tout le monde connaît tout le monde, du moins c’est ce que j’ai cru comprendre en arrivant ici. Roman m’expliqua donc que Joaquin travaillait au garage de la ville. Je fus plutôt amusée en voyant que cette question semblait déranger le jeune homme. Était-ce de la jalousie ? Je ne savais pas vraiment, mais en tout cas ça y ressemblait étrangement. Pourtant il n’avait absolument rien à craindre au sujet de ce Joaquin puisque c’est mon frère, mais ça il ne le sait pas encore, personne ne le sait en fait ! Sauf moi. De toute façon je ne comptais pas en parler à qui que ce soit avant que Joaquin soit au courant, après tout c’est lui le principal concerné, les autres finiront par l’apprendre d’une façon ou d’une autre. Maintenant que je savais que Joaquin est bel et bien dans cette ville et où il travaille je n’avais plus vraiment d’excuse pour ne pas aller le trouver. De toute façon je devrais le faire un jour ou l’autre et repousser le moment ne faisait qu’empirer les choses.

C’était lundi lorsque je me décidais enfin à aller lui rendre visite. J’avais travaillé toute la journée comme une folle au cabinet pour pouvoir partir une heure plus vite. J’avais décidé que j’irais à sa rencontre quand il sortirait du travail. Ne sachant pas exactement l’heure à laquelle il est censé terminer j’avais compté large en supposant que ce serait vers les 17 heures comme c’est le cas pour beaucoup de gens. Si je devais attendre deux heures tant pis, j’attendrais ! Je ne voulais certainement pas le rater, maintenant que je m’étais décidée à le rencontrer il fallait que mon plan fonctionne sinon je ne savais pas du tout quand est-ce que je trouverais le courage de recommencer. Je sortais donc du travail plus tôt que d’habitude et me rendait en direction du garage d’Arrowsic. Je m’asseyais d’abord sur un banc en face de son lieu de travail, puis je faisais des allers et retours dans la rue. J’étais stressée, je me levais, je m’asseyais sans arrêt ! Dans ma tête je pensais aux différents scénarios qui pouvaient se passer. Je réfléchissais à la façon dont je pourrais lui dire les choses. Ca n’allait pas être facile, découvrir qu’on a une sœur jumelle ce n’est pas une nouvelle qu’on entend très souvent. Pourtant il faudra bien que je le lui dise d’une façon ou une autre. Après avoir réfléchis pendant quelques minutes, j’en étais arrivée à la conclusion qu’il n’y a pas vraiment de bonne façon pour annoncer une chose pareille et que je verrais bien sur le moment comment ça se passerait. Ce qui me faisait peur à présent c’était la façon dont il allait réagir et s’il se mettait à me hurler dessus, à me dire qu’il ne voulait pas me voir ou je ne sais pas quoi. Je me doutais bien qu’il n’avait pas dû avoir une vie facile lui non plus, enfin du moins je le supposais mais en réalité je ne savais rien de sa vie. Je n’avais posé aucune questions à ses parents adoptifs à ce sujet, tout ce que j’avais voulu savoir c’était où il se trouvait ! J’aurais tout le temps de découvrir sa vie une fois qu’il saura la vérité, pour autant qu’il veuille encore me parler après ça. Je finis par me lever une toute dernière fois de mon banc en me disant que je devais arrêter d’être parano et qu’il n’allait sûrement pas réagir comme je l’imagine. Je tournais la tête vers l’entrée du garage et c’est à ce moment-là que je le vis sortir. C’était lui j’en étais persuadée. Un petit sourire s’étira sur mon visage, j’avais retrouvé mon frère jumeau. Je m’avançais gentiment dans sa direction, je ne me posais plus aucune question, mon but pour le moment était simplement d’engager la conversation. Une fois arrivée à sa hauteur je lui demandais. « Joaquin, c’est bien ça ? » Ce n’était peut-être pas la meilleure façon de l’aborder, mais c’était la seule que j’avais trouvée sur le coup. Je le fixais droit dans les yeux et je ne pouvais m’empêcher d’afficher un petit sourire. J’étais tellement contente de l’avoir trouvé et en le regardant je remarquais certains traits et certaines expressions de son visage qui sont comme les miennes, ce qui me faisait encore plus sourire. J’attendais sa réponse en continuant de le détailler du regard de la façon la plus discrète possible, je ne voulais pas qu’il se sente trop regarder non plus, surtout que je suis une totale inconnue à ses yeux.