Allongée dans mon lit, je scrutais le plafond. L'obscurité régnait dans la chambre. Cela faisait un moment que le réveil avait sonné mais l'envie de me lever me manquait. Je n'avais ni la force, ni le courage. Je voulais rester là, allongée dans le lit, à regarder le plafond, en me ressassant quelques souvenirs insupportables. Je fermais les yeux. Plusieurs visages se dessinèrent sur mes paupières. Ces visages défilaient à une allure qui me faisait peur. Je ressentais le besoin de parler à ces visages qui, peu-à-peu, disparaissaient jusqu'à ne plus laisser une seule trace. Je rouvris les yeux, laissant glisser ma main le long de mon corps. Elle se laissa glisser sur le côté. Personne. Non, il n'y avait que moi. Je soupirais. Je restais assise sur le lit, jouant avec mon pendentif. La lumière du soleil tentait désespérément d'entrer dans la pièce mais les volets l'en empêchait. Je me levais avec dégoût, les ouvrant afin de laisser entrer cette lumière. Marre de cette obscurité ! J'avais besoin de couleur dans ma vie ! Je laissais la fenêtre entrouverte afin de laisser passer l'air. J'observais indéfiniment mon reflet dans le miroir. Je me tournais afin d'être de profil... Je me rendais alors compte que, plus le temps passait, plus cette chose à l'intérieur de moi grandissait. Cela allait faire un mois, un mois que je la portais, un mois que j'avais tout perdu à cause de mes putains de conneries ! Je m'effondrais sur le sol, plaquant le dos contre les pieds de lit. Je pris ma tête entre mes mains, ne cessant de m'insulter de tout et n'importe quoi. Je n'arrivais plus à me supporter, je n'arrivais plus à éprouver ne serait-ce qu'un brin d'estime pour moi-même. Doucement, je relevais la tête, j'attrapais mon portable et je prévenais mon absence d'aujourd'hui à l'hôpital. Inventer une excuse. De toute manière, j'étais bonne qu'à ça, inventer quelque chose, dire des mensonges. De toute manière, à chaque fois que j'essaye d'être sincère, on me le reproche et je perds tout... Oui, absolument tout... Je regardais à nouveau le miroir en face de moi. A côté de mon reflet se trouvait une autre personne. Je clignais des yeux, passant mes mains sur ceux-ci. Je devais rêver. Je me levais pour mieux voir cette personne. « Alessandro ? » dis-je en retenant mon souffle. Je m'approchais du miroir, posant ainsi une main sur celui-ci. Son reflet m'adressa un sourire. C'est pas possible, j'étais en train de rêver, il ne peut pas... Je reculais, méfiante. Je me rassis sur le lit, secouant la tête. Moi et ma foutue imagination ! Je fermais les yeux en répétant tout haut : « Vas-t-en ! » Vous devez sûrement me prendre pour une folle mais il arrive que les plus vieux fantômes de votre passé réapparaissent. Il m'arrivait de le revoir, de lui reparler mais il fallait que j'arrête ça ! Alessandro était mort et même si ça faisait mal, il fallait que je m'y fasse. Me l'imaginer un peu partout n'arrangera absolument rien. Je chassais cette image au fond de mon esprit, tentant de la faire disparaître. Je rouvris les yeux. Mon regard se dirigea directement vers le miroir. Il n'était plus là, il était partis... Je soupirais de nouveau. Je savais pas ce qu'il m'arrivait mais ce qui était sûr, c'est qu'il fallait que je sorte d'ici, de cet appartement aux mauvais souvenirs. Il fallait que je me change les idées, il le fallait, cela devenait primordiale ! Au fil du temps, si ça continuait ainsi, j'allais vraiment perdre les pédales. Je ne pris même pas le temps d'avaler quelque chose, je n'avais pas faim puis je n'en avais pas envie. Normalement, une femme enceinte mange tout le temps, ce qui n'est pas faux, mais l'image de mon jumeau dans le miroir m'avait totalement coupé l'appétit. Je sautais directement dans la douche, essayant de penser à quelque chose d'autre. Mais automatiquement, si je ne pense pas à Alessandro, c'est à Edward et à ma connerie avec Tyler. Bon sang, j'avais vraiment besoin de sortir, de voir du monde, de changer d'horizon. Séchage en moins de deux secondes, j'attrapais un slim en jeans et un t-shirt simple noir avant de les enfiler. Je mis enfin des chaussures adéquates pour ce beau temps. D'un pas pressé, je repartis dans la salle de bain, histoire de faire au moins ma toilette. Vous savez, même si je suis enceinte, cela ne m'empêche pas de prendre soin de moi. Après tout, pourquoi se négliger même si votre moral est au plus bas ? Non, très peu pour moi. Je n'avais pas envie de passer pour une espèce d’Hermite sans aucunes raisons de vivres. Mauvaise mine, certes, mais un peu de fond de teint ferait l'affaire. Le maquillage rien de mieux pour masquer la vérité, ce qui est apparent. Certes, je n'en mettais pas trois tonnes, après tout, très peu pour moi le pot de peinture ! Je coiffais soigneusement mes longs cheveux bruns avant de les lâcher le long de mon dos. Je regardais une dernière fois mon reflet dans le miroir, tentant de sourire. Un sourire sincère et non mensongère. Soudainement, Alessandro réapparut. Bordel ! J'écarquillais les yeux avant de quitter la salle de bain. J'attrapais mon sac et je partais en courant. Quittant cet appartement qui avait perdu tout son charme, toute sa splendeur, toutes ses couleurs quand Edward avait passé le seuil de la porte. Quand il m'avait laissé, quand il m'avait quitté...
Les écouteurs dans les oreilles, je marchais. Je ne savais pas où j'allais, ni ce que j'allais faire, tout se que je savais c'était que j'étais enfin dehors et que, j'allais pouvoir enfin profiter du beau temps. Je tentais de garder la tête haute et de sourire à chaque passant qui m'accorder ne serait-ce qu'un brin d'attention. Parce que sourire c'était la clé du bonheur. Parce que sourire, c'était se sentir bien dans son corps, dans sa tête. Parce que j'avais besoin de sourire, j'avais besoin de me rassurer, de me dire que tout va bien alors que je sais que c'est le contraire. Parce que je n'aimais pas pleurer alors je tentais de ravaler mes larmes, ma colère en essayant de transformer ceci en un jolie sourire sincère. Au moins le soleil me réchauffait un peu. Il me partageait un peu de sa chaleur. Ce dont j'avais le plus besoin en ce moment. De la compagnie, de la chaleur, de l'attention. Être enceinte, vivre seule en se rongeant l'esprit d'une énorme erreur que vous avez fait n'était pas très sain pour le bien être et le bébé. Oui, ce petit être que vous devez porter neuf mois. Si je le gardais, cela allait être long, puis je porterais un enfant que je ne voulais pas, du moins, je ne voulais pas que le père soit le meilleur ami de mon copa...Ex-copain. Il fallait que je m'habitue ainsi si je ne le revoyais plus. En même temps, ce bébé je ne l'avais pas voulu et pourtant il est ici, logeant dans mon petit ventre. Je ne pouvais pas avorter, du moins, je n'en étais pas sûre... Même si je n'en avais pas voulu, il restait un être humain et je ne pouvais tuer ce petit être, je ne pourrais le supporter, cela me détruirait totalement. Bien qu'il soit aussi de Tyler, ce bébé était aussi ma chair, mon sang... Non, le tuer était au-dessus de mes forces... Je ne suis pas née pour tuer quelqu'un. Même si en y pensant ce bébé n'était que pour l'instant un embryon, je m'en foutais, il allait grandir et alors, il deviendrait un être humain. Impossible, jamais me demander des trucs comme ça. Je marchais toujours, en quête d'un endroit reposant, tranquille. Je m'arrêtais alors de marcher, en face de moi se trouvait sûrement l'endroit que je cherchais depuis quelques minutes déjà. Le parc. Je ne pouvais choisir mieux. J'allais pouvoir laisser mon petit esprit vagabonder un peu n'importe où ! Je continuais mon chemin jusqu'au parc. Je regardais autour de moi. Des arbres. Oui, de nombreux arbres et, ils n'étaient pas petits ! Quelques rayons de soleil persistaient et transperçaient les feuillages. Le ciel était bleu, on pouvait entendre chantonnaient les oiseaux. Ceci me fit sourire naturellement. Je continuais à observer ce qu'il se trouvait autour de moi. De jeunes couples, se promenant main dans la main, discutant. Ils avaient l'air heureux. J'eus soudainement un nœud qui serrait fort mon estomac et ma gorge. Partout où j'allais, il fallait automatiquement que quelque chose me fasse penser à lui. La vie voulait certainement me faire regretter mon foutu geste, ma foutue connerie, ma foutue erreur. C'est bon, j'avais compris ! Je pense que j'en souffre assez, non ?! Je secouais la tête, laissant ainsi flotter mes cheveux dans le vide. Ils retombèrent légèrement sur mes épaules pour complètement se poser sur mon dos. Quelque vînt se poser à mes pieds. Je baissais la tête afin de voir ce que c'était. Un ballon. Un ballon de foot sans aucun doute ! Je le pris entre mes mains. Deux petits garçons vinrent me voir. « C'est à vous ? » dis-je en leur adressant un sourire. Ils acquiescèrent automatiquement. Je faisais quelques petites passes avant de leur rendre. « Merci ! Vous voulez jouer avec nous Madame ? » Je les regardais, surprise de leur demande. Moi, jouer au foot ? Bon sang se serait la meilleure de l'année. Haussant les épaules, je réfléchissais. « Bon, j'ai un peu de temps à perdre, pourquoi pas, après tout, le foot c'est bien ! Par contre, je vous préviens, je suis pas une pro mais je me défends donc faites attention à vous. Venez pas pleurer si je vous mets la racler les gosses ! » dis-je en les taquinant un peu. Ils rirent, amusé de ce que j'avais dit, sûrement. J'avais sortis une bêtise, mais qu'importe ? Ils avaient trouvé un moyen d'échappatoire et, je ne pouvais refuser. Ils devaient avoir entre six, huit ans. C'est insouciant un enfant à cet âge là et, si naïve. Je me prêtais réellement au jeu. De plus, malgré leur jeune âge, ils m'apprirent quelques petites choses. Jouer avec eux m'avait amusé. C'est dingue, mais je m'étais pris d'affection pour eux. Leur mère les appela. De leurs petites mains ils me disaient au revoir. Je souris, totalement attendris par ceci. Alors c'est ça jouer avec des enfants ? Éprouver de l'amusement et en même temps se prendre à leur jeu ? J'avais aimé, sincèrement. Vous pensez que se sera ainsi avec mon enfant si je le garde ? Machinalement, je baissais la tête. Cette image d'une petite famille parfaite m'amusait. Je repris ma route, me promenant ainsi dans le parc. Admirant chaque recoins, observant chaque passants, je trouvais ça intéressant en fait. Je regardais un peu partout autour de moi. Profitant de chaque petits instants que je passais. Je prenais même quelques petites photos, comme ça, pour le fun... Alors c'est pour vous dire ! Tandis que je marchais d'un pas léger, ne regardant pas trop où je mettais les pieds, je bousculais légèrement quelqu'un. Je me retournais, levant ainsi la tête. Mon dieu, je me sentais honteuse et gênée. « Excusez moi, je n'ai pas fait exprès, je voulais pas vous... » Je m'arrêtais soudainement de parler, retenant mon souffle. Je venais de comprendre à qui j'avais affaire... J'eus plusieurs envies mais je n'arrivais pas à sortir ne serait-ce qu'un mot... Je restais là, immobile, face à cet homme. Je repris peu-à-peu mon souffle. « Edward... ? » lâchais-je, gênée et en étant un minimum surprise. Après tout, ça faisait quoi ? Pratiquement un mois que je ne l'avais pas vus... Je ne pensais pas que ça me ferait cette effet là, je ne pensais pas que cela me paralyserait de peur. Pourtant si, c'était ce qu'il venait de m'arriver. Réaction tout à fait normal si vous voulez mon avis...
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