Londres, Mai 1996. △

Tout avait brûlé, il ne restait qu'un nuage de cendres et des bouts de mur mourant dans leurs coins. Frôlant l'asphalte du bout de ses pieds nus, la fillette ne songeait guère au danger qu'elle courait en agissant ainsi. Qu'importe la douleur, les blessures, les bouts de verre, elle préférait s'époumonait en criant, à la recherche de vie, de sa mère, de son frère et de son père, en vain. À croire qu'elle était la seule survivante de ce désastre. À croire qu'il ne lui restait plus rien. Pleurant face au désastre qui l'entourait, des bras entourèrent le corps fragile et prit de spasme soudain de la fillette. Elle ne fit pas attention aux sirènes qui retentait dans la ville, préférant fixait les ruines de ce qui était sa maison à la recherche d'un mouvement, d'une présence. Puis plus rien. Rien. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle était allongée dans un lit d'hôpital. Seule. Le mutisme la paralysait, tant moralement que physiquement. Mais lorsque l'on se trouve à l'hôpital à l'age de huit ans, la solitude n'est que très peu envisageable et la petite tourna la tête vers la porte lorsque apparut une infirmière. Celle-ci lui expliqua en quelque mot la situation. Son père était dans le coma, sa mère et son frère en soin intensif suite à de graves brûlures. Un peu soulagée de savoir qu'elle n'était plus vraiment seule, elle dû subir néanmoins une séance de questions. Ce feu n'était pas un accident et ça, Sylia le savait très bien. Qui ? Lorsque l'on a un père volage et détourneur de fond,il faut s'attendre à avoir quantité d'ennemie. Sylia n'avait beau avoir que huit ans, elle l'avait compris. Le regard hagard et les yeux ronds, Sylia supplia l'infirmière de voir sa mère et son frère, ce qu'elle déclina gentiment à pelle de"si tu fais ça, tu pourras". La petite est intelligente, et rien que pour ça elle se plia aux volontés de l'infirmière et ceux durant plusieurs jours. De long et dur jours remplis de solitude et de tristesse, mais cela fut balayer en grosse brassée dès qu'elle posa le regard sur sa mère et son frère, bandaient. D'après le dire de l'infirmière qui l'accompagnait, ils avaient eu une chirurgie plastique pour soigner ces brûlures. Mais la petite brune s'en fichait, préférant se ruer sur eux deux, les enlaçait, les embrasser sur les parties non bandées. Elle n'était plus seule. Le pire était passé. Son père était décédé.

Arrowsic, Juin 1998. △

Deux années se sont écoulés depuis le tragique accident. Les traces du ou des protagonistes ont été retrouvé et il s'avérait que c'était un couple de gangsters, comme on aimait les appeler. La femme se sentait trahie par Holloway, elle qui lui avait donné son coeur, quant à l'homme se sentait doublement trahi. Il n'avait pas vu la couleur de son argent et en plus de ça on a voulu lui voler sa femme. La colère mélangée à la violence a donc donné naissance à cet incendie. Sylia, aussi surnommait Zazou - en rapport au Roi lion, dessin animé qu'elle affectionne, mais aussi à sa capacité de dire les choses, son intelligence et son désir d'évasion. Zazou, un surnom qu'elle assume pleinement - était partagée dans ses sentiments. Heureuse de voir son père, ce malfrat, ce goujat, disparaitre mais triste également de voir sa mère si démunie, si triste. Oui elle a appris l'histoire, mais rien ne changea ses sentiments. Sylia eut peine à comprendre ça, c'est peut-être ça la magie de l'amour ?

Après l'accident et des mois de convalescence, le reste de la famille Holloway déménagea à Arowsic. Ville de naissance de la mère de la jeune femme. Cette femme brisée voulait retrouver ses racines et ses parents, surmontait la peine en leur compagnie, fuir la ville, l'Angleterre, ce triste dénouement. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Zazou ne s'en porta que mieux. Au fond, elle avait toujours affectionné cet endroit calme et bienveillant, loin des tumultes de la ville accompagnée de leur locataire peu commode. Son frère lui le vivait plus difficilement, mais elle savait qu'il s'y ferait. Arowsic est un lieu magique. Presque deux années se sont écoulés et Sylia avait dix ans. La petite avait rapidement trouvé ses repères, une forme de bien-être intérieur. Son bien-être se voyait amplifier auprès de sa mère. Toujours intelligente, elle ne supportait pas de la voir dépressive et seul le fait de voir l'un de ses enfants heureux améliorait son état. Dans ce genre de situation il ne faut pas réfléchir, simplement agir. Arowsic était la solution-miracle tant pour la femme brisée, le fils déboussolé que la fille apeurée.

Arrowsic, Octobre 2004. △

Allongée sur son lit, une jeune fille écoutait la musique en lisant un bon gros roman, Trystan et Iseult. Le dévorant, lignes après lignes, pages après pages, la brune finit par se retourner sur le dos en soupirant. L'amour, le vrai était tellement beau, tellement enviant qu'on ne pouvait qu'y rêver également. Retirant d'un geste vif ses écouteurs, elle fixa le plafond et ce ne fut que sa mère, en bas, qui la tira de ses rêveries. Elle avait oublié, c'est vrai, mais ils avaient des invités ce soir pour célébrer l'installation de ce qui se rapprochait le plus d'un beau-père. Lui et son fils, âgé d'un an de plus que Sylia, venait d'emménager dans la demeure des Holloway. Cela ne chiffonna pas Zazou, elle était heureuse que sa mère ait retrouvé le bonheur auprès d'un autre homme qui semblait bien plus honnête et sincère que son géniteur. Quant à son fils, hormis son sexe à pile inégalable, il restait son futur demi-frère, un brin mystérieux et révoltaire. Descendant les marches à vive allure, la jeune fille se stoppa nette en se souvenant de ce qui arrivait ce soir. La soirée pour Halloween. Comment avait-elle pu oublier !? Continuant donc à de descendre les dernières marches, plus doucement cette fois-ci, la brune se tritura les mains, nerveuse à l'idée de capoter les projets de sa chère mère. « Mam... » « Laisse-moi deviner, une soirée est prévue pour ce soir ? » Coupa nette Alice Holloway alors que Sylia la fixait avec des yeux ronds et étonné. « Comment tu sais ?! » « Chérie, j'suis pas stupide, à seize ans c'est limite obligatoire d'aller à une soirée ce soir. Toi ton frère et le fils de Charly iraient ensemble. » Bouche bée, Sylia avait tendance à oublier que sa mère aussi avait été adolescente un jour et c'est tout sourire qu'elle l'enlaça en guise de remerciement. Se séparant de sa fille, Alice alla dans le sellier et rapporta un vêtement, un déguisement qu'elle offrit à sa fille qui ne fit que se rejeter dans ses bras en guise de remerciement, encore. Attrapant les deux autres costumes, elle se rua à l'étage et jeta les deux habits à son frère. « Pour toi et Timon » Répliqua t'elle alors qu'elle allait déjà dans sa chambre pour essayer le vêtement. Zazou, Timon et Pumbaa - Pumbaa est le surnom qu'elle donne à son ainé, pour l'embêter et Timon à son nouveau demi-frère, car Pumbaa sans Timon ba c'est plus Timon et Pumbaa (a) -.

La plupart danser sur le rythme endiablé de la musique, d'autres préféraient s'isoler pour discuter et d'autres encore, comme Sylia cherchait à se faire des frayeurs auprès des dispositions installer par les organisateurs de la soirée. Pas franchement peureuse, ce soir-là fut sa plus grande frayeur, elle qui est plutôt terre à terre vivra une grande aventure dans le cimetière. On lui avait lancé un défi, elle l'avait relevé et elle est persuadée que c'est ce soir-là qu'elle vit son premier fantôme. Assez terrifiant et glauque, elle se rua vers la sortie tapant plusieurs fois et frénétiquement le bras de l'un de ses amis. L'un d'eux, Parker, le plus plaisantin, le plus souriant et surement le plus simple avait tendance à lui faire de l'oeil et c'est ce soir-là qu'elle tomba dans ses bras, après l'avoir rué de coup à son tour. Charmeur, il n'avait pourtant jamais cherché à séduire Sylia et pourtant il avait rapidement conquis son esprit. Ce soir-là, elle l'embrassa pour la première fois, laissant place à une histoire qui durera que quelques mois. Parker est un charmeur je vous avais dit et charmer des filles est l'une de ses plus grandes passions. Première fois en couple, Sylia goûta donc aux joies de la jalousie et de la possessivité. Insoutenable, elle préféra mettre fin à cette idylle bien qu'à ce moment précis, devant le cimetière à disputer ses amis, Sylia ne le sache pas encore.

Arrowsic, Août 2008. △

La joie des études, du déménagement, d'avoir son propre appartement loin du domaine familial. Sylia put y goûter à ses dix-huit et y goûte encore, deux ans plus tard. Installé à Boston, soit à cent quatre-vingt-quatorze kilomètres de sa ville de prédilection, la brune étudie dans le pluridisciplinaire, afin de devenir, à terme, institutrice ou plus communément maitresse d'école. Adorant les enfants, leurs simplicités, le contact mais aussi apprendre, éduquer, il semblait logique de travailler dans ce domaine. Studieuse et ayant des facilités, elle n'eût même pas besoin de s'acharner au travail pour réussir ses deux premières années. Boston, malgré sa proximité, était trop loin du coeur de Zazou, coeur qui se trouvait à Arrowsic, sa ville, LA ville où elle comptait finir ses jours. Beaucoup la fuient, énormément y retourne, elle ne désire aucunement la quitter et ce n'est qu'à regret qu'elle le fit, pour ses études. La pénibilité de la ville se trouva néanmoins atténuée par la rencontre avec un homme. Pas étonnant me diriez-vous et pourtant celui-ci lui facilita la vie avec sa spontanéité, son sens pratique et sa gentillesse. Peintre amateur, il a pour but d'ouvrir sa propre galerie et l'admiration que porte Sylia à cet homme, Zayne, tant pour son courage et son talent fait que sa vie à Boston se voit réellement enjolivée. Bien qu'au départ elle était incapable de dire si elle avait des sentiments pour lui ou non, ce n'est que lorsqu'il frôla ses lèvres pour la première fois qu'elle comprit qu'il était plus qu'un simple ami. Bien qu'ils se connaissent depuis un an et demi, leur couple n'existe, lui, que depuis à peine un an et c'est sans hésitait qu'elle l'embarqua avec elle à Arrowsic, afin de le présenter à sa famille. Elle était sûre de son choix. Zayne serait le bon, son coeur en avait décidé ainsi.

Boston, Mai 2011. △

Ça aurait dû durer, ça aurait dû fonctionner et pourtant tout capota lorsqu'elle voulut tomber enceinte de lui. Ce n'était pas prévu et pourtant, elle qui voyait ça comme une bénédiction s'avérait être un enfer pour ce jeune peintre. Trop tôt, trop récent, ça ne pouvait pas fonctionner avec un bébé. Zazou entendait la chose d'une autre oreille et c'est après une énième dispute que le couple prit fin. Au fond, elle ne lui en voulait pas, elle comprenait son point de vue, mais la belle préférait mettre un terme à cette relation qui n'avait plus d'avenir à ses yeux. Sylia part du principe que lorsque l'on prend des chemins différents, rien ne sert de tenter d'avancer main dans la main si celles-ci ne se frôlent qu'à peine. La tristesse qui aurait dû la posséder ne laissa place qu'à une réelle nostalgie. Elle l'aimait, oui et c'est par amour qu'elle le libéra de tout engagement. Quelques jours après la séparation, elle le vit lui, Zayne, avec une jolie blonde à un café. Un pincement au coeur, Zazou en conclut qu'elle avait réellement fait le bon choix et c'est en essuyant une larme fuyarde qu'elle quitta Boston.

Arrowsic, Novembre 2011. △

Se levant du canapé pour se chercher un truc à boire, Sylia fut pliée en deux et hurla de douleur, son ventre lui faisait atrocement mal et voilà qu'elle se faisait dessus. Tombant de douleur par terre, sa mère se rua sur elle, ébahie par cette vision d'horreur. Hurlant sur Charly pour qu'il les conduise à l'hôpital, c'est seulement dix heures après que le verdict tomba : elle était maman. Comment cela fut possible alors qu'elle était plate comme tout ? Qu'aucun signes n'était apparus ? Déni de grossesse éluda les médecins et c'est Sylia qui en fut le plus surprise. D'après eux, le fait que son compagnon refuse de faire un enfant et que par la même occasion elle le vit avec une autre femme seulement quelques jours après leurs ruptures ont fait qu'elle ignorait ce qui lui arrivait. Néanmoins le petit Théo était bel et bien là et l'assumait fut plus facile que n'importe qui l'aurait pensé. Elle qui n'y croyait qu'à moitié était mère à vingt-trois ans et qui venait tout juste de commencer son métier en maternelle à Arrowsic. La vie lui avait réservé une belle surprise et Zazou l'avait accueilli les bras ouverts, avec ou sans père. Elle s'en sortirait.

Arrowsic, Juin 2012. △

Ça n'aurait jamais dû se passer comme ça, ça n'aurait jamais dû se finir comme ça, se déroulait comme ça, sa vie, son évolution. Elle qui n'avait jamais réellement connu l'amour se retrouve mère sans même comprendre et assimiler la chose. Voilà sept mois et demi que Théo a vut le jour, sept mois et demi de bonheur et de joie. Aussi étonnant que cela puisse paraître, elle adopta les attitudes de mère plus vite qu'elle ne l'aurait cru. Malgré son retour à Arrowsic et les conseils de ses amis et famille, Zazou n'a jamais voulu prévenir le fameux Zayne de la naissance du bébé, il ne l'aurait pas compris et au fond, comment l'en blâmais ? Qui aurait pu comprendre ça, cette situation ? Quoi qu'il arrive, il est clair, certain que c'était improbable mais que sa vie a pris tout son sens à la naissance de Théo. Théo, le seul homme en dehors de son frère et son demi-frère qu'elle aime vraiment. L'amour n'a pas l'air d'être son allié et finalement, c'est peut-être mieux comme ça. L'amour fait rêver mais aussi souffrir et même si des histoires, elle n'en a pas trop eu, il n'est pourtant pas exclu que les hommes entrant dans sa vie sont souvent des géniteurs de souffrance. Son père, Parker, Zayne, son frère en partant d'Arrowsic. Les hommes sont générateurs de problèmes et de souffrance et pourtant malgré tout, Sylia s'accroche au doux rêve de trouver un homme réel, gentil, sincère et fidèle un jour. Un homme aimant. Mais en attendant, elle donne tout à son fils, sa famille, ses amis et surtout ses élèves qui s'avèrent être l'espoir des années future...