Dans la vie, il y a trois types de personnes. Celles qui n’ont rien et finissent avec rien que l’on peut regrouper avec celles qui ont tout et finisse avec tout. Puis si t’as de la chance tu peux faire partie de ceux qui commencent de rien et finissent avec tout, mais il y en a d’autre comme Sybile, qui partent de tout et finissent avec rien. Et généralement, ce genre de revirement de situation, elle ne se fait pas du jour au lendemain, on ne la voit pas arrivé, sauf que le jour où l’on comprend que plus rien ne sera comme avant .. le réveille est difficile, douloureux. Et ça en grande partie parce que ce changement, ce n’est pas nous qui l’avons causé. Alors on ne peut pas se blâmer et blâmer dieu ou le destin serait chose ridicule. On s’enferme dans une bulle, une carapace, dans des ‘je vais bien’ qui sonnent faux mais dont tout le monde s’en fout. Apprendre à vivre de façon différente, mais changer de mode de vie revient aussi à se changer soi-même, et c’est peut-être ça le plus difficile dans l’histoire.
Passé du fils à papa aussi riche que crésus et finir sans diplôme, vendeur de glace dans un centre commercial pourrit, avec un patron minable et un salaire de paysan .. Quand on a connu la richesse, le confort, la sécurité et le sentiment d’être quelqu’un et que du jour au lendemain on vous enlève tout ça, se reconstruire est chose impossible.




« On la tient en vie artificiellement M. Campbell mais .. ne vous construisez pas d'espoir, la chance de la voir se réveiller est infime. »

Qu'est-ce que c'était censé signifier ? Rien. Rien. Aux yeux du jeune garçon ça ne représentait rien. Il y a toujours de l'espoir, ça ne meurt pas l'espoir. Alors si tenir la main de sa soeur gisante dans son lit lui donnait une chance de la réveiller, alors il le fera. Jour et nuit, semaine après semaine, mois après mois, année après année .. alors il le fera. Eunice, sa soeur, son tout, sa dernière famille.. Elle ne pouvait pas l'abandonner, il avait confiance en elle, il savait qu'elle ne l'abandonnerait pas elle aussi.

Peut-être le mauvais sort, un mauvais tirage, des dés truqués .. impossible de savoir pourquoi est-ce que le destin à foirer autant. Rester seul, orphelin, tout ça parce qu'un foutu camion n'a pas su regarder devant soit, être le seul conscient parce que la fête d'anniversaire d'un ami c'est plus important qu'une sortie en famille .. oui, Sybile aurait dû être présent, il aurait trouvé dans ce lit à la place de sa soeur, mais l'heure n'était pas aux remords, plus tard peut-être.

Mais comme on dit, un malheur n'arrive jamais seul. « Votre père était très endetté M. Campbell.. » Comprendre mais ne pas vouloir comprendre, regarder l'ussier et attendre qu'il veuille bien le formuler à haute voix derrière ses lunettes qui lui tombent du nez et son regard hautain et arrogant. « Tous ses biens lui, enfin vous, sont retirés. » La mort n'éponge pas les dettes, la vie des gens ce n'est pas important, le fric avant tout. « Malheureusement, il ne vous reste plus un sous d'héritage M. Campbell, j'en suis désolé. » Un sourire hypocrite, pourquoi est-ce qu'il en serait désolé ? « Oh et j'allais oublier ! J'espère que vous avez de l'argent de côté pour payer l'hôpital Monsieur, maintenir artificiellement quelqu'un en vie c'est couteux .. » Nouveau sourire hypocrite et comme réponse, un coup dans les dents.

Eunice allait mourir pour des dettes qui ne lui appartenaient pas, pour l’argent qu’on lui prenait et qui n’avait pas eu le temps de l’appartenir, elle crevait par manque de fric.
Et on est censé vivre comment après ça ?
Comment rester la tête haute ?
Orphelin, sans fric, sans maison, sans boulot…
Et on vous répond : « Souris, la vie continue. »
Non. Y a pas de sourire, plus jamais.



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