Come, come, come

into my world

Qui peut prétendre connaître les bienfaits d'une vengeance menée à son terme ? Qui pourrait m'expliquer cette état de jouissance ultime que je ressentais à chaque que ma machination s'intriquait encore un peu plus dans la vie de ces idiots ? Arrowsic était ma destinée. Les habitants, eux, ne seraient que les marionnettes de cette vengeance que je menais depuis maintenant deux ans. En effet, bien que cela ne faisait qu'un an que j'étais revenu à Arrowsic, j'enquêtais, fouinais depuis bien plus longtemps. J'avais un but précis, un objectif à atteindre et rien ni personne ne pourrait m'en empêcher. J'anéantirais tous les obstacles après les avoir utiliser à bon escient. « Tout se met en place... » Avouais-je à mon interlocuteur. Notre conversation téléphonique serait brève. Aucun Allô, ni aucun Bonjour et Merci. Je la tenais simplement informer de l'avancée des choses. « Je vous recontacterais lorsque j'aurais besoin de vous. » Un dernier soupir et je raccrochais, déposant mon blackberry sur mon bureau.

Je jetais un coup d’œil à ma montre. L'après-midi était déjà bien entamé. Être galeriste dans une si petite ville était de tout repos. En apparence, du moins, car ce repos n'était qu'une excuse, qu'une couverture aux yeux des habitants pour agir dans leur dos et découvrir leur plus sombre secret. Je connaissais maintenant ces pauvres fous. Je les connaissais tous. Cette soirée pour l'ouverture de la galerie et ma première exposition, il y a maintenant 9 mois, m'avait ouvert les yeux sur l'hypocrisie des habitants d'Arrowsic. Leur faux sourire, leur discussion inintéressante, leur rire exagéré. Tout était faux. Pour certains, un semblant d'honnêteté pouvait paraître au détour d'une mimique gentillement cachée. En y repensant, cette soirée avait une véritable scène de théâtre. Acte après acte, scène après scène, je comprenais leur quotidien et je reconnaissais celles et ceux qui étaient à l'origine de ma vie passée, de ma décadence dans les méandres de l'enfer.

La clochette au-dessus de la porte sonna. Un client potentiel. Je me levais de ma chaise de bureau pour me rendre dans la salle principale. Un Osbourne. Jaxson Osbourne. J'avais connu son père. Mais en attendant, je n'avais que le fils pour établir cette vengeance qui me tenait tellement à cœur. « Bonjour, monsieur Osbourne. » Connaître son ennemi, c'était le principe fondamental d'une vengeance exécutée dans les règles de l'art. « Puis-je vous aider ? » Lui demandais-je finalement avec ce sourire charmeur à la limite de la séduction et du flirt. Amadouer mes futurs pantins, tel était ma devise. Je croisais alors mes bras derrière mon dos, attendant une réponse avec impatience.

Monsieur Osbourne. Saluer un client potentiel même si c'était un Osbourne faisait parti du métier. Je n'avais rien contre lui mais sa famille était au centre de ma vengeance. Son père, son grand-père même, étaient là, le jour où tout a basculé. Jaxson, lui, n'était même pas né et je n'étais pas du genre à m'attaquer à des hommes innocents. Il était innocent mais dans toute vengeance des dommages collatéraux pouvaient survenir. « Pitié, Monsieur Osbourne, c'est mon père ... Et encore même mon père n'aime pas vraiment se faire appeler de la sorte, ce qui voudrait dire que c'est mon grand père et... » Je le fixais, amusé, et je ne le lâchais pas du regard durant toute sa tirade. Qu'il parle de sa famille, je n'en serais que plus heureux. Toutes informations étaient bonnes à prendre. Je le voyais alors rougir, embarrassé. « Jaxson... Jax. Enfin... » Mains derrière mon dos, je déportais mes yeux azurés vers la rue. Mais la voix de mon client me sortit de mes pensées. Des pensées noires et obscures, retraçant la manigance que j'avais mis en place dès mon arrivée à Arrowsic. Les Osbourne paieront. Je n'en démordrais pas. Ils devaient payer pour leur trahison.

« Hummm... Je cherches une photographie sympa... C'est pour l'anniversaire d'une amie. Et on peut pas se planter avec de la déco ? Je veux dire les nanas aiment les trucs qui brillent mais je suis pas doué pour savoir quel bijoux leur plairait et... » Je l'écoutais, souriant face à son débit impressionnant de parole. J'en riais légèrement même. Mais Jaxson ne le remarquait même pas. Il était dans son monde et je n'en faisais pas parti ou alors je n'étais que le galeriste qui lui permettrait de trouver son bonheur. Après tout, je n'étais là que pour ça. Officiellement. C'était bien là le secret de ma réussite. « Oui, une photo... Si possible, à un prix qui ne me donne pas envie de me pendre quand la fin du mois arrivera ? » Je déboutonnais la veste de mon costume, faisant demi-tour pour me diriger vers un coin de la galerie ou le jeune Osbourne trouverait certainement son bonheur. J'avais découvert cet artiste, certes peu connu mais qui avait un talent hors du commun, et il serait le photographe indispensable et essentiel pour la demande de Jaxson. Je lui sortis différents clichés que je disposais sur la table d'à côté. « Tiens, voilà quelques œuvres qui pourraient t'intéresser. L'artiste n'est pas connu, le prix reste donc raisonnable. » L'informais-je premièrement avant de reprendre. « Il existe bien évidemment différent format. Du A4 comme tu peux le voir jusqu'à six fois plus grand. » Je lui souris. Un sourire remplit de séduction. Il croirait probablement que je tentais de l'amadouer pour qu'il m'achète l'un de ces clichés. Cependant, mon but premier était bien plus vicieux : me rapprocher de lui pour atteindre le reste de sa famille. Il serait l'objet de ma vengeance, le point de départ pour la chute des Osbourne. « Alors, cela t'intéresserait-il ? »