lux & kane

« Tu veux un café, Kane ? Kane ? » Une voix féminine me sort de mes pensées et je cligne des yeux pour me réveiller. Je suis dans la salle de pause de petit disquaire où je travaille et Sidney, ma collègue, m’interrompt dans ma rêverie pour me proposer un café. « Non, merci. » Elle me parle, je vois ses lèvres bouger mais j’entends rien. Je suis loin, je rêve encore. L’objet de ma rêverie, toujours le même, Lux. En fait, c’est ce pull que je porte imprégné de son odeur qui me perturbe. Peut-être parce que c’est aussi parce que j’ai pas fermé l’œil de la nuit. Hier soir, elle a passé la soirée dans mes bras, à me parler de tout et de rien, jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Et moi, après ça, je suis resté là, à la regarder dormir, parce qu'elle a cet air sur le visage qu'elle n'a que quand elle est endormie. Je suis fasciné par elle, c’est aussi simple que ça. Dans ma tête, je vois son regard, ses yeux bleus qui me fixent comme si j’avais fait une bêtise. J’entends son rire aussi, un rire enfantin diabolique qui témoigne sa joie. Parfois, je sens ses doigts contre ma joue aussi. Ca fait un peu plus d'une semaine que nous sommes officiellement ensemble et, depuis ce soir et la nuit qu'on a passé, mes sentiments pour elle n'ont fait que s'amplifier. Quand elle est là, j'ai cette immense impression d'être dans une autre dimension, une dimension propre à elle et moi, à l'écart du reste du monde. Dans cette salle de pause, je me perds à penser à elle et je réalise que j'en ai marre d'être là. J'ai simplement envie d'attraper ma veste et de remonter la rue en courant. Et de ne m'arrêter que lorsque je serai devant notre immeuble. Ensuite, je monterai les marches trois par trois jusqu'à notre appartement et déposerai mes affaires sur le canapé avant de me diriger vers notre chambre. Là, je la trouverai endormie, dans notre lit, exactement comme je l'ai laissé ce matin. Au lieu de ça, je me retrouve dans cette boutique avec le sentiment que je perds mon temps. Les yeux rivés sur la pendule, je remarque qu'il ne me reste plus qu'une heure avant de terminer mon shift. Plus qu'une heure avant que je retrouve Lux. « Il faut que j'y retourne. On se voit plus tard. » dis-je, coupant Sidney en plein milieu de sa phrase.

La porte du magasin de disques claque derrière moi et je m'allume une cigarette, le vent me balayant légèrement les cheveux. Malgré cette petite brise, le soleil rayonne dans le ciel et me caresse le visage. Sous cette sensation agréable, je me mets à marcher en direction de mon appartement. Je tire une taffe et ne peux m'empêcher de sourire en pensant que je vais retrouver Lux. La vérité, c'est que je suis heureux. Plus que je ne l'ai jamais été. Je ne suis pas habitué à ressentir ce genre de choses. J'ai tellement côtoyé les drames dans ma vie que le fait que tout se passe bien là maintenant, me fait me sentir inconfortable mais en même temps plus apaisé que jamais. Je n'ai jamais eu de talent particulier. Je n'ai jamais vraiment apprécié l'école. En fait, je n'ai jamais eu de but précis dans la vie ni même une véritable raison d'exister. Je me suis toujours considéré comme un parasite, une âme en peine égarée sur cette terre avec pour seul objectif de survivre. Pourtant, désormais, je pense avoir trouvé la raison de ma présence ici. Aimer Lux. L'aimer à en mourir s'il le faut. Il y a toujours ce feu constant en moi, qui m'habite et qui se ravive comme si on soufflait dessus dès que mes pensées évoquent Lux. Quand je la vois, quand je la touche, je brûle littéralement et l'intensité de ce sentiment est certainement la meilleure sensation que j'ai été amené à ressentir de toute ma vie. Je pousse la porte de l'immeuble et monte tranquillement les marches qui mènent à notre appartement. Je trouve Lux dos à moi, des écouteurs aux oreilles et simplement vêtue d'un t-shirt à moi et d'une culotte en coton. Me faufilant derrière elle, j'entoure sa taille de mes bras et dépose un baiser sur sa nuque. A mon contact, elle retire ses écouteurs et pose ses mains sur les miennes. « Bonjour, mon amour. » souffle-je contre sa nuque, en posant ma tête contre son épaule. Mes yeux dérivent sur le lit sur lequel je remarque un petit tas de lingerie. Plutôt ses vêtements de travail. Immédiatement, ça m'agace. J'ai envie de taper ma crise, encore une fois, mais je me retiens. Lux m'a trop manqué aujourd'hui pour que je ne profite pas du peu de temps qu'il nous reste avant qu'elle parte. « Tu pars dans combien de temps ? » Doucement, je l'oblige à se retourner et à me faire face. Mes mains se posent sur son visage et je suis conscient qu'elle lit mon agacement dans mes yeux. Il semblerait qu'un nuage gris ait finalement décidé de pointer le bout de son nez en plein milieu de notre beau ciel bleu.

Des doigts caressant mes cheveux me tirent quelques secondes hors de mon sommeil. Kane, je sais pertinemment que c'est sa main qui glisse sur le haut de mon crâne. Il doit certainement se lever pour se rendre au travail. J'ai envie de me lever pour l'embrasser et lui souhaiter bonne chance pour sa journée, mes les bras de Morphée me kidnappent à nouveau sans me laisser réellement le choix. Mais malgré le fait que je me rendorme, mon sommeil devient tourmenté. J'alterne alors entre sursauts et cauchemars. Les absences de Kane ont souvent cet effet sur moi, elles me déstabilisent. Cela fait une semaine que nous sommes constamment dans les bras l'un de l'autre. Et je dois avouer que ça fait un bien fou. Pouvoir aimer Kane sans avoir à me cacher est la meilleure chose qui me soit arrivé. Sans plus attendre, je me lève, comprenant qu'il ne servait à rien de rester dans mon lit, à tourner sur moi-même. Je déteste les moments où Kane part travailler. J'ai toujours cette angoisse qu'il rentre et m'annonce que c'est terminé. Je crois en notre histoire, mais je ne peux m'empêcher de me dire que je ne suis pas assez bien pour lui. Cependant, j'évite de lui dire... Je commence alors à errer dans l'appartement, essayant de patienter du mieux que je le pouvais. Une douche sera certainement la meilleure solution pour me calmer et me changer les idées. Entrant dans la cabine, je commence à faire couler l'eau pour qu'elle devienne chaude, presque brûlante. Je ne tarde pas à me mettre sous celle-ci, et à avoir l'impression que ma peau crame. Qu'est-ce que ça peut être agréable ! J'ai la stupide impression que l'eau permet en même temps de nettoyer mes idées noires. Mais à peine sortie, Kane me manque à nouveau horriblement. La séparation est toujours insoutenable. De plus, lorsqu'il rentre, je pars trente minutes plus tard. A peine le temps de se croiser, le plus souvent dans une ambiance lourde et pesante puisqu'il sait parfaitement que je m'en vais travailler. Depuis que nous sommes officiellement ensemble, je n'ai pas encore trouver le moyen d'arrêter mon job. Démissionner aussi vite aurait été inconscient et nous aurait mit dans une situation très délicate. Je dois m'assurer de trouver un autre boulot ou de reprendre mes études avant de passer par cette étape. Malheureusement, Kane n'est pas vraiment de cet avis. Il ferait tout pour que j'arrête de danser nue devant ces hommes qui me prennent pour un objet. Mais ce n'est pas si évident... Encore une heure avant que Kane quitte le boulot, cela me parait être une décennie. Le temps prend des allures d'éternité.


Sans plus attendre, je décide de me préparer pour aller travailler. Ça me permettra normalement d'avoir un peu plus de temps en compagnie de Kane. La fraîcheur des journées d'octobre me forcent à enfiler un tee-shirt au dessus de ma culotte. En manque à cause de son absence, je pique un tee-shirt à mon petit-ami, convaincue qu'il serait même plus heureux qu'autre chose, de le voir sur mon corps mince. Je me dirige vers notre armoire et en sort un ensemble de sous-vêtements léger et affriolant. C'était mon seul uniforme de travail, ce qui avait le don de mettre Kane dans des états impossibles. Cette situation temporaire, n'allait pourtant plus pouvoir durer longtemps, pour le bon fonctionnement de notre couple. Ennuyée d'attendre, je branche mes écouteurs à mon iPhone et les enfonce dans mes oreilles. Le son est si fort, qu'il me donne l'impression qu'il va exploser mes tympans. Ma tête bouge en rythme avec la musique, et d'un coup, je perds conscience du temps. Soudain, des bras entourent délicatement ma taille. Mais ne l'ayant pas entendu arriver, cela me fait sursauter comme une enfant devant son premier film d'horreur. Mon cœur s'emballe à cause de la trouille qu'il m'a fichue. Néanmoins, je me hâte de retirer mes écouteurs et je pose doucement mes mains sur les siennes, formant des ronds avec mes doigts. « Bonjour, mon amour » souffle-t-il sensuellement. Le simple son de sa voix me rend toute chose, absolument friande au moindre de ses gestes. Sa tête se pose lentement contre mon cou alors que j'y appuie la mienne. J'ai déjà la folle envie de lui sauter dessus pour l'embrasser et lui dire à quel point je l'aime. Mais pour ne pas paraître pour une folle furieuse, je me retiens. « Tu pars dans combien de temps ? » me demande-t-il, la voix contrariée. Je n'ose qu'à peine lui répondre, par peur de lui faire mal au cœur. Doucement, il fait pression sur mon bassin pour m'obliger à lui faire face. Je le regarde amoureusement, un sourire dessiné sur le coin des lèvres. « Bonjour, mon cœur. Je suis sensée partir dans moins d'une heure et demie... » répondis-je, peu fière. Je déteste aller travailler, alors que je n'ai qu'une envie: rester dans les bras réconfortants de Kane. Ses mains se posent sur mon visage pour l'entourer. Parfois, j'ai peur qu'il ne voie que comme une petite chose fragile qu'il doit s'efforcer de protéger. Je sais qu'il me considère comme vulnérable et qu'il pense qu'il doit me préserver, mais je n'aime guère l'idée que ce sentiment soit trop exagéré. Subtilement, je m'approche pour l'embrasser du bout de mes lèvres. Je n'aime pas qu'il soit inquiet ou en colère, même si je sais qu'il le sera toujours du moment que je n'aurais pas démissionné. « Je sais que tu as horreur de ça, mais le supplice arrive à sa fin. » je tente alors de lui faire comprendre. Mais que faire ? Comment le convaincre alors que nous sommes tout deux, maladivement jaloux ? Soudain, je plonge mon visage de son cou pour l'y embrasser, collant alors mon corps au sien. « Tu as vu ? J'ai mis l'un de tes tee-shirt préférés ! Tu me manquais terriblement. » je change alors de sujet pour le distraire. Mais je sais parfaitement que la distraction ne sera que de courte durée. Je ne perds donc pas de temps avant de lui soumettre mon idée. « Tu vas trouver ça idiot et déplacé de ma part mais... Si tu venais ? Si tu m'accompagnais pour ne pas rester ici à bouillir en te demandant si un homme à tenté de me coincer dans les loges ? Cela ne changera rien à la situation, mais au moins, tu seras là, avec moi. » je lui demande alors. L'idée est farfelue, mais c'est une alternative pour tenter d'apaiser et de calmer le jeu. On a parfois besoin de trouver des petits subterfuges, quitte à sembler ridicule.

lux & kane

Les mains de Lux viennent se poser sur les miennes. Immobile, je me délecte de son odeur enivrante, de la douceur de sa peau, de ce sourire éclatant qu'elle m'offre et qui m'affirme qu'elle était bien en train d'attendre que je rentre. Je resserre ma prise autour d'elle et dépose un petit baiser sur son épaule, comblant le manque qui m'occupait depuis la seconde où j'ai quitté l'appartement ce matin. Depuis que nous sommes ensemble, les choses ont légèrement changé. J'ai toujours cette impression de découvrir une nouvelle Lux, que notre histoire est différente. Mieux. Certainement plus forte aussi. En fait, j'apprends à l'aimer en tant que petite amie et non plus meilleure amie. Ca change tout. On a jamais été avare au niveau de la tendresse l'un envers l'autre Lux et moi mais depuis que nous sommes officiellement en couple, tout est décuplé. Je ne peux m'empêcher de la toucher, de l'embrasser parce qu'elle est à moi et que ça vaut tout. Tout prend finalement un sens. Je n'ai jamais été très religieux, préférant plutôt croire au destin, parfois au karma. Je n'en suis pas encore à croire aux Parques et au fil de notre vie qu'elles tiennent entre leurs mains mais je n'en suis pas loin. La vie ne m'a jamais vraiment fait de cadeau, me forçant à grandir bien plus tôt que prévu et à affronter des choses qu'un gamin ne devrait jamais vivre. Mais un jour, le ciel a mis Lux sur mon chemin. Beaucoup plus tourmentée et bousillée que je ne l'ai jamais été. Je n'ai jamais vraiment compris le sens de cette rencontre ou même son importance. J'ai toujours pensé au destin, au fait que nos vies chaotiques nous ont probablement un jour connecté pour qu'on puisse former le binôme que nous sommes aujourd'hui, peut être pour qu'on se sente moins seul dans notre malheur. Mais avec Lux ainsi lovée dans mes bras, je réalise que son rôle n'est pas seulement de me tenir compagnie et de me comprendre autant que je la comprends. Lux est ma sauveuse. Comme une immunité contre tous les maux de la terre. A elle seule, Lux représente tout ce dont j'ai toujours eu besoin et je ne la remercierai probablement jamais assez pour ça.

« Bonjour, mon cœur. Je suis sensée partir dans moins d'une heure et demie... » Doucement, je grimace. J'essaie de maitriser mes émotions, face au regard désolé que Lux m'adresse. Elle sait certainement que je suis en pleine explosion de rage dans ma tête mais je tente tant bien que mal de ne pas hurler et de dédramatiser la situation. Ma copine est strip-teaseuse mais ce n'est pas grave, non tout à fait normal. A vrai dire, je suis plutôt agacé par tout ça et je ne peux m'en prendre qu'à moi. Lux fait ce travail depuis des années et je ne peux pas m'attendre à ce qu'elle y renonce maintenant, comme ça en un claquement de doigts. Pourtant ma jalousie prend le dessus. Toujours quand il s'agit d'elle. « Je sais que tu as horreur de ça, mais le supplice arrive à sa fin. » Je prends son visage entre mes mains, en profitant pour caresser ses joues. Lâchant un soupir, je lui vole un baiser avant de plonger mes doigts dans ses cheveux. « J'espère, Lux. Tu le sais déjà. » Je la laisse se rapprocher de moi, glisser ses mains dans ma veste et son visage dans mon cou. Ses lèvres se posent sur ma peau et je lui caresse le dos, l'esprit ailleurs. J'ai tenté à plusieurs reprises de convaincre Lux de démissionner mais en vain. Se dénuder sur scène n'est pas la chose qu'elle préfère faire et c'est souvent cet argument que j'utilise pour la persuader d'arrêter. Seulement Lux est plus maligne que moi et trouve toujours l'argument qui fait la différence. Malheureusement pour moi. « Tu as vu ? J'ai mis l'un de tes tee-shirt préférés ! Tu me manquais terriblement. » dit-elle alors soudainement. Un petit sourire se dessine sur mon visage alors que je vois mon vêtement recouvrir son corps frêle. Je replace une mèche de ses cheveux derrière ses oreilles et la serre un peu plus contre moi. « Il te va encore mieux qu'à moi. Ca me fait plaisir de le voir sur toi. Tu m'as manqué aussi, tout le temps. J'avais hâte de rentrer. » Plaçant mes bras autour de ses épaules, je la sers contre moi, déposant au passage plusieurs baisers dans ses cheveux. Néanmoins, je sens que Lux semble plutôt nerveuse et tranquillement, elle lève la tête vers moi, se détachant légèrement. « Tu vas trouver ça idiot et déplacé de ma part mais... Si tu venais ? Si tu m'accompagnais pour ne pas rester ici à bouillir en te demandant si un homme à tenté de me coincer dans les loges ? Cela ne changera rien à la situation, mais au moins, tu seras là, avec moi. » Face à sa requête, j'arque un sourcil, me demandant si c'est une blague ou si Lux est sérieuse. Elle semble l'être. Je lève les yeux au ciel, ayant l'impression que Lux essaie une nouvelle fois du gagner du temps concernant sa démission. Me détachant d'elle, je m'assois au bord du lit et passe nonchalamment une main dans mes cheveux pour me détendre. Lux attend une réaction de ma part et je hausse les épaules en la regardant. « C'est pas seulement le fait que quelqu'un tente de te toucher qui m'agace mais plutôt que tous ces hommes puissent te voir nue sur scène. Lux, tu es ma copine et je peux juste pas supporter que d'autres hommes que moi puissent te regarder. » Et voilà. Toujours ce même système de bombe à retardement chez moi. J'encaisse, j'encaisse puis j'explose. Lux en a l'habitude mais je lis quand même la déception dans ses yeux. De toutes façons, ma jalousie prendra toujours le dessus sur le reste et rien ne pourra changer ça. « Puis, je reste pas ici parce que ça me fait plaisir, je reste ici parce que personne sait comment je vais réagir si je t'accompagne, même pas moi, et j'ai pas envie de le regretter. » Ma mauvaise humeur a finalement décidé de nous rendre visite. Ma réaction est probablement un peu trop excessive étant donné que je sais que Lux voulait seulement bien agir en me proposant de venir avec elle. Mon impulsivité s'est encore manifestée et j'aimerai que Lux se mette à ma place, pour une fois. « Regarde ces trucs, ça couvre rien du tout. Autant y aller directement à poil. » dis-je, de manière assez sarcastique, en saisissant les sous vêtements sexys posés sur le drap. Lux est agacée, je le sens et en me voyant toucher ses affaires, elle s'approche rapidement de moi pour les récupérer. Je profite de cette proximité pour placer mes mains sur son bassin et l'attirer contre moi. Mes lèvres se posent sur son ventre alors que je lève les yeux vers elle. « Excuse moi. J'essaie vraiment de faire des efforts mais c'est de plus en plus dur. Tu es à moi, Lux. Ca me rend fou, c'est tout.» Je finis par me calmer, en caressant délicatement le bas du dos de ma petite amie, ma petite crise étant maintenant terminée.

Les yeux de Kane sont fixés sur moi. Bizarrement, pour une fois, il est rentré beaucoup plus tôt du travail. Malgré le fait que l'ambiance risque de vite devenir insupportable, je suis heureuse de pouvoir le voir. Mon travail le perturbe tellement, que je réalise que je dois à tout prix faire quelque chose pour y remédier. Si je laisse les choses comme ça, notre couple ne pourra pas tenir. Ses crises de jalousie seront trop violentes, tout comme les disputes qui nous déchireront. Je ne peux pas laisser les évènements prendre une telle tournure. Mon esprit est ailleurs, je me torture pour tenter de trouver des milliers d'alternatives pour arranger la situation. Mais une seule me paraît efficace : ma démission. Je relève alors la tête et plonge mon regard dans le sien. Je peux y lire la colère et la frustration. Kane est constamment une bombe à retardement. Il encaisse, ne dis rien, jusqu'au jour où il explose et que ça fait mal. Ce jour-là, c'est souvent trop tard. Je veux en particulier éviter ce final explosif. Malgré mon amour infini pour lui, j'avais du mal à m'habituer à cette nouvelle existence, cette vie en tant que petite-amie de Kane. J'ai eu l'habitude, depuis ma plus tendre enfance, qu'on ne me fasse pas de cadeaux. Intensément bousillée, je n'ai jamais été très stable. Le fait d'aimer Kane me rend encore plus chancelante, encore plus perdue. Mais n'est-ce pas l'effet qu'est supposé faire l'amour ? Quand je pense que je suis folle d'inquiétude et de jalousie quand il part travailler, je me dis que je supporterais pas une journée d'être à sa place. D'une voix un peu timide, je lui dit qu'il ne reste pas longtemps avant que toute cette galère soit terminée, que le cauchemar touche à sa fin. Délicatement, il saisit mon visage entre ses deux mains. Caressant mes joues, je ressens la fraîcheur de ses doigts, certainement causée par la brise. Kane laisse échapper un soupir lourd de sens, puis dépose un baiser sur mes lèvres. « J'espère, Lux. Tu le sais déjà. » avoua-t-il, laissant ses doigts fourrager dans mes cheveux épais. Il faut vraiment que je réagisse, avant qu'il ne soit trop tard. Lentement, je colle mon corps frêle au sien, et glisse mes mains sous sa veste et son tee-shirt. Sa peau est bouillante, et je dois certainement lui donner froid à cause de mes mains glacées, mais ça fait tellement de bien. Nichant mon visage dans le creux de son cou, j'embrasse délicatement sa peau douce alors qu'il me caresse le dos. La sensation que j'éprouve chaque fois que je le retrouve, le sens contre moi, pour moi, est indescriptible. Mon corps entier se consume. L'impression de brûler pour lui devient alors une réalité. Je ne veux pas lui faire du mal, encore moins volontairement. « Tu as vu ? J'ai mis l'un de tes tee-shirt préférés ! Tu me manquais terriblement. » je m'exclame d'un air enfantin. J'ai l'impression d'avoir cinq ans. Peut-être que c'est simplement la façon dont on se comporte lorsqu'on se sent bien, lorsqu'on est heureux. Dans tout les cas, c'est lui qui me fait cet effet. Je le regarde, un sourire béant accroché sur les lèvres, refusant de me séparer de lui, ne serait-ce que de quelques centimètres. « Il te va encore mieux qu'à moi. Ca me fait plaisir de le voir sur toi. Tu m'as manqué aussi, tout le temps. J'avais hâte de rentrer. » m'avoue-t-il. Tendrement, il replace une mèche de cheveux derrière mon oreille, avant d'entour mes épaule de ses bras pour me serrer encore un peu plus. Quoi qu'il arrive, ce n'est jamais assez, nous ne sommes jamais assez proches, trop avides l'un de l'autre. Cependant, je ne peux m'empêcher d'angoisser en imaginant les disputes auxquelles nous risquons d'être sujet dans très peu de temps. Je ferais n'importe quoi pour les éviter. Je me sépare alors un peu de lui et le fixe. Soudain, je lui propose de m'accompagner au travail, de faire partie du public. Dans ma tête, c'était une bonne raison pour m'encourager à accomplir ma besogne, et un bon moyen de le rassurer quant aux hommes qui seraient prêts à m'agresser dans les loges. Mais visiblement, Kane ne partage pas mon avis. Après avoir levé les yeux au ciel, il me lâche définitivement pour aller s'asseoir sur le bord de notre lit.

Un silence d'or nous sépare. Gêné, je le vois passer une main dans ses cheveux. Deux solutions pour ce geste. Soit il est stressé, soit il tente comme il peut de se contrôler. J'opte davantage pour la seconde option. A cet instant, je me sens idiote de lui avoir proposé une telle chose. Qu'est-ce qui avait bien pu me passer par la tête ? « C'est pas seulement le fait que quelqu'un tente de te toucher qui m'agace mais plutôt que tous ces hommes puissent te voir nue sur scène. Lux, tu es ma copine et je peux juste pas supporter que d'autres hommes que moi puissent te regarder. » m'explique-t-il d'un ton sévère avant de reprendre : « Puis, je reste pas ici parce que ça me fait plaisir, je reste ici parce que personne sait comment je vais réagir si je t'accompagne, même pas moi, et j'ai pas envie de le regretter. ». Je le comprends, mais je ne peux m'empêcher d'être un peu déçue. « J'ai fait une erreur en te proposant ça. J'aurais juste préféré t'y voir. Ça aurait été moins pénible pour moi et je pensais que ça aurait pu avoir le même effet sur toi. Peu importe. » je lâche alors. Mais visiblement, la jalousie de Kane prend le dessus. Tout à coup, les traits de son visage se durcissent. Du bout des doigts, il saisit les sous-vêtements qui me servent à travailler et les fixe d'un air dédaigneux et méprisant. « Regarde ces trucs, ça couvre rien du tout. Autant y aller directement à poil. » dit-il sarcastiquement. Automatiquement, cela m'atteint. De sa bouche, c'est comme si qu'il m'insultait de pute. La gorge nouée, je me précipite alors pour lui arracher mes affaires des mains. Au moins, il n'est plus le seul à être énervé. Cependant, il profite du fait que je récupère mes sous-vêtements pour agripper mon bassin et m'attirer vers lui. Déposant un baiser sur mon ventre, les bras serrés dans mon dos pour m'empêcher de partir, je détourne la tête, croisant les bras sous ma poitrine. Je boue de l'intérieur et je déteste cette sensation. Un mélange de colère et de passion me tourmente. Je ne sais de quel côté basculer et cela me perturbe. « Excuse moi. J'essaie vraiment de faire des efforts mais c'est de plus en plus dur. Tu es à moi, Lux. Ça me rend fou, c'est tout. » tente-t-il de se faire pardonner, calme à nouveau. Quoi qu'il fasse, il sera toujours ma plus grande faiblesse. Toujours un peu froissée je m'assois sur ses genoux, telle une enfant, et plonge mon visage dans son cou. Subtilement, je dessine des ronds imaginaires sur sa nuque. « J'aime pas quand tu dis des choses comme ça. C'est blessant. Je sais que c'est pas facile pour toi, mais crois pas que c'est une partie de plaisir pour moi. » je chuchote calmement. Je me relève et range mes sous-vêtements. Inutile de le torturer avant le moment fatidique. Doucement, je m'allonge de l'autre côté du lit, saisissant au passage un petit cône d'herbe. A l'aide d'un briquet je l'allume et aspire la substance en fermant les paupières. « On peut pas juste profiter l'un de l'autre en attendant ? D'ailleurs, comment ça se fait que tu sois rentré si tôt ? » je lui demande. Arrivant par derrière, j'entoure son cou de mes bras et embrasse furtivement sa mâchoire avant de me rallonger. « Allez, viens, ne te prends pas la tête maintenant. Et puis quoi qu'il arrive, je t'appartiens. Striptease ou non... » je souffle, sachant parfaitement qu'il m'entend tout de même.

lux & kane

Mouvementée. C'est comme ça que se définit ma relation avec Lux. Dirigée par la passion, l'intensité de nos sentiments, la jalousie. Au final, un tour de montagnes russes est probablement plus reposant qu'une dispute entre elle et moi. Le problème entre nous deux est toujours le même, son travail. Avant je me rassurais en quelque sorte en me disant que de toutes façons, Lux choisissait toute seule ce qu'elle voulait faire de sa vie. Ca m'embêtait mais je n'avais jamais vraiment eu l'audace de m'opposer à ce choix. Maintenant que nous sommes ensemble, c'est une toute autre histoire. Je la pousse constamment à démissionner, quitte à être le seul à bosser et à demander plus d'heures de travail pour nous assumer en attendant qu'elle trouve autre chose. Lux, c'est mon trésor personnel. La plus belle personne que j'ai été amené à côtoyer, autant extérieurement qu'intérieurement. Et l'idée de partager avec le monde ma drogue interdite m'est déplaisante. Bien trop déplaisante. Peut être que j'ai peur qu'on me la vole, qu'on me la souille. Peur de la perdre aussi. Peur que la bulle finisse par éclater en un boum sonore insupportable. Mes crises de jalousie récurrentes sont aujourd'hui la seule manière que j'ai trouvé pour défier ma peur. Pourtant, je sais que je m'y prends mal. Ce n'est pas en hurlant sur Lux et en me défoulant comme si elle était un punching ball que j'aurai ce que je veux. Avec mes paroles, je la blesse. Pire que ça, je lis de la déception dans son regard et ça me tue. « J'ai fait une erreur en te proposant ça. J'aurais juste préféré t'y voir. Ça aurait été moins pénible pour moi et je pensais que ça aurait pu avoir le même effet sur toi. Peu importe. » finit-elle par lâcher, me regardant à peine. Je ne réponds pas, mes yeux divaguant sur son uniforme de travail. L'idée qu'elles puissent porter ses sous vêtements en dehors de notre chambre et surtout pour une autre personne que moi me rend fou. J'ai seulement envie de me débarrasser de tous ces bouts de tissu en les jetant à la bouteille, juste pour qu'ils disparaissent de ma vie. « Regarde ces trucs, ça couvre rien du tout. Autant y aller directement à poil. » Aussitôt sorti, je regrette d'avoir dit cela. Mes paroles ont dépassées mes pensées et je m'en veux parce que je sais que je l'ai blessé. Encore. Le regard qu'elle m'adresse me confirme que j'ai été trop loin et en quelques secondes, Lux est devant moi pour récupérer ses sous vêtements. Elle est en colère, je le sens d'ici et désormais, je me sens coupable. C'est pour cela que je l'attrape, prêt à lui montrer à quel point je suis désolé. J'embrasse la peau chaude de son ventre et la serre contre moi. Mes excuses sont pitoyables mais je n'ai qu'un envie, qu'elle arrête de bouder et qu'elle baisse au moins la tête vers moi. Après un long soupir, Lux prend place sur mes genoux, son visage dans mon cou et ses doigts sur ma nuque. Je profite de cette proximité soudaine pour la serrer contre moi et poser mes lèvres sur sa tempe. « J'aime pas quand tu dis des choses comme ça. C'est blessant. Je sais que c'est pas facile pour toi, mais crois pas que c'est une partie de plaisir pour moi. » me chuchote t-elle calmement à l'oreille. Je regarde son visage, sur lequel je lis de l'agacement. Félicitations, Kane. « Je sais. Je suis désolé, j'aurai jamais du dire ça. Je voulais pas te faire de mal, tu me connais. »

Lux se relève alors et disparait de mes bras. Je la regarde s'éloigner alors que mon esprit s'égare, à nouveau. Je pense à ce qu'elle vient de dire, au fait que ça la dérange certainement bien plus que moi. Je réalise qu'en fait, je ne l'ai jamais vraiment soutenu. Je n'ai toujours fait que me plaindre, que d'agir de manière égoiste alors que ça doit être un milliard de fois pire pour elle. Un crétin, voilà ce que je suis. Lux et moi, c'est sensé être à la vie, à la mort. Je suis pas sensé lâcher sa main quand elle a besoin de moi pourtant c'est constamment ce que je fais, inconsciemment. Et de le réaliser, ça me dégoute. « On peut pas juste profiter l'un de l'autre en attendant ? D'ailleurs, comment ça se fait que tu sois rentré si tôt ? » l'entends je dire, derrière moi. Je me retourne et la découvre allongée, un joint entre les lèvres. Encore légèrement ailleurs, je hausse les épaules et fixe le mur face à moi. « Il y avait peu de monde, mon patron a accepté que je parte plus tôt. » dis-je, calmement. Les bras de Lux autour de mon cou me sortent de ma rêverie et je ferme les yeux, alors que ses lèvres se posent tendrement sur ma mâchoire, avant qu'elle retourne s'allonger à sa place initiale. « Allez, viens, ne te prends pas la tête maintenant. Et puis quoi qu'il arrive, je t'appartiens. Striptease ou non... » Un chuchotement, que j'entends parfaitement toutefois. Un petit sourire aux lèvres, je me tourne vers elle qui me regarde et attend que je vienne m'allonger près d'elle. Je retire ma veste et m'allonge sur le ventre. Mon bras sur son ventre, je pose ma tête contre sa poitrine. Je peux sentir et entendre son coeur battre et ce doux bruit a des effets de berceuse sur moi. Lux me tend le joint. Je tire quelques lattes, avant de lui rendre. Ses mains caressent tendrement mes cheveux et je relève légèrement la tête vers elle, en profitant pour déposer un baiser dans son cou. « J'ai attendu ça toute la journée, de te retrouver. » dis je calmement, en expirant la fumée que je venais d'inhaler. Je me redresse, puis contemple son visage, le touchant par moment du bout des doigts seulement. Peu importe qu'elle soit partie d'ici une heure, la seule chose qui importe est ce moment là, à nous. Seulement à nous. Je tire une nouvelle fois sur le cône, puis plonge mes yeux dans ceux de Lux. « Tu pensais vraiment ce que tu as dis tout à l'heure ? Je veux dire, que ça aurait moins dur pour toi d'aller bosser si j'étais là ? » Je demande cela avec la volonté au final de faire plaisir à ma petite amie. Parce que je sais parfaitement que si on inversait les rôles, elle l'aurait fait. C'est bien l'une des choses que je préfère chez Lux. Quand elle sentait qu'on avait besoin d'elle, elle se donnait toujours sans réfléchir. Peu importe les sacrifices qu'elle devait fait, c'était toujours les autres avant elle, surtout si en l'occurrence, l'autre c'était moi.