IRAK, 2012.

i'm in hell.

Accablé par la chaleur assommante du soleil irakien, le jeune homme remontait, alerte, un sentier dévasté par des éclats d’obus. Ses doigts puissants se resserrèrent sur la crosse de sa M4 et toisant l’horizon, il adressa un geste vif et autoritaire à ses hommes. Ceux-ci déposèrent leurs paquetages au sol avant d’apprécier la fraicheur d’une gorgée d’eau fraiche. Voilà plus de six heures qu’ils marchaient. Sans réel objectif d’ailleurs. Se rendre d’un point A à un point B était leur unique recommandation. La mission serait dévoilée dès lors qu’ils fouleraient le sol rocailleux de la province d’Al-Qadisiyya. Mais en attendant, aucun signe de vie de la part du gouvernement américain ne s’était fait entendre dans leurs radios. La tension était palpable et cela se ressentait sur l’attitude de ses subordonnés, agressifs et épuisés. Capitaine d’une équipe de six Delta Forces, Rafael était l’exemple même du patriotisme américain. Fier de sa position et noble des missions secrètes qu’il avait déjà mené aux quatre coins du globe, le valeureux jeune homme rechargea ses poches de chargeurs en tout genre. Les civils irakiens, protégés par une troupe de sfgs ignoraient leurs présences et pourtant quelque chose clochait. Leur mission de reconnaissance était censée être totalement secrète alors pourquoi une certaine angoisse ne cessait de mitrailler son esprit ? Haussant les épaules avec désinvolture, Rafael se permit de prendre quelques secondes de pause bien méritée. Il ferma les yeux avec douceur, glissant une main tremblante, rafraîchie par l’eau à l’arrière de sa nuque enflammée par le poids du casque. La chaleur était étouffante, le paysage aride et dépourvu de vie. Sans plus attendre, il ajusta son sac à dos, et suivi par son équipe, il reprit les devants. Contre toute attente, des balles fusèrent, sifflant une mélodie funèbre à l’oreille du capitaine. Un soldat blessé qui crachait ses poumons hurla. « Contact ! Contact ! Rive gauche ! 60° ! » Avant de tomber lamentablement au sol, tué par un groupe de terroristes. L’adrénaline s’empara de son corps crispé et rejoignant le corps du soldat, il le tira de toutes ses forces. On ne laisse jamais le corps d’un homme en terre inconnue, Everson avait le droit d’être enterré dans son propre pays. L’impact des balles se faisait visible sur les corps des Delta Forces surpris par l’attaque et en deux interminables minutes l’ensemble de l’équipe surentrainée fût réduite à néant. Un traquenard, un cauchemar aussi terrible que mortel. On les avait menés à une mort certaine, comment le gouvernement pouvait-il cautionner cela ? Sans prendre le temps de réfléchir davantage, le capitaine rechargea son arme avant de riposter. Trop tard … une balle vint l’atteindre en pleine poitrine. Ses membres se figèrent et Rafael, pris de vertiges s’affala sur le cadavre de son subalterne. Au loin, un bruit sourd d’hélice, une brise sans pareille, des coups de feu. Ouvrant les yeux avec difficulté, Abraham remarqua qu’un black hawk amorçait une descente périlleuse. Un espoir de survie ? Impossible … pas sans ses frères.

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FORT BRAGG, USA, 2012.

fucking' patriotism.

Fort Bragg … Une vieille connaissance, un paysage connu, une terre longuement foulée … Mais aujourd’hui, sa saveur était amère. Rafael avait parcouru des milliers de kilomètres depuis l’horreur des batailles irakiennes, oui, il avait longuement souhaité retourner au pays pour profiter d’une nation libre et légendaire, mais à ce moment précis, il aspirait seulement à venger ses équipiers morts au combat. Vêtu de son costume d’apparat, il pénétra dans l’immense bureau du commandant, qui l’attendait patiemment avec deux autres hommes. Son supérieur hiérarchique l’invita à se présenter face à lui. Rafael, s’exécuta muet. Visiblement, tout ceci ne présageait rien de bon, il devrait encore expliquer le pourquoi de cette attaque. Il ne maîtrisait pas ce sujet. Ils étaient tombés dans un piège et malheureusement, il était le seul survivant. D’une voix rauque, le commandant laissa échapper quelques mots de sa barbe. « Capitaine Bancroft, vous êtes aujourd’hui, et sous l’ordre du gouvernement américain, démis de vos fonctions. » A cette phrase, les jambes du jeune homme furent incapables de le soulever davantage. Blessé tant physiquement que dans son estime, il s’écroula au sol. Répliquer face à un supérieur hiérarchique serait suicidaire, si bien qu’il garda le silence. « Vous avez mené votre équipe à une mort certaine, vous étiez certes conscient des risques mais je ne m’attendais pas à une telle boucherie. » Ses doigts se resserrèrent avec violence. « C’était un piège commandant, un traquenard. » Rafael se releva avec difficulté afin de lui faire face. « Je n’ai pas sacrifié mes hommes…. » « Foutaises Bancroft ! C’est une trahison à l’Amérique et à son peuple. Vous êtes le seul responsable. J'ai perdu mes meilleurs agents dans ces montagnes de merde et je ne peux pas essuyer d'autres pertes. Pour vos précédents services, vous ne serez pas jugé. Nous vous permettons de reprendre une vie normale à New-York comme d'autres de nos agents. Vous serez logé et nourri. Maintenant, vous n’avez plus rien à faire ici … Sortez … »