Sujet: ▲ C'est le vent qui nous parle. -et il dit quoi ? J'ne sais pas, je parle pas le vent. Lun 5 Nov - 23:31
mata ft matys
« J'espère que t'as la cam, RDV au phare dans 1 heure. » Simple et clair. Je raccrochais en lui disant au revoir et à plus tard. C'était notre journée, le jour fixé, le jour j. C'était l'échange, la cam contre de l'argent. Depuis que j'avais une autre "associée" je me devais de partager la cagnotte. Ouais, enfin c'était le contrat. On jouait à ce petit jeu depuis un petit moment, quelques semaines et je ne peux pas le nier, elle est d'une grande aide, pas besoin d'acheter de la cam aux dealers, elle était là pour me donner des médicaments à volonté. Bref, une heure c'est le temps qu'il me suffisait pour finir de me préparer, de m'habiller, de me maquiller et d'aller au point de rendez-vous que j'avais fixé avec la brunette. Rendez-vous donc au phare de la ville. Pourquoi le phare ? Je trouve que c'est moins craignos que dans les rues sombres d'Arrowsic et surtout c'est moins cramé, c'est un endroit assez isolé et peu fréquenté, c'est l'idéal pour nos petites affaires. Je n'avais pas envie de me faire prendre la main dans le sac quoique dans tous les cas c'était Mata qui allait prendre bien plus que moi. C'est vrai que de piquer des médicaments à son lieu de travail, c'est une faute grave et lourde. Même sous manipulation. Manipulation ? Non pas du tout, elle est consciente de ce qu'elle fait, elle avait accepté de faire ça, j'étais juste là pour la booster un peu et surtout pour l'inciter à m'aider à survivre. Ce qui dans un sens était plutôt cool de sa part, elle risquait gros pour le donner de la cam à revendre. Bref, j'étais donc un lieu de rendez-vous avez quelques minutes d'avances parce que je détestais tout bonnement arriver en retard, dans n'importe quelle situation. Je m'installais sur un banc près du phare, le cellulaire à la main en attendant la petite brune impatiemment.
Sujet: Re: ▲ C'est le vent qui nous parle. -et il dit quoi ? J'ne sais pas, je parle pas le vent. Ven 9 Nov - 15:14
Je rêve. Mes paupières sont closes, mais je me vois raser les murs, le col de mon manteau noir relevé, me cachant ainsi la moitié du visage. Je me vois, main dans les poches, avancer d'un pas rapide en jetant des regard inquiets aux moindres ombres. Je me vois, comme dans ces films mafieux en noir et blanc où il ne se passe pas plus de cinq minutes d'affilé avant qu'une fusillade éclate.
Et je me réveille en sursaut, brusquée par mon téléphone qui sonne trop agressivement pour mon esprit encore endormi, encore emmitouflé dans ce rêve d'héroïne macabre et hors la loi. J'ai un second sursaut quand je vois le nom de Matys s'afficher sur mon téléphone, et pendant un instant, je me demande si je ne suis pas restée coincée dans mes songes.
Matys, celle là même qui a du influencer mes délires nocturnes. Si ceux si sont exagérés, ils sont tout de même à moitié vrais. Ils traduisent ce que je ressens lorsque je me rends à nos rendez vous hebdomadaires avec la jeune femme. Il y a des jours où je me demande pourquoi je me suis fourrée dans un tel pétrin. Matanuska, timide et effacée, douce et impassible, devenant une voleuse, une sorte de.. comment dire ça ? Dealeuse ? C'est ce que je suis, après tout. Je vend des médicaments que je pique à mon hôpital. Morphine et autres analgésiques.
Si j'en était arrivé là, c'était à cause de mes fins de moi difficiles. Mon père, me suppliant d'accepter de placer Blaze en hôpital psychiatrique, avait refusé de payer tout soin médicaux, espérant que cela me dissuaderai. Mais ça n'avait pas marché, j'avais préféré m'endetter encore et encore. Et maintenant, mes économies épuisées, j'avais de plus en plus de mal à rembourser mes crédits. Je m'étais tournée vers la seule alternative que j'avais trouvé, largement poussée et influencée par Matys.
Mes finances étaient maintenant presque faciles à gérer, mais il n'en allait pas de même avec ma culpabilité, malheureusement. Les regrets semblaient fuir Matys, qui semblait toujours aussi dynamique vis à vis de ces actions illégales. Dans un sens, elle ne risquait pas grand chose, elle se contentait de revendre les produits, me laissant le risque le plus important : me servir dans les caisses de l’hôpital.
« J'espère que t'as la cam, RDV au phare dans 1 heure. » Je soupirai, déjà accablé par l'idée de devoir traverser la ville jusqu'au phare, mon sac rempli de médicaments volés, et mes poches pleines de culpabilité. J'en étais venue à détester ces jours où je devais retrouver Matys. Mais il fallait le faire...
Je me levai péniblement, pris une douche rapide avant de m'habiller et fourrer tous les médocs' dans mon sac. Inspirant un bon coup, je quittai mon appartement. Dans quelques minutes, je serai débarrassée du contenu de mon sac et je pourrai respirer à nouveau.
Je marchai dans les rues d'Arrowsic d'un pas rapide, et mon rêve me revint à la mémoire. J'avais l'impression d'être un personnage de film, je m'imaginais déjà échanger mon sac contre une de ces grosses mallettes métallisées contenant des liasses de billets. Je faisais quelque chose d'illégal et c'était à la fois horrible et terriblement excitant. Un moment d'action dans ma routine trop calme.
J'arrivai vite en vue du phare. Matys était déjà là. Je voyais sa silhouette sombre se découper sur le bleu clair du ciel froid. Je m'assis sur le banc, à côté d'elle, devant l'horizon.« Je déteste ce mot. Cam. J'ai l'impression d'être une droguée quand tu dis ça. » Je déposai mon sac à main entrouvert entre nous. « Tiens, c'est tout ce que j'ai eu le courage de prendre. Comme d'hab, j'ai modifié les registres pour que personne ne se rende compte qu'il manque des trucs. »