thinkin' about me, thinkin' about us where we gonna be. open my eyes… Yeah it was only just a dream.

La brune était étendue sur son lit depuis de longues minutes à présent. Son regard était fixe vers le plafond immaculé et elle ne cessait de repenser à sa dernière confrontation avec Seth. En arrivant dans cette petite bourgade, les événements c’était enchaîné trop vite. Retrouver son premier amour, découvrir que son enquête portait sur ce dernier et devoir travailler à ses côtés pour obtenir des informations supplémentaires. Mia n’avait guère eu le temps de reprendre ses esprits après tout cela. Jamais elle n’aurait imaginé se retrouver nez à nez avec l’homme après les trois années qui venaient de s’écouler. La brunette préférait durant tout ce temps se persuader que sa vie loin du barman serait plus simple. La solution de facilité. Celle qui calmait les maux de son cœur. Mais l’illusion ne prenait plus. Les retrouvailles avec Dashawn furent bien plus éprouvantes que prévu. Mia avait imaginé la scène de bien des façons mais la donne fut encore une fois différente. Son cœur n’avait fait qu’un tour. Très vite, elle s’était rendue compte que ses sentiments n’appartenaient définitivement pas au passé. Le revoir avait déclenché un flot de sensation. De la plus agréable à la plus blessante, de la plus charnelle à la plus détestable. Pas de juste milieu, tout ou rien comme souvent avec eux. La tension avait été palpable dès le début. Cette envie d’un rapprochement à chaque seconde qui passait. Pourtant, la brune s’était souvent heurtée à une certaine distance de la part de l’homme, ne comprenant pas vraiment le pourquoi du comment. Mais tout bascula trop vite. La brune en oublia son enquête, son envie de ne pas céder. Une seule et unique soirée. La téquila coulant à flot, les corps qui se rapprochaient, tanguaient l’un contre l’autre comme une douce torture qu’ils adoraient s’affliger. Mia cédait progressivement, elle retrouvait tout ce désir pour lui. Un désir qui lui avait coûté cher à l’époque. Elle n’avait pu résister. Ils passèrent presque automatiquement la porte des toilettes de ce bar miteux, se retrouvant lèvres contre lèvres, bassins contre bassins. Les limites disparurent. Plus de doutes, plus de questions. Ils oublièrent ce passé désastreux, cette rancœur mutuelle. Et pourtant, encore une fois, tout céda en une fraction de seconde. Une seule et unique question, l’envie d’aller plus loin pour la brune et une barrière émise par Seth. La goutte d’eau à des semaines de tensions et de craintes. Il l’abandonna sur ce trottoir désert, ne lui donnant aucune excuse mise à part une réplique cinglante et blessante. Mia s’était retrouvée seule, perdue dans les désillusions qui faisaient à nouveau saigner son cœur. Elle était déboussolée, blessée et accaparée par la colère qui faisait battre ses veines. La demoiselle ne chercha pas à le rattraper, ni même à laisser éclater sa colère. Trop déçue, trop dégoûtée par l’homme – encore une fois, elle le laissa filer. Elle n’avait plus le courage de chercher à se venger, de chercher à obtenir la satisfaction de ne pas le laisser gagner. Son cœur avait parlé, sa raison avait suivi. Et depuis le calme plat. Une semaine depuis cet épisode désastreux et Mia n’était pas retournée au bar. A chaque appel du patron, elle réussissait à sortir une autre excuse et à son supérieur au poste, elle clamait se sentir fatiguée et à bout de force. Eviter Seth était devenu le refrain de sa vie – apparemment.

Et pourtant, à présent, elle ne pouvait plus reculer. Les remontrances de son patron avaient fini par avoir raison de sa volonté de fuir. Elle devait retourner à l’endroit des retrouvailles avec Seth. Elle allait devoir le croiser et assumer son regard après l’épisode de la dernière fois. Souillée par l’attitude de l’homme, Mia aurait préféré éviter cela mais ce n’était plus possible. La brune se releva avant de passer par la salle de bain pour enfiler une tenue banale. L’américaine ne voulait faire aucun effort. De toute façon, Seth n’en avait plus rien à faire d’elle alors pourquoi se donner du mal. Une fois vêtue, elle attrapa son sac et claqua la porte de son appartement pour partir en direction du bar où elle travaillait sous couverture depuis quelques semaines. Sa démarche était lascive. Son regard se déportait vers quelques habitants alors que sa respiration demeurait déjà vive et rapide à l’idée de le revoir. Son regard en disait long. Lorsqu’elle arriva aux abords de l’établissement, elle extirpa une cigarette de son paquet pour la porter contre ses lèvres rosées. Elle tira lentement dessus pour s’abreuver de la nicotine qui calmait instantanément son angoisse. Son dos buta contre un mur de briques claires alors qu’elle observait avec une attention particulière les personnes qui entraient et sortaient du bar. Après quelques minutes à rester perdue dans ses pensées, la demoiselle entra par l’entrée présente à l’arrière et passa par les vestiaires ô combien sommaires. Une fois parée par une nouvelle soirée à minauder derrière le bar en passant pour une serveuse contentieuse, Mia s’approcha de la salle principale. Elle attrapa un plateau avant des consommations à moitié vide pour le déposer sur le comptoir. Son regard balaya les environs avant de se déporter presque machinalement vers une table dans un coin. Et la scène qui se joua sous ses yeux lui décrocha une douleur immense dans le cœur. Seth face à une blonde qui ne se gênait pas pour laisser ses lèvres flirter avec les siennes. Mia avala difficilement sa salive alors qu’une larme perla contre sa joue empourprée par la colère. Elle fut incapable de bouger. Sa main se crispa contre le dessus du comptoir. Lentement, ses espoirs brûlèrent dans le feu d’un enfer que Seth déclenchait à chaque fois. Mia réalisait que leur histoire n’était apparemment plus qu’un – mauvais – souvenir pour lui. Il avait avancé, il avait refait sa vie sans se soucier de retrouver la brune. Tout semblait s’écrouler autour de la brune. Incapable de parler, incapable de bouger. Elle observait de loin le spectacle en face. Cette blonde semblait être amplement au gout de Seth et c’était trop difficile à accepter. Après quelques secondes d’une paralysie sans fin, la brune attrapa les premières consommations à proximité d’elle et enclencha le pas. Sans hésiter, avec la hargne qui consumait son cœur, elle s’avança de la table. Très vite Seth remarqua sa présence et il savait que la suite ne serait qu’une succession de haine. Mia laissa – volontairement – tomber son verre sur la blonde tâchant de plein fouet ses vêtements. Prenant une mine faussement désolée, elle la regarda avec des prunelles qui reflétaient pourtant un dédain sans précédent. « Je suis vraiment maladroite. » Qu’elle souffla avec une voix sarcastique. Elle lança un torchon à l’encontre de Seth qui était à la fois interloqué et embarrassé par la tournure de la situation. Mia le regardait. Ses yeux à cette seconde précise n’affichèrent pas une quelconque colère. Non, c’était de la déception, une douleur certaine. Les prunelles de la brune brillaient et menaçaient de céder au poids de ses larmes. Elle avala difficilement sa salive sans pour autant baisser le regard. Si sa bouche ne laissait aucun mot filtrer, son regard en disait long. Déception, haine, rage, peine. Des émotions. Des sensations. Et c’était trop difficile. Mia n’aimait pas se montrer faible – encore moins face à lui et pourtant la donne était en train de se vivre ainsi. Finalement, elle osa reprendre la parole en le regardant fixement. « Votre petit-ami va se faire un plaisir de vous essuyer votre chemisier bon marché. J’en suis convaincue. » Et à ces mots, elle lâcha son plateau sur la table, trop instable émotionnellement pour rester un peu plus ici encore. La demoiselle tourna les talons, refusant de rester ici. Passant le seuil de l’entrée du bar, elle se retrouva rapidement dans la rue. Le temps se gâtait et la nuit dévoilait sa couverture. Mia s’éloigna de quelques mètres avant de commencer à avoir la sensation d’étouffer. Elle laissa son pied rebondir contre un mur sous le coup de la rage, ne se souciant pas de la douleur causée. Ce n’était rien en comparaison de ce que son cœur ressentait. Après quelques secondes, elle glissa contre la barrière de briques pour se retrouver en tailleur. Ses deux mains touchèrent sa nuque et la serra alors qu’elle ferma les yeux pour tenter de reprendre un minimum ses esprits. La déception avait été telle que cette dernière n’eut même pas le courage de faire la moindre crise à Seth. Ce dernier s’était reconstruit, il l’avait oublié, elle n’avait qu’à l’accepter et c’était la tâche la plus difficile.

La brune restait au beau milieu de cette rue, incapable de bouger, incapable de satisfaire d’une quelconque envie. Elle était livide et paralysée par la scène qui venait de se jouer sous ses yeux. La demoiselle n’avait même pas le courage de s’énerver, de crier. Sa gorge était nouée et ravagée par le poids de la douleur qui venait de s’installer dans son cœur. Elle se sentait simplement idiote. Elle avait été trop naïve pour croire que les choses reprendraient avec Seth. Apparemment ce dernier fut en mesure de se reconstruire, de refaire sa vie avec la première traînée venue. Tant mieux pensa-t-elle à contre cœur évidemment alors que sa respiration demeurait saccadée et irrégulière. Mia passait de temps à autre une main dans sa chevelure ébène, perdue dans ses pensées. Tout commençait à perdre de son sens. Son arrivée ici, son enquête, son envie de continuer ce boulot. Elle avait envie de tout arrêter, de fuir – encore une fois et de repartir retrouver sa sœur et son fils. Leur fils en vérité, le fruit d’un amour passé qui avait été consumé par l’amertume. La brune alluma une autre cigarette tirant dessus comme une forcenée. Elle n’en pouvait plus. La douleur continuait de tirailler ses veines. Sa poitrine se soulevait lourdement. Certains passants bousculaient l’agent de police sur le chemin mais cela n’était qu’un détail futile. Elle s’en fichait totalement. Plus rien n’avait d’importance à cette seconde précise. Ni lui, ni leur histoire, ni tout ce qui avait pu se passer récemment. Après quelques minutes, Seth arriva dans le champ de vision de Mia. Cette dernière sentit inévitablement son cœur se serrer. Elle cherchait à l’éviter mais c’était impossible de toute manière. La brune n’avait pas à changer de trottoir ou à partir. Ce n’est pas elle qui avait fait miroiter n’importe quoi au barman alors que sa vie amoureuse ne lui permettait pas de le faire. C’était lui le fautif cette fois-ci. Quand bien même la brune avait fauté, la donne était différente maintenant. Lorsque ce dernier osa reprendre la parole, ce fut pour se comporter comme le pire des connards. Il cracha des paroles pleines de reproches, des mots qui avaient l’effet d’une lame de rasoir sur le cœur de la brune. Cette dernière ne montrait aucune émotion. Son regard froid – presque impassible – croisait celui de Seth alors qu’il continuait son petit numéro. Ce dernier semblait enfin apte à parler sans agir comme un demeuré, à parler sans avoir envie de se cacher dans le fond d’un trou. Et cela amusait Mia. Elle continuait de l’observer, alors que derrière ce calme olympien, une douleur vive nourrissait ses veines. Elle ne bougeait pas. Seul son pied tapotait contre le bitume par intermittence. La brune avait envie d’exploser en sanglots lorsqu’il continua son numéro histoire de se sentir un peu viril. C’était pathétique et surtout absurde. Ce dernier ne se gênait pas pour lui faire des reproches vieux de trois ans sans même se remettre en cause ne serait-ce qu’une seconde après ses agissements à l’époque. Lorsqu’il se stoppa, Mia commença à rire avant de frapper dans ses mains en guise d’applaudissements face au pathétisme dont il venait de faire preuve. Elle continuait de rire à la fois sarcastiquement et nerveusement avant de replacer une mèche de sa chevelure foncée. Après quelques secondes, elle s’éloigna de quelques centimètres. En se retournant vers lui, son regard croisa le sien. « Je me serais donnée en spectacle, si l’enjeu en valait la peine mais en te voyant là devant moi, je me rends compte que c’est définitivement pas le cas. » Qu’elle souffla d’un ton tout à fait calme. Peut-être trop même face à son intérieur qui grouillait d’une envie d’exploser. La brune ne le quittait pas des yeux, arquant un sourcil par moment en se montrant presque provocante dans son regard. Elle n’en avait strictement rien à faire de la réaction du barman. Tout était à présent mort entre eux et elle venait de le réaliser de plein fouet. Elle attendit qu’un groupe d’étudiants passe pour reprendre la parole. « C’est facile ce que tu fais Seth. Te retrouver devant moi, me cracher ta haine au visage, me faire culpabiliser. » Qu’elle commença à expliquer avant de reprendre aussitôt le fil de la conversation qui s’annonçait encore forte et douloureuse. « On parle de ce que toi tu m’as fais subir maintenant ? On parle de ta facilité à dégager de ma vie en apprenant que j’étais enceinte, de ta facilité à partir comme si j’avais jamais comptée ne serait-ce qu’une seconde pour toi ? Ta capacité à croire qu’y a que moi qui soit responsable de notre rupture. Bravo, belle mentalité. » Qu’elle cracha à son visage sur un ton qui traduisait la haine qu’elle ressentait. Il la dégoûtait, il l’énervait, il lui donnait des envies de meurtres. Le plus grand fautif restait lui. Mia ne lui avait jamais demandé de garder cet enfant, elle aurait été prête à vivre la terrible épreuve de l’avortement si ce dernier n’avait pas fui comme le dernier des lâches. Et pourtant, il l’avait fait. Il l’avait abandonné en oubliant tout ce que les deux avaient pu vivre. Et finalement, Mia ne fut pas en mesure de se séparer de cet enfant, de vivre cette douloureuse épreuve. Et à chaque fois qu’elle posait ses yeux sur son fils, c’était le regard de Seth qui revenait la hanter. Ce dernier n’avait évidemment aucune idée de l’existence de cet enfant et c’était peut-être mieux au final. La brune n’avait plus envie qu’il revienne dans sa vie, pas après tout ce qu’il avait osé lui cracher au visage. C’était la goutte d’eau à trois ans de suspens, à trois ans d’amertume qui se mélangeait à ses sentiments encore ardant. « T’es encore plus lâche que ce que j’imaginais en fait. C’est peut-être pour ça aussi que t’as fuis l’autre fois, partir alors que tu bandais comme jamais. Je te fais plus d’effets alors, t’es sûr ? » Soufflât-t-elle en se rapprochant à nouveau de lui. Son souffle court parcouru la courbure de ses lèvres et aucun doute n’était possible quant au trouble que cela causait chez l’homme. Mia se mit à rire avant de se reculer, incapable de rester près de lui tant il lui refilait la nausée. La brune observa les alentours, vérifiant qu’aucun de ses collègues ne se trouvaient à proximité de la scène qui était en train de se jouer au beau milieu de cette rue semi-déserte. Après quelques secondes silencieuses, elle se retourna vers lui en le regardant avec une sincérité exemplaire. Son cœur continuait de battre vivement. « Tu sais, en trois ans, je me suis souvent dis que j’aurais du me battre pour toi, t’appeler et te dire à quel point on avait fait une erreur. » Oh ça oui. La brune avait eu envie de faire marche arrière des dizaines de fois, elle avait envie de l’appeler, de tout lui avouer et surtout de lui crier à quel point elle était encore éperdument amoureuse de lui. Mia aurait aimé être en mesure de le faire pourtant sa fierté, la peur de souffrir encore, la peur de le perdre une nouvelle fois l’en avait empêché. A présent, la demoiselle était écorchée vive. Elle n’avait plus envie de rien et surtout plus envie de lui. Ses yeux traduisaient cette lassitude. Une larme perla au creux de ses prunelles pourtant elle retenait de toutes ses forces les larmes menaçantes. « Mais la plus grosse erreur là dedans, ça a été de t’aimer, de croire que tu étais différent, de croire que nous deux ça valait quelque chose. » Qu’elle ajouta sans baisser le regard. Chacun des mots qu’elle disait lui coûtait cher. Ça lui faisait mal de se montrer à nouveau aussi détestable qu’au début. Mais il l’avait bien cherché, il l’avait poussé à bout dans ses propres retranchements et la brune n’avait plus envie de se montrer faible face à lui. Elle avala difficilement sa salive tout en regardant autour. Les quelques passants au loin semblaient observer la scène clairement pathétique. Mais là aussi, ce n’était rien. Mia n’en avait plus rien à foutre. Sa gorge était nouée, brûlante même tant tout son corps était crispé. « Mais tu veux rien, t’es qu’une merde Dashawn et encore le mot est faible. » Un sourire cynique étira ses lèvres alors qu’elle referma son manteau tout en sentant sa chevelure être balayée sur le côté. « Maintenant, tu es libre de rejoindre la traînée qui te sert de petite-amie. T’as été obligé tes critères à la baisse après notre rupture apparemment. » Qu’elle souffla en tendant sa main en direction de l’entrée du bar pour le guider et l’obliger à se barrer. Elle se mit à rire encore une fois nerveusement avant de se rapprocher une dernière fois de lui. Son regard blessé, perdu, humide croisa le sien. Mia respirait rapidement ; trop même puisqu’elle avait l’intime impression d’étouffer sur place. « Longue vie à ton couple et tu pourras dire au patron que je démissionne. » S’en fichant de l’enquête, elle stoppa les frais au milieu de cette rue. Sans même attendre une réaction de la part de l’homme, elle commença à partir, droit devant, sans se retourner, sans attendre un mot de lui. Ses pas étaient rapides, son envie était de fuir, de quitter cet endroit au plus vite. Son cœur était broyé, encore une fois à cause de lui. Ils étaient plus nocifs l’un pour l’autre qu’autre chose. Et pourtant malgré cette haine, elle continuait de l’aimer déraisonnablement.