Minuit trente. L'heure de faire la fête. L'heure de se lâcher. Enfin. Après près de quatre mois de tennis intensif. Il était maintenant au repos. Il n'allait plus faire un marathon. Hormis peut-être le marathon des cul-sec ce soir. Parce que là, il avait vraiment envie d'en profiter, de se lâcher, de laisser retomber la pression. Médiatique surtout. C'était des monstres les journalistes. Ils commençaient à s'intéresser au bonhomme, au petit Jarvis, le baby Matty comme ils l'appelaient. Tout ça à cause de Liam. Si il n'avait pas été assez taré pour tirer sur des gens, personne ne se serait intéressé à Arrowsic, personne n'aurait su que le gamin qui avait battu quelques têtes de série dans des tournois mineurs habitait ici, et surtout personne n'aurait su toute sa vie. Maintenant, on commençait à lui demander si c'était vrai qu'il avait mis une fille enceinte. Les salauds! Au moins, pendant un mois, il serait tranquille. Il n'allait pas courir partout, il allait aller à deux-trois tournois d'exhibition, taper la balle avec des Grands, et le reste du temps il profiterait d'Ella, et de Lleyton. Et de Kavi. Et de Teddy. Et de Jona. Et de tout les autres, Ashton compris. Et ce temps de plaisir allait commencer dès ce soir. Avec Kavi et tous les autres potes. Il avait suffit d'un Je vais voir mon cousin Siméon ce soir pour Ash, et d'un Je vois Kavi ce soir à Ella pour qu'il se retrouve ici, dans cette salle où l'alcool coulait à profusion, et où il avait la bénédiction d'Ella. Pas d'Ashton. Ella avait fait la moue pendant dix secondes avant de venir en courant l'embrasser et lui souhaiter une bonne soirée. Il avait vraiment une petite amie formidable!

« Ah copain ! ça fait du bien de te retrouver ! Tu bois quoi ? ». Il avait pas le temps de poser ses fesses que Kavi l'agrippait déjà. Le sourire jusqu'aux oreilles, les yeux déjà rougis par l'alcool, Mattia posa sa main sur l'épaule de Kavi. « Coca, vodka, et.. je crois que c'est de la grenadine! C'est dégueu mais ça arrache !! » Content de gouter un truc immonde, Mattia leva son verre en direction de son ami, et but encore une gorgée de sa boisson horriblement dégueulasse. Mais punaise! Il sentait par où ça passait! Il avait la gorge en feu, ses yeux exorbités ! Grimaçant, Mattia ne prêta pas attention à dave qui rentrait, chargé. Non, le tennisman essayait de passer le goût infect de sa boisson alcoolisée tout en se demandant pourquoi, Kavi et lui, avaient gardé cette habitude de boire leur mélange dégueulasse jusqu'au bout. « Whooo les mecs j’ai ramené un super truc ! ». « DE LA TEQUILA ! ». « Non mieux que ça ! ». « Accouche ! ». Pas de réponse. Mattia se dit alors que là, peut-être bien qu'il fallait relever la tête de son verre, et arrêter de se noyer dedans. Il crut d'abord qu'il était déjà bien bourré. Il rêvait où leur copain venait de sortir un rouleau de papier toilette de son sac? Et un autre? Et un autre encore? Et.. encore??!! « T’as la chiasse ? ». Mattia pouffa de rire. « Ah putain, c'est pas pour un petit rhume des fesses ça! » et Dave répliqua. « Mais non ! T’es con Kavi ! Noooon, je pensais qu’on pouvait se venger de John… en pourrissant le jardin de sa cher femme un peu plus tard dans la soirée. ». Oh!!! Là, ça devenait intéressant! Très intéressant! Mattia le fit remarquer en sifflant. L'idée lui plaisait! Et pas qu'un peu. John c'était le flic qui les embêtait tout le temps. Trouvant anormal qu'ils ne soient pas encore en prison. Ahah, la blague! Eux, en prison? Sérieux, il avait vu leurs gueules d'ange? « Oh putain pas con mon couillon, pas con ! ». Oh que ouais! Pas con du tout! C'était cool comme idée, surtout que là, si Mattia comptait bien, ça faisait un sacré bout de temps qu'il ne l'avait pas emmerdé! Et franchement, rien qu'imaginer la tête de sa femme lorsqu'elle verrait le désastre le lendemain matin, ce serait fantastique! Un sourire grand jusqu'aux oreilles, Mattia hurla. « OUAIS!! On va lui refaire son jardin!!! On va lui donner raison pour une fois! » Parce que tout à l'heure, en passant, il avait ouvert sa bouche et leur avait demandé combien de temps ils allaient tenir sans faire une autre connerie. Quatre heures mon cher. Quatre heures et ton jardin ressemblera à la cuvette des WC! Là, Mattia se releva. Il attrapa un rouleau de PQ, éclaboussant au passage le sol du salon de chez leurs amis -d'ailleurs, il ne savait même plus chez qui ils étaient- en renversant sa boisson. Il arriva alors près de Kavi, et s'éclatant, il commença à enrouler Kavi dans le papier toilette. Un tour. Deux tours. « Le rose te va si bien au teint! » fit-il en riant, complètement éméché.

Kavi avait pris le verre de Mattia pour le goûter. Il était fou. Maso aussi. On lui disait que c'était écoeurant, bah il voulait quand même goûter, et voir la tornade que ça allait faire dans son corps. Bruler sa gorge. Irriter son estomac. D'ici peu, il allait carrément aller vomir ses tripes. Bien fait ! Il l'aura chercher. Comme Mattia. Il ne savait plus de quand datait cette connerie, mais il savait qu'un jour, ils s'étaient jurés de boire leur boisson, qu'importe ce que c'était, immonde ou délicieux, jusqu'au bout. Pari débile. Mais maintenant, c'était resté. Ancré dans leurs codes. « Vas y passe, je goutte. ». Pas le temps de dire non. Pas le temps de dire oui. Plus de verre en mains. Et de nouveau un verre entre les mains. « Ça c’est du mélange ! Je vais m’en faire un vrai aussi. ». Ouais, vas-y! Le sourire jusqu'aux oreilles, les yeux pigmentés de rouge, le regard rivé sur lui, Mattia se moquait. « Vas-y, et on s'fait un cul-sec après! » Et le fameux Dave était revenu, PQ en mains. A croire qu'il avait le rhume des fesses.

Un sourire béat sur le visage, Mattia se releva, attrapant un des rouleaux et commençant à entourer son meilleur pote avec. Les deux idiots riaient, bêtement, alcoolisés. Le petit kiwi réussit à lui arracher le rouleau des mains, et à son tour, il l'enroulait. Un mattia emballé. Beau papier cadeau non? Et bam, il lui en foutait en prime dans son T-shirt. Le voilà avec des nichons maintenant. Et un gros ventre. « A Halloween l’année prochaine, rappelle-moi qu’on se déguise en cochon, parce que je t’assure le rose fait ressortir le bleu de tes yeux mon cochon ! ». Et Mattia se mit à rire à son tour, imitant l'autre idiot. Ils s'éclataient. «  wahoo, attends! Je ressemble plus à une truie maintenant! Regarde, j'ai déjà des mamelles! » fit-il en pointant son doigt sur sa 'poitrine' faite de PQ. « Attends, je vais même m'faire une queue! » Et là, il attrapa un morceau de papier toilette, et l'inséra un peu dans son jean. Le papier rose ressortait, formant une queue. Bien que ne ressemblant pas du tout à une queue de cochon. Il se mit alors à rire, et observa Kavi boire son truc que même la couleur ne donnait pas envie de boire. « Beuuuuh, goutte ça mec, ça vaut le détour. ». Un peu suspect, Mattia fronça les sourcils avant d'attraper le verre d'une main quelque peu tremblante. Ca ferait même vomir un mot ce truc. Il goutta et cracha aussitôt la boisson par terre. « IMMONDE! » Il ne sut même pas si Kavi l'avait vu, ou entendu faire. Parce que lui, il était motivé pour aller chez John. « Au fait, quand est-ce qu’on va chez John ? ». L'idée de décorer le jardin du retraité lui plaisait. Il le haissait tellement celui-là. Il l'avait arrêté pas mal de fois pour des conneries mineures qui l'avait conduit directement aux mains -ou poings- de son beau-père. Alors ouais, qu'ils lui foutent du PQ partout dans le jardin, ce serait cool! Ils feraient la danse de la pluie aussi, histoire de bien mouiller le papier toilette, et que ça devienne un espèce de papier mâché impossible à enlever de son buis. Ouais! « Maintenant Kavi! J'ai peur de pas tenir longtemps.. Et j'veux vraiment lui cracher ma galette sur son perron.. » Ouais. Il avait envie de vomir depuis qu'il avait goutté cette boisson dégueulasse. Et quitte à vomir, autant vomir chez lui. Attrapant alors quelques bouteilles, et quelques rouleaux de PQ, il leva le bras et hurla un « A l'attaque! » avant de filer -en titubant bien- vers la porte d'entrée.

Ca faisait un sacré moment que Kavi et Mattia n'avaient plus fait la fête ensemble, et bizarrement, ça se ressentait. Bourrés comme des alcoolos, criant des absurdités aussi grosses qu'eux, ils se donnaient à coeur joie. Tant de temps passé sans faire la fête avait paru long pour Mattia! Surtout que là, pour la première fois depuis un bail, il pouvait se lâcher. Boire à en finir par terre. Faire des conneries à en faire trembler Ashton. Il s'en fichait. Il aimait trop être avec Kavi pour regretter quoi que ce soit! « Oh comme t’es sexy ma grosse truie ! ». Mattia l'observa et se mit à rire à son tour, le repoussant. Il rêvait là où Kavi avait faillit l'embrasser? Beurk! Les truies n'aiment pas les kiwis!! Et paf, il décida de se faire une queue. Ce à quoi Kavi ne put s'empêcher de répondre « Mais t’en as pas déjà une ? » Et là, ce fut la goutte de trop. Le mot de trop. Mattia explosa de rire. Littéralement. Il eut bien du mal à se calmer, bien du mal à revenir à la réalité. Bon sang, Willy, on parle de toi, mais regarde t'as un autre copain derrière cette fois!

Et puis, enfin, ils se décidèrent à s'en aller. A quitter cette maison où le sol commençait à être bien sale, bien immonde -comme la boisson dégueulasse que Kavi lui avait fait goûter-, et où on commençait à prendre racine, tellement les chaussures collaient. Posant sa main sur son ventre, Mattia sentit que ça allait remonter. Ca n'allait pas tarder en tout cas. Le monde ne tournait qu'autour de Kavi et de lui. Limite, il ne se souvenait plus de Dave, James, et de toute la crique. Y avait que Kavi qui comptait. Y avait que Kavi qu'il voyait. Et bon sang, fallait vraiment qu'ils se dépêchent, parce que sinon, il risquait de lui vomir dessus. « Je te suivrais Topain ! ». Un grand sourire aux lèvres, Mattia s'arma. Bouteilles. PQ. Et il hurla un 'A l'attaque' avant de se faufiler dehors. C'était parti! La fête allait vraiment commencer!!! YEAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH!!

N'empêche que marcher, c'était dur. Ca titubait autour de lui. La terre s'était transformée en mer. Le bitume se ruait vers lui sous forme de vagues. Il eut un haut-le-coeur. Oups! Mais nan, ce n'était pas encore le moment! Il fallait qu'il garde son estomac plein jusqu'à chez John. Ahaha John, qui va s'éclater? C'est Matty et Kiwiiii! En tout cas, là, les deux allaient vers John. Les autres? Mattia ne savait pas ce qu'ils faisaient. Ils les suivaient. Ou pas. Il s'en fichait. Lui, il avait Kavi. Kavi qui était dans un sacré état. Complètement bourré. Complètement taré -quoique ça, c'était naturel chez lui-. « WEEEEEEEE’REEEEEE THE CHAMPIONN ! ». Putain, il chantait! Demain, il allait pleuvoir des grenouilles! Et !! Ah, les autres étaient là. Ils chantaient eux aussi. Et Mattia se mit lui aussi à hurler. A se vider les poumons. « WEEEEEEEEEEE'REEEEE THE CHAMPION!! » « Ehhh chut les mecs ! On est à deux maisons du vieux con, je sais qu’il entend plus bien mais bon ! ». Mattia se mit à rire. Lui, il voulait pas se taire. « On s'en fout, il a pas ses appareils! » Après tout, il devait dormir le vieux. C'était l'heure, non?

Secouant la tête, Mattia passa son bras autour de Kavi. Comme lui le faisait. Et là, Matty fit le débile. Il y avait une chanson qui faisait le tour du monde en ce moment; Gnagnam Style. Et les pas étaient excellents. Alors, il se mit à chanter lui aussi, à tue-tête à son tour. « Oppan gangnam style, Gangnam style » Et il fit les pas de danse. Jonglant d'une jambe à l'autre. Se cramponnant à Kavi. Puis, mort de rire parce qu'il imaginait quelque chose, il ota son bras de Kavi. Et là, il se mit à hurler. « Oppan gnagnam style, Johnleflic style » Il commença alors à l'imiter. L'air sérieux. Le ventre bedonnant. Le regard sévère. Les mains dans ses poches. Prêt à dire jeunes gens, qu'est-ce que vous foutez? . Putain ouais, ils étaient débiles..Mais ce que c'était bon.

La chanson-là faisait délirer Mattia. Jamais il n'aurait imaginé qu'une chanson puisse être aussi peu réaliste, tout en étant aussi timbrée. Mais n'empêche que voir ces pas de danse, ce type qui faisait tout le temps le mec stylé, et avoir ces quelques paroles compréhensibles dans la tête, Mattia finissait lui-aussi par devenir un addict. Un de ceux qui avait visionné cette chanson, juste pour s'éclater. Et là, du coup, sur le rythme de la chanson, il imitait John. John le flic. John le sévère. John le gars qui faisait peur. John qui l'avait tant emmerdé. Parce que c'était clairement le cas; il l'avait détesté, hait ce type-là. A cause de lui, il s'était souvent retrouvé dans de sales draps, son beau-père sur le dos. Juste parce qu'il avait fait une petite connerie. Il avait toujours son visage fermé -avec cette sensation désagréable d'avoir envie de recracher son ventre-, un visage sévère, les mains dans les poches, lorsque d'un coup, il entendit un « John ! Rentre à la maison il fait froid maintenant, vient prendre tes gouttes ! ». Merde!! Pendant un instant, un petit instant, il crut que Mme John -pauvre dame- venait de faire irruption dans son décor... Jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il s'agissait de Kavi. Son meilleur pote. Tout aussi bourré que lui qui essayait d'imiter madame, et qui visiblement gérait. Pris d'un fou rire, Mattia lâcha alors un « Merde Kiwi, t'es vraiment fort! Pendant un moment, j'ai cru qu'elle était là la vieille! J'crois que dans une vie antérieure, t'étais sa meuf! » Et il se mit à rire, comme un bossu, ivre en plein milieu de la voie publique.

La maison de John était juste devant eux maintenant, les englobant dans sa pénombre. Mattia était à deux doigts de rendre son diner. Son ventre gargouillait. Il avait quelques remontées acides. Vider son ventre. Il ne pensait plus qu'à ça. Kavi l'avait peut-être deviné. Il sentit sa main sur lui, et quelques secondes plus tard, pris d'un mal de mer, il était devant la porte. « Allez on lui offre son petit dej ? ». Pas le temps de dire « yeah! »! Pas le temps de dire « ouf! ». Juste le temps d'ouvrir sa bouche, et de dégueuler l'alcool qu'il avait ingéré, courbé sur les plantes de madame, le regard dans le vide, l'estomac qui se nouait. Mais putain ça faisait du bien ! Vomir le faisait presque jouir là. « TOPAAAAAIN, t’as fini ? ». Il ne répondit pas, sentant encore un renvoi venir. Et un de plus. Cette fois, bien plus sur le perron que l'autre. Là, Mattia se releva doucement, observant Kavi. « Parce qu’on a encore l’arme PQ ! Et puis bon dans le jardin t’auras peut-être de quoi faire un bouquet tant qu’on y est ! ». Un bouquet pour Ella. Pour se faire pardonner de l'avoir abandonner une soirée. Sourire sur les lèvres, Mattia se sentit beaucoup mieux. Il se releva complètement, et regarda Kavi rire comme un imbécile. « Rigole pas, je suis sûre elle serait contente que j'ai eu une pensée pour elle. » Parce que là, il pensait plus au PQ, il pensait à Ella. Mais ne lui laissant plus le choix de penser, Kavi l'entraina avec lui dans le jardin. Là, c'était du pur délire! Y en avait qui accrochait des bouts entiers de PQ entre les arbres. D'autres pissaient dessus. D'autres encore les découpaient en tout tout tout petits morceaux, et émiettaient ça. Il y en avait même un, au fond, qui visiblement avait son pantalon baissé, accroupi par terre..
Pris d'un fou-rire monumentale, Mattia eut du mal à se calmer. Dégrader autant l'habitat de John lui plaisait. Même si ce vieux saurait très bien qui avait fait ça cette nuit. Mais ça, Matty s'en fichait. Il ne voyait que le moment présent, que l'extase qu'il avait à saccager son jardin. Il arracha un rouleua de PQ, et le prit pour retourner là où ils avaient miraculeusement libéré leurs estomacs. Il prit quelques bouts, et les laissa s'échouer sur leurs vomis. Trop classe. «Je vais lui cacher nos dégâts! Sa main sera heureuse de rencontrer nos liquides demain! » Et il riait, mettant sa main devant sa bouche, se rendant compte qu'il parlait trop fort! Il revint alors sur ses pas, dans le jardin, et commença à arracher quelques fleurs. Quelques roses. S'écorchant les mains au passage. Il en fit un petit bouquet; pour Ella. Puis, avec le papier toilette, il commença à imiter une fleur, qu'il déposa là où il avait arraché les roses. « Oh regarde Kiki, les belles roses roses que je lui offre à Dame John! » Et il riait de sa connerie. Il était mignon non? Il piquait des fleurs, et il lui en remettait d'autres.

Mattia l'avait dans la peau Ella. Il avait beau avoir passé quelques mois sans elle, il n'avait pas cessé de penser à elle. Matin. Midi. Soir. Plus entre ces moments. Cinquante mille fois par jour environ. En fait, dès qu'il ne jouait pas, il pensait à elle. Il n'y pouvait rien; elle l'avait marqué au fer rouge avec son amour. C'était indélébile. Ca s'enlevait pas. Ca allait rester des jours et des jours comme ça. Ca allait rester jusqu'à la fin de sa vie. Il le savait déjà. Il ne pourrait jamais enlever Ella de sa tête. « Et encore plus d’apprendre que t’étais torché comme un trou ! ». Pas faux! Mais elle ne dirait rien. Elle devait déjà s'en douter de toute façon. Mattia n'était pas sorti avec Kavi juste comme ça, juste pour se taper une soirée à boire tranquillement une gorgée de sirop de pamplemousse.

Et puis alors, les deux partirent en direction du jardin. Saccageant tout. Riant comme des ânes. Délirant de voir ce terrain devenir une déchetterie. Une poubelle grandeur nature. Son jardin ne ressemblait plus à rien, et franchement là, il espérait grandement que le ciel soit pour une fois avec eux. Pour le nombre de fois où le bon Dieu -ou Allah ou n'importe lequel de tous les dieux- avait donné raison à John, Il pouvait bien faire une exception aujourd'hui, et donner l'ordre aux nuages de déverser leurs larmes sur la terre. Que le jardin ne ressemble à rien. Que le PQ se désagrège. Que le PQ colle. Un sourire sur les lèvres, Mattia continuait de faire ses roses. Gardant un bouquet pour sa tendre chérie. « AZYYYY, elle va pas s’en remettre ! ». Et ils riaient, complètement saouls, complètement idiots, complètement délaissés par toute culpabilité. « Eh pas contre, tes fleurs survivront pas à la soirée ! ». Quels fleurs?? Celles en PQ? Bah siiiiiiii! Posant son regard j'ycomprendsrien sur son meilleur pote, Mattia comprit ALORs qu'il parlait des fleurs qu'ils avaient en mains. Les vrais. Celles pour Ella. « Tu l’emmèneras au septième ciel elle te pardonnera ! ». Là, il se mit à rire. Comme un fou. « Les deux mecs! Je vais faire les deux! Tu vas voir, je vais la faire planer de plaisir! » Il sourit, béat devant ces pensées.

Et là, petit kiwi s'élança, courant dans le jardin, balançant les rouleaux, et j'en passe. Ce qu'il était con comme ça! Mais ça les faisait rire. Ca faisait rire Mattia surtout. « Je vais lui faire un arbre de noël avant l’heure ! ». Noël? Déjà? Mattia le regarda faire. Lui aussi il voulait faire pareil. Lui aussi, il voulait faire un arbre. Il voulait participer à cet honneur. A ce pur délice. Riant aux éclats en voyant Kavi tenter de grimper sur l'arbre, Mattia posa son beau bouquet pour Ella au sol et courut vers lui. Oh la vache! La terre tournait vite. Trop vite par rapport à d'habitude. C'était quoi? Le début de la fin du monde? Nan parce que là, le sol se dérobait sous ses pieds.
Quand il arriva enfin près de l'arbre, il ne vit plus Kavi. Il était où bon sang?! « OUAIS ! Je suis le roi du…. JARDIN ! ». Relevant la tête Mattia vit son meilleur pote, assis sur une branche dans l'arbre. Oh putain, il avait réussi!! Trop fort! Trop un best!!« VIVE LE VENT, VIVE LE VENT, VIVE LE VENT D’HIVER ! ». Wahooo, ce qu'il chantait mal! Il ne gagnerait jamais le concours de la plus belle voix. Peut-être celle du plus horrible chanteur. « Putain, heureusement que tu t'es pas lancé dans la chanson Kavichou! » lui fit Mattia, tout en tentant, à son tour de grimper dans l'arbre. Il mit un pied sur le bord, s'agrippa à l'écorce et tenta de grimper dessus. Si Spider Cochon pouvait grimper au plafond, Spider Mattia pouvait bien grimper aux arbres non?

« OH PUTAIN!!!!!!!!!!!!! Bande d'enfoirés! Vous allez voir, j'arrive!!!» Surpris, Mattia se redressa et observa un instant autour de lui. C'était quoi ça? C'était qui le salaud qui venait d'hurler comme ça? Il était pire que Kavi qui massacrait vive le vent, puis en plus, il avait un peu la même voix que Joh... OH PUTAIN!! MAIS C'ETAIT JOHNNNNNNNNNNN!!!! Plus que surprit, Mattia essaya de grimper le plus rapidement possible dans l'arbre. « Kavi, aide-moi à me cacher avec toi! » Et plutôt que de flipper, et de stresser à l'idée de se faire chopper, Mattia se mit à exploser de rire. Vraiment, l'alcool ne leur réussissait pas.

Il était en plein délire. Limite, il ne savait plus comment il s'appelait, comment il en était arrivé là. Mais là, entendre le petit vieux, entendre le John hurler qu'il allait arriver, ça l'émerveillait. Même si bon, il avait quelque peu du mal à se bouger. A monter sur ce fichu arbre. Il devait avoir des gènes anti-Jarvis ce machin. C'était pas possible autrement. Il galèrait pour monter dessus. Il avait beau être souple, il n'y arrivait pas. Surtout qu'il était parcouru d'un truc horrible; le rire. Il ne cessait pas, n'arrivant pas un seul instant à se calmer. Il aurait payé cher pour la tête de ce cher John en découvrant l'état de son jardin. Là, il allait le voir, en direct. Avec vue plongeante. Si il arrivait enfin à monter dessus ce fichu arbre. Et Kavi n'était pas d'une grande aide, plié en deux lui aussi.

Mais finalement, après maintes efforts qui parurent presque une éternité aux yeux de Mattia, il se retrouva, au côté de son pote. Celui-ci passa son bras autour de ses épaules, et il fit de même. John était là maintenant, juste en bas. Il pourrait presque lui cracher sur son crâne chauve. [« Aloooooors John, como esta a la casa ? On s’en improvisé paysagiste, c’est beauuuu hein, ta meuf va grave kiffer sa race ! ». Putain, il était trop fort son pote!!! Parler comme ça, avec John, c'était direct l'emmerder. Il allait halluciner. Il allait hurler. Il allait criser. Et ce serait bon, vraiment bon. Mort de rire à côté de lui, Mattia ne put rien rajouter, hormis son rire si franc, et si typique de la jeunesse. Il se contenta de taper dans le dos de son pote. Pour lui montrer à quel point il le faisait délirer! « BANDE DE PETITS CONS !!!! Descendez de là que je vous botte le cul ! ». Le tennisman se mit encore plus à rire. Leur botter le cul? Il était sérieux, lui? Avec sa vieillesse et tout? Il croyait quoi? Qu'il allait réussir à les chopper? Il faisait une minute trente aux cinq cent mètres. Kavi devait faire pareil. Désolé papy mais on concourt pas dans la même catégorie. « Essaye! Viens nous chercher! » Mattia riait aux éclats. L'alcool le désinhibait totalement. En temps normal, il flipperait à l'idée qu'Ashton soit au courant de cette escapade nocturne, et lui botte les fesses. Mais là, il n'y pensait même pas. Il n'y avait plus que Kavi et lui. Juste eux deux. Juste eux comme au bon vieux temps. « Je vais tirer du petit trou du cul moi ! ». Hein? Qu'est-ce qu'il disait? Le regard à moitié rieur et à moitié interrogateur de Mattia se posa sur son meilleur pote. Putain, il avait même réussi à se foutre du PQ sur sa tête lui !! Ayant du mal à rester concentrer -il avait une folle envie de rire de son ami-, il dit alors « La retraite ne t'a pas arrangé John! On comprend rien de ce que tu racontes! » il voulait quoi au juste? Leur tirer dessus? Sérieux? Il en serait capable de vieux? « Allez, riez! Vous allez voir!! » Mattia l'observa, lui et son poing levé serré, riant encore plus. Mais bien sûr John.. « Houuuu, j'ai peurrrrrrrrr... » Il insista bien sur la fin de ce mot, et essaya de montrer à quel point il était terrifié... puis, n'y tenant plus, il se mit à rire en jetant un coup d'oeil à Kavi. Dès qu'il baissa de nouveau sa tête, il s'aperçut que le petit vieux n'était plus là. Hein? Où il était? « Putain il est où?!?! »

L'alcool avait fait des miracles. Décomplexés, désinhibés, sans peur, les deux loustiques semblaient être les rois du monde. Et ils l'étaient. Co-rois. Ils allaient faire vivre une véritable dictature à papy John. Papy John qui semblait avoir perdu un peu de leste. Tout en ayant pris un peu de poids. Il se croyait toujours aussi fort en tout cas. Comme si il leur faisait peur, à eux, les d'jeuns ! Même pas peur! Et ça, Mattia le lui fit bien remarquer. Comme Kavi. « J’en tremble ! Je vais m’évanouir ! ». Il passait sa main sur son front. Son pote était monstrueux. John allait péter un câble, si ce n'était pas déjà fait.. Le jeune tennisman riait tellement qu'il dut mettre sa main sur son ventre. Histoire de calmer ses spasmes. Histoire de mieux se sentir. Parce que là, son ventre allait se péter à force de rire comme ça. Ses boyaux allaient exploser.

Puis après un brusque élan de sympathie pour John qui devait mal vivre ce moment-là, Mattia baissa la tête. Surprise !!!! Il n'y avait que le sol. Rien d'autre. Pas de John. Pas de petit vieux. Pas de dentier. Pas de canne. Rien. Juste de l'herbe. Il était où le vieux? Parti appeler les flics? Ahaha la blague ! Riant comme un bossu, Mattia jeta un rapide coup d'oeil à son copain. Lui aussi était mort de rire. « On joue à cache-cache papy ? T’as pas passé l’âge pour ce jeu-là ? ». Ah ouais !!! Peut-être qu'il avait décidé de jouer! Allez, chiche, Mattia, il allait le chercher! Il regarda Kavi descendre de l'arbre. La vache! On ne dirait pas que l'homme descendait du singe avec lui.. il avait plutôt un lien de parenté avec les vaches. Il rit, et se balança à son tour pour descendre. Il réussit!!! Bien plus fort que son copain! Il se retrouva, agenouillé par terre, les mains sur le sol, et les fesses à quinze centimètres du sol. Trop fort hein? Il avait grandement envie de se moquer de Kavi, mais impossible. Il riait de trop pour ça. Vraiment. « Viens on va jouer avec lui topaaaiin ! ». Jouer avec lui? « A cache-cache? » demanda Mattia comme un idiot. Il prit alors le bras de Kavi, et il l'entraina. Le jardin était énorme. C'était juste génial de pouvoir s'éclater là-dedans. Surtout que s'éclater avec son meilleur pote, et le flic qu'il détestait le plus, c'était sacrément drôle! Jetant un bref coup d'oeil autour de lui, Mattia attrapa le bras de Kavi, et il courut vers des thuyas. Ca piquait. Mais il se faufila derrière, et commença à pousser quelques branches devant lui histoire d'avoir une vue sur le jardin.
C'est là qu'il se rendit compte qu'il manquait du monde. « Au fait, ils sont où les autres? » Ils les avaient abandonné? Tout seul face au boss? Pas doués!! Il se mit à rire, mais se mit rapidement une main devant sa bouche. « Ahhhh, le voilààà notre boss! » John s'était dirigé vers l'arbre qui leur faisait office de siège quelques temps auparavant. Il ne semblait pas très content. Tant mieux. C'était le but. « Ahah, vous faites moins les malins là-haut hein? Allez, descendez ! Je vous laisse jusqu'à trois!! Un... » Hein? John n'avait pas remarqué qu'ils n'étaient plus sur l'arbre? Tournant la tête vers Kavi, Mattia eut un large sourire. « Il déraille complet là! » Il était sérieux là John? Il n'avait pas daigné lever la tête pour voir si les deux garnements n'étaient plus là? il était fou, complètement fou ce type! La retraite ne l'avait apparemment pas du tout arrangé!

Le regard rivé vers le papy, là, sous l'arbre, Mattia hallucinait. Quelle drogue avait-il pris? Quel alcool fort ne supportait-il pas? Etait-il devenu myope? Etait-il devenu cinglé? Même si pour cette dernière, il faut bien l'avouer un peu, il l'était déjà avant. Avant de prendre sa retraite. Dans ce avant où il les avait bien fait chié. A essayer de les coincer pour des conneries même minimes. Mais là, dans le présent, il ne s'était pas arrangé. La retraite l'avait même carrément fait devenir fou. « Il est devenu bigleux ! ». Pire que ça même! L'envie de rire grandissait de plus en plus en lui. Il ne voulait que ça : faire voler en éclat ce qu'il retenait dans sa gorge pour ne pas s'attirer les foudres du vieillard. Il évitait même de regarder Kavi. Pour ne pas rire.

Mais un coup de coude plus tard, il fut obligé de poser son regard sur lui. Mort de rire. L'indien lui montrait deux rouleaux de PQ qu'il avait en mains, et ni une ni deux, il lui en fila un. Il voulait faire quoi de ça? « Tu me suis ? ». Les sourcils froncés, Mattia hocha la tête. Il le suivrait n'importe où Kavi. Dans n'importe laquelle de ces conneries. Son sourire le convainquait de toute façon. Il suffisait que de ça pour se laisser glisser petit à petit sur la pente de ses conneries. Aussitôt dit, aussitôt fait. Kavi s'élança, suivit par Mattia dont le sol, bizarrement, se dérobait peu à peu sous ses pieds. Bizarrement, Kavi ne semblait pas en souffrir lui.
Arrivé près de John, les deux s'amusèrent à tourner autour de lui, l'enroulant de le papier toilettes. Putain ce que c'était drôle! Ils riaient comme des bossus. Lui, il hurlait de rage. Il voulait pointer son fusil vers eux, mais c'était beaucoup trop dur pour lui. Le papier l'en empêchait. Les deux gamins qui tournaient autour de lui lui donnaient sans doute le mal de mer. Riant aux éclats, Mattia sentit la main de Kavi l'entrainer. Ils abandonnèrent là, Papy John, son jardin saccagé, enroulé dans du PQ.

Ils coururent un bon moment, quand enfin, Kavi s'arrêtait. Tant mieux. Mattia ne put s'empêcher de s'écrouler au sol. Mort de rire. Le sol tournant dans tous les sens. Il n'en pouvait plus. « Il va être vénère grave papy ! ». Il riait. Mattia avec. Putain ce qu'ils étaient cons! Putain ce que c'était bon !! « Le pauvre, il ne va plus dormir de la nuit! Il va avoir trop peur qu'on recommence! » Et là, Mattia se mit de nouveau à rire. Il l'imaginait, le papy, ses fesses posés sur une chaise derrière sa fenêtre à guetter qu'ils reviennent. Il allait être déçu. Mattia n'avait plus envie de s'approcher de sa maison. Pas maintenant. Pas depuis qu'il était si énervé. « On est des warrior ! ». Mattia sourit. Il leva le bras pour que Kavi tape dans sa main. Un claquement de mains de warriors! Ils sont trop forts les deux-là !! Sentant alors quelque chose remonter, Mattia se décala, et laissa alors sa marque sur le sol. Beurk! Si boire c'était bon, autant vomir était dégueulasse. Il se repoussa alors, et vint mettre son dos contre un mur. « Ca fait bien longtemps que je rêvais de lui faire ça!! C'était génial copain !!» John. Toujours John. Ce type le hantait. Il était trop de mèche avec son beau-père. Et si sa mère ne tenait pas autant à ses fleurs, Mattia aurait été capable, à l'instant même de faire la même chose de son jardin. « Oh putain! » fit-il alors, dégouté. Il releva la tête vers son indien de meilleur pote, et balança un « J'ai oublié les fleurs pour Ella! ». Il eut malgré tout un petit sourire. Tant pis si Ella n'avait pas de fleurs, elle aura le droit à un gros baiser. Il pensa un instant à elle, avant de penser à Ashton. Et merde.. Il espérait au moins une chose; qu'Ashton ne découvre jamais cette soirée. Sinon, il n'était pas sûr d'être encore vivant pour fêter 2013...

Ils y avaient été forts quand même. John allait finir par devenir fou. « On va le rendre fou, ils vont l’enfermer avec la camisole et tout... ». Ca risquait d'arriver oui. Les gens vont se demander pourquoi ce vieux flic est si soudainement sur ses gardes. Ils vont finir par croire qu'il a pris un sacré coup de vieux. Ils vont finir par l'interner même si il ne lâche pas son fusil. Bah franchement, si il était interné, il en aurait rien à cirer Mattia! Ca lui fera les pieds à lui! Il comprendrait ce que c'est de ne pas être écouté!

Il était au comble de l'extase! Il jouissait de plaisir de le voir si mal, de lui avoir saccagé son jardin. Pas sûr qu'il aurait dit ça en temps normal. Pas sûr que si il n'avait pas bu, il aurait apprécié ce qu'il avait fait. Mais là, il s'en fichait. Il était alcoolisé; la boisson affluait dans chacune de ses veines, déversant un torrent de sensations incroyables. Certaines l'extasiant. D'autres le faisant gerber. Comme là. « C’était éléphantesquement génial ! ». Oh putain ouais. C'était juste géant. Gigantesque. Magnifique. Fabuleux. Extraordinaire. Le sourire béat que dégageait Mattia en disait long sur son état. Sur sa joie d'avoir fait ça; d'avoir pu, enfin, se libérer de toutes ses règles de vie, et de vivre sa vie comme il l'entendait.

En plein extase, il se rendit compte qu'il avait oublié quelque chose. Quelque chose de grave! En l'entendant, son copain Kavi en fut tout bouleversé. « Keki ne passe ? ». Avec un petit sourire, même si il était dégoûté, il lui annonça qu'il avait oublié les fleurs d'Ella. Perdues quelque part. Sans doute dans les mains de John maintenant. Peut-être même dans celles de sa femme. Et merde!!! « NON mais mec ! ». Le sortant de ses pensées, Mattia jeta un coup d'oeil à son copain. Il riait aux éclats. « Elle t’as guimauvisé l’esprit cette nana ! Faudrait genre que tu te fasses exorciser mec ! ». Mattia se mit à rire. Oh putain que oui, elle l'avait guimauvisé! Il l'avait en tête seconde après seconde, minute après minute, heure après heure. Elle lui avait sans doute jeter un sort. Ouais, ça devait être ça! Parce que c'était bien la première fois qu'il était autant accroc à une nana. Sa nana. La maman de son fils.
Le souriait béat collé sur ses lèvres, il observa Kavi mettre son index devant lui. Quoi? Qu'est-ce qu'il voulait dire d'autre? Deux secondes plus tard, il lâcha à son tour sa galette. Riant aux éclats, Mattia se foutait de lui. De son expression débile juste avant de vomir. « Bon ça y est, on y aller, si tu veux on lui achètera des beignets bien gras de la boulangerie d’en face demain à ta princesse Barbie sexy. ». Princesse Barbie sexy. Ouais, ça peut le faire. Aussi belle que Barbie. Aussi sexy que n'importe quelle bombe. Aussi princesse que n'importe quel copine de petit prince. Un sourire aux lèvres, Mattia se remit debout. « Ouais, Ken est d'accord! Mais pas des trop trop gras.. Sinon, elle me laissera dormir sur ma béquille en râlant qu'elle ne rentrera pas dans ses jeans. » Même si elle ne râlait jamais. Même si elle avait souvent un sourire sur son visage. Même si elle était le reflet même du bonheur.

Petit kiwi passa sa main autour de ses épaules, et Mattia passa à son tour son bras dans le dos de son copain. Depuis tout à l'heure en tout cas, la terre avait cessé de se moquer d'eux. Le tremblement de terre se faisait plus petit. Il pouvait plus aisément marcher sans avoir à vouloir tomber toutes les cinq minutes.. Tapotant doucement dans le dos de son pote, Mattia eut -enfin- un esprit de lucidité. « Kiwi.. Si jamais je meurs, tu me promets de garder un oeil sur Ella et Lleyton? » Avec un petit sourire, il se retourna vers son pote. « Nan parce que là, si jamais Ashton apprend cette soirée, je crois pas qu'il va m'applaudir! » Et comme un idiot, ne stressant pas du tout -parce qu'il était toujours bien bourré-, il se mit à rire, imaginant son beau-frère applaudir devant les dégâts. Ce serait trop beau si il réagissait comme ça !
Puis, jetant un coup d'oeil autour d'eux, Mattia se rendit compte d'une chose; qu'il ne savait pas où il était.. « Petit kiwi.. tu sais où sont les autres fruits? Je crois pas qu'on soit sur la bonne route.. » A dire vrai? Il ne savait même plus chez qui ils s'étaient donnés rendez-vous.. alors, il se mit à éclater de rire.

C'est vrai que Mattia avait un peu abusé. Ella n'était pas là à râler que c'était trop gras, et qu'elle ne rentrerait pas dans ses jeans. Elle n'était pas aussi superficielle que ça. Seulement, de temps en temps, elle faisait des constats. Et pire que tout, quand elle repensait à sa grossesse, elle se voyait trop grosse. Trop grosse alors qu'elle était magnifique. Mattia ne l'avait pas avoué avant, mais depuis qu'il avait accepté d'être le papa de Lleyton, il avait osé regarder les photos d'Ella enceinte. Et franchement, elle était magnifique. Malgré tout ce qu'il avait osé lui dire à ce moment-là. Elle était belle, resplendissante de beauté. « Bichou ! Toutes les mêmes décidément ! Pour ça que je suis célibataire… ». « Ouais genre! » Genre!! Pour ça qu'il était célibataire!! Riant comme pas permis, Mattia observa son meilleur pote qui avait sur lui ce large sourire idiot. Non, ce n'était pas pour ça qu'il était célibataire. Il ne savait même pas pourquoi il l'était d'ailleurs. Il devait avoir un peu peur, une petite appréhension. En super bons potes, Mattia ne disait rien. Il n'arborait jamais cette question. Il préférait le laisser gérer sa vie sentimentale tout seul. Après tout, avec la plupart des nanas d'Arrowsic, il fallait mieux être seul que mal accompagné. Lui, il avait eu de la chance, il avait eu le gros lot. La meilleure. Ella!

Marchant alors avec lui, comme deux idiots, Mattia finit par avoir un petit moment de lucidité. C'était pas bien ce qu'ils avaient fait. Pas cool du tout. Même si il s'était grandement éclaté. Mais nul doute qu'il risquait d'y avoir des conséquences, et parmis elles, il y en avait un qui était plus horrible que tout; Ashton. Il allait le tuer. Heureusement qu'il était alcoolisé, que chaque pas qu'il faisait ne le rendait pas réel. Du coup, amusé, il demanda à son meilleur pote de s'occuper d'Ella et de Lleyton. Pour quand il serait mort. Il rit même en voyant la gueule de Kavi. Le pauvre! Il devait se demander quelle connerie il sortait, pourquoi il racontait ça, comme ça. Bah ouais, mais mec, j'doute pouvoir fêter 2013 là! Comprenant enfin ce qu'il disait, Kiwi se mit à rire. « Tu vas te faire défoncer l’anus par Pedo-Ash wesh ! ». Ouais! Quel con Kavi! Il restait toujours là-dessus, mais ça faisait rire Mattia. C'était vrai qu'il racontait des conneries sur lui. Pour ça d'ailleurs qu'Ash ne l'aimait pas de trop. Mais bon, c'était quand même comique. Rentrant dans son jeu, Mattia posa une main sur son derrière et grimaça. « J'ai déjà mal au cul rien que d'y penser! » Et il se mit à rire en jetant un bref coup d'oeil à Kavi. Bon sang ce qu'ils étaient idiots tout les deux! Idiots mais drôles!

Puis ils marchaient. Se tenant. Avançant doucement. Complètement perdu, Mattia ne savait même pas où étaient leurs potes.« Eu…. Sont chez Yann la moule, on était bien chez Yann la moule non ? ». Yann la moule? Heu.. Ils étaient chez eux? Putain, mais merde, il ne souvenait même pas de chez qui ils étaient! Attends! Y avait une console de jeu. Y avait pas mal d'alcool. Mais merde quoi.. Ils étaient où? Jetant un coup d'oeil à Kavi, Mattia se prit un fou rire monumentale. Ils étaient tellement torchés, qu'ils étaient incapables de se rappeller chez qui ils avaient passé la soirée. Chez Yann la moule? Rien que de penser à ce nom, Mattia se fendit la poire un peu plus. Ce que c'était bon le lycée! « Je dirais que c’est par là ! ». Il montrait un endroit. « Eu non… par là ! ». Il montrait la rue dont il venait.
« Putain, on est paumé à 'Sic quoi! » Il eut du mal à dire ses mots; vraiment. Tellement il riait. Tellement le rire lui prenait toute la place dans sa gorge.

« Kavi ? Mattia ? ». « ON EST LAAAA ! ». « On est retrouvé ! ». Hein? Kavi qui s'agitait, qui gigotait ses bras, qui venait de taper dans sa main, et oh, qu'est-ce qu'il se passait? C'était les copains? C'était ça??? c'était eux????? Ouvrant grands les yeux, Mattia regarda autour de lui. A son tour il leva les bras au ciel, les bougeant dans tout les sens, espérant ainsi se faire repérer. « Les copains, on est lààààà! A votre tribord!! jetez vos amarres, venez nous récupérer, on coule!!! » Ils coulaient sous le poids de leurs conneries, ouais. Un grand sourire sur ses lèvres, incapable de trouver ses copains tellement il avaient les larmes aux yeux, Mattia agitait ses bras. « Par lààààà!! Youhouuuuuuuuuu » Se retournant vers Kavi, un sourire sur les lèvres, Mattia frotta le bras de son meilleur pote. A la façon Titanic, il murmura. « On est sauvé Jake! On est sauvé! Tiens le coup! »

Franchement, y avait de quoi se fendre la poire. Ils étaient bourrés, complètement paumés, et incapables de se rappeller plus loin qu'une heure plus tôt. Il se voyait très bien, Mattia, dans le jardin du vieux à le détruire avec du PQ, à jouer avec les pauvres roses de madame, et à lui en faire baver. Ca ouais, il s'en rappelait bien ! Il en banderait presque de plaisir! Mais il était incapable de se rappeler chez qui ils étaient avant. Avant, voyons voir, ce qu'il y avait eu.. Ils étaient tous ensemble. Il y avait même quelqu'un qui était venu avec des rouleaux complets de papier toilette, et c'était de là qu'était venue l'idée d'aller chez John. Ah John, ça il s'en souvenait bien. Mais à qui appartenait la maison chez qui ils étaient avant? Ou l'appartement?? Bon sang, il était strictement incapable de dire si ils se trouvaient dans une maison, dans un appartement, ou dans un simple studio. La misère quoi! L'alcool leur avait retourné la tête à l'envers. Comme Ella, ils étaient paumés. Kavi le fit bien remarquer. Et Mattia ne put s'empêcher de rire. Ouais, mais bon, eux, ils avaient quand même raison de ne plus rien trouver! Ils étaient bourrés. BOURRES! Ella, elle était toujours en pleine forme quand elle se paumait. Elle était incapable de trouver le bon chemin, même en ayant toutes ses capacités mentales -et franchement, avait-elle été bourré une fois dans sa vie? Peut-être jamais. Vraiment, Ella était admirable!

Et enfin, ils les retrouvèrent leurs copains. Les autres. Ceux qui les avaient laissé se démerder avec les flics. Ils étaient sans pitié eux. Les copains étaient coincés chez le vieux? Rien à foutre ils s'étaient barrés! Ah les copains, j'vous jure!! Kavi au moins, il a pas fait ça! Normal, c'était son meilleur pote quoi! Comme un idiot, Mattia joua le rôle de Rose dans Titanic, prenant le bras de son Jack à lui -son kavichou- et lui disait qu'ils étaient sauvés. Sauvés! Bon, ok, dans Titanic, Jack mourrait. C'était nul ça. Il laissait sa place à sa meuf sur le bout du bateau, et lui, il crevait. Mort de froid. Ah ce n'est pas beau l'amour? Mattia ne l'avouerait jamais -même pas à Ella, et encore moins à Kavi-, mais il aimait bien ce film. Niais et transit d'amour. Mais il l'aimait bien quand même.« Oh Rose ! Nous allons nous en sortir ! ». Kavi lui prit les deux mains. Putain, les copains allaient être morts de rire. Lui aussi l'était. Son ventre le faisait même terriblement souffrir. Demain, c'était sûr, il aurait mal aux abdos. Comme quoi, il ne suffisait pas de faire des pompes et des abdos comme Michael le lui demandait. Il suffisait de passer une soirée avec Kavichou pour avoir le même effet. « Eh bah notre absence vous a même pas dessaoulé. ». Leur absence? Les salauds, ils les avaient abandonné! Mais riant aux éclats, Mattia, complètement à fond dans son rôle de Rose, passa ses deux bras autour de Kavichou. Jamais il n'avait tenu un gars comme ça. En général, c'était réservé à son Ella ça. Il le serra fort fort fort et s'écria alors, avec un timbre de voix bien féminin, bien aigue. « Oh Jack!! On va vivre notre vie ensemble! Ces gens vont nous sortir de là » Il sentit alors une remontée. Il délaissa son Kavi, et ses autres copains, et se mit sur le bas côté. Là, près d'une boite aux lettres, juste à côté d'un parterre de fleurs, il se lâcha. Libérant son estomac de tout l'alcool qu'il avait ingurgité. Putain, cette soirée était vraiment bonne! Même avec ce goût de vomi en bouche!