Don't want to live in fear and loathing.

Close enough to start a war, all that I have is on the floor. God only knows what we're fighting for, all that I say, you always say more... I can't keep up with your turning tables, under your thumb, I can't breathe. So I won't let you close enough to hurt me. No, I won't ask you, you to just desert me. I've braved a hundred storms to leave you... As hard as you try, no I will never be knocked down.

Dimanche matin, levée tôt, la jeune femme fouilla dans son armoire pour trouver une tenue de sport assez chaude. Aédan avait envie d’aller se défouler, courir un peu, faire quelques mouvements pour dégourdir son corps. Elle n’aimait pas rester sans rien faire et se motiva pour sortir. Une bonne tasse de café entre les mains, elle scrutait l’extérieur en souriant faiblement. Il devait faire froid mais qu’importe, elle irait quand même. Penser au bien être qu’elle ressentirait après sa séance de sport la motivait encore plus. Elle savait qu’elle allait souffrir pendant l’effort mais connaitrait le réconfort par la suite. Café terminé, jus d’orange avalé, la jeune femme s’attarda auprès de son chaton afin de lui donner à manger et quelques caresses. Après de nombreux miaulements, Aédan quitta son appartement et descendit les marches rapidement. Autant commencer le sport dès le début du parcours ! Une fois sortie, elle fut saisie par le contraste entre la chaleur de son appartement et la fraicheur qui enveloppait la ville ce matin-là. Frottant ses mains, elle regretta presque de ne pas avoir pris de gants. Tant pis, elle n’avait pas envie de remonter. Elle se réchaufferait en courant. Elle entama d’ailleurs sa course vers le parc. Elle aimait cet endroit. Beaucoup de gens s’y promenaient encore malgré la saison hivernale mais elle savait que l’heure matinale lui offrirait du calme. Peu de téméraires s’y aventuraient si tôt pour infliger des supplices à leur corps. A petites foulées elle arriva rapidement au parc et commença à faire son tour pour se diriger enfin vers l’étang. Le froid ne lui faisait plus si mal et elle appréciait même l’effet sur elle. Aédan se sentait bien, libre.

Rejoignant la rive après avoir bien couru, elle fit quelques étirements en tentant de reprendre une respiration normale. La matinée avançait bien et elle sourit en voyant l’homme qui tenait le petit bungalow de location de barques arriver. Pourquoi ne pas tenter ? Elle s’était toujours dit qu’elle ferait un tour dedans mais n’avait pas eu le temps depuis qu’elle était arrivée. Malgré le fait qu’elle ne savait pas nager, elle n’avait pas peur de l’eau. Du moins, lorsqu’elle restait au sec. Prendre une barque sur un petit étang sans vague n’avait rien de dangereux alors elle s’approcha de l’homme et lui paya la barque pour un petit moment. La brune avait envie de calme, de se ressourcer et cette matinée l’y aidait parfaitement. Elle grimpa dans la petite embarcation avec précaution et pris les rames dans ses mains pour commencer à faire avancer le bateau. Prudente, Aédan ne voulait pas trop s’éloigner du bord. Elle savait qu’elle n’avait pas pieds où elle se trouvait mais il n’y avait aucune raison pour qu’elle se retrouve dans l’eau. Vraiment ? Quelle était la probabilité pour qu’une araignée énorme se faufile dans le fond de sa barque ? La plupart des gens l’auraient écrasée cependant, Aédan en fut incapable. Elle se leva d’un bond en criant. Vétérinaire, elle n’avait pas peur des gros chiens, des animaux sauvages mais cette petite bête avec huit pattes l’horrifiait au plus haut point. L’invertébré était pourtant bien plus petit qu’elle mais la jeune femme ne put contrôler sa panique. Debout sur la barque, elle recula, oubliant complètement qu’elle était sur l’eau et que si elle tombait, elle risquait de se noyer. Son agitation lui fit perdre l’équilibre et dans un autre cri, elle se sentit basculer en arrière. Quelques secondes plus tard, son corps fut trempé de cette eau gelée. « A L’AIDE ! » Se débattant comme elle pouvait, Aédan tentait de se maintenir à la surface. Cependant, c’était difficile quand la nage n’était pas votre point fort. L’eau froide engourdissait ses membres, la peur la prenait à la gorge, l’empêchant de se concentrer comme il fallait. Quelqu’un allait bien finir par l’entendre ? Mais il fallait que la personne se dépêche, Aédan perdait de ses forces et c’était comme si le fond du lac l’attirait. Sa tête tournait. L’eau s’infiltrait dans sa gorge, l’étouffant petit à petit. Elle battait des membres comme elle pouvait, espérant toucher le bateau pour y remonter mais ce qu’elle ne voyait pas c’était que la barque s’était éloignée à cause de ses mouvements. Elle n’avait plus d’issue.

Le corps étendu respire, l’âme en apparence apaisée. Nu, ce corps épouse les draps, bouge contre la soie & de temps en temps, un gémissement sourd s’échappe de ses lèvres & brise le silence. Sur l’horloge digitale apparaissent les chiffres : 07:34. L’hiver surveille, à travers sa brume délicate, la ville d’Arrowsic. & le rideau noir prolonge la nuit des habitants. & pourtant, certains trainent d’ores & déjà sous la douche, d’autres bougonnent devant leur café fumant, déçus de n’avoir la chance de profiter d’un dimanche matin pour emmagasiner une dose suffisante de sommeil. & puis quelque part, dans un appartement luxueux, Blake. Ses yeux bleus incandescents dessinent les courbes parfaites de sa jeune conquête. À force de l’observer, il se souvient de chaque pore, de chaque grain de beauté. & ce, sans l’ombre d’un doute, sans l’ombre d’une hésitation. Mais même si ce spectacle ne peut l’agacer ni même le lasser, il entreprend de quitter les draps maculés de petites tâches rouge. Il attrape son caleçon, l’enfile puis se penche au-dessus de la rousse magnifique, dans l’espoir de balayer ses fautes d’un unique baiser contre sa joue. Un plissement de nez témoigne de son réveil imminent. Puis, lorsque ses yeux sombres culbutent ceux de son bourreau, elle se redresse avec une vitesse étonnante. Son dos défonce la tête de lit – elle semble d’ailleurs se surprendre d’avoir autant de force, & cache sa poitrine presque inexistante à l’aide de son drap. Son visage se ferme. Ses dents se serrent. & d’une gifle sublimement envoyée, elle renverse la face de Blake – lui éraflant la joue au passage. Salope, ne peut-il s’empêcher de penser, fort désireux de lui arracher ses ongles. « Je t’ai demandé de dégager. Ça ne t’a pas suffi, de me déchirer le c*l ?! » Blake aurait pu lui conseiller d’offrir sa fleur, la prochaine fois qu’un homme s’approcherait d’elle. Mais cela ne le concerne plus. Chacun ses pratiques, & puis, il a éprouvé un certain plaisir à forcer cette antre sombre, il serait hypocrite de dire le contraire.

Le froid mort violemment sa chair. Malgré son bonnet, son manteau molletonné & ses boots fourrés, Blake ressent les sévices de l’hiver qui refuse visiblement de céder sa place au printemps. Où se trouve-t-il, à présent ? L’étang s’offre à lui, s’infiltre dans son champ de vision, de même que cette demoiselle assise sur sa barque. Ça le fait doucement sourire. Ses pas s’impriment dans le sentier auparavant habillé de neige, & l’approchent de cette nana, qu’il n’a néanmoins pas l’intention d’aborder. Les souvenirs de sa nuit hantent son esprit. Comment a-t-il pu ignorer les plaintes de sa rouquine ? Pourquoi n’est-il parvenu à retenir ses putains de pulsions ? L’homme est faible. Un soupire s’échappe de sa bouche. Puis, le clapotis de l’eau le tire de ses songes, au même titre que ce cri. « A L’AIDE ! » À quelques pas d’ici, le marchant fume son cigare, prétextant une surdité afin d’être privé de l’ultime plongeon dans cette eau gelée. Alors, Blake se résigne & trottine jusqu’au bord de l’étang en ôtant son bonnet & sa veste. & sans interrompre sa course, il prend son élan & disparait sous la flotte qui lui glace instantanément le sang.
Il remonte à la surface, retrouve sa respiration, & nage vers la belle en détresse. Évidemment, une demi-seconde est nécessaire pour qu’il reconnaisse Nightingal. & déjà, les sarcasmes décorent son esprit. Son bras passe autour de sa taille, avant qu’il ne retourne sur la rive. Avec une finesse qu’il ne soupçonnait plus, Blake allonge son corps sur le sol & s’écarte. « Tu vérifiais l’hypothèse selon laquelle la princesse est inexorablement sauvée par son prince ? Manqué. » Ses doigts se perdent dans sa tignasse – qu’il a négligé ces derniers temps à en juger par cette petite longueur. Blake retient ainsi ses cheveux dans un élastique & attarde son regard sur la vétérinaire. Quelques secondes, plus ou moins. « Retire tes fringues, tu vas chopper la mort, t’es déjà toute bleue » Puis devinant que sa présence & son coup d'oeil la mettraient certainement mal à l’aise, Blake lève les yeux & se retourne. « Ma veste est derrière toi, enfile la » & pendant ce temps, il se débarrasse de son t-shirt, l’essore, & l’enfile à nouveau.

Don't want to live in fear and loathing.

Close enough to start a war, all that I have is on the floor. God only knows what we're fighting for, all that I say, you always say more... I can't keep up with your turning tables, under your thumb, I can't breathe. So I won't let you close enough to hurt me. No, I won't ask you, you to just desert me. I've braved a hundred storms to leave you... As hard as you try, no I will never be knocked down.

Une promenade en barque n’était pas l’activité la plus dangereuse qui soit, pourtant Aédan avait encore trouvé le moyen de se mettre dans une situation périlleuse. Plutôt que de rester calme et souffler pour ne pas tomber dans l’eau à cause de cette araignée, elle s’était levée d’un bond. La petite embarcation n’avait évidemment pas tenu le choc. Avait-elle oublié qu’elle ne savait pas nager ? A la vue d’une araignée, oui. La brune oubliait tout ce qu’elle était et où elle se trouvait. Malheureusement, il avait fallu qu’elle soit sur cette foutue barque et elle ne mit pas longtemps avant de tomber à la renverse dans l’eau gelée du petit lac. Son corps fut immédiatement saisit par le froid et la panique. Son esprit tournait à folle allure, comment allait-elle s’en sortir ? Elle ne voyait même pas les bords du lac tant elle essayait de se maintenir à la surface. Nager ne devait pas être si compliquer pourtant ? Des gamins y arrivaient, pourquoi pas elle ? Sûrement parce qu’elle n’avait jamais essayé. Du moins, pas récemment. Ses parents avaient bien tenté de lui montrer mais la petite, après son premier bain, n’avait plus jamais voulu mettre les pieds à la piscine et encore moins à la mer. Pourtant, elle adorait la plage. Du moins, maintenant. Mais elle avait trop honte pour en parler à quelqu’un. Lorsqu’elle accompagnait des gens sur le sable, elle ne trempait que ses pieds, parfois jusqu’aux cuisses mais rien de plus. Elle prétextait toutes choses pour ne pas y aller, quitte à passer pour une pimbêche. Ne pas vouloir se mouiller les cheveux, ni même saler sa peau. Qu’importe, jamais elle n’avait eu le cran d’avouer à quelqu’un qu’elle ne savait pas nager. Même ses parents pensaient qu’elle avait fini par apprendre. Pourtant, elle en était toujours au même point et aujourd’hui elle le regrettait. N’était-ce pas parfaitement ridicule ? Se noyer dans le petit mac d’Arrowsic ? Il fallait bien une première fois à tout. La belle avait beau essayer de battre des jambes, de « nager », rien n’y faisait. Elle avait trop peur et semblait complètement paralysée. Les minutes lui paraissaient longues et tellement courtes à la fois. Quand son supplice allait-il prendre fin ?

Faible, son corps rencontre un obstacle. Le fond du lac ? Il lui suffit d’ouvrir les yeux pour comprendre que non. Elle n’est pas en train de mourir mais d’être sauvée. Un homme la maintient fermement contre lui tout en nageant vers ce qui semble être la rive. Dehors, délivrée, Aédan tremble. Cette eau gelée a bien failli la tuer. « Tu vérifiais l’hypothèse selon laquelle la princesse est inexorablement sauvée par son prince ? Manqué. » Tremblante, elle lève les yeux vers son sauveur, reconnaissant automatiquement sa voix. « Son sauveur ». La situation était presque comique et si elle n’était pas complètement choquée et engourdie, elle aurait pu en rire. Blake venait de la sauver. C’était un jour à marquer d’une pierre blanche. Après quelques instants pour reprendre sa respiration, Aédan se redressa faiblement. « J’suis douée pour réfuter les hypothèses. Ou alors j’ai complètement la poisse. Les deux en fait. » Le froid l’avait complètement engourdie et elle peinait à bouger. Elle n’osait même plus faire un mouvement de peur d’être encore plus frigorifiée. Le vent ne l’aidait pas en la frappant de bourrasques puissantes. « Retire tes fringues, tu vas chopper la mort, t’es déjà toute bleue » Pour une fois il n’avait pas tort. Seulement le cerveau de la brune tournait au ralenti. Il fallait qu’elle bouge pour enlever ses vêtements qui lui collaient à la peau. C’était tellement désagréable mais sa torpeur l’empêchait de réagir correctement. « Ma veste est derrière toi, enfile la » Depuis quand était-il si gentleman ? Finalement l’être humain pouvait être surprenant. Gardant ses yeux sur Blake, la jeune femme finit par secouer la tête et se décida à retirer ses vêtements. Sa veste et son t-shirt enlevés, elle s’attarda sur son pantalon qui lui collait atrocement aux jambes. Après une lutte acharnée, nullement aidée par son manque de force, elle se retrouva à moitié nue sur la « plage ». « Merci pour ça… » Claquant des dents, elle enfila la veste de Blake et cacha ses jambes dans le vêtements. Elle était bien là, assise et emmitouflée dans ce gros manteau. « T’façon, j’suis pas une princesse. » Perdue dans ses pensées, la phrase taquine de Blake lui revenait en tête. « Puis y’avait un monstre dans ma barque, j’ai été obligée de sauter pour ne pas me faire manger. » Elle n’avait aucune honte de parler de cette araignée. Avouer par contre qu’elle ne savait pas nager était une autre histoire. Peut-être s’en doutait-il ? Après tout, dans la panique, même quelqu’un sachant nager aurait pu être surpris. Oui. En pleine mer avec des vagues. A Arrowsic, le lac était calme. Au pire elle aurait pu être frigorifiée en tentant de nager vers le bord, mais là, elle n’avait même pas tenté de rejoindre la rive, paniquant directement. Il allait sûrement en profiter pour se moquer d’elle. « Tu veux pas qu’on aille prendre un café ? J’suis gelée… Et j’suppose que toi aussi… » Même s’ils avaient eu de très gros différents, aujourd’hui elle lui devait sûrement la vie. Puis n’étaient-ils pas assez adultes pour se supporter cinq minutes, le temps d’un café ? De toute façon, elle ne pouvait pas rentrer seule. Complètement paralysée, elle avait besoin de quelqu’un et elle priait pour qu’il ait une voiture. Ou alors que son appartement soit près d’ici. Celui de la jeune femme lui paraissait tellement loin. Quelle poisse.

Il n’est absolument pas doué pour exister.
À presque trente-huit ans, il n’a été qu’une carcasse bouffée par l’anxiété, la colère, la frustration... & aujourd’hui, la culpabilité. Il n’a été qu’un homme, prononçant des promesses auxquelles les femmes ne croient pas, mais auxquelles elles s’accrochent. Dans l’espoir d’être quelqu’un. Il a été le meurtrier, puis le sauveur. Ou le sauveur puis le meurtrier ; lorsque les naïves – pauvres connes, lui claquaient ses belles paroles en pleine gueule, & qu’il ne savait que rire face à tant de candeur. Faire confiance aux hommes en revient à piétiner vigoureusement sa fierté, à offrir son cœur en sachant – peut-être – qu’à défaut d’être enrobé de mots doux, il finira par être mutilé.
En devenant le héros de la vétérinaire, il provoque un cataclysme dans sa tête. Il remet en questions l’ensemble de ces dernières années, de sa vie. Une partie de son âme souhaiterait tourner le dos à ce passé ingrat, & ainsi renaitre sans plus aucun souvenir. Il n’a simplement plus la force de gratter sa carcasse, son cœur atrophié & recouvert d’immondices. Les coups sont partis, & Blake a partiellement perdu le sommeil. Lorsqu’il regarde le corps frigorifié de la gosse, il réalise. Il réalise qu’il a foutu de nombreuses vies en l’air. & égoïstement, il a surtout niqué la sienne.

« J’suis douée pour réfuter les hypothèses. Ou alors j’ai complètement la poisse. Les deux en fait. » Elle a l’air perdue entre la tristesse & la résignation. Mais c’est une pensée qui s’échappe, brûlée par la violence de cette sensation de coupure provoquée par ce froid. Il ôte son t-shirt, s’efforce de virer l’hiver qui s’abat sur sa peau restée si jeune malgré les années. & puis, à l’allure d’un gentleman, il incite la jeune femme à vêtir son manteau. Elle le remercie. C’est inutile. Son visage de monstre se décide à disparaitre avec les années. & il ne saurait dire si ses précédentes expériences, si ses précédentes altercations en sont les responsables. « T’façon, j’suis pas une princesse. Puis y’avait un monstre dans ma barque, j’ai été obligée de sauter pour ne pas me faire manger. » Une gamine de quatre ans n’aurait sans doute pas dit mieux. Cette façon qu’elle a de se justifier met l’accent sur son incapacité à garder la tête hors de l’eau, à savoir nager. Quelle importance ? La honte n’a jamais contribué à ne serait-ce qu’un semblant de progrès. Alors, si Nightingal s’étouffe dans ses secrets, dans ce qu’elle peut qualifier de déshonneur, tel est son droit le plus complet. & aussi étonnant que cela puisse paraitre, Blake ne saisira pas l’occasion pour se moquer d’elle – seulement si ses doutes s’avéraient être vrais, évidemment. Il crèvera sans jamais savoir ce qui s’est réellement passé sur cette barque. « Je salue ton courage » se contente-t-il de répondre, un sourire presque inexistant incrusté sur ses lèvres. « Tu veux pas qu’on aille prendre un café ? J’suis gelée… Et j’suppose que toi aussi… » Un instant, Blake analyse sa demande. De toute évidence, il est impossible qu’ils se rendent dans un café vêtus de cette manière. Serait-elle en train de l’inviter chez elle ? Ses sourcils se froncent. Il n’est pas sûr de pouvoir – mais surtout de devoir accepter cette proposition. Qu’ont-ils à se dire, à présent ?
Ils ne sont que deux personnes qui n’auraient jamais dû se croiser.
Un long souffle s’extirpe de sa bouche. & l’homme se tourne vers la jeune femme serrée dans sa veste. Il s’approche, attrape ses vêtements trempés, & plonge volontiers dans ce tourbillon de vice & défectuosité. « Ok » lance-t-il avant de lui tendre ses affaires. (Il regrette déjà). S’il avait été un peu plus gentleman, il l’aurait porté. Puis, il s’est dit que ça lui ferait du bien de marcher un peu – en plus de la réchauffer. « J’vis à deux rues d’ici, on s’arrêtera à l’appartement le plus proche » décide-t-il. & pour ajouter quelques kilos de poisse sur ses épaules, c’est effectivement son appartement qui leur servira d’abri. Alors ils déambulent dans les rues d’Arrowsic. Ensemble. « J’espère que tu n’proposes pas ce café parce que tu t’sens redevable. C’était rien. & il ne faudrait pas que tu sois trop mal à l’aise. Toi & moi, seuls, qui sait ce qui peut se passer. » Merde, il ne peut juste pas s’en empêcher. Il a besoin de placer ce voile noir dans le clair de ses pupilles, de paraitre plus méchant qu’il ne l’est. Juste pour la tester.
« Entre » lâche-t-il, la porte ouverte.

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Close enough to start a war, all that I have is on the floor. God only knows what we're fighting for, all that I say, you always say more... I can't keep up with your turning tables, under your thumb, I can't breathe. So I won't let you close enough to hurt me. No, I won't ask you, you to just desert me. I've braved a hundred storms to leave you... As hard as you try, no I will never be knocked down.

La situation aurait pu être dramatique, finalement elle était plutôt comique. Du moins, elle devait l’être pour Blake. Aédan, elle, avait honte. Elle s’était juste ridiculisée et continuait à se rabaisser comme le ferait une gamine stupide. Les mots sortaient de sa bouche sans qu’elle ne puisse les contrôler. Elle était terrifiée, stressée et troublée que Blake soit celui qui l’ait sortie de cette mésaventure. « Je salue ton courage » Surprise, Aédan attendait d’autres sarcasmes si chers à Blake. La situation s’y prêtait fortement et il ne saisissait même pas la perche pour s’amuser de son ex-copine ce qui la laissait plutôt perplexe. Sans grand espoir, elle lui proposa même un café. En prononçant ces quelques mots, elle se demanda en même temps si c’était réellement une bonne idée. La jeune femme se dit que de toute façon, il n’accepterait jamais. Ils n’avaient plus rien à faire ensemble, il avait été clair et finalement, elle n’était pas contre cette idée. Pourtant, cette proposition, si étrange était-elle, Aédan n’avait pas hésité à la formuler. Peut-être pour se donner bonne conscience, pour avoir tenté une dernière fois une approche. Mais dans quel but ? Que voulait-elle de cet homme ? Elle-même n’en avait pas la moindre idée. « Ok » Sourcils froncés, la jeune femme attrapa les vêtements que lui tendait son ancien copain. Avait-il réellement accepté ? Comment était-ce juste possible ? Sa proposition était bizarre mais l’acceptation de Blake l’était encore plus. Aédan ne savait pas réellement si elle devait être contente ou non. Elle était plutôt perplexe. « J’vis à deux rues d’ici, on s’arrêtera à l’appartement le plus proche » Se levant péniblement, la brune lui emboita le pas. Elle se sentait faible et le froid irradiait son corps pourtant, elle ne fléchissait pas. Ce besoin de paraitre forte devant lui, ne plus être la gamine qu’il a connu ou vu quelques minutes plus tôt sur la plage de ce foutu lac. Pourquoi avait-elle la fâcheuse manie de se ridiculiser devant lui ?

Marcher près de lui était bizarre. Aédan ressentait une énorme difficulté à mettre un pied devant l’autre mais arrivée devant chez Blake, elle sentit son corps se crisper un peu plus et se dit qu’elle serait sûrement capable d’avancer jusqu’à chez elle malgré la longueur du chemin. Ne devait-elle pas refuser ? « J’espère que tu n’proposes pas ce café parce que tu t’sens redevable. C’était rien. & il ne faudrait pas que tu sois trop mal à l’aise. Toi & moi, seuls, qui sait ce qui peut se passer. » Cette réplique eut l’effet d’un violent coup de vent qui aurait fouetté son corps, griffant violemment sa peau. Décliner ? Évidemment, ce serait accéder à la facilité, se montrer lâche. La jeune femme avait proposé ce café, elle allait s’y tenir, il le fallait. « Si je me sentais redevable, j’aurais peut-être dû t’inviter chez moi. Là, c’est toi qui me paie le café. » Les tremblements dus au froid cachent ceux qui auraient pu être provoqués par la peur. Finalement, pourquoi devrait-elle stresser ? Blake n’était pas si stupide que ça. Pourquoi retomberait-il dans ses travers sans aucune raison ? Le jour où il avait levé la main sur elle, ils s’étaient disputés, elle l’avait accablé avec sa jalousie. Certes, ce n’étaient pas des excuses valables pour frapper quelqu’un mais il y avait une cause. Aujourd’hui, pas d’engueulade, pas de jalousie, rien. Juste un café. « C’est vrai… Qui sait… Mais si un de nous deux est mal à l’aise seul avec l’autre, ce ne sera certainement pas moi. » Haussant les épaules, elle voulait lui montrer qu’elle n’avait pas peur. Évidemment, elle n’était pas si sûre d’elle mais Blake devait le croire. « Entre » Souriant faiblement, la jeune femme passa cette porte qu’il lui tenait et avança dans l’univers de cette homme qui avait bousculé le sien des années plus tôt. Il avait toujours ce côté mystérieux qui lui avait plu. Ces yeux d’un bleu perçant et ce corps parfait. Il était sûrement aussi beau que par le passé mais il était aussi différent. Ses actes avaient dû le changer, peser sur lui. Avait-il appris de ses erreurs ? Sûrement. Elle savait qu’il était un homme intelligent malgré tout.

Grelottant faiblement, elle posa ses habits mouillés sur le dossier de quelques chaises espérant qu’ils sèchent pour pouvoir les remettre rapidement. « Je me permets. » Malicieuse, elle lui sourit avant de terminer sa tâche. En sous-vêtements sous le gros manteau de son hôte, elle continuait de trembler quand elle aperçut un plaid sur le canapé. Rapidement elle se dégagea du manteau et s’enroula dans la couverture d’une douceur des plus agréables. « Mh… Parfait… Il ne me manque plus que le café pour que le froid parte… » Elle aurait pu l’aider mais elle ne voulait pas non plus s’imposer et risquer de l’énerver. La jeune femme préféra alors attendre en scrutant le salon de Blake. C’était plutôt joli. Très masculin avec une once de raffinement. Une de ses mains maintenait fermement le plaid contre elle alors que l’autre frôlait le cuir du fauteuil. « C’est pas trop le bordel, je m’attendais à un champ de bataille. » Finalement, elle s’approcha de la cuisine et attendit patiemment qu’il prépare leurs cafés. « Si on m’avait dit que je me retrouverai en sous-vêtements dans ton salon, je crois que je ne l’aurais pas cru. » La situation était plutôt cocasse depuis le début, pourquoi ça irait en s’arrangeant ?

Les souvenirs du passé virevoltent.
Mais à l’intérieur, c’est le début d’un chaos qu’il pensait enterré. À jamais.
Le sol se dérobe sous ses pieds. Il marche aux côtés de son passé, d’une ombre qui avait cessé de le suivre. Nightingal, c’est la fleur qui cherche à éclore. Mais qui manque peut-être d’un rayon de soleil. Alors, Blake jette un coup d’œil dans sa direction, se rend compte qu’elle crève sous sa fragilité. Elle tente d’être forte, pourtant les éraflures demeurent présentes. Plus que jamais. Il n’a pas de sixième sens. Ne tente pas non plus d’être hyper-sensible. Il apprend juste à la regarder autrement qu’une pucelle jalouse, capricieuse & amoureuse. & finalement, le rôle de jeune femme ne lui va pas si mal. « Si je me sentais redevable, j’aurais peut-être dû t’inviter chez moi. Là, c’est toi qui me paie le café. » Son appartement a simplement eu le malheur d’être le plus proche. La question tourne dans tous les sens, s’impose dans son esprit. L’aurait-il, de lui-même, invité ? Non, puisque rien ne les unie & puisque rien ne laisse présager une bonne entente, entre eux. Leur chemin se sont séparés quelques années auparavant. « C’est vrai… Qui sait… Mais si un de nous deux est mal à l’aise seul avec l’autre, ce ne sera certainement pas moi. » Son sadisme le pousserait volontiers à vérifier ses dires. Mais, à quoi bon ? Même si la jeune femme fond dans son mensonge, même si ses paroles servent de bouclier & l’aident à se sentir plus forte, elle ne peut sans doute se défaire de ce nœud qui brûle ses entrailles. Cette frousse. Cette appréhension.
La porte s’ouvre. Puis se referme autour d’eux. Anciens amants. Ancien tortionnaire. « Je suis pourtant plus dangereux que ce monstre, que tu as vu sur ta barque » Malgré lui, l’ébauche d’un sourire prend possession de sa bouche. & cette fois, il pourrait presque avouer se moquer d’elle. Gentiment.
Sur ses talons, il récupère les vêtements qu’elle abandonne sur la chaise & les rapproche d’un radiateur. Force est de constater qu’il n’apprécie guère la voir si peu vêtue dans son appartement. & le plus étrange, c’est qu’il ne saurait donner d’explications à ce ressentiment.

« Je me permets. » Sa silhouette vole dans le petit salon. Ses mains se posent partout. Étrangement, Blake n’en éprouve aucun agacement. En règle générale, il les emprisonne dans son étreinte, les éloigne de son monde, de ses bibelots pourtant sans valeur. Nightingal, c’est différent. Elle touche. Elle juge, peut-être. Oui, mais Fawkes a détruit sa vie. Ça change tout. « Mh… Parfait… Il ne me manque plus que le café pour que le froid parte… » Seul, dans la cuisine, le brun s’active. Les boissons sont prêtes, il s’approche ainsi de la jeune vétérinaire & lui tend une tasse blanche à en faire pâlir la neige. Qu’on-t-il à se dire, à présent ? Où va les mener cet instant partagé ? Qu’espèrent-ils, l’un & l’autre ? Jamais le passé ne s’effacera. Jamais les souvenirs ne s’estomperont. & putain, pourquoi ne le déteste-t-elle pas ?! Ça le bouffe. « C’est pas trop le bordel, je m’attendais à un champ de bataille. » Après une simple gorgée, Blake délaisse sa boisson & retire son t-shirt devenu foutrement collant, & désagréable à porter. Son attention se concentre sur son petit chez-lui, son couple de meuble, ses souvenirs inexistants, les morceaux de passé que l’on ne discerne plus. Rien n’est plus triste que son appartement. Ça lui ressemble. « J’en conclue que tu n’as connu que des bordéliques ? » Il aurait pu lui dire qu’il ne passe que très peu de temps ici, qu’il préfère se perdre dans sa salle de sport, dans ses sentiers battus. Mais ça voudrait dire : se dévoiler. & il n’en a pas la moindre envie. « Si on m’avait dit que je me retrouverai en sous-vêtements dans ton salon, je crois que je ne l’aurais pas cru. » Il repense à son t-shirt. & ses yeux bleus incandescents glissent vers ce jean. Sans l’ombre d’une gêne, il le déboutonne. Néanmoins les images du passé le culbutent, & il ne peut qu’oublier l’idée de se déshabiller devant celle qu’il a blessé si souvent. « Crois-moi, je ne l’aurais jamais cru non plus. Mais tu sais que tu n'crains rien, sinon tu préférerais te geler le cul ailleurs qu'ici, hein ? » Silencieux, Blake rejoint la salle de bain, change de vêtement – au risque de paraitre moins classe sous ce pantalon trop fluide, & revient sur ses pas, traînant avec lui ce tissu maculé de parfum masculin. « Enfile ça, le temps que tes fringues sèchent. Tu veux peut-être un survêt ? » demande-t-il, en tendant un t-shirt propre & sec.

Don't want to live in fear and loathing.

Close enough to start a war, all that I have is on the floor. God only knows what we're fighting for, all that I say, you always say more... I can't keep up with your turning tables, under your thumb, I can't breathe. So I won't let you close enough to hurt me. No, I won't ask you, you to just desert me. I've braved a hundred storms to leave you... As hard as you try, no I will never be knocked down.

Cette journée ne se déroulait pas comme Aédan l’avait prévu. Quelle idée avait-elle eu de monter dans cette barque ? Tout s’était enchainé si vite qu’elle avait encore des difficultés à assimiler ce qui lui était arrivé. Noyade évitée grâce à Blake. Quelle situation inattendue. Au fond, elle ne connaissait plus cet homme aux côtés duquel elle marchait. L’avait-elle vraiment connu finalement ? A l’époque, elle était tombée amoureuse d’une image. De jolis yeux, un corps presque parfait, un sourire qui ferait fondre n’importe quelle femme. Oui. Mais derrière cette façade se cachait un autre homme. Le vrai Blake ? Aédan ne voulait pas comprendre, elle avait fermé les yeux sur l’homme qui « partageait » sa vie. la jeune fille s’était montée la tête, rêvant d’un amour inconditionnel comme dans les films. Seulement, la réalité des coups avait fini par la réveiller. Il lui avait fallu un temps considérable avant d’envisager de tout stopper. Elle avait subi, plusieurs fois, observant cet homme qui n’était celui qu’elle aimait. Elle se sentait stupide d’avoir cru en cet amour, de s’être imaginé une histoire qui n’existerait jamais. Aujourd’hui, elle fixait Blake, se demandant s’il était si mauvais qu’il avait bien voulu lui montrer lors des dernières rencontres qu’ils avaient pu avoir. Malgré elle, son regard voilé de fureur restait ancré dans son esprit. Elle aurait vraiment aimé l’effacer une bonne fois pour toutes. Pourtant, rien ne bougeait. Elle s’en souvenait parfaitement. « Je suis pourtant plus dangereux que ce monstre, que tu as vu sur ta barque » Fixant Blake, Aédan fit la moue. Évidemment, elle avait une peur bleue des araignées. Un frisson de dégoût s’empara de son corps. La sensation qu’elle avait en pensant au « monstre » qu’était Blake s’avérait être totalement différent. Aucunement dégoûtée, la brune était juste perplexe. Par le passé, elle aurait eu peur. Vraiment peur. Préférant peut-être même se retrouver en tête à tête avec cette affreuse bête aux huit pattes velues. Aujourd’hui, elle n’avait plus cette envie de fuir malgré la petite boule qui envahissait son estomac. « Je préfère de loin ta compagnie, vois-tu. » Battant des cils, la jeune femme marche doucement dans cet appartement qu’elle connait aussi peu que son propriétaire.

Elle se sent un peu plus à l’aise. Étrange toujours, mais Blake n’est pas si désagréable. Quelque part, ça la surprend. Trop habituée à subir ses sarcasmes et ses coups, la belle en aurait presque oublié qu’il pouvait agir comme un homme « normal ». Attrapant la tasse, elle sourit à Blake et le remercia. La chaleur contre ses mains la fit souffler de contentement. Elle n’était plus gelée mais son corps n’était pas encore assez réchauffé pour qu’elle puisse dire qu’elle se sentait réellement bien. « J’en conclue que tu n’as connu que des bordéliques ? » Se tournant finalement vers lui, elle haussa les épaules. « Peut-être bien. » Un sourire malicieux se faufila sur ses lèvres alors qu’elle regardait l’espace peu meublé. Au fond, elle ne savait pas pourquoi elle avait imaginé un espace bordélique. Peut-être parce qu’elle imaginait que Blake était un chaos à lui tout seul. Reflet d’une personnalité qu’elle ne connaissait pas. « Je pense surtout que le cliché est qu’un homme seul n’est pas adapte du rangement. » Seul ? L’était-il réellement ? Après inspection de l’appartement, Aédan pourrait presque l’affirmer. Aucune trace d’une présence féminine. Peut-être était-il avec un homme ? Cette idée la fit sourire. Après tout, pourquoi pas mais son fort goût pour les formes féminines effaça cette idée de son esprit.

La situation l’amusait. Eux deux. Des années plus tard. Ensemble. Elle ne l’aurait pas cru. De plus, sa tenue la surprenait tout autant. Elle jouait un peu, sûrement. Pourquoi ? Peut-être pour lui montrer qu’elle n’était plus si fragile. Pourtant, la brune l’était encore un peu. Le sujet Blake était encore sensible malgré les années. Levant un sourcil, elle fixa l’homme qui fut son bourreau par le passé. Lui aussi semblait vouloir jouer. Comment aurait-elle pu ne pas s’en douter. Blake était un homme dominant, il devait vouloir reprendre le dessus sur cette situation cocasse. « Crois-moi, je ne l’aurais jamais cru non plus. Mais tu sais que tu n'crains rien, sinon tu préférerais te geler le cul ailleurs qu'ici, hein ? » Souriant faiblement, elle le regarda s’éclipser. Blake, abandonner ? Elle ne put que sourire un peu plus, surprise. Un instant, elle se perdit à le contempler. Il était toujours aussi séduisant. L’âge ne semblait pas l’atteindre, ou alors avait un effet plus que positif sur lui. Croisant son regard, elle plissa les yeux en regardant le t-shirt. « Enfile ça, le temps que tes fringues sèchent. Tu veux peut-être un survêt ? » Devait-elle continuer ce jeu, peut-être malsain ? Aédan en avait envie. Elle voulait prendre le dessus, lui montrer qu’elle aussi pouvait avoir une carapace bien épaisse. « Merci, le t-shirt suffira, il semble plutôt long. » Il la couvrirait sûrement jusqu’à mi-cuisses, c’était amplement suffisant si elle récupérait le plaid.. « Par contre… c’est un peu humide…» Après avoir posé sa tasse, elle baissa son regard vers son soutien-gorge puis la belle sourit et glissa une main dans son dos. Doucement, elle dégrafa son sous-vêtement et le fit glisser le long de ses bras. Elle fixait toujours Blake, cherchant dans son regard un indice, quelque chose qui montrerait son trouble, sa gêne. Qui lui montrerait sa victoire sur lui. Elle savait qu’il en faudrait sûrement plus mais elle voulait le voir embarrassé. Malicieusement, elle lui donna son soutien-gorge. Prenant son temps, la belle fit glisser l’élastique de son poignet pour attacher ses cheveux humides qui contribuaient certainement au refroidissement de son corps. Toujours sans quitter son hôte du regard, elle prit le t-shirt pour l’enfiler. « Merci, c’est mieux comme ça. » Sa moue se fit un peu plus malicieuse et elle prit de nouveau sa tasse. « J’aime ton parfum. C’est quoi ? » L’odeur du t-shirt envahissait ses narines agréablement. A l’époque déjà, elle se souvenait qu’il sentait bon. Ça l’avait toujours frappée. Cette odeur entêtante. Masquant sa gêne, la brune but une gorgée de café et ne put s’empêcher de sourire en voyant Blake, son soutien-gorge à la main.

Le chaos vit dans son crâne. Brûle ses veines. Arpente son cœur inexistant.
Entre ses quatre murs, Blake tolère la présence de Nightingal.
Presque nue, elle déambule dans une pièce vide de tout, & faite de rien. Aucune ecchymose ne décore son corps. Pourtant, son bourreau les aperçoit encore. Sur sa joue. Le long de ses bras. Contre ses côtes. Cette carcasse de monstre est cousue à ses illusions d’être un jour quelqu’un de bien. Mais elle agit comme s’ils n’étaient que de piètres inconnus prêts à faire connaissance autour d’un café. Comme si leur passé commun n’était qu’un tas de ratures qu’il suffisait de gommer en un battement de cils.
Blake masque son trouble avec l’habileté d’un magicien. & puis il se glisse dans la peau d’un homme accepté par la société. Un homme qui saurait entretenir de bons rapports de voisinage, qui saurait être l’ami de tous, l’homme pour lequel les femmes se battraient sans relâche. Parce que si Blake est extrêmement doué sous la couette, il n’en reste pas moins gauche dès que l’ombre d’une relation se profile. Il n’a jamais su aimer. & n’est d’ailleurs pas sûr de vouloir y parvenir un jour. « Je pense surtout que le cliché est qu’un homme seul n’est pas adapte du rangement. » & il n’a sans doute jamais été aussi seul. Des âmes ont traversé sa route, d’autres ont marché à ses côtés quelques instants. Mais aujourd’hui, seule son ombre s’essouffle à le suivre. Pourtant, l’ébauche d’un sourire se dessine sur ses lèvres. & comme toujours, il joue. « C’est donc le moment où tu comprends que beaucoup de femmes partagent ma vie. Il y a à peine une poussière, ici » Sans en dire davantage, Blake trempe ses lèvres dans son café, & disparait dans la salle de bain.

L’humidité sur son torse nu le rend diablement attrayant.
Blake a conscience d’être un homme que les années n’atteignent pas. Il a conscience d’être un aimant pour les prunelles des femmes. Mais en cet instant-même, il n’a pas espéré plaire à Nightingal. Parce qu’il n’a plus envie de la blesser. & même s’il ne l’avouera jamais, il crève de trouille à l’idée de voir de l’amour – ou de la fascination – dans ses yeux.
Dangereuse malice.
« Merci, le t-shirt suffira, il semble plutôt long. Par contre… c’est un peu humide…»
Dangereuse malice, qui danse dans ses iris.
Elle abandonne sa tasse, s’attaque à son petit morceau de tissu. C’est un tango de « putain, pauvre folle n’essaye même pas... » qui vrille dans le cerveau en vrac de l’ex-détenu. Pourtant, ses yeux bleus suivent le moindre de ses faits & gestes.
Les bretelles caressent ses bras. Les bonnets libèrent sa poitrine. & les souvenirs s’invitent dans l’esprit de l’homme. Lorsqu’il la déshabillait peut-être trop fougueusement. Lorsqu’il maltraitait ses seins sous l’excitation & l’envie d’être en elle.
& puis, les secondes défilent sans qu’il n’impose son trouble. Il en a connu des femmes. Mais il voudrait savoir pourquoi. Pourquoi joue-t-elle ainsi devant le type qui a ruiné sa vie ? Qu’attend-t-elle ? « Merci, c’est mieux comme ça. J’aime ton parfum. C’est quoi ? » Il ose baisser son regard vers le soutien-gorge. & puis, il le délaisse sur le canapé. À présent, c’est à son tour d’imposer les règles du jeu.
D’une poigne ferme & déterminé, il agrippe le bas du t-shirt & exerce une longue pression. Il ressent le corps de Nightingal contre le sien. & ses yeux se noient dans les siens tandis que sa main glisse à l’intérieur du vêtement. « Je n’suis même pas sûr d’avoir mis du parfum, en fait. C’est peut-être simplement moi » Il respire le tissu puis recule son visage, parce qu’il n’en a juste rien à foutre de l’agréable odeur. La brune a voulu le troubler ? Alors il va lui rendre la pareille.
Le dos de sa main frôle son téton durci. Deux de ses phalanges l’enserrent comme dans un étau – la délicatesse en plus. « J’ai l’impression que tu n’es pas encore tout à fait réchauffée... À moins que ça soit de ma faute » Un sourire déstabilisant glisse contre ses dents. & Blake s’écarte de quelques mètres. Assez, finalement, pour récupérer sa tasse & agir comme s’il n’avait jamais osé la toucher. « C’est comme ça que tu fais maintenant, avec les hommes ? Ça peut être dangereux, t’en es consciente ? »
Elle a un monstre devant les yeux. & elle joue avec le feu.
Il balance ses mises en garde. & attend juste qu’elle capitule. Mais, qui abattra sa dernière carte ?

Don't want to live in fear and loathing.

Close enough to start a war, all that I have is on the floor. God only knows what we're fighting for, all that I say, you always say more... I can't keep up with your turning tables, under your thumb, I can't breathe. So I won't let you close enough to hurt me. No, I won't ask you, you to just desert me. I've braved a hundred storms to leave you... As hard as you try, no I will never be knocked down.

L’homme devant elle restait un mystère pour Aédan. Était-il toujours celui qu’elle avait connu ou avait-il changé ? Elle espérait évidemment qu’il s’était rangé, qu’il ne lèverait plus jamais la main sur elle et sur personne d’autre. La brune avait été la seule à subir ses coups et quelque part ça la rassurait autant que ça l’énervait. Au moins, il n’y avait pas eu d’autres victimes mais elle était plutôt déçue d’avoir pu « mériter » ces coups. Pourquoi elle et pas une autre. Blake n’avait jamais su lui répondre et au fond, elle devait se faire une raison, elle n’aurait sûrement jamais les informations qu’elle désirait à ce propos. Scrutant la pièce, elle cherchait des détails lui permettant de cerner Blake mais rien n’attirait son attention. L’appartement était vide, peut-être trop vide d’ailleurs. « C’est donc le moment où tu comprends que beaucoup de femmes partagent ma vie. Il y a à peine une poussière, ici » Sourcils levés, Aédan le toisa. Elle n’y croyait pas. Sans savoir réellement pourquoi, elle ne voyait pas Blake en couple avec une petite fée du logis. Face à elle, il était un peu comme un loup solitaire. Apprendre qu’il était rangé et avec des marmots l’aurait sûrement choqué. Pourquoi ? Au fond, il avait l’âge pour ça. Cependant, la jeune femme ne l’imaginait pas dans cette situation. « Tu as donc des femmes de ménage. » Répondant à son sourire malicieusement, elle lui confirma par cette phrase qu’elle se doutait qu’aucune femme ne vivait ici en tant que « madame Fawkes ».

Devait-elle réellement continuer, pousser un peu plus et franchir les limites ou bien se ranger sagement et laisser Blake gagner ce petit jeu entre eux ? Jeu qui était d’ailleurs très malsain. Aédan n’était pas franchement à l’aise mais se forçait à se montrer forte. Elle n’était plus la gamine frêle et sans défense qu’il avait connu. Elle savait à présent se défendre mais force était de constater qu’il restait un de ses points faibles. Même après tout ce temps, il avait cette emprise sur elle. Et la brunette le détestait pour ça. Le voir faisait remonter les souvenirs à la surface et ça la torturait un peu trop. Pourtant, elle devait apprendre à les laisser de côté et ne plus le voir comme celui qui avait gâché une partie de sa vie. Mais était-ce seulement possible ? Un jour peut-être. Pour le moment seule l’idée de se montrer forte la poussait à continuer. Malicieuse, elle jouait de sa nudité pour essayer de le troubler. Elle n’avait aucune arrière-pensée, le mettre dans son lit ? Ca n’était absolument pas le but. Agir comme s’il n’était plus un problème, être insensible. Allait-il seulement tomber dans le panneau ? Il ne fallait pas être bien futé pour voir la réalité. Aédan n’était pas si forte. Seule sa carapace à protégeait et l’adrénaline la maintenait encore en ces lieux. Elle aurait pu avoir honte de se mettre à moitié nue devant lui mais ne l’avait-il pas déjà vue ainsi ? Evidemment. Il l’avait possédée, physiquement et même plus encore. Aédan le fixa. Il ne laissait rien paraitre et ça l’agaçait. S’en foutait-il totalement ou se cachait-il ? Le pousser à bout ne marchait pas et c’était peut-être mieux ainsi.

Lâchant une plainte sous la surprise, Aédan se crispa. L’enfoiré reprenait le dessus et ça ne lui plaisait pas. Sa poigne l’attira contre lui et c’était totalement troublée qu’elle se retrouvait contre lui après tant d’années. Rien à voir avec le sauvetage quelques heures avant. Là, ils étaient conscients tous les deux. Le salaud jouait. Trop bien. Et la brune déglutit. Elle ne savait pas comment se sentir. Gênée. Désorientée et figée. Elle aurait pu bouger, se dégager de cette emprise mais elle ne fit rien. « Je n’suis même pas sûr d’avoir mis du parfum, en fait. C’est peut-être simplement moi » Aédan ne bougea pas lorsque la peau de sa main entra en contact avec celle de sa poitrine, peut-être trop sensible. Ses sourcils se froncèrent alors qu’il s’amuse de la voir affaiblie. La jeune femme ne doit pas se laisser faire. « J’ai l’impression que tu n’es pas encore tout à fait réchauffée... À moins que ça soit de ma faute » Malgré tout, son regard la troubla tout autant que ses foutus gestes. Que devait-elle faire ? Enfoncer le clou ou battre en retraite ? La meilleure solution était sûrement la deuxième. Pourtant son orgueil la poussait à aller à l’opposé. Continuer, jouer. Encore et encore. Même si elle risquait gros. « C’est comme ça que tu fais maintenant, avec les hommes ? Ça peut être dangereux, t’en es consciente ? » Penchant la tête, elle attrapa elle aussi sa tasse et s’approcha doucement de Blake. Sans rien dévoiler de son malaise, elle lui sourit, chaudement. Fièrement. « Comme ça que je fais quoi avec les hommes ? » Son sourcil se leva, l’interrogeant malicieusement. « Tu imaginais que j’essayais de te ‘séduire’ là ? » Un rire passa la barrière de ses lèvres puis elle fit la moue. « Mh, pour répondre à ta question… Je pense que je ne suis pas encore réchauffée. Tu pensais me faire réagir en me touchant ainsi ? Ne te donnes-tu pas un peu trop d’importance, Blake ? » Amusée, Aédan continua de le fixer puis glissa son regard vers son torse et ses tétons. Devait-elle entrer dans son jeu. « Je suis sûre que si je te faisais ça… » Doucement, elle glissa ses doigts contre ce petit bouton de chair et lui accorda le même traitement qu’il lui avait fait juste avant. « et qu’ils réagissaient… tu dirais que c’est dû au froid... non ? » Finalement, son regard remonta et se figea dans celui de son ex amant. « Qu’y a-t-il de dangereux, au fait ? C’est de le faire avec tous les hommes ou de le faire avec… toi ? » Délaissant son torse, la jeune femme trempa ses lèvres dans sa tasse et but un peu du contenu. Elle fixait un point au loin attendant simplement les réponses de Blake. Dans quoi s’était-elle fourrée ?

Il a pillé son espoir.
Eux deux, ce n’était rien. & puis, c’est la monotonie qui a proliféré. & elle, Aedan, s’est entêtée à espérer l’infini de ses sourires, l’étendue illusoire de son amour, la chaleur insoupçonnable de ses étreintes. Avec le temps, elle a noué cette étoffe de sentiments autour de sa bouche, & il a suffoqué, bâillonné. Manque d’oxygène. Tout est différent, à présent. Elle semble écrire une nouvelle page de son histoire, avec une encre plus douce, plus lisible. Les ratures appartiennent au passé. Pourtant, Blake ne supporte pas cette attitude hautaine & fière qu’elle s’efforce de prôner. Alors, à la manière du Diable, il la pousse au bord de la falaise de sa ténacité. Il attend peut-être d’elle qu’elle crache la totalité de son venin... ou qu’elle se jette au fond du gouffre. Comme la condamnée qu’elle a toujours été. Soumise aux coups. Soumise aux blessures. Soumise à son bourreau. Bourreau qui, aujourd’hui, peut prétendre se relever dans les yeux de quelqu’un. & elle, dans les yeux de qui se relève-t-elle ? Elle a peut-être tout pour être heureuse. Une belle voiture. Un chic appartement. Un chien. Un mec. Des projets.
Mais son cœur ? Bouffé, par les incisives de Blake.

Lorsque ses puissantes phalanges enserrent son téton, Blake croit déceler l’ombre d’un regret dans ses iris. N’a-t-elle pas appris à ses dépens que jouer avec lui amène forcément l’échec ? « Comme ça que je fais quoi avec les hommes ? Tu imaginais que j’essayais de te ‘séduire’ là ? » Elle n’est plus qu’un fantôme. Le spectre de sa misérable vie. L’ombre qui hante ses nuits. Pousser le jeu au-delà des limites en reviendrait à baiser à nouveau les barreaux de sa geôle. Celle qui a enfermé ses côtés sombres sept mois durant. À quoi bon le séduire ? À quoi bon renouveler l’expérience (ou l’erreur) qui a détruit le reste de sa vie ? Un cynique sourire prend place sur ses lèvres tandis qu’il hausse ses épaules. Il n’a jamais prétendu reconnaitre un seul soupçon de séduction. Jamais. « Mh, pour répondre à ta question… Je pense que je ne suis pas encore réchauffée. Tu pensais me faire réagir en me touchant ainsi ? Ne te donnes-tu pas un peu trop d’importance, Blake ? » Il ne la regarde plus, concentré sur la fumée qui émane de sa boisson, mais devine la lueur malicieux qui crépite dans ses prunelles. Trop d’importance ? Jamais leur relation n’a été prononcée à voix haute. Jamais leur relation n’a été concrétisée. & jamais son prénom n’a embaumé son cœur. De quelle putain d’importance parle-t-elle ? « Pas de me séduire, non. Tu veux simplement que j’comprenne que tu n’as plus peur de moi, que tu es forte, maintenant. Mais tu en fais peut-être un peu trop. Je ne ferais aucun pas de travers, même si tu persistes à vouloir me montrer tes seins » Peut-être qu’elle n’attend plus que ça. Un geste, un mot. Tout, pourvu que ça le rende coupable. Ou peut-être qu’elle est juste complètement stupide, inconsciente, conne. Mais, plus il repense aux paroles échangées depuis ce début d’après-midi, & plus il réalise qu’elle a encore des choses à lui prouver. « Je te retourne la question, tu n’t’es pas donnée trop d’importance, en imaginant que je réagirais d’une façon ou d’une autre à ton effeuillage improvisé ? »

Elle s’approche. Féline.
« Je suis sûre que si je te faisais ça… et qu’ils réagissaient… tu dirais que c’est dû au froid... non ? » Il ignore ses doigts contre son torse. L’incompréhension vrille sur son visage, & dévore les sensations. Il ne ressent rien, sinon la lave du passé qui brûle sa peau à chacun des effleurements de Nightingal. « Qu’y a-t-il de dangereux, au fait ? C’est de le faire avec tous les hommes ou de le faire avec… toi ? » Las, Blake s’enfonce dans son canapé & penche sa tête en arrière. Les yeux clos, il ne discerne plus que leurs souffles. & elle, s’essouffle à balancer autant d’absurdités. Perdue dans sa quête d’adrénaline, elle en oublie le danger qui guette. Ce danger aux yeux plus bleus que le ciel, & à l’âme plus noire que les ténèbres. « Ce qu’il y a de dangereux ? Tu veux que je te montre ? » Enfin, son regard se plante dans le sien. « Avec tous les hommes, mais tu n’as pas besoin de moi pour le savoir. Alors, quelle est la prochaine étape de ton petit manège ? » Les genoux écartés, la colonne vertébrale bien droite, Blake devient spectateur de sa métamorphose.

Don't want to live in fear and loathing.

Close enough to start a war, all that I have is on the floor. God only knows what we're fighting for, all that I say, you always say more... I can't keep up with your turning tables, under your thumb, I can't breathe. So I won't let you close enough to hurt me. No, I won't ask you, you to just desert me. I've braved a hundred storms to leave you... As hard as you try, no I will never be knocked down.

Pourquoi faisait-elle tout ça ? La jeune femme ne savait plus. Tout s’embrouillait dans sa tête. Le besoin de se montrer forte, de lui clouer le bec pour qu’il constate qu’elle s’en était finalement sortie. Oui, mais était-ce réellement le cas ? Si Aédan était réellement tirée d’affaire, pourquoi avait-elle tant besoin de lui montrer, de le provoquer ? Attirer son attention n’était peut-être pas la meilleure chose à faire. C’était un risque qu’elle prenait mais, à présent, il était trop tard pour reculer. Elle jouait mais son adversaire n’était pas n’importe qui. Il savait plus que quiconque se défendre et elle en avait déjà fait l’amère expérience plus d’une fois. Ironique, sarcastique. Blake avait son caractère. Fort. Froid. Il était troublant. Toujours aussi dévastateur. Pourtant Aédan aurait aimé un nouveau départ. Clore ce chapitre raturé sans pour autant déchirer les pages de leur histoire peu commune. Elle ne pourrait de toute façon pas les oublier. Les jeter, les brûler ne servirait à rien. Elles étaient gravées en elle, tatouées à l’encre invisible sur sa peau. Encre que seul Blake pouvait lire.

La jeune femme se demandait encore pourquoi le sort s’était acharné sur elle mais elle ne pouvait plus changer ce qui était fait. Avoir un nouveau départ avec lui ? A quoi bon ? N’était-il pas préférable qu’ils avancent chacun de leur côté ? Il serait sûrement impossible qu’ils fassent comme si de rien n’était. La tactique d’Aédan n’était pas la bonne. Elle n’était pas si forte et surtout, elle n’avait rien oublié. Même si le traumatisme s’effaçait, il y avait des cicatrices encore bien visibles et faire comme leur histoire n’avait pas laissé de trace n’était pas une bonne idée. Elle allait mieux, oui, mais de là ne plus y songer du tout, il y avait un grand fossé. « Pas de me séduire, non. Tu veux simplement que j’comprenne que tu n’as plus peur de moi, que tu es forte, maintenant. Mais tu en fais peut-être un peu trop. Je ne ferais aucun pas de travers, même si tu persistes à vouloir me montrer tes seins » Effectivement, elle en faisait de trop. Elle en était consciente mais son jeu d’actrice laissait à désirer. La brune n’était pas une très grande joueuse ni une adepte du mensonge pourtant, elle continua. La folie. C’était sûrement la seule explication à ses agissements. Peut-être l’envie de le voir craquer avant elle. Le voir céder un peu. Il avait toujours été si fort, impressionnant. Elle enviait cette détermination et cette façon d’être. Elle aurait aimé ne rien montrer, être un vrai roc mais c’était loin d’être le cas. « Je te retourne la question, tu n’t’es pas donnée trop d’importance, en imaginant que je réagirais d’une façon ou d’une autre à ton effeuillage improvisé ? » Blasée, Aédan tenta de rester digne. Ce mec l’énervait. Il arrivait toujours à retourner la situation à son avantage. C’était tellement déroutant. Ses yeux dans les siens, elle inspira pour se donner une dose de courage. « Non. Pas trop d’importance. Pas contre j’me suis cru trop forte en espérant te troubler, te toucher. » Elle n’avait pas envie de le séduire à proprement parlé. Elle voulait lui montrer qu’elle n’était plus une gamine fragile, qu’elle était devenue une femme. Une femme forte. Oui, elle aurait aimé. Mais au fond, cette carapace s’effritait de plus en plus et ça l’énervait.

« Ce qu’il y a de dangereux ? Tu veux que je te montre ? Avec tous les hommes, mais tu n’as pas besoin de moi pour le savoir. Alors, quelle est la prochaine étape de ton petit manège ? » Mâchoires serrées, la brune le fixa. Vexée, piégée, Aédan ne savait plus quoi faire. Elle se sentait presque ridicule dans ce salon à moitié nue. C’était comme si elle venait de se réveiller et qu’elle ne pouvait que constater ses conneries. « Y’a pas d’étape. » Lourdement, elle se laissa tomber près de lui. Elle n’avait plus vraiment peur de ses agissements. Il n’avait aucune raison de s’énerver contre elle. Sauf peut-être si elle continuait ce jeu stupide. Soufflant longuement, elle passa ses mains sur son visage et le frotta comme si elle pouvait effacer les dernières heures de sa vie. Si elle avait pu, elle aurait effacé bien plus que ça. « J’veux montrer que j’suis forte mais finalement c’est l’effet inverse. J’agis comme une gamine stupide. Ça m’agace. Tu m’agaces. Parce que t’es toujours aussi fort, aussi mystérieux. On dirait que rien ne te touche. » Finalement, ses yeux se posèrent dans les siens et elle continua. « on dirait que rien ne t’atteint. C’est tellement chiant. Tellement dur. Au fond, j’sais même pas pourquoi je suis là à essayer de te faire réagir. Je ne sais même pas ce que ça peut m’apporter. Peut-être me montrer que je n’ai pas été insignifiante pour toi tout le long. Parce que quand on était ensemble c’était ça, j’étais rien pour toi, et j’suis toujours rien. C’est assez troublant quand toi, d’mon côté tu étais tout. Amour et bourreau par la suite. Egoïstement, j’aurais juste voulu te marquer autant qu’toi tu l’as fait. » Elle parlait doucement. Tentant d’exposer son point de vue à Blake. Des pensées embrouillées qu’elle peinait elle-même à comprendre. « Excuse-moi pour tout ça. C’était stupide. » Tellement idiot. Elle avait honte d’elle.

Elle a l’âme complètement nue. Vulnérable. & face à l’âme, dégueulasse & éraflé de Blake, elle ne fait pas le poids. Peut-être aurait-il dû l’abandonner dans ce putain de lac, emprunter un autre chemin & feinter de ne pas avoir entendu ses cris. Mais, il n’en a pas été capable. Parce que merde, les restes d’un cœur pendouillent encore dans sa poitrine pourrie. &, au-travers de ses sarcasmes, il a tenté de lui dire de fuir, de déguerpir sans regarder en arrière. Aedan, comme par le passé, reste têtue, bornée. &, comme par le passé, elle s’en mordra les doigts.
Elle joue les femmes fatales. Mais tu vois, c’est tombé sur toi. T’es foutrement pas douée avec tes sentiments, tes émotions. Tout ce que tu t’évertues à cacher ressort par tes yeux, à t’en faire exploser les orbites.
Elle n’a peut-être plus peur de son bourreau. Mais si les cicatrices sur sa peau ont parfaitement disparues, celles de son âme sont encore présentes. & le resteront jusqu’à ce qu’elle crève.
La lueur dans ses prunelles s’éteint. & elle semble s’engouffrer dans les souvenirs de son passé un peu bancal & pas franchement élogieux. « Non. Pas trop d’importance. Pas contre j’me suis cru trop forte en espérant te troubler, te toucher. » Il lève son visage pour rencontrer son regard. & c’est une attaque de « pourquoi » qui cerne son esprit. & puis, comme des milliards de personnes, Blake ne possède pas les clés qui permettent d’ouvrir les coffres aux trésors des relations humaines. Un jour, pas fait comme un autre, ils se sont trouvés. Dans la pénombre, ils ont flirté & Aedan est tombée amoureuse. Elle a choisi la dangerosité. Le Diable. Un connard.

« Y’a pas d’étape. » Elle capitule.
Lentement, il couche ses bras nus sur le dossier du canapé. La cascade brune chatouille à peine sa peau. L’homme ignore & se concentre sur ce profil dépité, blasé, abattu. Ses insanités l’ont finalement épuisée, éventrée. « J’veux montrer que j’suis forte mais finalement c’est l’effet inverse. J’agis comme une gamine stupide. Ça m’agace. Tu m’agaces. Parce que t’es toujours aussi fort, aussi mystérieux. On dirait que rien ne te touche. » Un sourire presque narquois s’invite sur sa bouche.
Son attitude laisse des traces. Avec la violence d’un coup de ceinturon, ou la douceur d’une caresse. Certains soirs, dans les bars, il récolte la violence ou les insultes. Avec un peu de chance, les femmes le trouvent diablement sexy & crève d’excitation sous sa répartie. À vrai dire, il n’en a pas conscience, parce qu’effectivement –presque- rien ne le touche. & c’est son naturel qui parle. « on dirait que rien ne t’atteint. C’est tellement chiant. Tellement dur. Au fond, j’sais même pas pourquoi je suis là à essayer de te faire réagir. Je ne sais même pas ce que ça peut m’apporter. Peut-être me montrer que je n’ai pas été insignifiante pour toi tout le long. Parce que quand on était ensemble c’était ça, j’étais rien pour toi, et j’suis toujours rien. C’est assez troublant quand toi, d’mon côté tu étais tout. Amour et bourreau par la suite. Egoïstement, j’aurais juste voulu te marquer autant qu’toi tu l’as fait. » Avec l’habileté d’un monstre, il lui a offert des mondes pleins de rêves, des mondes imaginaires, des chimères dans lesquelles elle a osé se perdre des mois durant. Il a déposé sur ses lèvres des milliers de baisers. &, elle y a cru. Elle a salement cru qu’il pouvait ressentir quelque chose pour elle, alors que ça n’était foutrement pas le cas.
Comment est-il supposé expliquer les zones d’ombres dans lesquelles elle tente d’imposer sa clarté ? Lui-même manque de réponses. « Excuse-moi pour tout ça. C’était stupide. » Il ne la regarde pas, mais devine les plaies qu’il a laissées. Mais, peut-être qu’Aedan s’est déjà perdue dans d’autres mondes. & peut-être qu’un avenir tout neuf crépite dans un coin de sa caboche. Alors, pourquoi flirte-t-elle avec le Diable ? Les réponses qu’elle attend ne redessineront jamais les contours de son passé. « Je rêve où la taille de tes seins n’a pas changé depuis...notre rencontre ? » Le pire, c’est peut-être l’absence de sourire - qui ne demande qu'à éclore. Les années n’ont pas touché sa gueule lisse & son corps de jeune homme. Mais elles ont bousillé son âme & grisé ses esquisses.
« C’est avec toi que tout a dérapé. D’une façon ou d’une autre, tu m’as marqué. Mais le problème, c’est que je n’ai jamais rien eu à t’offrir Aedan. Tu n’avais que des rêves, des envies, des délires, mais ça restait de l’abstrait, de l'irréel. Aujourd’hui, j’peux seulement te dire que tu ne méritais pas ça. & j'suis désolé. » & il s’arrête là. Parce qu’il y a encore quelques verrous dans son cœur qu’il ne parvient pas à faire sauter.

Don't want to live in fear and loathing.

Close enough to start a war, all that I have is on the floor. God only knows what we're fighting for, all that I say, you always say more... I can't keep up with your turning tables, under your thumb, I can't breathe. So I won't let you close enough to hurt me. No, I won't ask you, you to just desert me. I've braved a hundred storms to leave you... As hard as you try, no I will never be knocked down.

Elle avait perdu sa fougue, son envie de jouer. A quoi tout cela rimait-il ? A rien. Elle se blessait un peu plus au lieu d’avancer. Faire semblant d’être ce qu’elle n’était pas n’allait pas aider Aédan à faire face. Evidemment, elle avait évolué, réussissant à combattre le mal mais parfois, c’était trop dur. Elle n’était pas cette fille forte qu’elle voulait lui montrer. Elle avait un bon caractère, elle savait aussi se défendre mais face à Blake c’était totalement différent. Il avait laissé son empreinte en elle et elle n’arrivait pas à s’en défaire. Peut-être que finalement, la solution n’était pas de se débarrasser de ces pages salies mais plutôt de les tourner. De garder en elle tous ces souvenirs pour avancer. Ne pas faire l’autruche et jouer à la plus forte. N’avait-elle pas passé l’âge des gamineries ? Sûrement. Il fallait qu’elle se montre forte, évidemment, mais d’une autre façon. Etre intelligent et faire face. Vivre avec ses plaies mal cicatrisées plutôt que de les dissimuler. Rien ne serait facile mais elle devait essayer. Et ce n’était pas en provoquant Blake qu’elle réussirait à calmer les choses. Le problème qui la rongeait était que Blake semblait indifférent, trop fort. Il l’était déjà à cette époque. Il n’a pas changé. Un roc. Une sorte de jalousie la frappa alors. Puis, cette colère contre lui, mais qui, finalement était dirigée contre elle. Pourquoi n’arrivait-elle pas aussi à passer dessus réellement comme lui pouvait le faire ? Elle connaissait la réponse. Du moins, celle qu’elle supposait. Il n’était pas touché autant qu’elle, pas blessé ni détruit. Evidemment, la prison avait dû laisser des traces mais elle, non. Elle ne l’avait jamais touché. Et l’important qu’il avait pour elle, dans sa vie, l’agaçait. Une importance d’abord positive qui avait tourné, pourtant, il était toujours aussi pénible que de sentir sa « présence » en elle.

« Je rêve où la taille de tes seins n’a pas changé depuis...notre rencontre ? » Sourcil d’abord levé, la brune se tourna vers lui. Elle ne sut pas quoi penser. Se moquait-il d’elle méchamment ou voulait-il tout simplement détendre l’atmosphère ? « Pas vraiment non. Ravie que tu te souviennes de leur taille. » Haussant faiblement les épaules, Aédan finit par sourire. Un sourire franc mais froid. Elle n’arrivait pas à se détendre totalement. Ils avaient sûrement encore un long chemin à faire avant de pouvoir discuter normalement ou plaisanter sans le prendre mal. Elle aurait pu rétorquer, continuer dans la provocation et l’amusement mais le cœur n’y était plus. « C’est avec toi que tout a dérapé. D’une façon ou d’une autre, tu m’as marqué. Mais le problème, c’est que je n’ai jamais rien eu à t’offrir Aedan. Tu n’avais que des rêves, des envies, des délires, mais ça restait de l’abstrait, de l'irréel. Aujourd’hui, j’peux seulement te dire que tu ne méritais pas ça. & j'suis désolé. » Surprise, ses yeux clignèrent. Elle ne s’attendait pas réellement à cet aveu. Un moment, elle resta à contempler le mur face à elle. Du moins, en direction du mur. Aucun détail ne lui parvenait. Elle assimilait doucement ses paroles et surtout, la fin de sa phrase. « je suis désolé ». Se tournant face à lui, elle ne dit rien, premièrement puis passa une main dans sa nuque pour la frottée, presque gênée. « C’est… owh. » un rire timide passa la barrière de ses lèvres avant qu’elle ne reprenne « merci pour… tes excuses et… sache que j’aurais aimé te marquer autrement… Je m’doute que ça n’a pas été facile pour toi ce qui a suivi… J’aurais aimé ne pas te faire déraper et te montrer que mes rêves à l’époque pouvaient être partagés… » Des rêves. Oui, elle en avait eu. Comme toutes les jeunes filles qui découvraient l’amour, le désir. « L’amour rend aveugle ». Aédan l’avait connu. Elle n’avait pas vu le vrai visage de Blake. Pas vu et surtout pas voulu le voir. Il n’avait pas non plus caché sa personnalité. La brunette avait juste été stupide et s’était créé un monde où tout était beau et rose. « Je sais que ce n’est que de l’irréel. Je l’ai bien compris tu sais. Depuis toi… j’ai eu personne dans ma vie. Enfin, si, j’en ai connu des hommes mais je n’ai pas eu de relations qu’on pourrait qualifier de sérieuse. La nôtre l’était pour moi, mais j’ai été stupide d’y croire. On n’avait pas grand-chose en commun… » Faiblement, un sourire se posa sur ses lèvres. Triste. Un peu déçue, Aédan regarda Blake. « Mais bon, c’est comme ça. C’est fait, c’est fait… hein ? C’est comme ça et je dois l’accepter. » Gênée, Aédan ramena ses jambes contre son corps et les cacha sous le t-shirt ample. « Je sais pas si je suis désolée pour le mal que ça a pu te faire aussi... D’ailleurs… ça t’en a fait ? j’imagine… j’parle pas du fait de me faire mal, mais la prison… » Elle avait peur de s’engager sur un terrain glissant mais elle avait envie de savoir, de le connaitre un petit peu plus…

Arrowsic. Quelques mois auparavant, cette ville s’est emparée de son âme, de son histoire, de ses erreurs. & puis, la bille de son stylo noire s’est permise d’apposer quelques lignes supplémentaires dans son merdier, dans son enfer. Un sourire innocent. Un rire cristallin. Une candeur insoupçonnée. Des mots réconfortants. Des caresses plus délicates que le toucher d’une plume. Un souffle nouveau.
Une renaissance.
Joyce.
& puis, indéniablement, le souvenir d'une maman un peu décontenancée danse au beau milieu de son cerveau en miettes.
Arrowsic aurait pu être sa terre d'asile, son cocon, sa source. Aujourd'hui, Blake réalise qu'il est peut-être temps de partir, de plier bagages, & de s'échapper sans même se retourner... Plus rien ne le retient, ici. Merde, il ne connait pas cette sensation ; celle d'être retenu par les petits liens plus ou moins solides de l'attachement. Ici, il n'a pas d'amis. Ici, il crève. Ici, il y a Aedan. Bien sûr, elle n'est qu'un putain de prétexte, une putain d’excuse, le masque de sa lâcheté : Fawkes a simplement besoin de dénicher la raison parfaite à son départ. Alors, comme depuis toujours, la responsable se prénommera Nightingal. « C’est… owh. merci pour… tes excuses et… sache que j’aurais aimé te marquer autrement… Je m’doute que ça n’a pas été facile pour toi ce qui a suivi… J’aurais aimé ne pas te faire déraper et te montrer que mes rêves à l’époque pouvaient être partagés… » Mais des rêves, Blake n’en a jamais eu. Il ne voulait pas d’une belle histoire, de ces sentiments qui lobotomisent les cerveaux & rendent tellement stupides, pitoyables, complètement cons. Il ne cherchait qu’à être libre, & sauter sa donzelle quand bon lui semblait. (& accessoirement, s’autoriser un petit séjour entre d’autres cuisses, voir si cela pouvait être mieux ailleurs – comme la majorité des hommes.) « Je sais que ce n’est que de l’irréel. Je l’ai bien compris tu sais. Depuis toi… j’ai eu personne dans ma vie. Enfin, si, j’en ai connu des hommes mais je n’ai pas eu de relations qu’on pourrait qualifier de sérieuse. La nôtre l’était pour moi, mais j’ai été stupide d’y croire. On n’avait pas grand-chose en commun… » Pourquoi n’avait-elle connu personne ? Était-ce de sa faute ?

Nerveusement, Blake passe une main dans ses cheveux, & son regard bleu incandescent se pose sur le visage de la gamine. « Parfois les opposés s’attirent. Tes sentiments m’ont foutu la trouille, j’me sentais enchainé. » & il aurait pu énoncer d’autres raisons encore, déterrer ses plus sombres secrets, ses plus intimes confidences. Mais, à quoi bon ? Finalement, Aedan ne connaitra jamais la vérité. Parce que, quelque part au fond de lui, une voix lui assure qu’après cette entrevue, leurs chemins ne se croiseront plus jamais. Cette fois, l’histoire touche à sa fin. Sans épilogue. Sans conclusion heureuse, idyllique & bourrée de chimères. Rien. « Mais bon, c’est comme ça. C’est fait, c’est fait… hein ? C’est comme ça et je dois l’accepter. » Il approuve, en hochant la tête. « Je sais pas si je suis désolée pour le mal que ça a pu te faire aussi... D’ailleurs… ça t’en a fait ? j’imagine… j’parle pas du fait de me faire mal, mais la prison… » Les veines se gonflent sous ses yeux, l’énervement l’assaille, & les nerfs au bout de ses doigts s’affolent. Un instant, Blake serre les poings. L’instant d’après, il respire profondément. Il n’a pas envie de l’effrayer. Alors, il se redresse, arpente son appartement sans vie & sans souvenirs, puis enfonce les mains dans les poches de son pantalon. « Tu n’sais pas ce qu’on leur fait aux mecs qui tapent leur copine ? » Il insinue des choses horribles. Des passages à tabac ? Vécu. Des viols ? Jamais. Mais il n’a pas envie de donner de détails. Aedan n’aura qu’à imaginer ce qu’elle veut, il n’en a rien à foutre. « Tu serais bien stupide d’être désolée, c’est mérité, c’est tout ce que tu dois te dire, ok ? » La prison, c’est l’enfer. & il n'avouera jamais avoir eu mal à en crever.

Don't want to live in fear and loathing.

Close enough to start a war, all that I have is on the floor. God only knows what we're fighting for, all that I say, you always say more... I can't keep up with your turning tables, under your thumb, I can't breathe. So I won't let you close enough to hurt me. No, I won't ask you, you to just desert me. I've braved a hundred storms to leave you... As hard as you try, no I will never be knocked down.

Entendre Blake s’excuser surprenait Aédan. Au fond, ils ne s’étaient pas compris. La jeune femme n’avait été qu’une gamine avec ses rêves d’enfant. Blake, lui, avait sûrement dû tirer une croix dessus. D’ailleurs, avait-il eu des rêves ? Peut-être pas ce genre de rêves. Après tout, tout le monde ne désirait pas trouver l’amour, fonder une famille. Certains aimaient leur solitude, leur carrière. Chacun ses envies, mais ça n’était pas une excuse pour ce qu’avait fait Blake. Même si la jeune femme l’avait agacé avec ses désirs de gamine, il aurait dû réagir autrement. Seulement, tout ça c’était du passé. Ni Blake, ni Aédan ne pourraient plus y changer quoi que ce soit. Ils devaient vivre avec. Oublier. Avancer sans plus se poser de questions. C’était dur pour la jeune femme mais elle devrait s’y tenir. Qu’avait-elle à gagner à remuer le passé de la sorte à part faire ressurgir leurs vieux démons ? Il fallait qu’elle laisse tout ça filer. Qu’elle tire un trait sur ces moments traumatisants et puis aller de l’avant.

« Parfois les opposés s’attirent. Tes sentiments m’ont foutu la trouille, j’me sentais enchainé. » Mordant sa lèvre sous son regard oppressant, Aédan ne put que baisser les yeux. Même si ce foutu passé était loin, ses yeux lui faisaient toujours un effet de dingue. Beauté pure mais d’une intensité tellement puissante qu’il était difficile de soutenir son regard. Elle voulait bien croire qu’elle n’avait pas été des plus conciliantes et des plus faciles à vivre. Ses sentiments s’étaient trop vite développés et elle n’avait pu que l’oppresser. Jalousie, immaturité. Blake n’avait rien fait pour calmer la jeune femme, cédant aux plaisirs de la chair avec d’autres femmes. Pour sa première histoire, Aédan avait cru au prince charmant. Seulement, les hommes de la réalité ne ressemblaient pas aux princes des contes de fées. Ce genre de bouquins donnait de faux espoirs aux petites filles, idéalisant un futur qu’elles n’auraient sûrement jamais. « Ouais, on n’était pas sur la même longueur d’onde. J’étais amoureuse, toi non. Au fond, les sentiments ne se contrôlent pas. Tu ne pouvais pas te forcer. » Seulement, la gamine qu’Aédan était ne l’avait pas compris au début. Elle avait de suite piqué des crises de jalousie au moindre faux pas de Blake, le poussant à bout.

S’aventurer sur le sujet de la détention de Blake n’était pas quelque chose de facile. Mais elle avait envie de savoir ce qu’il avait pu vivre. Non pas en détail, évidemment, elle se doutait qu’il n’allait pas s’étendre sur le sujet. Il n’était pas très loquace. Pourtant, elle tenta tout de même. Le visage de Blake, auparavant calme, changea à ses mots. Un bref instant, elle crut qu’il allait crier, la foutre dehors. La frapper ? Elle n’eut pas réellement le temps d’y songer et le regarda bouger devant elle. Figée, elle attendait le verdict. Au fond, Aédan avait peur. Elle aurait sûrement toujours peur en sa présence. Une chose était sûre, cependant, elle ne se laisserait pas faire s’il tentait de lever la main sur elle. Pas comme avant. De là à réussir à s’en dépêtrer, il y avait une marge, mais elle ne resterait pas sans bouger. « Tu n’sais pas ce qu’on leur fait aux mecs qui tapent leur copine ? » Sourcils froncés, elle imagina. C’était ce qu’il voulait au fond. La laisser dans le doute, ne lui donner que quelques bribes. « Tu serais bien stupide d’être désolée, c’est mérité, c’est tout ce que tu dois te dire, ok ? » Un rire nerveux s’échappa alors d’entre ses lèvres. Si seulement c’était aussi simple. Malgré elle, la jeune femme se sentait mal pour lui. Qu’avait-il pu subir entre ces quatre murs ? Des horreurs, sûrement. Fermant un instant les yeux, elle finit par les rouvrir et le fixer sans sourciller. « Je n’sais pas si je suis désolée parce que malgré tout, je ne souhaite à personne de subir ce que j’ai subi. Tu le mérites. Peut-être. Sûrement. Mais j’me dis que t’as pas fait ça gratuitement. J’espère pas. Il y a forcément quelque chose en toi qui fait que tu es comme ça. » Devait-elle continuer sur cette lancée ? « Parce que malgré ta carapace d’homme dur et fort, ce que tu as fait traduit une faiblesse. La quelle, j’en sais rien. Mais t’as beau le cacher, t’as été faible. Céder aux coups, à la facilité… C’en est un signe. J’dis pas ça pour t’énerver ! » Automatiquement, elle leva les mains en signe de bonne foi. Elle voulait juste parler. Pour rien, sûrement. Mais elle voulait juste lui dire ce qu’elle avait sur le cœur. « ça n’excusera jamais entièrement ce que tu as fait. Mais j’veux croire qu’il y a quelque chose en toi qui t’as poussé à faire ça. T’es pas un connard par pur plaisir. T’en es un, oui, mais, c’est nuancé… » Faiblement, elle déglutit en serrant ses jambes contre sa poitrine. Comment allait-il réagir ?

Il ne s’est jamais imaginé dans une relation à long terme. & il n’est décidément pas l’homme qu’on attache & enchaine. Nombreuses sont celles qui se sont approchées, la bouche en cœur, avec l’espoir de sceller leurs putains de menottes à ses poignets puissants. L’échec les a poussées à fuir. Pour de bon. Honteuses & humiliées. Pourtant, Blake a couché avec chacune d’elles. À différents endroits, dans de diverses positions. & plus tard, la respiration haletante, elles avaient leurs oreilles plaquées contre son torse. Elles lui ont avoué être bien, sereine, heureuse. Il a souri. A répondu que lui aussi. Mais il n’en a jamais pensé un mot.
Couple ; sens 2 : deux personnes liées par un sentiment.
Ce sentiment stupide qui laisse un gout étrange d’envie de possession, d’appartenance. Ce putain de sentiment qui oppresse, inexorablement, & provoque la naissance d’une jalousie malsaine, dévastatrice.
C’est un enchainement vicieux. Dégueulasse.
Parce que vient ensuite le manque de confiance en soi, une sombre perte d’identité. Une envie d’aimer plus fort, d’aimer mal. Une envie de recevoir plus. Des promesses qu’on ne tient pas. Jamais.
& puis, parfois, une piètre demande en mariage. « Veux-tu m’épouser ? » « Oui. »
Des larmes.
De bonheur d’abord.
De tristesse ensuite.
« Fais-moi un enfant ».
« Pourquoi tu me regardes différemment ? J’ai pris quelques kilos pour mettre notre fille au monde, ça te dérange tant que ça ? Tu préfères mater ta collègue ? Ne me prends pas pour une conne, oui, j’ai remarqué ! »
« Tu me trompes. Arrête de mentir. »
& finalement.
« Je veux divorcer. C’est terminé. » Après des années de souffrance, de mensonges, de privations, d’horreurs, d’enfer.
Alors, non, Blake ne s’imagine pas dans une relation sérieuse. & pourtant. Pourtant, à quelques kilomètres d’ici, son fils grandit, rit dans les bras de sa mère, réclame peut-être son inaccoutumé papa. &, au jour d’aujourd’hui, Fawkes ne désire pas rester loin de cette adorable bouille. Aedan aurait pu être mise au courant. Mais, à quoi bon ? Réaliser que l’homme qui l’a autrefois battu n’est définitivement plus le même n’effacera jamais – ô jamais – sa douleur, ni même ses cauchemars.

« Je n’sais pas si je suis désolée parce que malgré tout, je ne souhaite à personne de subir ce que j’ai subi. Tu le mérites. Peut-être. Sûrement. Mais j’me dis que t’as pas fait ça gratuitement. J’espère pas. Il y a forcément quelque chose en toi qui fait que tu es comme ça. » Évidemment. Peut-être. Dans sa tête, les visages des fautifs s’affichent & tourbillonnent. Blake les a désigné coupables pour se décharger de toute responsabilité. Mais, au fond, n’a-t-il pas tout simplement l’âme d’un pourri ? & si Aedan se trompait ? & si, un jour, il recommençait ? Sur la mère de son fils ? Sur son fils ? Un violent frisson attaque sa colonne vertébrale. &, Blake se loge contre ses démons, en attrapant un joint & son briquet. Merde, il avait pourtant arrêté. « Parce que malgré ta carapace d’homme dur et fort, ce que tu as fait traduit une faiblesse. La quelle, j’en sais rien. Mais t’as beau le cacher, t’as été faible. Céder aux coups, à la facilité… C’en est un signe. J’dis pas ça pour t’énerver ! » L’autre forme de faiblesse danse entre ses doigts. Mais cette fois, Blake montre sa force en détruisant l’herbe, l’écrasant brutalement entre ses phalanges. Il a les nerfs. Réellement. « ça n’excusera jamais entièrement ce que tu as fait. Mais j’veux croire qu’il y a quelque chose en toi qui t’as poussé à faire ça. T’es pas un connard par pur plaisir. T’en es un, oui, mais, c’est nuancé… » Étrangement, c’est un sourire qui s’invite sur sa bouche. « Qu’il y ait quelque chose ou non, ça ne change rien » Il a besoin qu’on le force à parler, qu’on délivre ses secrets, qu’on pète ses verrous. Mais le temps s’écoule à une vitesse fulgurante, & dans quelques jours à peine, Blake se sera envolé, sans prévenir personne. Ni même Aedan.
Il lui tourne le dos. Fixe son propre reflet dans le miroir. Remarque les éraflures de la rousse folle – sa barbe de trois jours les dissimule à peine. Une fois encore, il a blessé une femme. Il détourne ses yeux, observe à travers la glace la gamine recroquevillée sur le canapé. « T’as pas envie qu’on s’rappelle nos bons moments ? » Le sujet sensible est broyé entre ses paumes violentes, comme une vulgaire boule de papier ; Blake n’a foutrement pas le courage de prononcer la vérité. Alors, comme souvent, il joue au con, & se noie dans ses conneries parce qu’il n’a plus de prises auxquelles se raccrocher. Aspiré par l’abîme, il n’a juste plus rien à perdre.   « « Y'en a pas eu beaucoup, mais sous la couette c'était pas trop mal. »

Don't want to live in fear and loathing.

Close enough to start a war, all that I have is on the floor. God only knows what we're fighting for, all that I say, you always say more... I can't keep up with your turning tables, under your thumb, I can't breathe. So I won't let you close enough to hurt me. No, I won't ask you, you to just desert me. I've braved a hundred storms to leave you... As hard as you try, no I will never be knocked down.

Lorsqu’Aédan se replongeait dans son passé, elle se demandait encore ce que Blake avait bien pu lui trouver. Elle n'était qu’une gamine à l’époque. Encore plus qu’aujourd’hui. Pourtant il était resté avec elle. Du moins un peu. C’est ce qu’elle avait cru. Alors qu’elle pensait qu’ils formaient un couple, Blake, lui, n’avait pas dû voir ça de la même façon. D’où les tromperies. N’aurait-il pas dû être clair avec elle ? Peut-être que ça l’avait amusé au début d’agir comme ça mais qu’il s’était retrouvé happé par les sentiments de la jeune femme. Trop rapide, sûrement. Mais elle s’était crue dans un film. Un homme beau et âgé s’intéressant à elle et lui faisant voir de nouvelles choses. Elle était tombée sous le charme directement et n’avait pas su se contrôler. De suite elle avait pensé à toutes ces choses qu’elle avait rêvées de faire. Quelle ne fut pas sa surprise en comprenant qu’elle n’aurait rien de tout ça. Pire. Qu’elle était tombée sur un homme dépourvu de sentiment si ce n’était la haine. Aujourd’hui, en effet, elle ne comprenait toujours pas pourquoi Blake n’était pas parti sans se retourner en comprenant qu’Aédan avait des sentiments pour lui. Elle ne le saurait sûrement jamais et il était préférable de tirer un trait sur toutes ces questions. Préférable, oui. Mais la jeune femme n’y arrivait pas encore. Peut-être que le temps ferait son effet. Pourtant, les années passées n’avait pas suffi à soulager complètement son esprit. Parfois même, elle se demandait ce que sa vie aurait été s’il avait réellement été l’homme de sa vie. Quelqu’un de tendre et surtout amoureux d’elle. Où en seraient-ils maintenant ? Auraient-ils aménagé ensemble ? Seraient-ils mariés avec des enfants et un chien ? A l’idée, Aédan ne put retenir un sourire. Ce tableau, elle l’avait espéré étant jeune. Le rêve banal d’une gosse qui n’avait jamais connu d’histoire sérieuse, qui ne s’était identifiée qu’à des personnages de roman ou de film. A présent, ce genre de futur, elle ne l’espérait plus. Elle ne pensait même pas ça possible. Peut-être qu’ils auraient été heureux pendant un temps, peut-être qu’il aurait finalement levé la main sur elle. Plus tard. Au fond elle n’en savait rien. Tout cela resterait aussi sans réponse. Puis, à quoi bon vouloir connaitre quelque chose qui n’aurait jamais pu arriver ?

La jeune femme aurait juste aimé comprendre. Peut-être même déceler le problème bien avant que les coups ne viennent caresser son visage d’enfant. Pourtant, elle n’avait pas su comprendre. Pas pu. Blake avait caché son jeu, il le cachait d’ailleurs encore bien. Mais à force de réflexion, la jeune femme s’était fait ses hypothèses et n’avait pas réussi à dire que Blake n’était qu’un connard sans cœur qui avait fait tout cela par plaisir. Evidemment, ce genre de types existait mais lui, il semblait tout de même différent. Peut-être était-elle tout simplement stupide de vouloir lui chercher de possibles excuses. La peur tourbillonnait au fond de son ventre mais la brune ne céda pas. Elle parlait, lui exposait son point de vue. Pour essayer de le faire craquer, un peu, le faire parler… Pas du tout pour l’énerver. Pourtant, elle sentait que la limite jusqu’à l’énervement était mince. « Qu’il y ait quelque chose ou non, ça ne change rien » Au fond, Blake n’avait pas tellement tort. « ça n’change rien au passé. C’est sûr. Mais ça change un peu  le pourquoi des faits. C’est tout. » Il l’avait frappée et qu’importe les causes, les bleus de son âme ne s’effaceront pas. Mais, peut-être égoïstement, Aédan se disait que s’il y avait quelque chose dans sa vie qui l’avait poussé à agir de la sorte elle ne serait par conséquent pas la seule responsable de tout ça. Il avait accusé sa jalousie, son comportement trop amoureux et excessif et la jeune femme s’était sentie minable. Fautive évidemment de l’avoir poussé à bout. Et même si ce genre de comportement ne méritait pas tant de haine,  Aédan n’avait pu s’empêcher de se demander si elle n’était pas réellement la seule responsable.

« T’as pas envie qu’on s’rappelle nos bons moments ? Y'en a pas eu beaucoup, mais sous la couette c'était pas trop mal. » Relevant le visage vers lui, Aédan le fixa, surprise. Pas du sens de ses paroles mais de son changement de sujet. Il n’arrivait pas à parler. Avait-il peur ? « C’est vrai, c’était pas trop mal. » Souriant faiblement, elle réalisa qu’elle n’y avait jamais repensé. Oubliant justement les bons moments qu’ils avaient pu partager. Parce qu’au fond, comme il le disait si bien, il n’y en avait pas eu beaucoup mais il y en avait eu quand même. Mais sous la peur et la haine, Aédan les avait occultés ne pensant plus qu’au mal qu’il avait pu lui faire. « C’est sûr que c’est mieux de se rappeler des moments positifs. Mais malgré tout, les autres resteront. Personnellement, je ne peux pas les effacer. J’ai essayé, mais c’est impossible. Ils seront toujours là. Je dois vivre avec… » Haussant les épaules, elle finit par sourire un peu plus. « N’empêche, tu m’as sacrément dévergondée. J’avais jamais été si… libérée ? au lit. » Elle rigola franchement. En effet, elle n’avait eu que deux  ou trois expériences avant lui. Que des gamins de son âge. Avec Blake, tout avait été différent. C’était sûrement ça qui l’avait tant attirée chez lui. « Enfin, c’est plutôt flatteur que tu te souviennes encore de mes prouesses sexuelles… Elles n’ont pas été effacées par toutes celles qui sont passées après ? » Elle ne disait pas du tout ça comme un reproche. Ça l’amusait plutôt. « D’ailleurs, la dernière s’est défoulée, t’as de belles marques. » Elle aussi en avait eu des expériences après lui. Pas directement. Evidemment. Elle avait eu une longue période de blocage. Mais ensuite, elle s’était laissée aller dans les draps d’inconnus. Peu l’avaient marquée. Ils l’avaient divertie un temps.

« ça n’change rien au passé. C’est sûr. Mais ça change un peu  le pourquoi des faits. C’est tout. » Au moment de partir, Blake trainera derrière lui une valise pleine de sentiments rongés, dégueulassés. Pleine de réponses, aussi. & à ce moment-là, il stoppera sa route devant l’abri de la jeune femme. Il la verra. En train de remuer ses fesses parce que la radio diffuse l’une de ses chansons favorites. À cet instant, elle aura l’air heureuse. Elle aura l’air de tout avoir oublié, de tout avoir reconstruit. Loin de lui. Loin de son enfance bousillée. À cet instant, il baissera les paupières vers cette valise lourde de conséquences, & s’empêchera de tout foutre en l’air. Alors, il partira, emportera ses secrets, & se fera sans doute enterrer avec. Aedan apprendra, il en est certain, à vivre sans ce besoin de réponses.
Elle n’a plus besoin de lui.

Comme le pire des enfoirés, il tente de se frayer un chemin dans un domaine plus léger. Évidemment, il avait sous-entendu ce désir de recommencer. Une dernière fois. Telle une fin de chapitre. Évidemment, Aedan n’a pas compris – ou n’a pas voulu comprendre. Quoi qu’il en soit, Blake n’insiste pas. « C’est vrai, c’était pas trop mal. C’est sûr que c’est mieux de se rappeler des moments positifs. Mais malgré tout, les autres resteront. Personnellement, je ne peux pas les effacer. J’ai essayé, mais c’est impossible. Ils seront toujours là. Je dois vivre avec… » L’un & l’autre seront marqués à jamais. Comment surmonter cela ? Comment l’effacer ? Cette époque se résume à un énorme chapitre de leur vie. Un chapitre noir, bourré de fautes & de ratures. Mais qu’importe. Il est temps de tourner la page, d’au moins réussir à la froisser.
Aucun mot ne franchit la barrière de ses lèvres.
Blake n’a plus rien à ajouter. Pas maintenant.
Il est trop tôt.
Trop tard.
Peut-être.
« N’empêche, tu m’as sacrément dévergondée. J’avais jamais été si… libérée ? au lit. » Plongé & noyé dans l’incompréhension, Blake tourne son visage vers la jeune femme & fronce ses sourcils. Ses mains se perdent dans les poches de son pantalon, & il s’installe de nouveau à ses côtés. « Tu étais vierge, j’imagine que c’est normal. T’avais la frousse, mais t’es vite devenue accro à mon corps, c’est vrai. » balance-t-il avec un sourire finement narquois, tandis qu’un léger coup de coude s’enfonce dans la hanche de la vétérinaire. Il la charrie. Comme il ne l’avait peut-être jamais – ou rarement – fait avant. « Enfin, c’est plutôt flatteur que tu te souviennes encore de mes prouesses sexuelles… Elles n’ont pas été effacées par toutes celles qui sont passées après ? » Ses dents se plantent dans sa lèvre inférieure avant qu’il n’ose se mettre à rire. Un rire sincère. Presque joyeux. Assez étonnant. Surtout inattendu. Puis, il passe ses doigts dans sa propre nuque, & s’autorise une petite réflexion sur le nombre de femmes qu’il a pu sauter. « D’ailleurs, la dernière s’est défoulée, t’as de belles marques. » Machinalement, ses doigts dansent contre sa peau balafrée, & les souvenirs d’une nuit torride s’invitent dans son esprit échauffé à longueur de temps.
Alors il secoue la tête.
Parce qu’Aedan ne soulagera jamais plus ses pulsions.
« J’confonds peut-être, j’ai eu tellement de bouches sur ma queue. Prends quand même le compliment pour toi. J’en ai oublié des dizaines, parmi celles que j’ai foutues dans mon lit, mais je me souviens de toi. » assure-t-il en lui adressant un clin d’œil dépourvu de double sens. &, étrangement, il n’est pas certain que ce soit une bonne chose. Parce qu’il se souvient d’elle surtout vis-à-vis de leur passé tumultueux. « Elle est bonne à enfermer, cette tarée » & il réalise qu’il aurait pu lui faire regretter son geste. Pourtant, Blake est resté impassible. Il a retenu sa colère, ses pulsions. & cette fille l’a frappé sans même se douter qu’il y a quelques années, il était celui qui donnait les coups.

Don't want to live in fear and loathing.

Close enough to start a war, all that I have is on the floor. God only knows what we're fighting for, all that I say, you always say more... I can't keep up with your turning tables, under your thumb, I can't breathe. So I won't let you close enough to hurt me. No, I won't ask you, you to just desert me. I've braved a hundred storms to leave you... As hard as you try, no I will never be knocked down.

Parler avec Blake avait toujours été difficile. Pendant leur relation, déjà, ils n’avaient pas échangé beaucoup, se contentant de quelques phrases banales. Jamais rien de personnel. Blake ne s’était jamais ouvert, jamais confié. Aédan n’était qu’une gamine, elle n’avait pas réellement compris que ce n’était que superficiel, se jeter corps et âme dans cette relation que l’adulte n’appréciait pas tant. Pourquoi aujourd’hui parlerait-il plus ? Pourquoi s’ouvrirait-il alors que les épreuves et les années les avaient séparés ? Ils n’étaient plus que des étrangers ayant gâché la vie de l’autre. Ils avaient peu de bons souvenirs. Aédan s’était malheureusement focalisée sur les coups et les cris et Blake avait dû l’associer à sa peine de prison. Pourtant, certains jours n’étaient pas si catastrophiques. Ils avaient su partager quelques moments sympathiques, la plupart du temps dans un lit. « Tu étais vierge, j’imagine que c’est normal. T’avais la frousse, mais t’es vite devenue accro à mon corps, c’est vrai. » Doucement, la jeune femme ne put que rigoler. Toujours un peu vantard celui-là. Mais ça ne lui déplaisait pas, au fond, il détendait l’atmosphère un peu trop lourde. « Oui, mais même j’avais jamais été si dévergondée tout court, dans mes décisions, ou autre… » Parcourant son corps des yeux, Aédan lui sourit malicieusement. « Faut dire que t’as pas à t’plaindre, mais bon, je vais pas m’lancer sur la route des compliments, tu risques de ne plus te sentir pisser ! » Il fallait dire qu’il était plutôt beau mec. Et encore, le compliment était faible. Blake était clairement un des hommes les plus séduisants qu’elle ait pu voir. Il avait ce côté nonchalant qui l’avait attiré. Il n’était pas un stéréotype de beauté, il avait quelque chose en plus. Un charme fou et peut-être cette once de violence dans le regard. Un regard qui avait littéralement laissé la petite brune pantoise. Lorsqu’il s’était intéressé à elle, elle ne l’avait pas cru. Comment un homme aussi beau et charismatique aurait pu la trouver intelligente ou même jolie ? Pourtant, elle l’avait eu. Oui mais elle s’en mordait les doigts.

« J’confonds peut-être, j’ai eu tellement de bouches sur ma queue. Prends quand même le compliment pour toi. J’en ai oublié des dizaines, parmi celles que j’ai foutues dans mon lit, mais je me souviens de toi. » Les yeux plissées, la jeune femme le fixe. Il n’en perdait pas une. Toujours à lancer des pics mais Aédan ne fit que sourire malicieusement. « Ouais, j’le prends pour moi. Mais sache que j’me suis réellement, réellement, améliorée. tu serais agréablement surpris. » Il voulait jouer, elle n’allait pas rester dans son coin. « Peut-être même que tu te souviendrais encore plus de moi ! » Il n’y avait rien de méchant à se taquiner un peu.  « Elle est bonne à enfermer, cette tarée » Penchant un peu la tête, les yeux d’Aédan parcoururent les marques sur le corps de Blake. Avait-il laissé une fille le frapper ? Ce serait réellement surprenant. L’avait-il frappée en retour ? « Comment elle en est arrivée à ça ? » Ceci rendait réellement curieuse la jeune américaine, Blake semblait avoir changé malgré tous les sarcasmes et autres taquineries. Au fond, elle l’avait espéré. Elle savait qu’il n’était pas qu’un homme violent prêt à succomber à la tentation malgré les efforts.  Aucune autre fille ne subirait alors ce qu’il lui avait fait et ça la rassurait. Intriguée, la brunette se demandait s’il allait vraiment mieux, s’il s’était apaisé et si ses démons l’avaient laissé tranquille. Mais Blake ne lui dirait sûrement pas.

Il a osé s'emparer de sa vertue, de sa pureté. Sans même la prévenir qu'après cela, il la laisserait dans son ombre, sans même se retourner, sans même essayer de se souvenir de son prénom. Ça aurait du se passer ainsi. Sans encombre. Ou peut-être avec une gifle & quelques insultes, comme d'habitude.
& pourtant.
Il a fait d'Aedan une femme. Une femme qui découvre enfin le plaisir de faire l'amour, le plaisir d'être un en restant deux. Le plaisir de mélanger deux corps. Hélas, la porte qu'il aurait du emprunter pour se tirer loin d'elle a été déglinguée dans la bataille. Une bonne grosse merde dans la serrure. Un coup du destin. Qui sait ?
Toujours est-il que Blake est resté à ses côtés.
Vraiment.
& le "pourquoi" demeure sans réponse à ce jour.
« Oui, mais même j’avais jamais été si dévergondée tout court, dans mes décisions, ou autre… » Son regard se plonge dans le sien. Évidemment, Aedan a changé. Elle a simplement grandi, a simplement compris bien des choses. Peut-être plus rapidement que les jeunes femmes de son âge.À cause de cette sale expérience. Peut-être. Après tout, rien n'est sans conséquence. Absolument rien. Alors, Blake hoche faiblement sa tête, glisse ses doigts puissants dans sa tignasse, & racle sa gorge, tandis que la brunette enchérit de plus belle. « Faut dire que t’as pas à t’plaindre, mais bon, je vais pas m’lancer sur la route des compliments, tu risques de ne plus te sentir pisser ! » Il n'est pas de ceux qui crèvent sous le poids des compliments.
Auparavant, Blake était le petit garçon que l'on aimait abandonner dans un coin, avec lequel personne ne désirait s'amuser, celui qui recevait énormément de critiques. Celui que personne ne remarquait - ou ne voulait remarquer.
Aujourd'hui, la tendance s'est inversée. Les femmes se retournent sur son passage, dans la rue, n'importe où. & ça le divertit. Parce que finalement, il n'a jamais rien fait pour que les choses changent. Il s'est contenté de vivre, d'accepter les années, d'observer son corps devenir différent, devenir celui d'un bel homme.
Dommage, son âme n'a pas reçu le même traitement. « Ne t'en fais pas pour moi, les compliments n'ont pas tant d'effet.» ose-t-il ajouter, d'un air presque insolant. Malgré tout, un sourire illumine son visage terne.

« Ouais, j’le prends pour moi. Mais sache que j’me suis réellement, réellement, améliorée. tu serais agréablement surpris. » Une fois encore, il aurait pu se montrer très lourd & insister pour gouter à son corps. Mais, Aedan n'a pas relevé sa proposition pour une raison bien précise : Blake ne l'intéresse plus. Que ce soit pour la vie, ou pour une nuit. & c'est peut-être mieux ainsi - même s'il n'aurait sans doute pas dit non à quelques minutes d'extase. Putain de mec. Putain de pulsions. « Peut-être même que tu te souviendrais encore plus de moi ! » À quoi joue-t-elle ? Qu'attend-t-elle ? Qu'il tangue, au bord du gouffre, prêt à se lancer la tête la première dans un océan de désir trop fort pour être contrôlé ? Encore une fois, elle semble jouer avec le feu, elle semble le tester, le provoquer, définir ses nouvelles limites.
Il aurait pu partir en vrille.
Si son nom n'avait pas été Aedan Nightingal.
Mais, il ne peut plus rien se permettre face à elle. Il n'en a plus le droit. « J'imagine qu'on ne le saura jamais. » conclut-il en haussant faiblement ses épaules.
Elle ne peut pas être sérieuse. Elle ne peut juste pas, putain, plaisanter sur le fait qu'il puisse encore se souvenir d'elle. À moins qu'elle ne fasse référence qu'à la torture que cela risquerait de lui prodiguer, de vivre hanté par le souvenir de celle qui l'a envoyé en prison durant sept long mois.
Mais ça non plus, il ne le saura jamais.

« Comment elle en est arrivée à ça ? » Dans son esprit se baladent des explications, des réponses, plus tordues les unes que les autres. Des « J'ai sauté une rouquine carrément canon, en fait, j'l'ai prise par derrière mais tu vois, avec mon calibre & ma douceur, elle a moyennement apprécié. T'imagines sa tronche quand elle a vu que j'avais osé passer la nuit à ses côtés ? » & puis, un rire mesquin s'échappe de sa gorge, tandis que Blake secoue la tête. Non, il ne peut décemment pas lui révéler ce genre de choses. Alors, il lance un regard à son reflet dans le miroir, & souffle, une main entortillée dans sa tignasse. « J'ai manqué de tact, j'ai pas été très gentleman avec elle. Alors, elle m'a remis à ma place, & non, je ne me suis pas vengé. J'ai fermé ma gueule, & j'me suis tiré. » avoue-t-il en se posant sur une chaise, jambes croisées & le regard porté sur son ex petite-amie. Il essaye peut-être de lire en elle, de déchiffrer sa réaction, de songer la lueur dans ses yeux.
À vrai dire, il espère simplement savoir si elle croit en ses paroles. Si ça la surprend. « Dans des domaines différents, on est deux à s'être améliorés, tu vois. » murmure-t-il, sans trop parvenir à décoder ce qu'il éprouve en cet instant-même. Fierté. Nostalgie. Cocktail étrange.

Don't want to live in fear and loathing.

Close enough to start a war, all that I have is on the floor. God only knows what we're fighting for, all that I say, you always say more... I can't keep up with your turning tables, under your thumb, I can't breathe. So I won't let you close enough to hurt me. No, I won't ask you, you to just desert me. I've braved a hundred storms to leave you... As hard as you try, no I will never be knocked down.

« Ne t'en fais pas pour moi, les compliments n'ont pas tant d'effet.» Sourcils levés avec un certain amusement, Aédan fixa Blake. Il était sûrement l’un des plus bel homme qu’elle ait pu rencontrer. Son physique presque parfait l’avait directement attirée. Ses yeux de gamine avaient vu en lui l’étoffe d’un prince. Pourtant, derrière ce visage d’ange, ce sourire charmeur, se cachait un caractère bien différent de celui dépeint dans les contes de fées. Pourtant, même après les coups, Aédan ne parvenait pas à le trouver laid. La haine aurait pu contribuer à son dégoût mais non.  Il était toujours aussi charmant. Même si elle était parfaitement consciente de ce qui  cachait en lui. « Les compliments n’ont plus tant d’effet parce que tu es trop habitué à en entendre ? » Lèvres pincées, réprimant un sourire, Aédan continua de le fixer. Il faisait certainement partie de ces hommes complimentés par énormément de femmes. S’il lui disait le contraire, elle ne le croirait pas.

La conversation était spéciale, lui laissant une impression étrange. Mais, n’était-ce pas le reflet de leur relation, s’il y avait ? Elle aurait beau se dire qu’elle voudrait l’oublier, effacer tous les mauvais moments, Aédan savait  qu’elle n’y arriverait jamais. Blake resterait en elle, quoi qu’il puisse se passer. « J'imagine qu'on ne le saura jamais. » Imitant inconsciemment son geste, Aédan haussa elle aussi les épaules. Son regard ne quitta pas l’homme à ses côtés. En sa présence, elle se sentait déstabilisée, fébrile. « Peut-être… » Au fond, Aédan ne voulait pas qu’il l’oublie. Elle en était incapable alors pourquoi lui aurait-il ce droit ? Evidemment, elle ne voulait pas qu’il ne se souvienne que des horreurs qui avaient pu les lier. Juste être encore dans son esprit. Tout comme lui ne quitterait jamais le sien.

Surprise, Aédan observa les marques sur le corps de Blake. Curieuse, elle ne put s’empêcher de lui demander et surtout d’imaginer les scénarios qui auraient pu engendrer tout ça. Jeux un peu trop violents, mal contrôlés ou rébellion d’une jeune femme mécontente ? Inconsciemment, son esprit la ramena en arrière. Et si elle s’était défendue ? Et si elle lui avait rendu ses coups ? Aurait-il arrêté ou se serait-il déchainé un peu plus ? Au fond, Aédan ne voulait pas savoir. Le passé restait le passé et imaginer ce qu’il se serait passé si elle avait réagi différemment ne l’aiderait en rien. Il fallait accepter ces années écoulées et vivre avec malgré tout. Elle ne pourrait plus rien y changer.  « J'ai manqué de tact, j'ai pas été très gentleman avec elle. Alors, elle m'a remis à ma place, & non, je ne me suis pas vengé. J'ai fermé ma gueule, & j'me suis tiré. » Cette fille avait sûrement eu le courage qu’elle n’avait pas lorsqu’elle n’était qu’une gamine. Peut-être, justement, l’âge jouait-il une part importante. Ou non. Combien de femmes adultes se laissaient-elles faire lorsque leur compagnon levait la main sur elles ? Enormément. Elle s’en doutait. Seul l’aveuglement créé par l’amour l’avait retenue de toute réplique. Elle lui avait cherché des excuses, réaction typique paraitrait-il. Pourtant, l’aveu de Blake la surprit tout autant que ses blessures. Elle sut qu’il était sincère sans savoir pourquoi. Peut-être qu’elle avait une très forte envie de voir ce changement. Evidemment, elle aurait aimé en bénéficier, qu’il se rende compte de ses bêtises avant de la cogner mais ça aussi, c’était une chose qu’elle ne pourrait jamais changer. « Dans des domaines différents, on est deux à s'être améliorés, tu vois. » Les yeux rivés dans ceux de Blake, Aédan lui sourit. Un sourire sincère. Entendre ces quelques paroles lui fit un bien fou. Blake avait tiré les leçons de ses actes et elle en était satisfaite. « Je vois oui… Et ça me surprend, agréablement… » Il n’était pas ce genre de monstre qui ne se remettait pas en cause, qui ne cherchait pas l’évolution. Blake avait sûrement pris conscience du fait que ses actes étaient mauvais et ne cherchait pas à recommencer. Aucune autre femme ne subirait ce qu’il lui avait infligé et ça la rassurait. « Longtemps j’ai souhaité que tu sois malheureux, à tout jamais, que tu ne connaisses pas le bonheur et que tu subisses les conséquences de tes actes pour toujours… » Inspirant profondément, elle termina en souriant faiblement, sincèrement, « mais en fait, tu ne mérites pas ça, malgré tout… T’as changé, je le sens… Et je suis contente en quelque sorte que tu te sois rendu compte de tes erreurs et que tu aies appris… » Elle ne savait pas réellement où en était Blake aujourd’hui, s’il était heureux, bien dans sa peau, mais au moins, elle savait qu’il n’était plus ce mec violent qu’elle avait pu connaitre. « T’as jamais été un monstre sans cœur… T’as juste fait une erreur… On en fait tous. » Une grosse erreur. Mais par-là, Aédan lui montrait qu’elle était, malgré tout, pardonnable.