Écouteurs dans les oreilles, Phoebe tapotait le bras de son siège au rythme de la musique. Elle écoutait une chanson peu connue d’un groupe d’électro pop qu’elle avait découvert récemment. Elle s’accrochait avidement à tout ce qui était nouveau, tout ce qui lui rappelait le moment présent. Elle évitait ce qui lui rappelait sa vie passée, que ce soit un film, une chanson ou même un livre. Phoebe était déterminée à laisser tous ces drames derrière elle et à s’ouvrir à une nouvelle vie. C’est pourquoi elle se trouvait dans un autobus en direction de la ville d’Arroswic, dans le Maine. Elle avait pris l’avion, partant de l’Angleterre pour finalement atterrir à l’aéroport de Brewer. Un trajet de plus de deux heures l’attendait avant d’atteindre sa destination finale. L’autobus était bien remplit, ce qui l’avait forcée à s’asseoir à côté d’un jeune homme au teint basané. Elle n’y avait pas portée plus attention, pas très encline à faire la conversation.

Toujours en écoutant sa musique, elle réfléchit à son avenir, à ce qui l’attendait là-bas. Elle avait été chanceuse de trouver un petit appartement, ou plutôt un sous-sol à prix abordable. Elle s’était amassé un peu d’argent avant son départ, mais elle allait inévitablement devoir trouver un emploi et sans trop tarder. Elle n’avait jamais vraiment travaillé auparavant, ce qui ne l’avantageait pas. Comme elle était encore au lycée quand sa mère était morte, elle n’avait jamais eue l’occasion de se trouver un travail, trop accaparée par ses études. Les événements qui avaient suivi cet événement tragique ne l’avaient pas non plus exposée au milieu du travail. Phoebe allait devoir utiliser toutes les ressources disponibles pour se montrer convaincante et apte au travail. Cela n’allait pas être une tâche facile, mais elle se devait de le faire, elle n’avait pas d’autres choix.

Peu à peu les gens quittaient l’autobus. Arroswic ne semblait pas être une destination très populaire. Phoebe éprouva une sorte de soulagement face à cette réalisation : moins il y avait de touristes ou d’habitants, moins elle avait de chances de tomber sur quelqu’un qu’elle connaissait. Bien sûr, c’était une des raisons pour lesquelles elle avait choisi cette ville, mais elle était satisfaite de voir ses prédictions s’avérer vraies. Bientôt ils se retrouvèrent seulement une dizaine de passagers, dont l’inconnu qui était toujours assis à côté d’elle. Elle se dit qu’il finirait bien par débarquer et elle pourrait ainsi profiter du siège près de la fenêtre. Une des choses que Phoebe adorait quand elle faisait des trajets en voiture ou en autobus, c’était bien de contempler la route. Les paysages défilant lui donnaient quelque chose à regarder pendant qu’elle divaguait dans ses pensées, alors que là elle était prise à fixer le siège devant elle.

Perdue dans sa tête, elle n’avait pas pris conscience de la fatigue qui l’envahissait. C’était normal, après tout, elle venait de faire plusieurs heures d’avion. L’attente et les multiples passages aux douanes l’avaient vidé de toute son énergie. Sans prendre le soin d’éteindre son baladeur, elle sombra dans le sommeil. Quelques minutes plus tard, sa tête glissa sur le côté, allant s’appuyer sur l’épaule du jeune homme, toujours assis à ses côtés. Elle ne se réveilla pas, trop profondément endormie. Pour clore le spectacle qu’elle faisait d’elle-même, Phoebe se mit à ronfler tel un camion.

ON THE ROAD. ▲ Les paysages défilent, les uns après les autres et tout ce qu'on peut faire c'est essayer de se connaitre pour que le temps parraissent moins long et le futur, moins pénible.

Qui aurait cru qu'en tentant de partir pour New York, Sid se serait retrouvé à Bangor. Perdu dans le fin fond du Maine. Une carte en main, sa valise et son air crétin sur le visage. Il n'avait pas compris comment cela s'était produit, mais il s'était sans doute trompé de route, c'était évident. Fatigué de conduire, il s'était alors décidé de trouver un bus. On lui indiqua la gare routière où il trouva un bus qui devrait le conduire jusqu'à Portland et ensuite de là jusqu'à Boston. Et enfin, de Boston à Newyork. Voilà, c'était l'itinéraire prévu. Sauf que Sid, la tête dans son sandwich se dirigea vers le mauvais bus, s'installa dans un coin près d'une fenêtre et se contenta d'attendre que l'engin démarre pour s'occuper. Voilà ce qui arrive quand un inconnu vous indique un bus du doigt et qu'en face, il y en a deux. Il allait se retrouver ainsi à Arrowsic dans le Maine comme terminus et non à Portland. Mais ça, il ne le savait pas encore. Terminant son sandwich au poulet, il parcourait les pages d'un magazine. Depuis son départ d'Australie, il avait découvert beaucoup de choses dans le monde. Il avait parcouru des lieux exotiques, pauvres, riches, impressionnant comme bouleversant. Une partie de l'argent qu'il avait gagné au loto était partie là-dedans. Mais voilà, l'été dernier, son petit retour en Australie lui avait prouvé à quel point s'installer et vivre dans une espèce de quotidien lui manquait. Un travail, une famille, des amis. Il n'y avait rien de mieux qu'une simple petite vie dans un endroit comme un autre. Pour le coup, il avait choisi New York parce qu'il aimait les villes qui bougeaient. L'endroit l'avait marqué et surpris de nombreuse fois alors il avait pensé que c'était un endroit idéal. Il était à Montréal quand l'idée lui était venue. New York. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Il rangea le magazine, préalablement plié, dans son sac quand il se rendit enfin compte qu'il y avait quelqu'un à côté de lui. Une fille, plutôt jeune.

Il attrapa son petit ordinateur portable et se décida de terminer deux ou trois choses pour son petit cinéma. Il n'allait pas travailler pour le moment, il avait encore de quoi survivre largement avec l'argent qu'il avait dans son compte bancaire. Non, il voulait juste ouvrir un petit cinéma, diffusé des films étrange, des films cultes. Rien de bien impressionnant, mais c'était un petit rêve. Mais il y avait des trucs à régler avant. Le nom du cinéma, le logo, trouver l'endroit, préparer les salles, voir comment il allait gérer le tout financièrement. Il se disait que d'ici New York, il aurait largement fini tout ce qui traînait. Casque sur les oreilles, il passait en même temps de la musique histoire qu'il ne voit pas le temps passait. Dans sa tête, il avait encore le temps avant qu'il arrive à destination. Cependant, il remarqua que peu à peu, il y avait de moins en moins de gens dans le bus. Lui qui aimait « s'étaler » se demandait bien quand sa voisine s'en irait.

C'est alors qu'il sentit quelque chose. La voisine en question s'était endormie. Sid baissa son casque, se demandant ce qu'il devait faire dans ce genre de situation. Il se sentait alors bloquait, n'osant plus bouger. Puis il entendit alors ses ronflements. C'était presque mignon, sauf que c'était quand même assez dérangeant. Il n'arrivait plus à se concentrer. Alors il mit son ordinateur en veille et tenta de le ranger dans son sac sans trop bouger. Il laissa son cas autour de son cou et avec sa droite, tenta de faire bouger doucement la tête de la demoiselle. En espérant qu'elle ne retombe pas sur vous. Mais elle retomba doucement sur son épaule comme si Sid était un cousin très moelleux. Du coup, il chercha. Que devait-on faire quand quelqu'un ronfle ? Ce n'est pas siffler par hasard ? Mince, il ne savait pas siffler.

« - Quelqu'un dans le bus sait siffler ? Personne ? Vraiment ? D'accord. » On lui avait lancé un de ces regards. Comme si on lui disait : Laisse cette pauvre fille dormir, l'indien ! Oh mais il n'avait rien contre le fait qu'elle dorme, il voulait juste... vous savez le ronflement, c'est comme une alarme qui se répète dans ta tête. Ça te rend tout confus après. Il priait pour une secousse ou quelque chose qui réveillerais la demoiselle, ou n'importe quoi. Il tenta de claquer des doigts, mais en vain. Il se rendit compte qu'elle avait toujours ses écouteurs dans les oreilles. C'était peut-être pour ça que rien ne marcher. Il tenta d'attraper son baladeur pour éteindre la musique, tendant ses doigts et espérant réussir. Mais sans faire gaffe, il augmenta le son de son baladeur ce qui réveilla la demoiselle en sursaut et qui le fit sursauter lui aussi. Il lâcha même un cri de stupeur tant il ne s'y était pas attendu.

« - Pardon, Pardon, Pardon, Pardon, j'voulais juste... vous savez, éteindre votre musique en espérant trouver un moyen pour arrêter vos ronflements tout en vous laissant dormir tranquillement, mais je n'ai pas réussi à atteindre votre baladeur et je ne sais pas ce que j'ai fait parce que d'un coup vous... Je suis désolé. » Il s'était écartait, coller à la fenêtre du bus espérant qu'on n'allait pas le frapper. En espérant aussi qu'elle avait compris ce qu'il avait dit. Sid ayant vécu en Australie, Avait un accent particulier. Le tout mélanger à un accent indien qu'il avait gardé du fait qu'étant jeune, lui et sa famille allait souvent en Inde dès que les vacances étaient là.

Phoebe était plongée dans un drôle de rêve, un de ceux qui vous surprennent tellement vous ne savez pas leur signification. Dans les bras de Morphée, Phoebe s’était retrouvé mélangée à la production d’un film bollywoodien qui tournait à la catastrophe. N’ayant jamais regardé ce genre de film auparavant, c’était encore plus troublant. Au moins, ce n’était pas un de ces cauchemars récurrents qui la guettait à chaque fois qu’elle osait fermer les yeux. Cela devait être la première fois en plusieurs mois qu’elle avait un sommeil presque paisible. Ce moment ne dura pourtant pas longtemps, alors qu’un bruit assourdissant la réveilla en sursaut. Son premier réflexe fut la peur, ne sachant pas encore d’où provenait ce vacarme. Ce genre de bruit, presque comme une explosion, elle ne l’avait entendue qu’une seule fois avant et c’était lors de son accident de voiture. Encore à moitié endormie, malgré ce réveil brutal, elle n’avait toujours pas réalisée que c’était le volume de son baladeur qui était augmenté au maximum. Elle le réalisa alors que, les yeux pleins de panique, elle s’était retournée vers son voisin de siège qui gesticulait, recroquevillé sur le bord de la fenêtre. Elle eue enfin le réflexe d’enlever ses écouteurs, ce qui fit cesser le bruit et qui reposa ses oreilles. Elle ne comprit que les derniers mots de ce que l’inconnu essayait de lui dire. «… je n’ai pas réussi à éteindre votre baladeur et je ne sais pas ce que j’ai fait parce que d’un coup vous… Je suis désolé». Mais pourquoi donc avait-il essayé de la réveiller ? N’ayant pas compris le début de sa phrase, Phoebe ne se doutait pas de s’être endormie sur son épaule, encore moins d’avoir ronflé.

Elle mit quelque temps à essayer de comprendre les motifs du jeune homme, tout en l’observant un peu mieux. Elle remarqua alors ce qui lui avait échappé plus tôt, soit son air indien. Son accent avait aussi des sonorités indiennes, mais il était mélangé avec autre chose. En somme, c’était plutôt étrange. Peut-être était-ce lui, la cause de son rêve si bizarre. Son subconscient devait avoir capté des choses qu’elle n’avait pas eues le temps d’assimiler et il lui avait pondu un rêve. Ah ! Tout ce que pouvait faire le cerveau humain ! Phoebe réalisa alors que c’était grâce à lui, en quelque sorte, qu’elle n’avait pas fait de cauchemar. Il avait, pour une raison quelconque, marqué son subconscient d’une telle façon qu’il en avait momentanément oublié ses traumatismes. Elle prit alors le soin d’observer l’expression du jeune homme qui exprimait un embarras et une confusion tellement profonde que ça en était presque drôle. Il se sentait visiblement coupable de l’avoir réveillée. Phoebe fut presque étonnée tant il semblait honnête. Elle décida de lui sourire, après tout, ce n’était pas un si grand drame !

« Ne vous en faites pas, je suis la personne à blâmer, quelle idée de dormir avec un baladeur sur les oreilles ! ». Elle ne savait trop quoi ajouté. Phoebe n’était pas très douée pour commencer les conversations ou pour les continuer, d’ailleurs. Elle ne savait jamais trop quoi dire ou quoi faire, quels sujets discuter ou pas. D’un autre côté, elle aimait bien écouter les gens. Souvent, c’est ce dont on a le plus besoin, être écoutés, mais ce n’était pas toujours possible. Jetant un coup d’œil autour d’elle, Phoebe remarqua qu’ils étaient maintenant les seuls à bord de l’autobus, avec une vielle dame assise à l’avant. Ils devaient être proches de leur destination. Elle s’étonna un instant de voir l’indien encore là, allait-il vraiment à Arroswic ? Peut-être allait-il visiter quelqu’un ? Elle décida de lui demander, malgré la timidité qui reprenait le dessus sur elle. « Alors… qu’est-ce qui vous amène à Arroswic ? ». Elle se sentait un peu trop sérieuse en le vouvoyant, mais ne sait-on jamais, avec les inconnus, vaut mieux ne pas prendre de chances.

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A noter : Réveiller les gens comme un crétin. Ça c'était une belle façon de poursuivre cette journée de voyage. Réveiller de jolie jeune fille qui dorment paisiblement sur son épaule. Il pouvait la comprendre. Elle avait sans doute bien voyagé aussi. Prendre la route, partir au loin, ce n'était pas facile. Sid l'avait fait et au début, il avait détesté. Il se trompait de route, ne trouvait pas sa destination, ses bagages étaient lourds, on lui volait ses affaires, il tombait dans des coins paumés... Dur, c'était dur. Mais il avait fait encore plus fort en brisant les rêves de la demoiselle et sa réaction ne devait qu'être encore plus idiote. Crier en comme une fois et se coller à la fenêtre du bus comme si Sid voulait se cacher et disparaitre ailleurs. Sur le coup, c'est la panique et au vu du regard du peu de personnes présentes dans le bus ( c'est-à-dire une vieille dame devant), Sid allait se retrouver éjecter de l'endroit très vite. On allait sans doute l'attraper par le col de sa chemise et l'envoyer balader par la porte. Sans que le bus s'arrête, histoire que l'atterrissage soit violent.

Il s'était excusé, première chose à faire quand on a l'impression d'être un crétin. Sid et les mots, c'était deux grandes histoires d'amours bien différentes. Etrangement, ce moulin à parole n'était pas doué pour s'exprimer. Il disait beaucoup, en oubliant l'essentiel. Il voyait bien à l'expression de la demoiselle qu'elle n'avait sans doute pas capter la moitié de sa phrase.

D'ailleurs, maintenant qu'ils étaient l'un en face de l'autre, Sid fixa par curiosité la jeune fille. Pas très grande, de longs cheveux. Un regard avec un je-ne-sais-quoi d'innocent et un très joli sourire. Elle était jolie en général en fait. C'était définitivement un crétin pour ne pas avoir remarqué qu'il y avait une jolie fille à côté de lui. Il ne bougeait pas, limite attendant une réaction de la part de sa voisine. Il avait peur que le moindre geste pouvait être pris comme un danger potentiel. Le cerveau de Sid ne fonctionnait pas du tout comme pour une personne normale. Et puis, finalement, elle lui offrit un sourire. Un sourire qui le rassura. Il pouvait se détendre, se décoller de cette vitre, reprendre une position correcte et sourire à son tour. Elle avait l'air gentil. C'était rare que quelqu'un donne cette impression dès le début. Sid était habitué que les femmes le frappent dès le début d'une rencontre. Une bonne frappe derrière la tête. C'était amical, disaient-elles. La blague. Depuis, il faisait rarement confiance aux femmes, mais là il n'était pas en position pour ignorer la demoiselle. Après tout, ils étaient voisins de sièges de bus. Ce n'était pas rien.

« - Arrow quoi ? » Sid fronça les sourcils. Il jeta un coup d'oeil dehors puis de nouveau sur la demoiselle. « - J'vais à Portland, pour prendre un bus pour Boston et ensuite un autre et New York me voilà. » Il haussa les épaules : « - Oui, je sais, j'aurais dû prendre l'avion, mais j'avais envie de prendre mon temps, de visiter un peu les petites villes et de me balader. Vous allez où vous ? »

Phoebe voyait que le jeune homme, dont elle ne connaissait toujours pas le nom, se détendait peu à peu. Il devait avoir eu peur de sa réaction, s’attendant sûrement à ce qu’elle se fâche. Phoebe n’était pas le genre de personne qui se fâchait rapidement ou qui agissait impulsivement. Ce n’était pas une question de contrôle, mais plutôt sa nature en elle-même. Elle n’était que très rarement en colère, mais quand elle l’était ce n’était pas très beau à voir. En même temps, il fallait vraiment le vouloir pour la faire sortir de ses gonds. Des situations comme celle qui venait de se produire ne la dérangeait pas plus qu’il ne le fallait. Elle se plaisait à se dire que son tempérament calme était bénéfique aux relations qu’elle entretenait avec les gens, surtout lors de nouvelles rencontres. Ce trait de caractère pouvait aussi être négatif dans la mesure où elle pouvait sembler indifférente, voir froide. Sa timidité n’arrangeait pas non plus les choses. Son sourire communicatif, qui était toujours très sincère, réussissait tout de même à rattraper le coup, du moins, c’est ce qu’elle croyait. Perdue dans ses pensées, comme la majorité du temps, elle n’entendit presque pas la réponse de l’indien. Les mots s’étaient tout de même rendu à son esprit.

« J’vais à Portland, pour prendre un bus pour Boston et ensuite un autre et New-York me voilà… Oui je sais, j’aurais dû prendre l’avion, mais j’avais envie de prendre mon temps, de visiter un peu les petites villes et de me balader. Vous allez où vous ? ». Il avait un petit haussement d’épaule, prononçant ses mots d’un air nonchalant et de ce curieux accent que Phoebe n’arrivait toujours pas à identifier. Ce n’était pourtant pas cela qui retint son attention. Avait-il vraiment mentionné Portland, Boston et New-York ? Soit c’était elle qui s’était trompée, ou lui qui était totalement perdu. Elle était pourtant sûre d’avoir pris le bon autobus. Oui, c’était définitivement le bon. N’y aurait-il pas plus de monde s’ils se rendaient véritablement à Portland ? En même temps, elle avait sa réponse : il n’avait rien à faire à Arroswic, il s’était tout simplement trompé… Une grosse erreur tout de même, ils devaient être à des kilomètres de sa destination. Cela faisait quand même plus de deux heures qu’ils étaient en route. Elle se sentit soudainement mal pour l’inconnu. Il semblait tellement innocent et nonchalant. Il était certain qu’il était sur le bon chemin. Phoebe n’osait pas briser cette illusion, surtout rendu à ce point. Elle se devait tout de même de le faire, elle n’avait pas d’autres choix. Elle se racla timidement la gorge.

« Je suis vraiment désolée de vous dire cela, mais cet autobus a pour terminus la ville d’Arroswic. ». Elle détourna la tête, ne voulant pas être témoin du regard dépourvu du jeune homme. Elle se sentait presque comme si c’était de sa faute. Elle tenta de le rassurer de manière plutôt maladroite. « Mais vous savez, il doit y avoir un autobus qui part d’Arroswic et qui va jusqu’à Portland… ou encore vers une autre ville encore plus proche de Boston ! ». Pas très familière avec l’état du Maine ou de New-York, elle ne savait pas du tout où ils se situaient par rapport à la ville de Boston. En d’autres mots, elle parlait totalement à travers son chapeau. Encore gênée de la situation, elle se creusait les méninges pour trouver une solution. Elle songea presque à l’héberger chez elle, lorsqu’il serait rendu dans la ville, mais se ravisa rapidement. Elle le connaissait à peine, la preuve, elle le vouvoyait encore. D’ailleurs, elle ne savait toujours pas son nom. Ne sachant plus où donner de la tête, elle décida de se présenter. « Au fait, je me nomme Phoebe, et toi ?... je veux dire vous ? » Les choses seraient plus claires maintenant… non ?

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Arrow quoi ? Ça se répétait dans sa tête. Arrowsic. C'était quoi comme ville ça ? Là, l'expression de Sid était synonyme de bug. Quand l'expression de votre visage s'arrête et ne bouge plus parce qu'il faut que l'information monte à votre cerveau. Sérieusement ? Il s'était encore perdu ? ENCORE ? Combien de personnes sur cette terre pouvaient-elles se comparer à la maladresse et à la mal chance de Sid ? Probablement 0. Il avait grandi comme ça. Malchanceux. Enchainant la plupart du temps, gaffe sur gaffe. Quand il était jeune, en moins d'un an, il avait réussi à se perdre dans un supermarché, dans une fête foraine, au zoo et même une fois au cinéma ! Il s'était cassé le bras après un match de Tennis, le genou lors d'un match de foot et même le petit doigt en tapant sur son clavier d'ordinateur. Il ne devrait plus trouver ça surprenant et pourtant, ça le surprenait à chaque fois. Comme durant cette nuit à Miami où il avait pensé donner un billet d'un dollars à un clochard pour se rendre compte que c'était un billet de 100.

La demoiselle tenta de le rassurer, c'était sympa. « - J'espère. » il était d'un coup tout calme. Il réfléchissait à ce qu'il allait faire. Il se demandait où se situer Arrowsic. Il allait surement devoir aller s'acheter une nouvelle carte. Mais au moins, il avait noté quelque chose chez sa voisine. Son accent Anglais. Elle n'était pas d'ici, probablement en voyage pour aller on-ne-sais-ou. Justement, elle va à Arrowsic donc. Pourquoi ? Non, ce n'était pas le moment de lui demander ça il fallait déjà réfléchir à comment reprendre le bon chemin. Il jeta un coup d'oeil par la fenêtre pour regarder la route. C'est vrai que là, c'était un peu vide. Des champs, des arbres. Très peu d'habitation. Il allait se retrouver perdu dans un endroit paumé.

« - Oh, euh... Sid. » Il se tourna vers elle, pour lui tendre la main. « - Un jour, je te dirais c'est le diminutif de quoi, mais pour le moment je vais éviter de me ridiculiser plus que ce que j'ai déjà fait. » Il se rendit compte qu'il l'avait tutoyé. C'était instinctif chez lui. Il tutoyait tout le monde alors c'était déjà un miracle qu'il ne l'ait pas fait dès le début. « - Pardon, je sais que parfois c'est mal pris de se faire tutoyais si vite, mais je n'ai tellement pas l'habitude de dire « vous, vous. », j'espère que ça te dérange pas. » Il lui offrit un petit sourire. Phoebe, c'était un joli prénom. Non, il n'avait pas du tout penser à Phoebe le personnage jouait par Alissa Milano, dans Charmed. Il avait quand même grandit avec ce genre de série, alors ça avait fait tilt dans sa tête, c'était plus fort que lui. Pour Sid, tout était à référencer via une série ou un film. C'était comme ça qu'il fonctionnait. Ainsi, l'humiliation qu'il avait subi la nuit du bal, était une très belle référence au film Never Been Kissed, Il ne s'était jamais senti aussi proche de Drew Barrymore que cette nuit-là !

« - Alors, Arrowsic... C'est sympa là-bas ? » Curiosité, quand tu nous tiens. Il n'avait jamais eu peur de l'inconnu sans doute parce qu'il avait passé les dernières années de sa vie à voyager. Mais là, il ne savait pas pourquoi, il avait peur. Il n'avait jamais entendu parler de cette ville - et dieu sait le nombre de fois où il était tombé dans des petites villes - mais c'est juste qu'on ne sait jamais où le destin peu nous mener. Et cette fois, le destin avait conduit Sid au fin fond de nulle-part. Finalement, il se sentait presque chanceux d'avoir Phoebe à côté de lui. Ça lui permettait d'avoir quelqu'un à qui parler et avec qui restait si jamais il y a un souci. Enfin, il n'allait pas squatter la pauvre demoiselle, non, mais c'était agréable de se dire qu'il n'était pas complètement seul. Bien qu'inconnue, il connaissait au moins son prénom.

L’expression du jeune homme était figé, comme lorsqu’un ordinateur plante et que plus rien ne veut bouger. Le temps qu’il se rende compte de son erreur, il n’avait pas bougé d’un poil. Phoebe avait presque envie de lui passer la main devant les yeux tellement il avait le regard fixe. Après une bonne minute d’immobilité, il sembla se détendre. C’était plutôt étrange comme réaction. À sa place, Phoebe se serait mise à paniquer, imaginant tous les scénarios possibles, souvent les plus catastrophiques. D’un côté, elle n’avait pas beaucoup d’expérience avec les voyages alors elle s’énervait au moindre petit détail. Peut-être que lui, il voyageait beaucoup et depuis longtemps. Peut-être qu’il était habitué à toutes ces embuches caractéristique des voyages. Peut-être ses suggestions avaient-elles aidé ? Elle se plaisait à se dire que oui, elle avait pu être utile et peut-être même rassurante.

Phoebe se calma peu à peu elle aussi. Elle était très douée pour faire de la projection, ce qui n’était pas toujours une bonne chose. Bien sûr, c’était utile pour comprendre les sentiments d’une personne, ce qu’elle vit et pouvoir l’aider au maximum, mais c’était rarement le cas. Souvent, elle se retrouvait à cogiter et à stresser pour quelqu’un d’autre alors qu’elle ne devrait pas. Après tout, on est responsable de ses actions et pas de celles des autres. Elle ne pouvait pourtant pas s’en empêcher. Peut-être était-ce une façon de lui faire oublier ses propres problèmes que de se concentrer sur ceux des autres. Phoebe secoua la tête : ce n’était pas le moment de penser à tout ça.

« Oh euh… Sid. Un jour, je te dirais c’est le diminutif de quoi, mais pour le moment je vais éviter de me ridiculiser plus que ce que j’ai déjà fait ». En serrant la main que lui tendait Sid, Phoebe ne pu retenir un petit rire. Elle savait parfaitement que Sid était le diminutif du prénom « Sidney », puisque c’était un prénom plutôt répandu en Angleterre. C’était aussi un prénom généralement attribué aux femmes. Phoebe décida de ne pas étaler ses connaissances, ne voulant pas gêner sa nouvelle rencontre, il avait déjà assez d’ennuis comme ça. Elle ne pouvait pourtant pas décrocher le sourire collé sur son visage. Malgré ses manières quelque peu maladroites, elle commençait à vraiment apprécier la compagnie de Sid, même si elle ne se l’avouait pas totalement. Il fallait comprendre qu’elle ne s’attendait pas du tout à faire une telle rencontre, surtout pas dans le bus pour Arroswic.

Sid s’excusa de l’avoir tutoyé, ce qui la rassura tout de même un peu. Ils étaient définitivement sur la même longueur d’onde. Il lui fit un sourire qui fit presque glousser Phoebe tellement il était mignon. Il avait le charme d’un petit chiot qu’on se sent mal de punir. Ses expressions étaient tellement sincères, elle aurait peine à croire qu’il joue le jeu. C’était une qualité très rassurante pour Phoebe qui, plutôt naïve, avait accordé sa confiance trop rapidement aux mauvaises personnes. Sid n’était pas l’une d’elle, elle en était presque certaine. Il restait tout de même cette part de doute encrée en elle et un mélange de timidité qui l’empêchait de s’ouvrir complètement à une nouvelle relation.

« Alors, Arroswic… C’est sympa là-bas ? ». Cette question, pourtant simple, pris Phoebe au dépourvu. Elle n’en avait aucune idée. N’ayant jamais mis les pieds dans la ville, elle n’en avait aucune idée. Tout ce qu’elle pouvait espérer, c’est qu’elle y serait bien. Elle haussa les épaules en riant, ne sachant pas trop quoi lui répondre. Elle se surpris soudainement à regretter le fait que Sid ne soit que de passage à Arroswic. Elle aurait bien aimé connaître quelqu’un dans la ville avant de s’y établir.

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Savoir garder son calme en cas de situation de panique, c'était sa spécialité. Sid était sans doute la personne la plus zen et la plus calme qui croisait le chemin de Phoebe. Bien entendu, il n'échapper à de grandes crises de paniques, personne n'y échapper. A un moment, on a juste besoin d'exploser, c'était naturel. On a besoin d'hurler, de crier, de se défouler. Mais Sid avait appris avec le temps, que toujours se laisser guider par la peur et la panique était souvent synonyme de chute libre. Pour le coup, quand quelque chose de mauvais se produisait, quand il avait l'impression que tout ne se passe pas comme prévu, alors il prenait une pause, respirer et essayer de relativiser. Il faut prendre les choses calmement au risque d'agrandir encore plus nos problèmes. Alors, au lieu de faire peur aux deux seules personnes présentent dans le bus, Sid avait stoppé toute activité mentale. Mieux que péter un plomb pour rien, il s'était contenté d'espérer que dans cette ville du nom d'Arrowsic, il trouverait un bus pour partir à New York. Retrouver le bon chemin. Heureusement qu'il n'était pas du genre à prévoir les choses trop souvent. Sid était souvent impulsif, spontané. Il n'aimait pas prévoir, parce que la plupart du temps (et la preuve était actuelle) tout ne se passer pas comme prévus.

La plupart du temps, Sid était le diminutif de Siddhartha. (Dans les communautés indiennes, bien entendu) En Europe, c'était un prénom tout cours, c'est un dérivé de Sidonie - pas très flatteur. Il comptait sur le fait qu'avec sa tête indien, on pensait à un prénom autre que Sidney pour ne pas se sentir ridicule et pour retrouver toutes ses moqueries pour lequel il avait eu le droit plus jeune. Mais au moins, en disant ça, Phoebe avait légèrement rit. C'était comme si l'atmosphère venait d'un coup de devenir beaucoup plus léger. Il fallait le dire, ça donnait le sourire à Sid et en plus, ça lui faisait du bien.

Il posa alors une question, toute simple. Phoebe se contenta d'hausser les épaules, avec un léger rire. Visiblement, elle n'y avait jamais mis les pieds. En gros, elle allait dans une petite ville au fin fond... au fin fond de nulle part et lu s'y retrouver aussi, parce qu'il était perdu. Quelle belle paire ! « - Tu vas rejoindre de la famille ou des amis ? » Il attrapa sa bouteille d'eau pour boire une gorgée. « - Enfin, tu n'es pas obligé de répondre, à force de voyager je suis devenu très curieux quand je rencontre de nouvelles personnes. C'est là toute la beauté du voyage. Le fait de découvrir quelqu'un, d'en savoir sur elle, parce qu'il est possible qu'après tu ne la revois plus jamais. »

Il se demandait ce qui pouvait pousser quelqu'un à partir loin. Il n'osait pas demander à Phoebe si elle venait tout droit d'Angleterre ou si elle avait vécu ailleurs en Amérique avant de prendre ce bus. Il savait que parfois, on n'a pas envie de parler. Quand on voyage, on se cherche. On essaye de trouver qui nous sommes vraiment et parfois, garder le silence c'était ce qu'il y avait de mieux. Le calme, la tranquillité et notre respiration. Il ne voulait pas embêter Phoebe, dieu savait à quel point Sid pouvait se montrer embêtant. Il était têtu, un peu comme un enfant. On lui reprochait souvent ça, mais il s'en fichait. Il était ainsi, il ne pouvait pas changer du tout au tout sous prétexte qu'on n'appréciait pas toujours ce genre de choses.

Ce qui lui plaisait, c'était ça. Les rencontres.

« Tu vas rejoindre de la famille ou des amis ? ». Le sourire qu’arborait Phoebe s’effaça légèrement suite à la question de Sid. Elle pensait encore beaucoup à sa mère, pour ne pas dire tout le temps. Après trois ans, sa peine n’avait pas beaucoup diminuée. Phoebe se demandait parfois si elle serait capable de tourner la page, de passer à autre chose. L’image de sa mère serait-elle toujours synonyme de souffrance ? Elle ne voulait pas trop y songer. De toute façon, ce n’était pas le moment. Elle détourna le regard, ne voulant pas donner à Sid une raison de s’inquiéter. Heureusement, il s’était retourné pour prendre sa bouteille d’eau et n’avait pas perçu ce voile de tristesse qui avait momentanément enveloppé le visage de Phoebe. Après avoir pris une gorgée d’eau, il continua sur sa lancée. « Enfin, tu n’es pas obligé de répondre, à force de voyager je suis devenu très curieux quand je rencontre de nouvelles personnes. C’est là toute la beauté du voyage. Le fait de découvrir quelqu’un, d’en savoir sur elle, parce qu’il est possible qu’après tu ne la revois plus jamais ». C’était donc un grand voyageur. Elle comprenait maintenant mieux comment il avait réussi à garder son calme, cela ne devait pas être une première pour lui.

« La seule chose que je vais rejoindre, c’est un petit appartement miteux » dit-elle avec un grand sourire. Elle ne voulait surtout pas s’apitoyer sur son sort, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Curieuse d’en apprendre plus sur Sid et voulant détourner l’attention d’elle-même, elle décida de l’interroger à son tour. « Et toi, pourquoi New-York ? ». Elle ne s’arrêta pas à cette petite question toute simple. D’humeur moqueuse, elle décida de lui poser une multitude de questions, sans même attendre les réponses. « Tu vas rejoindre de la famille ? », « Tu viens d’où, au fait ? J’ai remarqué l’accent indien, mais il a une particularité que je n’arrive pas à cerner ! », « Tu as voyagé beaucoup ? Depuis longtemps ? Tu as visité quels pays ? », « Ta couleur préférée c’est quoi ? », « T’aimes mieux le chocolat ou la vanille ? ». Phoebe ne pu s’empêcher de rire. Décidément, elle se trouvait bien drôle. Elle avait l’impression que cela ne dérangeait pas Sid non plus.

Elle prit son baladeur qui reposait encore sur ses cuisses et sélectionna une chanson avant de mettre un écouteur dans l’oreille de Sid. « C’est ma chanson préférée ! ». Elle le laissa écouter un moment avant d’éteindre la musique. Phoebe ne savait pas trop ce qui lui avait pris. C’était comme si, d’un coup, la bulle épaisse qui l’enveloppait avait éclaté. Il y avait si longtemps qu’elle n’avait pas été si spontanée avec un presque inconnu. Elle avait l’habitude d’être très ouverte et énergique avec les gens autour d’elle, mais elle avait perdu cette joie de vivre avec les événements qui étaient survenus dans sa vie. Elle était contente d’avoir pu la retrouver, ne serait-ce qu’un moment avec Sid. Elle sentait pourtant le rouge lui monter aux joues alors qu’elle prenait pleinement conscience de son excès. « Oups. »

ON THE ROAD. ▲ Les paysages défilent, les uns après les autres et tout ce qu'on peut faire c'est essayer de se connaitre pour que le temps parraissent moins long et le futur, moins pénible.

Il n'eut pas de réponse. C'est vrai qu'on aurait pu être encore plus curieux, prêter attention au blanc comme à un signe qui prouvait à un vide, un besoin, un manque, mais non. Sid était quelqu'un qui passait souvent à côté de certains détails, certain regard. Il n'était pas très empathique. Il avait parfois pas mal de difficultés à comprendre certaines choses. Les blancs, les regards, les expressions. Il ne savait jamais quoi répondre ou dire, c'était comme s'il était insensible à tout ça et pourtant, il ne le faisait pas exprès. Il aimait parler, sourire, profiter de la vie. C'était sa façon de vivre et il aimait la partager parce qu'il savait que parfois ça pouvait faire du bien. S'évader de la réalité un moment où même pendant quelques secondes pouvait-vous motiver largement assez pour les prochains jours à venir. Sourire était sans doute la chose qu'il faisait le plus. Alors, sans remarquer qu'elle n'avait pas cherché à lui répondre quoi que ce soit, il avait enchainé sur le fait qu'il avait voyagé et qu'il avait gardé de ça quelques habitudes. Quelques manies. La curiosité, le laisser-aller, la peur de rien. Oui, on pouvait croire que Sid n'avait peur de rien. Il était très ouvert et n'hésitez pas à faire tout ce dont il avait envie sans se soucier du regard autour de lui. Qui pouvait se vanter d'être capable d'une telle chose ? D'une telle confiance en soi, d'une telle liberté d'expression ?

Un petit appartement miteux, ça promettait ça. Avec un tel sourire, elle avait l'air de plutôt bien le prendre. Sand doute un nouveau départ ou quelque que chose de la sorte. Mais elle ne s'arrêta pas là. Tout d'un coup, elle tenta de jouer le jeu. Si elle devait s'ouvrir, alors lui aussi, non ? Pourquoi New York alors ? Il aurait pu répondre facilement à cette question, si d'autres n'avais pas suivi. En effet, et ce avec surprise, Phoebe se lançait dans un listing de questions. Elle avait remarqué son accent, elle lui demandait s'il allait rejoindre de la famille ou s'il avait voyagé beaucoup, depuis longtemps, quel pays... et puis un truc sur le chocolat et la vanille. Il explosa de rire.

« - Alors je sais plus c'était quoi la première question, mais (il toussa pour faire mine de prendre une voix plus sérieuse) Alors... L'accent, c'est parce que je suis australien. J'ai commencé à faire le tour du monde il y a un peu plus de deux ans. Et euh, Chocolat sans aucune hésitation ! » Il laissa échapper un léger rire : « - J'ai juste décidé qu'il était temps pour moi de retourner à une vie, normal. Ouvrir mon petit cinéma, faire de nouvelle rencontre, avoir mon chez moi, des amis... Une vie simple quoi. » Il afficha un sourire, ça lui rappelait la belle époque de quand il vivait avec sa famille adoptive. C'était tellement bon ce genre d'atmosphère. La famille, les amis, l'amour et l'amitié. Le confort, le bonheur.

Soudain, Phoebe attrapa son baladeur et fit écouter à Sid sa chanson préférée. Sid écouta, toujours très curieux et sans poser la moindre question. Cette fille était imprévisible, un peu comme lui et il faut le dire, il adorait ça ! Puis la musique s'arrêta. Il se tourna vers elle alors qu'elle venait de sortir un léger oups. « - Bah pourquoi tu as arrêté, j'aime bien cette chanson ! » Il lui offrit un sourire avant de dire, tout en regardant la vue de l'autre côté du bus : « - hey, j'crois qu'on est arrivé à Arrow machin truc. »

Il avait vu un panneau avec un « Welcome to... » Et il était persuadé d'avoir lu Arr... quelque chose. Ils n'étaient vraiment plus très loin, c'était amusant et puis triste aussi. Il aimait bien Phoebe, il était persuadé qu'elle lui réservait encore plein de surprise. Peu à peu on pouvait des bâtiments le bus se dirigeant probablement vers la gare routière de la ville. Le terminus quoi.

Décidément, Phoebe n’était plus habituée à sa spontanéité d’antan et elle regrettait presque de s’être autant laissé aller. Heureusement, Sid ne semblait pas trop effrayé par son comportement impulsif et il lui offrit même un sourire. Même si son avalanche de question n’était pas très sérieuse, elle écouta attentivement la réponse de Sid. Elle fut à moitié étonnée d’apprendre que Sid voyageait autour du monde depuis deux ans. Avec sa nonchalance face aux imprévus, elle s’était bien attendue à ce qu’il soit un grand voyageur. Elle fut plus surprise quand il mentionna le retour à la normale, ce qui semblait être bien fade face à l’aventure du voyage, mais elle arrivait aussi à comprendre ses motivations. La nouveauté, les rencontres, les expériences, les aventures, c’est bien intéressant, mais on en fait vite notre routine. Phoebe était aussi curieuse quant au projet de cinéma de Sid, qui lui semblait plutôt inusité comme façon d’assurer ses revenus. Elle ne posa pourtant aucune question, trouvant qu’elle en avait déjà assez fait comme ça.

Elle se questionna plutôt elle-même sur ce qu’elle allait faire pour subvenir à ses besoins une fois arrivée à Arrowsic. Elle avait amassé assez d’argent pour pouvoir vivre quelques mois sans avoir à travailler, mais elle ne pouvait pas compter sur cela pour assurer son séjour dans la petite ville. Il lui faudrait vite trouver un emploi, quel qu’il soit afin de ne pas se retrouver à quêter les gens dans la rue. Phoebe n’était pas si inquiète face à sa situation financière : si elle avait réussi à s’en sortir jusque-là, ce n’était pas maintenant qu’elle allait tout faire tomber à l’eau. Avec un peu de chance elle pourrait même s’inscrire à l’université, mais pour l’instant ce n’était pas dans ses priorités.

« hey, j’crois qu’on est arrivé à Arrow machin truc. » Phoebe regarda par la fenêtre à son tour pour apercevoir les rangés d’arbres s’éclaircir et les maisons apparaître. Sid avait raison, ils devaient être proches. Elle était soulagée, mais en même temps effrayée. C’était là et maintenant que sa nouvelle vie commençait. Elle se sentait aussi un peu triste puisque sa nouvelle connaissance n’était que de passage. Elle se serait sûrement sentit plus confiante d’avoir quelqu’un à ses côtés pour s’installer et découvrir son nouveau chez soi. Ce n’était pourtant pas cela qui allait l’arrêter. Elle était arrivée à Arrroswic et elle allait y rester. L’autobus ralentit et tourna vers ce qui semblait être une gare, si on pouvait qualifier le petit terminus de gare. Il n’y avait qu’un autre autobus qui semblait être désert ainsi qu’un guichet fermé. Ils étaient vraiment au milieu de nulle part.

Avant de descendre, Phoebe sourit de nouveau à Sid et lui dit : « Tu sais, il n’y a rien de mieux pour avoir une vie simple, que de rester dans un endroit simple. New-York, c’est compliqué. »