Sujet: knock, knock, knockin' on heaven's door Mar 26 Mar - 20:33
" Qu'attends-tu, Brane ? Qu'attends-tu exactement pour aller la voir ? " Rien. Je n'attends rien. Ou alors que le temps passe. Que le mal qui m'habite cesse. Que la douleur qui me transperce se calme. La douleur de la perdre, évidemment - mais surtout cette douleur qui persiste depuis mon retour. J'avais beau avoir quitté l'Afghanistan, je ne l'avais pas entièrement oublié. Parce que ces derniers mois avaient été une épreuve. Une expérience terrible. Je ne pouvais pas le nier. Je ne pouvais pas faire comme si de rien n'était. Cela, elle arrivait à le comprendre. Ma mère. Elle arrivait à l'imaginer. A être tolérante. Mais elle ne comprenait pas que je puisse oublier la femme avec qui j'avais décidé de faire ma vie quelques mois, années auparavant. Je ne l'oubliais pas, là était le problème. Au contraire. Elle avait été la seule personne, la seule chose qui me maintenait en vie lorsque j'étais là-bas. Si j'étais là aujourd'hui, c'était grâce à elle. Non, je ne l'oubliais pas. J'avais juste besoin de temps pour accepter le faire que - au moment où nous nous reverrions - elle ne serait plus ma fiancée.
" Je n'attends rien, maman. Et toi, qu'attends-tu de moi ? " Provocation. Ose me dire que tu attends que je me secoue. Que j'affronte. Que je prenne mes responsabilités. Que je subisse. Ose. Mais elle ne dit rien et se contente de secouer la tête d'un air chagriné. Je sais qu'elle adore Chloe. Je sais qu'elle aimerait que j'aille voir la jeune femme - que ces derniers mois avaient été aussi difficiles pour elle que pour ma mère ou ma sœur. Je ne demandais que du temps. Était-ce si difficile à comprendre ? J'étais énervé. Irrité. Exaspéré. Parce que je savais, au fond de moi, qu'elle avait raison et que je me montrais égoïste. Il me fallait me relever au plus tôt. Sans quoi d'ici deux mois je serais assis dans un fauteuil à parler avec un psy. On me l'avait conseillé. A mon retour, on me l'avait conseillé mais j'avais secoué la tête négativement. Hors de question. Je me refusais de parler de ce qui s'était passé. Non seulement je n'étais pas encore prêt, mais en plus un étranger serait la dernière personne à qui je pourrais parler.
Le meilleur moyen de se relever et de commencer à avancer, c'était bien sûr d'aller la voir. De la confronter. De m'excuser aussi. Après tout, j'étais parti en tant que son fiancé. Et ce n'était pas parce qu'elle ne l'était plus - du fait de me croire mort et d'avoir rencontré quelqu'un - qu'elle ne méritait pas de me voir. Et de me savoir en "parfaite santé". Elle savait que j'étais vivant. Et elle non plus n'était pas venue. Je ne pouvais décemment pas imaginé ce qu'elle avait pu penser. Ce qu'elle avait pu croire. Ce qu'elle avait pu ressentir. Je l'ignorais totalement et, quelque part, je n'étais pas certain de vouloir savoir. Et quand je me présentais ce matin-là, avec mon arme de service et mon insigne de flic, devant son refuge qu'elle avait bâti de ses mains je me sentais légèrement idiot. Le coeur battant malgré moi, je tentais de me forcer à respirer. Après tout, avant d'avoir été mon amante et ma fiancée, elle avait été ma meilleure amie. Et ça, ça ne pouvait pas être gâché.
L'endroit était chaleureux et lui correspondait à merveille. Ce fut la première chose à laquelle je pensais. Un regard alentour et j'étais conquis. Elle en avait tellement parlé que je l'avais imaginé avec elle et de voir qu'elle était parvenue à réaliser son rêve était une grande fierté. " Bonjour," dis-je simplement. Espérant intérieurement qu'elle ne serait pas là et que je devrais rebrousser chemin pour ne pas avoir à... Mon coeur manqua un battement et tout un tas d'émotions me submergèrent. La joie, le doute, le soulagement, les regrets. C'était comme si l'on s'était vu hier - et une partie de moi ressentais plutôt comme la sensation d'être devant une étrangère. " Salut..." fut tout ce que je réussis à dire.
Sujet: Re: knock, knock, knockin' on heaven's door Mer 27 Mar - 8:04
knock, knock, knockin' on heaven's door Ft. Brane & Chloe
" Lily, arrête de me parler de ça." Ma petite soeur me regardait d'un air agacé et elle laissa échapper un soupir qui voulait tout dire. Je me retournais vers elle et lui demandais : " Quoi ? Qu'est ce qu'il y a ? Je ... Je suis pas prête à le revoir, c'est tout." Elle s'approcha de moi et vint planter son visage aux traits fins devant le mien : " Je t'ai connu plus courageuse que ça Chloe. Brane était l'homme de ta vie. Tu as mis des mois à te relever lorsque tu as appris qu'il était mort. Et là, il est là. A Arrowsic. Et tu n'y vas même pas. Je comprends pas." Je soupirais doucement et posais ma main sur mon épaule : " Lily, c'est comme ça, c'est tout. Tu es trop jeune pour comprendre. Allez, file en cours au lieu de rester là. C'est moi la grande soeur." Je savais que j'allais la rendre folle de rage en lui sortant qu'elle était trop jeune mais je n'avais pas envie de parler de ça, de lui.
Lorsque la mère de Brane m'avait appelé pour me demander de passer la voir, j'y étais allée sans trop m'inquiéter. Après tout, je la connaissais depuis toujours, elle m'adorait et même dans les moments où Brane et moi nous déchirions, j'étais restée en contact avec elle. Son ton pressé, impatient m'avait certes un peu perturbée mais j'y étais allée sans me poser de question. Quand elle m'annonça que Brane était en vie et qu'il venait d'être libéré pour retrouver sa vie d'américains, j'avais été sous le choc. Avoir mis tant de temps à accepter la mort de l'homme qu'on avait aimé, son fiancé pour finalement apprendre qu'il était en vie, ça faisait un choc. J'étais partie précipitamment, justifiant une urgence au refuge, incapable de faire face à cette nouvelle. J'avais passé le reste de la journée, assise sur mon canapé, à regarder des photos de lui et moi.
Je n'avais confié le retour de Brane qu'à Lily, ma soeur, ma confidente. Même Matthew ne savait rien. Comment lui annoncer que l'homme que j'avais aimé par dessus tout venait de revenir des morts pour faire son retour ?
" Bon .. Ok. A ce soir. On en reparlera." Elle me fusilla du regard tandis que je laissais échapper un petit rire en hochant la tête, revenant à la réalité d'un coup. " A ce soir ma puce." Lily vivait chez moi. A la mort de Brane, elle avait refusé de me laisser seule et elle avait fini par s'installer dans la maison devenue bien trop grande pour moi et mes souvenirs. Je la regardais partir et retournais à l'arrière du cabinet, là où le refuge était installé. J'avais ouvert ça près de la plage, mon endroit préféré d'Arrowsic. L'endroit était paisible, calme et à mon image. Beaucoup de verdure pour que les animaux s'y sentent bien.
Je me penchais vers une cage et sortis un petit chat que j'avais recueilli il y a quelques jours, à peine sevré. Je lui avais préparé son biberon comme chaque matin, et comme chaque matin, il s'y agrippa comme si sa vie en dépendait. " C'est bon hein ? " Un sourire attendri se dessina sur mon visage. J'avais eu un vrai coup de coeur pour ce chaton au caractère doux et malicieux, un peu renfermé mais tellement mignon. Je me tâtais d'ailleurs à l'adopter et à le ramener à la maison, cela me ferait un peu de compagnie en plus. " Bonjour," Je faillis lâcher le chaton en entendant cette voix que je connaissais que trop bien. Sans me retourner, je déposais précautionneusement le petit animal et refermais la porte de sa cage avant de me relever et de faire face au fantôme de mon passé. " Salut..." Je sentis mon coeur lâcher un instant, sous le choc de ce face à face que je redoutais depuis que j'avais appris qu'il était en vie. " Brane ... " lâchais-je dans un souffle. Savoir qu'il était en vie et y faire face était tout autre chose. Me retrouver devant lui provoquait chez moi de multiples émotions, sentiments contradictoires. La joie, la colère, la tristesse. Je mourrais d'envie de le serrer contre moi pour prendre conscience de sa présence, de son retour mais j'en étais incapable. Je lui en voulais trop encore de la souffrance qu'il m'avait fait endurer. Je lui reprochais encore ces incessants départs, ces absences bien trop dures à supporter. " Je .. Je ne m'attendais pas à te voir." J'avais l'impression de redevenir la gamine de 15 ans face à lui, toujours bredouillante parce qu'elle prenait conscience des sentiments qu'elle ressentait. " Comment vas-tu ? "
Sujet: Re: knock, knock, knockin' on heaven's door Jeu 28 Mar - 15:31
" Tu l'as appelé comment ? " " Poppy, parce que je trouve ça joli, " avait-elle répondu du haut de ses 5 ans. Nous ne nous connaissions pas depuis longtemps, mais à 7 ans je réalisais bien qu'elle était à l'aise avec les animaux comme jamais elle ne pourrait l'être avec le monde extérieur. C'était deux mondes différents, et elle semblait rayonner lorsqu'elle était entourée d'eux. Il suffisait de la voir avec son propre chien. Je l'enviais d'ailleurs, moi qui demandais sans cesse à mes parents - en particulier depuis deux ans que mon père n'était pas revenu de la guerre - d'avoir un chien pour jouer. Celui de Chloe était drôle et adorait qu'on s'amuse avec lui - et quelque part, il allait devenir mon chien à moi aussi. On l'ignorait encore à ce moment-là, mais on serait amené à se voir plus souvent. Presque chaque jour à vrai dire. On serait amené à s'adorer, à devenir les meilleurs amis du monde. A devenir le grand frère et la petite soeur. A être inséparables. A pouvoir tout se dire sans avoir forcément besoin des mots.
***
Et qu'aujourd'hui on se retrouverait là, comme deux étrangers ne sachant pas trop quoi se dire. C'était sans doute cela que j'appréhendais le plus. C'était sans doute cela le plus triste. De se revoir, après si longtemps et en même temps si peu de temps, sans savoir comment réagir ni quoi dire. Parce qu'à son visage surpris, il était évident qu'il existait un malaise. Comment ne pourrait-il pas exister ? Jusque-là, à chacun de mes retours il n'y avait pas eu de message de la part de l'armée pour leur annoncer ma mort. Jusque-là, il n'y avait pas eu de deuil à faire. Jusque-là, on se retrouvait toujours dans les bras l'un de l'autre. A présent, les choses étaient différentes et cela impliquait un comportement différent. Un comportement que l'on ignorait encore comment adapter. " Je .. Je ne m'attendais pas à te voir. " balbutia-t-elle. Moi non plus, je ne pensais pas débarquer à l'improviste chez elle - sur son territoire - sans la prévenir. J'étais réellement venu sur un coup de tête, m'affirmant qu'il était inutile de retarder l'inévitable. Nous n'étions pas de simples ex- et cette idée était encore douloureuse - et si l'on voulait que les choses soient normales, mieux valait commencer maintenant.
" Je suis désolé, j'aurais dû téléphoner avant. J'avais du temps avant de partir au poste. J'espère que je ne te dérange pas, " demandais-je sans vraiment attendre de réponse. Une conversation polie, presque irréelle tellement ce n'était pas naturel. Tellement ce n'était pas nous. Je m'approchais lentement vers elle, remerciant le grand bureau qui nous séparait. Une légère distance ne pouvait pas faire de mal - histoire que je ne cède pas à une quelconque tentation. " Je suppose que ça va. Je suis rentré à la maison. Et toi ? Je vois que tu as finalement réussi à ouvrir ton refuge, je suis fier de toi. " Oui, je suis de retour à la maison après des mois à être enfermé dans un trou noir et à subir des choses dont je ne parlerais jamais. Ça ne peut qu'aller mieux. Oui, je suis fier de toi et de ce que tu as réussi à accomplir. Et j'avais besoin de temps pour digérer le fait que tu aies rencontré quelqu'un - et que cette fois en effet, tu ne m'attendais pas. Et je ne lui en voulais pas. Elle n'avait pas à m'attendre toute sa vie, et je ne le souhaitais pas du tout. Je la voulais heureuse et elle méritait quelqu'un qui sache lui apporter l'équilibre d'une vie de couple. Et non quelqu'un qui cherchait à fuir la ville, à pourchasser un fantôme. En vain. " Je voulais m'assurer que tu allais bien, " finis-je par dire. Je savais pertinemment que ma "disparition" avait dû l'affecter autant que mes proches, si ce n'était plus. Et que mon retour avait dû être encore plus déstabilisant.
Sujet: Re: knock, knock, knockin' on heaven's door Mar 2 Avr - 10:20
knock, knock, knockin' on heaven's door Ft. Brane & Chloe
Se retrouver face aux fantômes de son passé, ça faisait toujours quelque chose. J'avais fini par accepter que je ne reverrais plus Brane, que la guerre avait fini par l'éloigner de moi pour toujours. Accepter sa mort m'avait pris de longs mois et il fallait aujourd'hui qu'il se retrouve devant moi, bien vivant. Sa présence déclenchait en moi une foule de sentiments, d'émotions et je détestais le pouvoir qu'il avait sur moi.
* Flashback *
" Ce baiser ... Hier ... " Le jeune homme baissa la tête devant moi et je m'approchais doucement de lui. " Brane ... Me dis pas que tu regrettes, que c'était une erreur. Je sais que c'est pas ça. C'est tellement plus." J'attrapais avec douceur son menton pour le forcer à me regarder et un sourire naquit sur mon visage. Il hocha doucement la tête et ses mains se posèrent autour de ma taille. " Chloe. Je ... Je m'attendais pas à ce que ça arrive mais crois-moi, je ne regrette rien. Bien au contraire." Il me sourit et ses lèvres bientôt se posèrent sur les miennes. Je l'enlaçais savourant avec plaisir la chaleur de son corps contre le mien. Brane, mon meilleur ami, mon confident. J'avais tellement rêvé qu'il devienne plus que ça et je crois que ça y est, ce jour était arrivé.
* Fin du Flashback *
" Je suis désolé, j'aurais dû téléphoner avant. J'avais du temps avant de partir au poste. J'espère que je ne te dérange pas, " Sa voix profonde me ramena droit à la réalité, laissant mes souvenirs derrière moi. Je rouvris les yeux et secouais doucement la tête. J'étais incapable de parler, incapable de dire quoique ce soit. Je me retrouvais devant l'homme que j'avais tellement aimé, que j'aimais encore tellement fort et j'avais l'impression de ne plus le reconnaître, de me trouver devant un étranger. Pourtant, c'était bien lui. Je le dévisageais, incapable de me détourner de son regard, de son visage que je chérissais tant. " Non, c'est .. c'est pas grave. C'est calme le matin au refuge." Les clients ne commençaient à arriver que vers 10h. Je profitais de ces heures matinales désertes pour m'occuper du refuge, câliner les animaux, les nourrir. Quand Lily avait un peu de temps, elle venait m'aider. Même si elle n'avait pas hérité de ma passion des animaux, je savais qu'elle les aimait tout comme moi et surtout, elle aimait m'aider et passer du temps avec moi.
Je demandais alors à Brane comment il allait, désireuse de poursuivre la conversation, de retrouver notre complicité passée. Pourtant, mes mots sonnaient faux. On sentait bien que j'étais encore sous le choc, incapable de vraiment réaliser son retour. Il me dévisagea à son tour, un long moment avant de répondre : " Je suppose que ça va. Je suis rentré à la maison. Et toi ? Je vois que tu as finalement réussi à ouvrir ton refuge, je suis fier de toi. " Ses mots me firent sourire. J'étais contente de le savoir fier de moi. Plus que de quiconque, la reconnaissance et la fierté de Brane étaient ce qui m'importaient le plus. Depuis toute jeune, je lui demandais son avis pour tous les choix importants de ma vie. " Oui, j'ai finalement réussi à l'ouvrir. Ca a été difficile mais ces derniers mois, c'est ce qui m'a aidé à tenir. J'avais au moins quelque chose qui me permettait d'avoir un but, de me battre pour quelque chose." Sans ce refuge, sans Lily, je n'aurais sans doute pas tenu. Je le regardais, une lueur curieuse dans le regard et laissais échapper : " C'est pas trop dur d'être de retour ici ? De te refaire à la vie de tous les jours ? " Il avait très vite rebondi. Je savais par sa mère qu'il avait retrouvé un poste de flic peu de temps après son retour. Pourtant, je me doutais que les séquelles qu'avaient laissé la guerre sur lui devaient bien être présentes.
Le silence s'installa quelques temps entre nous et ce silence était différent des autres. Nous étions gênés face à face, nous étions comme deux adolescents devant leur premier flirt. Heureusement, une fois de plus, sa voix vint troubler le silence qui perdurait : " Je voulais m'assurer que tu allais bien, " J'esquissais un petit sourire et hochais doucement la tête : " Je vais bien. Mieux qu'à l'annonce de ta mort. J'ai traversé des moments difficiles mais ... Te voir là devant moi, ça me fait me sentir mieux." Ben sûr l'ouverture du refuge, l'arrivée de Matthew dans ma vie, le soutien sans faille de ma jeune soeur m'avaient aussi aidé à me relever et à tenir le coup, mais mon coeur avait réellement senti son poids s'envoler lorsque j'avais appris que Brane était vivant. " Quand j'ai appris ta mort, je t'en ai beaucoup voulu, tu sais ? Je t'ai détesté même. Détesté d'être parti une fois de plus, d'avoir choisi la guerre, de m'avoir fait passer après. J'ai souhaité plusieurs fois ne jamais t'avoir connu, ne jamais être tombée amoureuse de toi, tu sais ? " Je posais mon regard clair sur lui, contente de réussir à lui avouer ce que j'avais sur le coeur depuis si longtemps.