Son meilleur souvenir remontait à ses sept ans. Ses longues boucles brunes ramenées en arrière en une belle queue de cheval, une sucette dans la bouche et la main de son père dans la sienne, Liv se sentait puissante et en sécurité. Ici, dans la douce étreinte protectrice de son paternel, rien ne pouvait lui arriver.
Les yeux émerveillés devant la cage des loups, la petite s'arrêta un bref instant contre la barrière, admirant la meute qui évoluait dans ce petite espace, sans se formaliser de l'attention continuelle des passants. Leur prestance, leur regard perlé d'intelligence, la liberté qui semblait suinter de leur pelage immaculé malgré le zoo dans lequel ils avaient été enfermé, tout en eux fascina la jeune Liv, qui n'oubliera finalement jamais cet instant féerique. Un bref instant qui lui sembla torture, elle éloigna son regard de ces animaux merveilleux, pour le porter sur son père. « Je veux être comme eux papa. Libre. Et forte. Et intelligente. » Un sourire, fier et digne, avait illuminé son visage presque juvénile, et son père avait laissé passer quelques secondes avant de reprendre la parole. Liv, déjà, s'était perdue à nouveau dans la contemplation des loups, et il ne sut jamais si elle l'avait entendu ou non. « Tu es déjà extraordinaire, ma princesse. »

▲▼▲▼ La jeune Liv ne manqua jamais de rien. Choyée par deux parents aimants qui avaient toujours voulu un enfant malgré leur incapacité chronique d'en avoir un de façon naturelle, elle fut accueillie dans leur foyer fécond d'amour comme le messie sur terre. Elle était devenue la première merveille du monde (oui oui, la première), le plus beau des cadeaux de Noël, l'enfant le plus mignon, le plus gentil, le plus drôle, le plus aimant et le plus intelligent qui n'ai jamais été enfanté. Liv était une absolue merveille en sucre, une reine dans un foyer d'esclaves consentants. Le moindre de ses caprices étaient exhaussé dans la minute, et jamais elle ne se faisait punir. Au pire, si vraiment les conséquences de ses actes se montraient gravissimes, elle pouvait aller dormir sans dessert.. Jusqu'à ce que son père, en cachette, lui monte la part de gâteau qu'elle aurait du avoir.
Malgré tout cet amour étouffant, Liv ne ressentit jamais le besoin de s'éloigner de leur présence. Elle les aimait, et les respectait assez pour ne pas profiter trop démesurément de leur gentillesse et de leur laxisme. Néanmoins, elle finit par croire que le monde entier devrait se comporter de la sorte avec elle. Ce qu'il ne fit pas.

uc, les pingouins.