Sujet: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Mer 12 Juin - 15:18
Un midi à déjeuner avec Felix en terrasse sous un soleil radieux, en pleine semaine. Deux heures entières rien qu'à nous avant de reprendre le travail, quoi de plus réjouissant ? Nous avions réussi à trouver un créneau où nous étions tous les deux libres, ce qui nous permettait de nous voir en dehors du week-end pour une fois. Franchement, j'étais sur un petit nuage, mais l'heure tournait, et je n'avais pas envie de retourner travailler. Je profitais de ce petit moment en amoureux, ma main caressant la sienne sur la table, quand soudain, mon portable se mit à sonner dans mon sac. « Je savais bien que j'aurais dû l'éteindre... » Après avoir râlé, je me baissais pour décrocher. « Mademoiselle Owens ? » Je ne reconnaissais pas cette voix. « Oui c'est moi-même. » Je souriais, me demandant qui cela pouvait être. « Bonjour, c'est l'institut Mcdonnell. Nous avons un problème avec le comportement de votre fille Carlie. C'est assez urgent, il faudrait que vous veniez. » Mon sourire s'estompa rapidement, et je regardais Felix les sourcils froncés. Il ne comprenait pas trop ce qui se passait, et moi non plus. Normal que je n'avais pas reconnu cette voix, Carlie n'avait encore jamais eu de souci particulier à l'école. « Ma … ma fille ? C'est pas possible, vous vous trompez, la mienne est blonde aux yeux bleus, elle est complètement innocente, elle ne ferait même pas de mal à une mouche ! » J'avais émis un léger rire en prononçant cette phrase, parce que cet appel me paraissait tellement ridicule... Carlie n'avait jamais eu de problème de comportement, alors il m'était très difficile de croire qu'elle avait pu manquer de respect à un professeur ou se battre avec un camarade de classe par exemple. « Écoutez, c'est votre fille il n'y a aucun doute, alors soit vous venez la récupérer tout de suite, soit c'est la radiation de l'établissement. » Pour le coup, c'était moi qui était ridicule. J'écarquillai les yeux. Autrement dit : soit vous venez la récupérer pour lui passer un bon savon à notre place, soit on se charge de la punir, de vous punir à notre façon. « D'.. d'accord. J'arrive tout de suite. » J'étais beaucoup moins amusée tout à coup. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer ? Je m'étais trompée sur toute la ligne. Ma fille était loin d'être si innocente qu'elle en avait l'air, ou en tout cas, elle avait beaucoup changée. Je crois qu'en réalité, elle était en train de changer ces derniers temps, elle allait bientôt avoir onze ans, et les prémices de l'adolescence commençaient déjà à pointer le bout de leurs nez. Notre Carlie commençait à se rebeller, et notre rôle était de la recadrer avant qu'elle ne dépasse les bornes. « Felix … Je … je crois qu'on a un problème. » J'avais mis plusieurs secondes avant de raccrocher à tel point j'étais choquée. Choquée et paniquée. C'était impossible, elle avait dû être victime d'une erreur, d'un malentendu, mais j'avais hâte d'arriver à l'école pour enfin savoir ce qu'elle avait fait de si terrible. « Il faut qu'on aille à l'école, c'est Carlie, elle … Notre fille a un problème de comportement. » Je n'en revenais pas de ce que je disais là. Je pensais ne jamais avoir à lui dire ça, et pourtant nous étions confrontés au problème aujourd'hui, et Felix allait devoir mettre de côté son rôle de papa gâteaux pour se concentrer sur celui de papa autoritaire, qu'il n'avait encore jamais eu l'occasion d'explorer d'ailleurs...
Arrivés à l'école, plus précisément à l'entrée du bureau de ce cher proviseur, celui-ci nous salua en nous serrant la main. « Bonjour mademoiselle Owens, bonjour monsieur Moorgate. » Mon 'bonjour' avait presque été inaudible, j'avais serré la main du proviseur mais à vrai dire j'étais plutôt occupée à chercher ma Carlie du regard. Dans quel état j'allais la trouver ? En rentrant dans le bureau, je découvris ma fille assise, apparemment indemne, et j'en avais profité pour lui lancer un regard interrogateur. Très vite, mon regard se porta sur l'autre fille assise à côté d'elle. Mon dieu, j'étais en plein cauchemar ou c'était bien de la purée qui était collée dans ses cheveux ? Les parents de la petite étaient déjà dans la pièce, et nous dévisageaient. « Installez-vous, je vais vous expliquer. » Ah, oui, je veux bien qu'on m'explique, effectivement ça me semble utile. Nous prenions place avec Felix à côté des filles, et je continuais de fixer Carlie, comme pour chercher son explication. « Je vous ai fait venir parce que vos filles ont eu un comportement inacceptable ce midi à la cantine. Un comportement qu'on ne peut pas tolérer dans notre établissement. » Il prit une profonde inspiration avant de déclarer : « Voici les faits. Maddison Smith a commencé par jeter des nuggets sur la tête de Carlie Moorgate-Owens, qui a répliqué en lui écrasant son assiette de purée sur la tête. » Je regardais Carlie en entrouvrant la bouche, les yeux grands ouverts, n'en revenant pas de la découvrir capable d'en arriver à de telles extrémités. Dans un autre contexte, j'aurais trouvé ça très drôle, mais là, ça ne l'était pas du tout. Là, il s'agissait de ma fille, celle pour laquelle je m'étais sacrifiée afin qu'elle aie une éducation exemplaire. Je fis un petit non en secouant la tête, cherchant l'approbation de Felix, puis me retournais vers Carlie. « Mais enfin Carlie qu'est-ce qui t'as pris ? » Je ne l'avais pas élevée comme ça, elle me décevait beaucoup. « Mesdemoiselles, pouvez-vous expliquer à vos parents pourquoi vous en êtes arrivées là ? Carlie ? » Le proviseur interrogeai d'abord ma fille sur ce qui l'avait poussée à agir ainsi, et à vrai dire, j'étais très curieuse d'entendre sa version des faits.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Jeu 13 Juin - 0:22
Comment je m'étais retrouvée là, assise sur l'une des chaises du bureau du proviseur de l'école, à attendre mes parents ? En fait c'était assez simple, je venais de lancer une assiette pleine de purée dans la chevelure brune d'une de mes camarades de classe. Ce n'était pas totalement ma faute, c'est ce que j'essayais de faire comprendre au proviseur qui avait l'air très en colère. Mais il ne voulait rien entendre. Il me répétait que c'est moi qui avait jeté cette assiette, et que c'est encore moi qui était en train de me battre lorsqu'il est arrivée dans la cantine. Et ce n'était pas totalement faux. Mais selon moi c'était surtout de la faute de Maddie, c'est elle qui m'avait lancé des nuggets dans la figure, tout ça parce qu'elle ne savait pas regarder où elle marchait. Elle avait glissé sur une crème au chocolat et elle s'était étalée sur le sol, laissant une énorme tâche marron sur son pantalon blanc. Bien sûr que j'avais rigolé, c'était tellement drôle ! Et elle l'avait mal pris, et la guerre avait commencé pour se finir en bagarre en plein milieu de la cantine. Malheureusement pour nous le proviseur était arrivé à ce moment là. Il avait hurlé suffisamment fort pour nous faire cesser net notre bagarre. Et puis il nous avait demandé de le suivre dans son bureau. On avait tenté de lui expliquer chacune notre version des faits, mais il avait quand même décidé d'appeler nos parents. Je l'avais regardé prendre son téléphone et composer le numéro que je lui avait énoncé à contre coeur. « Mademoiselle Owens ? » J'avais espéré qu'elle ne réponde pas, que son téléphone soit éteint, ou qu'elle l'ait oublié quelque part. « Bonjour, c'est l'institut Mcdonnell. Nous avons un problème avec le comportement de votre fille Carlie. C'est assez urgent, il faudrait que vous veniez. » J'allai passer un sale quart d'heure, c'était sûr et certain. Et je commençais soudainement à regretter mon geste. Maddie l'avait mérité, mais je ne voulais pas me faire punir. De plus cette fois je n'allai pas affronter seulement ma mère, j'étais sûre que mon père allait venir lui aussi. J'allai me faire disputer par deux personnes à la place d'une seule. « Écoutez, c'est votre fille il n'y a aucun doute, alors soit vous venez la récupérer tout de suite, soit c'est la radiation de l'établissement. » Je relevais le regard vers le proviseur qui raccrochait le téléphone pour appeler les parents de Maddison. Il n'allait quand même pas oser me renvoyer de l'établissement, si ? Après tout c'était la première fois que j'avais un problème de comportement, alors il ne pouvait pas faire ça. Le truc c'est qu'il pouvait décider de faire ce qu'il voulait, c'était le proviseur, je le savais.
Les parents de mon ennemie arrivèrent avant les miens. Dès qu'ils virent les cheveux de leur fille recouvert de purée séchée, j'ai cru qu'ils allaient se mettre à crier ou à pleurer. En tout cas madame Smith était rouge écarlate lorsqu'elle se tournait vers moi. « Comment as-tu osé faire ça à ma fille ? » Je regardait madame Smith, la bouche grande ouverte. Elle n'allait quand même pas me faire la morale. Le proviseur l'avait déjà fait, et mes parents n'allaient pas tarder également alors je n'en avait pas besoin. Puis je reprenais mes esprits, je m'apprêtais à lui répondre mais elle ne m'en laissait pas le temps. « Tu es une petite peste ! » Je baissais la tête. Cette femme ne me connaissais pas. Et je me demandais pourtant si elle avait raison ou non. « Madame Smith, calmez-vous. Nous allons attendre les parents de mademoiselle Moorgate-Owens et nous allons parler de ce qui s'est passé. » Elle s'asseyait, tout comme son mari. Et je sentais son regard sur moi. Je n'osais pas la regarder dans les yeux. Elle devait me détester à cause de ce que j'avais fait à sa fille. Et je n'avais jamais apprécié que les adultes ne m'aiment pas.
« Bonjour mademoiselle Owens, bonjour monsieur Moorgate. » Mon sang ne fit qu'un tour. Mes parents étaient arrivés. L'heure de me faire gronder était arrivée. Ils entraient tout les deux dans le bureau du proviseur, leurs regards se posaient sur moi avant de se poser sur Maddie, ou plutôt sur ses cheveux. Ma mère avait l'air choquée par cette vision. Elle devait probablement ne pas y croire, et m'en vouloir énormément. Mes parents s'assirent devant le bureau, tout près de moi. Ma mère me regardait toujours, elle cherchait visiblement à avoir des explications. Mais pour le moment je n'étais pas capable de lui en donner. De toute façon le proviseur ne m'en laissait pas le temps. « Je vous ai fait venir parce que vos filles ont eu un comportement inacceptable ce midi à la cantine. Un comportement qu'on ne peut pas tolérer dans notre établissement. » Il prit une profonde inspiration avant de déclarer : « Voici les faits. Maddison Smith a commencé par jeter des nuggets sur la tête de Carlie Moorgate-Owens, qui a répliqué en lui écrasant son assiette de purée sur la tête. » Il résumait bien la situation, c'était effectivement ce qu'il s'était passé. Elle avait commencé, en me jetant des nuggets dans la figure, donc je n'étais pas totalement responsable de tout. Mais bien sûr c'est moi qui allait tout prendre, je le sentais déjà venir. « Mais enfin Carlie qu'est-ce qui t'as pris ? » Je tournais mon visage vers ma mère. Elle semblait ne pas comprendre ce qui était en train de se passer. Je la comprenais un peu, puisqu'elle n'avait jamais eu de réels problèmes avec moi. J'avais toujours était une fillette sage. Mais je grandissais, et je changeais également. Il fallait s'y faire. « Mesdemoiselles, pouvez-vous expliquer à vos parents pourquoi vous en êtes arrivées là ? Carlie ? » J'étais la première à parler, tant mieux ! Je pouvais expliquer mon point de vue sans avoir à contredire celui de Maddie. « Maddie a glisser sur un yaourt tombé au sol. Du coup j'ai rigolé. Ce n'est pas gentil je sais, et j'en suis désolée.. » Non je n'étais pas vraiment désolée, mais autant jouer la carte des excuses pour éviter de limiter la casse. « Et elle l'a mal pris et elle m'a jeté des nuggets dans la figure. Je crois que je l'ai tellement mal pris que je n'ai pas réfléchi. Et je lui ai écrasé mon assiette de purée dans les cheveux. » Je haussais les épaules comme si mon geste n'était pas grave, comme s'il était bénin. Pour moi il l'était. Elle l'avait mérité, point. Je ne racontais volontairement pas le début de l'histoire. La partie où mes amis et moi nous moquions de sa veste ridicule. Mais la jeune brunette me le rappela bien rapidement. « Carlie et ses amis se moquaient de moi, c'est pour ça que je venais le voir. Quand je suis tombée ils se sont tous moquée de moi, surtout Carlie. C'est pour ça que je lui ai jeté des nuggets. » Je levais les yeux au ciel. Elle voulait qu'on la prenne de pitié peut-être. C'était loupé pour moi en tout cas.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Jeu 13 Juin - 17:37
Pour une fois que nous étions tranquillement en train de déjeuner - la première fois que nous pouvions nous voir en dehors des week-ends - le portable de Neela se mit à sonner. À croire que le sort s'acharnait sur nous avec ces téléphones ! Toujours en train de sonner ! Je fixai mon attention sur Neela, qui semblait soudain très absorbée par sa conversation téléphonique. Ils parlaient de Carlie. Mon propre regard s'était transformé en un regard inquiet. Lui était-il arrivé quelque chose à l'école ? L'avaient-ils envoyée à l'hôpital suite à une mauvaise chute ? Plusieurs scénario se formaient dans ma tête, jusqu'à ce que Neela m'explique enfin ce qui s'était passé, avec un visage toujours choqué. Un problème de comportement ? Qu'est-ce que cela voulait dire ? Ma fille, notre fille, était un danger public refoulé ? Avait-elle lancé une paire de ciseaux sur sa voisine en plein cours ? J'écarquillai les yeux en regardant Neela.
« Qu'est-ce que tu appelles par “problème de comportement ? »
Nous étions rapidement repartis vers ma voiture, garée à deux rues de là. J'en avais profité pour appeler mon patron et lui annoncer que j'allais sûrement être en retard, prétextant un soudain problème familial, sans préciser qu'il s'agissait de ma fille étant donné qu'il ne connaissait pas son existence. Nous étions rapidement arrivés à l'école. Le proviseur n'avait pas du tout l'air ravi... J'avais rapidement remarqué la tête des cheveux de celle qui devait être la camarade de classe de Carlie. En un mot : désastre. J'échangeai un petit regard avec Neela tout en m'installant à côté de Carlie. Je la regardai à son tour, n'ayant pour le moment pas un regard trop “méchant”, simplement cherchant à savoir ce qui avait bien pu se passer pour que nous soyons convoqués ici. C'était mon baptême dans le rôle de père autoritaire... Il allait falloir que je change ma nature de papa gâteau que j'avais adoptée depuis ma rencontre avec Carlie. Elle nous expliqua d'ailleurs les faits... et j'écarquillai les yeux en regardant Neela. Carlie ? La petite fille que l'on aurait pu qualifier de modèle qui se met à balancer une assiette de purée sur une camarade de classe ? Mon regard s'était soudainement assombri tandis que je la regardai.
« Carlie et ses amis se moquaient de moi, c'est pour ça que je venais le voir. Quand je suis tombée ils se sont tous moquée de moi, surtout Carlie. C'est pour ça que je lui ai jeté des nuggets. »
D'accord... La fille était apparemment une petite cafteuse gâtée. La mère semblait du genre très expressive et susceptible. Le père restait là, en jetant quand même des regards noirs à Carlie. D'ailleurs, la mère se mit en marche.
« Vous voyez ? C'est à cause de cette petite garce ! » « Hey on se calme ! À ce que je saches, je n'ai pas insulté votre fille, donc vous faites la même chose, merci ! »
Je m'étais penché en avant pour bien voir la mère, qui tout d'un coup se tut et se renfonça un peu dans sa chaise. Je me retournai finalement vers le proviseur, qui toussota pour nous rappeler à l'ordre.
« Bien. Nous avons donc deux solutions. Soit des travaux d'intérêts généraux durant une semaine, pour nettoyer ce que vous avez sali ainsi que le reste de l'établissement. Soit deux jours de mise à pied. »
Je crois que le principal était d'expédier cette visite chez le proviseur et de gronder Carlie nous-même à la sortie. Inutile de s'énerver comme venait de le faire Mâââdame la mère autoritaire il y a quelques minutes... Mais Carlie risquait quand même la mise à pied si elle arrivait à l'enfoncer encore plus.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Ven 14 Juin - 11:07
Si Carlie disait vrai, elle s'était donc moquée de la fameuse Maddison, qui n'avait pas du tout apprécié et qui s'était finalement bien acharnée sur elle. Leurs armes avaient été la nourriture, et franchement, c'était très décevant venant de Carlie. Je ne connaissais pas l'autre fille, mais je n'aurais jamais pensé Carlie capable de faire ça. Moi qui lui avait toujours appris que la violence n'était jamais la meilleure solution. En fait, je croyais le lui avoir appris, mais non. Pour moi, je ne m'étais jamais imaginée que ma fille puisse un jour devenir violente, et elle n'avait jamais encore montré cette facette de sa personnalité à la maison, donc j'avais naturellement omis de lui faire la morale à ce sujet. Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, elle venait de faire usage d'une certaine violence - si on peut appeler le fait d'écraser de la purée sur une tête comme de la violence – et j'allais devoir lui rappeler quelques principes. « Vous voyez ? C'est à cause de cette petite garce ! » J'affichais un air ahuri en me penchant en même temps que Felix pour croiser le regard de cette femme, enfin, de cette furie plutôt. Elle osait insulter notre fille devant nous, et franchement là, c'était plutôt inconvenant de sa part. Si quelqu'un devait se charger de remonter les bretelles de Carlie, ce n'était sûrement pas elle. J'attendais que le proviseur calme le jeu, mais Felix le devança. « Hey on se calme ! À ce que je saches, je n'ai pas insulté votre fille, donc vous faites la même chose, merci ! » Bien envoyé ! Mon chéri et son tact légendaire... J'affichais un petit sourire fier en la regardant, légèrement hautaine. Ouais, je voulais observer sa réaction, parce qu'après ça, il n'y avait plus qu'à la fermer une bonne fois pour toutes. Elle avait continué de râler tout bas dans son coin, mais au moins, elle ne la ramenait plus.
Le proviseur toussota pour que nous arrêtions de nous crêper le chignon. Entre parents, c'est vrai que c'était moyen, surtout devant nos filles, même si c'était cette espèce de malade qui avait cherché. « Bien. Nous avons donc deux solutions. Soit des travaux d'intérêts généraux durant une semaine, pour nettoyer ce que vous avez sali ainsi que le reste de l'établissement. Soit deux jours de mise à pied. » D'accord, et on était censés faire plouf plouf entre les deux là où comment ça se passait exactement ? « Je vais opter pour les travaux d'intérêts généraux pendant une semaine, mais à une condition : je ne veux plus jamais entendre parler de vous si ce n'est en bien. Vous vous faites oublier à partir de maintenant, c'est bien compris ? » Il pointait son doigt en l'air en scrutant les deux petites filles qui hochaient sagement la tête face à lui. Je fronçai les sourcils en ne la lâchant pas des yeux. J'espérais que c'était bien compris dans la petite tête de Carlie oui, il valait mieux pour elle. En tout cas, cela n'allait pas m'empêcher de lui passer un savon une fois sortis de ce bureau. « Vous commencerez demain. En attendant, rentrez chez vous, et mademoiselle Smith, profitez-en pour vous laver les cheveux. » Je crois qu'il était inutile de le préciser, c'était certainement la première chose qu'elle ferait en rentrant chez elle. Bon, des travaux d'intérêts généraux, finalement, elles s'en sortaient pas trop mal toutes les deux. On avait limité la casse, et l'essentiel était que Carlie n'était pas virée de son école. J'étais soulagée quelque part, mais le gros du travail restait à faire pour Felix et moi. Nous nous étions tous levés et j'avais pris Carlie par la main pour l'entrainer hors de la pièce. En passant, la mère de Maddison ne se retint pas pour nous rappeler à l'ordre. « Si votre fille retouche à un cheveu de ma fille, vous aurez affaire à moi je vous préviens ! » Oui c'est ça, la ferme. J'avais écarté Carlie de cette espèce de folle, vu son état, on ne savait jamais ce qui pouvait lui passer par la tête. « Il va falloir revoir l'éducation de votre fille ! » nous lança le père avec un regard noir, visiblement aussi furieux que sa femme. Il n'allait pas s'y mettre lui aussi quand même ? Entrouvrant la bouche, je m'apprêtai à répliquer quelque chose de vulgaire, parce que ces deux là commençaient vraiment à me taper sur le système, mais pour une fois il fallait que je me retienne devant Carlie. Je l'avais donc refermée pour finalement la rouvrir aussitôt, ne pouvant pas accepter qu'un parfait inconnu se permette de nous faire ce genre de réflexion. « Nous n'avons aucune leçon à recevoir de vous monsieur. Au revoir. » Bon vent oui ! J'avais fourni un petit effort pour ne pas paraitre impolie. Au fond, j'espérai que Carlie n'aie plus jamais d'ennuis avec cette petite dorénavant, parce que je ne tenais pas trop à recroiser ces gens étranges, et Felix non plus je pense.
Une fois à l'extérieur du bureau, j'avais attendu que le couloir redevienne silencieux et que les parents disparaissent enfin. « Assieds-toi » dis-je à ma fille en désignant le banc du regard. Je me mis face à elle avec Felix pour lui exposer clairement ce que je pensais de tout ça. Je fronçai les sourcils en croisant les bras, activant instantanément le mode 'maman autoritaire'... « Tu nous déçois beaucoup Carlie. Que tu te moques d'elle, passe encore, mais te donner en spectacle devant tout le monde et lui écraser de la nourriture sur la tête … C'est inadmissible. On t'a pas appris ça je crois, si ? » Si un jour j'avais appris à ma fille à se défendre en écrasant de la purée sur la tête de son adversaire, alors je pense qu'il était grand temps de m'interner. J'interrogeai Felix du regard par la même occasion. J'étais sèche. Extrêmement sèche même, mais bon, cela faisait partie de mes devoirs de maman de la recadrer. Oui, je laissais le fait qu'elle se soit moquée de sa camarade de côté, parce qu'à son âge, c'est presque naturel de se moquer des autres. On ne peut rien faire contre ça, nous, parents, surtout que les adultes aussi peuvent être pas mal dans le genre moqueurs parfois. Ma fille ne m'avait rarement vue aussi en colère. Franchement, je n'avais pas eu beaucoup d'occasion de me mettre dans un tel état durant son enfance. J'avais plutôt été la maman protectrice, souple et gentille, parce que Carlie avait toujours été une petite fille modèle sans problèmes... jusqu'à ce jour.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Ven 14 Juin - 20:22
« Bien. Nous avons donc deux solutions. Soit des travaux d'intérêts généraux durant une semaine, pour nettoyer ce que vous avez sali ainsi que le reste de l'établissement. Soit deux jours de mise à pied. » Je levais la tête vers le proviseur, peut-être un peu trop vivement d'ailleurs. Pour moi la solution parfaite était la mise à pied. Deux jours ce n'était rien, je ne louperais pas grand chose en cours. Et puis cela me permettrait d'aller au studio de danse deux jours entiers, cela ne pourrait être que bénéfique. Surtout que j'avais un solo cette semaine, le premier que mon père allait voir. J'avais hâte d'être ce week-end pour qu'il puisse me voir danser. Mais je voulais être parfaite. Je m'apprêtais à ouvrir la bouche pour donner mon avis, mais mon père me dissuada de parler d'un simple froncement de sourcil. Je soupirais avant de me relaisser tomber sur le dossier de ma chaise. « Je vais opter pour les travaux d'intérêts généraux pendant une semaine, mais à une condition : je ne veux plus jamais entendre parler de vous si ce n'est en bien. Vous vous faites oublier à partir de maintenant, c'est bien compris ? » Je fis une grimace, mais personne n'en prit compte. Le proviseur avait l'air de penser qu'il nous faisait un cadeau en choisissant cette option. J'allai devoir passer une semaine à nettoyer l'école, la honte ! Ce choix ne me plaisait pas, et pourtant il avait l'air de soulager mes parents. Décidément je ne les comprenais pas sur ce coup là. Ils étaient heureux que je passe cinq jours à ramasser les déchets des autres, et nettoyer les saletés qu'ils faisaient. Rien qu'à penser à ça j'en avais la nausée. Le pire, c'est que j'allai être avec Maddie pendant une semaine. Le seul truc qui me réjouissait un peu c'est qu'elle aussi devrait faire le sale boulot avec la femme de ménage. « Vous commencerez demain. En attendant, rentrez chez vous, et mademoiselle Smith, profitez-en pour vous laver les cheveux. » Au pire, c'était possible de tombe malade dès ce soir pour louper la semaine horrible qui m'attendait ? À la remarque du proviseur je ne pus m'empêcher de regarder Maddie, un sourire moqueur dessiné au coin de mes lèvres. Effectivement elle ferait mieux de se laver les cheveux au plus vite, car c'était une catastrophe.
J'étais assez fière de mon "travail". Nous nous levons et nous sortons tous du bureau. Ma mère m'avait prise par la main et me traînait presque. Elle était fâchée, je le savais. Et il n'y avait aucun doute sur le fait que j'allai passer un sale quart d'heure. « Si votre fille retouche à un cheveu de ma fille, vous aurez affaire à moi je vous préviens ! » Je me retournais vers madame Smith. Elle nous menaçait, mais je n'avait pas peur d'elle. Elle était bien comme sa fille ! Ma mère m'écartais de la femme, je me doutais qu'elle ne supportais pas cette femme elle non plus, bien qu'elle ne l'ai vu que pendant quelques minutes. « Il va falloir revoir l'éducation de votre fille ! » Là c'était le père qui s'y mettait. Fallait-il que je lui rappelle que c'est sa fille qui avait commencé à me jeter de la nourriture dans la figure ? Par sa remarque il attaquait ma mère, car c'est elle qui m'avait élevé, seule. Et selon moi elle n'avait pas fait un mauvais travail. C'était une bonne mère, vraiment. Je levais le visage vers celui de ma mère, elle était vexée, et encore plus énervée que précédemment. Mais elle se retenait, parce qu'elle était trop polie. « Nous n'avons aucune leçon à recevoir de vous monsieur. Au revoir. » Je souriais fièrement. Maman avait le don de couper court à cette conversation en envoyant balader les Smith, tout ça avec classe. Ma mère était mon modèle, au fond je voulais lui ressembler quand je serai grande.
Mes parents, et moi car j'étais bien obligée, attendions que les parents de Maddie soit partis, et que le couloir retrouve son calme. Puis ma mère m'invita à m'asseoir sur un banc. Ce n'était pas un bon présage, pas du tout. Mais je m'assis docilement. Je n'était pas en mesure de tenir tête à mes parents pour le moment. Mes parents se placèrent en face de moi, et ils n'avaient pas l'air contents du tout. Je déglutis bruyamment. Ça allait être ma première vraie dispute avec mes deux parents réunis. Maman pris une posture et un air sévère que je e lui connaissait pas. Jusqu'à aujourd'hui elle n'avait jamais eu besoin de le faire. « Tu nous déçois beaucoup Carlie. Que tu te moques d'elle, passe encore, mais te donner en spectacle devant tout le monde et lui écraser de la nourriture sur la tête … C'est inadmissible. On t'a pas appris ça je crois, si ? » Jamais encore ma mère ne m'avait parlé avec un ton aussi dur. Je l'avais déçu, et mon père aussi, je le savais. Je baissais la tête pendant quelques instants en l'entendant me sermonner. Nous n'avions jamais eu de réel conflit elle et moi.. Jusqu'à ce jour. Tout ça c'était de la faute de cette peste de Maddie. J'étais sûre qu'elle n'allait pas se faire crier par ses parents elle. Je sentis la colère monter en moi. C'était injuste, vraiment. Car ce n'était pas entièrement de ma faute. « Mais pourquoi tu me cries comme ça, hein ? C'est pas que de ma faute ! Vous n'étiez même pas là quand ça s'est passé, alors tu ne sais même pas de quoi tu parles. » J'avais dis ça en criant tant j'étais énervée, vexée, et triste aussi. Je n'avais jamais parlé comme ça à ma mère, ni à mon père.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Ven 14 Juin - 21:17
Les regards que je jetai à Carlie étaient soudainement devenus beaucoup plus sombres et lourds de reproches. Oui elle nous avait déçus. Je l'imaginai réellement comme une petite fille modèle, incapable de faire du mal à une mouche ou de se battre de cette façon pour une simple question de moquerie. Elle me regardait parfois, comme si elle cherchait mon soutien. Mais ce n'était sûrement parce que je venais de la rencontrer que je n'allais pas soutenir Neela dans sa punition. Ce qu'elle avait fait était inacceptable, et en tant que père, je me devais de soutenir Neela, d'autant plus que je rejoignais totalement son avis sur les événements. Nous étions sortis du bureau du proviseur, plutôt soulagés de la décision des travaux d'intérêt généraux que les filles avaient reçu. La mise à pied, c'était inimaginable. Il nous aurait été impossible de garder Carlie et nous n'avions pas encore de nouvelle baby-sitter. La porte du bureau était à peine refermée que j'entendis une voix derrière nous, une voix que j'avais déjà entendue quelques minutes auparavant comme celle de la mère de Maddie.
« Si votre fille retouche à un cheveu de ma fille, vous aurez affaire à moi je vous préviens ! » « Il va falloir revoir l'éducation de votre fille ! »
Je rêve. Ils nous menacent en plus ! J'étais tellement sur les fesses que je n'avais rien su dire pendant un moment. Neela s'en chargea, en restant très courtoise, j'aurais même dit trop courtoise. Pendant le petit laps de temps qui s'était écoulé, j'avais pesé les paroles des deux parents. La mère nous menaçait clairement, le père remettait en cause l'éducation que Neela avait donnée à Carlie durant ces dix années. Et ça, je ne pouvais pas l'accepter. Elle s'était donnée à deux cent pour-cent pour que Carlie soit heureuse, bien élevée, et pour un petit incident qui, au fond, n'était pas directement de la faute de Carlie, elle se reprenait tout dans la tête. Alors que Neela commençait déjà s'éloigner avec Carlie, je n'avais pu me retenir.
« Je préfère encore qu'elle se défende à coup de purée plutôt qu'elle aille pleurnicher dans les jupes de sa mère. Et VOUS devriez revoir l'éducation de votre fille, ça lui évitera peut-être d'être trop gâtée et de croire qu'elle peut jeter des nuggets à la tête des gens sans avoir aucune punition. C'est facile de tout relancer sur les autres. »
Je ne leur laissai même pas le temps de répondre que je m'éloignai déjà en prenant Carlie par son autre main et la tirant, ainsi que Neela, un peu plus loin dans les couloirs. J'étais simplement réaliste... et franc. Cette petite m'avait tout de suite parut pourrie gâtée et menant ses parents par le bout du nez. Et je n'avais tout simplement pas supporté que ces derniers remettent en cause le rôle de mère de Neela, alors j'étais obligé de céder à mon calme qui était de moins en moins légendaire ces temps-ci. Cependant, en y réfléchissant, on aurait dit que je cautionnai l'acte de Carlie, ce qui était bien évidemment faux. Carlie finit pas s'asseoir sur un banc, obéissant à Neela, qui se mit tout de suite à la réprimander. Mais Carlie s'énerva bien vite, se mettant à crier. Je pris à mon tour la relève, étonné qu'elle puisse réagir ainsi.
« Carlie ! Tu baisses d'un ton ! Tu ne lui as pas jeté de purée à la figure peut-être ? D'accord elle t'a lancé des nuggets, mais tu n'avais pas à lui écraser ton assiette dans les cheveux ! Non seulement tu t'affiches dans la cantine, mais en plus tu gâches de la nourriture. Alors tu te calmes, tu n'es pas toute blanche non plus d'accord ? »
Pour le moment, je ne m'en sortais pas trop mal dans le rôle de papa autoritaire. D'ailleurs, Carlie baissa un instant la tête, comprenant sans doute qu'elle avait été trop loin en répondant à Neela de cette manière. Ce qui était sûr, c'est que l'école était terminée pour aujourd'hui, après cet événement plutôt... dynamique. Et je ne savais pas comment nous allions faire avec Carlie durant l'après-midi.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Sam 15 Juin - 1:59
Carlie allait exploser, je le sentais. Elle bouillonnait de l'intérieur, comme si tout ce que je venais de dire contre elle était complètement injuste. « Mais pourquoi tu me cries comme ça, hein ? C'est pas que de ma faute ! Vous n'étiez même pas là quand ça s'est passé, alors tu ne sais même pas de quoi tu parles. » Alors là, je n'en revenais pas. C'était ma bien fille ou elle était possédée par un démon ? Je ne m'étais pas préparée à ce genre de réponse, elle m'avait mis un coup en pleine figure. J'entrouvrais la bouche pour m'apprêter à répliquer, mais Felix prit la parole avant moi. « Carlie ! Tu baisses d'un ton ! Tu ne lui as pas jeté de purée à la figure peut-être ? D'accord elle t'a lancé des nuggets, mais tu n'avais pas à lui écraser ton assiette dans les cheveux ! Non seulement tu t'affiches dans la cantine, mais en plus tu gâches de la nourriture. Alors tu te calmes, tu n'es pas toute blanche non plus d'accord ? » Carlie baissa ses yeux. Cette fois, son papa n'était plus aussi gentil et arrangeant avec elle, ce qui avait l'air de la choquer un peu. Il ne manquait plus que ça que Felix se range de son côté ! Il n'était pas son copain, et elle semblait tout juste s'en rendre compte.
En tout cas, je ne lui avais en aucun cas crié dessus. Au contraire, j'étais même restée très calme. Autoritaire mais calme, et lui crier dessus n'aurait d'ailleurs pas été une bonne solution. Apparemment, j'avais été si douce avec elle qu'elle confondait les mots gronder et crier. J'étais parfaitement capable de la gronder sans crier, la preuve, je venais tout juste de le faire. « Et je ne te crie pas dessus, par contre ça risque d'arriver si toi tu continues de me parler sur ce ton. Je veux juste te faire comprendre que ce que tu as fait est mal, quoi que tu dises, et que tu n'as plus intérêt à recommencer. » Certes nous n'avions pas vus la scène avec Felix, mais je ne pense pas que le proviseur s'était amusé à inventer tout ce scénario pour nous. A moins qu'il ai planqué une caméra cachée, mais apparemment, la blague n'avait pas de fin. Toujours est-il qu'elle me décevait énormément, et la façon dont elle m'avait répondu ne me plaisait pas du tout. Pire, elle me blessait, mais j'essayais de le cacher pour ne pas perdre ma crédibilité. Carlie et moi avions été comme deux meilleures amies depuis dix ans, nous avions toujours tout partagé ou presque, jamais je n'avais eu à hausser le ton avec elle … alors pourquoi maintenant ? Peut-être parce que l'adolescence approchait, tout simplement. En tout cas, c'était dur de l'entendre me parler de cette façon. Ce qui me choquait le plus, c'était la fin de sa phrase. Elle me manquait clairement de respect, et son regard en disait long sur ce qu'elle pensait de moi. Je continuais de froncer les sourcils. Carlie n'allait pas s'en sortir comme ça, je voulais bien être une maman adorable, il ne fallait peut-être pas abuser non plus. « Si tu nous déçois encore une fois Carlie, ton concours dans un mois, tu peux l'oublier tu vois, parce que je pense que je suis un peu trop gentille parfois. Il va falloir que tu arrêtes de te prendre pour une princesse. » Une princesse, c'était ce qu'elle était, vraiment. C'était un peu ma faute aussi, elle était fille unique, et puis j'avais essayé de compenser le fait qu'elle ai manqué d'un père avec des cadeaux, des petites attentions. Elle en avait profité. Apparemment, elle s'y était habituée. Elle s'y était peut-être même trop habituée. Maintenant, mon rôle était de la faire redescendre sur terre. C'est vrai, je me débrouillais toujours pour l'amener à droite à gauche. Je l'accompagnais, je l'attendais pendant ses auditions, je venais la chercher après ses cours de danse, qui se terminaient tard parfois. Bref, je me pliais en quatre pour elle, je cédais à tous ses caprices et à ceux de ses professeurs de danse, et ce malgré un emploi du temps bien chargé. En la menaçant de faire une croix sur ce concours, je savais que je touchais à un point sensible. Évidemment, ce n'était qu'une menace, je savais pertinemment que ces petits défis comptaient énormément pour ma fille, et que si je tenais mes paroles, elle aurait du mal à me le pardonner. Carlie avait travaillé dur pour pouvoir accéder à ce concours, et le réussir. Malgré tout, je lui rappelais que les cartes étaient dans mes mains. Je pouvais très bien décider de ne pas l'amener à ce concours après tout, Felix aussi si il me suivait, et elle ne pourrait donc pas y participer sans notre aide. Je ne faisais que la menacer, je ne serais pas capable de lui faire ça. En tout cas, j'espérais que le message était passé, et que Carlie n'allait pas nous faire toute une scène. J'appréhendais sa réaction face à cette menace, surtout vu la manière dont elle m'avait répondu il y a quelques secondes. Pourtant, il fallait bien provoquer un petit choc en elle pour qu'elle change de comportement.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Sam 15 Juin - 19:09
« Carlie ! Tu baisses d'un ton ! Tu ne lui as pas jeté de purée à la figure peut-être ? D'accord elle t'a lancé des nuggets, mais tu n'avais pas à lui écraser ton assiette dans les cheveux ! Non seulement tu t'affiches dans la cantine, mais en plus tu gâches de la nourriture. Alors tu te calmes, tu n'es pas toute blanche non plus d'accord ? » Je regardais mon père dans les yeux pendant quelques instants. J'entrouvris la bouche pour la refermer ensuite, puisque je ne savais pas quoi lui dire. Je lui en voulais de ne pas me défendre, de ne pas essayer de m'aider pour me sortir de cette situation. Pourtant nous étions proches lui et moi depuis notre rencontre. Mais bien sûr il se rangeait du côté de ma mère. Je découvrais une nouvelle facette de lui, celle du père autoritaire. Jusque là je ne connaissais que la papa gâteau, beaucoup trop protecteur, et qui cédait à tous mes caprices. D'ailleurs je découvrais également une nouvelle facette de la personnalité de ma mère, celle d'une femme autoritaire, un peu sévère. Oui, j'étais choquée par le comportement de mes parents. Je baissais la tête, regardant mes poings serrés sur mes genoux. J'étais énervée, et j'essayais de ne pas exploser au risque de me faire punir. « Et je ne te crie pas dessus, par contre ça risque d'arriver si toi tu continues de me parler sur ce ton. Je veux juste te faire comprendre que ce que tu as fait est mal, quoi que tu dises, et que tu n'as plus intérêt à recommencer. » Je levais les yeux au ciel, ne regardant pas mes parents. Ce que j'avais fait était mal, certes, mais je n'étais pas la seule coupable, mais ça personne ne voulait l'entendre. Et c'est ça qui m'insupportait le plus. Ce n'est pas moi qui avait fait tombé mon yaourt. Et ce n'est pas moi qui avait obligé Maddison à glisser dessus. Je soupirais longuement. Je m'apprêtais à me lever quand ma mère dit quelque chose qui m'immobilisa. « Si tu nous déçois encore une fois Carlie, ton concours dans un mois, tu peux l'oublier tu vois, parce que je pense que je suis un peu trop gentille parfois. Il va falloir que tu arrêtes de te prendre pour une princesse. » Je la regardais dans les yeux, bouche-bée. Elle n'avait pas le droit de me faire ça. Elle savait pertinemment que la danse était ce qu'il y avait de plus important pour moi. Cette compétition je l'attendait depuis des semaines. Elle ne pouvait pas me faire une telle punition. Elle venait de toucher le point sensible, et je savais très bien qu'elle en était consciente. « T'as pas le droit de me punir comme ça. De toute façon si tu m'empêche d'aller à cette compétition, je te détesterai toute ma vie ! » Ma réaction était inappropriée, parce que c'est à ma mère que je parlais. C'était méchant, dur, et je savais que je risquais de la blesser par ces mots. Mais cette compétition était importante pour moi, plus que les autres. J'avais mon propre solo, une chorégraphie et une musique que j'adorais. J'étais aussi dans une danse de groupe, avec Nick, un danseur plus âgé que j'admirais énormément. On devait faire une figure ensemble, on l'avait répété pendant plus de deux heures la veille au soir. Mais surtout, papa allait venir me voir pour la première fois, et je comptais bien gagner pour lui, pour le rendre fier de moi. Après avoir lancé un regard noir à ma mère, je le regardais lui, il fallait qu'il m'aide sur ce coup là. Je doutais qu'il le fasse, et pourtant j'en avais besoin. Peut-être que j'étais une "princesse pourrie-gâtée", c'était même fort probable, mais jusqu'ici mes parents n'avaient jamais eu de problème avec moi. Alors je jugeais leur comportement totalement excessif. Les larmes me montaient aux yeux. Mais je ne voulais pas pleurer devant eux, je ne voulais pas qu'ils voient que cette menace faisait effet, et pourtant j'avais beaucoup de mal.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Dim 16 Juin - 14:24
Carlie semblait toujours énervée contre nous, enfin surtout contre Neela, et elle paraissait également choquée de nous voir ainsi en face d'elle, à la réprimander pour son comportement. Étant donné qu'elle n'avait jamais rien fait de tel, elle ne devait pas avoir l'habitude de nous voir sévères envers elle, d'autant plus que j'avais tendance à la surprotéger et à lui donner tout ce qu'elle voulait depuis que je la connaissais. Neela lança la menace suprême qui allait sûrement tout faire basculer : pas de concours de danse si elle devait encore la gronder. J'espérai que nous ne devrions pas en arriver jusque là. C'était le premier concours de danse de Carlie que j'aurais l'occasion de voir, la première fois que je pourrai la voir danser sur sa scène, là où apparemment elle se sentait si bien, au point d'en délaisser un peu trop l'école.
« T'as pas le droit de me punir comme ça. De toute façon si tu m'empêche d'aller à cette compétition, je te détesterai toute ma vie ! »
Je me sentis soudainement mal à l'aise. Ayant quand même plus d'expérience que moi en matière de punitions, Neela avait apparemment trouvé un point sensible, et elle se prenait toutes les réponses de Carlie en pleine face. J'avais beau la soutenir dans ces choix, elle restait quand même la principale cible.
« Si tu te tiens à carreaux, on n'aura pas besoin d'aller jusque là. »
Étant donné que Neela m'avait aussi parler des petits problèmes scolaires de Carlie, qui passait son temps à répéter ses chorégraphies plutôt qu'à faire ses devoirs, j'en profitai pour caser ce petit élément dans cette conversation puisque je n'avais pas encore pu parler à ma fille ces derniers jours.
« On va faire un marché tous les trois. On ne veut plus entendre parler de bêtises que tu aurais pu faire à l'école pendant toute la semaine, mais aussi pendant le reste de l'année. Et tu vas aussi calmer un peu le jeu sur la danse, et passer plus de temps sur tes devoirs. Tu n'as pas besoin de t'entraîner autant, je suis sûr que tu sais déjà tes chorégraphies par cœur. À la fin de la semaine, c'est-à-dire ton concours, il pourra se passer trois choses : soit tu n'a fais aucun écart, et maman et moi on viendra tous les deux te voir. Soit tu as fais quelques écarts pas trop grave, dans ce cas là il n'y aura que maman qui viendra. Soit tu n'as rien respecté du tout et là personne n'ira, même pas toi. »
Je lui tendis la main, l'incitant à y poser la sienne comme un signe d'accord pour notre petit marché. J'espérai que ma tactique fonctionnerait. Je savais que Carlie attendait avec impatience que je viennes la voir danser, alors si moi je la menaçai de ne pas y aller, peut-être que cela la ferait réagir.
Spoiler:
Oula désolée c'est encore une fois super court >.<
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Dim 16 Juin - 16:46
Carlie était abasourdie par ce que je venais de lui dire. C'était du chantage, mais un chantage qui porterait ses fruits, je l'espérais. Elle ouvrit grand la bouche en me regardant droit dans les yeux. « T'as pas le droit de me punir comme ça. De toute façon si tu m'empêche d'aller à cette compétition, je te détesterai toute ma vie ! » C'est vrai, j'étais allée loin, mais si seulement cela pouvait la faire réfléchir. La faire réfléchir et surtout réagir. Ses menaces étaient par contre exagérées. C'était dur de l'entendre me dire ça, mais je savais qu'elle se lâchait parce qu'elle était en colère contre moi. Je voyais vraiment mal ma fille me détester toute sa vie pour une histoire de concours auquel j'avais refusé de l'amener. J'espérais quand même compter plus que ce concours dans sa vie. Même si cette compétition lui tenait à cœur, elle ne pouvait pas me haïr toute sa vie après tout ce que j'avais fait pour elle ces dernières années. Je n'avais rien répondu. Au fond, Carlie savait que je n'étais pas capable de le faire. Et pourtant c'était la punition que je venais de lui réserver si elle se comportait mal, alors j'espérais vraiment qu'elle se corrige toute seule avant d'être obligée d'en arriver là. « Si tu te tiens à carreaux, on n'aura pas besoin d'aller jusque là. » On en arriverait jamais là. C'était impossible. Carlie était intelligente, elle allait tout mettre en œuvre pour se rattraper, remonter dans notre estime et aller à ce concours, quitte à jouer à la femme de ménage à l'école avec Maddie pendant une semaine.
« On va faire un marché tous les trois. On ne veut plus entendre parler de bêtises que tu aurais pu faire à l'école pendant toute la semaine, mais aussi pendant le reste de l'année. Et tu vas aussi calmer un peu le jeu sur la danse, et passer plus de temps sur tes devoirs. Tu n'as pas besoin de t'entraîner autant, je suis sûr que tu sais déjà tes chorégraphies par cœur. À la fin de la semaine, c'est-à-dire ton concours, il pourra se passer trois choses : soit tu n'a fais aucun écart, et maman et moi on viendra tous les deux te voir. Soit tu as fais quelques écarts pas trop grave, dans ce cas là il n'y aura que maman qui viendra. Soit tu n'as rien respecté du tout et là personne n'ira, même pas toi. » Je hochais la tête en signe d'approbation. La proposition de Felix me convenait parfaitement, surtout qu'il avait réussi à y glisser le problème de l'école que je lui avais soulevé il n'y a pas si longtemps. Les devoirs, elle les négligeait très clairement, et ce concours n'arrangeait rien. Au contraire, il empirait la situation, parce que notre fille était absorbée par la danse. Uniquement la danse. Il ne faisait que me confirmer que Carlie consacrait trop de son temps à la danse. L'école, ce n'était pas son truc du tout. Être la première de la classe, elle s'en fichait royalement contrairement à beaucoup de ses camarades. D'ailleurs je voyais bien qu'elle y allait à reculons. Mais bon, si elle voulait devenir une bonne danseuse, il fallait passer par la case école. C'était obligatoire avant de penser à n'importe quel avenir professionnel, et notre rôle devait être de l'aider à trouver un juste équilibre entre sa passion et l'école. La danse ne devait pas absolument pas empiéter sur l'école, surtout qu'en négligeant ses études, Carlie risquait de redoubler, de prendre du retard et donc de voir son rêve s'éloigner. Alors elle avait tout intérêt à s'appliquer dans ses devoirs et à avoir de bonnes notes pour avancer et se débarrasser très vite de ce qui ne lui plaisait pas. Plus tard, elle consacrerait pleinement son temps à la danse. Après tout, elle n'avait que dix ans, mais elle raisonnait déjà comme si elle était déjà une danseuse professionnelle.
En observant ma fille, je me rendais bien compte que quelque chose n'allait pas. Elle devait sûrement être en train de se rendre compte que la danse ne devait pas être sa priorité, et qu'elle allait dorénavant se concentrer un peu plus sur le travail qui lui était donné à l'école. La voir aussi attristée et déçue me fendait le cœur, alors je m'assis à ses côtés sur le banc, adoucissant un peu ma voix. « Tu sais Carlie si on te dit tout ça, c'est pas pour t'embêter, c'est uniquement pour ton bien. Parce qu'on t'aime. » Et Dieu sait qu'elle en avait de la chance d'avoir ses deux parents, qui l'aimaient plus que tout et s'inquiétaient pour elle. Mais elle était encore trop jeune pour s'en rendre compte, et ne voyait que les aspects négatifs. Je me demandais donc comment elle allait réagir face à cette tentative pour l'apaiser et faire redescendre la tension. Pourvu que cela ne déclenche pas l'effet inverse...
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Lun 24 Juin - 15:39
« Si tu te tiens à carreaux, on n'aura pas besoin d'aller jusque là. » Oh que non je ne comptais pas en arriver jusque là. J'allai aller à cette compétition avec mes amis, quoi qu'il arrive. J'allai faire ce solo, remporter la première place et rendre mes parents fiers. « On va faire un marché tous les trois. On ne veut plus entendre parler de bêtises que tu aurais pu faire à l'école pendant toute la semaine, mais aussi pendant le reste de l'année. Et tu vas aussi calmer un peu le jeu sur la danse, et passer plus de temps sur tes devoirs. Tu n'as pas besoin de t'entraîner autant, je suis sûr que tu sais déjà tes chorégraphies par cœur. À la fin de la semaine, c'est-à-dire ton concours, il pourra se passer trois choses : soit tu n'a fais aucun écart, et maman et moi on viendra tous les deux te voir. Soit tu as fais quelques écarts pas trop grave, dans ce cas là il n'y aura que maman qui viendra. Soit tu n'as rien respecté du tout et là personne n'ira, même pas toi. » Je regardais mon père. Son marché ne me convenait qu'à moitié. Moins m'entraîner pour passer plus de temps sur mes devoirs ? Impossible ! Il fallait que j'aille au studio, pour mon bien-être, mais aussi pour éviter de me retrouver en bas de la pyramide la semaine suivante. Jamais le directeur de l'école de danse, qui est aussi mon professeur, ne passerait ça. Il voudrait déjà limite qu'on y soit au minimum deux heures par jours sept jours sur sept alors je ne l'imaginais pas être d'accord si je ne venais pas tous les soirs, ou presque. Il était sévère ce monsieur, d'origine italienne avec un accent vraiment étrange. En fait, il passait son temps à hurler sur ses élèves. Certains parents, à bout de nerfs, avaient retiré leurs enfants du studio. Ça se comprenait, mais d'un autre côté il était l'un des meilleur chorégraphe du pays. Alors hors de question de partir, de laisser ma place. La suite du marché stipulait que je ne devais plus faire aucun écart, sinon mon père ne viendrait pas. Je soupirais longuement. Il avait tout compris, il savait que la personne que je voulais le plus avoir assise devant la scène, s'était bel et bien lui. J'aurais bien essayé de modifier cette proposition qu'il me faisait, mais je savais déjà d'avance qu'il ne fallait mieux pas que j'ouvre la bouche. Je hochais la tête, doucement, de haut en bas.
[justify]Il allait falloir que je me fasse à cette idée : j'allai devoir passer une semaine à nettoyer les saletés des autres, en compagnie de la personne que je détestais le plus au monde à ce moment précis, Maddie. Je ne pouvais plus me permettre de faire le moindre écart de conduite si je ne voulais pas être privée de compétition le week-end prochain, et si je voulais que mes parents vienne y assister. Je n'appréciais pas non plus que mes parents me fassent cet espèce de chantage qui ne me plaisait guère d'ailleurs. Oui, j'étais en colère, je serrais mes poings sur mes genoux. J'avais envie de pleurer, mais je n'avais pas envie de leur montrer cela. Je baissais la tête pour qu'ils ne puissent pas voir les larmes qui me montaient aux yeux. Ma mère paru s'en apercevoir. On va dire qu'elle me connaissait par coeur, puisque c'est elle seule qui s'était occupé de moi pendant près de dix ans. Et puis n'est-ce pas le rôle d'une mère de connaître son enfant sur le bout des doigts ? Elle s'assit à côté de moi, et fit une tentative pour m'apaiser. « Tu sais Carlie si on te dit tout ça, c'est pas pour t'embêter, c'est uniquement pour ton bien. Parce qu'on t'aime. » Je détournais les yeux, je ne décolérais pas, loin de là. Mais il fallait que je me calme, pour mon bien, mes intérêts, ma compétition qui me tenait tant à coeur.. « Si c'était vraiment pour mon bien, vous ne me menaceriez pas de ne pas m'emmener à la compétition.. » Je n'avais pas mis autant d'assurance dans ma voix que je l'aurais voulu. Je reniflais en passant le dos de ma main sur mes yeux pour empêcher mes larmes de couler. Je me levais précipitamment pour les empêcher d'assister à ce spectacle. Je n'aimais pas craquer devant les gens. Pour moi, pleurer avait toujours été un signe de faiblesse. Et j'étais forte moi, du moins j'essayé de l'être, même si à dix-ans ce n'était pas toujours facile. Puis je leur tournais le dos en commençant à avancer dans le long couloir de l'école dans lequel nous nous trouvions. « T'façon je ne veux plus en parler. Je veux rentrer à la maison, maintenant. » Couper court à la conversation, pas sûre que ça fonctionne. Je comptais mes pas, attendant déjà que l'un de mes parents, voir même les deux, me courent après.
Spoiler:
Désolée pour le temps que j'ai mis à répondre. Mais avec le bac, ces dernières semaines ont été chargées. Mais je suis de retour.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Lun 24 Juin - 21:21
Je voyais Carlie éviter nos regards : elle regardait par terre et avait les poings serrés sur ses genoux, comme pour retenir une certaine colère qui menaçait d'éclater d'un moment à l'autre contre nous. Neela avait également remarqué que quelque chose n'allait pas et s'assit à côté de notre fille, lui assurant que nous l'aimions et que nous faisions cela pour son bien. Elle avait entièrement raison. Depuis que je connaissais Carlie, elle était devenue l'une des personnes que j'aimai le plus et que je souhaitai le plus protéger, l'autre étant Neela. Je voulais simplement qu'elle soit heureuse, et je savais que cela passait par la danse, mais il fallait qu'elle arrive à concilier sa passion avec l'école, car elle ne pouvait pas laisser passer sa scolarité sous prétexte qu'elle était l'une des meilleures de son école, si pas plus. Elle avait du talent, c'était indéniable, et j'en avais conscience puisque je l'avais déjà vu danser en plein milieu de la maison de Neela. Elle passait son temps à ça et chaque action qu'elle faisait était teintée de danse, même débarrasser la table.
Cependant, Carlie n'était pas convaincue que nous faisions cela pour son bien et semblait plus voir cela comme une punition. Ça l'était un peu finalement, elle avait fait une bêtise, mais elle avait la chance de se rattraper. Je la vis passer une main sur ses yeux, comme pour effacer des larmes qui lui paraissaient de trop. Puis elle se leva brutalement, prétextant ne plus vouloir parler de cette histoire, et se dirigea vers le reste du couloir, vers la sortie de l'école. Étonné, je jetai un petit regard à Neela, puis reportai mon regard sur Carlie, qui s'éloignait déjà, avant la suivre à pas rapides. Une fois à sa hauteur, je lui attrapai la main pour l'arrêter et la forcer à me regarder.
« Carlie... S'il te plaît arrête et regarde moi... Tu es une danseuse très douée et tu le sais, mais tu ne peux pas te permettre de prendre tes cours par-dessus la jambe. Écoute, on t'aime très fort. Mais ce n'est pas parce qu'on vient de se rencontrer toi et moi, et que je veux rattraper le temps perdu, que je vais dire oui à tout ce que tu fais. Je suis ton père Carlie, pas ton copain. J'ai envie de venir te voir danser, mais si tu fais encore une bêtise du genre, je ne viendrai pas. »
Je la regardai dans les yeux, attendant sa réaction. J'avais préféré ne pas regarder Neela, alors que j'en avais une très grande envie : on aurait sûrement vu dans mon regard que je ne savais pas si ce que je disais était bien, si c'était la façon dont je devais réagir. J'essayai donc de paraître le plus sûr possible, mais ce n'était pas gagné... J'avais tellement tendance à chouchouter Carlie comme si elle avait cinq ans que je finissais par douter de ma technique, par avoir peur de ne pas vraiment avoir d'autorité quand il en fallait comme aujourd'hui par exemple. Je savais que Neela pouvait toujours rattraper le coup, mais si elle m'avait rappelé après dix ans, c'était pour ne plus être seule pour élever Carlie et avoir mon aide. Si je la laissai tout faire toute seule, ça n'avait pas trop d'intérêt.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Mer 26 Juin - 14:29
Je voyais très bien les larmes surgir de ses petits yeux. Je détestais la voir dans cet état. Depuis que la danse l'occupait la majeure partie de son temps, je m'étais plutôt habituée à la voir avec un immense sourire aux lèvres qu'avec les larmes aux yeux. Heureusement d'ailleurs. La danse la comblait, et je n'avais jamais vu ma fille aussi épanouie que depuis qu'on lui avait confié ce fameux solo. En découvrant qu'elle pleurait, j'aurais voulu la prendre dans mes bras, mais je voyais bien qu'elle était en colère contre moi, contre nous. « Si c'était vraiment pour mon bien, vous ne me menaceriez pas de ne pas m'emmener à la compétition.. » Carlie ne semblait pas bien comprendre où j'avais voulu en venir en disant que c'était pour son bien que nous faisions tout ça. Des parents irresponsables et indifférents à l'éducation de leur enfant ne se seraient même pas préoccupés de ses débordements à l'école. Ils l'auraient laissé faire, jusqu'à ce que la situation s'aggrave. Je ne tenais pas trop à ce qu'elle devienne une fille irrespectueuse voire même délinquante, même si Carlie était bien loin d'en arriver là. Si nous cherchions à la corriger, c'était uniquement pour qu'elle devienne une femme accomplie plus tard, et lui assurer un bel avenir. Après tout, elle était notre enfant, le fruit de notre amour et ce que nous avions de plus précieux. Mais encore une fois, ce que je venais de lui dire n'était qu'une menace, une menace que je ne me croyais même pas capable d'exécuter si Carlie se faisait de nouveau remarquer à l'école. Je m'apprêtai à la contredire en passant un bras sur son dos pour la réconforter, mais elle sécha immédiatement ses larmes d'un revers de main et se leva. Ma fille et sa fierté... J'avais souvent l'impression qu'elle gardait tout pour elle, qu'elle cherchait constamment à camoufler ses faiblesses pour paraître forte et imperturbable. La concurrence était parfois rude entre danseuses, surtout lors des compétitions, et c'était sûrement à cause de tout ça que son caractère s'était à ce point forgé. « T'façon je ne veux plus en parler. Je veux rentrer à la maison, maintenant. » J'étais en train de rêver ou elle nous donnait un ordre là ? On aurait dit une célébrité qui parlait à son chauffeur de taxi, je n'en revenais pas. Le caractère de Carlie s'était peut-être un peu trop forgé, je ne voulais pas non plus qu'elle nous mène par le bout du nez. Elle n'avait que dix ans, nous étions ses parents, alors si quelqu'un devait décider qu'il était temps de rentrer à la maison, c'était bien nous. Je vis Felix la rattraper le premier à pas rapides en la prenant par la main pour l'obliger à s'arrêter. Je me levai aussitôt du banc pour les rejoindre au bout du couloir.
« Carlie... S'il te plaît arrête et regarde moi... Tu es une danseuse très douée et tu le sais, mais tu ne peux pas te permettre de prendre tes cours par-dessus la jambe. Écoute, on t'aime très fort. Mais ce n'est pas parce qu'on vient de se rencontrer toi et moi, et que je veux rattraper le temps perdu, que je vais dire oui à tout ce que tu fais. Je suis ton père Carlie, pas ton copain. J'ai envie de venir te voir danser, mais si tu fais encore une bêtise du genre, je ne viendrai pas. » J'étais restée un peu à l'écart en arrière pour laisser Felix jouer son rôle de papa avec sa propre fille. Je regardais tantôt Felix, tantôt Carlie, qui l'écoutait attentivement. Il s'en sortait vraiment très bien, si bien que je n'avais pas pu m'empêcher de sourire légèrement, attendrie par cette image. J'avais trouvé le petit-ami et le papa idéal. Aucune parole ou geste violent, que des mots pertinents pour lui faire comprendre à la fois son amour et son inquiétude pour elle. J'étais fière de lui, honnêtement, il était parfait. Même s'il n'avait pas pu en prendre l'habitude, au fond, on voyait bien que c'était son papa à la façon dont il lui parlait, dont il la regardait. Felix en profita pour lui rappeler qu'il n'était pas qu'un copain de jeu pour elle, il était avant tout un papa qui se devait de la recadrer dans ce genre de situation. Je m'étais avancée finalement vers eux et avait passé une main dans le dos de Felix, signe qu'il avait fait un excellent travail. Je me tournai ensuite vers Carlie. « Tu as compris ma puce ? » Je n'avais rien de plus à ajouter, il avait été on ne peut plus clair avec elle. Derrière cette appellation affectueuse j'espérais quand même lui montrer que malgré cette tension, elle restait ma fille et que je l'aimais plus que tout quoiqu'il arrive. Pourvu qu'elle ne se rebelle pas encore une fois, je ne me voyais pas trop lui courir après avec Felix dans la cour de l'école.
Spoiler:
C'est pas grave on comprend bien 'Je suis ton père Carlie.'
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Ven 28 Juin - 22:30
J'avais eu raison de penser que l'un de mes parents viendrait me rattraper, puisque je ne tardais pas à sentir quelqu'un saisir ma main et m'obliger à me retourner. Je fus, il faut bien l'avouer, assez surprise de me retrouver nez à nez avec mon paternel. Depuis que je l'avais rencontré pour la première fois, on avait plutôt eu une relation que l'on pourrait qualifié "copain-copain". Pour tenter de me faire pardonner son absence, il me cédait tout, tout le temps. Il se pliait à toutes mes exigences, et il tentait de me rendre la plus heureuse possible, quitte à en faire un peu trop parfois. Et je mentirais si je disais que je n'en avais pas profité à plusieurs reprises. En tout cas, c'était la première fois que nous entrions en conflit, lui et moi. Nous n'avions pas l'habitude, aussi bien lui que moi. C'est pour cette raison que j'étais surprise que ce soit lui qui m'ait rattrapé, et non pas maman, qui avait un peu plus l'habitude, même si jamais nous n'avions dû faire face à une telle situation au par avant. Mais elle me connaissait mieux, et semblait donc plus apte à trouver les mots pour me calmer, même si sa première tentative avait échoué. Je regardais ma main, serrée par celle de mon père avant de relever les yeux vers lui. « Carlie... S'il te plaît arrête et regarde moi... Tu es une danseuse très douée et tu le sais, mais tu ne peux pas te permettre de prendre tes cours par-dessus la jambe. Écoute, on t'aime très fort. Mais ce n'est pas parce qu'on vient de se rencontrer toi et moi, et que je veux rattraper le temps perdu, que je vais dire oui à tout ce que tu fais. Je suis ton père Carlie, pas ton copain. J'ai envie de venir te voir danser, mais si tu fais encore une bêtise du genre, je ne viendrai pas. » J'étais assez flattée par son compliment sur la danse. Son opinion était importante pour moi, parce qu'il était le père que j'avais toujours rêvé de connaître, et que depuis qu'il était avec nous, tout ce que je faisais avait pour but de le rendre fier. Par contre, la suite de son discours me déplu un peu plus. Tout d'abord, je n'avais aucune envie de me concentrer sur mes cours. J'avais essayé, et je faisais de mon mieux, mais je trouvais ça tellement inintéressant. Le seul avantage que je trouvais à l'école, était que j'étais avec mes amis pendant presque toute la journée. Quant à la partie "je suis ton père, pas ton copain", je ne savais pas trop quoi en penser. Je savais très bien qu'il était mon père, mais notre relation était t-elle que nous pouvions presque nous considérer comme des copains de temps en temps, dans la mesure où on passait plus de temps à rigoler qu'à parler de choses plus sérieuse, comme le feraient un père et sa fille de temps en temps. C'était sûrement parce que nous nous étions retrouvé depuis peu de temps. En tout cas, j'avais envie qu'il vienne à ma compétition, plus que tout. Je m'étais surpassée aux répétitions pour tenter d'être la plus parfaite lorsqu'il viendrait me voir. « Tu as compris ma puce ? » Maman venait de nous rejoindre. Je la regardais à son tour. Je soupirais avant de hocher la tête, lentement, de haut en bas pour leur montrer que oui, j'avais compris. Je venais de comprendre que de toute façon, quoi que je fasse, ils étaient plus forts à deux, que ça ne servait à rien que je continue de leur tenir tête. Et puis de toute façon, je savais que ce que j'avais fait était mal, et je n'avais pas à discuter. « J'aurais quand même préféré une mise à pieds plutôt que de devoir nettoyer l'école pendant une semaine. » dis-je plus pour moi que pour les autres, mais suffisamment fort pour qu'ils puissent entendre. « Les autres vont se moquer de moi.. »
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Dim 30 Juin - 13:55
Carlie m'écoutait attentivement, tandis que je gardai sa main dans la mienne. C'était la première fois que je devais réellement être contre elle, et soutenir Neela, suite à une de ses bêtises. Et, bien que je l'aimais déjà énormément, je ne pouvais pas lui dire que ce qu'elle avait fait était bien, la féliciter, et contre-dire Neela : de toutes manières, ce n'était pas bien. Je fus un peu plus rassuré lorsque je sentis la main de Neela dans mon dos, apparemment, j'avais plutôt bien géré la situation ; et comme Carlie ne semblait pas non plus vouloir se révolter, j'estimais qu'elle avait en effet bien compris ce que je lui avais dis. La menace de la danse était sûrement la seule qui pourrait fonctionner, puisque je savais que Carlie voulait plus que tout me voir dans la salle, à la regarder danser sur sa scène, pour la première fois.
« J'aurais quand même préféré une mise à pieds plutôt que de devoir nettoyer l'école pendant une semaine... Les autres vont se moquer de moi. »Je jetai un petit regard à Neela. Nous, nous avions largement préféré les tâches ménagères plutôt que la mise à pied. Déjà, cette dernière lui aurait sûrement porté préjudice à un moment de sa scolarité, et nous n'aurions pas su à qui la confier, étant donné que nous n'avions pas trouver d'autre baby-sitter depuis le petit débordement de la dernière.
« Mais non, ne t'inquiète pas. Et puis de toute manière, tu t'en fiches des autres Carlie. Et crois-moi, c'est bien mieux ça que la mise à pied. »
“Tu t'en fiches des autres Carlie”... Je n'étais pas vraiment convaincu moi-même de ce que je disais. Je savais que le regard des autres lui importait beaucoup, rien que lorsqu'elle était sur scène, par rapport à ce que les gens pensaient de sa chorégraphie. Elle cherchait toujours à avoir une critique, comme si rien n'était jamais parfait. Je lâchai finalement la main de Carlie pour regarder ma montre. J'étais effectivement bien en retard au travail, mais j'avais déjà prévenu et de toute manière je me fichai de ce qu'on pouvait bien me dire en arrivant. Carlie n'allait pas retourner en cours après cet événement alimentaire. Je me tournai vers Neela.
« Tu travailles cet après-midi ? »
Dans le pire des cas, à moins que les grands-parents ne soient disponibles là tout de suite, j'avais bien l'intention de m'arranger pour prendre Carlie avec moi, que ça plaise ou non, quitte à la faire passer pour ma nièce ou une petite cousine. Même si la petite ressemblance que nous avions pourrait m'éviter de la faire passer pour une relation trop lointaine...
Spoiler:
Sinon c'est court, pourri, bref, c'est nul. Désolée...
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Dim 30 Juin - 21:25
« J'aurais quand même préféré une mise à pieds plutôt que de devoir nettoyer l'école pendant une semaine... Les autres vont se moquer de moi. » Évidemment, en tant que maman, je ne pouvais pas m'empêcher de me mettre à sa place. La fierté de ma petite Carlie allait en prendre un sacré coup pendant une semaine. Elle qui était habituée à être sous le feu des projecteurs et tout en beauté, là, la chute serait violente et dure à encaisser. Mais pourtant je songeai que ce ne serait pas pour autant une mauvaise expérience pour elle. Au moins, elle l'aiderait à prendre conscience que ce qu'elle a fait est mal, mais aussi à savoir qu'il faut qu'elle travaille à l'école pour ne pas en arriver là plus tard. Pour elle comme pour nous, ce serait un mal pour un bien, et tout rentrerait dans l'ordre une fois la punition exécutée, j'en étais persuadée.
« Mais non, ne t'inquiète pas. Et puis de toute manière, tu t'en fiches des autres Carlie. Et crois-moi, c'est bien mieux ça que la mise à pied. » Je souris doucement en écoutant Felix lui conseiller de se moquer de l'avis des autres. A dix ans, il est très difficile de faire comme si les autres ne comptent pas. Au contraire, on a plutôt tendance à agir conformément au regard des autres et à veiller à ce qu'ils en pensent. Surtout Carlie qui passait son temps à se préoccuper de l'avis de ses professeurs sur sa technique et sur celui de ses camarades à l'école ou même à la danse. Si quelqu'un ne se fichait absolument pas du regard des autres, c'était bien notre fille ! Carlie était constamment à la recherche de la perfection, à se regarder dans la glace pour vérifier qu'elle était bien la plus jolie de toutes et à guetter le moindre défaut. Mais Felix était vraiment adorable avec elle. Il cherchait à lui faire la morale, et même si ce n'était pas toujours parfait, je trouvais qu'il s'en sortait à merveille pour dire qu'il venait tout juste d'endosser son rôle de papa. En tout cas, il était certain que cette solution était bien meilleure que la mise à pied pour nous. Carlie ne s'en rendait pas compte, mais la mise à pied était beaucoup plus grave qu'une semaine à nettoyer l'école. Certes, elle allait sûrement être l'objet de moqueries de ses camarades, mais au moins son inscription à l'école n'était pas remise en cause.
Felix se tourna vers moi après avoir jeté un œil à sa montre. « Tu travailles cet après-midi ? » J'avais plusieurs rendez-vous de pris pour cet après-midi en effet, mais je pouvais tout à fait appeler ma secrétaire pour les décommander et m'occuper de ma fille s'il le fallait. D'un autre côté, mes patients n'apprécieraient peut-être pas forcément ce changement de dernière minute, mais tant pis. « Oui, mais je peux annuler mes rendez-vous si c'est un problème et que tu ne peux pas la prendre avec toi. Mais c'est vrai que je préférerai qu'elle soit avec toi. » Carlie levait les yeux pour nous regarder l'un après l'autre, attendant impatiemment de savoir avec qui elle terminerait sa journée. Je préférai qu'elle passe l'après-midi avec son papa parce que l'hôpital n'était pas vraiment l'idéal pour elle. Enfin, je savais que si je lui demandais son avis, l'idéal serait à la maison, sur le canapé et devant la télé. Je pensais soudain au patron de Felix et à son sale caractère. Que dirait t-il en apprenant que sa fille venait l'assister pour une journée ? « Je pense que ton patron ne va pas trop apprécier si elle reste avec toi, si ? » Je grimaçai légèrement en le regardant. D'un autre côté, si elle se tenait bien, il n'y avait aucune raison pour qu'il s'énerve et devienne donc rouge écarlate. Je me tournai ensuite vers Carlie. « Tu vas sûrement rester avec papa ma puce, l'hôpital c'est pas drôle pour toi. » Elle avait déjà plusieurs fois fait l'expérience de venir me tenir compagnie à l'hôpital quand je n'avais pas d'autre choix, et ce n'était pas la joie pour un enfant.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Sam 6 Juil - 19:59
« Mais non, ne t'inquiète pas. Et puis de toute manière, tu t'en fiches des autres Carlie. Et crois-moi, c'est bien mieux ça que la mise à pied. » Je regardais mon père, en prenant un air choqué. Il avait faux sur toute la ligne. Je ne me fichais absolument pas des autres, de ce qu'ils pourraient bien penser de moi en me voyant faire le ménage pendant une semaine. Leurs regards, ils étaient vraiment importants pour moi. Et c'est pour cette raison que je veillais toujours à être parfaite, aussi bien à l'école qu'à la danse, ou encore lorsque je sortais avec mes parents ou des amis. J'étais sûre de ne pas pouvoir supporter leurs moqueries pendant une semaine, j'allai en prendre pour mon grade, ça s'était sûr. C'est pour cette raison que j'aurais préféré avoir une mise à pied. Au moins je n'aurais pas eu à subit tout ça. Et puis j'aurais pu aller à la danse toute la journée, pendant des heures. Ça, ça aurait été vraiment cool. Bien évidemment mes parents n'était pas du même avis, il n'avait pas l'air de comprendre tout ça. Ils n'avaient jamais été enfants, ou quoi ? Pour moi, il était clair que cette punition n'était pas mieux qu'une mise à pied, oh que non ! « Mouais.. » Je soupirais longuement et bruyamment en croisant mes bras contre ma poitrine.
Mes parents changèrent enfin de sujet. Ce n'était pas trop tôt selon moi. C'est vrai que ça ne servait à rien que je retourne en cours à cette heure-ci. Mais dans ce cas il fallait absolument que l'un d'entre eux me prenne avec lui. Ils n'avaient pas le choix, puisque personne ne pouvait me garder à cette heure-ci, surtout sans avoir été prévenu avant. « Tu travailles cet après-midi ? » dit papa en se tournant vers maman. Je restais silencieuse, me demandant déjà avec qui j'allai passer le reste de la journée. « Oui, mais je peux annuler mes rendez-vous si c'est un problème et que tu ne peux pas la prendre avec toi. Mais c'est vrai que je préférerai qu'elle soit avec toi. » Je les regardais l'un après l'autre, attendant patiemment qu'ils prennent une décision. Si j'avais à choisir, je préférerais partir avec mon père. Parce que l’hôpital n'était pas vraiment mon lieu favoris. Bien au contraire même. Une seule goutte de sang me donnait des nausées. Alors voir des gens malades tout le reste de la journée, très peu pour moi. Parfois il m'arrivais de me demander comme ma mère faisait pour supporter ça, jour après jour. C'est pour cette raison que je préférais aller avec papa, son boulot était tellement mon dégoûtant, et tellement plus intéressant selon moi. « Je pense que ton patron ne va pas trop apprécier si elle reste avec toi, si ? » Je tournais la tête vers mon père ne grimaçant. Pourquoi le patron en question n'apprécierait-il pas ma présence ? Après tout je savais être très sage et polie, alors il ne devrait pas y avoir de réel problème, si ? « Mais.. Je vais être sage, alors il ne va rien dire. » dis-je en regardant mes parents l'un après l'autre. Décidément je ne comprenais pas pourquoi cela pouvait être un problème. Je n'allai pas sauter partout en hurlant, ce n'était pas mon genre, surtout devant des personne que je ne connaissais même pas. « Tu vas sûrement rester avec papa ma puce, l'hôpital c'est pas drôle pour toi. » Je hochais la tête de haut en bas. Je n'étais plus en colère, mon comportement avait totalement changé par rapport à quelques minutes au par avant. Mais j'étais ravie que cet événement malencontreux soit enfin terminé. Maman avait raison, l'hôpital ne serait pas drôle du tout pour moi. Pas du tout. Je me tournais alors vers mon père en faisant des yeux de chien battu. Je savais qu'en faisant ça il me cédait toujours tout. « S'il te plaît papa, je veux venir avec toi. J'aime pas l'hôpital.. Il y a pleins de gens malade et tristes. Et il y a plein de sang. Je serai sage, promis ! » J'avais déjà passé du temps à l'hôpital, le soir quand maman n'avait pas trouvé quelqu'un pour me garder. Et je crois que ça avait été les pires heures de ma vie. Je n'avais pas envie d'y retourner de si tôt.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Dim 7 Juil - 21:08
Carlie semblait peu convaincue. En même temps, je l'étais très peu moi aussi. Je savais très bien que son image lui importait beaucoup et qu'elle avait besoin du regard des autres pour savoir si elle avait atteint son objectif ou non. Finalement, j'avais longtemps été comme elle... jusqu'à ce que je rencontre mon patron et que je comprenne qu'il me fallait passer au-dessus de ses remarques désagréables si je ne voulais pas perdre mon travail, et surtout si je voulais préserver ma santé et donc ne pas m'énerver pour cela. D'ailleurs, le principal sujet n'était plus la bêtise de Carlie avec cette fameuse Maddie, mais ce que nous allions faire d'elle pendant l'après-midi. Pas d'école, pas de baby-sitter, pas de grands-parents car il était beaucoup trop tard pour les prévenir. Il ne restait plus que nous.
« Je pense que ton patron ne va pas trop apprécier si elle reste avec toi, si ? » « Mais.. Je vais être sage, alors il ne va rien dire. » Je souris doucement en regardant Carlie. Mais au fond, si je l'emmenai avec moi, comme cela allait sûrement se passe, j'espérai que mon patron ne soit pas trop expressif, en tout cas pas comme il l'est habituellement. Il n'allait pas non plus me traumatiser ma Carlie ! Elle finit par me faire sa petite tête de chien battu. Elle savait très bien que je ne résistai pas à cette tête, même s'il était clair qu'elle devrait finir l'après-midi avec moi. Après tout, c'est vrai que l'hôpital n'était pas forcément le meilleur endroit pour un enfant. Moi qui n'avais pas peur du sang, je n'appréciais pas non plus de me retrouver dans un hôpital, même si je n'étais pas le malade.
« Oui ça va, je te prends avec moi. Mais comme maman a dit, mon patron ne risque pas trop d'apprécier, alors il faudra vraiment que tu ne fasses aucune bêtise et que tu sois calme. Ah et tu es ma nièce ! »
Je lui adressai un petit clin d'œil complice. Comme je l'avais clairement dit à Neela, je me fichai un peu de ce que pouvait penser mon patron. Mais j'avais quand même préféré la faire passer pour ma nièce pour éviter qu'il ne s'acharne sur elle si elle s'éloignait un peu. En tout cas, j'avais bien l'intention de garder un œil sur elle pendant toute l'après-midi. Il était beaucoup trop susceptible et énervant, tout simplement, pour que je laisse Carlie vagabonder dans les bureaux au risque de le croiser. Il serait capable de passer ses nerfs sur elle, et là je crois bien que je ne pourrais pas retenir mon énervement, que j'essayai de camoufler le reste du temps pour apparaître comme le parfait petit employé qui ne bronche jamais.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Mer 10 Juil - 12:57
« Mais.. Je vais être sage, alors il ne va rien dire. » Les yeux de chien battu de Carlie me faisaient sourire. Même en l'ayant élevée durant dix ans, j'y cédais encore, et j'y céderai certainement toujours, parce qu'elle était tout simplement adorable. Et ce n'était sûrement pas Felix qui allait y résister, il était bien trop heureux d'avoir une fille pour lui refuser quoi que ce soit. Évidemment qu'elle serait sage, de toute façon elle n'avait pas le choix. Si elle ne l'était pas, elle savait qu'elle retournerait avec moi à l'hôpital, et qu'en prime, Felix n'irait pas la voir danser le week-end prochain. Cette semaine le comportement de Carlie devait être irréprochable, elle le savait. Aucune fausse note ne serait acceptée, alors je lui faisais entièrement confiance.
« Oui ça va, je te prends avec moi. Mais comme maman a dit, mon patron ne risque pas trop d'apprécier, alors il faudra vraiment que tu ne fasses aucune bêtise et que tu sois calme. Ah et tu es ma nièce ! » Je souriais à Carlie, un sourire bienveillant parce que je savais qu'elle se comporterait bien. Je la connaissais, elle était suffisamment intelligente pour savoir qu'elle avait tout intérêt à le faire au risque de décevoir son papa. Et décevoir son papa, ça, c'était bien la dernière chose qu'elle voulait depuis qu'elle l'avait retrouvé. Mais mon sourire s'estompa bien vite en entendant la dernière remarque de Felix, après qu'il ai jeté un regard complice à Carlie. « … Quoi ? Ta nièce ? Mais pourquoi ? » Moi, je lui lançai un regard interrogateur en fronçant les sourcils. Je ne comprenais pas trop pourquoi il voulait s'embêter à lui faire croire à ce scénario. Quelque part, ça me faisait un peu mal de l'entendre dire ça, je ne voulais pas que les autres croient qu'elle était une simple nièce pour lui. Carlie était sa fille, et son patron finirait bien par être au courant tôt ou tard, alors pourquoi lui mentir ? A ce que je sache, ce n'est pas un crime d'avoir un enfant, à moins que Felix ai honte d'être papa, ce qui m'étonnerait fortement. Au contraire, je l'imaginai plutôt si excité à cette idée qu'il le crierait haut et fort partout, afin que tout le monde soit au courant. Je jetai un petit regard à ma fille, qui paraissait un peu déçue que son papa veuille la faire passer pour sa nièce, puis reportai mon regard sur Felix. « Tu es sûr que c'est une bonne idée ? Ton patron ne veut pas que tu aies une fille ? » Beaucoup de questions se bousculaient dans ma tête. Il ne pourrait pas la cacher éternellement, et si ce patron refusait que ses salariés aient des enfants, alors il n'allait pas rester à son poste encore très longtemps. Et puis, Felix avait déjà fait comme si il n'avait pas d'enfant pendant dix ans alors que c'était le cas, c'était normal, il ne le savait pas... mais maintenant qu'il le savait, qu'il avait retrouvé sa fille, pourquoi continuer d'ignorer ce lien alors qu'il le rendait si fier et heureux ? Je me disais que Felix devait se faire des films, si son patron était exécrable, il ne pouvait pas être allergique aux enfants de ses salariés à ce point.
Dans tous les cas, notre fille terminerait donc sa journée au journal, et elle en était ravie. Bien plus que si elle serait venue avec moi. Bien que je travaillais dans le service le moins triste de l'hôpital parce qu'il y naissait des tas de bébés, Carlie savait qu'elle n'aurait pas le droit de bouger de la salle d'attente. Pour elle, ce serait un défilé d'infirmières, de médecins, de patients … Rien de bien intéressant pour une petite fille de dix ans. A mourir d'ennui même. Les bébés, elle les entendait, mais cela s'arrêtait là, je ne pouvais pas me permettre de faire entrer d'autres personnes dans les salles de naissance, du moins personne d'autre mise-à-part le papa, les sage-femmes et les médecins. Alors, je comprenais tout à fait qu'elle préfère accompagner son papa à son travail. D'abord parce que c'était la première fois qu'elle observerait le travail d'un journaliste, et ensuite parce que c'était une occupation bien plus intéressante que de rester assise de longues heures dans une salle sans aucune autre activité que de la lecture pour femmes enceintes.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Jeu 11 Juil - 23:12
C'était étrange de devoir louper les cours de l'après-midi. Mais j'étais on ne peut plus heureuse de rater des maths et de l'histoire, deux matières que je n'appréciais pas trop. Je n'avais jamais rien compris à la première, et je ne m'étais jamais intéressée à la seconde. De toute façon je ne pouvais pas retourner en classe à cette heure-ci, et ainsi interrompre toute la classe. J'étais donc ravie de devoir aller avec l'un de mes parents à son travail. Cependant je préférais largement partir avec mon père, pour la bonne et simple raison que je ne m'imaginais en aucun cas attendre dans la salle d'attente de l'hôpital comme je l'avais déjà fait une ou deux fois lorsque maman n'avait trouvé personne pour me garder certains soirs. Je détestais l'hôpital, vraiment ! Je voulais donc aller avec papa, parce que je n'avais jamais été avec lui au travail. Je savais qu'il était journaliste, et je trouvais ça vraiment cool. Et pourtant il n'y avait pas beaucoup de métiers qui m'intéressaient. Quand j'y réfléchissais, j'avais du mal à m'imaginer autre chose que danseuse quand je serai grande. Je ne savais même pas ce que je pourrai devenir si je ne réalisais pas mon rêve. Quoi qu'il en soit, mes parent parurent se mettre d'accord sur le fait que j'allai passer le reste de l'après-midi avec papa, à son bureau. Apparemment son patron ne serait pas très d'accord, mais j'allai être sage, de toute façon je n'avais pas vraiment le choix si je voulais que mes parents viennent à ma compétition. « Oui ça va, je te prends avec moi. Mais comme maman a dit, mon patron ne risque pas trop d'apprécier, alors il faudra vraiment que tu ne fasses aucune bêtise et que tu sois calme. Ah et tu es ma nièce ! » Je souriais grandement, heureuse que papa accepte de m'emmener, jusqu'à ce que j'entende la dernière phrase. Là mon sourire s'effaça presque instantanément. Et alors que mon père me faisait un clin d'oeil complice, moi je baissais le regard. J'étais déçus. Déçue que mon papa ne veuille pas avouer à son patron que j'étais sa fille. Avait-il honte de moi ? Pourquoi voulait-il me cacher, mentir à son entourage ? Je ne comprenais pas. J'étais d’habitude une fillette très confiante, voir même fière de moi-même. Mais là je perdais soudainement tout ça, juste à cause d'une phrase. Parce que non, je ne me fichais pas de ce que les gens disent de moi, le regard des autres avait toujours eu une grande importance pour moi, et plus principalement celui de mes parents. Et là, le fait que mon père ne veuille pas me présenter en tant que sa fille me faisait mal. Trop mal. Maman, qui décidément me connaissait trop bien, parut elle aussi surprise, peinée. « … Quoi ? Ta nièce ? Mais pourquoi ? » Je regardais le sol pour tenter de dissimuler ma tristesse. Moi aussi je voulais savoir pourquoi je devais jouer le rôle de la nièce de mon père. Je devais jouer le rôle de ma cousine, un peu étrange non ? Avant qu'il est le temps de répondre à la question de maman, je relevais la tête pour le regarder, dans les yeux. « Tu as honte de moi, c'est ça ? C'est pour cela que tu ne veux pas que les gens sachent que je suis ta fille ? » Là, il allait devoir s'expliquer, il n'avait pas le choix. J'étais soudainement de nouveau en colère, et triste. Décidément cette journée était lourde en émotions. Entre la joie de retrouver mes amis ce matin, l'amusement à la vue de la veste de Maddie, la colère lorsqu'on s'était battues, la peur lorsque le proviseur avait appelé mes parents, puis la colère et la tristesse maintenant, j'étais servie. « Tu es sûr que c'est une bonne idée ? Ton patron ne veut pas que tu aies une fille ? » Si c'était le cas, je ne comprenais pas son patron. Qu'avait-il de mal dans le fait d'avoir des enfants ? Beaucoup d'adultes était ravie et totalement épanouies quand ils en avaient, comme Ella par exemple. D'un autre côté, Lleyton était tellement adorable, alors je comprenais tout à fait mon ex-nounou. En tout cas, j'allai aller avec mon père, que ça lui plaise ou non, que ça plaise à son patron ou non.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Ven 12 Juil - 13:46
« … Quoi ? Ta nièce ? Mais pourquoi ? » « Tu as honte de moi, c'est ça ? C'est pour cela que tu ne veux pas que les gens sachent que je suis ta fille ? » Zut, je venais de la blesser... Et tout d'un coup, je m'en voulais. Je me sentais horriblement nul. Pour me rassurer, j'essayai intérieurement de mettre ça sur le compte des maladresses de jeune papa pas encore assez habitué à parler aux enfants, et surtout à parler à sa fille. Si je venais de passer le cap de la première “dispute”, j'avais encore beaucoup de mal à trouver les mots justes pour lui prouver que je l'aimais et que je voulais la protéger. Et avec du recul, ma méthode pour la protéger des excès caractériels de mon patron n'était sûrement pas la bonne. Je posai mon regard sur Carlie, espérant pouvoir me rattraper et qu'elle ne croit pas des choses totalement fausses.
« Quoi ? Mais non pas du tout, c'est tout le contraire ma puce ! »
« Tu es sûr que c'est une bonne idée ? Ton patron ne veut pas que tu aies une fille ? » Il y eut un petit moment de flottement durant lequel je ne dis rien. Je réfléchissais. Neela avait raison après tout. Bien qu'il m'exaspérait profondément et que je ne le supportai pas, j'avais tout de même tendance à me taire face à ses agressions. Déjà pour ne pas perdre ma place, et ensuite car je savais très bien que si j'étais lancé, j'étais capable de m'énerver assez rapidement s'il me cherchait. C'était en partie pour cela que personne n'était au courant de l'existence de Carlie au journal, à part deux ou trois plus proches collègues. Au départ, je voulais éviter des agressions supplémentaires en rapport à l'âge que j'avais lorsque Carlie est née. Mais maintenant c'était surtout pour elle. Je ne voulais pas qu'elle soit son bouc-émissaire le temps d'une après-midi et le voir heureux d'avoir un deuxième Moorgate à énerver. Mais ramener Carlie et avouer son existence serait finalement un moyen de lui tenir tête, et surtout de lui prouver que j'étais fier d'elle et fier de l'avoir. Je me rendis finalement compte que ma réflexion durait depuis plusieurs secondes déjà et je tournai mon regard une fois sur Neela, une fois sur Carlie.
« T'as raison, je m'en fiche de ce qu'il pense en fait. Donc oui c'est une bonne idée. C'est juste pour qu'il ne s'énerve pas sur elle, c'est vraiment un massacre cet homme là niveau amabilité ! Tu viens avec moi, et tu restes comme tu es. Enfin tu restes pas trop loin quand même... »
Je souris à Carlie en l'attirant vers moi pour la serrer contre moi. Au travail, ils étaient les seuls à ne pas savoir qu'elle existait, alors ce serait le moment ou jamais pour leur présenter.
Sujet: Re: L'éducation nous apprend les règles de la vie, l'expérience nous apprend les exceptions ▪ Carlie & Felix Sam 13 Juil - 16:20
« Tu as honte de moi, c'est ça ? C'est pour cela que tu ne veux pas que les gens sachent que je suis ta fille ? » Je regardais ma fille en pensant qu'elle avait des raisons de penser cela, après ce que son papa venait de dire. Pourtant, je savais bien que ce n'était pas ça du tout pour Felix, j'étais juste peinée qu'il y ai eu ce malentendu, et que l'idée qu'il ai honte d'elle lui soit donc venue en tête. « Quoi ? Mais non pas du tout, c'est tout le contraire ma puce ! » Je lui souris, soulagée et rassurée qu'il démente tout ça. Le visage de Carlie s'illumina. Comment pouvait-on avoir honte d'elle ? Carlie était notre fille et elle nous rendait fiers. Extrêmement fiers. A son âge, elle était déjà très intelligente, avait déjà atteint un niveau impressionnant de danse, et même si elle allait à l'école à reculons, elle n'était pas non plus le cancre de sa classe. Personnellement, depuis qu'elle était venue au monde, c'était que du bonheur. Certes, j'étais passée par des moments difficiles, mais elle, elle n'avait rien demandé à personne. Elle était là, et bien qu'elle n'ai pas été prévue, elle était et resterait mon petit trésor, ma grande fierté. Bref, avoir Carlie était la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie, et le retour de Felix avait été la cerise sur le gâteau. Mon bonheur s'était décuplé aujourd'hui puisque j'avais les deux amours de ma vie avec moi. Jamais je n'aurais pensé que notre famille se reconsolide ainsi, et pourtant c'était le cas. Alors, pourquoi en avoir honte ? Au contraire, je criais sur tous les toits d'Arrowsic que j'avais retrouvé l'homme de ma vie, la quasi totalité des habitants étaient au courant que nous formions désormais une jolie petite famille. D'ailleurs, je ne laisserai rien ni personne la détruire. Elle était ma raison d'être, et maintenant que nous étions ensemble tous les trois, je ne me voyais absolument pas continuer ma vie sans elle, ou avec un autre homme que Felix. Je préférai largement mourir que de la perdre...
Je le vis réfléchir quelques secondes, et me demandait intérieurement ce qu'il comptait faire. Je ne lui en aurais pas voulu de faire passer sa fille pour sa nièce face à son patron, celui-ci étant tellement borné, mais j'aurais juste trouvé ça dommage. Dommage d'avoir déjà raté les dix premières années de vie de sa fille et de ne pas en profiter aujourd'hui alors qu'il l'avait enfin retrouvée, tout ça pour un abruti de patron. Felix s'adressa finalement à Carlie, qui attendait tout comme moi la solution finale. « T'as raison, je m'en fiche de ce qu'il pense en fait. Donc oui c'est une bonne idée. C'est juste pour qu'il ne s'énerve pas sur elle, c'est vraiment un massacre cet homme là niveau amabilité ! Tu viens avec moi, et tu restes comme tu es. Enfin tu restes pas trop loin quand même... » Et cette déclaration se ponctua d'un câlin père-fille, qui arrangea tout et qui avait l'air de mettre du baume au cœur de ma Carlie. Je comprenais maintenant mieux pourquoi Felix avait voulu opter pour cette alternative, mais son patron n'aurait aucune raison de s'énerver sur elle si elle se tenait bien, et il n'allait quand même pas cacher son rôle de papa juste pour ne pas agacer monsieur le grand patron ! De toute façon, qu'elle soit sa fille ou sa nièce, si Carlie avait un mauvais comportement, courait et criait partout, je pense qu'il s'énerverait tout autant. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire en les voyant se serrer dans les bras, ravie que Felix ai fait disparaître cette petite tension passagère. S'il faisait encore quelques erreurs avec sa fille, il savait très bien se rattraper, et prouver à Carlie qu'elle comptait énormément pour lui.
Soudain, je jetai un œil à ma montre qui affichait déjà treize heures trente. Malheureusement, il était l'heure pour moi de les quitter. « Oh, je dois vous laisser, j'ai un rendez-vous à quatorze heures. » Je pinçai les lèvres en les regardant, les coupant un peu dans leur petit moment câlin privilégié. « On se voit ce soir ? » Je leur souris, puis m'approchai de Carlie pour déposer un baiser sur sa joue et la prendre dans mes bras. « Tu me promets d'être sage toi ? » lui demandai-je finalement avec un sourire en coin tout en pointant mon doigt sur son nez. Je préférai le lui rappeler avant de partir, et lui rafraîchir la mémoire sur ce qui l'attendait si elle nous décevait encore une fois. Je tenais vraiment à aller la voir danser avec Felix et Ella le week-end prochain. « Tu fais attention papa il s'endort des fois au travail … Moi pour qu'il se réveille je lui met quelque chose dans le nez, ça marche à tous les coups. » Je lui tendis un sourire complice, prête à rire, repensant à la fois où il m'avait raconté qu'il s'était endormi sur son article, mais également à celle où je lui avais gratté la narine avec un brin d'herbe et où il avait cru s'être fait attaqué par une araignée. Avant de partir de mon côté, j'embrassai une dernière fois Felix en lui glissant un petit « Je t'aime » à l'oreille. Il s'était vraiment bien débrouillé pour dire que c'était son premier règlement de compte avec sa fille, et je quittai le couloir en leur accordant un dernier petit sourire accompagné d'un signe de la main.