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 retrouvailles.

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MessageSujet: retrouvailles.    retrouvailles.  EmptyVen 23 Aoû - 0:23



La boule de feu qui n'avait cessé d'illuminer cette vaste étendue empyrée d'un bleu clair s'amenuisait de seconde en seconde. Elle colorait les fins cirrus d'une couleur orangée limpide. Marlon ne s'attarda que peu de temps sur la beauté effervescente de la nature. Il regarda au loin, mesurant le point de perspective où le bleu transcendant du ciel devenait le rouge des tuiles d'une maison. Il se rappelait de ces battisses aux stucs architecturaux incroyablement bien dessinés, dans sa ville natale. Il était loin le temps où il courait dans les rues et ruelles de Séville. La chaleur n'était qu'un fin soleil largement supportable. La diversité n'était pas autant marquée, car les arbres se ressemblaient. Ils créaient les mêmes fruits et les offriraient éternellement aux mêmes personnes. Mais Arrowsic l'avait agréablement surpris. Ses voisins étaient de bons vivants qui l'avaient plusieurs fois invités à de copieux repas qu'il n'avait pu refuser. Ils avaient discuté de leurs vies respectives. Il recevait toujours leurs sourires chaleureux et leurs salutations. Marlon avait également fait de belles connaissances et avait découvert de magnifiques endroits. Il avait participé à des fêtes purement américaines. C'était ici qu'il avait réussi à retrouver son équilibre.

Il n'avait pas de temps à gaspiller en flânant d'un côté à l'autre de son appartement, se perdant ainsi dans des pensées emmêlées. Le gestionnaire de l'entreprise principale, Johnson, lui avait téléphoné pour le prévenir. Il devait finir le compte rendu sur les semaines qui s'étaient écoulées, afin de pouvoir présenter lui-même un dossier correct aux investisseurs lors de sa prochaine visite. Il n'avait plus que deux jours pour terminer, fignoler et peaufiner les derniers détails. Il ne lui restait que quelques pages. Mais il ne pouvait se permettre de faire la moindre erreur, car elle aurait des conséquences énormes sur le futur de la chaîne d'entreprises Valdez. Il quitta la pleine vue qu'il avait de la fenêtre de la pièce pour venir s'attabler à son bureau. Il était impossible de voir le bois poli du meuble, camouflé par des dossiers et de la paperasse. Il se replongea dans son travail, levant de temps en temps la tête pour observer le mur, là où trônaient quelques feuilles. Il réfléchissait. Il écrivait, barrait, surlignait, encadrait.
Il fit une boule de papier et la jeta dans la corbeille où des boulettes similaires s'y entassaient. Marlon planchait sur ce compte rendu depuis plus d'une heure. Ses neurones fulminaient. Il en avait tout simplement marre. Et comme si une présence divine l'avait entendu, quelqu'un sonna à la porte. Il était 20h31. Qui cela pouvait-il bien être ? Il ne tenta pas d'imaginer qu'elle était la présence mystérieuse derrière sa porte d'entrée. Il laissa le soin au mystère de le lui dévoiler. Il s'avança d'un pas las, observant son salon sous la lumière fébrile qui l'éclairait. Il l'ouvrit et ce fut comme un choc. Son corps se paralysa. Ses prunelles d'ébène s'assombrirent. Il n'afficha qu'une moue placide sur son visage. Teddy. L'adolescente avait toujours eu le don de le surprendre. Que faisait-elle ici ? Que voulait-elle ? Qu'était-elle venue chercher ? Un tas de question se mit à lui tarauder l'esprit au point qu'il crut imploser. Ça faisait des semaines qu'il n'avait pas eu de nouvelles d'elle et elle se pointait comme ça à son appartement.

Son visage était marqué par une douceur naturelle. Ses yeux se dessinaient en amande. Leur couleur céladon s'amenuisant vers ses prunelles lui donnait la vague impression de voir un cercle brun se former instantanément. Il disparaissait à chaque fois. Ça lui donnait un regard envoûtant, dans lequel il s'était perdu plusieurs fois. Il lui avait semblé voir un ouragan se mouver dans ces derniers. Mais cette violence disparaissait sous ses sourires, alors que ses fossettes lui révélaient une candeur exquise. Sa longue chevelure mordorée était une crinière indomptable qu'elle travaillait parfois en une jolie tresse. Ses souvenirs de la jeune femme se résumaient à ce trop peu de détails. Il se demandait si quelque chose avait changé, ce qu'il s'était passé durant tout ce temps. Elle n'avait jamais répondu à ses messages. Il avait alors cessé de lui en envoyer, jugeant ce simple geste trop futile. Maintenant, Marlon attendait. Le temps s'écoulait. S'il avait l'impression d'être entré dans un univers parallèle, il savait que ce n'était pas le cas. Il avait du travail. Qu'est-ce que tu fais ici ? Se concéda-t-il à lui demander.
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MessageSujet: Re: retrouvailles.    retrouvailles.  EmptyVen 23 Aoû - 10:46

✤ ✤ ✤

- will you still love me
when i'm no longer young and beautiful -

---------------✤---------------

À quoi s'attendait-elle ? Une grande fête en son honneur ? Des pleurs ? Des débordements de joie ? Non. Elle ne s'attendait à rien. Plus maintenant. Chaque fois qu'elle s'était attendu à quelque chose de la part de la vie, ou simplement des gens, elle avait été déçue. Blessée. Elle n'avait plus la force d'être malheureuse. Elle n'avait plus la force d'être blessée. D'être baladée d'un point à l'autre, d'une émotion à l'autre. Sa vie s'était résumé aux montagnes russes. Aujourd'hui, elle tentait de la résumé à un électrocardiogramme. Rien n'était jamais droit. Rien n'était jamais continu. Elle avait des hauts et des bas mais cela n'était en rien ressemblant à sa vie d'avant. Non. Tout était différent. C'est ce qu'elle voulait. C'est pourquoi elle était partie comme une voleuse, sans prévenir. Qu'est-ce qu'elle avait pu être heureuse. Elle avait été un électron libre pendant des mois, allant là où elle voulait, se souciant que d'elle-même. Les paysages qu'elle avait vus restait graver dans sa mémoire. Ils étaient des souvenirs. Des souvenirs qu'elle avait mis sur papier, sur toile, sur sable. Dessinant où bon lui semblait, elle n'avait cessé de laisser son esprit vagabonder lorsqu'il lui était permis. Certes, les gens qu'elle aimait lui manquait terriblement mais elle ne pouvait s'empêcher de penser ; je suis heureuse. Car elle l'était. Elle l'était vraiment. Vivant librement, elle flânait dans les rues des grandes villes, Paris avait été de loin sa préférée. Si grande et si représentative du monde actuel. Les disparités étaient clairement voyantes. On pouvait passer du riche au pauvre en une rue. C'était à la fois affolant et génial. On passait de l'inculte au cultivé. C'était magique. On y découvrait tellement de choses. Des passages cachés, des maisons où deux amants s'étaient secrètement aimés, des anciens lieux de tortures. Paris avait quelque chose de magique, d'effrayant et d'inquiétant. Sa beauté envoûtait, ses différences frappaient, sa violence tuait. Dans un certain sens, elle y retrouvait son pays. Après tout, les Etats-Unis étaient magiques. Emplis de promesses fausses, d'un mélange étonnant et d'une violence dévastatrice. Ici, à Paris, on ne pouvait pas obtenir d'armes en un claquement de doigt comme en Amérique. Ici, à Paris, il y avait un système de sécurité sociale. Ici, à Paris, on ne promet pas aux hommes qu'ils deviendront tous PDG. Tout était à la fois différent et semblable. Soupirant, la jeune femme se releva de son perchoir. Il était bien tôt. Ou peut-être pas. Elle perdait la notion du temps. Elle se fichait du temps.

Ayant passé la journée dehors, loin de la ville, la jeune femme se décida à rentrer en ville. Elle avait marché toute la journée mais pour venir dans ce coin, elle avait pris la voiture. Elle était à quatre heures d'Arrowsic. Il était temps de rentrer. Quitter ce paysage qu'elle aimait tant. Cet endroit qui était secret. Qui était sien. Elle y venait pour réfléchir, se reposer, dessiner, se laisser aller. Dans sa chambre, on pouvait clairement voir une vingtaine de cahier remplis de dessins. Elle ne cessait de dessiner. De lire. D'écrire. De jouer. De chanter. Elle ne cessait de flâner dans l'art. Elle y tombait un peu plus chaque jour. Elle avait vu certains de ses proches mais il en restait qu'elle n'avait toujours pas vu. Elle comptait y remédier. Pas à pas. Elle ne voulait pas y aller trop vite, il fallait qu'elle reprenne ses marques. Elle monta alors dans la voiture et se mis en route pour la ville. Sur le chemin, elle réfléchissait. Son regard se posa sur son téléphone. Il avait été inactif depuis qu'elle était partie. Et là encore, elle ne l'avait toujours pas rallumé. Peut-être avait-elle reçu des appels, des messages. Peut-être que non. Elle ne savait pas. Elle hésitait à regarder. Devait-elle vraiment le faire ? Ou avait-elle le choix de l'ignorer ? Peut-être. Peut-être pas. Chaque messages lui martèlerait le cœur, chaque appels manqués lui enverrait un électrochoc. Pourrait-elle supporter de voir qu'on a désespérément essayé de la joindre ? Aucune idée. Le temps passait vite. Il lui restait une dizaine de minutes avant d'être dans la ville. Alors, Teddy s'arrêta sur le bord de la route et resta figée pendant quelques minutes. Soupirant, elle pris son portable et appuya sur le bouton qui le ralluma. Au bout de dix minutes, il était allumé. Il n'y avait rien. En fait, si. Son téléphone se mit à vibrer. Continuellement. Petits à petits le nombre d'appels manqués, de messages, s'affichaient. Cela pris une dizaine de minutes au téléphone de tout affiché. C'était à ce point là, alors. Le nombre d'appels manqués dépassaient la barre des cent, tout comme les messages. Le nombre de messages vocaux était égal au nombre d'appels manqués. Elle n'avait pas le cœur de les écouter. Alors, elle regarda ses sms. Ils s'affichaient par nom. Beaucoup de gens avaient tentés de la contacter. Mattia, Jona, sa mère, Louis, sa sœur, son père, même Ella. Mais une personne retint son intention. Une personne qui n'aurait pas du être là. Marlon. C'était-il inquiété ? Elle ne comprenait rien à cet homme. On pouvait résumer leur relation à : suis moi je te fuis, fuis moi je te suis. C'était aussi simple que ça. Pourtant, ils avaient des moments tendres, si on peut appeler ça ainsi. Fronçant les sourcils, elle cliqua sur son nom et lu chaque message qu'il lui avait laissé.

Face à son appartement, Teddy resta bloquée. Elle n'y avait pas mis les pieds depuis tellement longtemps. Elle regarda autour d'elle puis entra. Elle s'y faufila discrètement, sa respiration s'accélérant à chaque fois qu'elle se rapprochait de son appartement. Elle ne savait pas comment il allait réagir. Elle se retrouva devant la porte. Elle hésita. Elle se retourna pour partir mais revint à sa position initiale. Prenant une grande inspiration, elle toqua à la porte. Affichant un petit sourire, elle patienta. Jusqu'au moment où il ouvrit la porte. Son corps fut paralysé. Incapable de sortir un mot, elle l'observait en silence. Ses yeux parcoururent chaque parcelles de son corps. Puis, elle plongea son regard dans le sien. Est-ce qu'il lui en voulait ? Il semblait tellement étonné de la voir ici. Évidemment, elle ne lui avait pas donné de nouvelles depuis plusieurs mois. Il prit alors la parole, la sortant de sa stupeur. « Qu'est-ce que tu fais ici ? » Elle le regarda et entra alors dans l'appartement sans rien dire. Un rapide coup d’œil et elle vit qu'il avait du travail. Elle se posa sur le fauteuil. « Toi aussi tu m'as manqué et je suis aussi contente de te voir, Marlon. » Elle prononça son prénom à l'espagnole. Un sourire aux lèvres. Elle regarda une fois de plus son appartement. Peu de choses avaient changées. Alors, elle se leva et se dirigea vers son bureau. Elle caressa délicatement le meuble, s'attardant sur chaque document posé dessus. « Je suis désolée. » Fut tout ce qu'elle trouva à dire. Teddy releva son visage vers lui et le regarda dans les yeux. Oui. Il lui avait manqué.
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MessageSujet: Re: retrouvailles.    retrouvailles.  EmptyVen 23 Aoû - 12:46



Il avait été meurtri. Son cœur avait saigné en abondance durant quelques mois. Il n'avait pas eu assez de larmes pour pleurer celle dont il s'était épris. Marlon avait subi la fusillade comme une mise à l'épreuve, comme un test qui lui avait démontré le danger de leur relation. Il avait eu l'impression que quelqu'un l'amputait de l'un de ses membres. Ça lui avait fait terriblement mal. Une partie de son âme l'avait simplement quitté et s'en était allée. Celesta avait laissé une place vide dans son cœur. Elle avait ouvert une profonde blessure qui s'était pansée avec le temps. Il en gardait une cicatrice fraîchement formée. Marlon avait refoulé tous ces souvenirs malsains. Mais la disparition de Teddy avait ravivé ces quelques sensations qui lui avaient été familières. Il s'était longtemps demandé s'il serait capable d'aimer à nouveau. Etait-ce seulement possible de vouer une intensité et une passion si fortes qu'il s'arrêterait de respirer instantanément à chaque fois qu'il la verrait ? En arrivant en ville, Marlon avait pris le temps escompté pour se reconstruire. Il s'était tout simplement ancré dans une routine banale et avait dessiné son chemin. Il s'était forgé une carapace pour protéger ses sentiments et ne plus les laisser errer librement. En quelque sorte, Marlon s'était reconstruit pour avancer.

Les iris céladon de Marlon semblèrent virer au gris tempétueux. Ses pupilles s'assombrissaient de seconde en seconde. Une mince lueur leur permettait d'éclairer chaudement ce regard brisé. Il était passé de la surprise à la colère. Il avait senti un brin de tristesse qu'il avait balayé par une incompréhension. Que foutait-elle ici ? Il s'était demandé ce qu'il avait pu faire de malencontreux à son égard. Des questionnements et quelques réflexions l'avaient poussé à mettre ses sentiments à nu. Il ne pouvait pas nier ressentir quelque chose de particulier pour Teddy. L'Espagnol n'arrivait pas à poser un qualificatif précis sur leur relation. Elle était tumultueuse et compliquée. L'adolescente ne saisissait pas les subtilités de leur lien. Le constat de cette mince attirance les plongeait dans une descente aux Enfers. La symbiose de leurs deux états était légitime. Ils se rythmaient de baisers et de distances. Ils décimaient un quelconque rapprochement lorsqu'ils se prenaient au jeu. La rudesse de la jolie brune lui arrachait des sourires anodins. Il avait toujours su ce qu'elle désirait. Elle se consumait d'une passion ardente et il la faisait inlassablement languir pour plusieurs raisons. Il lui avait souvent expliqué que son travail lui imposait d'être irréprochable. Il n'avait pas forcément toujours le temps de se consacrer à elle, ou que partiellement. Son travail n'était qu'une énorme contrainte à ses relations. - Ce qui lui rappela aussitôt qu'il avait un compte rendu à finir.

Elle entra dans son appartement, alors qu'il referma la porte dans un calme olympien. Elle s'était assise sur le fauteuil. Marlon lui donnait le temps de la réflexion, du choix des mots qu'elle allait utiliser. Il attendait patiemment. La brusquerie n'avait jamais été un choix correct selon lui. « Toi aussi tu m'as manqué et je suis aussi contente de te voir, Marlon. » Il dénota la consonance espagnole dans la prononciation de son prénom, mais resta de marbre face au tintement sarcastique qui résonnait encore de sa remarque. Une esquisse peinte sur son visage de porcelaine, Teddy se rendit dans son bureau. Il la suivit et se posa contre l'encadrement de la porte, croisant les bras. Il ne savait pas sur quel pied danser. Elle laissa couler ses doigts sur les nombreuses feuilles tapissant le bureau. Persuadé qu'elle ne devait pas comprendre quoi que ce soit, la laissa faire. « Je suis désolée. » Elle planta son regard dans le sien, feignant toute la sincérité de ses propos. Marlon, empli d'une dureté qui lui avait valu les semaines d'inquiétude à son égard, ne s'adoucit pas. Il se pinça les lèvres pour éviter de rétorquer une remarque irréfléchie ou de laisser jaillir un flot de question. « J'ai du travail. » Il retourna s'attabler à son bureau et laissa ses pensées vagabonder dans son esprit. Certaines heurtèrent son crâne avec une violence inouïe. Il ne lui avait pas demandé de partir, de s'en aller, de dégager. Tout simplement parce qu'il n'avait plus ressenti sa présence durant de nombreuses semaines. Il pouvait s'en imprégner de nouveau, avant qu'elle ne disparaisse encore une fois.
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