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| Sujet: As time flies, let friendship stay - Stella Lun 24 Juin - 15:46 | |
| Stairway to Heaven - Led Zeppelin | |
Depuis que j'étais partie de la Sicile, j'avais perdu la plupart de mes souvenirs, de mes amis d'enfance. Exceptée une personne : Stella. Nous avions pourtant traîné très peu ensemble : la demoiselle n'était venue ici uniquement pour quelques semaines, le temps de ses vacances. L'avantage quand tu es gosse, c'est que tu te fais facilement des amis, surtout à la plage, quand tu vas voir quelqu'un pour lui demander s'il veut jouer avec toi. Cette insouciance me manque parfois, la vie était bien plus simple, bordel. Alors j'avais passé deux semaines de ce long été à jouer près de la Méditerranée, à ne faire plus qu'une avec Stella. Son départ a été très violent pour moi, je n'arrivais pas à m'en remettre et j'avais passé le reste du mois d'août à chialer et à lui écrire des lettres pleines de fautes d'orthographe et de couleurs. Pourtant, je devais être habituée à l'abandon... Mais elle ne m'a pas réellement abandonnée, puisque pendant ces dix années nous n'avons cessé de correspondre, en notant à quel point nous avions changé.
C'est donc une semaine auparavant que j'ai reçu un mail de Stella m'annonçant son arrivée à Arrowsic. J'ai d'abord cru à une blague, même si cela ne lui ressemblait pas, mais quand elle m'a demandé de l'aide pour emménager, j'ai compris que c'en n'était pas une. Etant donné que je n'avais rien de prévu ce jour-là, ayant pour une fois une pause entre les études et les petits boulots, j'ai bien entendu accepté tout en me demandant comment seraient les retrouvailles. Ça allait être sûrement bizarre, surtout que je ne suis plus aussi sociable qu'avant, peut-être même plus du tout, qui plus est en public, dans cette ville où les rumeurs vont vite. Je n'aime pas qu'ils me croient gentille, fragile. Je me veux inatteignable. Mais je devais l'aider, d'une part parce qu'elle ne connaissait personne d'autre ici, d'autre part parce que je la considérais comme la sœur que l'on avait oubliée de me donner.
Je me levai donc ce matin-là avec un mélange d'impatience et d'appréhension. Nous avions beau correspondre depuis belle lurette, rien ne vaut un lien in real life, bien plus sincère. Mais si elle n'était plus celle que je connaissais ? Ou pire, et si je la décevais ? Connaissant la raison de son arrivée ici, j'espérais pouvoir être un soutien sur lequel elle pourrait se reposer s'il le fallait. Mais je n'ai jamais été un soutien pour qui que ce soit, et je n'ai jamais prétendu en nécessiter un. Comment fonctionne le soutien ? Je suis une fille franche, je n'arriverai sûrement pas à dire les mots qu'il faut pour réconforter quelqu'un, à éprouver de la compassion.
Je sortis de l'appart de ma mère, avec le papier où j'avais écrit la nouvelle adresse de Stella à la main. Je crois qu'une vieille habitait là-bas avant, mais elle a dû claquer ou partir en maison de retraite. J'aimerais pas crever ici, ça doit être affreux. J'arrivais donc devant l'imposant et vieil immeuble en pierre, plus stressée que jamais. J'observais l'interphone, et plus particulièrement une jolie étiquette qui semblait toute neuve comparée aux autres, où était écrit "Stella Van Almeida". C'était une jolie écriture féminine, bien plus élégante que la mienne. Je me raclai la gorge avant de sonner à l'interphone. |
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