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 Pour connaître la vie d'une personne, une valise c'est un peu comme des DVD. En mieux bien sûr... ♂ Ethan

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Pour connaître la vie d'une personne, une valise c'est un peu comme des DVD. En mieux bien sûr... ♂ Ethan Empty
MessageSujet: Pour connaître la vie d'une personne, une valise c'est un peu comme des DVD. En mieux bien sûr... ♂ Ethan   Pour connaître la vie d'une personne, une valise c'est un peu comme des DVD. En mieux bien sûr... ♂ Ethan EmptyDim 23 Juin - 13:10


« Ethan »


(+) And they could float above the grass in circles if they tried. A latent power I know they hide, to keep some hope alive, that a girl like I'm, could ever try. Could ever try... So we just skirt the hallway sides. A phantom and a fly. Follow the lines and wonder why there's no connection...


Sutton avait ouvert les yeux bien avant que son réveil ne sonne ce matin. Elle était à la fois stressée et impatiente de ce qui s'annonçait. Elle allait le rencontrer. Après tout ce temps passé à décortiquer sa valise en long, en large et en travers, elle allait enfin le voir lui, le propriétaire. Et c'était loin d'être une mince affaire pour elle. Cela faisait des semaines qu'elle se l'imaginait, qu'elle concevait leur rencontre, qu'elle se représentait leurs conversations, leurs fous rires... Et si tout était différent. Elle appréhendait cette entrevue. Il avait peut être bien soixante dix-huit ans aussi. Tout un tas de questions et d'inquiétudes à ce sujet, si bien qu'elle avait eu du mal à s'endormir après qu'il l'ait appelé la veille. Oui, après des semaines dans un silence le plus total, son téléphone avait enfin sonné. Rendez vous à onze heures au café de la ville, voilà ce qui en était ressorti.
De plus, étant samedi, elle ne bossait pas ce jour là. Donc autant d'heures à tourner dans l'appartement à se triturer les cheveux, les ongles et tout ce qui lui tombait sous la main. Ces quelques heures comptèrent parmi les plus longues de sa vie, elle était trop enthousiaste pour pouvoir s'occuper correctement. L'absence du colocataire y jouait beaucoup, lui il aurait pu l'occuper en un tour de main. Il savait y faire, mais il avait quitté la ville désormais, il fallait qu'elle s'y fasse.

Enfin, l'unique horloge de l'appartement sonna dix heures et demi. C'était le moment. Elle inspira un grand coup et, les yeux brillants, elle commença à rassembler ses affaires. Le café n'était pas loin de l'appartement, étant donné que tous deux se trouvaient en centre ville et qu'Arrowsic était grand comme un trou de souris. Mais elle avait bien trop tourné en rond dans son salon, il fallait qu'elle sorte. Même si c'était pour se poser dehors une vingtaine de minutes, peu importait, il lui fallait prendre l'air. Sutton posa un petit gilet sur ses épaules et, descendant rapidement les escaliers de l'immeuble, elle se roula une cigarette qu'elle alluma à peine le pied posé à l'extérieur.
Dans sa hâte, elle n'avait même pas pensé à prendre la valise. Pourtant, ce serait la première chose qu'il lui réclamerait, à coup sûr. Il venait pour cela. Sutton, elle, n'y allait pas vraiment pour la même raison. L'homme voulait son dû, elle désirait le connaître. Elle s'était tellement imaginé à son propos qu'elle avait hâte de le découvrir. Ressemblait-il à ce qu'elle pensait ou aucunement? Seul le temps le lui dirait. Mais lui accorderait-il seulement ce temps tant désiré? Rien n'était moins sûr.
De toute façon, Sutton avait l'esprit bien trop occupé pour penser à tout cela. Elle se dirigeait vers le café d'un pas décidé et impatient. Fumant sa clope, elle regardait droit devant elle, les yeux rêveurs. Sûrement que si son cousin serait passé à ses côtés, elle ne l'aurait même pas remarqué. Arrivée à bon port, elle hésita quelques instants à rentrer tout de suite ou à attendre un peu au dehors. Elle avait une bonne dizaine de minutes d'avance, et arriver trop tôt aurait pu la faire passer pour une malade. Oh et puis zut, elle écrasa son mégot et entra dans le café. Elle fit le tour des têtes présentes, mais il n'y avait personne assis seul à une table. Très bien. Elle commanda un cappuccino et prit place dans le fond de la salle. Ainsi, elle regardait les gens entrer et sortir. Il n'y avait pas grand monde, mais elle avait l'intime conviction qu'elle le reconnaîtrait, bien qu'elle ne savait absolument pas à quoi il ressemblait.

Les gens entraient et sortaient du café sous les yeux inquiets de Sutton. Viendrait-il? Et s'il venait, que lui dirait-il? Elle s'imaginait encore des scénarios plus farfelus les uns que les autres dans sa tête. En sirotant son cappuccino, elle pensait enfin que tout ça n'était pas une si bonne idée que ça. Elle aurait mieux fait d'aller à la poste avec la valise et de la renvoyer directement, sans un mot de plus. Mais elle avait fait la bêtise de l'ouvrir... Elle n'aurait jamais du être curieuse à ce point là.
Son regard finit par se poser sur un homme assis près de la porte. Il scrutait l'entrée comme si sa vie en dépendait. Elle fut instantanément attirée par lui, par sa pose impatiente et à la vue de son envie de sortir de l'établissement. Peut être était-ce lui? Sue se leva, café en main et s'approcha de lui. « Excusez-moi, vous attendez quelqu'un ? » elle l'avait interrompu dans ses pensées par une petite voix gênée. Elle prit à peine le temps de lui sourire avant de continuer. « Vous êtes Ethan ? » se risqua-t-elle. Il lui avait reprécisé son nom la veille au téléphone, mais la vérité c'était qu'elle n'en avait pas besoin. Elle avait tellement tourné et retourné la valise qu'elle en connaissait tout le contenu sur le bout des doigts, et le nom du propriétaire ne lui était pas passé à côté. Elle affichait un petit sourire gêné. Elle avait à la fois envie et non qu'il lui réponde qu'il était bien l'homme qu'elle attendait. Parce qu'il semblait gentil, et puis qu'il n'était pas désagréable à regarder ; mais si c'était le cas, la confrontation tant attendue et tant rêvée se ferait enfin. Anxieuse, elle commença à jouer avec ses cheveux. Si il était bien le propriétaire de cette valise, qu'allait-il se passer maintenant ?...
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Pour connaître la vie d'une personne, une valise c'est un peu comme des DVD. En mieux bien sûr... ♂ Ethan Empty
MessageSujet: Re: Pour connaître la vie d'une personne, une valise c'est un peu comme des DVD. En mieux bien sûr... ♂ Ethan   Pour connaître la vie d'une personne, une valise c'est un peu comme des DVD. En mieux bien sûr... ♂ Ethan EmptyDim 23 Juin - 20:10

« Il est des êtres dont le destin est de se croiser. Où qu’ils soient. Où qu’ils aillent. Un jour ils se rencontrent. »
 
Croyez-vous au destin ? Ethan Maxwell, somnolant encore en travers de son lit, y croit dur comme fer. Superstitieux, il fuit les chats noirs, attend toujours d’être dehors et déjà trempé pour ouvrir son parapluie, prend le plus grand soin à éviter l’échafaudage qui masque la vitrine du boulanger au coin de la rue et se ferait sans doute tatouer un fer à cheval sur le torse s’il ne craignait pas tant les aiguilles !  Pour lui, point de hasard, seulement des coups du sort. Tout est écrit, gravé au-dessus de nos têtes, et nos choix ne font que repousser l’inévitable, le pire comme le meilleur. Alors, forcément, lorsqu’Ethan égard sa valise dans l’aéroport, il garde le sourire et voit un signe de la providence là où d’autres ne perçoivent rien de plus que la preuve irréfutable de l’incompétence des compagnies low cost. Depuis cette fâcheuse aventure et l’arrivée dans sa boîte aux lettres de cette enveloppe remplie de clichés d’une jeune femme arborant ses effets personnels, l’imagination d’Ethan tournait à plein régime… La faute à son côté rêveur et romantique, sans doute ! S’il eût été fait de papier et non de chair, nul doute que notre jeune ami eût été un sympathique – bien que maladroit – héros de Flaubert ou de Balzac.
 
Parlant de maladresse… Un mauvais geste un peu trop brusque dans son sommeil précipita Ethan au bas de son lit, à plat ventre sur le parquet glacé. Non sans un grognement de protestation, il se hissa douloureusement sur un coude et prit alors conscience de l’ampleur du bordel qui régnait dans la chambre. Le manuscrit du livre inachevé de sa femme sur lequel il avait travaillé toute la nuit était désormais éparpillé partout sur le sol où un courant d’air l’avait sans doute propulsé. Long soupir tandis qu’Ethan s’employait tant bien que mal à remettre les feuillets en ordre. La veille, après qu’il ait appelé la jeune femme qui détenait sa valise – Sutton, lui avait-elle dit s’appeler –il lui avait fallu s’occuper l’esprit. Depuis la mort de sa femme, c’était chaque fois la même chose, comme si le fantôme d’Abigail revenait le hanter sitôt qu’il s’abandonnait à une rêverie romantique d’adolescent. Voilà pourquoi sa vie sentimentale était si désertique. Chaque fois, la même culpabilité refaisait surface – après tout, elle est morte par ma faute -, la même souffrance aussi – bon dieu qu’elle me manque – un verre, puis deux, puis trois… Et le trou noir. Jusqu’au lendemain matin, quand il se réveillait avec une terrible gueule de bois. Alors non, il n’y avait rien à espérer de ce rendez-vous. Récupérer la valise, c’était tout.
 
La maison était étonnamment silencieuse. Amy était chez ses grands-parents maternels pour le week-end. Un petit-déjeuner et une douche plus tard, Ethan resserrait le nœud de sa cravate, glissait dans une pochette le manuscrit dont il ne se séparait jamais ces jours-ci, un stylo dans la poche intérieure de sa veste ; il était fin prêt. Un dernier coup d’œil dans le miroir. Bien qu’il fût encore jeune et séduisant, Ethan était de l’ancienne école – déformation professionnelle sans doute ! – adepte  des cravates et des vestons en toute occasion ou presque ; un look un peu rétro qu’il portait bien, cela dit, et assumait parfaitement. Original, maladroit, mais ne manquant jamais de charme. Une quinzaine de minutes plus tard, et après un petit détour chez le fleuriste, il se trouvait devant le fameux café à l’heure dite, partagé entre excitation et appréhension.
 
Comme s’il s’apprêtait à accomplir la tâche la plus difficile de toute son existence, il prit une grande inspiration, poussa la porte vitrée… et se précipita vers la table la plus proche pour se cacher derrière la carte des boissons, grimaçant tandis que résonnait encore la cloche destinée à informer le patron des allers et venues. Lorsque son rythme cardiaque fut redevenu un tant soit peu normal, Ethan eut la présence d’esprit de constater qu’il disposait d’un avantage de taille sur cette fameuse Sutton : lui savait à quoi elle ressemblait, grâce aux photos. Avantage à double-tranchant cela dit : c’était à lui de faire le premier pas. Sentant toute forme de courage l’abandonner, notre jeune ami se surprit à penser qu’après tout, il n’y avait rien de bien important dans cette valise et qu’il était encore temps de fuir. Mais l’image du héros romanesque par excellence s’imposa à nouveau à son esprit et le poussa à rester. Il avait besoin de fumer. Il sortit une cigarette de la poche intérieure de sa veste avant que son regard ne se pose sur l’écriteau informant « l’aimable clientèle » de l’impossibilité de canaliser son stress de cette façon. Il resta ainsi quelques minutes, jouant nerveusement avec la clope éteinte avant de se décider à sortir un court instant.
 
Instant qu’elle choisit justement pour apparaître devant lui, aussi  rayonnante et pétillante que sur les photos – quoique passablement gênée.  Elle était belle. Cette pensée ne traversa que trop furtivement l’esprit d’Ethan et resta à jamais perdue dans son inconscient. Combien de temps resta-t-il ainsi, silencieux, maladroit ? Difficile à dire.
 
-Euh, oui, Ethan. Ethan Maxwell, parvint-il enfin à articuler en tendant une main amicale. Vous devez être Sutton ?
 
Sans réellement lui laisser l’occasion de répondre, il l’invita, d’un geste de la main, à s’asseoir face à lui. Puis, il lui tendit le bouquet d’orchidées tout en lui adressant un sourire sincère.
 
-Je vous prie de m’excuser de vous importuner ainsi ! A l’avenir, je songerai à inscrire mon adresse plus lisiblement sur mes bagages ! s’exclama-t-il maladroitement avant de plaisanter : Pardonnez ma maladresse, je suis un peu intimidé : ma valise vous aura tout révélé de moi mais pour ma part, je ne sais rien de vous !
 
Il avait cette façon de s’exprimer, un peu démodée, défaut bien souvent amplifié par sa nervosité. Il constata qu’il parlait vite et ne lui avait pas encore laissé le loisir de lui répondre. Il eut alors un sursaut et se frappa le front de la main.
 
-Mais j’y pense !  Je m'emporte... et vous n’êtes peut-être même pas Sutton. Auquel cas vous aurez tout de même gagné des fleurs ! Quant à moi, je verrai s’élever au nombre de deux les inconnues pour qui ma vie n’a plus aucun secret ! s’exclama-t-il avec humour.
 

Sa maladresse était pathétique mais aussi touchante, d’un certain côté. Réflexion faite, il était plutôt le anti-héros de cette histoire !
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