♣ A mistake is always forgivable, rarely excusable and always unacceptable.

Une autre soirée, encore une. J'avais dû subir encore une fois les plaintes de ma chère mère qui, n'approuvant pas du tout mes nombreuses sorties nocturnes, m'avait presque menacé en me voyant prendre mes clefs pour sortir, mais son instinct maternel avait dû encore prendre le dessus puisque, étant tout de même sorti, elle était restée à la maison pour prendre soin de ma fille à ma place. Ces temps-ci, rien de ce qu'elle pouvait dire ou faire ne semblait fonctionner, et tout ce que j'avais en tête, c'était d'aller profiter un peu de mon temps libre, ce que je fis une fois de plus. D'ailleurs, ce soir-là, ma sortie ne s'éternisa pas au bar où je m'étais rendu avec un ami, puisque bientôt, une jeune femme que je connaissais bien m'aborda sans pudeur. Ceci étant, il nous était bien vite rendu « impossible » de poursuivre la soirée dans ce lieu, et c'est chez elle qu'on se rendit bien vite, plus particulièrement dans sa chambre. Ici, l'alcool coulait à grands flots, et c'était peu dire de ce joint que l'on s'amusait à se passer entre quelques baisers torrides jusqu'à ce que les abus nous entraînent sous les draps.

La soirée défilait à toute allure, il était maintenant clair que la nuit était tombée à l'extérieur, et étonnement, voir cette jeune femme dormir à mes côtés ne me donnait pas tant envie de rester, pour ce soir. Effectivement, je devrais me lever sans doute tôt puisque, ma mère travaillant, ce serait moi qui devrais prendre la relève pour m'occuper d'Eanna durant ma journée de congé. C'est donc pour ces raisons que je me relevai en douce de ce lit qui n'était pas le mien, me rhabillai sans faire de bruit et quittai en trombe l'appartement, appelant un taxi afin de retourner chez moi. J'étais complètement dans les vapes, et une seule idée m'importait désormais, c'est-à-dire retrouver mon propre lit et dormir pour le peu de temps qui me restait sans doute. Tandis que je rentrais finalement par la porte d'entrée de la demeure de mes parents, la sonnerie de mon téléphone retentit et je n'attendis pas d'être dans ma chambre pour répondre, le faisant tandis que je montais l'escalier. Hey mec ! [...] Ouais, désolé pour tout ça hein, elle voulait absolument m'emmener chez elle tout de suite [...] Oh mais t'as pas idée hein, elle était incroyable ! Un vrai plan-cul je t'assure ! Je venais de tourner le coin de la porte de ma chambre, mais aussitôt, quelque chose d'inhabituel attira mon attention. Assise sur mon lit, une jeune femme ensommeillée se tenait là, semblant s'être réveillée depuis peu. Sans doute avait-elle dormi dans l'attente de mon retour et ne s'était pas aperçu du temps qui avait défilé, telle était la seule hypothèse que je pouvais en faire pour le moment. Mais, sans attendre, je terminai plutôt rapidement ma discussion téléphonique et adressai un sourire gêné à Jasmine qui, elle aussi, était restée silencieuse. Oh. Mina.. qu'est-ce que tu fais là ? Je sentais mon haleine alcoolisée tandis que je lui adressais la parole. Il ne faisait aucun doute que mon état d'ivresse était bien avancée, ceci étant visible entre autre par ma démarche poussivement chancelante ainsi que ma manière de parler qui n'était plus mienne, et aussi malheureusement par cette odeur de joint et de luxure qui me suivait maintenant. Enfin.. J'suis heureux de te voir. Va pas croire le contraire hein ! Et voilà que je divaguais, ne faisant plus tellement de sens. Dans tous les cas, je fis la seule chose qui me semblait intelligente à ce moment; me laisser tomber sur mon lit, à ses côtés, m'allongeant de tout mon long en essayant de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller ma fille qui devait sans doute dormir depuis un bon moment déjà, dans la pièce à côté.

Jasmine se réveilla en sursaut, on lui tapotait le bras en l'appelant tout bas. Elle ouvrit les yeux et vit Eanna, son ourson blottie contre elle, les yeux humides, qui la regardait avec un air triste que la jeune femme détestait voir sur son visage d'ange. La petite blonde sanglotait tout bas, Jasmine se releva et la blottie dans ses bras. Encore un cauchemar, la petite en faisant souvent, elle ne savait pas pourquoi et elle n'en parlait pas. Elle ne savait pas si Hakob était au courant... « C'est fini ma puce, il faut retourner te coucher il fait encore tout nuit dehors. » Eanna acquiesça doucement, Jasmine l'embrassa sur le front en la raccompagnant à sa chambre, la recouchant et restant près d'elle jusqu'à ce qu'elle se rendorme, ce qui arriva rapidement. Elle lui caressait doucement le front, parfois elle se sentait comme sa maman, s'occupant d'elle comme elle s'occuperait de sa propre fille. Jasmine tenait à elle comme à la prunelle de ses yeux. Toujours ensommeillée, la petite brune retourna à la chambre d'Hakob, où elle s'assit sur le lit pour l'attendre, se perdant dans ses pensées, dans le noir, en regardant par la fenêtre. Son quotidien ressemblait souvent à ça, en ce moment. La journée elle étudiait, où travaillait et le soir elle venait parfois garder Eanna, quand il fallait. Ou alors c'était madame O'Sullivan. Jasmine savait que c'était dur pour la mère d'Hakob, de retrouver un rôle de mère après toutes ces années, alors elle prenait la relève dés qu'elle le pouvait.

Elle ne sait pas combien de temps elle est restée là à attendre mais au bout d'un moment, elle vit un taxi s'arrêter devant la maison et déposer Hakob, qui paraissait saoul. Instantanément les larmes lui montèrent aux yeux, elle détestait le voir comme ça. Elle hésitait entre descendre l'accueillir et l'aider ou juste attendre là qu'il arrive. Il ne savait pas qu'elle était là. « (…) un vrai plan-cul je t'assure ! » Elle aurait préférée ne jamais entendre ça. Il était au téléphone, il raccrocha rapidement en la voyant, ne s'attendant certainement pas à la trouver là, assise sur son lit. « Oh. Mina.. qu'est-ce que tu fais là ? Enfin.. J'suis heureux de te voir. Va pas croire le contraire hein ! » Elle le regarda d'un air qu'elle essayait de garder neutre. Elle ne voulait pas montrer sa colère ni sa tristesse. Il vint s'allonger de tout son long près d'elle, elle tourna son regard à nouveau vers la fenêtre en lui demandant « J'ai gardé Eann'. Tu t'es bien amusé ? » Elle se pinça les lèvres, elle ne pouvait s'empêcher de le voir avec cette fille, peu importe à quoi elle ressemblait, ça lui faisait du mal et il n'en avait aucune idée. Elle remit une mèche de ses cheveux bouclés en place et enlaça ses jambes avec ses bras, se réchauffant. Elle portait un mini-short et un débardeur et s'était laissée surprendre par la fraîcheur de la nuit. Elle tourna discrètement son visage vers le jeune homme et l'analysa. Il semblait totalement défoncée par l'alcool et son haleine ainsi que ses vêtements empestaient le joint.

♣ A mistake is always forgivable, rarely excusable and always unacceptable.

Ces temps-ci, et ce depuis un bon moment déjà, tout ce que je pouvais faire le soir se rapportait souvent à ces activités illicites, d'autant plus que je n'avais même pas l'âge pour cela. Effectivement, rentrer dans un bar, pour moi, s'avérait illégal puisque je n'avais que vingt ans, mais pourtant j'y arrivais avec cette fausse carte et une bonne relation avec le videur. Ce soir-ci ne faisait donc pas exception à la règle, et une fois de plus j'en avais bien profité, mais il était temps de rentrer. Au fond, une part de moi était toujours intacte après la mort de Rosaleen, et je savais que c'était mon devoir de m'occuper de ma fille. Mais l'autre part gâchait cette idée bien souvent. Ainsi, lorsque je rentrai, je sus bien rapidement que j'avais abusé des bonnes choses, et ce juste par ma démarche tandis que j'essayais de monter l'escalier. Mais un fait certain, je n'aurais pas pensé que Jasmine soit présente, et ce même si c'était fréquent pour elle de venir chez moi. Allongé à ses côtés, je sentais que j'avais gaffé avec ma discussion téléphonique. Tout comme je gaffais bien souvent avec tout et rien. Jasmine et moi, c'était une relation bien compliquée. Enfin, pas en apparence, mais de mon côté, c'était beaucoup plus profond que cela. Mes sentiments pour elle se développaient jour après jour, et pourtant je continuais d'agir en idiot, ne m'avouant pas complètement ce que je pouvais ressentir pour elle... Et puis, nous étions meilleurs amis, je ne voulais pas gâcher tout ça pour des sentiments qui ne seraient pas réciproques... Bref. J'ai gardé Eann'. Tu t'es bien amusé ? Toujours allongé sur mon lit, je retournai le visage pour la regarder, mais remarquai bien vite qu'elle semblait distraite, observant un peu plus loin comme pour éviter mon regard. Étrange. Enfin, elle devait encore une fois m'en vouloir pour mon absence, bien sûr. Mais étonnement, je doutais aussi que les bribes de conversation qu'elle avait dus entendre ne lui faisait pas plaisir. J'ignorais cependant pourquoi, même si je pouvais toujours en remettre la cause sur l'utilisation des mots que j'en avais fait, parlant ainsi carrément de « plan-cul ». C'est donc pour cela que je préférai faire profil bas, soupirant simplement. Hum.. Ouais, merci. Me sentant toujours peu présent d'esprit, je finis par me relever du lit et sortit un petit paquet de la poche de mon pantalon. Un sachet d'herbe, plus précisément. Je ne parlais pas souvent de mes activités à Jasmine, sachant le regard réprobateur que je recevrais, mais je lui cachais surtout ma prise de drogue qui était plutôt récente. Et c'est ainsi que je pris soin de ne pas trop lui montrer, bien que ma couverture échoua lorsque j'ouvris le tiroir de ma table de nuit pour déposer le sachet à l'intérieur. À l'intérieur, se trouvait autre chose que de la simple herbe, mais plutôt certains comprimés... ainsi qu'une seringue. Je ne l'avais jamais pris encore, c'était tout juste si j'en avais oublié son existence, mais l'un de mes potes me l'avait vendue en tentant de me prouver tous ses bienfaits, et je n'avais pu résister... Dans tous les cas, je me dépêchai de tout refermer bien rapidement tout en faisant comme si de rien était. Mon seul réflexe fut d'adresser un grand sourire stupide à Jasmine, sautant sur le lit pour me reposer à ses côtés. Je ne pus même m'empêcher de la prendre tout contre moi, plaquant un gros baiser sur sa joue. Et sinon, quoi de nouveau ? Je t'ai manqué ? Ma voix n'était plus tellement mienne. J'étais clairement dans un autre monde, et tous mes efforts étaient bien vains, mais je n'avais plus la capacité de penser sérieusement.

Jasmine ressentait un sentiment étrange. Elle se sentait mal à l'aise, ce qui n'arrivait que très rarement en présence de Hakob. Mais cette nuit, elle se sentait mal. Elle pouvait sentir l'odeur de cette femme sur ses habits, sur son visage, elle pouvait l'imaginer, et cette pensée lui était de plus en plus insupportable de minutes en minutes. Alors elle regardait au loin, dans le vide, se cachant, cachant ses sentiments, son mal être. Elle allait se lever pour rentrer chez elle lorsqu'il se leva en premier, se dirigeant vers son armoire, où il cacha quelque chose. Jasmine fronça les sourcils. Même si elle savait très bien qu'il fumait autre chose que du tabac, Hakob n'avait pas été très discret sur ce coup-là. Elle vit le petit sachet d'herbe qu'il fourra rapidement dans son tiroir, avant de se tourner vers elle et lui sourire stupidement, comme si tout était passé inaperçu. « Et sinon, quoi de nouveau ? Je t'ai manqué ? » Puis il l'a prit dans ses bras et lui donna un gros baiser sur la joue, ce qui eu pour effet de la faire sourire légèrement. Elle resta un moment comme ça, silencieuse, ne sachant pas trop quoi répondre. Oui, il lui avait manqué. Énormément, terriblement. Mais elle ne pouvait pas lui dire ça. Est-ce qu'elle lui avait manqué à lui ? Non, et ses habits embaumer de parfum féminin ne disaient pas le contraire. Elle chuchota alors « Vite fait. » avant de rire doucement puis se détacher de ses bras, et le regarder plus sérieusement.

Elle se mit en tailleur face à lui, analysa son visage, ses pupilles dilatés, son teint pâle et fatigué. « Tu sais.. Je suis au courant. » Sous le regard interrogateur du blond, elle enchaîna rapidement « Pour l'herbe. Je sais que tu en fumes. Tu sens tellement que c'est difficile de ne pas comprendre, à vrai dire. » Elle ne voulait pas le disputer ou lui faire la morale, même si parfois elle aimerait bien, et elle voulait encore moins se disputer avec lui, surtout maintenant. Mais il devait comprendre qu'elle n'était pas née de la dernière pluie, et qu'elle était là pour l'aider. Il devait se reprendre, pour Eanna. Et pour moi, se disait-elle secrètement. Elle ne voulait pas le perdre, c'était sa plus grande peur, ça l'a terrifiait totalement. Imaginer sa vie sans lui était quelque chose d'inimaginable. Elle l'aimait trop. Elle pourrait lui donner sa vie. Hakob devait changer, sa fille comptait sur lui, sa fille n'avait pas de mère, et ce n'est pas Jasmine ou sa grand-mère qui la remplacerait. La jolie brune regarda son meilleur ami et finit par chuchoter « Eanna a besoin de son papa... » Et Jasmine a besoin de son meilleur ami, elles avaient besoin de lui, tellement besoin de lui. Elle avait envie de lui hurler d'ouvrir les yeux, elle avait envie d'hurler combien elle l'aimait, qu'elle était amoureuse de lui depuis des années déjà. Mais elle n'en fit rien, elle resta juste silencieuse.

♣ A mistake is always forgivable, rarely excusable and always unacceptable.

Je ressentais qu'il y avait quelque chose qui clochait. L'ambiance entre nous n'était pas la même, mais bien sûr je me doutais que mon état y était pour beaucoup. Ça n'était plus un secret pour moi; depuis que je sortais de plus en plus tard le soir, et surtout que Jasmine était au courant de cela, j'avais parfois droit à quelques remarques chez celle-ci, mais jamais je ne m'attardais là-dessus, préférant faire l'idiot plutôt que de me disputer, ce que je fis une fois de plus en sautant sur le lit, lui demandant si je lui avais au moins manqué. Si un rapide regard triste sembla traverser ses yeux, le sourire sur ses lèvres me rassura aussitôt. Vite fait. Hey ! fis-je semblant de me plaindre, la bousculant à peine, comme si j'étais vexé. Un sourire accroché sur mes propres lèvres, il ne tarda malheureusement pas à disparaître lorsque la jeune femme prit un air sérieux tandis que, se détachant de moi, elle se plaçait pour mieux me voir sur mon lit. Tu sais.. Je suis au courant. Surpris, je relevai la tête afin de bien la regarder, ne comprenant pas tellement où elle voulait en venir. Enfin, j'avais déjà quelques doutes, et bien rapidement, Jasmine me les confirma, touchant pour la première fois le sujet des drogues avec moi. Pour l'herbe. Je sais que tu en fumes. Tu sens tellement que c'est difficile de ne pas comprendre, à vrai dire. Ouais, je n'avais pas été si subtil à vrai dire. Mais à mon étonnement, je ne me sentais pas si mal à l'aise à l'idée qu'elle m'ait démasqué. Peut-être était-ce dû aux effets de l'herbe toujours actifs, mais j'avais tendance à dédramatiser la situation. Ce ne sont que des joints..., murmurai-je en soupirant. Bien sûr, je savais que ce n'était pas « que des joints », mais une part de moi, à cette heure si tardive de la nuit, n'arrivait plus à penser correctement, d'autant plus que je n'aimais pas qu'une personne si chère à mes yeux me reproche quelque chose. Eanna a besoin de son papa... Cette phrase murmurée, je l'entendis plutôt bien. Et cela venait me toucher directement. Car, oui, si j'avais tendance à me montrer plutôt distancé lorsque l'on me reprochait un fait, parler de ma fille avait tendance à atteindre un point sensible chez moi. Après tout, elle était la seule personne de ma si petite famille qu'il me restait, sa mère ayant quitté ce monde.. et même si j'avais pris l'habitude de la négliger ces derniers temps, elle n'en restait pas moins ma fille et je l'aimais tellement. Seulement, l'alcool parla pour moi, affectant visiblement mon état d'esprit. Mais ça ne fait rien... Ça peut pas me tuer. Bien sûr, ce n'était pas que des joints. Mais, visiblement, Jasmine n'avait rien vu de ce qui se trouvait dans ma table de nuit, et je ne voulais pas attirer son attention là-dessus. D'ailleurs, j'avais remarqué qu'elle avait tendance à se replier sur elle-même, comme pour se réchauffer, et c'est pour cette raison que je me relevai, prenant un pull chaud et grand pour le lui tendre. Tiens, tu me sembles congelée. Un regard vers mon téléphone me confirma qu'il se faisait très tard, pas étonnant après ma virée nocturne. Je vais prendre ma douche, Eanna va sans doute bientôt se réveiller.. Je n'avais pas envie que Jasmine quitte pour ce soir, et j'espérais que cette altercation, à laquelle j'avais mis « fin » plus ou moins rapidement, ne vienne tout gâcher. Mais, comme elle pouvait bien le remarquer, je n'étais plus tellement présent, si bien que je préférai rire comme si de rien était et, pour appuyer mes dires, retirai mon t-shirt sans rien dire, ainsi que mon jean qui suivit quelques secondes plus tard. Oui bon, ce n'était quand même pas la première fois qu'elle me voyait si peu vêtu, et je devais avouer que j'avais peut-être fait « exprès » de me pavaner de la sorte, mais j'attendis d'être dans la salle de bain qui connectait avec ma chambre pour retirer mon dernier vêtement. Je passai néanmoins la tête dans la mince ouverture de la porte que je créai. Tu quittes pas hein ! Lui adressant un sourire stupide à nouveau, je refermai la porte sans tarder afin de filer sous la douche, ou bien sûr cela me fit un grand bien de me rafraîchir, mais surtout de me débarrasser de ces différentes odeurs.

Hakob dédramatisait totalement la situation, il ne le faisait pas exprès, ou peut-être que si, Jasmine n'arrivait pas à savoir. Dans tous les cas, l'alcool lui faisait dire que ce n'était rien, que ce n'était « que quelques joints ». Jasmine savait qu'elle n'arriverait à rien ce soir, pas tant qu'il était dans cet état second. Alors elle se tut, et accepta avec plaisir le pull qu'il lui tendait pour qu'elle se réchauffe. Elle l'enfila en murmurant un merci, ne se doutant pas que quelques secondes plus tard, Hakob se retrouverait presque nue face à elle. Elle l'analysa discrètement, se pinçant les lèvres en se disant pour elle même qu'il était vraiment très séduisant. Elle toussota l'air de rien, se sentant rougir alors qu'il allait à la salle de bain, revenant quelques secondes plus tard. « Tu quittes pas hein ! » « Oui monsieur O'Sullivan. » fit elle avec un sourire sincère cette fois-ci, en se calant dans le lit. « Je t'attends là. » Il se réfugia dans la salle de bain, tandis qu'elle se couvrait, baillant doucement en partant dans ses pensées. Elle n'avait pas eu la force et surtout l'envie de le confronter à ses problèmes de drogues. Certes elle était concernée, mais elle ne savait pas que c'était beaucoup plus grave que « quelques joints », et elle n'était personne pour lui faire des remontrances. Elle n'était ni sa mère ni sa petite-amie, et ils avaient déjà fait tellement de bêtises ensemble qu'elle ne se voyait pas vraiment lui donner des leçons, pas pour si peu. C'est vrai que ce n'était que de l'herbe, ce n'était pas si méchant. Jasmine soupira en portant ses ongles à sa bouche. Elle essayait tellement de se persuader que ce n'était pas un mal. C'était limite stupide. Elle devait l'aider, elle était sa meilleure amie, elle se devait de l'aider. Lui l'aiderait si elle était dans le même cas.

Elle hocha la tête, ne sachant que faire, et soudainement l'idée d'aller le rejoindre sous la douche traversa son esprit, ce qui la fit rougir violemment. « T'es trop stupide Jasmine, oublie ça. » se dit-elle pour elle même. L'idée était pourtant très plaisante, quoiqu'il la prendrait très certainement pour une folle, ou ce genre de fille facile qu'elle n'était pas du tout. Depuis Rosaleen, le jeune homme n'avait jamais eu de vrais relations. Elle, depuis Nick, elle ne laissait plus tellement les hommes l'approcher. Elle en avait peur. Hakob était l'exception, Hakob était son protecteur, sa force comme sa faiblesse. Jasmine se sentait s'endormir, elle frotta ses yeux et se leva pour se dégourdir les jambes, elle ne voulait pas s'endormir avant qu'Hakob ne revienne. Elle fit les cents pas dans la chambre et s'arrêta face à l'armoire. « C'est pas bien ce que tu fais... » pensa t-elle en ferma les yeux et prenant une grande inspiration, regardant vers la salle de bain où elle entendait encore l'eau qui coulait. Elle détestait faire ça, mais c'était pour son bien. Si il ne voulait pas se débarrasser de l'herbe, elle le ferait. Elle ouvrit le tiroir sans bruit, et ses yeux s'écarquillèrent aussitôt de surprise et de colère, elle fouilla et en sortit les comprimés et la seringue qu'elle analysa sans bruit avant de tout laisser tomber à terre et sortir de la chambre rapidement. Les larmes lui montèrent aux yeux sans qu'elle ne puisse les contrôler, elle dévala les escaliers et sortit à l'air libre, s'éloignant de la maison de son meilleur ami rapidement, espérant qu'il ne la rattrape pas.

♣ A mistake is always forgivable, rarely excusable and always unacceptable.

L'eau froide s'écoulait désormais lentement sur moi et, profitant de ce moment de détente, j'essayais de ne plus penser à rien... mais même si mes pensées étaient quelque peu affectées par mon taux d’alcoolémie, je me sentais bien présent. Et, à ce moment, je savais que celle qui occupait mes pensées depuis longtemps déjà se trouvait tout près de moi... Mais je l'avais déçu. Et ça, bourré ou pas, j'arrivais à culpabiliser là-dessus, puisque je souhaitais toujours lui montrer le meilleur de moi-même, ne pas lui faire savoir toutes les idioties que je pouvais bien faire ces temps-ci... Et j'avais échoué. Lorsque je terminai la douche rapide qui permit de me remettre certaines idées en place, je n'avais qu'un but en tête; revenir à ma chambre et parler à Jasmine. Elle était ma meilleure amie, celle qui était si importante dans ma vie... Elle méritait de savoir ce que je traversais, et pour une fois, je me sentais capable d'en parler directement plutôt que de trouver refuge dans l'alcool ou la drogue. Mais quelle surprise j'eus lorsque je revins. Plus aucune trace de Jasmine. Mina ? Comme je m'y en attendais, elle ne répondit pas. Mais bien rapidement, je remarquai que quelque chose clochait. Et merde. Soupirant, il ne faisait aucun doute qu'elle avait découvert ma petite planque secrète de mon tiroir où j'avais placé plusieurs types de drogue, dans le but de m'en servir un jour ou l'autre. Je n'étais que très peu vêtu, mais j'enfilai rapidement un pantalon et attrapai un pull. À peine quelques secondes plus tard, je refermais déjà la porte de la maison et partais à la course afin de retrouver la jeune femme, espérant qu'elle ne se trouvait pas bien loin. Mais, heureusement, je la vis au bout de la rue.

Jasmine !! Reviens, je t'en prie ! Criant, je m'aperçus bien vite que c'était plutôt inutile; la rue était complètement déserte à cette heure de la nuit. Mais, si Jasmine avait très bien eu la chance de m'entendre, je compris qu'elle était bel et bien en colère, ou tout du moins qu'elle n'avait pas la tête à m'accorder la faveur de son retour. Elle continuait ainsi de marcher, et je parvins de peine et de misère à la rattraper, ma démarche étant toujours plus ou moins chancelante. Je posai une main sur son épaule dans une tentative désespérée. Écoute-moi.. Enfin, elle daigna me regarder, et ses larmes qui s'échappaient de ses yeux m'atteignirent directement, droit au coeur. Je n'avais jamais voulu la blesser... Je suis désolé... Et mon ton était sincère, ma voix se brisant sous les sentiments. Je n'étais pas seulement désolé de lui faire vivre cela, mais aussi de m'être mis dans un tel pétrin dont j'étais prisonnier désormais. Et puisque je savais qu'elle avait clairement vu le contenu de mon tiroir, je voulus mettre quelque chose au clair immédiatement. Je te le promets, je n'ai jamais touché à une seringue... C'était un achat stupide.., murmurai-je d'une voix honteuse. Oui bon, j'avais consommé quelques-uns de ces comprimés, ainsi que l'herbe, mais l'héroïne était une drogue beaucoup plus dure et dévastatrice... Alors il importait pour moi qu'elle sache que je n'avais pas osé encore. Et que j'avais besoin d'elle. Terriblement. Tout en baissant la tête, je tentai de dissimuler mes propres larmes que je m'efforçais de garder en place, ne voulant pas « me montrer faible » devant elle. Je me sens perdu, comme si tout s'écroule autour de moi... Je t'en prie, ne t'en va pas toi aussi.. Car s'il y avait bien quelque chose qui m'était indispensable, c'était la présence de Jasmine. Je ne pourrais survivre à une autre perte encore une fois. Même Eanna avait besoin d'elle. Elle qui avait perdu sa mère si jeune, je savais que Mina avait toujours occupé une place importante dans sa vie. Elle était la figure féminine qui lui manquait, une amie qui s'occupait d'elle lorsque j'étais trop stupide pour le faire. D'ailleurs, cette pensée ne me fit que plus mal.

Elle marchait vite, courait limite, histoire de s'éloigner le plus rapidement. Ses larmes commençaient à couler, elle sanglotait dans une gémissement, ne se retournant pas, ne pensant plus qu'à s'éloigner, partir, courir. Lorsque Jasmine l'entendit l'appeler, criant son prénom, la suppliant de revenir, elle accéléra encore le pas. Non. Pas maintenant, elle ne voulait pas lui parler, elle ne voulait pas le regarder. Elle avait mal, mal d'avoir découvert ça, mal qu'il lui ai mentit, mal qu'il souffre. Elle avait vraiment mal. La jolie brune ne pouvait pas le croire, elle ne pouvait pas croire ce qu'elle avait vu. Elle s'en voulait, elle lui en voulait. Sanglotant plus fort encore, elle sentit la main d'Hakob attraper malgré tout son épaule. Elle se retint de lui crier de la lâcher, mais les yeux plein de détresse du jeune homme la blessa en plein cœur. Silencieuse, elle l'écoutait juste, du moins elle l'entendait, ne saisissant pas tous ses mots, complétement perdue. « Écoute-moi.. Je suis désolé... Je te le promets, je n'ai jamais touché à une seringue... C'était un achat stupide.. Je me sens perdu, comme si tout s'écroule autour de moi... Je t'en prie, ne t'en va pas toi aussi.. » Elle le regardait plus intensément, essayant tant bien que mal de se concentrer sur ses paroles. Il était bouleversé, au bord des larmes. Elle ne l'avait plus vu ainsi depuis la mort de Rosaleen. Elle avait mal au cœur. Comme si on la poignardait. L'un des êtres les plus chers à son cœur souffrait, et ça la détruisait juste complétement. À cet instant précis, elle ne voulait plus fuir, elle ne voulait pas crier, ni pleurer, ni parler. Elle voulait l'embrasser. Juste poser ses lèvres sur les siennes et lui donner tout son amour et sa tendresse, lui montrer sa présence, lui promettre qu'elle serait là, pour toujours. Elle se contenta juste de murmurer « Mais ça me tue Hakob... Ça me tue de te voir souffrir et de ne pas savoir comment t'aider, ça me tue littéralement... Et je.. je.. » Je t'aime. C'était ce qu'elle voulait dire. Elle le voulait du plus profond de son cœur, elle voulait enfin l'avouer, lui avouer à lui, ses sentiments qu'elle refoulait et cachait depuis si longtemps. Mais elle détruirait tout. Elle le savait, jamais il ne l'aimerait comme elle l'aime, il pensait encore à Rosaleen, et puis Jasmine était sa meilleure amie, il l'aime comme une sœur, pas comme une petite-amie, pas comme elle. La petite brune pouvait souffrir encore des années, mais elle ne pouvait pas le perdre. C'était inconcevable. « Rien. Pardon. » Elle essuya doucement ses larmes et s'approcha d'Hakob pour le serrer fort dans ses bras, lui chuchotant que ça ira et qu'elle est là. Elle caressait sa nuque tendrement, le serrant aussi fort qu'elle pouvait, le réconfortant tendrement.

La jolie jeune femme ne pouvait pas lui en vouloir. Pas parce qu'il n'avait rien fait, c'était stupide ce comportement qu'il avait, mais juste parce qu'elle ne pouvait pas. Psychologiquement, elle était incapable de lui en vouloir. Lui en vouloir signifierait le disputer, s'éloigner de lui, et ça, pour rien au monde elle ne voulait que ça arrive. Elle avait besoin de lui, comme on a besoin d'air, de sang, d'eau pour vivre. Il était son oxygène. Ça lui faisait peur, ça l'effrayait mais c'était réellement ce qu'elle ressentait. La vérité c'est qu'il lui manque à la seconde où il regarde ailleurs, à la seconde où il s'éloigne, à la seconde où elle ne sent plus son parfum et la chaleur de son corps. « Ne touche jamais à ça je t'en prie... » Elle murmurait ces quelques mots à l'oreille de l'homme qu'elle aimait, tout bas, son souffle chaud frappant contre la peau claire du jeune homme. Elle ferma les yeux et le serra instantanément plus fort, comme pour le protéger de toutes ces merdes, de toute sa souffrance. Ils restèrent un long, un très long moment ainsi, elle le serrait fort, elle sentait aussi ses mains dans son dos, ils restaient dans le silence, comme si le silence parlait encore plus long que des mots. Jasmine l'embrassa doucement dans le cou, très tendrement, geste qu'elle n'avait auparavant jamais fait, et qu'elle regretta instantanément. Elle se détacha alors rapidement en s'éloignant vers la maison, donnant pour excuse qu'Eanna allait très certainement bientôt se réveiller. Effectivement, à l'horizon, l'aube pointait le bout de son nez, diffusant une légère lumière, chaleureuse et réconfortante. Eanna n'allait certainement pas se lever si tôt mais son geste légèrement déplacé envers Hakob la mettait mal à l'aise.

♣ A mistake is always forgivable, rarely excusable and always unacceptable.

En revenant à la maison ce soir, je n'aurais jamais cru qu'une soirée si habituelle pour moi aurait pu tourner vers un tout nouveau sens si rapidement. J'avais l'habitude de trouver Jasmine chez moi de temps à autre, sans même que je n'y sois. Elle venait s'occuper d'Eanna si souvent que je ne me surprenais plus de la trouver dans ma chambre. Mais ce soir, et ce même si j'adorais l'avoir à mes côtés, j'aurais préféré que tout ceci ne se produise pas... Si vivre ces moments difficiles me déchiraient complètement, comprendre que Jasmine connaissait maintenant le seul secret que je lui cachais me faisait encore plus mal encore. J'avais l'impression de la détruire, elle aussi, et j'avais honte qu'elle me voit ainsi. Et ses paroles me le confirmaient bien, ne m'apaisant pas du tout. Mais ça me tue Hakob... Ça me tue de te voir souffrir et de ne pas savoir comment t'aider, ça me tue littéralement... Et je.. je.. Elle hésitait à dire quelque chose, cela me paraissait tellement évident. Mais à mon étonnement, elle sembla se résigner, ou peut-être ne savait-elle tout simplement pas comment exprimer son idée, qui sait. Rien. Pardon. Cela m'intriguait, mais je ne la forçai pas. À la place, je profitai de son étreinte en silence, m'attachant à elle comme on peut s'attacher à une bouée de sauvetage. Elle était ce que j'avais de plus précieux, outre ma fille bien évidemment, et je regrettais tant de lui faire autant de mal. J'aurais tant voulu que tout soit plus évident, mais du moment que je l'avais, elle, je me sentais en sécurité. Ta présence me suffit amplement... murmurai-je ainsi sincèrement. Elle n'avait pas à tout faire pour moi, j'avais seulement besoin de l'avoir en chair et en os tout près de moi, savoir que je pouvais tout lui confier comme à notre habitude, et qu'elle ne me juge pas... Car si je savais que mes actions pouvaient être plutôt stupides ces temps-ci, j'avais surtout besoin d'une amie qui soit capable de tenter de comprendre au lieu de me juger en mal. Ne touche jamais à ça je t'en prie... Je ne pouvais rien lui promettre. Il était évident que je n'en avais pas fini encore avec mes idioties.. et j'espérais qu'elle comprenne que ce n'était pas si simple. Je sentais toujours ce grand vide dans mon coeur après tous les événements qui s'étaient produits depuis la mort de celle que j'avais aimé de tout mon coeur, et la drogue me semblait parfois être la seule issue.

Mais je n'eus pas le temps de parler que je sentis les lèvres de la brunette se déposer dans mon cou. Son geste si inhabituel me prit tout d'abord par surprise, mais je ne fis rien qui pouvait lui montrer que je ne m'y en attendais pas. Enfin, ce n'était pas seulement le geste qui m'avait surpris... mais je me questionnais surtout sur ce qui avait bien pu poussé la jeune femme à agir ainsi. Nous avions toujours été meilleurs amis... Et si je ressentais quelque chose pour elle depuis un bon moment déjà, je lui avais toujours caché. Autant par peur de tout gâcher entre nous que de « trahir » celle que j'avais tant aimé et qui était disparue désormais. Comme si cela aurait été une injure à sa mort et à notre passé. Ainsi, ce simple baiser dans mon cou eut bien un effet positif sur moi, appréciant la chaleur de son souffle contre moi.. mais tout cela fut malheureusement de courte durée. Semblant se rendre compte de son geste, Jasmine ne tarda pas à se retirer, visiblement gênée, afin de prétexter le réveil d'Eanna pour retourner vers la maison dont nous étions partis un peu plus tôt. Je restai d'abord silencieux, sur place, m'interrogeant sur la véritable nature de ses actions. Sa timidité, sa nervosité, son malaise... Elle me cachait quelque chose. Ou bien je me l'imaginais. Secouant la tête, je préférai ne pas m'attarder à cela pour le moment. Peut-être était-ce l'alcool qui me jouait des tours.. Oui, ça devait être ça. Je finis donc par me rapprocher de la jeune femme et, un léger sourire sur les lèvres, la suivis à l'intérieur de chez moi. Nous étions toujours sur le pas de la porte, se regardant sans rien dire. Sur le coup, je ressentais la grande tentation de l'embrasser comme je le souhaitais tant depuis si longtemps, mais je n'en fis rien. C'était sans doute plus sage ainsi, même si le baiser de Jasmine créait toujours un trouble en moi. Tu... Tu viens ? Allons dormir pour l'instant. murmurai-je finalement, d'un ton d'abord plus ou moins confiant. Enfin, ce n'était pas la première fois que nous dormions ensemble, il n'y avait rien là, non ? Quoiqu'il en soit, j'attendis que la jeune femme se décide, ne voulant pas la forcer, jusqu'à ce que l'on retourne à l'étage où je rangeai rapidement le fouillis que la brunette avait créé. Je ne pris pas la peine de me débarrasser de tout cela pour le moment. Tout simplement car je ne m'en sentais pas capable encore, bien que je voulais le faire un jour ou l'autre... Mais pas maintenant. Me rapprochant du lit qui trônait dans ma chambre, j'esquissai un mince sourire avant de retirer mon pantalon, me glissant sous les couvertures. Eanna allait sans doute se réveiller d'un moment à l'autre.. et j'étais complètement assommé par les événements de la soirée. Alors je regardai la jeune femme, attendant qu'elle vienne me rejoindre pour fermer ma lampe de chevet. Et, si pendant un instant, je restai sans bouger dans la pénombre de la chambre, je laissai mes sentiments agir pour moi, me permettant de me rapprocher de Jasmine, derrière elle, pour nicher ma tête dans sa nuque, plaçant doucement mon bras autour de sa taille. Ce qui n'avait rien de bien amical, je devais l'avouer.. mais je me sentais bien, et pour une fois, je préférais ne pas réfléchir avant d'agir... peu importe comment elle réagirait à ce nouveau rapprochement.

Jasmine se sentait terriblement stupide d'avoir embrassé Hakob. Ça n'avait rien de naturel pour eux, c'était la première fois qu'ils étaient aussi proche, et pas en tant qu'amis. Il y avait eu autre chose, durant ce court instant. Et Hakob n'avait rien contesté, ce qui chamboulait la jeune femme. Il aurait du la repousser, mais non, il l'avait juste laissé faire. Ils s'arrêtèrent sur le pas de la porte, Jasmine ne savait pas vraiment quoi faire. Rentrer chez elle et dormir ou rentrer dans cette maison et laisser faire le destin. Ils se regardèrent longuement jusqu'à ce que le jeune homme lui propose de rentrer pour aller se reposer. Elle se sentait tellement perdue qu'elle hésita longuement. D'habitude, elle aurait dit oui tout de suite, mais là, elle ne savait pas. Mais elle décida de laisser sa chance au destin. Elle acquiesça doucement et suivit en silence le jeune homme, le suivant dans les escaliers et jusque dans la chambre. Il rangea rapidement tout ce que Jasmine avait fait tombé, alors qu'elle le regardait faire, gênée, ne sachant ni quoi faire ni comment réagir face à la situation. Elle se triturait les doigts comme si ça pouvait lui faire comprendre comment agir, comme si le problème allait s'effacer. La jeune femme ne s'était jamais sentie aussi embarrassée et désarmée. Elle ne savait juste pas comment agir, elle ne savait pas. Elle avait peur de faire quelque chose de travers, elle voulait dire au jeune homme qu'elle allait dormir sur le canapé ou même avec Eanna, mais à son étonnement, Hakob ne dit pas un mot et se contenta de se glisser sous les draps, l'invitant du regard à venir le rejoindre.

Jasmine se mordit la lèvre, elle devait paraître vraiment stupide à agir ainsi, comme une adolescente, voire une petite fille. Elle était, à vrai dire, fortement intimidée, et même elle ne comprenait pas tellement pourquoi. Cela faisait des années qu'elle avait des sentiments amoureux pour Hakob, et tout jusqu'à maintenant, continuait normalement. Jusqu'à ce soir, jusqu'à cette nuit, où elle avait l'impression de recommencer tout à zéro, et où elle avait terriblement envie que ça devienne concret. Sans un mot, elle s'approcha du lit et s'assit puis se glissa sous les draps chauds. Elle adorait cette sensation de chaleur et de protection. Elle gardait une distance avec Hakob bien plus importante qu'au quotidien, mais il se rapprocha d'elle. Il se rapprocha beaucoup, à un tel point qu'elle pouvait sentir sa tête et son souffle chaud contre sa nuque, alors que son bras entourait la taille de la jeune femme et la serrait tout contre lui. Surprise, Jasmine ne réagit pas immédiatement, mais le sentiment de grand bien être qu'elle ressentit parla pour elle, alors qu'elle se serrait tout contre le torse du jeune homme, posant sa petite main sur la sienne, contre son ventre. À cet instant, elle ne savait pas ce qui se passait, ni ce qui allait se passer après, mais elle se sentait bien, et vivante. Elle ne voulait pas gâcher cet instant en parlant, elle n'osait même pas bouger et sa respiration était très lente. Comme si un rien pouvait venir gâcher ce fort moment. Elle était très fatiguée, mais pour rien au monde elle ne voulait s'endormir maintenant, elle voulait profiter, de Hakob, de sa chaleur, de ses mains sur elle, de cet instant qui lui paraissait si précieux et tellement irréel à la fois. « Je t'aime. » murmura-t-elle tout bas. Elle ne le regardait pas, mais elle n'avait pas besoin, son ton n'avait jamais été aussi sincère. Et ces mots qu'elle redoutait étaient sortis tout naturellement de sa bouche. C'était le moment où jamais. Elle l'avait fait, peut-être qu'elle le regretterait amèrement, mais elle l'avait dit, elle était dans ses bras, elle se sentait heureuse. Peu importe comment il réagirait, ils allaient être assez fort, soit pour rester amis, soit pour aller plus loin ensemble. Jasmine comprenait petit à petit qu'elle n'était pas la seule à ressentir ce sentiment. Lui aussi. Et lui aussi ça lui faisait peur.

♣ A mistake is always forgivable, rarely excusable and always unacceptable.

Jusqu'à ce soir, mes sentiments pour Jasmine m'étaient toujours apparus comme irréels, comme si je n'avais pas le droit de faire ça. Je savais, dès que j'étais près d'elle, à quel point je pouvais me sentir si bien, si vivant. Elle me donnait de la force à tous les jours, je savais que je pouvais compter sur elle et je l'avais moi-même tant aidé durant les dernières années. À bien y penser, il n'y avait rien d'étonnant que je sois tombé amoureux d'elle, notre relation était si intense, on s'entendait si bien et j'étais simplement rempli de bonheur chaque fois que j'étais avec elle. Seulement, la mort de Rosaleen avait créé un froid en moi au niveau de mes relations, et voilà deux ans maintenant que je m'interdisais d'en aimer une autre. Pour moi, c'était comme si je la trahissais. Je lui avais toujours juré fidélité, et si je couchais désormais à droite et à gauche, je ne pouvais consentir à avouer mes sentiments amoureux pour une autre qu'elle. Mais plus le temps passait, plus je réalisais que je devrais continuer ma vie un jour ou l'autre... et ne la garder que dans mes souvenirs, mais je doutais être prêt à le faire complètement. Seulement, ce soir, avoir Jasmine si près de moi, sous un nouvel angle, me laissait penser que je n'étais peut-être pas le seul à cacher quelque chose. Elle m'était semblé si proche, mais si distante à la fois, spécialement à la suite de ce simple baiser dans le creux de mon cou. Maintenant que nous étions dans mon lit, si près l'un de l'autre, j'essayais de me vider de toute pensée. Je ne voulais pas me triturer l'esprit avec trop de préoccupations. Simplement profiter de cet instant, contre elle. Mais, même si je m'efforçais de ne penser à rien, ce n'était pas très concluant; il était évident que mes sentiments pour la jeune femme ne cessaient de se développer et, pour cause, je n'arrivais pas à m'endormir, comme si je craignais de me réveiller et d'être déçu, et que tout cela ne soit qu'un rêve. Si bien que les mots murmurés de la jeune femme me semblèrent irréels au départ. Je t'aime. Après quelques secondes de silence, je compris que je ne rêvais pas. Et, sur le moment, je restai silencieux, ne sachant pas quoi lui répondre. Je l'aimais, c'était évident. Mais je m'étais tellement interdit depuis si longtemps de penser ainsi en sa présence... Néanmoins, j'étais toujours contre elle, et en la regardant, je compris que me voiler la face encore ne me servirait à rien. Nous souffrions sans doute tous les deux de ces sentiments. Ainsi, je pris soin de la faire se retourner légèrement vers moi pour pouvoir la regarder dans les yeux, et plaçant mon front contre le sien, un petit sourire se dessina sur mes lèvres. Je t'aime aussi... murmurai-je d'une voix douce et sincère. Et j'étais surtout heureux que ma bonne douche m'ait ramené à un état plus réveillé et moins affecté par l'alcool. J'avais ainsi toute ma tête, et ainsi c'est avec toute ma conscience que je me rapprochai un peu plus d'elle afin de venir déposer doucement mes lèvres contre les siennes. Ce fut d'abord un baiser lent, presque timide alors que ça nous était tant inhabituel, puis le naturel prit le dessus. Tendrement, je passai ma main contre sa nuque afin de la caresser, je voulais la toucher, la sentir contre moi, être certain que c'était réel. Et, lorsque nos lèvres se séparèrent, je me contentai de la regarder. Mais allons-y lentement, d'accord ? lui demandai-je sincèrement. C'était tellement important pour moi, tellement épeurant aussi... Je savais ne pas pouvoir arrêter si facilement mes conneries. Les filles, oui, mais sortir le soir, la drogue... Au cours des derniers mois, c'était tellement devenu une habitude pour moi que j'avais du mal à tout couper du jour au lendemain, et j'espérais qu'elle me comprenne simplement. Aussi, je ne voulais pas que l'on se précipite au risque de tout gâcher.. Cette situation était tellement inhabituelle, on devait prendre notre temps. Pour nous, pour Eanna... Alors, oui, j'étais effrayé, mais j'espérais que nos sentiments envers l'autre allaient être assez forts pour tout résister.

Le silence. Ce silence interminable qui suivait ses mots. Elle n'osait pas se retourner, elle n'osait pas le regarder, elle se contentait d'imaginer plusieurs de ses réactions. Elle voyait son visage devenir pâle, elle sentait qu'il allait s'éloigner d'elle, bientôt, très bientôt, la laissant seule, car il n'était surement pas prêt pour ça, pour une nouvelle histoire d'amour. Elle avait imaginé un tas de réaction en quelques secondes, le temps de ce silence très long, trop long, mais elle n'avait pas imaginé cette réaction. Elle sentit qu'il la faisait basculer pour qu'elle se retrouve face à lui. Jasmine se mit à respirer plus fort, inconsciemment. Elle paniquait, mais sa panique s'effaça bien vite quand il esquissa un doux sourire en lui murmurant qu'il l'aimait aussi, tout en posant son front contre le sien. La jeune femme posa alors sa main sur la joue du jeune homme, la caressant tout doucement alors qu'il venait l'embrasser tendrement. Sa première pensée fut qu'il embrassait très bien, tendrement, ne brusquant rien. Elle gémit tout bas en appuyant elle aussi ses lèvres contre les siennes, profitant de l'instant. Ils eurent à peine le temps d'en profiter qu'il se détachait pour lui murmurer quelques mots. Oui, ils iraient doucement, ils prendraient tout le temps qu'il faut pour avancer ensemble. « On prendra le temps qu'il faudra. » finit-elle par murmurer en le regardant dans les yeux, se sentant belle, protégée, se sentant parfaite dans ses bras, se sentant aimée comme elle ne l'avait jamais été. Un large sourire finit par se dessiner sur son beau visage d'ange, tandis qu'elle revenait l'embrasser à nouveau lentement, le serrant tout contre elle, autant que c'était possible.

C'était irréel. Totalement irréel. Une heure plus tôt, ils se disputaient, et là ils étaient dans les bras l'un de l'autre, ensemble. Jasmine se détacha de jeune homme et se mit à rire doucement en se cachant dans ses bras, entourant son torse de ses bras, posant sa tête contre son cœur. Elle riait car elle se sentait bien, et heureuse. Vivante. Ça faisait une éternité qu'elle ne s'était pas sentie aussi bien. Il avait ce pouvoir là, à chaque fois. À chaque fois qu'elle était avec lui, elle se sentait heureuse, forte. Son cœur battait toujours très vite et fort, et il battait encore plus fort à l'instant. « Je me sens bien avec toi, là maintenant, dans tes bras. » Ils prenaient des risques, en commençant une relation amoureuse, beaucoup de risques. Notamment le fait que Jasmine ne supporterait peut-être pas qu'il continue ses petites activités. Bien sur, elle savait qu'à partir de maintenant, il n'irait plus voir ailleurs, mais il ne pouvait pas arrêter tout du jour au lendemain, elle en était parfaitement consciente. Elle ne savait pas si ça allait la blesser, mais elle serait forte, pour lui, pour eux, et elle l'aiderait du mieux qu'elle pourrait. Le deuxième risque était que leur histoire d'amour ne fonctionne pas, et que finalement ils aient gâché leur amitié pour rien. Mais il n'y avait aucune raison que ça ne marche pas, non ?

♣ A mistake is always forgivable, rarely excusable and always unacceptable.

Je n'avais jamais été aussi mélangé qu'à cet instant. Une part de moi voulait vivre heureux, tourner la page après deux ans de deuil, et enfin avoir une vie normale en pouvant me permettre de montrer mes sentiments pour Jasmine que j'avais toujours gardé caché. Mais ce n'était pas si simple. Oh, bien sûr, je ne me souciais pas des regards extérieurs. Cela ne nous regardait que nous deux, et je ne basais donc ma perception que sur ce que je ressentais. Et mon coeur, déchiré depuis ces années, voulait sans doute cicatriser enfin, et j'espérais ne pas faire une erreur. Quoiqu'il en soit, je ne pouvais me permettre de ne penser qu'à moi. Je n'étais pas seul, et même si je pouvais compter énormément sur mes parents, Eanna faisait partie intégralement de ma vie, et je ne voulais pas prendre de décision trop rapidement. Après tout, du haut de ses trois ans, j'imaginais qu'elle allait quand même être touché par tout changement dans ma vie sentimentale. Ce pourquoi je demandai à Jasmine qu'on y aille doucement. On prendra le temps qu'il faudra. J'étais soulagé de ses paroles, et désormais, je voulais seulement vivre au jour le jour sans m'inquiéter. On avait tant à vivre, tant à découvrir même, qu'il était inutile de s'en faire. Et donc, si je savais que notre relation finirait sans aucun doute par se développer au fil des jours à venir, voir des semaines, je désirais surtout que l'on profite de ce temps, tous les deux. Et, après l'avoir remercier dans un murmure, je la serrai tout contre moi tandis qu'elle se rapprochait à nouveau pour m'embrasser, baiser auquel je pris bien plaisir à répondre, appréciant la douceur de ses lèvres contre les miennes, les frissons sur sa peau tandis que ma main descendait sur son bras, son corps contre le mien. Et l'avoir dans mes bras par la suite, tandis que j'en rêvais depuis si longtemps, me sembla irréel, mais je me contentais d'apprécier ce moment au risque que tout ceci ne soit qu'un rêve. Je me sens bien avec toi, là maintenant, dans tes bras. Un petit sourire s'étira sur mes lèvres à sa remarque. Elle venait de se placer afin de poser sa tête contre mon torse, ses bras m'entourant, et j'en avais profité pour faire de même, la serrant doucement contre moi tout en passant une main dans ses cheveux lentement, la regardant amoureusement. Hum.. Moi aussi, ma belle. murmurai-je avant de me pencher une dernière fois vers elle, ne pouvant m'empêcher de l'embrasser une nouvelle fois, comme si seulement quelques secondes sans ses lèvres me paraissaient pénibles. Néanmoins, la réalité allait nous rattraper quelque peu assez bientôt, et avec tous les événements de la nuit, il était évident que nous devrions dormir si on ne voulait pas ressembler à des zombies dans la journée. C'est donc surtout pour cela que je me calai dans le lit, la gardant contre moi tout en replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Plus que quelques heures avant qu'Eanna se réveille.. On devrait en profiter pour dormir. Évidemment, notre soirée assez mouvementée et riche en émotions aurait facilement pu me tenir réveillée encore longtemps, mais ma fille allait m'appeler dans peu de temps et, avec ma présence plus ou moins bonne des derniers jours, je me devais de me rattraper. La lampe étant déjà éteinte puisque nous étions dans la noirceur déjà, je plaçai mes mains autour de Jasmine, comme pour la protéger, et m'endormis peu après lui avoir souhaité la bonne nuit.

Ils s'endormirent rapidement après toute cette agitation et tous ces évènements. Calés l'un contre l'autre, ils dormaient paisiblement, le soleil s'élevant de plus en plus haut dans le ciel. La nuit allait être courte, mais au moins ils dormiraient quelques heures. Du moins avant qu'Eanna ne vienne les réveiller. Ce qui arriva bien plus rapidement que ce que Jasmine espérait. La petite blonde arriva dans la chambre en hurlant un papa strident. Jasmine sursauta et se réveilla brusquement. Elle se détacha doucement des bras d'Hakob avant qu'Eanna ne comprenne ce qui se passait et attira la petite dans ses bras en chuchotant : « Hé ma puce shhht ton papa fait dodo. » Effectivement, le cri de sa fille ne l'avait à peine fait bouger. La brunette regarda avec tendresse son meilleur ami, avant de se tourner vers la fillette et lui faire « Et si on allait préparer un petit-déjeuner pour ton papa ? » Elle sourit en portant Eanna dans ses bras, descendant les marches. C'était silencieux, les parents du jeune homme devaient être sortis. Les deux filles se dirigèrent vers la cuisine, où Jasmine prépara le biberon de chocolat chaud de la petite. « J'ai faaaaim Minaaaa. » « Ça arrive mon ange. » La jeune femme prit soin de sortir les gâteaux préférés d'Eanna et en lui en tendit deux, elle résista face à la mine boudeuse de la blondinette, qui en voulait plus. Elle l'adorait, elle était parfaite, Jasmine la considérait comme sa fille, elles avaient une relation très forte, et elle espérait être aussi importante pour la petite fille qu'elle l'était à ses yeux.

Assise sur sa petite chaise, Eanna buvait son biberon en alternant les bouchés de gâteaux, prenant soin de ne pas en mettre partout. Elle était très bien élevée, et était comme une petite princesse, faisant attention à elle et à tout, déjà à trois ans. Ça attendrissait profondément la jeune femme, Eanna lui rappelait beaucoup Rosaleen. Tandis qu'elle préparait le petit-déjeuner pour elle et Hakob, et qu'elle surveillait la petite en même temps, elle reçut un message de sa mère qui voulait savoir où elle était. Elle leva les yeux au ciel et marmonna, sa mère était toujours aux petits soins pour elle, elle trouvait ça adorable mais elle avait vingt ans et parfois, elle aimerait avoir plus d'indépendance, plus de liberté. « Papa il va se réveiller quaaaand ? » Bonne question, Jasmine espérait qu'il se repose, vu la nuit qu'ils avaient passé. Mais il ne tarderait sans doute pas, si il sentait que Jasmine n'était plus près de lui, ça le réveillerait certainement. « Bientôt trésor, il est fatigué. » Elle acquiesça doucement, portant de nouveau le biberon à sa petite bouche. Jasmine avait envie de la croquer. Elle posa tous les objets sur la table, prépara du café et du jus d'orange frais, avant de venir embrasser Eanna sur le front. « T'es trop adorable mademoiselle Eanna. » La petite rit fort en faisant un gros câlin à sa Mina.

♣ A mistake is always forgivable, rarely excusable and always unacceptable.

Les événements de la veille avaient été si imprévisibles, si intenses, que j'en avais été complètement assommé. Ainsi, pour cette raison principale, je fus incapable de me réveiller lorsque ma fille rentra dans la chambre en m'appelant d'une voix stridente. Heureusement, Jasmine put prendre le relais et, réagissant à peine, je ne bougeai qu'un peu dans mon lit avant de retourner dans un sommeil profond, ayant à peine été dérangé. Ce n'est ainsi qu'un peu plus tard que je revins dans le monde réel en douceur, curieux de remarquer que la jeune femme n'était plus là. Un peu dans les vapes, je me rassurai en me disant qu'elle devait s'occuper d'Eanna, et je me levai lentement, spécialement lorsque je sentis un terrible mal de crâne m'assaillir. Les bienfaits de l'alcool, bien sûr ! Soupirant, je pris une grande inspiration et me mis sur pieds, souriant néanmoins en repensant à ce qui s'était produit avant que l'on s'endorme dans les bras l'un de l'autre. Ça, c'était bien réel, et jamais je ne l'oublierais. Seulement, avant de retrouver la jeune femme, je fis un rapide tour dans la douche une nouvelle fois, même si j'en avais déjà pris une la veille. Je voulais être certain que l'odeur d'alcool m'avait quitté, et puis j'étais un peu fanatique de l'eau, je devais l'avouer. Quelques minutes plus tard, j'en ressortis finalement, enfilai un caleçon et descendis en trombe dans la cuisine, ne prenant pas la peine de me vêtir un peu plus. En même temps, j'avais l'habitude de me promener ainsi dans la maison, et je devais avouer que j'avais bien envie que cela ne laisse pas la jeune femme indifférente, mais chut ! (a) Entrant ainsi dans la cuisine, je souris en voyant Jasmine qui discutait avec ma petite blondinette, et je m'approchai d'elle, heureux. Miiiina baanaanaaa ! rigolai-je d'une voix enfantine tout en déposant un gros baiser sur sa joue, lui adressant par la suite un clin d'oeil dragueur. Évidemment, je n'avais pas oublié les récents événements, mais nous en étions convenus que tout irait lentement entre nous, et je tenais à ce que cela prenne spécialement compte de ma fille. Je ne pouvais lui imposer un tel choix si rapidement. Me mettre en couple du jour au lendemain, sans même lui en parler, me semblait impossible, ce pourquoi j'hésitai à embrasser véritablement la brunette, me retenant finalement. Eanna n'avait peut-être que trois ans, mais son avis comptait pour moi. Et parlant de la petite, elle semblait bien contente de me voir enfin, poussant une expression de surprise et de bonheur; Paaaaappppaaa !!!!

Heureux de la voir elle aussi, je ne pus m'empêcher d'agir en père typique lorsque je la vis avec son chocolat chaud, lui retirant en prenant un air espiègle pour qu'elle ne réagisse pas trop mal. Oh non, qu'as dit papa ? Pas de ça le matin, sinon tu ne dors pas l'après-midi ! la réprimandai-je sans être trop sérieux non plus, ne faisant que poser le biberon sur le comptoir de la cuisine avant de prendre ma fille, boudeuse désormais, dans mes bras, lui plaquant un énorme baiser à elle aussi sur sa joue, ce qui eut pour effet de lui redonner le sourire immédiatement. Et, d'ailleurs, je remarquai à quel point je lui avais manqué, ce qui vint me chercher directement puisque, bien vite, Eanna se contenta de se blottir dans mes bras tandis que je la serrais contre moi. J'avais conscience que mes allées et venues ne lui étaient pas bénéfiques, et ainsi j'espérais être capable de me stabiliser un peu afin de ne plus sortir autant. Quoiqu'il en soit, je posai mon regard vers Jasmine et lui adressai un sourire sincère, regardant par la suite autour de moi. Je venais de remarquer qu'elle en avait profité pour cuisiner pour nous deux, ce qui me fit bien plaisir, malgré ma gueule de bois qui fragilisait mon estomac. Tu sais que t'es parfaite, toi ? Je sais pas ce que je ferais sans ta compagnie hein ! lui dis-je, d'un ton amusé, mais tout de même sérieux au fond; elle comptait beaucoup pour moi, et j'étais bien reconnaissant envers elle. Quoiqu'il en soit, j'espérais simplement que, pour le moment, on soit capable d'être assez forts pour vivre pleinement nos sentiments envers l'autre, et que tout finisse par se placer.

« Miiiina baanaanaaa ! » Jasmine regarda le jeune homme entrer dans la cuisine, alors qu'il venait déposer un gros baiser sur sa joue. Elle sourit et répondit « Hakobiiiiii chériiiii ! » Elle éclata de rire, il détestait ce surnom, il fallait dire que ce n'était pas tellement viril. Elle lui lança un regard amusée alors qu'il lui envoyait un regard dragueur, elle se mordit la lèvre et baissa les yeux en rougissant. Pire qu'une adolescente qui vit son premier amour. Enfin, c'est vrai qu'elle n'en était pas très loin, elle n'était plus une adolescente mais il était bel et bien son premier amour, son véritable amour. Les autres ne comptaient pas, ils ne comptaient plus. Elle esperait de tout son cœur que leur histoire marcherait, sans quoi leur relation ne serait plus jamais la même. Du temps, ils en prendraient autant qu'il faudrait pour que le jeune irlandais se sente mieux, qu'il soit prêt à avancer. Et qu'elle soit prête aussi, parce qu'elle avait peur, à vrai dire. L'inconnu lui faisait peur, c'est pour ça qu'elle voulait toujours que tout soit bien réglé, la rendant vraiment maniaque et paranoïaque parfois. Et elle avait peur, tellement peur d'échouer, de décevoir, d'être déçue à nouveau, elle avait aussi peur qu'on lui fasse du mal, elle craignait beaucoup les hommes, et ça Hakob le savait.

Hakob et sa fille étaient vraiment adorables ensemble, il était vraiment le père idéal, au delà des bêtises qu'il faisait en ce moment, il était un père attentionné, prêt à tout pour sa petite blondinette. Elle le vit regarder autour de lui et faire « Tu sais que t'es parfaite, toi ? Je sais pas ce que je ferais sans ta compagnie hein ! » Il lui sourit sincèrement et Jasmine répondit à son sourire, avant de faire malicieuse « Attends répète ça un peu ? Qu'est-ce que tu as dis ? Parfaite, hm ? » Elle sourit fièrement avant de s'installer et servir le café bien chaud dans deux bols, en lançant un sourire gagnant à Hakob, le taquinant comme elle le faisait toujours. Elle voulait préserver cette relation, mais en ayant tout de même un peu plus que son amitié. Et apparemment il le voulait aussi, ce qui l'encourageait et lui donnait confiance en elle. Mais pour l'instant, il restait avant tout son meilleur ami, et elle adorait le taquiner sans arrêt, la brune savait qu'il entrerait dans son jeu parce que c'est ainsi qu'ils fonctionnaient depuis qu'ils avaient douze ans. « Bon appétit ! » Elle lui donna un morceau de brioche nappé de chocolat et le lui tendit en remplissant son verre de jus d'orange. Elle le gâtait, prenait soin de lui. Il le méritait, et puis après les évènements de la veille, elle voulait juste profiter et ne pas se prendre la tête. « Eanna, chérie, tu en veux un peu ? » Elle posa son regard sur la petite blonde puis sur Hakob, il n'était pas très favorable aux gros petits-déjeuners pour sa fille, mais Jasmine sortit son plus beau regard de chien battu, accompagnée rapidement d'Eanna. Il ne pouvait rien contre deux femmes adorables.

♣ A mistake is always forgivable, rarely excusable and always unacceptable.

Notre relation, entre Jasmine et moi, avait toujours été si magnifique, malgré quelques coups durs, que j'espérais de tout mon coeur qu'une possible idylle entre nous ne vienne pas gâcher ce que nous avions depuis des années déjà. Enfin, en même temps, je doutais que cela ne fonctionne pas; une fois passé nos légères préoccupations, j'avais l'impression que l'on pourrait tout à fait être un couple durable et sérieux. Nous nous connaissions depuis tant de temps, il était impossible que ce soit différent après tout, si ce n'est que notre manière de nous comporter avec l'autre un peu plus intimement. En fait, ce qui me préoccupait, c'était surtout mes nombreuses idioties des derniers temps, et auxquelles j'avais la sensation que je continuerais encore.. même si tout serait différent, ne voulant plus avoir de relations sexuelles avec une autre que Jasmine, et seulement lorsqu'elle serait prête. Mais nous n'en n'étions pas du tout là encore. J'avais ainsi peur qu'elle se lasse de tout ça, de mon comportement... et si j'avais peur depuis la disparition de Rosaleen, je me sentais toujours incertain quant à l'utilisation de drogues... mais valait mieux ne pas penser aux côtés négatifs. Ainsi, je fus soulagé de voir que notre relation amicale était toujours la même, riant et plaisantant comme à notre habitude, jusqu'à ce que la jeune femme ait terminé le petit-déjeuner, posant le tout sur la table, l'odeur appétissante de la brioche m'atteignant aussitôt. Remerciant Jasmine une fois de plus, je m'assis à ma place à la table. Eanna, chérie, tu en veux un peu ? Alors que je venais de prendre une grande bouchée de ma brioche, je relevai aussitôt la tête en entendant la proposition de Jasmine, n'en croyant tout d'abord pas mes yeux. Oui bon, il est vrai que j'étais plutôt strict en ce qui concernait le sucre et les gros petit-déjeuners, mais c'était tout simplement par expérience; lorsque Eanna exagérait sur son repas du matin, elle était tout simplement incontrôlable l'après-midi venu, et avec le temps, j'avais appris à lui mettre des règles pour que cela lui soit bénéfique. Néanmoins, les moues des deux demoiselles semblèrent avoir l'effet escompté, et bien vite je décidai de ne pas jouer les rabat-joie ce matin, avertissant tout de même Jasmine des risques qu'elle courait. Si elle ne dort pas dans l'après-midi, et bah c'est toi qui va t'en occuper hein ! finis-je par lâcher en soupirant, souriant toutefois, puis m'occupant de mon propre petit-déjeuner. Lorsque l'on eut fini, ce fut moi qui débarrassa la table tandis que Jasmine s'amusait avec ma petite blondinette, la remerciant ainsi de ma manière pour tout ce qu'elle avait fait. Ce n'est que par la suite que j'entrepris de débarbouiller le visage bien chocolaté d'Eanna avant de la laisser sortir de son siège d'appoint. Trésor, va jouer un peu. On ira au parc avant ta sieste, si tu n'es pas trop fatiguée. Alors que ma fille me regardait avec un air qui semblait clairement indiquée qu'elle trouverait le moyen de ne pas aller dormir afin de se rendre au parc, je cachai mon sourire amusé avant de me retourner vers la jeune femme. Alors qu'elle était toujours assise, je restai silencieux, ne faisant que lui tendre la main afin qu'elle me suive, me dirigeant par la suite vers le couloir. Eanna était déjà repartie dans sa chambre pour y retrouver ses jouets, et je savais donc que la voie était enfin libre, heureusement. Aussitôt, je plaquai avec douceur la brunette contre le mur derrière elle, me plaçant contre elle alors que je plaçais une main sur le mur, à côté de sa tête, l'autre venant se positionner sur sa nuque. Salut toi.. murmurai-je d'une petite voix séductrice et amusée, un léger sourire sur les lèvres tandis que je ne quittais plus ses yeux. Il ne faisait aucun doute pour moi; je l'aimais. Réellement. Et je regrettais presque de lui avoir demandé d'y aller lentement. Mais, au fond, c'était sans doute mieux. Autant pour oublier nos tracas que pour s'habituer à cette nouvelle situation, car passer de simples meilleurs amis à un véritable couple en quelques heures me paraissaient si irréel. Je décidais donc d'agir comme bon pouvait nous sembler. Nous n'avions pas à nous inquiéter, j'en étais confiant, puisque je savais que l'on réussirait à passer à travers les épreuves, comme nous l'avions déjà fait par le passé. Ainsi, ayant envie de me rapprocher d'elle, je n'hésitai pas, me rapprochant un peu plus de la jeune femme jusqu'à capturer ses lèvres doucement d'abord, puis me montrant un peu plus entreprenant. L'ayant plaqué contre le mur avec tendresse, mais surtout désir, je descendis ma main qui était posée sur sa nuque afin de la promener sur son corps. Mes caresses se firent d'abord incertaines, comme si j'avais peur de la faire fuir, mais le naturel me rattrapa au point où je n'hésitai plus à descendre cette main le long de sa taille jusqu'à se poser sur ses fesses, exerçant une légère pression pour la rapprocher de moi, oubliant presque que je n'étais que très peu vêtu, portant simplement ce caleçon. Je savais toutefois que ce n'était pas « sain », sans doute... Spécialement que je connaissais la situation de la jeune femme qui, toujours vierge, craignait les hommes depuis une mésaventure plus ou moins lointaine. Je remontai ainsi ma main pour la poser simplement dans le bas de son dos, puis je détachai mes lèvres des siennes pour les diriger à son cou que je baisai avec tentation. À un moment, ce furent simplement nos yeux qui rentrèrent en contact puisque, enivré sous le feu de l'action, j'avais trouvé important de créer ce contact visuel pour lui rappeler à quel point ces sentiments si forts étaient présents pour moi. Et, toujours aussi amoureux, je mordillai sa lèvre inférieure, un petit sourire se dessinant à la commissure de mes lèvres.

« Si elle ne dort pas dans l'après-midi, et bah c'est toi qui va t'en occuper hein ! » Oh comme si ça la dérangeait. Elle adressa un large sourire à Hakob pour lui montrer que ça ne l'embêtait en aucun cas, au contraire, elle adorait s'occuper de la petite puce. Même si parfois elle était agitée et n'arrêtait pas de faire la folle pendant de longues heures. Peu importe, Jasmine était là pour s'occuper d'elle autant qu'il le voulait. Ils finirent de déjeuner, et alors que le jeune homme débarrassait la table de la cuisine, Jasmine et Eanna s'occupaient à coiffer des poupées. La jolie brune n'avait jamais pensé qu'Eanna était une erreur. Certes, lorsqu'elle est née, Rosaleen et Hakob étaient très jeunes, mais ils s'en sortaient très bien. Rosaleen était une mère aimante, parfois maladroite mais elle apprenait et devenait une mère parfaite. Jasmine n'aurait jamais fait mieux, à seize ans. Aujourd'hui, avec trois ans d'expériences comme baby-sitter, voire plus avec tous ces petits frères et sœurs, elle songeait de plus en plus à sa future petite famille. Elle imaginait bien des jumelles, deux petits filles adorables, qu'elle s'amuserait à habiller comme des petites princesses. Son jumeau, Mike, était comme la prunelle de ses yeux, sa moitié, elle adorait l'idée qu'il soit son jumeau, qu'ils aient tout partager, du ventre de leur mère à maintenant. Elle sourit en imaginant sa future vie, alors que Hakob demandait à Eanna d'aller jouer dans sa chambre.

Jasmine se leva et fut rapidement pousser doucement contre le mur par le beau blond, elle lâcha un souffle de surprise et sourit en regardant Hakob dans les yeux, alors qu'il la saluait d'une voix séductrice. Elle murmura un tendre bonjour en souriant alors que leurs lèvres se rencontraient timidement, puis de plus en plus fort, Hakob l'embrassait avec plus d'insistance, passant sa main sur son corps, ce qui la fit frémir. Elle se cambra légèrement lorsqu'elle sentit sa main descendre sur ses fesses. Elle restait étonnamment calme, malgré la situation. Avec lui, elle se sentait en sécurité. Malgré tout il ramena sa main dans son dos, alors qu'elle sentait son bassin tout contre le sien. Il était presque nu, ne portant qu'un caleçon, ce qui fit rapidement monté la température corporelle de la jeune femme, alors qu'il se détachait doucement pour la regarder dans les yeux et l'embrasser dans le cou. Elle fermait les yeux, appréciant ses baisers. « C'est plutôt.. agréable... » murmura t-elle en gémissant tout doucement. Il vint ensuite mordiller sa lèvre inférieure, ce qui la fit tendrement sourire. «... Mais un peu court... » ajouta-t-elle, amusée. Hésitante, elle revint glisser ses lèvres sur les siennes, lui donnant plusieurs tendres baisers avant de glisser sa langue entre les lèvres du jeune homme pour ouvrir doucement sa bouche, l'embrassant plus intensément. Ils étaient comme deux adolescents, elle se sentait bien et elle n'avait pas peur de jouer un rôle, elle restait totalement elle même avec lui. Jasmine passa ses mains dans le dos du jeune homme, le caressant tendrement en venant jouer du bout de ses doigts avec son boxer, remontant ensuite ses mains sur sa colonne vertébrale le serrant tout contre elle. Elle aimait définitivement sentir sa chaleur, son odeur, sa présence à ses côtés. Elle l'aimait, il n'y avait aucun doute la dessus. La jeune femme glissa sa langue plus loin encore entre les lèvres de Hakob, l'attirant à elle, ne voulant jamais rompre leur baiser qui lui faisait tellement de bien. Elle finit pourtant par se détacher pour caresser les joues de son meilleur ami, tendrement, les effleurant à peine alors qu'elle posait son front contre le sien, le regardant droit dans les yeux, lui transmettait toute la force de ses sentiments.

♣ A mistake is always forgivable, rarely excusable and always unacceptable.

Avoir Eanna à un âge si précoce, cela avait bien évidemment changé bien des choses dans ma vie. Si je m'étais toujours vu faire ma vie avec Rosaleen à l'époque, notre lien était resté solide même après la naissance de notre fille. En même temps, je n'avais jamais été ce genre de père qui ne veut pas prendre ses responsabilités; bien rapidement, je m'étais montré présent pour les deux, prenant mon rôle au sérieux malgré ma peur d'élever un enfant si jeune. Et c'est malheureusement la vie qui en avait décidé autrement, Rosaleen disparaissant pour l'éternité, ce qui en avait résulté par ma descente dans l'univers des fêtards qui, je l'espérais, serait de courte durée au final. Mais, pour l'instant, si j'étais toujours touché après deux ans de la mort de celle qui avait toujours été là pour moi, je commençais à sentir mon coeur qui, lentement, s'autorisait à s'ouvrir pour Jasmine, et cela me rendait heureux. Ainsi, tandis que je ne me lassais pas de l'embrasser contre le mur du couloir, Eanna étant partie depuis peu, la situation devenait de plus en plus charnelle, devant presque me retenir pour ne pas aller trop vite. Je l'embrassais ainsi dans le cou lorsque j'entendis sa douce voix dans un murmure. C'est plutôt.. agréable... mais un peu court... Un sourire se dessinant sur mes lèvres, j'acquiesçai avant de la laisser reprendre notre baiser qui, peu à peu, se fit langoureux, un feu ardent brûlant entre nous. Je pouvais sentir ses mains vagabonder dans mon dos, jusqu'à me retenir un peu plus contre elle, me faisant même frissonner à un moment. Cette situation était si irréelle et, pourtant, j'espérais que tout ceci ne serait pas qu'un rêve, que ça allait bien être durable. Quoiqu'il en soit, j'en profitais simplement, et tandis que je continuais de la garder tout contre moi, j'appréciais le contact de nos lèvres animées, nos langues qui se caressaient dans une danse torride... Que je me surpris même à lâcher un gémissement rauque tandis que je redescendais une nouvelle fois mes mains sur ses fesses pour la plaquer contre mon corps, jusqu'à sentir nos bassins s'entrechoquer. Si bien que je tâchai de contrôler mon envie pour elle à cet instant, et surtout la légère bosse dans mon boxer que je sentais croître rapidement, spécialement lorsque ses doigts s'amusaient avec l'élastique de mon sous-vêtement. Mina... laissai-je sortir contre ses lèvres, en guise de prévention surtout, signe qu'il ne m'en faudrait que très peu pour trop en vouloir d'elle, ce que je ne désirais surtout pas. Pour moi, il importait avant tout que notre relation se concrétise d'abord doucement, sans que l'on ne force les choses... Et, puisque je connaissais la jeune femme depuis bien longtemps, j'en connaissais assez sur sa sexualité peu développée pour craindre de l'effrayer, ce pourquoi je préférai prendre moi-même mes distances à un moment, au même instant où nos lèvres se détachaient lentement. Bien sûr, j'avais terriblement envie d'elle, et ce comme j'en avais eu envie lorsqu'elle revenait souvent dans mes pensées, mais ce n'était pas tout ce qui comptait en premier lieu. Je sentais ses mains qui, posées sur mes joues, les caressaient avec douceur tandis que nos fronts étaient placés l'un contre l'autre. Mes propres mains se posèrent sur sa nuque, souriant amoureusement, mes yeux ne quittant pas les siens. J'étais complètement et éperdument amoureux de la brunette, et c'était clairement ce qu'indiquait mon regard tout comme le sien, et alors je me sentais bien, tellement bien pour la première fois depuis deux années. Vous rougissez, Miss Foster. murmurai-je alors d'une voix presque inaudible, un sourire amusé se formant sur la commissure de mes lèvres. Je réalisais alors à quel point j'avais besoin d'elle dans ma vie, et comment je pouvais avoir envie qu'elle fasse partie de mes quotidiens; que je puisse être à ses côtés le matin à son réveil, comme le soir dans son sommeil. Et non plus seulement comme une meilleure amie qui souffrait sans doute de me voir avec d'autres filles qu'elle la nuit. Ainsi, j'allais reporter mes lèvres aux siennes une dernière fois lorsque je n'en eus même pas la chance, une petite voix féminine venant me couper dans mon initiative. Papa, pourquoi tu portes pas des vêtements ? Un frisson me parcourant la colonne vertébrale, je me détachai aussitôt de la jeune femme afin de ne pas éveiller de soupçons chez la blondinette, bien heureux que la forme sous mon boxer soit redevenue normale. Dans tous les cas, Eanna ne semblait pas si choquée de nous avoir découvert si près, plutôt occupée à critiquer ma tenue. Tu vas faire peur à Mina ! Ne pouvant retenir un rire devant son imagination, je soupirai de soulagement et me contentai de me sortir rapidement de cette situation. Oui, tu as raison. Allez, je vais m'habiller et on se rend au parc ! Accordant un clin d'oeil à la jeune femme, j'ébouriffai les cheveux d'Eanna pour l'agacer, puis montai en trombe dans ma chambre, y trouvant bien vite un pull et un jeans, les enfilant tandis que je redescendais au rez-de-chaussée.

♣ Sujet terminé.