L’été était enfin là. J’avais l’impression qu’il avait tardé à venir. Truc de fou. Mais au fond c’était peut-être simplement parce que les exams m’avaient paru longs. Cette saloperie de fin d’année. Je devais avouer que sur la fin j’en pouvais plus. J’avais envie de tout plaquer. D’arrêter. Alors que bon, c’était con de lâcher maintenant sur un coup de tête. Bref, ce beau temps parvenait à me donner envie de sortir. Je veux dire, je renonçais à ma console pour aller mettre mon nez dehors. Faire le plein de vitamine D. Bon, en vrai j’avais envie d’aller à la plage. J’en avais pas trop envie seul. J’avais donc appelé Astrée. Mais ma petite amie ne pouvait pas aujourd’hui, elle avait un rendez-vous je ne sais-où. Elle avait promis d’essayer de me rejoindre après mais bon. J’avais essayé avec Mattia aussi. Mais depuis qu’il avait retrouvé son amoureuse et son fils, pas moyen de le faire sortir ! Quelque part c’était tant mieux. Et je ne pouvais pas lui reprocher. Au fond, ça voulait dire qu’il allait mieux. Au moins un peu.

Enfin, malgré le refus de mes deux chouchous, j’avais pris mon maillot. Direction la plage. J’allais bien croiser quelqu’un. Ou savourer tout seul aussi. Ça ne me gênait pas tant que ça. Même si c’était moins sympa. J’aurais pu y traîner mon père aussi pour passer du temps avec lui. Mais il bossait. Finalement, c’était dur d’être en vacances, je me sentais seul.

Bref, je prenais mon vieux tacot. Jetant mes affaires à l’arrière. Je le démarrais pour rouler jusqu’à la plage. Le trajet n’était pas long. J’aurais pu le faire à pied. Oui mais je pensais au retour. Pas envie de rentrer à pied le cul mouillé et les pieds pleins de sable. Salir ma voiture, c’était pas grave. Je devais la nettoyer ce week-end. Parce que la pauvre avait subi quelques nombreuses fêtes.

Je récupérais mes affaires à l’arrière. Retrouvant rapidement le sable brûlant. Je repensais à Astrouille. C’était sur cette plage qu’on c’était embrassé pour la première fois. Et je me sentais con à penser à ça. Un peu trop cul cul la praline à mon goût. Mais en fait, elle avait rend cet endroit magique. Et je ne pouvais pas lutter. Le pouvoir d’Astrée sur moi était indéniable. Soit, je m’approchais de l’eau. N’installant pas trop loin ma serviette. A une distance raisonnable pour qu’on ne me fasse pas chier. Et pour ne pas être mouillé.

J’allais aller dans l’eau mais mon regard se posa sur une demoiselle. Un sourire non dissimulé s’afficha sur mon visage. Je m’approchais doucement de la miss. Arrivant dans son dos, je glissais alors quelque mot. « Tiens, j’ignorais qu’une sirène c’était échouée sur la plage. ». J’affichais un sourire charmeur alors qu’elle se retournait. Quoi ? NON, je ne trompais pas Astrée. Je ne draguais pas. Je m’amusais juste avec Hazel. Parce que oui, c’est vrai que l’avais dragué à une époque. Mais sans succès. Maintenant c’était un jeu.

Hazel. Je l’aimais bien cette nana. Juste bien. Pas je l’aimais tout court. J’avais Astrée dans ma vie. Mais ce qui était drôle entre nous c’était ce petit jeu. C’est vrai que je l’avais sérieusement dragué fut un temps. Aujourd’hui, ce ne l’était plus. Mais, elle était mignonne. Et elle avait de l’humour. Alors forcément, je ne pouvais pas y résister. « Et moi j’ignorais qu’une baleine s’était échouée sur la plage. Ou devrais-je dire, un requin. ».  Elle se mit à rire et moi aussi. Je ne pouvais pas mal le prendre avec elle. C’était de bonne guerre. Ça n’avait absolument rien de sérieux. Son rire l’avait bien montré. « Tu as failli me vexer avec la baleine ! ». Je plaisantais évidemment. Elle aurait pu rester sur la baleine que je n’aurais pas été vexé. Il m’en fallait bien plus.

Je regardais alors le tube qu’elle tenait dans la main. De la crème solaire. Ah tiens, mademoiselle était prudente ! Ça me faisait sourire. « Je vois que tu veux éviter de te transformer en écrevisse ! ». Pour rester dans les animaux. Bah oui, j’étais irrattrapable. Je devais avouer qu’avec ma peau naturellement matte, je ne prenais pas la peine de me protéger. Sans doute à tort. Mais bon, moi ça m’énervait ce truc qui sentait le bébé. Et qui faisait des traces blanches dégueulasse. En plus j’étais certain que dans l’eau ça s’enlevait totalement. Bref, débat inutile non ? Surtout que ça ne m’empêchait pas de proposer à Hazel de l’aider. « Tu veux que je te le mette dans le dos ? ». Je disais cela sans arrières pensées. J’espérais  qu’elle l’avait remarqué au moins. C’est vrai qu’avec l’ambigüité fausse de mes paroles parfois…

Enfin bref, je ne m’attardais pas sur cette pensée. Passant rapidement à autre chose. A une autre question.  Bien moins ambigüe, sans doute bien plus intéressante. « Et sinon ça va toi ? Ça se passe bien ce début de vacances ? ».  Eh oui elle comme moi avions enfin fini la fac. Nous pouvions enfin profiter du soleil. Ou bosser. Personnellement j’avais eu la flemme pour juillet. Mais j’avais trouvé quelque chose pour Août. Du coup, pour le moment je profitais au taquet. Et ça me faisait un bien fou. Bon à vrai dire, même en Août j’allais profiter. Ne serais-ce qu’en soirée. Je ne pouvais m’en passer. Surtout en vacances.  Il fallait bien avant de reprendre. Recommencer une nouvelle année. Retrouver les bouquins. Rien que d’en parler j’aurais pu en avoir la nausée.

Mes yeux se posèrent alors sur la mer. J’avais bien envie d’aller me baigner. Profiter de l’eau. Après seul ce n’était pas forcément le mieux. Mais Hazel était là maintenant non ? Je pouvais lui proposer cela aussi. Après tout, qui ne tente rien n’a rien. « Tu viens te baigner ? ». Elle avait peut-être prévu de faire bronzette comme beaucoup de filles. Mais, j’allais le convaincre de l’inverse. Ouais, j’y croyais. A mon pouvoir de persuasion.

Hazel, j’adorais la taquiner. Et la réciproque était vraie. Alors que demande le peuple ? « Allons Kavi, fait pas ta chochotte ! ». Je riais, tout comme elle. Évidemment qu’il en fallait plus pour me vexer. Et avec toutes les piques qu’on pouvait bien se lancer, il fallait bien.

Voyant alors son tube, je me permettais de me moquer gentiment. Bon d’accord, je me le permettais à chaque fois. Et elle avait bien l’habitude. « On n’a pas tous la chance d’avoir une peau comme la tienne ! ». Je riais. Elle était sarcastique la miss. Pour ne pas que ses paroles ressemblent à un compliment. Comment ça je me faisais des films ? Bah oui, mais, ça me plaisait. « T’es jalouse hein ? ». Je mettais mon bras métissé en comparaison à sa peau blanche. Je plaisantais. En réalité, son physique avec une peau aussi matte que la mienne, ça serait moche. Et moi, je la trouvais très sexy en cachet d’aspirine. Et puis, elle le savait, je ne lui avais jamais caché. Bah oui, étant donné que je l’avais dragué. Et ce n’était pas parce que j’avais arrêté aujourd’hui que j’en pensais moins. Hazel était sexy.

Elle ignora mon idée de lui mettre de la crème dans le dos. Et je comprenais pourquoi. Du coup, je changeais simplement de sujet. En lui demandant ce qu’il en était de ses vacances. « Oh tu sais, je n’en profite pas vraiment… Je travaille tout le temps et je n’ai pas beaucoup de temps libre… Mais toi, j’espère que tu en profites ? ». Je riais, profiter était mon deuxième prénom. Je n’étais pas du genre grand bosseur, plutôt grand déconneur. « Toujours moi ! J’ai trouvé un boulot pour le mois prochain mais ça ne m’empêchera pas de profiter, ne serait-ce qu’en soirée ! ». Oui Hazel était bien plus sérieuse que moi. Déjà c’était une fille, donc forcément. Mais, elle avait toujours été studieuse.

Je voulais qu’Hazel vienne se baigner avec moi. Et je m’étais préparé à la convaincre. Mais apparemment, il n’y avait pas besoin. « Oh, c’est bon t’a gagné, pour cette fois seulement. ». Je riais avant de le laisser venir à moi. Pour aller dans l’eau. Je plongeais la tête la première alors qu’elle avait de l’eau jusqu’aux cuisses. « Tu viens ou je dois te couler pour que tu te mouilles ? ». Je lui lançais un petit sourire de défi, voir si elle allait y aller d’un coup ou non.