Après un mois de discussions et d'argumentation, mon meilleur ami et moi avions enfin obtenu l'autorisation de nos parents de passer le nouvel an à deux à New-York ! Cela avait été laborieux, mais nous voulions tellement connaître cette expérience de partir en vacances entre amis que nous avions joué les élèves et enfants modèles pendant tout le début de l'année scolaire. D'autant plus que c'était notre dernière année de lycée, alors convaincre les parents n'avait pas été chose facile... Et puis après tout, ce n'est qu'une fois dans une vie que l'on peut fêter le changement de millénaire ! Autant le faire comme il faut ! Mais nous étions finalement partis, seuls, comme des grands, laissant nos parents apparemment tristes de nous laisser livrés à nous-mêmes dans la Grosse Pomme pendant deux semaines... Enfin surtout ma mère. J'avais été étonné de voir à quel point les gens pouvaient être accueillants dans cette ville, si bien qu'en ne faisant que nous promener, visiter, flâner dans les parcs et passer quelques soirées dans les bar qui nous acceptaient, nous avions rencontré quelques personnes avec qui nous passions la majorité de notre temps hors de l'hôtel. Sauf ce soir, cinq janvier deux mille, deux jours avant notre départ pour rentrer dans notre petite bourgade d'Arrowsic, où nous allions sûrement nous sentir seuls et trop au calme après la folle vie de New-York. Toujours avec ce même meilleur ami qui était le mien, nous étions allés dans un des seuls bars qui nous acceptait alors que nous n'étions pas majeurs. Nous avions bien essayé de négocier quelques verres alcoolisés avec le barman, mais il n'avait rien voulu savoir. Alors nous nous étions contentés de sodas. Et puis, après tout, nous n'étions pas vraiment là pour boire. La principale raison de notre visite était un sujet que la plupart des adolescents de notre âge affectionnent : les filles. Enfin ici c'était plutôt les femmes, et ça me convenait parfaitement.

Affalés sur un grand canapé qui se trouvait dans un coin du bar, nous regardions passer les femmes plus ou moins attirantes et séduisantes en face de nous. « Regarde là-bas... La petite brune qui se dandine sur la piste... » Je regardai mon meilleur ami en souriant, ayant à peine jeté un petit regard à cette jeune demoiselle qui dansait. « Tu sais bien que je préfère les blondes. Pourquoi tu t'obstines à vouloir me voir avec une brune ? » « Parce que si t'étais plus ouvert aux autres créatures que les blondes, tu verrais que t'es déjà passé à côté de pas mal de canons. » Je ne pus m'empêcher de rire en faisant tinter les glaçons dans mon verre. « Si c'est pour en avoir une comme ton ex, merci, je préfère rester avec mes blondes ! » Alors que je prononçai cette phrase, je posai mon regard sur une femme blonde, assise au bar, seule. Je passai quelques secondes à la fixer. Voilà, c'était ça que j'appelai “mon style”. « Regarde, y'a un canon là-bas au bar. » « ... Oh la vache ouais ! Hey Felix, allez je suis ton meilleur ami ou pas ? Laisse-la moi ! » « Même pas en rêve ! Je croyais que tu préférais les brunes ? »

Lui adressant un regard complice, je posai mon verre sur la petite table en face de nous et me dirigeai vers la fameuse blonde. Elle devait avoir une vingtaine d'années, pas plus. En tout cas, en m'approchant d'elle, j'avais pu remarquer qu'elle n'avait pas l'air ravie d'être ici. J'allais sûrement devoir persévérer si je voulais arriver à quelque chose avec elle... Je m'assis sur le tabouret voisin du sien et affichait un sourire sur mon visage tandis qu'elle se retournait. De près, elle était encore plus canon que ce que j'avais pu voir du canapé...

« Salut ! On ne s'est pas déjà vus quelque part ? »

L'alcool commençait sérieusement à me monter à la tête, si bien que je me sentais encore plus fatiguée qu'au départ. Alors que je venais déjà de me servir ma quatrième coupe de champagne de la soirée, et qu'un homme s'était installé à côté de moi, je perdais mes yeux dans le vide, ou plutôt dans les bulles de mon champagne. J'avais senti l'homme me fixer quelques secondes, puis apparemment, voyant que je ne lui prêtais aucune attention, se décida enfin à m'aborder. « Salut ! On ne s'est pas déjà vus quelque part ? » Quelle technique de drague élaborée ! Je me mis à sourire instinctivement. M'attendant à voir un cas social, je tournais mon visage vers lui, les yeux divaguant un peu, mais lorsque je m'aperçus de sa beauté, mis directement tout en œuvre pour avoir l'air plus fraîche et donc tout à fait sobre, ce qui était clairement ridicule. Avant de lui répondre, j'avais jeté un petit regard à mes amies qui me faisaient des signes étranges de la piste avec des grands sourires, comme pour me signaler qu'il était magnifique, et que je devais absolument foncer. Malgré mon état, j'arrivais très bien à distinguer ses traits, et franchement, mes amies devaient avoir raison, j'étais peut-être en train de faire une très jolie rencontre, et d'ailleurs je ne regrettais déjà plus d'être venue ici. « Salut... » lui répondis-je finalement en affichant un petit sourire rêveur qui témoignait plutôt de mon ivresse bien avancée que de l'effet qu'il me faisait réellement. Il devait être en train de se demander sur qui il était tombé, une alcoolique, ou une pauvre fille … ou peut-être les deux tout simplement. Si l'on s'était déjà croisés quelque part ? Je réfléchis quelques secondes, mais il ne me semblait pas avoir déjà vu ce jeune homme. Je pense que je m'en serais souvenue quand même, si j'avais déjà croisé une beauté pareille sur ma route ! Pourtant, je me décidais à lui mentir, comme pour me rendre beaucoup plus intéressante à ses yeux. « Hmm, oui peut-être effectivement... quel âge avez-vous ? » Je le regardais dans les yeux, toujours avec ce sourire angélique et cet air perché qui m'étais propre lorsque j'étais dans cet état. Le jeune homme avait l'air d'avoir dans mes âges, la vingtaine, pas plus, et surtout pas moins en tout cas.

Tout à coup, j'avais envie de parler, de dire des tas de choses à ce garçon qui me plaisait énormément physiquement et puis, ayant eu l'accord préalable de mes amies, je pouvais foncer les yeux fermés. « Je … je suis étudiante en médecine en fait, je suis venue avec des amies pour fêter la fin de trois années de travail acharné à la fac. » En disant cela, je me tournais instinctivement vers mes amies, toujours en train de se dandiner sur la piste de danse à moitié ivres elles aussi, et leur fit un petit signe de la main auquel elles répondirent tout en nous souriant bêtement. L'une d'elles ne m'avait pas vue puisqu'elle était tellement éméchée qu'elle était en train de s'amuser à casser des glaçons sur son front avec un type en éclatant de rire, mais j'étais trop occupée avec ma nouvelle rencontre pour avoir le réflexe d'aller lui demander pourquoi elle faisait ça. J'avais tout à coup légèrement honte de mes amies devant le jeune homme, mais comme pour lui faire rapidement oublier cette image ridicule, me retournai vers lui, toujours très souriante, et décidai de commencer à m'intéresser un peu à sa vie. « Et toi … et vous ? Qu'est-ce que tu … vous, faites dans la vie ? » Pitoyable, vraiment pitoyable comme première conversation, mais pour ma défense, je n'étais pas en état, et c'était dommage, ou peut-être que cela facilitait les choses d'un côté. En tout cas, j'avais clairement du mal à savoir si je devais le vouvoyer ou le tutoyer puisqu'après tout, nous étions dans un bar et à peu près du même âge, mais une chose était sûre, l'alcool ne devait pas me rendre très intelligente à ce moment là. « Champagne ? » lui demandais-je finalement avec un grand sourire, une coupe dans une main et la bouteille dans l'autre, prête à le servir. Oui, j'avais décidé de prononcer un seul mot, clair, net, et précis, au lieu de me rendre une nouvelle fois ridicule en hésitant avec mes 'tu' et mes 'vous' pour savoir s'il désirait boire ce champagne avec moi...

Quand je la vis se retourner avec un petit sourire, l'idée qu'elle me vire avec une phrase bien cinglante m'avait traversée l'esprit... puis finalement, son sourire s'agrandit. Elle devait avoir déjà bu quelques verres... ou alors elle était très lunatique. En tout cas, elle m'avait parue fatiguée, presque blasée d'être dans ce bar, et elle avait finalement affiché un grand sourire en se retournant vers moi. « Hmm, oui peut-être effectivement... quel âge avez-vous ? » Un sourire se dessina sur mon visage en l'entendant. Je savais très bien que je ne l'avais jamais vue avant, tout simplement car elle était sûrement New-Yorkaise, et moi petit habitant d'Arrowsic, loin de la Grosse Pomme, qui venait ici juste en vacances. 

« J'ai vingt-et-un ans. Et toi ? Je n'avais pas vraiment hésité à la tutoyer. C'était peut-être une façon d'être déjà un peu plus proches. Et puis elle ne devait pas être si âgée après tout, alors autant oser la familiarité. « Je … je suis étudiante en médecine en fait, je suis venue avec des amies pour fêter la fin de trois années de travail acharné à la fac. »  Je jetai tout comme elle un regard vers ses amies qui dansaient sur la piste. Si ça se trouve, mon meilleur ami avait trouvé sa petite brune parmi elles... Puis j'écarquillai les yeux en souriant en voyant l'une des filles écraser quelque chose qui ressemblait à des glaçons sur la tête d'un garçon qui dansait face à elle. Ah oui ? J'espérai que toutes les copines n'étaient pas comme ça : je ne tenais pas vraiment à me prendre des glaçons dans la figure. Je reportai finalement mon regard sur cette magnifique blonde que j'avais abordée. J'avais toujours fait plus âgé, alors ça n'avait pas l'air de la déranger, et surtout, elle n'avait pas l'air de l'avoir remarqué.

« Et toi … et vous ? Qu'est-ce que tu … vous, faites dans la vie ? » Je souris doucement en l'entendant hésiter entre me tutoyer et me vouvoyer. Si elle savait qu'elle parlait à un mi-adolescent, mi-adulte, elle n'aurait pas hésité ! Par contre, je réalisai qu'elle me demandait ce que je faisais comme étude ou métier. Lui répondre “je suis au lycée” n'était pas du tout la bonne solution.

« Je fais des études de journalisme. Et tu sais que tu peux me tutoyer ? »

Je lui adressai un sourire rassurant et amical, juste avant qu'elle ne me demande un simple : « Champagne ? »[/color] En gardant mon sourire, je jetai un regard discret vers le barman, qui discutait avec des clients de l'autre côté du bar. Nous avions déjà assez insisté tout à l'heure pour qu'il nous vende de l'alcool qu'il devait avoir retenu mon visage... s'il me voyait boire du champagne, il serait capable de faire tomber mon plan séduction à l'eau. Alors comme il était loin et ne me voyait pas, je hochai la tête positivement en souriant.

« Avec plaisir ! »

Je pris la coupe, et profitai d'un moment où elle regarda de nouveau ses amies de la fac pour la lever en regardant mon meilleur ami et en souriant. Oui, nous étions parfois gamins, et là mon message signifiait clairement : “j'ai réussi à avoir une coupe, pas toi !” D'ailleurs, son visage choqué en disait long sur ses pensées. Mais il se consola bien vite avec une jolie brune qui arriva vers lui et l'obligea à retirer son regard de moi. Je reposai alors le mien sur ma jolie blonde.

« Tu les as réussies tes années au moins ? Parce que là, au bar, toute seule, avec ta coupe de champagne... On dirait que tu déprimes. J'ai presque envie de te faire rire avec des blagues vraiment pourries tu sais ? »

En riant doucement, je portai la coupe qu'elle venait de me servir à ma bouche et la détaillai discrètement du regard. Je persistai à me dire que j'avais fais un bon choix : elle était magnifique.

« J'ai vingt-et-un ans. Et toi ? » Je ne m'étais pas une seconde mise à douter de sa sincérité, et puis de toute façon, je n'avais plus trop les idées claires, du moins pas assez pour pouvoir penser qu'il pouvait me mentir à ce sujet. « Je vais sur mes vingt-deux ans là, donc il est possible que l'on se soit déjà croisés oui. » Je lui souris, pourtant, j'étais bien certaine de ne jamais l'avoir vu nulle part. En tout cas, bonne nouvelle, nous avions le même âge tous les deux, ce qui m'emballait encore plus, et me poussait à le connaître davantage. Je lui souris, ravie d'avoir enfin trouvé quelqu'un à qui parler, qui plus est un séduisant jeune homme. « Je fais des études de journalisme. Et tu sais que tu peux me tutoyer ? » Au moins, c'était clair. Je lui souris tout en lui adressant un petit signe de tête. « D'accord. » C'était ridicule de se vouvoyer, après tout, nous étions du même âge, et puis, ce n'est pas vraiment dans ce genre d'endroit que les gens se vouvoient ! Mon sourire s'agrandit lorsqu'il me répondit qu'il désirait du champagne avec plaisir, et je ne tarda pas à lui servir une coupe. D'ailleurs, il eu l'air de s'en vanter en la tendant en direction de quelqu'un avec un sourire satisfait, mais je n'avais pas  vraiment pu deviner qui au milieu de la foule. Je fis ensuite tinter ma coupe sur la sienne, et avala ma énième gorgée de champagne de la soirée pour cette rencontre en valait largement la peine.

« Tu les as réussies tes années au moins ? Parce que là, au bar, toute seule, avec ta coupe de champagne... On dirait que tu déprimes. J'ai presque envie de te faire rire avec des blagues vraiment pourries tu sais ? » J'écarquillai un peu les yeux en souriant. Ah oui, je devais avoir l'air très intéressante pour les gens se trouvant ici, vu la façon dont il décrivait mon expression ! En même temps, je n'étais pas très heureuse d'être là, on m'y avait un peu obligée. Si j'avais pu bien m'amuser au départ, c'est vrai que plus la soirée avançait, et plus je m'ennuyais à mourir ici. Heureusement que l'alcool me faisait passer le temps. « Oui, je les ai eues. J'ai l'air si mal que ça ? C'est parce que tu as pitié de moi que tu viens me voir, c'est ça en fait ? » lui demandais-je sur le ton de la plaisanterie en riant doucement. « Non, c'est juste que je suis un peu fatiguée et que … c'est pas vraiment dans mes habitudes de sortir dans ce genre d'endroit. En plus je dois attendre que mon amie en ai assez de danser pour pouvoir rentrer, c'est elle qui me ramène... Enfin, théoriquement. » Je grimaçai légèrement tout en jetant un petit regard à l'intéressée. Oui, c'était elle qui avait osé m'embarquer là dedans, mais quelque chose me disait que j'allais pouvoir la remercier plus tard. En attendant, elle était complètement défoncée et ivre morte sur la piste de danse maintenant, c'était vraiment de pire en pire. J'avais honte. Apparemment, vu son état, je crois que j'allais plutôt rentrer chez moi avant l'heure, c'est à dire seule et à pied, peu importe le temps que cela prendrait. Puis je reportai mon regard sur lui. Des blagues pourries ? Quelque chose me disait qu'elles ne l'étaient pas tant que ça, mais j'avais hâte de les entendre en tout cas ! Je connaissais à peine ce garçon, mais j'avais presque envie de quitter ce bar et de partir loin d'ici avec lui, au moins pour être plus au calme et pouvoir ainsi discuter tranquillement. Car oui, à cette heure, même dans la ville dont on disait d'elle qu'elle ne dormait jamais, les rues seraient toujours plus calmes qu'à l'intérieur de ce bar. Pourtant, il fallait que je me retienne, non seulement parce que cela ne faisait que quelques minutes que nous nous connaissions, mais en plus parce que je ne tenais pas trop à passer pour une fille facile et à faire n'importe quoi avec le premier venu. Même en étant un peu éméchée, je savais encore ce que je faisais et n'étais pas prête à lui sauter dans les bras au moindre sourire charmeur. « Mais … comme je m'ennuie horriblement, je veux bien écouter tes soit-disant blagues pourries histoire de me distraire un peu. » Je lui souris d'un air amusé avant d'avaler une gorgée de champagne tout en ne le quittant pas des yeux. Il était vraiment beau, et apparemment, pas que physiquement. Il dégageait en plus de ça un charme tout particulier qui m'attirait, et s'il avait de l'humour pour couronner le tout, alors je crois que j'avais trouvé la perle rare ce soir. Oh oui, j'avais bien envie de rester là à côté de lui ne serait-ce que pour l'admirer et  écouter ses blagues, même les plus pourries qui soit. D'ailleurs, il suffisait d'observer ma façon de le regarder ou de lui sourire pour comprendre qu'il ne me laissait absolument pas indifférente, et que cela risquait même de ne pas s'arranger si ses blagues s'avéraient bel et bien complètement nulles.

Je ne sais pas si elle était toujours si gênée et maladroite, mais en tout cas l'alcool la rendait ainsi, et je devais avouer qu'elle était adorable à hésiter entre me vouvoyer et me tutoyer, à me regarder comme si je sauvais sa soirée qu'elle semblait vouloir passer dans ses coupes de champagne, accoudée au comptoir du bar. « Oui, je les ai eues. J'ai l'air si mal que ça ? C'est parce que tu as pitié de moi que tu viens me voir, c'est ça en fait ? »  Je souris en l'entendant. Heureusement que je n'étais pas venu que pour ça ! J'étais surtout venu parce qu'elle était “canon”, et que j'espérai avoir ma chance avec elle, même si elle était plus âgée que moi. Et, en la voyant le dos tourné et la tête sur sa coupe, j'avais vraiment hésité à me dire qu'elle allait se tourner vers moi et accepter de ma parler. Mais elle l'avait fait, et elle tinta sa coupe de champagne contre la mienne, comme pour fêter notre toute nouvelle rencontre. « Non, c'est juste que je suis un peu fatiguée et que … c'est pas vraiment dans mes habitudes de sortir dans ce genre d'endroit. En plus je dois attendre que mon amie en ai assez de danser pour pouvoir rentrer, c'est elle qui me ramène... Enfin, théoriquement. »  Je jetai un regard à ses amies, essayant de deviner celle qui devait la ramener... mais vu l'état presque pitoyable dans lequel elles étaient toutes, c'était peut-être encore plus sûr qu'elle rentre seule chez elle, surtout si c'était en voiture. Enfin j'avais bien l'intention de la garder encore un peu ici et de lui parler. J'arriverai peut-être à quelque chose... ou alors ça n'irait jamais plus loin : ça, ça appartient au destin !
 
« Mais … comme je m'ennuie horriblement, je veux bien écouter tes soit-disant blagues pourries histoire de me distraire un peu. »  Le nez dans ma coupe, je m'étais arrêté de boire en entendant sa réponse. Ah. Ça m'apprendra à toujours dire les premières choses qui me viennent à la tête sans vraiment réfléchir tiens ! En fait, je n'avais pas vraiment de blague pourrie là, tout de suite, en tête, et le peu d'alcool que j'avais déjà ingurgité n'allait sûrement pas aider ma réflexion. J'avais juste envie de m'amuser, sans penser à rien, et je pensais tellement peu à ce que je disais que je disais n'importe quoi. Reposant ma coupe sur le bar, je gardai pourtant mes doigts autour du pied du verre, comme à la recherche d'une inspiration, puis reportai mon regard sur la jeune femme en souriant.

« Je vais te faire une devinette plutôt. Ça tient en trois indices : je suis un garçon, blond, et avec une coupe de champagne. Qui suis-je ? »

J'attendis sa réponse à ma devinette plutôt évidente, mais finalement, me décidai à la lui donner avant même qu'elle n'ait eu vraiment le temps de réfléchir.

« Moi, qui devrait me taire parfois pour éviter de me retrouver dans des situations bizarres où je dois raconter des blagues pourries alors que je n'en ai aucune en magasin. »

Mon sourire s'agrandit en la regardant, tandis que je me demandai intérieurement comment je pouvais la séduire avec des techniques de drague aussi banales... Quand je pense que c'est mon meilleur ami qui m'avait donné ce genre de tuyaux... j'avais bien envie de traverser le bar pour aller le confronter à ses techniques foireuses et lui dire clairement que ça ne fonctionnait pas. Enfin c'est ce que je croyais du moins.

« En tout cas, même déprimée, je ne comprends pas pourquoi tu es toute seule ici sur ton tabouret... Bon en même temps, ça me permet aussi de pouvoir venir te voir, donc je vais pas me plaindre. »

Comment te dire clairement que je te dragues en une leçon ? Je lui jetai finalement un petit regard en reportant mes lèvres à ma coupe de champagne.

Apparemment, le jeune homme ne s'était pas attendu une seule seconde à ce que je retourne la situation à son désavantage, et donc le mette dans une situation plutôt compliquée. Oui, j'avais hâte de profiter de l'une de ses blagues, et donc voir si elles étaient si pourries qu'il le prétendait. « Je vais te faire une devinette plutôt. Ça tient en trois indices : je suis un garçon, blond, et avec une coupe de champagne. Qui suis-je ? » Je plissai les yeux, les sourcils froncés en le regardant, me demandant s'il y avait un piège dans son petit jeu, puis levai mes yeux en l'air pour me mettre à réfléchir à sa devinette. Oui, j'avais eu besoin de me mettre à réfléchir, parce que l'évidence ne m'avait même pas sauté aux yeux tout de suite tellement l'alcool m'avait monté à la tête. Honnêtement, j'étais dans un état tellement lamentable qu'il m'était très difficile de percuter rapidement, du moins comme je l'aurais fait en temps normal. Mais avant que je n'ai eu le temps de lui répondre quoi que ce soit, il me devança en poursuivant : « Moi, qui devrait me taire parfois pour éviter de me retrouver dans des situations bizarres où je dois raconter des blagues pourries alors que je n'en ai aucune en magasin. » J'eus un petit moment de blocage, le temps de me remémorer à la fois sa devinette, puis de comprendre son raisonnement. D'accord, je m'étais bien faite avoir ! En même temps, l'alcool me rendait complètement stupide, j'étais bien incapable de réfléchir correctement. J'éclatai finalement de rire. Elle avait beau être pourrie, elle avait au moins eu le mérite de me faire rire, sa devinette trop facile et ridicule. « Effectivement, on va dire que tes blagues ne sont pas très … lumineuses. » C'était le moins que l'on puisse dire ! Je pouffai doucement de rire en le regardant, me moquant gentiment de lui. Je pouvais me moquer, moi qui n'avait même pas été capable de trouver dans la seconde la réponse à la devinette la plus évidente qui soit. Je ne voulais pas le blesser en lui disant cela, je n'en avais pas envie, au contraire même, et puis, j'espérais qu'il comprendrait bien qu'en le taquinant, je lui montrais par la même occasion tout mon intérêt envers lui. D'ailleurs, mon regard ainsi que mon sourire en disaient long sur ce que je ressentais à ce moment précis. « Mais s'il te plait ne te tais pas... » Ce garçon m'intriguait, plus que ça même, il me plaisait. J'avais envie de le connaître davantage, j'avais même l'impression que finalement, nous nous connaissions depuis toujours tous les deux. A tel point que j'en avais complètement oublié de lui demander son prénom depuis le début de notre conversation ! Si l'alcool avait l'inconvénient de ne pas me rendre très brillante, au moins, il avait l'avantage de me libérer de tous mes complexes et de me laisser m'exprimer librement.

« En tout cas, même déprimée, je ne comprends pas pourquoi tu es toute seule ici sur ton tabouret... Bon en même temps, ça me permet aussi de pouvoir venir te voir, donc je vais pas me plaindre. » J'ouvris plus grand mes yeux tout en ne le lâchant pas des yeux, un petit sourire aux lèvres. Ah oui ? il n'allait pas se plaindre d'avoir atterri à côté de moi ? Cela ressemblait bien à des avances, ce genre de phrase. L'alcool faisant des siennes, je me mis à lui répondre d'un air complètement perché. « Ouh toi, tu me dragues ! » Je ris doucement en pointant mon doigt dans sa direction, avant de boire une nouvelle gorgée de champagne qui n'arrangerait sûrement pas mon cas. Ce n'était pas très intelligent, très futé de ma part, d'autant plus que je risquais plus de le mettre mal à l'aise qu'autre chose, mais je n'en avais même pas conscience dans mon état. Ayant déjà oublié ce que je venais de dire, je poursuivis : « Alors comme ça, tu veux être journaliste ? Ça veut dire que je vais bientôt te voir dans mon petit écran ça, non ? En tout cas, tu me diras sur quelle chaîne tu apparais, que je te regarde. » Je l'observais toujours avec mon petit sourire, et en arquant un sourcil, histoire de lui faire comprendre que le regarder n'était pas du tout quelque chose de désagréable pour moi, au contraire. Mais encore fois, je m'y prenais mal, j'étais maladroite, et une chose est sûre, sans ce champagne, ce jeune homme m'aurait trouvée bien moins ouverte, et surtout beaucoup moins naïve que je ne l'étais maintenant.

Tout à coup, le dj du bar changea de musique. Une musique que j'adorais, qui était assez rythmée et qui engendra instinctivement un immense sourire sur mon visage. « Oh, j'adore cette chanson ! » Heureuse, je me mis à me dandiner doucement sur le tabouret, espérant entrainer ma nouvelle rencontre avec moi, ce qui n'était pas franchement gagné...

« Effectivement, on va dire que tes blagues ne sont pas très … lumineuses. » Je lui souris en reposant mon verre sur le comptoir. Peut-être, mais au moins j'en avais conscience, et puis elle avait quand même rit. Je pense pourtant que l'alcool m'avait été d'une grande aide, parce qu'après tout, elle n'était pas totalement sobre, et j'étais en train de me demander si je n'allais pas devoir l'arrêter à un moment avant qu'elle ne s'effondre en face de moi. « Mais s'il te plait ne te tais pas... » Je n'en avais pas l'intention, au contraire ! Je voulais profiter du fait que j'avais réussi à l'aborder sans me prendre le râteau siècle pour pouvoir lui parler et faire sa connaissance. Et j'étais plutôt heureux de ne pas être timide, contrairement à certains de mes amis : si je n'avais pas osé aller voir la jeune femme, je l'aurais peut-être regretté. « Ouh toi, tu me dragues ! » J'écarquillai les yeux, surpris par le ton qu'elle venait de prendre et par son doigt, pointé sur moi, puis affichait un sourire. Je ne sais pas si c'était uniquement l'alcool qui la rendait comme cela, mais elle me paraissait adorable et drôle en réagissant ainsi, comme une enfant ou une petite adolescente qui découvrirait les techniques de drague - parfois très limitées - des hommes.

« Non ? Tu crois ? »

Lui adressant simplement un clin d'œil et un petit sourire, je terminai ma coupe de champagne. Le barman était toujours de l'autre côté et semblait passionné par sa conversation avec le client qui l'occupait depuis plusieurs minutes, et qui m'avait ainsi permis de boire un peu avec mon “canon”. « Alors comme ça, tu veux être journaliste ? Ça veut dire que je vais bientôt te voir dans mon petit écran ça, non ? En tout cas, tu me diras sur quelle chaîne tu apparais, que je te regarde. »  Je ne pus m'empêcher de rire, tout comme elle. Si elle savait qu'il me fallait encore plusieurs années avant de pouvoir espérer me retrouver derrière le petit écran ! Et encore, si j'avais vraiment l'intention de me diriger vers la télévision une fois mes études terminées.

« Tu devrais encore attendre un peu, mais promis, je te le dirai. »

J'avais à peine terminé ma phrase que je la vis presque sursauter, en tout cas se redresser sur son tabouret en regardant autour d'elle puis en reposant son regard sur moi. « Oh, j'adore cette chanson ! »  Toujours en souriant, je la regardai se dandiner sur le tabouret du bar. Je me levai alors du mien et lui pris la main pour l'entraîner sur la piste. Le message était bien passé : elle avait envie de danser sur cette chanson qu'elle adorait. J'avais quand même opté pour la partie du bar qui n'était pas occupée par ses amies, parce que je voulais être tranquille avec elle, mais j'avais bien vu leurs regards excitées et bien empreints d'alcool lorsque nous étions passés. Moi qui n'était pas forcément très axé danse, même dans les soirées, je devais avouer que la voir se trémousser comme ça m'avait bizarrement donné envie de l'accompagner. Sauf que lorsque sa chanson était terminée, le DJ avait eu la merveilleuse idée de lancer un slow. J'avais préféré ne même pas me retourner vers les amies de ma jolie blonde : elles devaient être proches de l'arrêt cardiaque ou de l'évanouissement à ce moment. Je restai fixé sur elle pendant une seconde, puis finalement posai ma main sur sa hanche pour la rapprocher de moi. J'avais déjà rencontré plusieurs filles dans des bars ou des soirées, mais aucune ne m'avait fait cet effet là...

« Tu devrais encore attendre un peu, mais promis, je te le dirai. » Je lui souris. J'avais bien l'intention qu'il me le dise oui, afin que je ne le perde pas totalement de vue lorsque nous sortirons de ce bar. Pourtant, nous n'étions pas prêts de quitter cet endroit, parce que la musique du dj était ma musique du moment, elle m'entrainait, et d'ailleurs je comptais bien danser dessus. J'étais en train de danser doucement sur mon tabouret lorsque je sentis la main du jeune attraper la mienne pour m'attirer vers la piste de danse. J'écarquillai les yeux quelques secondes, étonnée de sa demande inattendue, puis, finalement, l'avais suivi. J'en étais bien obligée, il avait l'air de vouloir à tout prix profiter de ce court instant avec moi. Pourtant, je ne savais pas danser, mais je m'en fichais, après tout, nous étions surtout là pour nous amuser. Sur mon passage, j'avais fait un signe de main à mes amies maintenant assises sur une banquette. L'une dormait à moitié, tandis que les deux autres piaillaient à n'en plus finir, et me regardaient avec un immense sourire aux lèvres. Non les filles, vous ne rêviez pas, il était bien en train de m'entrainer sur la piste avec lui, pour entamer une danse, sur, qui plus est, une musique que j'adorais. Tout était parfait, nous avions dansé comme deux petits fous, comme deux enfants à une boum. S'il n'était pas doué niveau blagues, je devais reconnaître qu'il était doté d'un très bon niveau de danse, pour un homme ! Oui, tout était absolument parfait jusqu'à la fin de la chanson. Le dj n'avait pas pu trouver une meilleure idée que d'enclencher un slow ? Rien de tel pour me mettre mal à l'aise, et ce malgré le champagne qui coulait à flot dans mes veines ! Je m'étais détachée de lui et sans vraiment oser le regarder, presque prête à revenir sur mon tabouret pour poursuivre notre conversation. Il me fixait, mais j'avais l'impression d'être tout à coup devenue une petite fille intimidée. Pourtant, je n'eus pas le temps de faire marche arrière que je le vis se rapprocher de moi tandis que je sentais sa main se poser sur ma hanche. Je le regardais d'un air un peu étonné l'espace d'une seconde, puis finalement, lui souris, rassurée que les choses se soient passées ainsi. Il avait fait le premier pas, et m'avait retiré une sacrée épine du pied ! Je me sentais beaucoup plus à l'aise, moins coincée, même si sous ma poitrine, mon cœur tambourinait pas mal. En passant mes deux bras derrière sa nuque, je lui souris, un peu bêtement sous l'effet de l'alcool, mais très tendrement quand même. Je n'avais même pas envie de jeter un regard à mes amies à ce moment précis, j'avais juste envie de le regarder lui, d'être comme dans une bulle, sans personne d'autre autour de nous. Je connaissais à peine ce jeune homme, mais j'avais comme le sentiment d'avoir fait une très belle rencontre, une rencontre qui allait changer ma vie, lui donner le piquant qui lui manquait. Alors que nous tournions doucement l'un contre l'autre et que je le regardais avec des yeux brillants, je n'avais pas pu m'empêcher de lui confier avec un sourire amusé : « A défaut de me séduire avec tes blagues, je trouve que là, tu as un certain talent. » C'était complètement faux, il réussissait très bien à me séduire avec ses blagues, et encore mieux lorsqu'elles étaient totalement idiotes. Mais là, il fallait avouer qu'il était magnifique sous ce jeu de lumières, d'autant qu'il s'y prenait à merveille pour me faire danser. Ce jeune homme me faisait de l'effet comme rarement un homme ne m'en avait fait, c'était indéniable. « Tu crois qu'on va se revoir ? » ajoutais-je en le suppliant presque du regard, un petit sourire aux lèvres. J'avais légèrement l'air d'une adolescente en mal d'amour là, l'alcool exagérant considérablement mes sentiments, mais tant pis. J'espérais qu'il me réponde par la positive. J'avais vraiment l'envie de le revoir, dans une toute autre situation, c'est à dire de jour et ailleurs que dans ce bar, même si pour l'instant, j'avais l'impression de vivre un rêve éveillée.

J'avais maintenant l'impression d'être comme dans une petite bulle. Je gardai mes mains sur ses hanches tandis qu'elle passait ses bras autour de mon cou, et nous dansions comme ça, tournant parmi les autres couples, certains étant sûrement, comme nous, des couples formés depuis quelques minutes à peine. Moi qui pensais juste faire une rencontre comme j'en avais déjà faites, une fille qui ne chercherait pas plus qu'une soirée où nous nous amusions bien, j'étais assez étonné d'être tombé sur cette jeune demoiselle. En fait, j'avais envie de tout, sauf de partir d'ici. J'avais l'impression que c'était beaucoup plus qu'une rencontre d'une soirée, qui n'irait pas plus loin... presque comme une sorte de coup de foudre. Petit à petit, je ne voyais plus rien de ce qui pouvait se passer autour de nous : tous les gens avaient disparus, et même la musique devenait de plus en plus faible. Je ne voyait plus qu'elle, qui me regardait en souriant dans l'obscurité, éclairée de temps en temps par les lumières projetées dans le bar. « A défaut de me séduire avec tes blagues, je trouve que là, tu as un certain talent. » Je lui souris et me penchai vers elle pour l'embrasser sur la joue. Autant éviter de ruiner toute tentative de séduction en étant trop entreprenant... On ne sait jamais, peut-être qu'elle réagirait mal si j'allais tout de suite plus loin. « Tu crois qu'on va se revoir ? » Je lui souris de nouveau, passant une main dans le creux de son dos pour la rapprocher un peu plus de moi.

« J'espère bien. »

Vu ce que je venais de ressentir rien qu'en dansant avec elle, j'avais bien l'intention de la revoir oui. Le slow se termina vite - trop vite ? - et j'avais eu du mal à revenir à la réalité, bien que la musique, soudainement bien plus énergique, m'y avait forcé. Je repris doucement la main de mon “canon blond” pour l'attirer avec moi sur une banquette, dans un coin du bar où nous serions encore plus tranquilles qu'au comptoir. Ses amies étaient sur une autre banquette à l'opposé ; je distinguai vaguement mon meilleur ami avec sa brune. Mais il n'y avait que ma blonde à moi qui comptait pour l'instant. Je la regardai en souriant légèrement.

« Je pense toujours que tu as bien fait de ne pas partir maintenant. »

Alors je remerciai intérieurement son amie qui devait la reconduire, et qui avait non seulement envie de rester à la soirée, mais aussi qui était sûrement trop ivre pour faire quoi que ce soit. Si elle était censée conduire, je préférai la raccompagner moi-même. Pourtant, je devais avouer qu'un peu à l'écart sur cette banquette, rien que tous les deux, j'aurais bien pu passer des heures dans ce bar.

Apparemment, mon petit compliment lui avait fait de l'effet. Un léger frisson m'avait envahie en sentant ses lèvres se poser sur ma joue, après quoi je n'avais cessé de lui sourire en le regardant dans les yeux. J'étais complètement captivée, en totale admiration, bref, ce garçon était en train de rendre ma soirée magique. A tel point que j'avais l'impression que rien ni personne n'existait autour de nous. En plus d'être comique et bon danseur, visiblement, monsieur savait aussi très bien comment s'y prendre avec les femmes, ce qui n'était pas pour me déplaire d'ailleurs … J'avais légèrement rougi sur le coup, ce qui ne s'était pas vraiment vu dans l'obscurité de la salle. « J'espère bien. » dit-il avant de passer une main dans le creux de mon dos pour me rapprocher davantage de lui. Lui aussi voulait me revoir, ce qui était plutôt bon signe pour moi. Là, je crois bien que mon cœur, qui tambourinait à une vitesse anormale, était comme une bombe sur le point de s'autodétruire dans quelques secondes. Nous avions continué de danser l'un contre l'autre pendant plusieurs minutes, alors que, totalement ivre, j'en avais profité pour poser ma tête contre le haut de son torse. Bercée par son parfum, cette douce musique ainsi que les battements de son cœur, il m'avait fallu un certain temps pour remarquer que la musique avait été changée, et qu'il était peut-être temps pour nous de nous écarter, d'arrêter de danser. Je m'étais alors détachée de lui un peu à contrecœur, déçue que ce magnifique moment se termine si tôt, puis finalement, l'avais suivie ma main dans la sienne, pour le rejoindre sur une banquette libre à l'écart des autres clients et surtout, de mes amies. En passant, je n'avais même pas eu l'idée de leur jeter un petit regard tellement mon blondinet m'obnubilait. Pourtant, Dieu sait qu'elles devaient attendre impatiemment un signe de ma part, je venais sûrement de danser avec le garçon le plus canon de toute la boîte, alors elles avaient de quoi être excitées comme des puces ! Finalement, nous étions devenus comme un couple dans ce bar, à boire du champagne ensemble, à se suivre au moindre mouvement et à danser les danses les plus romantiques l'un contre l'autre. Je m'étais ensuite assise à côté de lui sur la banquette, et même si la fatigue commençait à pointer le bout de son nez, je ne montrais rien. Du moins, je m'efforçais de ne rien montrer au jeune homme, parce que je ne voulais pas rentrer tout de suite. En me voyant m'assoupir, il aurait certainement insisté pour me ramener, or moi, tout ce que je voulais, c'était passer encore du temps avec lui dans ce bar, peut-être même jusqu'à la fermeture, alors j'étais bien décidée à lutter contre cette fichue fatigue. « Je pense toujours que tu as bien fait de ne pas partir maintenant. » Je me tournais vers lui, les yeux un peu engourdis par la fatigue et l'alcool, et me mis à lui sourire de plus belle. « Et je n'ai plus du tout envie de partir d'ici, bizarrement... » Sous-entendu : peut-être y es-tu pour quelque chose ? C'était même certain qu'il y était pour quelque chose. Sans lui, je crois que je serais déjà dans un sale état à ce bar. Un petit silence s'était installé entre nous, durant lequel nous nous étions lancés un regard lourd de sens. « Tu vois, sans toi je crois que je serais encore là-bas, en train de dormir profondément la tête dans mes bras, et la bouteille totalement vide à côté de moi. » dis-je tout en désignant le comptoir d'un signe de tête, un petit sourire amusé aux lèvres. Quelle image désastreuse j'étais en train de nous envoyer ! Mais bon, ce n'était pas faux. Sans lui, je ne sais pas dans quel état mes amies m'auraient ramenées, déjà qu'elles n'étaient pas en grande forme elles aussi … Le jeune homme m'avait en quelque sorte sauvée de mon désespoir, et je me tournais une nouvelle fois vers lui pour lui offrir un sourire gratifiant. « D'ailleurs je dois te remercier, tu as rendu ma soirée beaucoup plus passionnante. » En guise de remerciement, je m'approchais doucement pour me coller plus contre lui et en profiter pour l'embrasser sur la joue, une sorte aussi de petit clin d'œil au baiser qu'il m'avait donné sur la piste de danse.

Assis sur cette banquette, dans un coin du bar, nous étions beaucoup plus tranquilles qu'au comptoir. Et c'était ce que je recherchais en venant ici. Je voulais que nous soyons seuls, et le bar, surtout à cette heure, n'était pas forcément le meilleur lieu pour cela. Il suffisait de voir tous les gens qui dansaient, mêlés à ceux qui ne veulent que passer en essayant de sauver leur verre rempli, et ceux qui, comme nous, voulaient être un peu à l'écart. Ce n'était pas forcément l'endroit où l'intimité était la plus grande, mais je me disais que si je proposai à la jeune femme de rentrer maintenant, ça voudrait aussi dire que nous nous séparerions dans peu de temps. Et j'avais bien l'intention de passer le plus de temps possible avec elle.« Et je n'ai plus du tout envie de partir d'ici, bizarrement... »  Je souris légèrement et tournai mon regard vers elle. J'avais pensé juste la regarder, mais en fait je crois bien que je l'avais dévorée des yeux. « Tu vois, sans toi je crois que je serais encore là-bas, en train de dormir profondément la tête dans mes bras, et la bouteille totalement vide à côté de moi. » Je ne pus cette fois m'empêcher de rire en regardant le comptoir du bar et en l'imaginant endormie avec la bouteille de champagne qui trônait à côté d'elle.

« J'ai bien fait d'arriver alors ! »

En lui adressant un nouveau sourire, je passai mon bras derrière elle pour la rapprocher de moi. « D'ailleurs je dois te remercier, tu as rendu ma soirée beaucoup plus passionnante. »  J'avais tendance à être plus coureur de jupons que pressé d'avoir une relation sérieuse, surtout à dix-sept ans, et pourtant je me sentis frissonner légèrement quand ses lèvres se posèrent sur ma joue. Rien qu'un petit baiser comme celui-là me faisait cet effet. Et puis,moi qui voulais ne pas aller trop vite tout à l'heure pour éviter de la faire fuir, ça devenait de plus en plus difficile de me retenir, surtout avec ce que nous venions d'échanger maintenant, et sur la piste de danse. Alors, après quelques secondes où je l'avais regardée, je posai doucement ma main sur sa joue pour qu'elle me regarde à son tour, et m'approchai d'elle tout aussi doucement jusqu'à poser mes lèvres sur les siennes. Pendant ces quelques secondes, j'avais eu l'impression que nous étions seuls dans le bar, dans la rue, dans la ville, presque même dans le pays entier : je ne voyais plus personne autour de nous, il n'y avait qu'elle et moi sur cette banquette. Je crois bien que c'était ça, un coup de foudre. Mon “opération drague” s'était transformée en “opération amour”, et bizarrement, c'était loin de me déplaire. Je me reculai finalement pour la regarder en souriant.

« Je crois que je dois te remercier aussi... parce que toi aussi tu rends ma soirée plus passionnante. »

« J'ai bien fait d'arriver alors ! » Je hochai la tête en lui offrant un joli sourire. C'était certain qu'il avait bien fait d'arriver, sans lui je n'aurais certainement pas profité de cette belle soirée, sans lui j'aurais sombré sur le comptoir du bar jusqu'à ce que mon amie vienne me signaler l'heure de son départ, c'est à dire, vu comme c'était parti, à la fermeture. Ce garçon me connaissait à peine, et pourtant dans ses yeux je pouvais voir qu'il me regardait déjà comme si j'étais une princesse. Moi aussi, je ne cessais de le regarder, de l'admirer plutôt, et je devais avouer que, même sous l'emprise de l'alcool, il correspondait parfaitement à ce que je recherchais chez un homme. Pas trop viril, extrêmement drôle, qui ne se prend pas au sérieux et surtout, qui me respecte. C'était tout à fait le cas pour cette nouvelle rencontre, qui, je l'espérais, n'allait pas me lâcher dès notre sortie de ce bar. Je sentis alors son bras passer derrière moi, si bien que je me rapprochai automatiquement de lui, ce qui me surpris un peu. J'écarquillai un peu les yeux, surprise de me voir collée à lui de cette façon, comme si je devenais tout à coup sa petite amie. Mon cœur battait la chamade, et à ce rythme, je n'allais pas me retenir de l'embrasser très longtemps, le champagne m'y poussant légèrement. A la vue de son sourire, de son regard, mon air étonné disparut tandis que je posai ma main sur la sienne, et à cet instant je compris qu'effectivement, c'était peut-être la rencontre de ma vie que j'avais fait ce soir. En tout cas, je persistais de plus en plus à croire qu'il n'allait pas m'abandonner en cours de route une fois la soirée terminée. Il paraissait trop attaché à sa petite rencontre apparemment pour me laisser tomber si vite.

Le jeune homme continuait de me regarder avec des yeux presque amoureux, ce qui me perturbait un peu, même si moi aussi, je devais très certainement l'observer de la même façon. Son regard insistant qui ne m'envoyait pas d'autre signal que 'tu me plais' me fit rougir légèrement. Je crois bien que j'allais faire un malaise. L'alcool plus toutes ces marques de tendresse venant d'un garçon aussi séduisant que lui étaient très difficiles à supporter physiquement. Mon cœur était mené à rude épreuve sous ma poitrine, et mes mains devaient être moites comme pas possible tellement la chaleur était intense dans la pièce. Pourtant, alors que j'avais détourné mon regard pour observer les gens qui dansaient sur la piste, je sentis une main se poser sur ma joue, si bien que je tournai instinctivement mon visage vers le jeune homme, qui se retrouva tout près du sien. Je fus étonnée, mais pas pour autant récalcitrante, au contraire. Mes lèvres étant proches des siennes, j'avais parfaitement deviné ce qui allait se passer entre nous dans les prochaines secondes. Je me laissais alors totalement faire, et fermai lentement les yeux pour savourer ce premier et doux baiser. Passant ma main libre sur son torse, je la fis remonter jusque dans son cou, puis dans ses cheveux que je caressais doucement. Finalement, le jeune homme se détacha un peu de mes lèvres pour m'annoncer : « Je crois que je dois te remercier aussi... parce que toi aussi tu rends ma soirée plus passionnante. » Je lui offris un beau sourire tout en posant ma main sur sa joue, n'ayant qu'une hâte : retrouver à nouveau ses lèvres. Je crois que là, il n'y avait rien à dire, rien à ajouter, juste à profiter de cet instant merveilleux, sur cette banquette, dans l'obscurité et à l'abri des regards indiscrets. Je me rapprochais ensuite de lui pour continuer de l'embrasser plus langoureusement cette fois, histoire de lui faire comprendre à quel point j'avais envie de faire un bout de chemin avec lui, à quel point il m'avait séduite ce soir. J'avais presque envie de me laisser retomber avec lui sur la banquette pour que nous soyons plus à l'aise, mais étant donné que ce comportement était loin d'être convenable en public, je me contentais de glisser ma main sur sa nuque. « Tu vois, tes blagues sont peut-être pourries, mais tu parviens quand même à tes fins. » lui lançai-je entre deux baisers, le sourire aux lèvres. Jamais je n'avais ressenti cela pour quiconque, que ce soit à la faculté ou même ailleurs, j'avais l'impression de vivre quelque chose d'unique, quelque chose de magique qui ne se reproduirait pas de si tôt, comme si quelqu'un m'envoyait un message en me signalant que j'avais tout intérêt à ne pas laisser filer ma chance. « Je crois que je vais rentrer, il est tard et je supporte de moins en moins ce bruit... Tu viens ?» lui demandais-je alors que je lui prenais la main en commençant presque déjà à me lever. A présent, je n'avais qu'une envie : être au calme avec lui, profiter de lui comme j'en avais envie, ne faire rien d'autre que de l'embrasser, parce que je crois bien que ce soir, j'étais en train de tomber amoureuse.

Spoiler:

Je n'arrivai pas à m'empêcher de la regarder, comme si elle était la plus belle que j'avais jamais rencontrée. Et je crois bien qu'elle l'était. Je pense en fait que je n'avais ressenti ça avec personne auparavant. Alors même si on pouvait mettre cela sur le dos de ma jeunesse, qu'à quinze ans on n'est pas vraiment amoureux, c'est une petite passade d'adolescent, mais là, à dix-sept ans, j'avais l'impression que c'était beaucoup plus que cela. Pour lui faire comprendre, je l'avais embrassée. Comme sur la piste, je n'avais pas plus insisté pour ne pas qu'elle me repousse et que je ruine toutes mes chances avec elle en à peine quelques secondes, mais je souris contre ses lèvres lorsqu'elle m'embrassa à son tour. « Tu vois, tes blagues sont peut-être pourries, mais tu parviens quand même à tes fins. » Mon sourire s'agrandit tandis que nous continuions à nous embrasser sur la banquette du bar. Mes parents n'étaient pas toujours pour mon comportement fêtard, capable de rentrer à pas d'heure la veille d'une journée de cours car j'étais à une soirée, mais cette fois cette soirée les contredisait parfaitement : si je n'étais pas venu ici, je n'aurais jamais rencontré cette magnifique jeune femme. « Je crois que je vais rentrer, il est tard et je supporte de moins en moins ce bruit... Tu viens ?» Me détachant à contre-cœur de ses lèvres, je hochai la tête en souriant, attrapant sa main, et me levai de la banquette. Alors que nous nous dirigions vers la sortie du bar, je jetai un regard à mon meilleur ami, lui aussi occupée à papoter avec sa brune. Inutile d'aller les voir, il y avait une chance sur deux qu'il ne m'écoute pas, vu la façon dont il la regardait. Je pris alors mon portable et lui envoyai un simple message :

"Je la raccompagne chez elle, je ne sais pas quand je rentre. Ne m'attends pas."

Nos mains toujours l'une dans l'autre, nous avions commencé à avancer la rue soudainement très bruyante de New-York. Il était tard, il faisait nuit, et pourtant tout était encore en mouvement.

« On va devoir y aller à pieds par contre, je n'ai pas de voiture ici... Et puis d'un côté, tant mieux. »

Je lui souris en la rapprochant de moi. En voiture, nous n'aurions pas vraiment pu profiter l'un de l'autre, ou du moins pas de la même façon. Et puis si elle savait que non seulement je n'avais pas de voiture ici, mais que je n'en avais pas non plus chez moi, à Arrowsic... Il y avait encore pas mal de passants dans les rues, et des gens plutôt ivres sortaient des bars, donc un qui se dirigeait vers nous en titubant... Si je n'avais pas bougé, je crois qu'il m'aurait foncé dedans, comme s'il ne m'avait pas vu. J'affichai un petit sourire en regardant ma rencontre du soir. Je ne sais pas s'il arriverait à rentrer chez lui celui-là... Au détour d'une rue, je n'avais pu me retenir d'arrêter la jeune femme pour l'embrasser de nouveau. Au fond, j'étais aussi parti à contre-cœur du bar car je ne voulais pas que cette soirée se termine, et donc que je sois obligé de me séparer d'elle.

Nous étions finalement parvenus à rejoindre la sortie du bar en traversant la piste de danse, main dans la main pour ne pas se perdre de vue, évitant du mieux possibles les personnes fortement alcoolisées qui gigotaient dans tous les sens. Un vrai parcours du combattant, mais l'essentiel, c'était que désormais, lui et moi étions enfin sortis de cet endroit. Moi aussi, j'avais expliqué au jeune homme devoir envoyer un message à mon amie pour lui indiquer que je partais à pieds, mais je lui avais quand même adressé un signe de la main en partant au cas où elle ne le reçoive pas. L'air frais me faisait un grand bien. Mine de rien, il faisait une chaleur terrible dans ce bar, alors en sortir n'était vraiment pas une mauvaise idée au risque de mourir étouffés. Nous commençâmes alors à marcher jusqu'à mon petit studio main dans la main, tel un couple amoureux, lorsque le jeune homme m'annonça : « On va devoir y aller à pieds par contre, je n'ai pas de voiture ici... Et puis d'un côté, tant mieux. » Je lui offris un petit sourire lourd de sens après avoir affiché un air un peu étonné. Oui, bien que cela me surprenait un peu qu'il n'ai pas encore de voiture dans une ville comme New-York à son âge, au fond, c'était bien mieux. Au moins, le trajet serait plus long, et donc cela signifiait que nous avions plus du temps devant nous avant de nous séparer. Après avoir évité une nouvelle fois quelques individus bien imbibés, je lui répondis : « Oui, tant mieux, parce que je n'ai pas vraiment envie de te laisser filer si tu veux tout savoir ... » Sans que je ne m'y attende, il me stoppa au détour d'une ruelle pour m'embrasser encore une fois. Sûrement une façon pour lui de me montrer que lui non plus, il n'avait pas envie de se passer de moi de si tôt. Je souris contre ses lèvres tout en passant mes mains dans son dos. J'avais comme l'impression d'être en train de tomber amoureuse, et pourtant c'était ridicule, cela devait faire à peine deux heures que lui et moi nous connaissions ! Après m'être doucement détachée de ses lèvres, je posais une main sur sa joue en le regardant amoureusement, affichant un petit sourire coquin. « D'ailleurs … est-ce que tu serais d'accord pour monter boire un verre ? » Bien sûr, boire un verre … comme s'il n'avait pas assez bu de verre ce soir ! Après lui avoir gentiment offert la moitié de ma bouteille de champagne, je l'invitais encore une fois à boire, mais chez moi. Quelle image j'étais en train de lui donner de moi !

Évidemment, le jeune homme avait accepté avec grand plaisir de monter dans mon petit studio d'étudiante pour boire un verre, soi-disant. Une fois arrivés face à la porte d'entrée, je cherchais mes clés en hoquetant de temps à autre, jusqu'à ce que ma nouvelle rencontre ne me signale qu'elles étaient dans l'une de mes mains. Je levai les yeux au ciel en souriant. Une vraie alcoolique ! Enfin, il n'avait pas vraiment l'air d'avoir honte de moi, au contraire, vu son petit regard adorable. Je le fis donc entrer le premier chez moi après lui avoir allumé la lumière. C'était un endroit extrêmement petit, mais qui suffisait amplement pour moi toute seule. Après tout, je n'y étais pas très souvent. La plupart du temps, je mangeais dehors avec des amies, alors le strict nécessaire pour moi était un lit, une douche et bien sûr, un grand bureau pour étudier. « Voilà, bienvenue dans mon trou à rat. » lançai-je en riant à moitié. Cela faisait trois ans que j'y étais installée, et franchement, il me convenait parfaitement, d'autant que je l'avais aménagé à ma façon, et avait peint les murs de la couleur qui me plaisait. Et puis, si c'était minuscule, ce n'était pas en désordre, au contraire, puisque j'étais toujours très à cheval là-dessus. Je lui pris sa veste que j'accrochais au porte-manteau, avant de me diriger dans la cuisine. Enfin, si on pouvait appeler ça une cuisine …. Une bouteille de vin blanc trainait par là, il devait en rester suffisamment pour remplir deux verres. J'essayais d'ouvrir la bouteille, mais comme d'habitude, ce foutu bouchon ne voulait pas sortir. L'alcool que j'avais déjà ingurgité ne m'aidait pas, et je devais encore avoir l'air horriblement intelligente face à ce charmant jeune homme. « Je te sers un verre ? » lui demandais-je tandis qu'il était en train d'observer l'intérieur de mon studio et que je persistais à tirer sur ce maudit bouchon.

Spoiler:

On se serait presque cru dans une série télévisée, avec nous deux en train de nous embrasser au milieu d'une rue, les gens légèrement saouls ou pressés de rentrer chez eux qui passaient. Il ne manquait plus que l'averse pour compléter la scène et en faire un baiser mouillé. Mais pour le moment, pluie ou non, j'avais juste envie de rester avec la jeune femme le plus longtemps possible... c'est-à-dire jusqu'à ce qu'elle soit chez elle, puisque nous allions nous séparer ainsi. Il faudrait que j'arrive à avoir son numéro, mais ça ne devrait pas poser de problème à mon avis. « D'ailleurs … est-ce que tu serais d'accord pour monter boire un verre ? » Finalement, notre séparation allait sûrement être retardée, et c'était tant mieux ! En lui souriant, je lui repris la main pour emmêler mes doits aux siens comme l'aurait fait un couple et recommençai à avancer dans la rue.

« Tu crois vraiment que tu as besoin de me poser cette question ? »

Je l'embrassai cette fois sur la joue en marchant. Évidemment que je suis d'accord pour boire un verre avec elle. Nous avions déjà bien bu dans le bar, mais j'étais loin de ne plus savoir penser correctement. Je savais que j'étais avec elle car elle m'avait plue dès le premier regard, et je savais qu'au plus je passerais de temps avec elle, au plus ma soirée serait agréable. Une fois devant sa porte, je la vis chercher quelque chose dans ses poches, dans son manteau... puis j'attrapai son poignet avant qu'elle n'ait eu le temps de le fourrer une nouvelle fois dans une poche pour lui montrer que ses clés étaient déjà dans sa main. Je souris alors doucement en la regardant ouvrir la porte. Apparemment, chez elle, l'alcool était déjà bien arrivé à destination ! « Voilà, bienvenue dans mon trou à rat. » Je regardai autour de moi en souriant. Son appartement était petit, mais elle était toute seule et étudiante, elle n'avait pas besoin de deux cent mètres carré. Et puis c'était plutôt sympathique chez elle ! Je la vis partir dans la cuisine, puis entendis quelques bruits de verre, jusqu'à entendre de nouveau sa voix : « Je te sers un verre ? » Alors mon regard se tourna vers elle... elle était en train de se battre avec le bouchon d'une bouteille de vin et ce dernier n'avait pas l'air de vouloir venir. Je m'approchai d'elle et lui pris la bouteille des mains pour en retirer le bouchon. Reprenant sa question à laquelle je n'avais pas répondu, la voyant se battre avec le bouchon, je lui dis en souriant :

« Je te sers un verre ? »

Je versai le vin dans les verres qu'elle posa en face de moi et fis tinter le mien contre le sien. Je l'attirai vers son salon.

« Au fait, félicitations pour tes années de fac. »

Je m'étais rendu compte que j'avais tellement essayé de la draguer au comptoir du bar que j'avais oublié la raison pour laquelle elle y était au départ. Et puis si cette soirée pouvait être à la fois la fête de ses résultats et celle de notre rencontre, alors elle serait sûrement parfaite du début à la fin.

Spoiler:

Alors que j'étais en train de me battre avec le bouchon en liège de la bouteille qui ne voulait décidément pas sortir de ce foutu goulot, je vis ma nouvelle rencontre s'approcher de moi pour me venir en aide. C'est sûr que vu la grimace affreuse que je devais faire, il y avait de quoi avoir envie de m'aider pour ne plus la voir sur mon visage ! Le jeune homme s'était débrouillé comme un chef, un peu comme s'il avait fait ça toute sa vie, puis se tourna vers moi en souriant. « Je te sers un verre ? » Je hochai la tête positivement en souriant à mon tour. J'avais déjà pas mal bu au bar, mais j'avais envie que l'alcool fasse encore effet tant qu'il était là près de moi, afin que je reste la jeune femme pétillante sans redevenir l'étudiante blasée de tous les jours. Je voulais à tout prix lui donner une bonne image de moi, peut-être un peu fausse au fond, mais je ne tenais pas vraiment à l'ennuyer ce soir, bien au contraire. Il fit tinter son verre sur le mien, et j'eus comme l'impression d'un déjà vu de nous deux au bar, il a à peine deux heures. Finalement, nous nous dirigeâmes dans mon petit salon pour déguster notre vin. « Au fait, félicitations pour tes années de fac. » Je lui adressais un clin d'œil avant de boire une gorgée de vin. « Merci. Je suis vraiment fière de moi, parce que la médecine c'est vraiment dur, tu travailles tout le temps, t'as pratiquement plus de vie en fait. » J'avais dit cela en fronçant les sourcils, comme si rien que le fait d'en parler me torturait encore. Après tout, j'avais travaillé sans relâche comme une dingue pendant trois ans, sans presque aucune vie sociale, alors forcément, je pense que ce soir, j'avais largement mérité de me détendre avec ce beau jeune homme. « Mais j'ai pas envie de parler de ça. » Je lui lançai un regard lourd de sens, espérant qu'il capte mon message cinq sur cinq. Je n'avais même pas envie de parler tout court, juste de me ruer sur ses lèvres et d'aller visiter la pièce du fond en sa compagnie. « J'espère que tu n'as rien contre le fait de me tenir compagnie cette nuit... » Un petit sourire énigmatique apparut sur mes lèvres. Je voulais tout simplement lui faire comprendre qu'il n'allait pas rentrer chez lui dans l'immédiat, peut-être même qu'il ne rentrerait que demain matin. Oui, je comptais bien sur mon beau blondinet pour me tenir compagnie durant cette nuit, et pas que pour ça bien entendu, j'avais une toute autre idée derrière la tête en réalité. C'est vrai, après avoir travaillé si dur, après n'avoir pensé qu'à mes bouquins et mes examens, je ne voulais pas perdre mon temps de répit à ressasser cette période. Je pris nos deux verres dans mes mains, même pas encore finis, puis les posai sur la table du salon, après quoi j'attrapai le blondinet par la chemise pour le coller davantage contre moi. Je me précipitai sur ses lèvres, entamant un langoureux, pour ne pas dire fougueux, baiser, quelque peu différent de ceux que nous nous étions échangés jusqu'à présent. J'étais devenue une vraie lionne, loin de la petite étudiante réservée, mais il fallait avouer que cet énième verre d'alcool me facilitait pas mal la tâche. Si le jeune homme avait été plutôt entreprenant avec moi jusqu'à présent, c'était à mon tour de déterminer de quelle manière cette soirée allait se poursuivre...

Attrapant le col de sa chemise de mes deux mains, je l'attirai doucement vers moi tout en gardant mes lèvres contre les siennes, un peu à l'aveuglette, le couloir étant plongé dans l'obscurité. La chambre était à deux pas de là, et franchement, j'espérais que mon charmant blondinet n'allait pas se montrer réfractaire, parce que je comptais bien profiter de lui toute la nuit. Je ne savais pratiquement rien de sa vie, ou en tout cas vraiment pas grand chose, mais je m'en fichais. Il me plaisait, avait un charme fou, et je n'allais en faire qu'une bouchée cette nuit. Le jeune homme me mettait presque dans un état second, d'autant que j'étais complètement ivre et que j'avais bien failli chuter en marchant à pas rapides dans le couloir sombre, qui plus est à l'envers. Bien vite, nous nous retrouvâmes dans ma chambre, où je t'attirai doucement contre moi sur le lit. Je passai mes mains derrière sa nuque en l'embrassant puis me détachai de ses lèvres en souriant. « Je crois que j'ai vraiment trop bu ! » Je me mis à rire doucement, pensant que j'étais peut-être en train de faire n'importe quoi, oui cette pensée avait quand même traversé mon esprit pendant une seconde, mais l'envie de m'amuser et de profiter était bien plus forte que ça.

« J'espère que tu n'as rien contre le fait de me tenir compagnie cette nuit... » J'affichai moi aussi un petit sourire en la regardant. Évidemment, je n'avais rien du tout contre cette proposition. Moi qui pensais devoir me séparer d'elle beaucoup trop vite à mon goût, j'étais ravi de pouvoir rester ici cette nuit ; et vu le sourire qu'elle m'adressait, nous n'allions sûrement pas jouer aux échecs. Je n'eus même pas le temps de lui répondre ou de réagir d'une autre façon que mon verre quitta ma main pour se retrouver sur la table et que ma nouvelle rencontre se jeta sur mes lèvres. Un peu surpris de la voir si entreprenante, je n'allais pourtant pas la repousser, et je posai alors mes mains sur ses hanches, puis remontai petit à petit jusqu'à son visage. Peut-être que l'alcool devait jouer, mais j'avais l'impression de la connaître depuis toujours, et que notre écart d'âge de cinq ans n'existait plus. Nous étions vraiment sur la même longueur d'ondes, et j'avais bien l'intention d'en profiter. Les yeux fermés pour profiter au maximum de son contact, je la sentis tirer mon col de chemise et m'attirer vers elle dans le couloir plongé dans l'obscurité, puis dans sa chambre, où je la laissai m'attirer contre elle une fois sur le lit. « Je crois que j'ai vraiment trop bu ! »  Nous avions tous les deux un peu trop bu je crois, et ça devait être plutôt comique à voir de l'extérieur. Mais pour le moment, je m'en fichais, je voulais juste profiter d'elle. Alors entre deux baisers, je n'avais pu me retenir de lui dire :

« Moui mais si tu n'avais pas été dans ce bar, tu n'aurais pas bu, et surtout si tu n'avais pas été dans ce bar, on ne se serait pas rencontrés. »

Bien décidé à lui prouver qu'elle n'était pas une simple rencontre dans un bar, une rencontre qui était simplement destinée à passer le temps durant une soirée, je l'embrassai et déviai petit à petit sur son cou et ses épaules, en en profitant pour baisser les bretelles de sa robe. J'avais envie de rester à New-York toute ma vie juste pour pouvoir rester avec elle... Dire que dans deux jours j'allais devoir repartir à ma petite vie de lycéen d'Arrowsic... Je ne me souvenais même plus si je lui avais dis que je n'étais pas de la Grosse Pomme. Je ne savais même pas si elle considérait que nous étions ensemble après cette soirée, et après la nuit que nous nous apprêtions à passer. Et pourtant, toutes ces questions n'avaient aucune importance pour le moment. Nos baisers étaient devenus plus langoureux et plus passionnés que lorsque nous étions rentrés dans la chambre, et je la collai un peu plus contre moi, comme si je ne voulais plus jamais la lâcher.

« Au fait, je n'ai rien contre te tenir compagnie cette nuit. »

Dans la pénombre de la chambre, je lui souris et l'embrassai de nouveau.

« Moui mais si tu n'avais pas été dans ce bar, tu n'aurais pas bu, et surtout si tu n'avais pas été dans ce bar, on ne se serait pas rencontrés. » Etant dans un état d'ivresse particulièrement avancé, je n'avais pas vraiment prêté attention à ce qu'il m'avait dit, ou plutôt au ton très sérieux sur lequel il avait dit cela. Je m'étais juste contentée de lui sourire avant de l'embrasser à nouveau, comme si plus aucune parole ne comptait, comme si je n'avais plus d'autre envie que d'être là contre lui à l'embrasser sans cesse. Je sentis que ses baisers descendirent petit à petit sur mon cou, puis sur mes épaules, et me firent légèrement frissonner à tel point ils me faisaient de l'effet. Jamais je ne m'étais mise dans un tel état, moi, la petite étudiante timide qui n'osait jamais aborder les garçons … Là, si mes amies de faculté me voyaient en si bonne compagnie et surtout dans cette configuration, complètement ivre je crois qu'elles auraient un sacré choc. Je me laissais totalement faire, et dévorer littéralement par ses nombreux baisers. Étrangement, plus ils s'accéléraient, et plus je me disais que mine de rien, c'était du sérieux entre nous. Je le sentais, mon intuition féminine me disait que nous ne nous en arrêterions pas à cette simple soirée passée dans les bras de l'autre. Comme si quelque chose de sérieux, une très belle histoire, commençait là, à ce moment précis, à New-York. Aucun garçon avec qui j'avais pu avoir une expérience par le passé ne m'avaient embrassé avec une telle délicatesse, un peu comme si le jeune homme cherchait à prendre soin de moi, et en même temps, à profiter de chaque seconde passée contre moi. Pour une fois, je ne passais pas ma soirée le nez dans mes bouquins, j'étais dans ma chambre, précisément sur mon lit, avec un jeune homme délicat et attentionné contre moi, bref, cette année commençait à merveille. Alors que je me sentais sur un petit nuage, me laissant déshabiller tout doucement, il m'affirma entre deux baisers : « Au fait, je n'ai rien contre te tenir compagnie cette nuit. » Encore une fois, je lui souris, puis portai mes mains sur ses joues pour l'attirer encore plus vers moi, ou plutôt totalement sur mon corps. Encore heureux qu'il n'avait rien contre ! Maintenant que nous en étions là, maintenant qu'il avait ôté les bretelles de ma robe, il avait plutôt intérêt à poursuivre. « Tu as intérêt. Il faut finir ce que tu as commencé maintenant. » Je l'embrassai de nouveau, et l'emprisonnai en passant mes jambes derrière lui. Le champagne avait beau couler dans mes veines, je savais encore ce que je disais, mais pour ce que je faisais, c'était une autre histoire. Un peu comme si je relativisais de trop, que je ne prenais pas réellement conscience des conséquences négatives que pourraient avoir cette aventure. J'étais folle, complètement folle, et lui encore plus, car pas autant éméché que moi, mais avec ce rythme là, c'était trop tard. Aucun de nous n'allait céder, la tentation était maintenant bien trop grande, c'était impossible de faire marche-arrière en si bon chemin. Personnellement, une seule envie m'animait : le déshabiller à vitesse grand v et profiter de ma nouvelle rencontre dans ce lit, jusqu'à pas d'heure. Sans plus attendre, je commençai à faire glisser la fermeture éclair de sa braguette avant de défaire d'un geste rapide sa ceinture. Je déboutonnais ensuite doucement sa chemise en lui lançant un : « Très jolie chemise, mais tu m'excuseras, elle est de trop. » Je ris doucement tout en lui enlevant totalement le vêtement que je jetai à l'autre bout de la pièce. Dans l'obscurité, je pus deviner qu'il était encore plus magnifique comme ça que tout habillé, d'ailleurs, je n'avais pas pu me retenir de le dévorer du regard deux secondes. J'avais l'impression de vivre un rêve éveillée, et l'alcool ne m'aidait pas vraiment à réaliser la situation.

 « Tu as intérêt. Il faut finir ce que tu as commencé maintenant. »  Il ne fallait pas me le demander plusieurs fois, et je n'allais sûrement pas me faire prier pour continuer. Alors je m'arrangeai pour faire glisser la fermeture de sa robe et la collai un peu plus contre moi tandis que je sentis ses jambes passer autour de moi. Je ne voulais plus me décoller d'elle, comme si j'avais besoin de son contact pour pouvoir rester éveillé, pour passer au-dessus des quelques verres d'alcool que j'avais dans le sang. J'avais juste envie de rester avec elle le plus longtemps possible, de rester à New-York pour pouvoir la voir tous les jours, dès que j'en avais envie. Alors que je continuai à l'embrasser, je sentis ma ceinture et ma braguette s'ouvrir et je la regardai alors en souriant. « Très jolie chemise, mais tu m'excuseras, elle est de trop. » Ma chemise se retrouva finalement loin dans la chambre, enlevée par ma magnifique blonde. Je profitai alors de notre élan pour lui enlever sa robe, et ainsi pouvoir l'admirer à travers l'obscurité de la pièce. Je comprenais vraiment pourquoi elle m'avait sautée aux yeux dans le bar... Elle était juste magnifique, et en la connaissant depuis quelques heures à peine, j'aurais même dis qu'elle était parfaite. Je posai mes mains autour de son visage pour l'embrasser une nouvelle fois, puis descendis ma main jusqu'à sa hanche pour la rapprocher encore un peu.

« Ta robe aussi est de trop... Tout ça est de trop en fait. »

En lui souriant légèrement, je joignis le geste à la parole et dégrafai son soutien-gorge. Je passai mon temps à l'embrasser, comme si ses lèvres m'étaient devenues indispensables. J'avais déjà l'impression de la considérer comme une princesse, et c'était un sentiment assez étrange pour moi... Du haut de mes dix-sept ans, je n'avais jamais ressenti ça pour aucune fille pour qui j'ai pu avoir un “béguin” d'adolescent, et même avec lesquelles j'avais échangé un simple baiser, que ce soit dans le sein d'un couple ou pour un pari suite à un jeu un peu idiot. M'arrêtant un instant, je l'attirai avec moi sous les draps et recommençai à l'embrasser dans le cou. J'aurais pu rester comme ça des heures, juste à l'embrasser et à la regarder.

Spoiler:

« Ta robe aussi est de trop... Tout ça est de trop en fait. » Je lui souris tout en hochant la tête positivement. Pour le coup maintenant qu'il était à moitié nu au-dessus de moi, j'avoue que je me sentais un peu seule avec ma robe, et il était clair qu'elle était de trop. Après me l'avoir doucement retirée, les choses sérieuses purent enfin commencer entre nous. Alors que je gardais mes deux jambes autour de lui, le beau blondinet m'attira avec lui sous les draps, après quoi je me laissais totalement faire, prenant ses mains dans les miennes et me laissant totalement guider par ses gestes ainsi que ses baisers dans l'obscurité de la chambre. Je pus alors sentir son corps bouillonnant contre le mien, et ses lèvres me dévorer avec fougue, comme s'il n'avait attendu que ça durant sa vie, comme s'il atteignait enfin le but ultime de sa soirée. Cela ne devait pas être totalement faux de son côté, même si pour ma part, en entrant dans ce bar, mon but avait plutôt été de quitter les lieux le plus vite possible plutôt que d'en arriver là. Pourtant, pour rien au monde je n'aurais laissé une autre femme prendre ma place à cet instant. Tout était si parfait. Je ne pouvais que me laisser faire, j'étais dans un tel état à cause de l'alcool que j'étais bien incapable de mener quoi que ce soit. D'ailleurs, nous ne nous étions même pas protégés, nous n'y avions pas pensé, et moi, l'idée ne m'avait même pas traversée l'esprit. J'étais bel et bien en train de commettre une terrible erreur, une erreur dont j'allais devoir payer le prix seule plus tard, mais ça, je ne le savais pas encore, et je n'en avais pas du tout conscience à ce moment précis d'ailleurs. L'ivresse me l'en empêchait, et puis de toute façon le plaisir était bien trop intense pour que je n'aie l'envie ni le courage de tout stopper en si bon chemin. Au contraire, je le priais même de continuer tellement j'étais bien, tellement ce moment était magique pour moi. Je serrais ses mains dans les miennes tout en l'embrassant un peu partout, sur le visage, la mâchoire et le cou. Aucun homme n'avait su me faire ressentir autant de sensations par le passé, j'étais complètement transportée par ses mouvements, ses caresses et ses baisers. Mon joli blondinet me faisait un tel effet que des frissons parcoururent ma peau, alors qu'intérieurement, je bouillonnais. Intérieurement, le jeune homme me faisait vibrer, si bien qu'au moment fatidique, je n'avais pu retenir un petit cri.

Il était maintenant trop tard pour faire marche arrière. J'allais tomber enceinte, et je n'avais toujours pas conscience de l'énorme bêtise que je venais de faire. Pour l'instant, je me sentais comme libérée, comme totalement apaisée. Ma nouvelle rencontre m'avait procuré un bien fou, et ce bien-être continuerait de produire ses effets toute la nuit, au point que j'allais très certainemment bientôt sombrer dans un profond sommeil. Alors que je me blottissais contre le jeune homme en souriant et lui donnant un énième baiser, je sentis tout à coup la fatigue peser lourdement sur mes paupières. Je n'allais pas pouvoir tenir une autre conversation, c'était physiquement impossible dans ma situation. J'eus juste le temps de lui dire un : « C'était merveilleux. » avant de l'embrasser sur la joue, et de poser ma tête contre son épaule. La main sur son torse et la tête fourrée dans son cou, je me laissais bercer quelques secondes à peine par sa respiration, puis m'endormis ensuite très rapidement. Je ne me doutais absolument pas que dès le lendemain, les choses allaient considérablement se compliquer pour moi, et que j'allais plutôt regretter ce moment passé dans ses bras que passer mon temps à me le remémorer avec plaisir.

J'aurais voulu rester comme ça pendant des heures et des heures, avec ma jolie blonde serrée contre moi, comme si nous avions chacun besoin de l'autre en ce moment pour pouvoir vivre. J'avais passé les trois quarts du temps à l'embrasser, à la caresser, et à emmêler mes doigts aux siens. Durant le quart restant, je l'avais regardée, admirée, dévorée du regard en gardant un petit sourire sur le visage. Elle était juste magnifique, et même parfaite, peut-être importe ce qu'elle faisait : au bar, dans la rue, dans sa cuisine en train de se battre avec le bouchon de liège d'une bouteille de vin, dans ce lit... Je ne regrettai dans aucun de ces cas d'avoir été l'aborder. En à peine une soirée, j'avais ressenti cette petite étincelle qui ne se prononce souvent que beaucoup plus tard dans les relations amoureuses ; je n'avais plus envie de la quitter, comme si j'avais besoin d'elle pour vraiment profiter de ce que je faisais ; et elle m'avait fait rire. Et j'étais tellement heureux de passer cette soirée avec elle, et l'alcool n'arrangeant rien, je ne pensais qu'au moment que j'étais en train de passer avec ma belle blonde. Il n'y avait plus rien autour de nous. Je finis par me remettre à côté d'elle et la prendre contre moi en l'embrassant encore une fois, la laissant poser sa tête sur mon épaule.
« C'était merveilleux. » En souriant, je pris une nouvelle fois son visage entre mes mains comme j'en avais déjà pris l'habitude et l'embrassai doucement.

« C'est toi qui est merveilleuse. »

En quelques minutes à peine, je la vis fermer les yeux puis devinai qu'elle s'était endormie. Je l'avais alors regardée pendant une bonne dizaine de minutes avant de tomber moi aussi dans les bras de Morphée...

Le lendemain, j'avais été réveillé par la lumière qui passait à travers les fenêtres. J'avais du mal à ouvrir les yeux et légèrement mal à la tête, restes de ma soirée d'hier durant laquelle je me souvenais avoir pas mal bu. Il m'avait fallu quelques secondes pour tout me remémorer... Je n'étais pas chez moi... Je remarquai finalement une présence à côté de moi et tournai la tête pour y voir ma rencontre d'hier soir. Ayant encore du mal à réaliser où j'étais vraiment, et à tout remettre en place dans ma tête, je la regardai pendant quelques secondes, puis pris mon téléphone, posé sur la table de nuit. Il était resté en silencieux, si bien que les trois SMS reçus ne m'avaient pas réveillés. Ils dataient tous d'hier soir (ou pour deux d'entre eux de ce matin, très tôt). Les deux premiers étaient de mon meilleur ami, qui s'était enfin décidé à répondre à mon message d'hier soir, lorsque j'étais parti du bar : « Ok, amuse toi bien :p », puis, « Je sais pas si t'es au courant mais il est 4h du mat', et t'es toujours pas à l'hôtel. SMS au moins pour me dire où t'es et si tout va bien. Et grouille tes fesses. ». Je souris légèrement puis lis le message suivant, venant de mon père : « Alors ? Prêt à faire tes valises et à retrouver ta vie palpitante à Arrowsic ? Je te connais, ne ramène pas de copine New-Yorkaise dans l'avion, ta mère va encore mal le prendre :p Bisous » Merde. Merde. Merde. Je jetai un regard à “ma copine New-Yorkaise” en pinçant les lèvres. J'avais l'impression d'avoir fait une belle connerie. Et ce n'était sûrement pas une impression. Je réalisai alors tout ce qui s'était passé hier soir : elle avait vingt-deux ans, moi dix-sept. J'étais mineur aux yeux de la loi, même si je ne l'étais pas vraiment dans ma tête, et ma mère me connaissait mieux que personne et arrivait toujours à déceler quand une fille avait fait son apparition dans ma vie. Si elle apprenait pour cette nuit, non seulement moi j'allais passer un sale quart d'heure, mais cette jolie blonde aussi. Et connaissant ma mère, elle serait capable de tout aggraver jusqu'à inventer une histoire de détournement de mineur. Quel abruti... Soudain beaucoup plus paniqué, je me levai toutefois doucement du lit pour ne pas la réveiller, me rhabillai rapidement et cherchai un papier et un stylo dans le reste de l'appartement. J'y inscris mon numéro de téléphone et déposai le papier sur la table de nuit de la jeune femme.

La regardant une dernière fois, je quittai finalement l'appartement en fermant délicatement la porte, pour me retrouver dans la rue, déjà pleine de monde à cette heure matinale. Je marchai en traînant les pieds, passant nerveusement une main dans mes cheveux. À la réflexion, j'aurais peut-être dû écrire un message en plus de mon numéro sur le papier. Je n'y avais même pas mis mon nom... Si elle l'égarait, elle ne saurait même plus qui lui avait donné cela. D'ailleurs, je ne connaissais même pas son prénom. J'aurais peut-être dû aussi attendre qu'elle se réveille, pour lui dire un au revoir digne de ce nom. Au fur et à mesure que j'avançai, je me rendais compte que je fuyais, littéralement. Mais il était trop tard pour faire machine arrière. Et en quittant la chambre, j'avais l'impression que c'était la dernière fois que je la voyais, que je ne la reverrais plus jamais, ou en tout cas pas avant un très long moment. Ce que je ne savais pas, c'est qu'elle n'allait même pas me rappeler et que j'allais attendre longtemps avant de pouvoir entendre de nouveau sa voix. Et pourtant, je ressentais aussi un sentiment étrange : je crois bien que je suis amoureux d'elle.

J'avais dormi profondément durant plusieurs heures, frappée par un sommeil extrêmement lourd. A mon réveil, j'ouvris péniblement les yeux tant la lumière passant à travers la fenêtre était forte et violente. Je me redressai doucement sur le lit, le regard encore bien fatigué et les cheveux dans tous les sens. La gueule de bois, c'était exactement ce que j'avais, avec en plus une envie de vomir particulièrement présente. Passant une main sur mon visage, j'étais en train de me remémorer ma soirée avec un léger sourire au coin des lèvres. Je me souvenais parfaitement avoir rencontré un jeune homme aux cheveux un peu ébouriffés et blonds, au charme indescriptible. Je me souvenais par contre vaguement de ce que nous avions fait au bar, de quoi nous avions discuté... tout ce dont je me rappelais, c'était que je l'avais bien invité à la maison hier soir, et que notre soirée s'était terminée sur une note très érotique. Alors que je jetai un regard à côté de moi, mes sourcils se froncèrent. Pourquoi étais-je seule dans ce lit ? Pourquoi les draps étaient froissés, comme si le jeune homme avait du partir précipitamment ? Ma main vint les caresser doucement comme si je cherchais à le faire revenir rien qu'en les touchant, et tout à coup, une grande tristesse s'empara de moi. Malgré l'alcool, malgré la fatigue, je m'étais profondément attachée à ce garçon, et aujourd'hui je m'en rendais malheureusement bien compte. Un tas de questions mêlées à des réponses incertaines se bousculèrent alors dans ma tête. Pourquoi était-il parti ? Sûrement parce qu'il n'avait pas dû ressentir la même petite étincelle que moi, sûrement parce que pour lui, je ne devais être rien d'autre qu'un énième coup d'un soir. Et puis, où était-il parti ? Depuis combien de temps ?Je m'inquiétais peut-être pour rien, peut-être allait-il revenir d'une minute à l'autre... N'importe quoi. Il n'allait pas revenir, il était juste venu s'amuser un peu avec moi, et puis, très tôt ce matin, avait discrètement pris la fuite pour que je ne lui attire pas d'ennuis. Après la tristesse, ce fut donc une immense colère qui m'envahit, alors que j'étais en train de serrer mes poings. Je m'en voulais, mais lui en voulais à lui tout autant. Non mais quelle idiote ! Pourquoi y avoir cru ? Pourquoi être si vite tombée dans ses bras alors qu'en y réfléchissant aujourd'hui, je ne connaissais même pas son prénom ? Il s'était bien débrouillé en tout cas pour parvenir à ses fins, ce petit con ! Énervée de tout ça, je me levai doucement du lit comme pour entamer la journée d'un meilleur pied, comme pour essayer d'oublier toute cette histoire qui me faisait atrocement mal au cœur, lorsque mes yeux croisèrent, sur la table de nuit, un petit bout de papier. Je le pris entre mes doigts et haussai les sourcils en découvrant ce qu'il y avait écrit dessus. Un numéro de téléphone, le sien. Il croyait vraiment que j'allais l'appeler après le coup qu'il m'avait fait ? Pour moi, il n'était qu'un lâche, rien d'autre, et de colère, je roulai le fameux papier dans mes mains et le balançai dans la poubelles la plus proche, un peu à contrecœur. Je ne désirais qu'une chose : tirer un trait sur ce jeune homme afin qu'il ne me fasse plus jamais souffrir, puisqu'apparemment il avait un certain don pour ça, et oublier notre aventure qui était bel et bien sans intérêt. Sauf que ce que je ne savais pas, c'était que j'avais beau me débarrasser de ce numéro de téléphone, j'avais beau vouloir à tout prix effacer ce garçon de ma vie, il allait bientôt s'immiscer dans ma vie, et plus que ça même, la chambouler totalement, que je le veuille ou non.

FIN