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 Pâtes de chat et arabesques (+) Carlie

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MessageSujet: Pâtes de chat et arabesques (+) Carlie   Pâtes de chat et arabesques (+) Carlie EmptyMar 15 Oct - 23:41


Pâtes de chat et arabesques
«Bloody fuckin’ hell !» Je poussais un second grognement, laissait échapper une seconde insulte (grand dieu, merci, personne ne parlait français ici !), et laissais tomber les balais, qui s’écrasèrent sur le sol, produisant un bruit à réveiller les morts -d’après ce qu’on dit-. Posant mes mains sur mes hanches, je soufflais sur mes mèches de cheveux brunes, qui commençaient à s’éclaircir à nouveau -le blond était ma couleur naturelle, je sais, tout le monde s’en fiche, tant pis-, et qui me retombaient sans arrêt devant les yeux, et poussais un gémissement plaintif. Je n’étais pas contente, non, pas du tout. Déjà, parce que je n’aimais pas travailler. Enfin, je veux dire, je n’aimais pas avoir un job, être payée pour effectuer à longueur de journée des tâches ingrates. Mais que voulez-vous que je vous dise ? J’avais un loyer à payer, et je n’avais pas les moyens de rester oisive, à ne rien faire de mes journées. J’aurais certainement dû être reconnaissante, qu’on m’ai trouvé un job aussi rapidement... mais comment diable voulez-vous être reconnaissante lorsque vous devez... ranger des serpillères et des balais dans un placard ! Merde.
«I swear to God, if you don’t stay in this freakin’...» Boum. Encore. Je poussais cette fois un petit cri de rage, et donnais un coup de pied dans l’un des balais -ce qui n’eut pour effet que de les emmêler plus encore, à mon grand désespoir-. Je vous l’avoue... je songeais déjà à quitter mon job. Je devais bosser ici depuis quoi... même pas deux semaines, après tout, mon arrivée en ville était plutôt récente (bien qu’elle m’avait semblé une éternité particulièrement longue, surtout quand j’avais passé mes journées à hésiter à aller voir Fernando). Pour tout vous dire... (puisque nous en sommes aux confessions) la seule chose qui me motivait à rester, c’était la salle de danse. Ô, certes, elle n’était pas immense, elle n’avait absolument rien de comparable aux salles de l’École de Genève, mais c’était une salle de danse, avec une chaîne Hi-Fi, des barres, des miroirs, et suffisamment d’espace pour que je puisse cabrioler dans tous les sens. Et c’était bien la seule chose qui me faisait rester : le fait que, lorsque j’avais terminé ma journée, je pouvais ôter ma tenue de travail, me glisser dans un justaucorps, ou bien dans un legging et une brassière, pour bouger, pour danser. Et dieu sait que j’en avais besoin. Loin de chez moi, loin de tout, perdue dans un trou paumé, la danse, c’était bien la seule chose qui me restait, et m’empêchais de devenir complètement folle.
Ça me faisait du bien, voilà tout.

Mais, en attendant, ça ne résolvait pas le léger (euphémisme, ô doux euphémisme !) problème des seaux, des balais, des serpillères et du placard (on dirait le titre du prochain film de Ryan Murphy, allez hop, je lui offre). J’aurais pu tout laisser là, en plan *après tout, hein*, ou bien tenter de faire rentrer le tout à coup de coups de pieds (au risque de me faire mal, c’est que j’avais les orteils sensibles). Et puis, mince ! J’allais rentrer, allumer la télévision, et regarder How I Met Your Mother, si c’était comme ça. «Fuck it, i’m leaving !»
Mais, forcément... Juste au moment où je me retournais, le visage de la directrice du centre (en d’autres mots : ma patronne) apparut au bout du couloir. Je déglutis, et me dépêchais de faire volte-face, ramassant d’un geste large tous les balais qui traînaient sur le sol, les entassant tant bien que mal dans le placard, l’air de dire «voyez, je travaille, je travaille, ne me renvoyez-pas, pitié, j’ai besoin d’argent !». «Ah, Téa ! Je vous cherchais !» Je me retournais, m’appuyant contre la porte, que je venais de refermer. «Bonjour Madame Hudson !» Je lui adressais un grand sourire, qui se voulait totalement innocent, et baissais les yeux. What ? À ses côtés, une gamine haute comme trois pommes me regardait, un grand, trop grand, sourire aux lèvres : Holy shit ! Qu’est-ce qu’elle avait été raconter ? J’avais rien fait, j’la connaissais même pas cette gamine !
«Téa, vous n’êtes pas sans savoir que Madame Anderson est enceinte ?» Je me contentais de fixer le visage de la directrice, sans savoir trop quoi répondre : et bien, outre le fait que j’avais bû quatre coupes d’un pseudo-champagne qui s’apparentait plus à du mousseux tiède, et qu’on avait dû donner tous dix dollars (je n’en avais que cinq sur moi) pour la quête, afin qu’on lui offre une superbe table à linger... Oui, j’étais plutôt au courant (mon portefeuille aussi). «Elle ne pourra donc plus assurer ses cours de danse...» Ah... «Et cette jeune élève très concernée par l’avenir de son apprentissage est venue me trouver, en me racontant une histoire de cabriole, de pas de deux et de pâtes de chats...» Je baissais, à nouveaux, les yeux vers la gamine. What ? Des pâtes de chats ?
«Excusez moi mais... je n’suis pas sûre de comprendre» Je regardais la gamine-inconnue-qui-parlait-de-pâtes-de-chat (c’était dégueulasse comme idée, d’ailleurs !), les sourcils froncés, l’air de dire : «Je suis la seule à avoir l’impression d’avoir atterrit sur Mars ?»
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[Toute phrase en anglais correspond à une phrase prononcée en français par Téa]
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Carlie Moorgate-Owens
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MessageSujet: Re: Pâtes de chat et arabesques (+) Carlie   Pâtes de chat et arabesques (+) Carlie EmptyVen 18 Oct - 20:47

Les bébés moi j’en avais marre ! Un à la maison et maintenant un à la danse ? Non mais c’était la foire ou quoi ! Il devait y avoir un complot pour me pourrir la vie, ce n’était pas possible. Mais moi, j’avais un plan ! Avec les filles, on avait surpris Téa, la fille qui était censée passer le balai. Enfin l’avait surprise… espionnée serait plus exacte ! Il s’avérait qu’elle dansait drôlement bien ! Elle était on ne peut plus souple et elle avait toute la technique du monde ! Bon j’exagérais peut-être un peu mais elle n’était pas faite pour être derrière un balai ! Alors avec l’accord des autres filles, j’avais été voir la directrice. Il n’avait pas fallu bien plus que des yeux de biche pour la convaincre. Enfin surtout qu’elle devait bien admettre qu’elle n’avait personne sous la main. Et donc, sans prof, nous ne pourrions pas avoir cour. Moi si je ne pouvais plus danser ici, j’irais à Portland s’il le fallait ! Mais je ne pouvais m’en passer. Téa était donc un peu ma dernière chance. Oui, parce que j’étais quand même pas certaine que maman accepte de m’amener sur Portland pour la danse.

Bref, voilà que j’étais avec la directrice à la recherche de Téa qu’on ne tarda pas à trouver. Étrangement j’étais persuadée que quelques secondes avant, elle n’était pas en train de passer le balai. En même temps, c’est nul de passer le balai !  «Ah, Téa ! Je vous cherchais !». Téa se retourna en direction de la directrice, tiens elle avait mal à l’aise. Je ne pouvais pas m’empêcher d’afficher un sourire amusé. «Bonjour Madame Hudson !». Elle baissa les yeux sur mon grand sourire et moi, elle avait l’air de paniquer. «Téa, vous n’êtes pas sans savoir que Madame Anderson est enceinte ?». Tout le monde le savait, elle nous avait offert un gouter pour nous l’annoncer. Comme si c’était une bonne idée, pff ! «Elle ne pourra donc plus assurer ses cours de danse...». Ce qui était logique m’enfin, la directrice me désigna en poursuivant  son explication. «Et cette jeune élève très concernée par l’avenir de son apprentissage est venue me trouver, en me racontant une histoire de cabriole, de pas de deux et de pâtes de chats...». Je regardais la directrice, elle ne pouvait pas être plus directe ?

Téa semblait un peu du même avis et surtout perdue. «Excusez-moi mais... je n’suis pas sûre de comprendre». Je regardais alors Téa dans les yeux avec un sourire angélique. « En fait, je vous ai vu danser avec les autres filles et comme on a plus de prof, vous pourriez devenir notre prof au lieu de passer le balai, non ? ». Je lui offrais mon plus grand sourire alors que la directrice se mit à avoir son fameux petit rire coincé. Sans doute était-elle gênée par mon côté directe. Enfin bon, il y avait pas quinze mille façons de dire les choses non plus.
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MessageSujet: Re: Pâtes de chat et arabesques (+) Carlie   Pâtes de chat et arabesques (+) Carlie EmptyJeu 7 Nov - 11:39


Pâtes de chat et arabesques
Mon regard passa de la directrice à la gamine, puis de la gamine à la directrice… Étais-ce normal que je ne comprenais rien à ce qu’il se passait ici ? Est-ce que soudainement, j’avais perdu toute capacité en anglais ? Ou bien étais-ce supposé être… un code ? C’était quoi des pâtes de chats ? « En fait, je vous ai vu danser avec les autres filles et comme on a plus de prof, vous pourriez devenir notre prof au lieu de passer le balai, non ? » Je laissais échapper une grimace, qui se voulait un sourire. « Ah ! » Je passais une main dans mes cheveux. Les enfants avaient une manière bien à eux de statuer des choses… ‘au lieu de passer le balai’, mm, ça faisait toujours plaisir qu’on nous rappelle notre statut social de la sorte. « Je vous avoue que nous sommes un peu dans l’urgence… Alors si vous avez pris quelques cours, je serais ravie que vous acceptiez le poste de remplaçante… » Je passais une main dans mes cheveux, encore, ramenant mes mèches brunes vers l’arrière de mon crâne. « Euh, oui, j’ai pris quelques cours. » Il y avait une certaine ironie dans mes mots. Quelques cours… j’avais passé les premières années de ma vie à danser. Je dansais avant même de savoir marcher, et j’avais passé les portes de l’académie de Genève dès que j’en avais eu l’âge. ‘Quelques cours’. C’était presque insultant.

« Et bien parfait ! Votre premier cours est dans quinze minutes ! Félicitations ! » Je regardais la directrice s’enfuir, visiblement heureuse d’avoir trouvé une solution peu chère à ses problèmes. J’avais comme l’impression que je venais de me faire royalement avoir.
Je baissais les yeux vers la petite tête brune. « Alors, comme ça, tu m’espionnes ? » Je me souvenais que nous inventions des histoires sur l’homme qui s’occupait de l’entretien… Mais lui, il était vieux, il parlait tout seul, et il sentait la javel constamment ! « Tu t’appelles comment ? » Quitte à être sa prof’, autant que je connaisse son prénom, afin d’éviter de l’appeller ‘gamine’ tout le temps.
Je ramassais les balais, les serpillères, et tout ce qui avait fini par s’écrouler à nouveau sur le sol, et entreprit de les ranger convenablement. « Tu fais de la danse depuis longtemps ? » C’était une petite ville… et j’avais déjà vu les cours de la prof. Ça n’avait rien de comparable avec ce que moi, j’avais pu apprendre. Nous avions passés des semaines à apprendre à nous étirer convenablement, parce qu’il fallait que l’on sache comment préparer notre corps à supporter l’effort physique avant de le lui imposer. J’avais, moi même, assisté à de mauvais cours, lorsque j’avais dû quitter l’école, faute d’argent pour pouvoir payer mes études. Des cours de danse donnés dans de vieilles salles aux miroirs tachetés, des cours de street dance ridicule, et des cours de valse où le professeur manquait de vous écraser les pieds à chaque instant. De quoi vous donner envie de pleurer à chaudes larmes.
« Bon, faut que j’ailles me changer… » Si je dansais, hors de question que je le fasse dans cette tenue. Je jetais un coup d’oeil à la petite fille, et me mordis doucement la lèvre. Je ne pouvais décemment pas la laisser toute seule… Les enfants faisaient tellement de conneries. « Tu peux venir, si tu veux. » Tant qu’à faire, j’allais aussi m’échauffer, et m’entraîner un peu. J’étais partisane du : je vous montre, vous reproduisez. Je n’aimais pas les professeurs qui se contentaient de lancer des conseils dans le vague, de critiquer votre position, et d’hurler dans vos tympans : plus haut le bras, plus haut ! sans vous montrer comment ça devait rendre sur un danseur professionnel et rodé.
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Carlie Moorgate-Owens
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MessageSujet: Re: Pâtes de chat et arabesques (+) Carlie   Pâtes de chat et arabesques (+) Carlie EmptyLun 18 Nov - 17:45


La directrice elle n’était franchement pas douée, en fait elle voulait se débarrasser de cette histoire, c’était évident. « Je vous avoue que nous sommes un peu dans l’urgence… Alors si vous avez pris quelques cours, je serais ravie que vous acceptiez le poste de remplaçante… ». Quelques courts ? Sans doute bien plus que ça oui ! J’avais passé un quart d’heure dans son bureau à lui expliquer à quel point cette fille était magique alors elle avait bien plus que quelques cours. Enfin ça crevait les yeux ! Enfin bon, pour son salut, elle était bigleuse alors soit. « Euh, oui, j’ai pris quelques cours. ». C’est dingue comme elle semblait ironique, je l’aimais bien c’était officiel ! « Et bien parfait ! Votre premier cours est dans quinze minutes ! Félicitations ! ». Vous voyez, je ne suis pas une menteuse, elle voulait se débarrasser de cette histoire. Elle jetait cette fille dans la cage aux lions comme ça, sans explication !

Téa baissa les yeux sur moi puisque la directrice s’était magnifiquement éclipsée. « Alors, comme ça, tu m’espionnes ? ». J’affichais un sourire amusé, c’est vrai qu’on pouvait voir les choses comme ça. « A la base non mais en vous voyant danser… oui ! ». Bah oui, il fallait bien être honnête. Je l’avais regardé danser donc espionner d’une certaine façon. Mais au moins avec les filles on avait rien dit de mal sur elle, bien au contraire ! « Tu t’appelles comment ? ». « Carlie. ». Et voilà les présentations faites.

Téa rangea un peu les affaires de ménage qui s’étaient écroulées « Tu fais de la danse depuis longtemps ? ». Je hochais la tête positivement. « Depuis cinq ans, presque six ! ». Et comme j’avais dix ans, presque onze, ça faisait beaucoup pour ma petite existence, eh ouais ! Mais j’avais bien l’intention de continué toute ma vie. « Bon, faut que j’ailles me changer… ». Bonne idée ! Moi j’étais déjà en tenue alors c’était au moins ça ! « Tu peux venir, si tu veux. ». J’affichais un grand sourire, commençant déjà à la suivre pour toute réponse. « T’as appris à danser où ? Non parce que c’est évident que t’as pas pris que quelques cours hein ! ». Je riais doucement, ouais quelques cours, elle avait fumé grave la directrice ! Ça se voyait qu’elle ne l’avait jamais vu danser.
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