Après dix ans sans connaître Carlie, j'avais forcément envie d'en apprendre plus sur elle. J'avais tout simplement envie qu'elle me raconte ce qu'elle fait à l'école, ses rêves et cauchemars, ses premiers amoureux, ses fous rires avec ses copines... Toutes les choses que les papa veulent savoir en fait ! C'est pourquoi je venais de plus en plus souvent chez Carlie et sa maman, histoire déjà de voir la maman, et de prendre Carlie pour une demi-journée. Je me souviens encore de la première fois où ma fille avait passé une après-midi avec moi : sa mère avait horriblement peur qu'il lui arrive quelque chose, elle m'appelait toutes les deux minutes pour savoir si Carlie allait bien, si elle ne s'était pas blessée, si elle ne s'était pas faite enlevée par des extra-terrestres... Carlie s'était emballée quand je lui avais raconté ça, et elle voulait absolument aller dans l'espace avec les extra-terrestres... Bref, la pauvre a compris que ce n'était pas vraiment possible...

Ce jour-là, Charlie me faisait beaucoup plus confiance qu'au début, et j'avais donc l'autorisation d'amener Carlie au parc, pour une après-midi entre père et fille. Lorsque j'avais sonné, une petite fusée blonde m'était arrivé dessus avec un grand sourire.

« Hey ! Ça a l'air d'aller apparemment ! »

Charlie lui tendit une petite veste, et moi je tendis ma main vers Carlie pour qu'elle la prenne. Sur la route, en voiture, je profitais d'un feu rouge pour la regarder avec un petit sourire.

« Tu ne m'as jamais vraiment parlé de ce qui se passe à l'école... Tu veux pas me raconter un peu à moi aussi ? »

Il fallait que je rattrape tout mon retard, que j'en apprenne plus sur elle...

Carlie s'était rapidement emballée en me parlant de l'école. J'essayais au passage de retenir les prénoms de ses copains et copines, histoire de ne pas toujours lui demander "c'est qui déjà ?". Son "trois" mimé avec les doigts m'avait fait rire. Elle me rappelait tout ce que j'avais pu faire à l'école avec mes amis : des choses biens, comme des bêtises, mais toujours avec des fous rires à la clé ! Je redémarrais la voiture, continuant à l'écouter, puis j'émis un léger rire quand elle eut terminé son récit.

« Je vois ça ! Et... qui c'est ce Angelo ? »

Ma tendance commère revenait au galop, mais pourquoi avait-elle espéré que sa prestation au football l'avait impressionné ? Ou alors je me faisais simplement des films, ce qui était fort possible aussi. Nous arrivâmes rapidement au parc ; Arrowsic n'était pas non plus une ville immense. En sortant de la voiture, je lui pris de nouveau la main. Ordre de maman : "fais attention qu'elle n'aille pas un peu partout surtout !!! Oh Felix ! Aussi, fais attention où elle met ses pieds, elle a le chic pour marcher dans des endroits dégoûtants et c'est bibi qui nettoie les chaussures après". La voix du chef avait parlé, il fallait que j'y fasse attention également. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir à chaque fois ramené Carlie vivante à la maison, mais Charlie ne fait pas entièrement confiance encore. En même temps, ça ne fais que quelques semaines que l'on s'est retrouvés.

« En tout cas, si tu es forte au foot, tu ne tiens pas ça de moi... J'étais une catastrophe ambulante. Je le suis toujours d'ailleurs. »

Je lui adressais un petit clin d'œil complice et continuais d'avancer dans le parc. Carlie jouais du piano et du violon, elle avait peut-être pris mon côté artistique, mais sûrement pas mon côté sportif... Je sentais sa main glisser dans la mienne, comme si elle voulait s'en libérer, mais je gardais pour le moment plus de force qu'elle. Bah on verra bien, après tout, Charie a peut-être exagérer la situation, je peux aussi la laisser aller où elle veut.

Z. Carlie J-A Moorgate a écrit:

Fais attention où tu marches. ◮

Son père avait posé la seule question que la petite Carlie voulait éviter « Je vois ça ! Et... qui c'est ce Angelo ? » Qui était Ange pour elle et bien elle-même ne savait pas trop. Il était super gentil, marrant, un peu casse-cou et il ne s'intéressait pas du tout à elle. C'était surement ce qu'elle appréciait le plus chez lui, le fait qu'il ne s'intéresse à rien d'autre qu'à son ballon de foot, c'était surement pour cela, aussi, qu'elle était aussi fière d'avoir marqué autant de but pendant le match. Mais elle ne voulait pas se l'avouer, s'avouer qu'effectivement elle le trouvait vraiment mignon. Elle observa ses pieds et resserra Mr Pringles contre elle avant de souffler.
« Angelo c'est... c'est un garçon. Du genre masculin. Il a une maman et un papa et il fait du foot, il adore ça le foot. Il est dans ma classe, mais on est pas à côté... Et puis voilà... »
La petite fille bafouillait un peu, ne sachant pas trop quoi dire finalement. Parce que dans sa tête elle arrivait facilement à se faire des monologues qui ne traitaient que du garçon, mais une fois qu'elle devait parler de lui à voix haute elle n'y arrivait pas, quelque chose clochait, c'était bizarre.
La petite fille arriva finalement au parc de la ville. Elle fut rapidement émerveillée par une si grande étendue d'herbe. Elle eut immédiatement un large sourire aux lèvres, s'imaginant rapidement toutes les possibilités de jeux qui s'offraient à elle. Elle était sortie de la voiture, donnant la main à son père, mais rapidement elle voulue la lâcher. Elle voulait pouvoir courir et explorer le parc, malgré qu'elle y soit déjà venue.
« Je sais pas si maman et forte. Je lui demanderais en rentrant. Mais si ça vient pas de toi, ni d'elle... ça vient d'où ? Ce serait comme un don ? Trop bien ! Mais si tu veux je peux t'apprendre à jouer, tu verras c'est super facile. Il nous faut simplement un ballon... et des cages. Pour les cages il suffit de prendre quatre petits trucs pour les poteaux, c'est tout. »
Au fur et à mesure qu'ils s'avançaient dans le parc l'envie de montrer ses talents sportifs à son père furent plus grand. Elle finit par presque tiré son père dans le parc. Voyait qu'elle n'avait pas la force nécessaire pour pouvoir traîner son père où elle le voulait elle tenta de doucement faire glisser sa main hors de celle de son père, ce qui ne fut pas plus efficace, malheureusement.

Carlie Moorgate Ft. Felix Moorgate

BabiexS

Sa réponse me tira un sourire. Grâce à Carlie, j'apprenais la vie vous voyez ? Ce qui me ressemblait par contre, c'était sa façon de répondre aux questions gênantes le plus vite possible pour s'en débarrasser, tout en cherchant du regard une échappatoire.

« Hum. Et sinon ? »

Je la taquinais, mais j'adorais ça. Voir sa petite bouille relativement gênée me faisait sourire intérieurement. Je jetais un bref regard vers elle et rajoutais comme un enfant trop curieux :

« Oh allez raconte ! Tu peux tout me dire tu sais ? Et si c'est maman qui t'embête, alors promis je ne lui dirais rien. »

Je lui adressais de nouveau un clin d'œil. Une fois au parc, notre discussion avait déviée sur les capacités au football de Carlie, qui ne venaient certainement pas de moi. Alors oui, soit elles venaient de Charlie, soit elles étaient un don, comme elle disait. Je sentis sa main glisser dans la mienne, comme si elle voulait s'en aller.

« Hey doucement, on a même pas de ballon... Huum... Viens. »

J'avais vu de loin une famille : les parents jouaient aussi au foot avec les enfants, mais ils avaient deux ballons. Je m'approchais d'eux en tenant toujours Carlie par la main et leur demandais si nous pouvions leur emprunter un ballon. Ils nous en donnèrent un volontiers, que je tendais à Carlie, cette fois-ci en lâchant sa main pour la laisser partir en avant et trouver le coin de jeu qu'elle cherchait. Aaah ma petite Carlie... Au fond j'étais horriblement heureux de l'avoir dans ma vie.

Une fois que nous avions eu un ballon, la possibilité de jouer au football dans le parc était tout de suite devenue plus grande. J'avais donné le fameux ballon à Carlie, puis avait lâché sa main, la suivant en marchant tout doucement. Elle aussi marchait doucement, allant à droite et à gauche, regardant partout autour d'elle. Elle s'arrêta finalement en plein milieu de l'herbe et se retourna vers moi avec un grand sourire. Je la rejoignis rapidement en souriant également.

« Si tu veux m'apprendre, tu as intérêt à t'accrocher. Je sais juste qu'il faut pas faire sortir le ballon des lignes... qu'on a pas ici d'ailleurs, et qu'il faut le mettre dans le but. »

Je ris légèrement. Le pire, c'est que je ne connaissais vraiment que ça au foot... Disons que j'ai toujours été meilleur en basket, bien que je ne sois pas vraiment doué pour le sport. Chacun son truc comme on dit ! Je regardais Carlie, qui commençait déjà à jouer avec son ballon, sans pour autant vraiment s'éloigner. Je regrettais de ne pas l'avoir connue avant, de ne pas l'avoir vue grandir, ou plutôt de passer du stade "bébé" au stade "enfant". En tout cas, elle était vraiment adorable, et j'adorais passer du temps avec elle, pour rattraper le temps perdu ces dix dernières années.

« Et donc, par exemple, si je fais ça, c'est faute ? »

En tapant le ballon, je lui pris des mains en affichant un petit sourire complice. J'avais bien une petite envie de course poursuite là maintenant, mais la pauvre Carlie serait largement devancée si je me mettais à courir. Après tout, ses jambes de petite fille de dix ans n'étaient pas si grande que les miennes de vingt-sept ans.

Carlie, même si elle ne l'était pas vraiment en réalité, semblait sûre d'elle et de ses capacités à m'apprendre le football... ce qui n'allait pas être facile, étant donné que je n'avais jamais été très sport, que ce soit en cours en étant adolescent ou même dans la vie de tous les jours. Une fois que nous avions le ballon, prêté gentiment par la famille qui était également dans le parc. Carlie avait avancé un peu plus histoire de trouver des arbres qui pourraient quand même faire les limites du terrain et les buts, et je la rejoignis quand elle eut trouvé l'endroit idéal.

J'avais fais exprès de lui prendre le ballon des mains, sachant très bien que le football se jouait uniquement avec les pieds. Sa réaction me fit rire, sa façon d'accentuer le "non". Sa technique pour ne pas penser à prendre le ballon avec les mains aussi m'avait fait rire.

« Manchot ? Bon promis je ferais attention. Juré craché ! »

J'avais levé la main droite, comme un enfant qui promet à sa mère de ne plus faire une bêtise. Je lui avais redonné le ballon, attendant ses "consignes". Dans ce genre de moment, j'avais l'impression que nos rôles étaient inversés : qu'elle était l'adulte qui explique un jeu à son enfant, et moi le fameux enfant... qui n'y connaît rien. Mais c'était amusant de partager ce moment avec elle : ça me permettait de mieux la connaître, et puis simplement de passer du temps ensemble, entre père et fille.

Au fond, même si ça avait été un choc quand j'avais appris l'existence de Carlie, ce qui est normal après tout, j'avais du mal à m'imaginer ma vie actuelle sans elle. Déjà, toutes les fois où je sortais avec elle pour apprendre à la connaître, rien que pour passer du temps avec elle, si elle n'avait pas été là je les aurais sûrement passées affalé dans mon canapé en train de regarder la télé ou d'écouter de la musique. Si elle n'avait pas été là, je n'aurais pas retrouvé Charlie non plus. Bref, Carlie était devenue indispensable, et en nouveau papa modèle, j'étais prêt à tout pour elle.

Elle m'expliqua rapidement qu'il fallait que j'essaie de lui prendre le ballon pour l'empêcher d'aller le mettre dans son but. Son explication des cartons me fit sourire. J'imaginais à la fois un arbitre qui lèverait un carton de déménagement lors d'un match de football, mais aussi ce que Carlie avait comme image dans la tête à ce moment là. Elle se mit à courir, mais je la rattrapais rapidement, étant beaucoup plus grand qu'elle. Je la vis se retourner, puis continuer à courir vers le but. Une fois assez proche d'elle, je l'attrapais du mieux possible par la taille et la soulevait du sol, pour ensuite l'allonger dans l'herbe et la chatouiller.

« Et ça, j'ai pas le droit non plus normalement dans les règles du jeu ? »

J'essayais de lui prendre le ballon, malgré le fait qu'elle soit recroquevillée sous l'effet des chatouilles. Je réussi finalement et me relevais, attendant cependant debout face à Carlie.

« Tu abandonnes ? »

J'affichais un sourire complice, puis me mis à courir une fois qu'elle fut de nouveau debout.