Ca commençait à bien faire. Le lieutenant Swann, garde-côte, sentait monter petit à petit la colère. Pour la deuxième fois en très peu de temps, elle venait de découvrir une fuite de kérosène sur un bateau d'une compagnie. Alors, certes, cette fuite n'était qu'une toute petite fuite, et il n'y avait pas eu de quoi appeler des bateaux de renfort avec de grosses pompes pour aspirer tout ça. Mais c'est en commençant comme ça, par de toutes petites fuites que les grosses catastrophes arrivaient. Elle ne pouvait donc pas laisser passer ça. Même si elle avait déjà tout fait sur place -elle avait même eu le bonheur de filer une amende au capitaine du bateau-, elle bouillonnait encore de rage quand elle était rentrée à son poste. Les gens ne pouvaient-ils donc pas vérifier l'état de leur bateau avant de les mettre en service? Bon, certes, ces bateaux avaient l'air neufs, et n'avaient pas même plus de mille kilomètres au compteur, mais quand même. L'océan n'est pas une déchetterie, ni même une poubelle. L'océan, c'est une ressource. Et malheureusement les pauvres humains n'avaient pas l'air de comprendre que cette grande étendue d'eau n'était pas là que pour faire jolie..

En rentrant ainsi au poste, Moana était encore bien énervée. Elle souffla un coup en enlevant sa veste, et se rattacha correctement les cheveux. Remarquant alors qu'un de ses collègues l'observait avec attention, elle porta son regard vers lui. « Si cette entreprise-là était d'Arrowsic ou d'un petit village à côté, j'irai voir le patron en personne ! » Le brun, assis aux bureaux, quelques mètres à côté d'elle eut alors un léger rire. Fronçant doucement les sourcils, elle le regarda, surprise. Il se moquait d'elle en plus? Il était, certes, d'un naturel moqueur, mais elle se demandait cependant si il n'y avait qu'elle pour réagir ainsi. Elle protégeait tellement l'océan, et ses habitants ou passagers, que parfois ses commentaires faisaient rire ses collègues. Ils trouvaient qu'elle exagérait un peu. Mais mince quoi ! L'océan, elle ne le répètera jamais assez, n'est pas une poubelle! « Je ne trouve pas ça drôle Will ! » fit-elle alors en s'installant à son tour sur une des chaises du poste. Visiblement, ça n'avait pas suffit. Plutôt que de se calmer, William se mit à rire. « Plutôt si.. » La femme lieutenant fronça des sourcils. « Cette entreprise est basée à Arrow'.. » Il n'avait rien ajouté d'autres. Le téléphone avait sonné; un bateau était en panne, et il fallait l'aider. Aussitôt, Moana, et le lieutenant Will avaient renfilé leur uniforme et s'étaient sauvés.

Ce n'était que quatre heures plus tard qu'elle avait pu rentrer chez elle, fatiguée par cette journée bien chargée. La panne de bateau avait été plus dur que prévu. L'océan se déchainait, et pire que tout, une femme au bord du bateau avait le mal de mer.. Après avoir vu de l'essence dans l'eau, et de vomi en tout genre, Moana était d'une humeur massacrante. Ne voulant pas rester une seconde de plus au poste des gardes-côtes, elle avait filé rapidement, sans se changer, dès que ses coéquipiers étaient arrivés pour la remplacer. En tenue militaire, celle de l'US Coast Guard, la jeune femme avait mis quelques minutes avant de démarrer sa voiture. Elle surfait sur son téléphone à la recherche d'une adresse; celle de cette entreprise maudite. Elle allait passer le bonjour à ce patron qui ne semblait pas se soucier de l'état de ses bateaux ! Elle n'avait pas mis longtemps à la trouver, avait démarré sa voiture, et était partie en trombe.
Une fois arrivée devant les locaux, le lieutenant Swann avait jeté un coup d'oeil dans le rétro. Pas trop maquillée, fatiguée, elle n'en restait pas moins jolie. Elle sourit, sortit de sa voiture et replaça sa tenue; avec cet uniforme, elle comptait bien montrer qui elle était à ce patron. Si elle était venue en tenue de civile, nul doute que ce dernier allait se moquer d'elle. Là, au moins, elle avait plus d'importance. Et c'est donc d'un pas assuré qu'elle franchit la porte d'entrée.
Derrière le bureau, à l'accueil, une midinette était installée. Génial, pensa-t-elle. Elle imaginait déjà le chef de cet entreprise. Il avait sûrement la trentaine, voire la quarantaine. Il serait en costume cravate, aurait un sourire narquois sur le visage et des yeux baladeurs. Il se taperait peut-être même la pouffiasse qui lui servait de secrétaire pendant que sa femme s'occupait de ses trois enfants.. Bref, c'était sans doute le genre de type qu'elle détestait voir. Elle souffla alors, et répondit, avant même que la bombe devant elle ne parle. « Je veux voir votre patron. » La jeune femme fit semblant -Moana en était certaine- de regarder sur l'ordinateur, et deux secondes plus tard, elle lui annonça alors. « Je suis désolée, il est en rendez-vous. » Cette fois, le lieutenant soupira plus fortement, et répondit, très las. « Ecoutez, dites lui d'écourter sa réunion, c'est très important. Je suis garde-côte et plusieurs de ces bateaux sont bloqués en mer. » Elle en rajoutait. Aucun des bateaux n'était bloqué. Mais qu'importe. L'important, ce n'était pas les moyens, mais la fin non? En tout cas, ça semblait marcher. « Je vais voir ce que je peux faire. » Bien. Ravie, Moana lui offrit un sourire. Elle était sûre que la tenue faisait tout. Alors, patiemment, elle attendit.

Ashton agitait les bras, faisait les cent pas et utilisait de nombreux termes techniques et économiques sans queue ni tête dès lors qu’ils étaient détachés du contexte. C’était une réunion importante qui se déroulait, une réunion qui allait déterminante concernant le choix de son père de se lancer dans le transport maritime. Ashton n’avait rien contre mais il était sceptique quant à la rentabilité –cela dit il avait parfaitement confiance en ce qu’avait fait son père depuis des années-.  L’ancien professeur de sport espérait beaucoup des résultats de cette réunion pour pouvoir se projeter dans l’avenir, en effet après la location de voiture, de camion, le transport de marchandise – et j’en pense- Ashton Clarke avait l’intention d’enfourner l’entreprise familiale  dans le luxe. Oui, il voulait mettre à disposition des voitures de luxes mais, tout ceci dépendrait essentiellement des bateaux.

La réunion –qui était plutôt satisfaisante- allait toucher à sa fin lorsque le téléphone de la salle de réunion sonna. « Ashton Clarke… ». Le ton du brunet était froid et direct et collait à merveille avec sa nouvelle place de PDG qui semblait l’avoir imprégné rapidement, très rapidement –trop ?-. « Monsieur, un garde-côte demande à vous voir… ». La voix de son assistante était timide et hésitante. Ashton lui faisait peur c’était une évidence mais elle n’avait pourtant rien à craindre de lui, elle faisait convenablement son travail, il n’allait pas la virer comme ça. « Faite-le patienter dans mon bureau, j’arrive. ». Ashton raccrocha et ne tarda pas à mettre fin à la réunion.

Qu’est-ce qu’un garde-côte pouvait bien lui vouloir ? Il n’en avait pas la moindre idée mais il espérait sincèrement qu’il n’y avait pas eu quelconque soucis avec son équipage. Il pénétra dans son bureau en découvrant non pas un mais UNE garde-côte, qu’est-ce que ça changeait ? Elle était incroyablement sexy malgré ce petit air furieux qu’elle avait sur le visage. L’uniforme n’était pas ce qui la mettait le plus en valeur mais elle était tout de même incroyablement sexy –comme quoi, en matière de fille, Ashton n’avait toujours pas changé, il était toujours touché par les plus beaux physiques-. « Bonjour, Ashton Clarke, je suis le directeur de l’entreprise. ». Il lui tendit une main professionnelle et un sourire chaleureux –celui qu’il aurait mieux fait de sortir à sa secrétaire pour la rassurer-. « Je peux vous aider sur quelques chose ? ». D’un signe il l’invita à s’asseoir alors que lui-même se plaçait derrière son bureau regardant rapidement son écran d’ordinateur. Il vérifiait qu’il n’ait pas reçu de mail concernant quelconque soucis avec les bateaux ou l’équipage. Rien à signaler et tant mieux, comme ça il pouvait reposer son regard sur la charmante demoiselle –elle faisait vraiment partie de l’armée avec un corps aussi sexy ?-.

Encore heureux, son impatience et sa détermination avaient fini par payer. La secrétaire avait enfin daigner décrocher ce téléphone. Sa voix n'était plus aussi assurée que quand elle parlait quinze secondes plus tôt avec la garde-côte. En l'entendant, Moana ne put s'empêcher de froncer un peu plus les sourcils. A n'en pas douter, celle-ci ne semblait pas rassurer de parler avec son patron. Etait-il si horrible? En tout cas, il ne semblait pas coucher avec elle. Il devait plutôt se taper sa seconde, pendant que bobonne à la maison fait les devoirs du numéro 1, fait la lessive, râle après le numéro 2, fait à manger, et change les couches de numéro 3. non, vraiment, elle imaginait ce type de cette façon. Sinon, pourquoi cette secrétaire semblait mal à l'aise de l'avoir au téléphone?
En tout cas, moins d'une minute plus tard, elle lui annonça qu'il allait la recevoir dans son bureau. Elle lui indiqua alors le lieu, et Moana s'y rendit, avec une grande détermination -et après avoir pris soin de faire un petit sourire à cette pauvre secrétaire qui visiblement avait peur de son patron-.

Une fois dans le bureau, le lieutenant Swann ne resta pas en place. Elle balaya du regard la salle, et observa chaque détail. Elle prit même la peine de se pencher sur son bureau. Il y avait quelques photos. Un mec plus que charmant, brun, accompagné d'une ado et d'un bébé. Peut-être que finalement le patron n'avait pas quarante ans. Peut-être qu'il en avait soixante. Qu'il avait eu trois enfants, de plusieurs femmes différentes (ça expliquerait au moins la différence d'âge entre le premier qui devait avoir son âge, et le dernier).. Ca ne l'étonnait même pas! Elle soupira, et observa alors une deuxième photo; celle d'une femme, plus âgée. Sa femme? Impossible.. Quoique.. Le lieutenant vira son regard et le reposa sur la fenêtre. Elle devait cesser de faire sa curieuse...
Elle se posta donc devant la fenêtre, et regarda le ciel dehors. Il faisait gris. Elle était bien heureuse de ne pas travailler; à n'en pas douter, ces coéquipiers auront du travail cette nuit.

Perdue dans ses pensées, elle sursauta légèrement lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir. Elle vit alors le patron rentrer. Elle fut plus que surprise. Le type devant elle était celui de la photo. Il était assez jeune, brun, et était plutôt de son style -beau mec quoi!- Elle essaya néanmoins de garder toute sa constance et tout son air sérieux et renforgné. « Bonjour, Ashton Clarke, je suis le directeur de l’entreprise. ». Il lui tendit une main, et l'accueillit même avec un sourire. Elle tendit la sienne, et la lui serra, sans sourire. Elle aurait mieux fait de ne pas le faire; elle était parcourue d'un petit frisson. « Bonjour, je suis le lieutenant Moana Swann. » Fort heureusement, sa voix n'avait pas trahit son trouble. Allez, Mo'. Elle n'ajouta rien de plus. De toute façon, le patron de la boite le fit pour elle. «  Je peux vous aider sur quelques chose ? ». D'un coup de tête, il lui proposa d'aller s'asseoir. Elle hocha la tête, et s'installa alors, comme il l'avait dit.
Elle prit aussitôt la parole. « Oui, vous pouvez faire quelque chose pour moi. » De nouveau, elle fronça les sourcils. « Je suis lieutenant dans l'US Coast Guard et cela fait deux fois en quelques jours qu'on surprend une fuite sur les bateaux de votre compagnie. Ils ne sont pourtant pas bien vieux, mais ce serait bien si vous ou votre équipage puissent vérifier de temps en temps l'état de vos bateaux.. Ca éviterait que l'océan ne soit pollué.. » Elle avait terminé en accentuant bien sur ces derniers mots. Elle n'avait pas envie que ça se reproduise, et pour ça, même si il était mignon, voire même carrément canon, elle était capable de faire sa peste, et de lui faire la morale sur la nature de l'océan.

Ashton se présenta et serra la main de cette charmante garde-côte avant qu’elle n’en fasse autant. « Bonjour, je suis le lieutenant Moana Swann. ». Moana, joli prénom mais très peu commun, elle venait sûrement des îles, avec sa peau métissée ça semblait coller. Enfin bon, là n’était pas trop le sujet il fallait qu’Ashton se rassisse, il avait quand même une représentante de la marine dans son bureau et ça n’annonçait rien de bon. Elle avait beau être jolie, elle n’était sans doute pas ici pour une visite de courtoisie. « Oui, vous pouvez faire quelque chose pour moi. ». Elle fronça les sourcils alors qu’Ashton abordait un regard curieux et surtout attendait attentivement la suite. « Je suis lieutenant dans l'US Coast Guard et cela fait deux fois en quelques jours qu'on surprend une fuite sur les bateaux de votre compagnie. Ils ne sont pourtant pas bien vieux, mais ce serait bien si vous ou votre équipage puissent vérifier de temps en temps l'état de vos bateaux.. Ca éviterait que l'océan ne soit pollué.. ».  Pas bien vieux ? Ils étaient même tout neuf ! Cela dit il n’était pas au courant de quelconque fuite et il ne savait pas contre qui il devait être le plus en colère, son équipage ou la société de fabrication. Ils allaient entendre hurler, c’était certain.

Fronçant les sourcils, Ashton posa son regard dans celui de Moana qui semblait plus qu’irriter, vraiment en colère. Elle lui rappelait Eesha, se mettre en colère pour défendre ses idées et ce qui l’offusque. Eesha… comme si c’était le moment de penser à elle, comme si c’était le moment de penser aux femmes tout court ! « Je vais regarder les derniers rapports… ». Ashton ouvrit sa boite mail pour vérifier le dernier rapport de l’équipage de ses bateaux.  Il n’y avait rien, rien de rien, le seul détail à souligner c’était un accident du travail mineur –un membre de l’équipage c’était entaillé le doigt- mais concernant l’état des bateaux c’était le vide absolu. « Vous avez déjà averti l’équipage deux fois, c’est bien ça ? Je n’ai reçu aucun rapport. ». En fait, Ashton était sincèrement en colère contre son équipage, il était un peu plus tendu qu’au début. Il ne se montrait pas sous son meilleur jour mais, il n’aimait pas l’idée que tout n’aille pas dans le bon sens. « Je m’occuperai personnellement d’aller régler ce problème. ». Dès demain, et d’aller pousser une bonne gueulante.

Son regard se reposa sur la jeune femme qui malgré le fait qu’elle ne semblait pas des plus heureuse, était incroyablement charmante. Elle rayonnait sans rien faire… Elle était le genre de femme dont Ashton appréciait la compagnie et surtout le genre de femme qui lui faisait regretter d’avoir décidé de faire une « pause » -dans le seul but de ne pas repenser à Eesha, de ne pas s’effondrer et constater une nouvelle fois qu’il était perdu, il avait besoin de faire un point sur sa vie-.

Fixée sur ses idées, le lieutenant ne cessait de regarder Ashton avec un regard assez dur. Non pas qu'elle voulait lui montrer à quel point cette attitude l'énervait -bien que oui, elle le voulait quand même-, mais disons que c'était surtout parce qu'elle était réellement énervée. On ne salit pas l'océan. Si ils laissaient passer des choses comme ça, qu'est-ce que ça deviendrait dans le futur? L'océan ne serait plus qu'une poubelle immense sur terre. Les poissons mourraient. Les humains ne pourraient plus se baigner sans chopper une horrible maladie. Et tout le système vivant dans l'eau serait chamboulé. Adieu les petits poissons! Adieu les dauphins ! Adieu les orques! Adieu les manchots! Adieu les ours polaires ! Bon, bien sûr, c'était à l'extrême, mais il faut réagir bien avant que tout ça ne se produise. Alors oui, elle avait de quoi être énervé contre cette boite..
Elle fut néanmoins un brin soulagée lorsqu'elle remarqua que le Clarke en question semblait s'interesser un minimum à ces propos. Ses sourcils se froncèrent, et bizarrement, derrière son masque de femme à idée fixe, elle eut un léger sourire. Ce patron n'était pas du tout celui qu'elle imaginait. Il était bien foutu, beau mec, et lui donnait plutôt envie de se jeter dans ses bras plutôt que de venir l'embêter. « Je vais regarder les derniers rapports… ». Moana hocha la tête, et reprit son air de militaire. Elle n'hésita pas à observer ce patron dans tous ces faits et gestes. Sa main sur la souris, il actionnait des logiciels sur son ordinateur. Sa deuxième main étant sur le bureau, elle la regarda machinalement. Pas d'alliance. Il n'était pas marié..

Il la sortit aussitôt de ses pensées. « Vous avez déjà averti l’équipage deux fois, c’est bien ça ? Je n’ai reçu aucun rapport. ». Moana hocha une nouvelle fois la tête. « deux fois oui ». Elle posa son regard sur lui. Cette fois, elle ne sut plus si c'était elle-même, ou si c'était lui, le plus énervé. Il semblait en tout cas ne plus être aussi à l'aise qu'au début de leur entrevue. « Je m’occuperai personnellement d’aller régler ce problème. ». Au moins, ce serait déjà ça. C'était même choquant que le patron n'ait eu aucun rapport là-dessus. Moana n'ajouta rien pendant une seconde. Le regard du patron se posa sur elle. Il était vraiment, mais vraiment, canon. Voulant se rattraper alors, et montrer que régler ce problème devait être sa priorité, le lieutenant Swann renchérit.

« Je compte sur vous. » Non pas qu'elle voulait qu'il gueule -elle espérait d'ailleurs que ces employés ne seraient pas trop secoués-, mais elle comptait surtout sur lui pour qu'il fasse plus attention à ses bateaux. « Vous savez, l'océan n'est pas une poubelle. Des bateaux qui ont des fuites, on en voit quasiment toutes les semaines ! On essaye d'enrayer ce problème, on prévient, on verbalise, mais c'est vraiment fatigant de devoir se répéter encore et encore, auprès des même personnes.. J'espère donc que c'est la dernière fois que je viens dans votre bureau. » Elle devait sans doute passer pour une méchante, une bonne femme horrible, mais si elle disait ces propos, c'était bien parce qu'elle savait d'avance qu'elle ne serait plus aussi aimable la prochaine fois. Si elle recroiserait encore un bateau de cette compagnie qui polluerait la mer, elle serait capable de prendre le maximum de précautions.
Parce qu'elle se rendait compte qu'elle n'était pas très aimable à ce moment-là, elle fit un petit sourire, et pointa la photo qu'elle avait vu avant; celle avec le patron, une jeune fille -qui lui semblait être trop jeune pour être sa femme, mais soit-, et un petit bébé. « Pensez à votre fils. Ce serait bien si il pouvait s'y baigner de temps en temps sans être baigné dans du poison. » Et cette fois, elle souriait. Vraiment.

Ashton n’en revenait pas, il se retrouvait avec une garde-côte dans son bureau –certes indéniablement sexy- parce que des espèces de crétins avaient jugé qu’il n’était pas nécessaire de l’informer sur l’état des bateaux. « Deux fois oui ». Deux fois, ils avaient fait l’erreur deux fois, ils allaient l’entendre hurler et nul doute que les responsables techniques allaient se prendre un blâme. La compassion d’Ashton le prof de sport était bien loin derrière lui, s’il estimait que les adolescents avaient le droit à l’erreur et à une seconde chance, il n’en était pas de même pour les adultes, c’était leurs choix, leurs responsabilités, ils savaient trop bien ce qu’ils faisaient pour laisser passer. Ashton allait régler ce problème personnellement, c’était certain. « Je compte sur vous. ». Et elle pouvait.

« Vous savez, l'océan n'est pas une poubelle. Des bateaux qui ont des fuites, on en voit quasiment toutes les semaines ! On essaye d'enrayer ce problème, on prévient, on verbalise, mais c'est vraiment fatigant de devoir se répéter encore et encore, auprès des même personnes... J'espère donc que c'est la dernière fois que je viens dans votre bureau. ». Ashton n’avait rien à dire là-dessus, il était tout à fait d’accord –bien qu’il n’avait rien contre le fait de la revoir dans son bureau-, l’océan n’avait jamais été une poubelle à ses yeux et encore moins aux yeux de son père, ce qui rendait la tâche encore plus importante pour lui, il ne voulait pas salir le nom de l’entreprise.  « Si j’avais été informé, le problème aurait été directement réglé mais comme les bateaux sont vraiment neuf, je ne me suis pas méfié outre mesure mais, ça n’arrivera plus. ». C’est vrai qu’avec des bateaux neuf, il n’avait pas été surpris de ne recevoir aucun détail concernant l’état des bateaux.

La jeune femme pointa alors l’une des photos sur son bureau, une photo où il était avec Ella et Lleyton, son père adorait cette photo même s’il toujours qu’il manquait Mattia sur la photo –au vu de l’amour qu’Ella portait à Mattia, Jamie Clarke n’avait jamais été capable de détester Mattia pour quoi que ce soit-. « Pensez à votre fils. Ce serait bien si il pouvait s'y baigner de temps en temps sans être baigné dans du poison. ». Ashton afficha un sourire amusé en regardant la bouille de Lleyton. « Ce n’est pas mon fils mais mon neveu mais, je suis d’accord sur l’idée, que ce soit mon enfant, le vôtre ou celui d’une autre personne, il faut qu’ils puissent profiter. ». Il lui fit un sourire chaleureux avant de reposer son regard sur cette photo. Ella et Lleyton était resplendissant et parfois –souvent- il enviait sa sœur, elle avait beau être jeune elle avait une famille, elle avait construit quelque chose, donner un sens à sa vie et même si ce n’était pas facile tous les jours, c’était une raison de se battre. Lui, qu’avait-il ? Il n’avait rien construit, il n’avait rien fait, sa vie était une succession d’espoir et d’échec, le plus cuisant dans ses relations amoureuses, il avait beau avoir sincèrement aimé, il n’avait personne à qui s’accrocher.

Décidément, plus le temps passait, plus ce patron sortait de la caricature qu'elle s'était faite quelques temps auparavant. Déjà, il n'était pas vieux. Ca paraissait même étrange qu'un jeune soit à la tête d'une boite comme celle-ci; elle ne doutait d'ailleurs pas qu'une histoire tragique se dressait derrière tout ça. Et puis, il était bien plus sympa qu'elle ne l'avait cru. Loin d'être le type antipathique qu'elle s'attendait à croiser, il avait au contraire bien pris le soin de l'écouter. Parfois, il arrivait que Moana passe pour une folle. Elle était tellement amoureuse de l'océan, de la mer, des vagues, des eaux, et de tout ce qui vivaient dedans que les gens la traitaient de folle dingue. Mais elle n'y pouvait rien. On ne peut pas être conçue quelque part sur l'eau, on ne peut pas naitre à quelques mètres de l'eau, on ne peut pas passer toute sa vie sur l'eau sans ne rien avoir à faire de cet élément chimique. Pour Moana, l'eau était tout aussi vitale que l'oxygène. Elle ne tolérait pas une seule fois qu'on salisse cet élément de cette façon..

« Si j’avais été informé, le problème aurait été directement réglé mais comme les bateaux sont vraiment neuf, je ne me suis pas méfié outre mesure mais, ça n’arrivera plus. ». Elle commençait à l'apprécier. Petit à petit, son masque de fer s'envolait. Ses traits s'adoucissaient. Elle acceptait de laisser ses lèvres sourire un instant. Au moins, ce détail elle pouvait le comprendre. Des bateaux neufs n'auraient jamais du avoir ce problème. Jamais. Elle pouvait donc aisément comprendre que sa méfiance avait été des plus faibles.

Mais pour bien enfoncer le clou -une dernière fois-, Moana ne tarda pas à pointer la photo avec la jeune femme et le gamin. L'homme devant elle tourna la tête vers la photo, et eut alors un sourire amusé. « Ce n’est pas mon fils mais mon neveu mais, je suis d’accord sur l’idée, que ce soit mon enfant, le vôtre ou celui d’une autre personne, il faut qu’ils puissent en profiter. ». Il lui fit un autre sourire, qu'elle retourna, avant de reposer encore une fois son regard sur le gamin. Ainsi donc, ce n'était pas son fils. Tant mieux. Ou pas. Non. Ca ne changeait rien... Mais bizarrement, l'idée qu'il n'était pas papa lui plaisait. Il ne l'avait certes pas clairement dis, mais quel genre de papa aurait une photo de son neveu dans son bureau, mais pas une seule photo de son fils? Aucun sans doute. Elle reporta donc son regard sur le bonhomme, et fit un petit sourire. « En tout cas, il est très beau. » Le lieutenant s'était laissé attendrir. Elle n'aimait pas les gamins, mais ne les détestait pas. En fait, elle détestait les gosses quand ils étaient chez elle, mais elle les aimait quand ils étaient chez les autres. Elle ne se voyait pas du tout avec un gosse dans les bras; elle ne se voyait pas du tout enceinte tout court. Elle ne voulait pas avoir de seins plus gros, ni même avoir des vergetures sur le corps. Non. Vraiment, les gosses étaient plus que mignons.. chez les autres.

Elle s'arrêta un instant, et posa son regard sur le patron de la boite. Ashton quelque chose. Elle ne se souvenait même plus de son nom de famille. Clarke peut-être. Ou Clarde. Quelque chose comme ça. « Je suis ravie de voir que vous m'avez écouté, et bien heureuse d'apprendre que je ne remettrais plus les pieds ici. » Elle insistait encore un peu -elle voulait vraiment que le message soit clair. L'eau, c'était son combat. Elle l'observa un instant, avant d'ajouter, en riant un petit peu, sortant de son statut de garde-côte. « En fait, je suis un peu surprise. Je m'attendais à tomber sur un patron qui ne m'aurait pas écouté du tout, et pire, qui m'aurait ri au nez.. » Et cette fois, elle arbora un plus grand sourire. Bien contente d'avoir pu se faire entendre.

La jeune garde-côte laissa son regard sur le bambin, Ashton affichait un beau sourire, ce petit bout de choux était un vrai rayon de soleil, une petite –grosse- boule d’énergie. « En tout cas, il est très beau. ». C’était marrant, il avait cette jolie Moana –oui il avait retenu son prénom- en colère, passionnée mais toujours en militaire, là, il la découvrait humaine, chaleureuse et attendrie. Quelque part, cette vision plaisait énormément au jeune homme. « Je suis bien d’accord avec vous… ». A nouveau il eut un immense sourire, Lleyton était vraiment un magnifique bambin –en même temps il avait de qui tenir- mais, il l’était peut-être un peu trop parce qu’on avait du même du mal à lui refuser certaines choses.

Le lieutenant reposa son regard sur Ashton qui avait lui aussi détaché les yeux de la photo. « Je suis ravie de voir que vous m'avez écouté, et bien heureuse d'apprendre que je ne remettrais plus les pieds ici. ». Ashton eu un sourire amusé, elle insistait encore, ça se voyait qu’elle tenait à l’océan et à ce qu’il soit respecté. L’ancien prof de sport n’avait jamais voulu nuire au paradis marin et il n’avait pas l’intention de l’énerver une nouvelle fois –même si ça lui permettait d’avoir une présence plus que charmante dans son bureau-. « En fait, je suis un peu surprise. Je m'attendais à tomber sur un patron qui ne m'aurait pas écouté du tout, et pire, qui m'aurait ri au nez... ». Ah ouais ? C’était sans doute possible dans une grande ville mais, ici ? Pour qu’une entreprise et dure, il fallait qu’elle obtienne et conserve le respect des habitants, il était certain qu’en agissant de la sorte ce n’était pas possible. Et puis, Ashton était loin de se moquer des impacts de ses actes, bien au contraire. « Ça aurait pu si nous étions à New York, mais, j’ai grandi ici, j’adore cette endroit et l’océan en fait partir, ce n’est pas quelque chose que je veux détruire. De plus, mon père a passé toute sa vie à construire cette entreprise familiale, je n’ai pas envie de la faire couler en me mettant dans le collimateur des forces de l’ordre. ». Il eut un petit rire amusé avant se plonger dans les prunelles magnifiques de la jeune femme. « Je vous promets que si l’on se revoit, ça sera dans d’autres circonstances… ». Loin de son bureau et pas pour se faire taper sur les doigts. Non, il n’était pas en train de l’invité bien que sa phrase pouvait y laisser penser mais si le hasard faisait les choses, il n’irait pas changer de trottoir pour la fuir. Toutefois, il n’était pas prêt à l’inviter… parce qu’inviter une fille, ailleurs que dans son lit, c’était envisager une relation et il n’en était pas capable en ce moment –il n’en voulait même pas dans son lit alors bon-.

Ce type devant elle était bien différent de ce qu'elle s'était imaginée. Déjà, il l'amusait. Au lieu d'être le gars égocentrique qu'elle pensait rencontré, il semblait au contraire être assez ouvert. La preuve; son neveu. Ca se voyait qu'il en était gaga. Sinon, pourquoi aurait-il eu une photo de lui dans son bureau? « Je suis bien d’accord avec vous… » Il souriait en plus. Il était vraiment très fan de ce gamin. Sans se douter que si ce jeune homme bien charmant était derrière ce bureau ce n'était pas par simple choix, elle commençait à se rendre compte qu'elle s'était bien trompée. Ce patron n'avait rien à voir avec ce qu'elle s'était imaginée, et tant mieux. Même qu'elle aurait préféré ne pas être habillée de la sorte, avec sa tenue de garde-côte pour une première rencontre.

Secouant doucement la tête pour se sortir de la tête toutes ces petites pensées peu catholiques qu'elle avait, elle finit par dire d'une façon rapide ce qu'elle avait en tête. Elle n'avait pas parlé du type frisant la quarantaine, infidèle, qui se tapait sa secrétaire.. « Ça aurait pu si nous étions à New York, mais, j’ai grandi ici, j’adore cette endroit et l’océan en fait partir, ce n’est pas quelque chose que je veux détruire. De plus, mon père a passé toute sa vie à construire cette entreprise familiale, je n’ai pas envie de la faire couler en me mettant dans le collimateur des forces de l’ordre. » Il eut un petit rire. Bon sang ce qu'il était adorable! Un sourire se dessina petit à petit sur les lèvres de la jeune femme, bien que les propos du patron l'inquiétait. Visiblement, c'était son père qui avait construit cette entreprise. Et visiblement, il était le seul patron. Ca signifiait sans doute qu'un drame avait eu lieu. Ou alors, son père avait eu ce Ashton Clarde tellement vieux qu'il avait du partir en retraite. C'était aussi possible. « Je vous promets que si l’on se revoit, ça sera dans d’autres circonstances… ». A ces mots, elle sourit encore plus, et lâcha un « j'espère qu'on se recroisera.».

Aussitôt, elle se rendit compte de ce qu'elle venait de dire. Et pour une fois, elle bénit son teint un peu foncé. Elle n'allait pas piquer un fard. Ces propos étaient sortis bien trop vites de sa bouche, avant même qu'elle puisse les contrôler. Si elle avait tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant de l'ouvrir, nul doute que jamais elle n'aurait dis ces mots.. Mais la présence de ce patron la perturbait. Un peu gênée, elle passa une main dans ses cheveux, et reprit -après ces quelques secondes de stupeur-. « J'espère bien qu'on se recroisera dans d'autres circonstances.. c'est ce que je voulais dire. » Elle lui fit un petit sourire, et se maudissait de l'intérieur. Comment avait-elle pu ne pas terminer sa phrase? Non parce que dis comme ça, c'était comme si elle espérait qu'ils allaient se recroiser. Alors, certes, elle l'espérait au fond d'elle, mais elle n'avait pas à le dire à voix haute, surtout face à ce type!! Voulant en finir avec tout ça, et parce qu'elle était un peu gênée, elle murmura alors. « Je crois que ma visite est terminée. Je vais vous laisser à votre travail Monsieur Clarde »

« J’espère qu'on se recroisera.». Ashton eut un petit sourire amusé en entendant cela, il se doutait que la jeune femme s’était simplement mal exprimée mais quand même c’était flatteur... si on considérait que cela puisse être révélateur. La jeune sembla bien vite gênée par ce qu’elle venait de dire et passe la main dans ses cheveux –Ashton aurait mis sa main à couper que si elle n’avait pas eu la peau mate, il l’aurait vu ses joues virées au rouge-. « J'espère bien qu'on se recroisera dans d'autres circonstances... c'est ce que je voulais dire. ». Il répondit à son sourire en tentant de cacher ce petit air amusé qu’il avait. « J’avais bien compris… ». Dans le fond oui, il avait bien compris mais c’est vrai qu’à une époque, il l’aurait taquiné à ce sujet. Là, il préférait éviter de passer pour un gros lourd… et de s’éparpiller ! Il était quand même au boulot et penser aux filles n’était pas la meilleure chose à faire.

« Je crois que ma visite est terminée. Je vais vous laisser à votre travail Monsieur Clarde ». Ashton eu un petit rare avant de tendre sa main à la jeune femme. « C’est Clarke, Mademoiselle Moana Swann. ». Il lui fit un large sourire, lui avait bien retenu son prénom et son nom, il n’y avait pas de soucis là-dessus. Enfin bon, il ne pouvait pas lui en vouloir, la jeune femme avait été mise mal à l’aise quelques secondes plus tôt, n’empêche que de la voir avec un peu moins d’assurance était… attirant. Ashton devait bien l’admettre même s’il était en train de se gifler mentalement pour ce genre de réflexion.

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