Kai Eowyn Bonistaw les poissons sont plus affectueux que les hommesDOUBLE-COMPTE : Astrée Micah Lloyd. MESSAGES : 592 ARRIVÉE : 01/02/2012
| Sujet: Re: KAI Ϟ you can't break a broken heart. Mer 4 Nov - 8:28 | |
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❝ Oh, elle est pathétique... ❞
- KAI 1.0:
- première fiche de Kai a écrit:
- « J’ai encore rêvé de l’accident. » Kai aborda un tendre sourire, pourtant, la situation n’avait rien de tendre ou d’agréable mais, même pendant ses séances avec le psychologue, elle ne pouvait pas se résoudre à lâcher son sourire. Elle trouvait ça inapproprié, de faire la tronche alors qu’elle avait survécu à un accident, qu’elle avait eu la chance de s’en sortir, d’avoir une deuxième chance. « Vous ne vous souvenez toujours pas de ce qu’il s’est passé ce soir là ? » Non, elle ne se souvenait de rien, pourtant, l’évènement aurait dû survivre au coma tant il était important mais, ce n’était pas le cas. « Non, c’est toujours la même scène, je ne sais même pas qui est l’homme à côté de moi. » Pourtant, cet homme avait marqué sa vie, plus que n’importe quel homme, plus que son père, plus que son frère.
Il y a plusieurs années...
- Citation :
- « Je… » La belle rouquine ne termina pas sa phrase, son interlocuteur déposa sa main sur sa cuisse avant de l’embrasser. La demoiselle ne fit rien, elle était trop surprise par ce geste, incapable de le repousser mais, elle ne pouvait y répondre non plus. Elle avait treize ans seulement et elle savait pertinemment que ce garçon était plus âgé qu’elle alors, elle ne pouvait pas l’embrasser et puis elle n’était pas amoureuse de lui, elle le connaissait à peine, elle avait simplement partagé deux verres avec lui, rien de plus. « Je m’appelle Kai… » Lâcha-t-elle quand il décolla ses lèvres des siennes, elle était persuadée que cela le stopperait immédiatement, mais, il se contenta de hausser les épaules. « Je m’en fous, c’est pas ça qui m’intéresse. » La rouquine avala difficilement sa salive, une boule d’anxiété se formait dans gorge mais, elle laissa quand même les mots sortir. « Kai Bonistaw. » Et là, le jeune homme ne mit pas plus de deux secondes avant de réagir, il employa un ton sec et assassin en lâchant avec haine « Sale petite garce ! » Il laissa la petite rousse à sa place et alla en draguer une autre désireux de ne plus voir la jeune Kai qui n’avait pourtant rien fait de mal, elle était simplement née dans la mauvaise famille pour cet adolescent nommé Blazhe. Ce n’était pas Roméo et Juliette, simplement la guerre du lycée bon chic bon genre et privé dans lequel était Sander, le frère de Kai et le lycée public qui n’avait que faire de la dernière collection de Jean-Paul Gauthier où étudiait Blazhe. Les deux là avaient une haine démesuré sans que personne ne sache vraiment les raisons, toujours est-il que Sander avait interdit à sa petite sœur d’approcher Blazhe cette soirée. La demoiselle n’en avait qu’à sa tête et on pouvait voir le résultat à présent, elle l’observait avec d’autres filles avec un sentiment d’amertume sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi et les choses n’allaient pas en rester là.
Il la plaqua contre un mur avec une certaine violence, il en avait probablement assez d’être suivi par cette la sœur de Sander. Il ne voulait rien avoir à faire avec elle, avec cette famille beaucoup trop riche et beaucoup trop prétentieuse. « Arrête de me suivre! J’ai pas envie de me coltiner une princesse de bas étage dépourvue d’intelligence. » Elle le regarda droit dans les yeux avant de lâcher naturellement « Laisse-moi te prouver que je ne suis pas cette fille-là ». Il la regardait presque avait mépris, du moins c’est ce qu’elle ressentait. « Je ne traîne pas avec des adolescentes pré-pubaires. » « Si je ne t’avais pas dis mon nom, tu n’aurais jamais su mon âge. » « J’y peux rien si t’es qu’une gosse de onze ans vêtue comme une pute, je voulais simplement te baiser mais, je préfère encore mourir que de coucher avec une Bonistaw. » « Je t’ai pas demandé de coucher avec moi mais, ne me range pas du même côté que Sander. » « C’est la seule qui m’intéressait chez toi. » « Tu baiserais avec une fille qui, d’après toi, n’a que onze ans et qui, toujours d’après toi, d’habille comme une pute et dont tu ne supportes pas la famille qu’elle n’a pas choisi ? » Leur petit jeu basé sur qui aura la meilleure répartie dura encore un moment, jusqu’à que le jeune homme passe sa main sous la Jupe de Kai, effleurant sa cuisse. Les muscles de la jeune se crispèrent elle était mal à l’aise et ne savait comment repousser un mec de seize ans. « Si je te donne ce que tu veux, peut-être que tu me ficheras la paix. » Cette voix pleine de sous-entendu à son oreille, la rouquine ne la supportait pas et il ne lui en fallut pas plus pour être victime d’une crise de panique. « Laisse-moi partir Blazhe. » Ce qu’il fit après quelques secondes de réflexions dans le but de la faire paniquer. La rouquine partit en courant, elle avait compris qu’il était préférable de rester à l’écart de Blazhe même si elle ne pouvait pas s’empêcher de s’accrocher à lui, sans vraiment savoir pourquoi.
Elle ouvrit difficilement les yeux, elle avait incroyablement mal à la tête, pourtant, dans ses souvenirs, elle n’avait pas trop bu hier soir. Elle regarda autour d’elle, elle ne reconnaissait rien, elle n’était pas chez elle, elle n’était pas dans son lit et pire encore, elle était en sous-vêtements. Elle ne se souvenait absolument pas de ce qui c’était passé hier soir, elle ne se souvenait pas avoir couché avec qui que ce soit. C’est à ce moment-là que Blazhe entra dans la pièce, provoquant les larmes silencieuses de la rouquine. Elle était pourtant persuadée de l’avoir fuis toute la soirée, d’avoir traîner avec un autre type pour ne pas le voir et le rendre jaloux, elle avait tout fait pour ne pas avoir à lui adresser la parole, et elle se réveillait dans son lit, en sous-vêtements ? Dans sa tête, c’était la panique et visiblement, le jeune homme l’avait bien compris. « Panique pas. Personne n’a touché ton corps de petite princesse, je me suis contenté de te ramener et j’ai préféré retirer ta robe pour être sûr que tu respires. » En même temps, il désigna la robe qui était sur le fauteuil de droite, c’est vrai qu’avec une robe corset, la belle demoiselle aurait dû mal à respirer cette nuit mais, elle se fichait bien de la robe, elle était perdue dans ses pensées, elle ne comprenait rien à rien. « Pourquoi t’as fait ça ? Je veux dire, tu me détestes, tu détestes absolument tout ce que je représente et pourtant, tu me ramènes chez toi ? » Elle ne comprenais pas sa logique, après tout, n’en avait-il pas rien à foutre d’elle ? Ne serait-ce pas une excellente vengeance que de laisser la sœur de son pire ennemi se faire tripoter par des adolescents un peu trop pervers ? Il haussa simplement les épaules avant d’ajouter « Ce n’est pas parce que je te détestes que j’ai envie qu’un mec t'agresses. Et en m’étant redevable, peut-être que tu me foutra la paix. » Kai se leva pour aller récupérer sa robe et tout en l’enfila, elle reprit la parole. « En effet, je te suis redevable mais, il me semble que ton souhait la plus cher était exaucé depuis quelques jours. » En effet, depuis la petite frayeur d’il y a quelques jours, elle ne l’avait pas revu, par conséquent, elle lui avait foutu la paix, enfin, elle releva ses cheveux avant de quitter Blazhe.
Le soir de leur première fois, Kai et Blazhe n’avait rien prévu, elle voulait simplement remettre les choses à leur place, lui expliquer qu’elle en avait assez qu’il se rapproche d’elle pour mieux s’éloigner, elle voulait qu’il la traite normalement. À aucun moment, elle n’avait prévu de perdre sa virginité à quatorze ans dans les bras de Blazhe Gabriel Henighan.
« Tu n’es qu’une gosse et franchement, je ne suis pas celui qui te faut. » Depuis qu’ils avaient couché ensemble, il la fuyait encore plus alors qu’elle s’accrochait à lui plus que jamais, il n’était pas étonnant qu’une nouvelle dispute éclate, parce que la situation était pesante et que Kai ne savait plus sur quel pied danser. « Arrête de te chercher des excuses ! » Et sans qu’elle ne comprenne ni comment, il l’embrassa mais, cette fois elle avait que ce n’était pas pour rien, du moins, il n’avait pas fait ça pour la faire taire, ils étaient en couple bien qu’aucun des deux n’avaient jamais prononcé ce mot, bien qu’il lui avait défendu d’en parler à qui que ce soit.
« Blazhe arrête tes conneries, je t’en pris ! Je refuse de te perdre ! » Elle savait depuis un moment que son petit ami traînait dans des affaires louches mais, si elle ne savait pas exactement de quoi il s’agissait, la conversation qu’elle avait entendu cette fois là ne faisait que l’inquiéter, elle savait que Blazhe allait trop loin et que les choses risquaient de mal finir. Non, en fait, elle en était certaine, les choses allaient malheureusement mal finir mais, elle était certaine qu’il n’était pas trop tard pour arrêter mais, Blazhe ne l’entendait pas de cette oreille, il lâcha d’une voix qui était sans un appel un « NON ! » Les larmes coulaient sur le visage de Kai, elle ne lui avait jamais rien demandé, elle avait toujours tout accepté mais, là, elle avait besoin qu’il arrête pour elle, pour qu’elle puisse avoir la certitude qu’il resterait à ses côtés. « Tu peux arrêter la voiture s’il te plaît ? » Visiblement, il n’en avait pas envie, il ne faisait qu’accélérer alors, Kai tenta de s’emparer du volant mais, c’était sans compter sur son homme qui la repoussa sans hésiter une seconde. Cependant, sur la route, une seule seconde d’inattention suffit, Blazhe n’avait pas vu la voiture qui arrivait d’en face et fonça dans un arbre dans le but de l’esquiver. La suite ? Sept mois de coma pour Kai et plus aucun souvenir de son passé. « Et vous ne pensez pas que cela est dû à votre obsession de bannir le passé ? » Kai haussa les épaules, peut-être, peut-être pas, elle s’en fichait. Parce que oui, la belle ne voulait pas se souvenir, elle avait peur de celle qu’elle avait pu être autre fois, ce qu’elle avait pu faire autrefois, elle avait démarré une nouvelle vie et le passé n’y avait pas sa place. Elle avait brûlé toutes les photos d’elle à peine quelques mois après sa sortie de l’hôpital, cela lui avait permis de prendre un nouveau départ et de faire comprendre à tout le monde qu’elle n’était pas -ou plus- cette Kai là. « Certainement. » Elle sourit comme si c’était tout à fait normal, parce que pour elle ça l’était. Après tout, sa vie d’aujourd’hui n’avait probablement rien à envier au passé. « Vous avez des nouvelles de votre frère ? » Sander ? Oui, elle en avait, malheureusement, mais, son sourire ne la quitta pas. Elle n’aimait pas parler de son frère parce que malgré tous ses efforts pour effacer sa rancune, elle lui en voulait d’être parti à l’armée quelques semaines après son réveil comme si elle ne comptait plus. Bien sûr, elle comprenait qu’il soit vexé qu’elle ne l’ait pas reconnu tout de suite mais, tout de même, elle avait ressenti quelque chose de fort en le voyant, elle savait que ce n’était pas un illustre inconnu. Et il était parti ne laissant pas à Kai la chance de se souvenir d’eux, parce que c’était peut-être la seule chose dont elle voulait se souvenir, sa relation avec son frère. « Il quitte le front dans une semaine je crois. » « Ça vous angoisse ? » Kai se laissa le temps de réfléchir, est-ce ça l’angoissait ? Peut-être un peu en effet, elle n’avait pas envie d’une relation tendue avec qui que ce soit. « Peut-être un peu, je n’ai pas envie d’être au cœur de tensions. » « Pourquoi seriez-vous en conflit. » « Je ne l’ai pas reconnu il y a neuf ans et je ne lui ai jamais reparlé depuis. » « Vous ne pensez pas qu’il sera capable de vous pardonner ? » S’agissait-il de pardon ? Elle avait comme un doute là-dessus, c’était plutôt un lien qui s’était brisé tout comme le lien avec ses parents. Elle vivait avec eux, elle avait fait des études pour leur faire plaisir, elle avait agi comme une adolescente modèle qui reprend du poil de la bête mais, il n’y avait aucun complicité, pire encore, Kai avouait sans la moindre difficulté qu’elle ne les considérait pas vraiment comme ses parents. Bien évidemment, elle s‘abstenait de leur dire les yeux dans les yeux, elle ne voulait pas les blesser, elle n’était pas comme ça. Et toujours avec le sourire, elle reprit. « Non, je ne pense pas qu’il en soit pas capable mais, peut-être que je me trompe après tout, je ne le connais pas. » Elle ne voulait pas s’étaler et lui expliquer sa vision des choses, autant lui dire que Sander n’était pas capable de lui pardonner, même s’il l’était. « Vous ne pensez pas que son retour pourrait combler votre manque affectif ? » Ah oui parce que ce psychologue était persuadé que Kai souffrait d’un manque affectif depuis qu’elle était sortie du coma. Et toujours d’après ce psychologue, elle comblait ce manque en faisant son métier, c’est-à-dire organisatrice de mariage, il était persuadée qu’elle s’émerveillait et se retrouvait dans le bonheur des autres. Évidemment, Kai n’était pas d’accord avec lui, elle faisait simplement un métier qui lui plaisait et elle ne cherchait absolument pas à se nourrir du bonheur des couples qu’elle voyait défiler mais, peu importe, elle le laissait croire ce qu’il voulait, ça ne l’atteignait pas. Le docteur était aussi persuadé que Turbo, son chien, était la preuve évidente de ce manque, c’est vrai qu’elle adorait ce chien mais, de là à dire qu’il remplaçait un homme tout de même pas. Oh et puis, il ajoutait aussi le fait qu’elle ne fréquente aucun homme -ou femme- depuis presque dix ans et là, c’est vrai que Kai n’avait pas d’explication, elle avait couché avec quelques hommes mais, elle n’avait eu aucune relation sérieuse depuis sa sortir du coma. Finalement il avait peut-être raison…elle le regarda avec franchise. « Je ne pense pas. » Qu’elle en est un ou pas, Sander ne le comblerait pas, tout comme son chien et au fond d’elle, Kai le savait, tout ce qu’il lui manquait c’était l’amour. C’est vrai qu’elle n’y avait pas accordé beaucoup d’importance ces neuf dernières années mais, il lui arrivait de rêver d’un homme à aimer, elle devait bien l’admettre. Elle ne voulait pas d’un prince charmant simplement d’un homme qui comprenne sa joie de vivre et qui ne s’intéresse pas à la fortune familiale. Enfin, elle devait bien admettre que ces derniers temps, elle rêvait pas mal du beau jardinier que ses parents avaient embauché. Blazhe, une nouvelle fois, ce prénom ne lui rappelait rien, elle ne se souvenait pas qu’elle le connaissait et pourtant, quand elle était avec lui, elle avait l’impression de redécouvrir des sensations enfouis bien loin dans sa mémoire, des sensations qu’il était seul à pouvoir lui faire vivre. Mais, elle ne parlait pas de Blazhe à son psychologue parce qu’elle n’y voyait pas l’intérêt, elle jugeait que c’était probablement encore l’un de ses fantasmes et qu’une fois qu’elle aurait couché avec, elle n’aurait plus cette attirance pour lui. La faute à l’amnésie, la demoiselle ne savait pas combien elle pouvait avoir tors de penser cela. Sauf que tout ça, tout ce qu'elle avait dit tout ce qu'elle avait vécu n'avait plus d'importance après sa rencontre avec Fernando, celui qu'elle allait aimer jusqu'à en saigner, jusqu'à en crever. Fernando n'était qu'un artiste rencontré un soir dans un bar, un soir alors même qu'elle était... bref passons les détails. Un soir, une nuit magique dans un lit, une dispute et très vite des sentiments irrépressible. Ces deux-là s'aimaient tellement qu'ils ont dû croire que le monde leur appartenait parce que, ils ont aménagés ensemble, il l'a demandé en mariage, ils se sont aimés, comme des fous. Cependant, face aux caprices de la vie on n'est bien peu de choses et comment fait-on quand on se retrouve enceinte de jumelles alors que votre fiancé est en train d'agoniser sur une table d'opération ? Comment fait-on quand ce dernier perd la mémoire et qu'on a pas assez d'amour à donner pour deux enfants ? Peut-on abandonner ?
« Non je ne vais pas bien... il suffit de me regarder pour le savoir. ». Et puis sinon, elle ne serait pas là, entourée de toutes ces personnes aussi blessées et baisées par la vie qu'elle ne l'était. Qui pouvait prétendre aller bien dans un endroit pareil ? Même les psychiatres devaient sentir leur cœur se serrer et leur ventre se retourner devant tant de désespoir, tant d'illusions.Et ce n'est pas les assommantes pilules qu'ils ingurgitaient tous qui feraient qu'un jour, le monde serait enfin meilleur, non, s'était même probablement tout l'inverse. Kai était dans cet hôpital psychiatrique depuis quelques mois et à vrai dire, elle ne souhaitait pas en sortir, elle ne voulait plus affronter la vie -sa vie-, elle ne pouvait plus. Elle refusait cette idée d'être de nouveau livrée à elle-même et de retourner hanter la vie celui qu'elle avait tant aimé, qu'elle aimait toujours aussi passionnément. Elle était partie, elle avait quitté la maison un jour où personne n'était à la maison, ni Fernando, ni leurs jumelles. Elle n'en pouvait plus, elle était à bout et son corps tremblait déjà, les larmes coulaient en abondance alors qu'elle n'avait pas franchit cette porte, elle pouvait encore renoncer. Elle pouvait mais elle en était incapable en réalité, parce qu'ils avaient trop souffert et que dans cette bataille, elle avait perdu l'homme qu'elle aimait et elle s'était perdue elle-même. Le cancer et cette grossesse n'avaient été que les premiers pavés vers leur enfer alors qu'ils avaient naïvement cru, qu'après tout cela, le paradis leur tendrait les bras. Ce n'était qu'une douce illusion qui avait bercé Kai jusqu'à ce qu'elle réalise que non, ils ne pouvaient pas être de nouveau heureux alors que Kai était incapable de toucher ses filles, incapable de les prendre dans ses bras. Le soir, elle les regardait et... elles étaient magnifiques mais la rouquine finissait en sanglot. Ils ne pouvaient pas être heureux alors que Fernando était un si bon père. Tout comme ils ne pouvaient pas être heureux alors que ce si bon père avait, malgré tout, perdu toute notion de la réalité et de la valeur de l'argent, il jouait avec l'argent de la famille achetant tout et n'importe quoi, plus que ce qu'ils avaient besoin. Un fait que Kai ne pouvait pas supporter, pas elle, pas celle qui ne voulait pas ressembler à ses parents et sentir le trop plein de pognon à travers chaque objet. Alors ça criait, alors ils se disputaient et l'idée du mariage s'évanouissait à chaque nouvelle pique, à chaque nouvel affront. Leur mariage aurait pu et aurait dû être beau mais il fallait se rendre à l'évidence, ils étaient incapables de s'entendre. Elle partait pour qu'il n'ait pas à la quitter, pour qu'il ne soit pas jugé coupable d'avoir tout foutu en l'air, d'avoir renoncé, non elle le faisait, elle le faisait pour eux... oui, elle pouvait au moins faire ça. Alors, avant de partir elle lui a écrit une lettre, la première d'une longue série. Une première lettre pour lui dire qu'il n'avait pas besoin de l'attendre pour le dîner de ce soir, ni même pour les autres. Une première lettre pour qu'il sache que non, elle ne reviendrait pas, elle partait. Une lettre pour qu'il ait matière à lui en vouloir, à la détester, à la sortir de sa vie définitivement. Elle savait qu'il ne pourrait pas avancer autrement, pas s'il avait cet espoir fou qu'elle revienne et que tout redevienne comme avant alors, elle faisait de son mieux pour lui prendre cette dernière chose, ce dernier espoir. Elle ne voulait rien d'autre que le sauver d'elle, les sauver d'elle mais, elle lui laissait croire qu'elle ne sauver qu'elle-même, qu'elle se sauvait de lui, qu'elle se sauvait d'eux. Et puis, elle en a écrit d'autres des lettres depuis Portland, des longues lettres d'abord. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'écrire pour lui exprimer ses regrets, ses peines, ses remords, pour lui jeter à la figure toute cette culpabilité qui la rongeait et toute sa haine d'elle-même. Et puis, est venu ce jour où la vulgaire petite fleuriste vivant dans un vingt mètres carrés miteux qu'elle était devenue a cessé d'écrire de longues lettres. Non, elle n’écrivait plus que quelques phrases, des phrases lourdes de sens, comme des appels à l'aide, un feu de détresse. « Aujourd'hui, mon amour, j'ai acheté une arme. ». Parce qu'elle le pouvait, elle pouvait s'acheter une arme et se faire sauter la cervelle. Elle ne le ferait pas mais la tentation était grande, elle le faisait parce qu'elle était en détresse, il lui fallait une roue de secours et cette ultime issue était sa roue de secours. Ce n'était qu'une action parmi tant d'autre, ce n'était qu'un petit mot envoyé parmi tant d'autres, Kai flirtait avec la mort, épousant son frère, le danger. « Aujourd'hui, mon amour, j'ai encore roulé trop vite. ». Aujourd'hui et hier et probablement à chaque fois qu'elle prenait le volant. Peut-être était-ce cette douce sensation de retrouver ses quatorze ans et de prendre le risque d’endommager de nouveau sa mémoire, qui sait ? Au fond, Fernando devait d'ores et déjà savoir qu'elle roulait trop vite, les pvs devaient toujours arriver à l'adresse supposée être « chez eux ».Bien sûr la rousse se foutait de cela comme du reste, il était d'ailleurs fort probable qu'elle n'ait plus le permis à l'heure actuelle. Bien sûr, elle prenait le risque de finir derrière les barreaux mais elle se sentait déjà prisonnière d'elle-même, de sa vie et de cette enveloppe charnelle, prisonnière de son manque de courage. « Aujourd'hui, mon amour, j'ai marché au bord d'un pont, au-dessus de la route, j'ai souhaité tombé. ». Bien sûr qu'elle l'avait souhaité, quand bien même elle savait qu'il y aurait eu des dommages collatéraux. On ne pense pas aux autres quand on agit ainsi, c'était égoïste et Kai le savait pertinemment. Chacun de ses actes étaient égoïstes, chacune de ses lettres l'étaient d'autant plus mais c'était son moyen à elle de rester en vie. Les choses avaient pris fin quand le remplaçant du bon vieux psychiatre qui la suivait avait décidé qu'elle était un danger pour elle-même et pour les autres. Enfin, il avait d'abord essayé un traitement mais la rouquine se refusait à le suivre, elle avait besoin de cette douleur, elle avait besoin de s'en vouloir pour exister disait-elle, parce qu'elle était monstrueuse et qu'un monstre dit souffrir. Elle n'avait même pas rechigner quand à l'idée d'être placée en hôpital psychiatrique, elle n'avait pas tenter de débattre ni envisager de refuser, en fait, c'était plutôt un soulagement. Elle qui était incapable de laisser le cœur de Fernando respirer, on allait enfin lui imposer. Elle ne savait pas s'il lisait ses lettres mais même si les derniers moments passés avec lui avaient pu lui donner la sensation d'être face un inconnu, elle savait. Elle savait que son cœur se serrait quand il voyant les courbes manuscrites de son écriture, elle savait que même s'il ne l'ouvrait pas, ses lettres le hantait. Alors oui, c''était mieux pour tout le monde, pour qu'elle se tienne enfin à ce qu'elle avait dit, aux promesses qu'elles s'étaient fait, c'était mieux pour qu'elle abandonne et c'était mieux pour qu'il vive. Kai n'avait plus vraiment de maison, plus vraiment de famille et plus vraiment de vie mais elle ne cherchait pas à reconstruire ce qu'elle avait détruit, ce qu'elle avait brisé. Elle ne s’apitoyait pas sur son sort, elle n'avançait pas non plus, la thérapie était inutile mais Kai s'en moquait, elle était prise dans une routine quotidienne qui rendait chaque jour plus facile. Il n'y avait aucune surprise, aucun mensonge à desceller, aucune grossesse à découvrir, aucune annonce de cancer, aucun accident de voiture... elle ne risquait plus rien parce que de toute façon, elle n'avait plus rien. Rien, sauf un père qui était bien décidé à s'imposer dans sa vie, jusqu'au bout alors qu'elle avait déjà renier depuis mille ans. Et parce que papa était un politicien et parce qu'une fille malade mentale ça la foutait mal médiatiquement, papa a fait jouer ses relations. Voilà comment la rouquine s'était retrouvée dans un très luxueux appartement à Portland -parce qu'elle avait quand même réussir à obtenir la permission de rester sur Portland- dans lequel elle n'avait à se soucier de rien -ni ménage, ni nourriture... retour en enfance en somme-. Kai ne voulait pas de toute cela, elle vouait retrouver ce quotidien morose de l'hôpital qui lui collait parfaitement à la peau. Seulement, elle n'avait pas assez de force en elle pour se rebeller, à vrai dire, elle n'avait même pas la foi de lever le ton, pas même contre son père. Alors la jolie rouquine avait repris une vie mais au lieu d'écrire des lettres à Fernando, elle s'achetait des poissons -ce qui était théoriquement plus sain mais théoriquement seulement-. Elle regardait ces pauvres petites bêtes jours après jour, tourner en rond dans leur bocal, encore et encore, indéfiniment. Elle admirait leur existence dénuée de sens, tout comme la sienne, sauf que eux... ils l'assumaient. Elle pouvaient les regarder pendant des heures, voire des nuits entières et quand ils mourraient -parce qu'elle oubliait souvent de les nourrir-, elle en achetait de nouveaux et c'était un peu la seule raison pour laquelle elle sortait. Du moins, jusqu'à ce que Felicia lui remonte son courrier et qu'elle voit à son tour, son écriture, à lui. Bordel, son cœur battait à tout rompre, il battait à en faire trembler les murs, il battait si fort qu'elle dû s'asseoir pour ouvrir l'enveloppe. Elle ne savait pas à quoi s'attendre, mais elle savait que ce n'était rien de bon, elle ne trouverait pas un je t'aime auquel se raccrocher. Non, mais peut-être sonnait-il la fin de cet enfer, lui donnant une raison suffisante pour que son courage se montre enfin et qu'elle en finisse ? Elle l'ouvrit, elle la lu et elle se mit à pleurer. Elle ne s'attendait pas à une lettre et encore moins à celle-là. L'une de ses filles était malade, laquelle ? Cela n'avait pas d'importance, l'une de ses filles était gravement malade et comme Fernando le signalait, il y avait peu de chance qu'elle puisse la prendre ne serait-ce qu'une fois dans ses bras si elle ne bougeait pas. Alors, elle n'a rien pris d'autre que son sac à main, se décidant à retourner sur les traces de ce bonheur déchu, retour à Arrowsic.
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