Les cours et moi, ce n'était pas une grande histoire d'amour. Et autant le dire, cette journée avait été affreusement longue. Genre vraiment trop longue. Tout ce que je voulais, c'était rentrer à la maison. Je poussais la porte de chez moi alors que la nounou d'Adam était là. Oui, la nounou d'Adam, je refusais d'admettre que c'était la mienne. J'étais assez grande pour me garder toute seule. Bref, elle était au téléphone. « Oui, j'ai embrassé Fernando... oui, je sais j'aurais pas dû... attends je te laisse, Carlie viens de rentrer. ». Je me postais devant elle alors que la colère montais en moi. Mais, je ne devais pas lui montrer. Lui en parler, ça ne servait à rien. Je voulais parler à Fernando. Et si cette sorcière était chez moi, c'est qu'il était chez lui. « T'embêtes pas pour moi, je vais voir un ami. ». Et je partais. Peu importe ses protestations. J'avais d'autres chats à fouetter. Et puis elle, je l'aimais pas. Bon, elle risquait d'en parler à mes parents mais tant pis. Je leur dirai que je passais juste prévenir. Et que c'était pour le collège. Ou autre chose. Là, ça n'a vraiment pas d'importance.
Fernando était un ami à mes yeux. Bon, un ami assez vieux pour être médecin. Mais on s'en fou. Ça compte pas. Je l'aimais beaucoup, lui et sa bouille triste depuis que sa fiancée était partie. Moi, j'étais sûre qu'elle allait revenir. Les gens finissent toujours pas revenir. Même au bout de dix ans. La seule chose qui sépare deux êtres définitivement, c'est la mort. Or, elle n'était pas morte. Elle était en vie. Et Fernando devait se rappeler de ça. Il n'avait pas le droit de faire comme si elle n'était plus. Même si elle l'avait abandonné avec leurs deux rouquines. Il n'avait pas le droit d'embrasser cette conne. Parce que c'était pas la femme de sa vie. Le mariage et les gamins, c'est pas mon truc ok. Mais l'amour, le vrai, j'y crois. Et lui, il l'aime. Il l'aime au point que j'ai pu voir son coeur saigné à travers ses larmes. Qu'il le veuille ou pas, il finira sa vie en aimant Kai. Alors ça serait plus simple de lui pardonner, d'avancer et de s'aimer. Mais, les adultes sont toujours trop compliqués.
Je sonnais à sa porte, attendant qu'il vienne m'ouvrir. Si l'autre sorcière était chez moi, il était avec ses filles. Et normalement, l'heure de la ballade en famille était passée. Enfin ça, j'espérais surtout. Et heureusement pour moi, il ne tarda pas à ouvrir. Il posa son regard sur moi. Je lui offrais un regard noir et des sourcils froncés. Bien sûr que je lui en voulais ! « Tu m'expliques pourquoi t'as embrassé l'autre sorcière de baby-sitter ? ». Oui, je n'y allais pas par quatre chemins mais Fernando le savait très bien. Tout mon entourage le savait à vrai dire. Mais là, c'est vrai que j'aurais pu y aller un peu plus calmement. Surtout que ce n'était pas mes affaires. Mais, je m'encombrais peu de ce genre de choses. Je voulais comprendre. Et je voulais qu'il retourne vers sa rouquine.
DOUBLE-COMPTE : jona & louis. MESSAGES : 8067 ARRIVÉE : 07/03/2012 LOCALISATION : à l'hôpital.
Sujet: Re: I know you love her. Ven 18 Déc - 11:37
Je me jette sur le canapé et j'attrape la télécommande. Je sélectionne un programme stupide au hasard et j'écoute à moitié ce que dit la voix-off. Je suis tombé sur un reportage sur les baleines. J'observe les images plus que je n'écoute vraiment les informations. En général je me branche souvent sur la chaîne animaux lorsque j'ai besoin de me reposer. J'aime regarder les paysages, les grands espaces, les animaux. Souvent, on voit des choses qu'on ne verra sans doute jamais dans notre vie. Ça permet de voyager tout en restant chez soi. C'est ce qui me plait le plus dans ces programmes. Dieu seul sait ce que ça me manque de voyager. Lorsque j'étais plus jeune et que je vivais en Europe, il m'arrivait souvent de partir en week-end à travers tout le continent. J'ai déjà vu de nombreux pays, mais ma soif de découverte n'a jamais été complètement assouvi. Aujourd'hui, je sais que mes rêves de voyage ne sont plus vraiment réalisables. Maintenant, je suis père de deux petites filles d'un an et demi et je dois gérer seul toute la charge financière et surtout leur garde. Kai a beau être de retour, je ne lui fais pas confiance pour autant. Gabriela est sortie de l'hôpital depuis quelques jours. Elle fait la sieste dans sa chambre avec sa soeur. Du coup, je ne mets pas le volume de la télévision trop fort pour ne pas risquer de les réveiller.
Je sens mes yeux s'alourdir. La fatigue est bien présente. Mon jour off tombe bien cette semaine puisque Silhoé m'a fait des caprices toute la nuit et ne semblait pas très encline à me laisser dormir. Je baille et je ferme les yeux quelques instants. Je suis pris d'un sursaut lorsque j'entends sonner à la porte. Je roule les yeux et je soupire quand j'entends l'un des filles se mettre à pleurer. Je me lève avec difficulté, toujours dans les vapes. Je décide d'aller d'abord voir qui est à la porte avant d'aller bercer une nouvelle fois les jumelles. Je vais ouvrir la porte et je me retrouve face à la jeune Carlie qui n'attend pas mon invitation pour rentrer. « Tu m'expliques pourquoi t'as embrassé l'autre sorcière de baby-sitter ? » dit-elle visiblement très furieuse. Je reste bouche bée quelques secondes, surpris à la fois par ce ton rancunier et par ces quelques mots prononcés. « Euh... Carlie. » Je ne sais pas vraiment quoi répondre. J'aimerais lui dire que ce ne sont pas ses affaires, mais dès le moment où je l'ai mêlée à ma vie en me confiant à elle, je dois m'attendre à ce qu'elle se sente concernée. Surtout qu'à son âge, elle n'a pas forcément une juste mesure des choses. « Attends, je vais consoler Silo et je reviens te voir. Assieds toi au salon. » je dis avec une voix un peu empruntée.
Après avoir pris Silhoé dans mes bras et après lui avoir chanté une berceuse, je reviens au salon, ne sachant pas trop comment gérer la situation. Je m'assieds en face d'elle et je marque un temps de silence, réfléchissant à ce que je vais bien pouvoir lui dire. Elle ne s'est pas déridée et semble toujours aussi furax. « Bon. Je ne vais pas te mentir et te dire que ce n'est pas vrai parce que je suis sûr que tu le sentirais. C'est vrai, on s'est embrassé. C'est même moi qui l'ai embrassé. » Je sens son regard se noircir encore davantage et je crains que quoi que je dise, elle ne comprenne pas. « Mais tu vois, Maddy m'aide beaucoup. On se voit tous les jours depuis des mois et quand je suis triste, elle me réconforte. Parfois, ça se passe comme ça entre les adultes, les choses se font toutes seules. » Je me doute bien que ces explications ne vont pas lui suffire mais c'est la vérité, c'est tout ce qu'il y a dire. « Je sais que ça te déçoit et j'en suis désolé. »
J'étais vraiment énervée. C'était probablement très injuste. Mais je ne savais pas réagir autrement. « Euh... Carlie. ». Il semblait un peu surpris de m'entendre dire cela. De me voir là, aussi énervé. Bon en même temps, je pouvais pas lui en vouloir pour cela. C'était logique. Et puis, il a petite mine. Il a l'air absolument crevé. Et il a la même coupe qu'Adam quand il se réveiller de la sieste. Les cheveux en pétard. Des épis partout. Je crois que ça me calme un peu. Je suis un peu excessive. Surtout quand ça me touche. Mais là, il fallait que je me calme un peu. « Attends, je vais consoler Silo et je reviens te voir. Assieds toi au salon. ». Je hochais la tête avant de filer au salon. Je lui laissais volontiers ses jumelles. Il ne pouvait pas compter sur moi pour en prendre soin. Je regardais vaguement le documentaire sur les baleines en attendant. Je ne savais pas bien pourquoi il regardait cela. C'était absolument ennuyant. Je veux dire, les animaux c'est génial. Mais en vrai. A la télé, on leur retire leur côté magique, majestueux. Et de mon point de vue, c'était dommage. Enfin bref, c'est pas les baleines qui vont m'aider à me calmer.
Il s'installa alors en face de moi. Je ne disais rien mais, j'attendais. Je voulais savoir ce qui lui était passé par la tête. « Bon. Je ne vais pas te mentir et te dire que ce n'est pas vrai parce que je suis sûr que tu le sentirais. C'est vrai, on s'est embrassé. C'est même moi qui l'ai embrassé. ». Je lui lançais un regard noir. C'était vraiment pas la meilleure défense. Et à vrai dire, là, je ne le comprenais vraiment pas. Pourquoi avoir agit de la sorte ? Elle n'avait rien cette fille ! Et lui, il aimait Kai. « Mais tu vois, Maddy m'aide beaucoup. On se voit tous les jours depuis des mois et quand je suis triste, elle me réconforte. Parfois, ça se passe comme ça entre les adultes, les choses se font toutes seules. ». Je levais les yeux au ciel. Il s'écoutait parler ? C'était quoi ses raisons stupides ? J'allais lui répondre mais il ajouta une dernière petite phrase. « Je sais que ça te déçoit et j'en suis désolé. ». Il me déçoit ? Oui, d'accord peut-être un peu. Même beaucoup. Parce qu'il vaut mieux que ça ! Et là, comme ça, on dirait qu'il en doute !
M'enfin, je souffle un coup. Histoire de respirer. D'être plus calme. Je ne veux pas non plus lui parler méchamment. « Généralement, on appelle ça un kleenex ou au mieux un bouche-trou. ». Avec possibilité d'évolution en plan cul. Mais ça, je n'allais pas le dire à voix haute. Je ne voulais pas lui donner la pire idée de sa vie. « C'est pas parce qu'elle fait tout ce que tu voudrais que Kai fasse que tu dois l'embrasser, c'est pas comme ça que tu te sentira moins seul. ». Moi, je n'avais jamais vraiment vu maman avec d'autres hommes. J'avais deviné qu'elle n'était pas restée totalement seule pendant dix ans. Mais, je savais qu'elle n'avait aimé personne d'autre que mon père. Pendant dix longues années. Alors, là, j'étais juste persuadée que ça ne serait pas différent. Même s'ils niaient. Même s'ils fuyaient. Ils allaient continuer de s'aimer. Pourtant je connaissais pas Kai. Mais je le sentais quand même. « Tu l'aimes la baby-sitter ? ». Je pensais connaître la réponse et j'espérais ne pas me tromper.
DOUBLE-COMPTE : jona & louis. MESSAGES : 8067 ARRIVÉE : 07/03/2012 LOCALISATION : à l'hôpital.
Sujet: Re: I know you love her. Lun 25 Jan - 11:52
Face à Carlie, je perds toute mon assurance habituelle. Ses questions et ses reproches sont directs, sans filtre et j’imagine qu’elle en attend tout autant de ma part au niveau de mes réponses. Je ne sais pas très bien comment lui expliquer la situation avec des mots d’enfant alors je décide de m’adresser à elle que si c’était une adulte. Après tout, malgré son âge, Carlie semble comprendre bien plus de la vie que n’importe quelle autre jeune fille de son âge. Seulement, les mots que j’emploie ne semble pas l’apaiser, bien au contraire. Ses traits s’étirent et se crispent. Son regard est noir. Elle est décidément très remontée et je me demande tout à coup pourquoi ça lui tient autant à cœur. Je décide donc de m’excuser de tout ça, même si en réalité je n’ai pas vraiment de compte à lui rendre. « Généralement, on appelle ça un kleenex ou au mieux un bouche-trou. » dit-elle. Je suis surpris par sa répartie et j’en reste bouche bée. Carlie n’a que quatorze ans, mais elle a déjà une force de caractère bien à elle. Je me demande souvent comment seront Silhoé et Gabriella plus tard, mais je me dis que si elles devaient ressembler à Carlie au même âge, ça me donnerait probablement du fil à retordre. Enfin bon, au moins je pourrai peut-être toujours compter sur l’amitié de Neela pour me donner des conseils. « C'est pas parce qu'elle fait tout ce que tu voudrais que Kai fasse que tu dois l'embrasser, c'est pas comme ça que tu te sentira moins seul. » Je souris à cette remarque. Là, on retrouve la naïveté de la jeune fille. Qui lui dit que c’est ce que j’aimerais que Kai fasse ? Après tout, nous sommes séparés depuis longtemps maintenant. J’ai tourné la page, je crois. Et puis les choses sont tellement compliquées. Elle n’a pas idée. « Tu l'aimes la baby-sitter ? » Je souris à nouveau. Pour Carlie, le monde sentimental ne semble pas être aussi compliqué qu’il l’est en réalité. Du moins, pour moi. Peut-être que je suis le seul responsable, à me créer des problèmes, des difficultés. Peut-être que pour le commun des mortels les choses sont plus simples. En tout cas, c’est ce que la jeune Moorgate semble penser. « Dis donc mademoiselle, tu en fais des suppositions ! Déjà je peux très bien vivre seul et puis ce n’est pas forcément ce que j’ai envie que Kai fasse. Ça fait plus d’un an que nous sommes séparés et qu’on ne s’est presque pas parlé. Son retour ne va pas tout changer. » Et en ce qui concerne sa dernière question, c’est un sujet plus délicat que je ne sais pas trop comment aborder. « Et puis, tu sais, ce n’est pas parce que j’embrasse quelqu’un que je suis forcément amoureux. Je l’aime bien Maddy. Pour l’instant c’est comme ça. » Je marque un instant de silence et je finis par pose la question qui me tiraille : « Mais pourquoi ça t’énerve autant, Carlie ? »
Je sais que je m'énerve trop. Et c'est déjà beaucoup que Fernando ne m'en veuille pas pour ça. Mais j'ai besoin de savoir. De comprendre. Parce que je suis perdue. Chaque adulte dans ce monde semble vouloir compliquer les choses. Ça ne devrait pas. L'amour, c'est l'amour. Ça reste, coller comme un chewing-gum à la basket quand c'est sincère. Ou même encore plus que ça. C'est pour ça que les ruptures font mal. Les vrais ruptures. C'est pour ça que Fernando à souffert. Parce qu'il aime Kai. Et c'est une raison suffisante pour ne pas faire de bêtise. Parce que je suis sûre qu'il sera jaloux s'il la voit avec quelqu'un d'autre. Pas parce que Fernando est quelqu'un de jaloux. J'en sais rien s'il l'est de nature. Mais l'amour vous rend jaloux. L'amour rend dingue. Alors si elle entend qu'il refait sa vie avec la baby-sitter, elle sera sans doute tenter d'en faire autant. Enfin pas avec la baby-sitter (pas forcément) mais voilà. Ils se feront du mal encore une fois. Et c'est juste trop ridicule. « Dis donc mademoiselle, tu en fais des suppositions ! Déjà je peux très bien vivre seul et puis ce n’est pas forcément ce que j’ai envie que Kai fasse. Ça fait plus d’un an que nous sommes séparés et qu’on ne s’est presque pas parlé. Son retour ne va pas tout changer. ». Je hausse les sourcils. Je ne suis pas vraiment convaincue sur ses dires. Oui, je suppose beaucoup. Mais, je suis persuadée de ne pas vraiment être à côté de la plaque. « Bah je sais pas trop mais t'as dit toi-même que t'étais triste, assez triste pour embrasser la baby-sitter.. je suppose toujours mais ça donne pas la sensation que tu gères le fait d'être tout seul. Et puis, c'est pas pour ça que t'en veut à Kai en partie ? Parce qu'elle a pas pris soin de vos filles ? ». Ce que fait cette chère chieuse de baby-sitter Alors je suis en droit de croire qu'il le voudrait. Même si ça ne va pas se faire à son retour. Je suis sûre qu'il a déjà espérer voir Kai s'occuper des jumelles. Et c'est plus que normal. « Et puis, tu sais, ce n’est pas parce que j’embrasse quelqu’un que je suis forcément amoureux. Je l’aime bien Maddy. Pour l’instant c’est comme ça. ». Un sourire se glisse sur mon visage. Parce qu'il ne l'aime pas. Il n'est pas amoureux de cette sorcière. « Bah je sais que t'ai pas obligé d'être amoureux pour l'embrasser, encore heureux ! Bien qu'elle... je crois qu'elle t'aime bien version plus que plus quoi... mais je suis soulagée que tu sois pas amoureux d'elle. ». Je ne vais pas m'en cacher. Ça m'écorcherait les oreilles d'entendre une horreur pareille.
Un petit silence s'installe. Jusqu'à ce qu'il pose une question. Sa question. « Mais pourquoi ça t’énerve autant, Carlie ? ». Je hausse les épaules, comme si c'était évident. Pour moi ça l'est. « Parce que j'ai pas envie que tu gâches ta vie, la baby-sitter, elle en vaut pas le coup. C'est Kai la femme de ta vie, et oui, je sais elle est partie... mais elle est revenue, tu l'as fait revenir. ». S'il avait voulu ne jamais revoir son visage, il aurait pu partir loin de cette ville. Ne pas lui laisser la possibilité de revenir un jour. Et surtout, s'il n'avait pas voulu qu'elle revienne, il ne l'aurait pas prévenu pour leur fille. Il peut prétendre qu'il l'a fait pour leur fille. Je suis intimement persuadé qu'il l'a fait aussi pour lui. Pour la revoir. Pour savoir. Pour entendre quelque chose de sa bouche. Se confronter à elle. Effondrer ce silence qu'elle a laissé. Et même si les choses semblent pires maintenant, à mes yeux, elles ne peuvent que s'arranger. « Et ça serait trop nul qu'elle apprenne que t'as embrassé la baby-sitter, parce que ça va vous donner une raison de plus de tout compliquer. ». ce que les adultes font toujours. Et pour moi, leur histoire est loin d'être finie. Elle le sera peut-être un jour. Mais pour le moment, tout n'est pas dit. Tout n'est pas fini. Je refuse de croire l'inverse. « ça m'énerve parce que vous merdez tous les deux à force de faire comme si l'amour n'était pas suffisant. ». C'est suffisant, pour surmonter les obstacles. Pour surmonter les disputes. Tant que les gens s'aiment, ils se doivent d'y croire. Et Ferny ne me fera pas croire qu'il ne l'aime plus.