« Syb’ ? » Aucune réponse, il dort paisiblement, et dans le silence de la nuit, on entend distinctement sa respiration saccadé, déranger par des pensées parasite. Il lui fait de la peine, vraiment. Il ne dort pas bien, Brice ne l’a jamais vu dormir comme un bébé, aucun de ses sommeils n’a été paisible depuis qu’ils habitent ensemble. « Syb’ ? » Il prend un risque en le secouant un peu et plus par peur de sa réaction que par le vent froid qui passait à travers la fenêtre de leur chambre, le Briceremonta un peu plus la couverture sur son corps nu. « Syb’ ? » Cette fois-ci son ami grogne, rien de sexy là-dedans mais ce simple acte réussi à décrocher un sourire au réveillé. « Syb’ ? » « Putain mais qu’est-ce qu'il a ?! » Le réveille brutale de son ami lui fait perdre tous ses moyens. Figé. Il reste figé face à l’expression de colère de son ami. Un choc. Paralysé. Il ne peut ni bouger ni parler, plus rien. La peur a pris entièrement possession de son corps et les battements infernales de son cœur l’empêche de reprendre ses esprits. « Hey .. Brice ? » Sibylle soupira en comprenant que son compagnon était encore en train de faire une nouvelle crise de panique et immédiatement, tout naturelle, il le prit dans ses bras, ne se souciant aucunement de leurs corps nus l’un contre l’autre. Il l’obligea à s’allonger et il fit de même sans lâcher le corps de son protégé. « Je suis désolé, je suis là, ne t’en fais pas .. » Ses mains se sont déplacé jusqu’au visage de Brice, l’obligeant à le regarder dans les yeux pour observer toutes la sincérité de ses paroles. Si son rythme cardiaque s’était adouci, il n’était pas sorti de sa panique pour autant. « Arrête s’il te plait, j’aime pas quand t’es comme ça .. » Sibylle n’a jamais eu de don pour le contact humain, jamais il n’a réussi à consoler, calmer, rassurer quelqu’un, même pas Brice, et c’était bien une chose qui l’attristait horriblement, il fait tant de chose pour lui, et le danois n’est même pas capable de rassurer son ami avec quelques mots. Il s’en voulait. De plus en plus chaque jour. Finalement, après quelques temps de bataille dans son esprit, il conclue que l’heure n’était pas aux paroles et il fit ce qu’il savait faire de mieux : déposer ses lèvres contre les siennes. Doucement, tendrement, presque sans appuyé, un effleurement, de quoi le rassurer. C’est tout aussi doucement qu’il se détacha de son ami. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Demanda-t-il calmement. S’il avait réussi à sentir les battements irréguliers de son ami lors de ce pseudo-baiser Sibylle se força à ne pas tenir compte de ce détail. Ce n’était qu’un baiser d’amitié, pour le rassurer. et ça avait marché. « Je veux que t’entendre chanter. » Avoua-t-il enfin. Sibylle soupira, exaspéré. Il caressa sa joue en faisant une petite moue. Il était extrêmement fatigué, les cernes se creusait sous ses yeux et on pouvait apercevoir le rouge dans son regard même avec pour seule lumière le lampadaire de la rue d’en face. « Il est trois heures du matin Brice .. » « Mais s’il te plait .. » Sa voix se brisa dans cette simple phrase et Syb avait maintenant conscience qu’un refus entraînerait les larmes de son ami et il ne se permettrait pas d’être à l’origine des gouttes qui couleraient sur ses joues. « D’accord petit ange.. » Souffla Sibylle dans un soupire avant d’embrasser son front et commença à chantonner les paroles d’une berceuse, ses mains enlaçant les siennes et du bout des doigts, il caresse les cicatrices encore fraiche sur le poignet de Brice. « Oh, you’re in my veins. ».



Face au miroir, Sibylle examinait son corps nu dans les moindres détails ne se souciant même plus de son ami encore endormie dans le lit. Il explorait tout. Ses cuisses, ses mollets, son ventre, ses joues, ses côtes, ses lèvres, son teins, ses os .. et non. Définitivement, aucun endroit de son corps ne le satisfaisait. Ses mains se déposèrent sur son bas ventre et c’est précisément ce moment-là que choisit son estomac pour exprimer le vide le plus total. Depuis combien de temps n’avait-il pas avalé quelque chose ? Deux, trois, peut-être même quatre jours. Il perdait toute notion du temps quand il s’agit de la nourriture. Pourtant ses os ressortaient de chaque endroit de sa peau fine et blanche, ne laissant aucun doute quant à son problème. Anorexie avait diagnostiqué un médecin trois ans plutôt. Confirmé par d’autre spécialiste et plusieurs hospitalisations. Mais lui se refusait de se croire malade. Il ne l’était pas, il en était persuadé. « Sibylle ? » Le garçon se retourna brusquement vers la voix mal réveillé de celui qui venait de partager sa nuit. « Rendors-toi. » « Mais qu’est-ce que tu fais ? » « Rien. » Le danois finit par soupirer et abandonna enfin son activité pour revenir sous les draps du lit, laissant Brice déposer sa tête contre son épaule, enfin, son squelette plutôt, plus aucune graisse sur ce corps si maigre et fragile, chaque pression sur sa peau livide laissait apparaître la dureté de ses os. « Mange. » Sibylle sursauta face à l’ordre de son ami qui avait pourtant réussi à se rendormir aussi tôt. « Je tacherais de m’en souvenir. »