Soyons honnête : je m'ennuyais. Ma psy' m'avait dit que je devais essayer de m'occuper de manière plus concrète. Mais que pouvait faire une ex-militaire dans une petite ville alors qu'elle n'a pas de boulot, hein ? Le problème c'est que je ne sais faire que ça, être soldat. Obéir aux ordres, m'entraîner pour être la plus performante possible, ce sont mes seuls talents. Ah si, je ne loupe jamais ma cible non plus. Sauf que bon, je n'ai pas récupéré mon autorisation de port d'arme. Je m'entraîne avec des jouets en attendant, mais ce n'est pas vraiment pareil. Déjà, ça n'a pas le même poids. A chaque fois, instinctivement, je calcule un recul qui n'a pas lieu d'être.
Mais mon ennuie n'explique pas complètement ce qui s'est passé ensuite. Je lisais, enfin, j'essayais, et là, il y a eu un énorme bruit dans la salle à manger. J'ai sauté par dessus le canapé et traversé les quelques mètres qui me séparaient de la pièce centrale pour y trouver un homme. N'ayant pas d'arme (quand je dis à ma psy' que ça ne va pas du tout ça!!!), je me suis avancée et j'ai lancé un coup de pied à l'intrus en plein dans l'estomac, j'ai ensuite profité de son réflexe de replis sur lui-même pour lui attraper la nuque et le pousser au sol. J'ai ensuite mis mon genoux au milieu de son dos et tenu fixement son bras par dessus avec une main, tendit que je plaquais l'autre au sol de mon autre main.
Je me penchais sur son oreille, mes cheveux frôlant son visage, le chatouillant probablement (même si c'était le cadet de mes soucis). « Qu'est-ce que vous faites chez moi ? Et je vous préviens, si vos explications ne sont pas satisfaisantes, je vous casse le bras. » Pour prouver que j'en étais parfaitement capable – bien qu'il fut difficile d'en douter dans sa position -, je tirais un peu plus sur son bras tout en continuant à peser de tout mon poids sur lui. Non pas que mon poids soit très important, on m'avait souvent reproché d'être une crevette à l'armée, mais vu ma position c'était suffisant.
Je me demandais quand même vraiment ce qu'il faisait là. Je n'étais pas la meilleure personne à cambrioler : ma télévision était presque obsolète, et mon ordinateur était neuf mais c'était loin d'être un haut de gamme. Quant à l'argent, c'était bien simple, il n'y en avait pas chez moi. Mes quelques économies étaient sur mon compte en banque… et ça ne représentait presque rien car même si mon père avait acheté la maison pour moi, il avait bien fallu que je la meuble. Mon divorce m'avait laissé sur la paille. Enfin, quoi qu'il en soit, j'aurai rapidement des réponses car mon intrus était en mon plein pouvoir. Il ne fallait pas sous-estimer une femme avec une formation comme la mienne, me priver d'arme était en partie ridicule, j'étais parfaitement capable de faire des dégâts à mains nues.
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Sujet: Re: ♦ Intrusion ♦ Jeu 7 Jan - 20:08
“ ♦ Intrusion ♦ „
( Lucy & Lorcan )
Lorcan se réveilla en sursaut. Il lui fallut trois bonnes secondes pour se souvenir d'où il était et pourquoi il était dans ce fauteuil. Il commença à se frotter machinalement les yeux avant de réaliser que quelque chose n'allait pas. L'impression d'être observé.
C'était léger. Un crépitement, et en une seconde il su exactement qui, quoi et comment. Ce son là, c'était Nate en train de manger des bonbons. Précision, ce son là, c'était Nate en train de manger des bonbons fluos, debout à moins d'un mètre du canapé en train de l'observer attentivement.
Il n'avait même pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir ça. Ce n'était pas le genre de Zach de manger ses saloperie acidulées qui pétillaient sur la langue. Ce n'était pas non plus le genre de Zach de rester à l'intérieur à regarder son père roupiller une belle journée de dimanche. Non, il n'y avait que Nathan pour faire ça. Alors Lorcan savait, il en était certain : son plus jeune fils était en train de se gaver de sucre en le dévisageant, et il avait quelque chose de crucial à lui dire.
C'était l'un de ses rares jours de repos. Lorcan aurait volontiers ignoré sa bruyante marmaille et replongé dans les bras de Morphée après leur partie improvisée de ballon dans la neige. Il était rentré, avait allumé un bon feu dans la cheminée et le moelleux du fauteuil avait fait le reste.
« Zach a envoyé le ballon chez la voisine. » statua Nate entre deux crépitements. La sale petite balance. Lorcan étouffa un bâillement dans sa main et fit le point sur son cadet. Pas peu fier des talents de délation hors du commun qu'il avait enseigné au plus jeune en cas de besoin. Si Nate dénonçait son frère, ça voulait dire que c'était le dernier argument en lice. L'ultime menace d'une conversation achevée par un 'je vais le dire à papa'. « Et il a décidé d'aller le chercher lui-même. »
Passer par dessus la palissade, c'était strictement interdit ! En une demi seconde, Lorcan se réveilla tout à fait. « Où il est ? » Un petit index pointa le côté de la maison. « Restes là. »
Ni une ni deux, Lorcan était dehors. Il fila directement à la palissade où la neige bien tassée témoignait du passage de Zach. Comment son fils de 6 ans avait pu grimper cette hauteur ? Tant bien que mal, le jeune homme fit de même. Il se hissa de ses bras et passa une jambe après l'autre dans le jardin de sa voisine. Il ne savait rien d'elle. En fait il ne l'avait même pas vu. Ses fils lui avaient juste parlé de la belle dame blonde qui avait emménagé à côté.
Des mini traces de pas dans la neige le guidèrent jusqu'à son fils, scotché au mur sous une fenêtre, ses mains accrochée au rebord. « Zach ! Qu'est-ce que tu fiches ici ? » pesta le jeune père à sa progéniture rebelle. Aussitôt, ce dernier sursauta, cessa immédiatement de se prendre pour un singe et se tourna vers lui avec l'air typique de gosse pris la main dans le paquet de bonbons. « Mais papa... le ballon – » « Je vais chercher le ballon. » Il l'attrapa par la manche et le traîna à deux mètres de la fenêtre. « Toi tu restes là. Tu m'attends et tu bouges pas. » Zach avait envie de protester, ça se sentait à des kilomètres. Le morpion avait les jambes qui gigotaient et il regardait la fenêtre comme un chien qui cherche son os préféré. Lorcan aurait parié qu'il voulait voir la voisine de plus près, et sérieusement, ça en disait long sur la vie sentimentale future de son aîné.
Ne pas penser à ça maintenant. Lorcan grimpa souplement à la fenêtre pas bien haute pour un homme adulte. La neige sur le rebord lui congelait les doigts et il buta dans quelque chose posé bien trop près de la fenêtre. Un fracas de verre brisé résonna dans la pièce et le jeune homme manqua de se ratatiner au sol. Coup de bol, son équilibre tint bon. La chose : une lampe, elle, gisait en petits morceaux par terre. « Et merde. » grommela t-il avant de scanner la pièce des yeux. Le ballon était juste là à côté d'une commode. Il n'avait qu'à faire trois pas pour le récupérer, il –
– se prit un coup de pied monumental.
Le souffle coupé, Lorcan se ramassa sur lui même sous le coup de la douleur et de la surprise. Une main verrouilla sa nuque et le jeta brutalement face contre terre avant que quelque chose. Son agresseur. Ok. Il était groggy mais assez lucide pour comprendre ce qui se passait. Oh mon dieu. Une pression au niveau de la colonne lui vrilla le dos pendant que le bras qu'il tentait d'utiliser pour se redresser se faisait tordre dans un angle qui lui arracha un grognement.
« Qu'est-ce que vous faites chez moi ? Et je vous préviens, si vos explications ne sont pas satisfaisantes, je vous casse le bras. »
Mon dieu. Maintenant Lorcan comprenait ce que ressent la souris prisonnière entre les griffes du chat. Il tenta de se débattre. « MAIS VOUS ÊTES COMPLÈTEMENT MALADE ! LÂCHEZ – MOAIEUH ! » Une pression sur son bras tordu le fit taire. La voix. C'était une voix de femme. La joue écrasée par terre, Lorcan inspira, le souffle court, plissa les yeux pour distinguer une jeune femme dont les long cheveux blonds expliquaient le chatouillement au niveau de son oreille. Bordel. Il venait de se prendre une raclée par la belle dame blonde. Et il avait mal. « Écoutez... » souffla t-il le plus calmement possible, ce qui dans sa position n'était pas évident. « Je suis entré récupérer le ballon de mon fils. Il est juste là. » Et Lorcan de faire quelque chose de compliqué avec ses sourcils pour tenter de désigner la commode.
« Papa ! Papa ! » scanda la voix de Zach au dehors. Oh merde. Faites qu'il n'ai rien vu de tout ça. Se faire jeter au sol comme un sac de pomme de terre ? Lorcan pouvait dire adieu à son image de père rassurant. Probablement qu'elle s'en irait rejoindre sa virilité aux objets trouvés. « Laissez mon père tranquille ! »
« Ça va, je vais bien ! » brailla le jeune homme avant de s'adresser à sa voisine un ton plus bas. « J'avais pas prévu de tomber sur la fille d'Attila et de Rambo, sinon j'aurais sonné. »
Ce qui m'arrête vraiment et me fait lever les yeux, c'est la voix de l'enfant. Bien sûr, j'avais déjà un peu relâché la pression vu qu'il me fournissait les explications que je demandais. Mais les cris de son fils me firent me relever prestement. Quelque part au fond de moi, j'étais un peu désolée d'avoir mis au sol un voisin. Mais ma raison n'arrivait pas à assimiler complètement que j'avais peut-être fait une erreur. Parce que j'étais chez moi, d'une part, et qu'il était entré par ma fenêtre, d'autre part. Même si des personnes moins entraînées que moi ne lui auraient peut-être pas fait de prise pour le mettre à terre, n'importe qui aurait d'abord cru à un cambriolage, non ?
« C'est bon petit. Ton père n'a rien. » Dis-je dans un premier temps de ma voix la plus douce, je tentais même une ébauche de sourire, mais je sentais que ça n'était pas vraiment dans la poche. Ce qui m'ennuyait vraiment dans le fait que j'avais mis son père au tapis, ce n'était pas que je craignais sa réaction à lui, mais plutôt que je l'avais fait devant son fils et qu'aucun homme au monde n'aimait beaucoup se retrouver au sol, une femme sur le dos, devant son enfant. L'orgueil masculin dirait-on, sauf qu'en fait, si j'avais un enfant, je refuserais qu'il me voit au tapis aussi. En fait, personne n'avait le droit de me voir perdre. Je gagnais toujours. Enfin… au combat du moins, car pour ce qui était des relations sociales, il semblait évident que j'avais un don pour m'attirer des ennuis. Cela dit, je n'avais pas menti, son père n'avait rien. Bon. Peut-être quelques bleus. Mais rien que nécessitât des soins. Je savais ce que je faisais et n'avais utilisé que des techniques d'immobilisation. C'est douloureux, mais on s'en remet.
Dans un geste d'apaisement, je tendais la main à mon voisin pour l'aider à se relever. « Vous auriez été effectivement plus inspiré de sonner. Surtout que vous avez cassé ma lampe. On n'entre pas chez les gens comme ça enfin ! » Pour que l'enfant ne nous entende pas, je parlais assez bas. « Et il est incroyablement machiste d'avoir supposé que vous ne risquiez rien parce que vous entriez chez une femme. Enfin… je suppose que vous avez retenu la leçon. » Je finis de l'aider à se relever puis je pris le ballon et m'approchais de la fenêtre pour le tendre au petit garçon. « Tiens bonhomme, ton ballon, et s'il retombe chez moi, sonne à la porte d'accord ? » Puis je me dirigeais vers la cuisine d'un pas rapide et en quelques secondes seulement, je revins avec de la glace.
« Mettez ça sur votre coude, ça va être endolori quelques heures, mais ensuite vous serez comme neuf. » J'hésitais quelques instants avant d'ajouter « Ce serait bien si… enfin si vous disiez à votre fils de ne pas… de ne pas avoir peur de moi. J'ai de vieux réflexes conditionnés, mais en dépit de ce que votre coude doit vous faire penser, je suis quelqu'un de… hum… gentil… et puis j'aime bien entendre les enfants jouer. » J'aurais voulu dire que j'aimais les enfants mais ça aurait remuer trop de vieux souvenirs. J'avais eu l'intention d'en avoir un jour, mais bon, c'était avant, quand j'étais encore mariée. A ce moment là, je pensais que je quitterai l'armée pour devenir mère de famille. Ou que je serai instructeur dans une caserne quelconque. Mais finalement j'avais tiré sur mon mari (et contrairement à mon voisin, lui, il l'avait bien cherché ET mérité), et je me retrouvais avec beaucoup moins de perspective d'avenir. Je n'avais même plus la possibilité de faire mon métier. Toutefois, ce n'était pas mon plus gros problème dans l'instant T.
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Sujet: Re: ♦ Intrusion ♦ Dim 10 Jan - 11:38
Après avoir joué la serpillière par terre, Lorcan avait accepté la main tendue – non sans une micro pointe d'appréhension – et s'était redressé sur ses jambes. Son regard accrocha les débris de la lampe au sol. Il aurait presque culpabilisé si son bras ne lui faisait pas l'effet d'être dans le même état. Il se le massa tandis que l'amazone le traitait de macho. Mouais. Et c'était quoi l'insulte appropriée quand on vous sautait dessus sans sommation ? Paranoïaque ?
La voisine, il ne connaissait toujours pas son nom, rendit son ballon à Zach. Miracle, sans lui lancer dans la gueule. Oui, Lorcan avait surveillé du coin de l’œil, juste au cas où. Il la suivit du regard alors qu'elle quittait la pièce, puis s'approcha de la fenêtre. Son aîné continuait de gigoter surplace, comme quand il avait besoin de faire pipi de toute urgence. « Rentre à la maison. » Il n'avait pas tellement envie de savoir ce qui se tramait dans sa caboche brune. « Mais papa... » « Ya pas de mais papa, tu rentre et tu surveille ton frère. » Un ordre. Simple et clair. C'était encore ce qui marchait le mieux avec Zach. Surtout quand il était question de son petit frère. C'était trop facile, il suffisait d'impliquer Nathan et l'aîné retournait sagement marcher droit dans ses pompes au lieu de faire tourner son père en bourrique. Lorcan se serait foutu des baffes pour user d'une telle stratégie, mais il était fatigué et si du haut de ses 6 ans, son fils avait imprimé que parfois il devait s'occuper de lui et de son frère tout seul en attendant que papa revienne, ou que ses grands parents viennent les surveiller, ça lui retirait une sacrée épine du pied.
Zach avait tourné les talons lorsqu'il ajouta juste pour la forme. « Et repasse pas par la palissade ! »
Il en était là de ses pensées lorsque sa tordeuse de bras revint avec de la glace. Génial, de la glace en hiver. Il ne se gelait pas assez les miches comme ça. « Merci. » ronchonna t-il tout de même à moitié en se l'appliquant sur le bras. C'est vrai que ça faisait du bien. « Ce serait bien si… enfin si vous disiez à votre fils de ne pas… de ne pas avoir peur de moi. J'ai de vieux réflexes conditionnés, mais en dépit de ce que votre coude doit vous faire penser, je suis quelqu'un de… hum… gentil… et puis j'aime bien entendre les enfants jouer. »
Ça, c'était inattendu. En dépit de sa mauvaise humeur croissante depuis son réveil de sa sieste, Lorcan esquissa un demi-sourire entendu. « Vous en faites pas pour Zach, il se laisse pas facilement impressionner. » Juste parce qu'il avait besoin de poser ses fesses deux secondes pour se remettre de ses aventures, il se laissa tomber en tailleur par terre. Il en profita pour jeter un œil à son coude. La douleur l'élançait, mais rien de gonflé ou de bizarrement violet, ce serait vite parti. « Dès qu'il aura compris que vous m'avez pas démembré il sera trop occupé à admirer vos talents de catcheuse pour avoir peur de vous. En faite, je soupçonne que le ballon risque d’atterrir chez vous régulièrement d'ici quelques jours. »
Et peut-être qu'il ne devait pas traiter de catcheuse la jeune femme svelte qui venait le mettre à terre pour bien moins que ça. « Vous en avez pas l'air. » corrigea t-il prestement. « D'une catcheuse. Enfin, niveau carrure. Vous êtes très athlétique et tout, mais hmm.... » Maintenant elle allait croire qu'il flirtait. Stop. Demi-tour Lorcan. « Là j'suis totalement en train de m'enfoncer, pas vrai ? » Il sourit à sa propre connerie, et tenta une manœuvre avec son bras pour lui tendre la main. « Je m'appelle Lorcan Kingsley. Les enfants m'ont prévenu que vous aviez emménagé récemment. Si vous voyez un peu de dignité passer par là, dites lui que j'habite juste à côté. »
J'appris que le petit garçon s'appelait Zach. Bon, je n'étais pas certaine d'avoir vraiment besoin de cette information, mais je le notais quand même dans un coin de ma tête, on ne sait jamais. « Tant qu'il ne rentre pas par la fenêtre, il peut venir quand il veut. Je pourrais même jouer au ballon avec lui s'il veut, je faisais beaucoup de sport quand j'étais au lycée, il sera encore plus impressionné. » Je souris tout en passant machinalement mes mèches de cheveux derrière mes oreilles. Je ne savais pas si ma phrase serait bien prise alors que je venais de prouver que j'étais une arme sur patte, mais j'étais honnête, j'adorerais jouer avec des enfants. Eux, au moins, étaient innocents de tout ce qui me causait des difficultés avec les adultes. Puis, j'étais vraiment bonne en sport. Même si je n'avais jamais fait de catch contrairement à ce que mon voisin venait de dire, enfin, il n'avait pas du trouver d'autres mots pour ce qui était seulement de la self-défense.
« Vous semblez un peu perdu plutôt… je suppose que vous ne vous faites pas souvent mettre au tapis par une voisine alors vous êtes tout pardonné. » Je jugeais bon d'ajouter une petite explication sur mes capacités. Ce n'était pas un secret après tout. « Et je ne suis pas catcheuse mais militaire de formation, jusqu'à récemment j'étais sur le terrain. J'ai été démobilisée il y a moins d'un an et depuis j'ai quitté le service, mais les vieux réflexes ont la vie dure. » Je haussais les épaules, c'était ma seule excuse. Ça et le fait que quand on était une femme, on devait être encore plus prudente. Surtout que je n'avais jamais vécu seule. J'avais passé les deux tiers de ma vie avec mes parents et le dernier tiers avec mon ex-mari. Quelque part, je n'étais peut-être pas complètement rassurée par cette solitude. Mon père non plus en fait, il n'arrêtait pas de me dire qu'à mon âge je pouvais encore refaire ma vie, que rien n'était perdu (et que mon ex-mari était la lie de l'humanité, merci papa). Facile à dire, mais la vie en dehors des configurations qui avaient été les miennes autrefois, je ne connaissais pas. Puis, la guerre ça rendait un peu socialement inadapté.
Histoire que les présentations soient complètement finalisées, il ne me restait plus qu'à donner mon nom. « Moi c'est Lucy Hamilton. » J'avais repris mon nom de jeune fille et ça me convenait très bien comme ça. Si je pouvais même oublier que j'avais été mariée, ça aurait été parfait. « Ne vous en faites pas pour votre dignité. J'étais vraiment très douée à l'école militaire, vous n'aviez aucune chance. » Je ponctuais ma phrase d'un rire qui sonnait un peu aigre à mes oreilles. J'espérais seulement que ça ne s'entendait pas trop. « Est-ce que vous voulez boire quelque chose pour me faire pardonner ? J'ai du très bon thé, sinon j'ai aussi du café. » Il me vint à l'esprit qu'il ne pouvait peut-être pas rester à cause de ses enfants. Mais si on voulait être honnête jusqu'au bout, il n'était pas tout à fait prêt à repartir. Je l'avais bien molesté et ma conscience me tiraillait un peu. Seulement, comme je l'avais dit, je n'y pouvais pas grand-chose. Ça avait été plus fort que moi. Ma psy' allait adorer cette histoire… ce n'était pas cette semaine que je retrouverai mon port d'arme...
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Sujet: Re: ♦ Intrusion ♦ Mar 12 Jan - 19:42
Une militaire, tout s'expliquait. Si Lorcan n'avait pas été bien élevé par ses parents, il se serait laissé tomber au sol comme un sac de sable et aurait offert au monde le roulage d'yeux le plus éloquent de sa vie. Parce que sérieusement ? James, Cole et maintenant... « Moi c'est Lucy Hamilton. » Lucy, très bien. Entre James, Cole et Lucy, est-ce que l'armée pouvait lui donner un seul moment de répit ? Est-ce que c'était trop demander que tout ce qui était louche, triste à mourir ou juste dangereux pour sa virilité ne soit pas systématiquement lié à l'armée américaine ? Non, parce que Lorcan n'avait jamais eut d'envies terroristes, mais là maintenant ? Le concept effleurait dangereusement son esprit.
« Ne vous en faites pas pour votre dignité. J'étais vraiment très douée à l'école militaire, vous n'aviez aucune chance. » « Vous croyez pas si bien dire. » grinça Lorcan entre ses dents. « Est-ce que vous voulez boire quelque chose pour me faire pardonner ? J'ai du très bon thé, sinon j'ai aussi du café. »
La proposition le tira de ses sombres pensées. Le jeune père examina l'idée tout en se relevant. A bien y réfléchir, Lucy semblait nettement plus douce une fois le premier contact passé. Pas simplement parce qu'elle était une femme, mais parce que, contrairement à Cole, et Lorcan se permettait la comparaison parce les deux étaient d'anciens militaires souffrant de sérieuses lacunes sociales, elle semblait à l'aise en sa compagnie. Peut-être même pas si mécontente de faire sa connaissance. Il l’espérait, parce que c'était le cas pour lui. Lorcan n'avait que peu l'occasion de côtoyer d'autres adultes en dehors de ses patients, majoritairement parce que son entourage essayait de le caser avec quiconque avait le malheur d'entrer dans sa vie. « Un thé ce serait parfait. » débuta t-il, séduit par l'idée d'une tasse fumante afin de se réchauffer. « A condition que vous veniez le prendre chez moi. Comme ça, le thé vous pardonne, et je pourrais garder un œil sur mes enfants. Y a personne d'autre à la maison pour les surveiller. » Inutile d'essayer de dissimuler cette information. Lorcan avait endossé l'image du jeune père veuf depuis deux longues années. Il n'avait jamais cherché à retirer son alliance, ou à reprendre son nom de Blythe, préférant honorer la mémoire de James en portant celui de Kingsley. Il assumait sa situation, et offrit un léger sourire à sa toute nouvelle voisine.
« Vous devrez me dire comment me faire pardonner pour votre lampe. » La pauvre chose morte dans le feu de l'action gisait toujours en kit par terre. « Et me raconter ce qui vous a pris de venir vous perdre à Arrowsic. » A l'évidence, seule. Bon, Lorcan n'en savait trop rien pour le moment. Ses fils avaient été son unique source d'information. Ils étaient fiables. En tout cas lorsqu'ils avaient tous les deux la même version de l'histoire, ce qui était rare, mais possible. Et le silence qui régnait dans la maison corroborait cette théorie.
« D'accord, je prends ma veste et je vous accompagne. Mais je prends mon thé, sinon ça n'a pas de sens. » Ajoutais-je en souriant. Cela me rassurait qu'il accepte parce que je n'étais pas très sûre de comment il allait réagir sur la durée sachant que ma condition de militaire (ok, ex-) n'avait pas vraiment suscité de réaction, du moins aucune de positive. J'avais espéré que ça expliquerait ma conduite à ses yeux, mais la proposition d'un thé avait eu des répercutions plus positives. Notons, au passage, que je n'étais pas totalement associable, j'aimais bien avoir de la compagnie, c'était seulement que jusqu'ici je n'avais fréquenté que des militaires ou des réfugiés, donc des gens avec qui mon comportement était sensé être réglementé, au moins au départ. Bref, mon problème c'est que je ne savais pas faire de rencontres. Là, au moins, la rencontre m'était tombé dessus (ou j'étais tombée sur la rencontre plutôt?).
« Ne vous inquiétez pas pour la lampe, elle avait une certaine utilité mais à part ça, elle ne valait pas grand-chose. J'irai en racheter une plus tard. » Maintenant que j'étais sûre de ne pas avoir à faire à quelqu'un de nuisible, la question de cette lampe m'était devenue très secondaire. J'attrapais ma veste sur le porte manteau et un rapide tour à la cuisine me permit de mettre mon sachet de thé en vrac dans ma poche. Ensuite, je tendis la main à mon voisin « Je vais vous aider à faire le trajet, vos muscles doivent être encore un peu endoloris. » Je fermais la fenêtre (j'aurais pu le faire plus tôt, il commençait à faire froid), et me dirigeais vers la porte tout en répondant à la question sous-jacente à la dernière remarque de Lorcan.
« La raison de mon installation ici est très simple, après avoir été démobilisée pour de bon, je n'avais plus vraiment de finances florissantes. J'avais une maison mais j'ai divorcé et c'est mon ex-mari qui l'a gardé. Alors je suis venue ici, dans une petite ville, là où l'immobilier était dans mes moyens. Tout bête vous voyez ? » Il avait suffit de ce court discours pour que nous arrivions devant sa porte, pour la suite des événements, je le laissais faire. Le pluriel de « mes enfants » m'avait appris qu'il n'y en avait pas qu'un, j'avais hâte de rencontrer ces petits voisins que j'entendais si souvent rire et jouer. J'étais de toute manière très motivée à me montrer sous mon meilleur jour après ce premier contact compliqué. J'étais même assez bêtement ravie de m'être lavée les cheveux le matin-même. Et oui, quand on est un peu stressée, tout est bon pour se rassurer… car des enfants et un voisin n'en avaient sûrement rien à faire de l'état de mes cheveux de fausse blonde. On trouve sa satisfaction comme on peut !