Sujet: when we were all friends ─ loni. Mer 2 Fév - 11:07
❝ remember the time when friends were around. ❞
C'était donc cela ? Je n'avais jamais rien ressenti de similaire, cette espèce de manque qui vous prenait aux tripes, qui s'accrochait, qui ne voulait pas être oublié, qui blessait et suintait, parce que c'était constamment là, à vous rappeler qu'il y avait un temps où cela n'existait pas encore. Ce vide, cet espace vide qui écorchait la peau à vif. Oui, c'était donc cela. Vingt ans et des poussières à se foutre de ce que les autres pouvaient penser, à ignorer les ragots concernant la prison et mon père, les bouteilles et ma mère. Plus de vingt ans à regarder les gens avec cet air arrogant, à feindre ce sourire condescendant, à s'amuser avec le jeu de la passivité. Jusqu'à ce que le temps me rattrape, et qu'une personne vienne tout bouleverser. Qui a dit que nous n'étions qu'une infime poussière à l'échelle de l'univers ? Il avait raison. C'était tout ce que nous étions, et j'étais certainement encore moins, puisqu'il avait suffi d'une présence, d'une seule âme dans cette ville, pour me faire perdre pieds, pour percer mon armure et atteindre la chair vive et blessée. Les fantômes du passé constituaient ma plus grande crainte depuis que j'avais appris, à mes dépends, qu'il n'est jamais bon de se replonger trop vivement dans les souvenirs. Surtout en ce qui concernait ma vie qui, il fallait être franc, était complètement plate et peu passionnante. Le passé ne revenait me hanter que pour me prouver à quel point j'avais fait du surplace ; il était un temps où je rêvais de ports étrangers, de faire de la voile sur des océans dont je ne connaissais pas les teintes ni le goût du sel, il était un temps où j'étais persuadé que je ne resterais plus le vilain canard de la ville, mais que je deviendrais un cygne digne d'être regardé. Malheureusement, les coups du sort n'étaient pas toujours très surprenants, et ils ne m'avaient fait don d'aucun présent ; j'étais toujours le fils Hurtwood, celui qui trainait sans but dans les rues d'Arrowsic, celui qui réparait les voitures et était mal vu à cause d'une simple tâche de cambouis sur la chemise. C'était pourtant simple de faire bonne figure, de se fondre dans la masse et de se complaire dans cette image de raté que la ville me renvoyait. Ce matin, par exemple, cela m'avait paru aisé de rendre son sourire distrait au marchant de la ville, alors que j'avais conscience du nombre de rumeurs qu'il avait lancé à mon sujet. Je m'étais accommodé de mon rôle, il était facile et prétexte à toutes les erreurs. Qui en voudrait au jeune Hurtwood d'avoir fait un pas de travers, alors que tout le monde savait qu'il était du genre mauvaise graine ? Qui serait déçu d'un comportement outrageant de la part de Nate, puisqu'il était courant de le voir fauté ? J'avouais que c'était malsain, mais à y regarder de plus près, je pouvais également trouver de nombreux avantages à ma situation.
Je lâchai une exclamation de contentement, essuyai mes mains sur le chiffon qui trainait sur mon épaule droite et refermai le capot d'un geste précis et énergétique. Le son de la tôle me fit sourire, et je me détournai du véhicule en fredonnant le refrain de la chanson d'Elvis qui sortait de mon vieux poste de radio. J'entrai rien que pour me prendre une bouteille d'eau, et ressortis quelques secondes plus tard, me dirigeant vers la voiture d'un client dont je venais de remplacer les plaquettes de frein. Je m'installai sur le capot, posai la bouteille à mes côtés et m'abîmai dans la contemplation des teintes qui ornaient le ciel du matin. Je m'étais éveillé bien avant l'aube, et j'avais déjà travaillé plus de deux heures et demi. À présent, le soleil se levait à peine. Je n'aimais pas le matin ; je n'étais pas du matin. J'étais souvent de mauvaise humeur, nostalgique, parce que le lever du jour, les premiers rayons du soleil, illuminaient tout ce qui était savamment caché. L'oiseau dans son nid, qui partait chercher sa nourriture. L'amant caché, qui sortait silencieusement par la fenêtre d'une femme bien trop mariée. Ou les sentiments refoulés du jeune homme qui réparait vos voitures. Je ne la vis pas arriver, sentis simplement un poids qui s'installait à mes côtés. Rien qu'à son parfum suave, rien qu'à l'apaisement soudain qui délivra mes épaules de leurs poids, je reconnus Loneleï, certainement la seule personne à me comprendre entièrement. Je souris sans détourner le regard des nuages qui livraient bataille à l'astre du jour. « Tu es prête ? » je soufflai en passant un bras autour de ses épaules, la plaquant contre mon torse. J'adorais ce geste. Je ne savais pas très bien pourquoi, mais j'aimais sentir la présence de Loneleï. Oh, jamais rien d'ambigu. C'était différent entre nous ; je ne saurais dire comment. C'était bien plus que de l'amitié. Pourtant, je ne nous décrirais pas même comme des frères et sœurs de cœur, car ce serait réducteur. J'aimais à penser que notre relation était particulière et qu'aucun mot n'existait pour la décrire, tout simplement parce que personne n'avait jamais ressenti ce que je ressentais pour elle ; ainsi, si je voulais un mot, c'était à moi de l'inventer.
Je me tournai finalement dans sa direction et son regard m'amusa. Elle gardait le silence, et ce n'était même pas gênant. Pour être tout à fait franc, il nous arrivait souvent d'être ensemble et de ne pas nous adresser un mot. Nous étions si intimement liés par nos bouleversements intérieurs qu'il ne nous était pas nécessaire de parler. Nous étions là l'un pour l'autre, c'était tout ce qui comptait à nos yeux. Les paroles étaient superflues. Ainsi, je respectais nos habitudes, je pris mon temps, j'observai la teinte de ses yeux, soudainement attisée par la curiosité. J'y lisais beaucoup d'autres choses également, mais je préférais me concentrer sur cette nouvelle lueur. « Oui, j'ai décidé qu'on allait s'enfuir. On vole cette voiture et on va jusqu'à Tijuana. » Je repartais dans mes délires. J'aimais bien la surprendre avec ce genre de projets complètement irréalisables ; du moins, pour le moment. Ce n'était pas l'envie de fuir qui nous manquait, en tout cas. Je la savais tout autant motivée que moi à cette perspective, mais nous avions également conscience des choses - ou plutôt des personnes - qui nous retenaient dans cette ville. Elle avait Meadow, ainsi que son filleul. J'avais, malgré tout ce que je pouvais bien dire à son propos, ma mère. Et puis... Il y a avait ces deux personnes, qui comptaient à nos yeux sans que l'on ne nomme nos sentiments, par crainte de leur donner un trop grand pouvoir sur nous. Dorian pour elle, Celestine pour moi. Des ennuis à perte de vue. Son rire cristallin me ramena tout droit à la réalité, et je laissai s'échapper mes mornes pensées, me concentrant uniquement sur le rêve fou dont je lui faisais part. Elle m'interrogea, me poussa à continuer de lui raconter et je haussai les épaules en me laissant glisser du capot. Je me tournai vers elle. « On ouvrirait un bar. » continuai-je en imitant un air réfléchi. Puis, je l'évaluai d'un regard appréciateur et haussai un sourcil. « Je suis sûr que tu me ferais gagner pas mal de fric. » conclus-je en lui lançant un sourire sournois. Oui, oui, je venais bien de faire allusion à la vente de ses charmes pour me rapporter de l'argent. C'était ainsi que ça se passait entre nous ; entre les remarques désobligeantes et les invectives, on pourrait presque croire qu'on s'aimait.
Sujet: Re: when we were all friends ─ loni. Mer 2 Fév - 17:38
❝ put all your fears back in the shade. don't become a ghost without no colour cause you're the best paint life ever made. ❞
Je me retournai une énième fois dans mon lit, comme si en remuant de la sorte, j’allais réussir à me secouer complètement de l’intérieur et envoyer toute cette nostalgie au fond de mes couvertures, ne serait-ce que quelques heures. Je n’arrivais pas à trouver un point fixe observable de mon lit ; point fixe qui m’aurait permis de faire abstraction du superflu, de faire abstraction de chacune de ces ébauches de souvenirs douloureux afin de somnoler tranquillement. A une certaine époque, il y avait bien eu ce cliché accroché sur le pan mural à gauche de mon lit, ce portrait d’un professeur heureux d’enseigner, cette photographie prise en cours de littérature, à l’ombre des regards. Comme un clandestin réfugié… C’est d’ailleurs ce qu’avait été notre relation, à quelques exceptions près. Nous avions dû vivre cachés de tous, peut-être même un peu de nous-mêmes. Nous avions dû apprivoiser l’ignorance de l’autre dans la rue, nous avions été dans l’obligation d’apprendre à ne pas s’effleurer les doigts lorsqu’on fréquentait ces autres qui ne nous donnaient pas le droit de s’aimer comme nous l’aurions voulu. Un amour fuyant, un amour sans nom. Une histoire sans papiers… M’appuyant sur mes coudes endoloris par ces positions peu confortables, j’émis un long soupir de lassitude. J’étais lassée. Par ces nuits pleines de malédiction, par ces tempêtes de mots blessants que je n’avais toujours pas oubliées. Lassée de Arrowsic aussi, de ces ombres joviales à chaque détour de sentier, de ce vent infaillible qui savait sciemment comment me faire plier, comment me foutre à genoux. Moi, l’incassable. Moi, l’écorchée. Je décidai finalement de m’extirper de la chaleur de mon lit. Le sommeil se voulait vain et il n’allait de toute façon pas tarder à faire jour, du moins, c’est ce que me laissait croire la fine lumière qui filtrait à travers mes volets clos. Posant mes pieds nus sur le parquet tiède, je m’avançai jusqu’à ma fenêtre et ouvris celle-ci, curieuse. Je ne savais pas combien de minutes s’étaient écoulées entre l’envie de fuir ce matelas et le fait de le faire réellement. Ce que je pouvais affirmer était que j’avais fait fausse route : il ne faisait pas jour et j’avais encore au moins une heure et demie d’attente avant de pouvoir sortir dans la rue sans attirer l’attention, une heure et demie d’enfer avant de pouvoir passer le pas de la porte sans que ce vieux voisin insomniaque ne laisse planer le doute dans tout le village sur une quelconque activité nocturne et foireuse. Vous ne savez rien de moi...
Mais lui savait. Mais lui me connaissait par cœur, peut-être même mieux que je ne me connaissais moi-même. Je fermai ma fenêtre avec habileté, soudain éveillée, soudain en vie. Et tant pis si j’éveillais les soupçons dans toute la rue, tant pis si les gens se mettaient à penser que je traînais dehors comme ces gosses perdus. J’avais envie de le retrouver quelques heures, quelques jours même. Peu importait : je me satisfaisais de quelques minutes autant que je prenais plaisir à savourer les journées entières à l'aider au garage ou sur le bateau qu'il avait rénové seul, sans jamais se décourager. Nate... Mes gestes se firent alors beaucoup plus rapides, beaucoup plus précis aussi : je filai sous la douche, en ressortis quelques minutes plus tard, propre. Puis je me vêtis d’un jean troué & d’une tunique bleu turquoise, attachai mes cheveux en une queue de cheval presque vulgaire, passai un coup de crayon noir autour de mes yeux avant de fuir la baraque, empruntant ces chemins poussiéreux qui me mèneraient loin des tracas quotidiens. Je déambulais sans prendre le temps d'admirer le village, plus éteint que d'ordinaire. Encore endormi, il paraissait trop calme, trop perdu... trop mort. Et je n'attendais que de me rendre dans ce repère masculin suffisamment simple, suffisamment bruyant... suffisamment vivant. Les mètres défilaient, suivis de près par les kilomètres et ce temps qui lui courait bien vite, pour une mâtinée comme celle-ci. Les mètres défilaient au rythme crescendo de mes pas sur le sol tandis qu'au loin apparaissaient doucement les nombreuses bagnoles qui permettaient à Nathanael d'oublier que les jours étaient tristes à mourir, ici bas. Et lorsque sa silhouette se dessina enfin, ce fut mon intérieur tout entier qui s'illumina, mon intérieur tout entier qui se remit à fonctionner correctement. Je ne l'avais pas prévenu de ma venue et il ne me savait d'ailleurs pas ici. Mais il était là, le visage fermé, s'activant sur cette bagnole qui quémandait une nouvelle jeunesse. Au rendez-vous... J'hésitai un instant à le rejoindre et pris finalement l'initiative de rester quelque temps là, appuyée contre ce poteau rouillé. J'aimais l'observer sans qu'il ne le remarque et je le faisais souvent : quand, après une soirée arrosée, je me réveillais la première ; quand il nettoyait son bateau pendant que je sirotais un jus avant de l'aider ou bien encore là, quand il travaillait la taule sans deviner ma présence, quelques mètres plus loin. Nate était beau. Et sa beauté était, à mes yeux, tout sauf un masque. Je ne me souvenais pas avoir rencontré plus joli paradis que son rire, plus belle balade que lorsque je me perdais dans ses yeux. En fait, je n'avais pas trouvé meilleure échappatoire que sa présence... Et quelque part, je n'attendais plus rien des autres quand lui était là. Pas même de Dorian...
Franchissant la légère distance qui me séparait de lui, je me posai à ses côtés, silencieuse. Je n'avais pas envie de parler pour l'instant, pas envie de mettre des mots sur ma nuit. Parce que je n'ai pas dormi, Nate. Parce que me regarder dans le miroir me donne envie de me tordre le cou. Tu sais ce que ça fait, hein ? De se dégouter plus qu'on ne déteste tous les autres ? Bien sûr, tu sais. Je n'ai pas fermé l'œil et je ne rappelle même pas avoir somnolé ne serait-ce qu'une dizaine de minutes. Je suis épuisée, épuisée et laide depuis que ces cernes violettes squattent sous mes yeux. Des poches à merde, je te dis. J'ai traîné mon moral jusqu'ici et je pense que je vais le balancer dans le coffre de cette chevrolet, pas longtemps Nate, juste histoire de souffler un peu. Et puis on pourrait y déposer le tien, une caisse plus loin. J'ai bien vu que tu satures, toi aussi. Je suis fatiguée, épuisée et je n'en peux plus de ces nuits trop noires mais trop réelles. Je n'avais pas envie de parler parce que lorsque ses pupilles sombres s'enfoncèrent dans les miennes, il sut. Mieux que si j'avais utilisé tous les mots du monde. Avec lui, le silence était la plus grande des confession, le plus sincère des aveux. « Tu es prête ? » Il m'attira contre lui et son parfum traça sur mon visage un sourire sincère. Il était capable de cerner mes attentes plus que quiconque ne m'avait jamais cernée. Avec lui, tout était simple. Et on avait beau dire ce que l'on voulait, je préférais de loin la simplicité de notre relation à la complexité de celles que je pouvais avoir avec les autres. L'interrogeant du regard tandis qu'il se tournait vers moi, espiègle, j'attendis qu'il m'en dise davantage. Prête pour quoi ? Parce qu'en réalité, il se doutait que je l'étais. On pouvait partir se balader, bosser sur une des poubelles dont il s'occupait, s'allonger sur le sol crasseux et écouter Elvis en regardant le jour se lever ou bien encore se taire en restant ainsi, seuls au monde mais ensemble. « Oui, j'ai décidé qu'on allait s'enfuir. On vole cette voiture et on va jusqu'à Tijuana. » Il recommençait. Et mes dernières heures s'en allèrent pour ne laisser place qu'à ce désir d'oublier, ce désir de m'en aller avec lui dans ces pays inconnus où nous vivrions sereins et non bouffés par des songes nostalgiques. Je m'appuyai sur son épaule afin de me redresser tout en évitant de glisser du capot, et soudain plus attentive à ses propos, j'arquai un sourcil, lui intimant l'ordre de poursuivre.
« On ouvrirait un bar. » Regard appréciateur. « Je suis sûr que tu me ferais gagner pas mal de fric. » Je me retins de rire, entrant ainsi dans son jeu. Descendant de mon assise, je plaquai ma main sur son torse musclé et agrippai son T-shirt, la mine narquoise. Puis je me mis sur la pointe des pieds devant les dix bons centimètres dont il me dominait. « Personne ne touchera la moindre petite partie de mon corps, Hurtwood. Encore moins pour financer tes trips de petit con dépassé par la vie. » Je plaisantais, évidement. Mes lèvres claquèrent ostensiblement contre sa joue et je partis dans un rire franc. Pas d'interdits, pas de limites. Il n'y avait avec lui aucun sujet que je refusais d'aborder, aucune parole blessante que je m'interdisais de lui murmurer. Et il en était de même de son côté. Nous nous étions acceptés comme nous étions venus, bourrés de défauts plus que de qualités. Mais nous n'avions jamais cherché à changer l'autre, à le rendre plus meilleur qu'il ne l'était déjà. Nous nous disputions parfois, ne faisant abstraction d'aucune vocable violente. Et nous nous retrouvions plus tard, plus confiants que jamais. Je plaisantais. Et même si c'est ainsi que le voyaient les autres, il savait aussi qu'il était pour moi le plus beau des soleils. Ma main se glissa dans sa tignasse blonde, légèrement sèche, et je réussis doucement à calmer l'euphorie qui m'avait habitée. A chaque fois qu'il accompagnait mes journées, je finissais courbaturée par ces crises de rire insoutenables. « Un bar, dis-tu ? Toi qui n'est pas foutu d'inventer un cocktail qui porterait mon nom ? » Reculant légèrement, je le lorgnai du regard et celui-ci termina sa course au-dessus de ses épaules, sur une voiture que je n'avais jamais repérée avant. Surprise, je m'écartai de Nate et m'en allai jusqu'au tas de ferraille, curieuse. Plus qu'un tas de ferraille, cette automobile dont je ne connaissais pas la marque était plus attachante que toutes celles que j'avais croisées ici. « Tu l'as soignée quand, celle-ci ? » Entrant à l'intérieur, je laissais ma main caresser le volant. « Elle est magnifique, Nate. Mince, pourquoi m'appelles-tu seulement pour réparer des épaves ? » Je lui fis une moue déçue, imitant une fille vexée devant l'égoïsme dont il avait fait part. Puis le rejoignant de nouveau, ma lèvre inférieure se coinça entre ma mâchoire et je me mis à la mordiller, une idée en tête. « Tu m'apprendrais à conduire, maintenant, tout de suite ? Alleeeez. » Je glissai ma main dans la sienne et m'égarai dans ses yeux. La dernière fois que j'avais touché à un volant, c'était avec Dorian. Aujourd'hui, je voulais relever un défi et recommencer. Avec lui. Et seulement lui.
Sujet: Re: when we were all friends ─ loni. Sam 5 Fév - 14:01
❝ remember the time when friends were around. ❞
Le masque glissait lentement. Imperceptiblement, il glissait en révélant ma véritable nature. Comme la neige qui fondait au soleil, sans que l'on ne le remarque réellement jusqu'à ce qu'on s'éveille un matin et que l'on remarque que la belle poudreuse blanche, pure et lumineuse, a totalement disparue. Il glissait doucement et, vainement, je tentais quelques dernières entreprises dans l'espoir qu'il se remettrait en place. Comme les matins de Noël passés devant la fenêtre en priant, en espérant follement, que des flocons tomberont du ciel. Mais c'était inutile, puisque les flèches du soleil avaient définitivement fait fondre le manteau blanc. Je me retrouvais dans cette même situation, exactement cette même tentative désespérée, des efforts monstrueux, pour un résultat que j'attendais et qui ne viendrait jamais. Mon astre personnel, mon soleil, avait fait son retour à Arrowsic, s'était levé sur ma vie et avait fait disparaître mon masque de passivité, ce masque auquel je m'accrochais depuis des années avec une rage féroce.