« Il faut que j’aille voir un de mes patients. Tu peux garder Kayla ? Je serais de retour dans 2/3h grand max » Nous étions lundi après midi et aujourd’hui c’était le jour de congé d’Elyas, mon compagnon ainsi que le père de ma fille. Je n’avais absolument aucun patient à voir mais ce petit mensonge serait sans conséquences. En réalité je comptais passer ce temps à régler tous les derniers détails pour la future fête d’anniversaire de mon homme. 30 ans, ce n’était pas rien n’est-ce pas ? J’avais prévu de faire les choses en grand, ayant loué une grande salle pour l’occasion. J’ai toujours adoré organiser ce genre d’évènements ayant constamment des idées à profusion. Les mettre en application en revanche se révélait parfois beaucoup plus difficile. Et surtout demandait beaucoup d’organisation. Heureusement ma best ainsi que le meilleur amie d’Elyas étaient là pour m’aider. « Pas de soucis. A tout à l’heure » Après avoir embrassé Elyas puis ma fille je sortis de l’appartement pour me rendre au magasin afin d’acheter quelques éléments de décoration. Évidemment je ramènerais le tout chez une amie pour qu’elle le garde, ne voulant pas prendre le risque d’éveiller les soupçons du trentenaire qui pourrait tomber dessus par hasard. J’espérais que ça soit une complète surprise, bien qu’il y avait fort à parier qu’il se doutait de quelque chose. Outre la fête qui allait être sensas’ je comptais lui offrir un week-end adrénaline avec au programme rafting, saut en chute libre, escalade… Il adorait les sensations fortes. Bien sur je faisais aussi parti du voyage, n’était ce pas mieux de le partager à deux ? Moi-même étant friande de ce genre d’aventure. A vrai dire c’était lui qui m’avait transmit sa passion. Tout les détails étaient déjà réglés, la date fixée m’assurant qu’il n’avait rien prévu à ce moment là, et mes beaux parents s’étaient d’or et déjà portés volontaires pour garder la petite.

Une fois mes achats finis, ayant une petite soif je décidai de m’arrêter au bar du coin. Installée à une table seule je sirotais tranquillement ma boisson sans me douter une seule seconde du drame qui allait se dérouler dans quelques minutes…chamboulant une fois de plus ma vie.

Insouciante, perdue dans mes pensées je buvais tranquillement mon cocktail sans alcool. Bonjour, un malibu-orange, sil-vous-plait. Mon sang se glaça en entendant cette voix. Je l’aurais reconnu parmi mille. Non cela ne pouvait pas être elle… Je levai les yeux vers le comptoir et croisai le regard de…Sloane. Tout mon être se figea en l’apercevant. L’espace d’un instant je crus sincèrement avoir une hallucination. Comment pourrait-ce être la demoiselle alors qu’elle devait se trouver à des centaines de kilomètres d’ici ? Mais force était de constater la réalité : je ne souffrais d’aucun troubles psychologiques, aussi improbable que cela puisse paraître, Sloane Blackwood se trouvait bel et bien devant moi, en chair et en os. Incapable de bouger le moindre muscle de mon corps, je me contentai bêtement de la dévisager. Mon visage devait s’être décomposé en un rien de temps. L’espace d’un instant je fus tenter de me lever et quittai le bar précipitamment. Mais la présence de la brunette en ces lieux ne pouvait être un hasard… Aussi grande mon envie était de fuir le plus loin possible je ne ferais pas comme elle. Inspirant un grand coup je me levai et marchai jusqu’à elle. Je sentais que mes jambes avaient du mal à me soutenir. Bon sang ce que t’es ridicule… Pourquoi même après tout ce temps provoquait elle en moi un flot terrible d’émotions ?

« Qu’est…qu’est ce que tu fais là ? » dis je en me reprenant légèrement. J’avais employé un ton froid. En posant les yeux sur elle je ne pus m’empêcher de constater qu’elle était toujours aussi belle. Elle avait cette beauté naturelle qui vous ferez fondre en un rien de temps. Bon sang ce n’était vraiment pas le moment d’avoir de telles pensées. Je me concentrais alors sur sa réponse. Je voulais vraiment savoir ce qu’elle fichait ici. Moi qui pensais que plus jamais je n’aurais de ces nouvelles. Et maintenant elle était là devant moi…

Impatiente j’attendais qu’elle fournisse une réponse claire à ma question toute simple. Malheureusement la demoiselle avait décidé de me faire languir, puisqu’au lieu de répondre immédiatement elle m’entraina à une table libre où elle espérait que je m’installe. Chose que je fis après une légère hésitation tout de même. « Je sais ce que tu penses. » Ce n’est qu’à la fin de ces quelques mots que mon cerveau se remit enfin en marche. Une fois le choc initial passé je pu prendre la pleine mesure de la situation. Sloane. La femme que j’avais épousé il y a de ça 5 ans. Celle qui s’était volatilisée deux mois plus tard sans la moindre explication. Celle qui m’avait brisée le cœur et pousser à fuir aux Etats Unis. Cette même Sloane avait le culot de se présenter devant moi toutes ces années plus tard pour me dire quoi ? Qu’elle sait ce que je pense ? Elle se foutait de ma gueule là ? Et puis elle pensait sincèrement qu’après 5 longues années d’absence elle pouvait savoir ce qui se tramait dans ma tête ? Pour dire moi-même je n’étais pas vraiment sure de ce sa présence m’inspirait réellement. Un tas d’émotions pour sur. « J’en doute fort » M’enfin avec tout ça je n’étais pas plus avancé sur la raison de sa présence.

La première pensée qui me vint immédiatement à l’esprit fut qu’elle était là pour demander le divorce. Qu’elle avait refait sa vie avec quelqu’un d’autre et que par conséquent pour l’épouser il fallait d’abord se débarrasser définitivement de moi. Pensée qui disparut dès l’instant où mon regard se poser sur son annulaire gauche. Une alliance ornée son doigt. Mais pas n’importe laquelle. Celle que je lui avais donnée 5 ans plus tôt devant le maire. Celle qui symbolisait notre mariage. Bon sang qu’est ce que tout cela voulait dire ? En tout cas bien qu’elle essayait de le cacher Sloane avait perdu de sa superbe. Comme si me revoir lui faisait perdre ses moyens. A croire qu’elle ne savait même plus quoi dire, pourtant je me doutais bien qu’elle avait eu largement le temps de réfléchir à cette conversation. Plus le temps défilait, plus c’était une torture pour moi…Bon sang qu’elle accouche ! Elle bu une gorgée de son verre comme pour se donner du courage avant de finalement reprendre la parole. Wren. Je suis venue en ville pour une seule raison : toi. Pour te poser une question, une seule. Je t'en supplie répond moi franchement. Si c'est négatif je ne ferais que travailler ici ou bien je retournerai au Canada. Mais je veux une réponse sincère, et tu sais bien que je vois quand tu mens ... Non mais c’est moi qui devrait avoir des questions pas l’inverse. Pour qui elle se prenait ? Elle débarquait de nulle part et exigeait que je réponde franchement à une question ? D’autant que je n’étais pas sure de vouloir l’entendre… Pour autant voilà que sans le contrôler vraiment je disais « Viens en au fait je t'en prie ! » Ce qui équivalais en gros à : bon sang tu vas la poser ta pt'ain de question ? Ce qui voulait aussi dire que j'étais prête à l'écouter, bien que je ne lui promettais pas pour autant de dire la vérité, ni d’y répondre pour ce que ça vaut.

" WE WERE SUPPPOSED TO GROW OLD "

Sloane encaissait tant bien que mal les foudres qui s’abattaient sur elle. Je n’y allais pas de mains morte mais après tout c’était amplement méritée. Qu’elle comprenne à quoi point elle m’avait blessé. En revanche mes dernières paroles concernant ma famille je les avais balancés sans vraiment faire attention à la portée que cela pourrait avoir sur Sloane. Elles n’étaient même pas dites dans le but de la blesser. C’était sorti tout seul. Pour un peu j’aurais eu de la peine pour elle, enfin presque. Pour l’heure savoir si j’avais heurté ses sentiments était le cadet de mes soucis. Sloane paraissait sous le choc, mais aussi…déçue ? Il est vrai que si elle était venue dans le but de me récupérer ça tombait mal. Je suis revenue car je n'ai jamais réussi à t'oublier. Je sais que je n'aurais jamais du partir, encore moins revenir. Mais pour moi tu es bien plus qu'une simple petite amie. Je m'en veux tellement de t'avoir abandonné, si tu savais ... Et je sais que rien que je dise pourra changer l'opinion que tu as de moi, et le mal que je t'ai fait ... Une partie égoïste de moi se disait : tant mieux. Tant mieux que t’es pas réussi à m’oublier, que tu souffres au moins un peu même si c’était à des années lumières de la trahison qu’elle m’avait infligée.

« Plus qu’une petite amie… Encore heureux on s’est mariée merde ! Tu vois, j’espère que tu t’en veux parce que tu as fais la pire connerie de ta vie. Mais tu ne sais pas ce qui est le pire dans tout ça ? C’est rester dans l’ignorance. Tu as tout simplement disparu, comme ça du jour au lendemain. Pour autant que je sache tu aurais pu être morte que ça aurait été pareil…Je voudrais savoir. Pourquoi ? Pourquoi tu m’as fait ça ? Pourquoi tu nous à fait ça ? J’ai toujours cru qu’on était heureuse ensemble…Moi je l’étais. A l’évidence pas toi. » A la limite elle m’aurait quitté en bonne et du forme, donné une raison, ça serait peut être mieux passé. Mais là…rien. Le silence total. C’était comme si du jour au lendemain j’avais cessé d’exister pour elle. Longtemps je m’étais remise en question, me demandant ce que j’avais bien pu faire de mal pour qu’elle me quitte. Parce que forcément elle devait avoir une bonne raison non ? Et puis à un moment donné j’avais pris conscience que je me faisais du mal toute seule. Que je n’avais à me sentir responsable de rien du tout, elle était la seule fautive dans l’histoire, pas moi. C’était elle qui m’avait abandonné. Elle qui m’avait brisé le cœur. Elle qui avait prit la fuite lâchement. Pas moi. Peut être aujourd’hui allais je enfin obtenir des réponses à mes questions. Depuis le temps que j’attendais.

Dire qu’il y a seulement quelques minutes à peine, j’étais paisible, je buvais tranquillement mon cocktail avec la perspective heureuse de rentrer chez moi pour retrouver ma fille. Et maintenant voilà que j’étais dans tous mes états, émotive, les larmes aux yeux, prise dans un tourbillon de sentiments contradictoires. Partagée entre la joie de la revoir, la trahison, la déception, la peine, la colère, l’amour…Oui parce que cela m’avait frappé tel un éclair. Je n’avais pas répondu à sa question mais je l’aimais toujours. Voilà pourquoi ça faisait si mal. Pourquoi même 5 ans après elle déclenchait en moi une réaction aussi violente. Elle mériterait que je joue l’indifférente mais cela m’était impossible. ▬ Je ... Je ne sais pas Wren ! J'étais heureuse avec toi, mais avec toujours cette peur que tu te rendes compte que je n'étais qu'un test ou quelque chose dans le genre, que les femmes tu ne les aimais pas et que tu tombes amoureuses d'un homme. J'étais tellement conne, et je sais que j'aurais beau me justifier, accuser Ezechyel de ma vie si nulle sans toi aujourd'hui, la seule fautive c'est moi ... Je ne peux pas m'inventer des excuses, sache juste que je n'ai toujours aimé que toi Wren ... Je regrettais presque d’avoir posé la question. Sa réponse j’aurais mieux fait de ne pas l’entendre. Ses raisons étaient tellement ridicules !! C’était donc juste pour ça ? Ezechyel avait du lui monter le bourrichon contre moi, et elle l’avait écouté ? Elle ne croyait tout simplement pas en moi, tel était le constat. Sincèrement j’aurais préféré qu’il y ai quelqu’un d’autre… Mais ça ? « Attends que je comprenne…Tu m’as quitté parce que tu pensais que quoi ? Je ne faisais pas assez lesbienne pour toi ? Non mais t’es sérieuse là ? » Je n’en revenais toujours pas. « Te demander en mariage, t’épouser, me mettre ma famille à dos, n’était ce pas suffisant comme preuve de mon amour ? A quel point je prenais ça au sérieux ? Qu’est ce que tu aurais voulu que je fasse de plus tu peux me le dire ? » Oui non parce que là je voyais pas. La pilule avait vraiment du mal à passer. Savoir qu’elle m’avait quitté parce qu’elle était ma première. Se dire que si j’avais pris du bon temps avec d’autres filles avant on n’en serait probablement pas là. Incroyable. « Et puis si tu avais vraiment des inquiétudes pourquoi n’es pas tu venu m’en parler ? Au lieu de prendre la fuite ! » J’aurais su la rassurer, lui montrer à quel point je l’aimais, qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter…Mais non à la place elle en avait parler avec son meilleur ami. Et avait prit l’étrange décision de me quitter sans regarder en arrière.

Après toutes ces années je connaissais enfin le fin mot de l’histoire. Pourquoi elle m’avait quitté sans raisons apparentes. Et croyez-moi je crois que finalement j’aurais préféré ne rien savoir car la vérité faisait trop mal. Elle m’avait quitté à cause d’Ezekyel. A cause de son manque de confiance en moi, mais aussi en elle. A cause de la stupidité… Tellement dérisoire. Je m’étais toujours imaginé qu’elle m’avait trompé et avait préféré rompre sans avoir à me l’avouer, ou encore qu’elle ne m’aimait tout simplement pas… Mais ça ? La pilule avait vraiment du mal à passer. ▬ Je ne peux pas répondre à ça, c'est trop tard, quoi que je dise, quoi que je fasse ça ne changera rien. Pas vrai ? C'est trop tard, je pensais venir ici pour que tu me pardonnes, mais je vois bien que ce sera impossible pour toi, et je suis venue car je voulais retenter ma chance avec la seule personne que je n'ai jamais aimé, mais tu as fondé une famille. Je crois qu'il ne me reste plus qu'à quitter ta vie, une seconde fois. J’étais quelque peu effaré par ses paroles. 5 minutes de conversation et elle abandonnait déjà la partie ? Voilà qu’elle voulait déjà repartir à peine arrivée. « Qu’est ce que tu croyais ? Qu’il te suffirait de me dire être désolée pour que je te pardonne ? Que tout serait oublié en 5 minutes et que je retomberais dans tes bras ? Redescends sur Terre » Peut être croyait elle que je l’attendais sagement depuis 5 ans, alors que quand je la reverrais je lui sauterais au cou et que tout serait comme avant. M’enfin j’osais espérer qu’elle n’était pas naïve à ce point.

▬ J'aurais en effet du venir te parler, mais maintenant je ne peux plus rien faire. Tu veux que je sorte de ta vie, définitivement ? Très bonne question. « Oui…non. Je ne sais pas… » Tout se chamboulait en moi, je ne savais même pas ce que je voulais. Une partie de moi désirait qu’elle quitte ce bar au plus vite, qu’elle disparaisse de ma vie pour ne plus jamais revenir, quand une autre complètement contradictoire voulait la retenir. Le plus censé serait en effet qu’elle rentre chez elle au Canada, mais pourquoi alors ne pouvais je m’empêcher d’être déçu qu’elle ne se batte pas plus pour moi ? C’était complètement ridicule, je ne voulais pas qu’elle vienne chambouler ma vie, ma famille, pour autant je souhaitais plus de combativité. Etait ce un crime ? Elle disait m’aimer mais elle abandonnait bien vite le combat vous ne trouvez pas ? D’un autre côté elle voulait peut être simplement respecté mon nouveau statut… « C’est trop facile. Tu ne peux pas débarquer telle une tornade dans ma vie après 5 ans d’absence, tout chambouler, pour ensuite te tirer comme une voleuse ! Faut croire que fuir c’est tout ce que tu sais faire » Nouvelle pique bien sentie pour mademoiselle. Et bien elle ne devait pas être déçu du voyage tiens.