Au bord de l'explosion. Elizabeth ne savait pas tout à fait ce qui était le pire, ses cours qui ressemblaient à un cross interminable, ou juste elle, qui semblait être un puzzle de 10 000 pièces d'un quelconque tableau d'art abstrait. On ne pouvait pas lui reprocher son manque de volonté ou d'ambition, car ça, elle l'avait. Elle avait cette rage de s'en sortir, de vivre, mais il fallait croire que c'était insuffisant. Elizabeth s'accordait cependant une fois par semaine une soirée un peu plus détendue, refusait de s'enfermer seule dans sa chambre pour étudier la beauté du cerveau humain, et préférait noyer son foie dans quelques millilitres de scotch.
Jack's lounge. Les airs irlandais frémissaient à ses oreilles dès l'ouverture de la porte, l'alcool sentait fort, quelques bons irlandais respectaient leur tradition et leurs jeux bien à eux, notamment celui où l'on était censé vider une bière avant que la pièce qu'on avait auparavant fait tourner sur elle-même ne s'arrête. Mais c'était loin d'être la majorité ; on retrouvait quelques petits lycéens isolés dans les coins, quelques autres debout et riant joyeusement, quelques silhouettes solitaires près du bar. L'une d'elle ne lui était pas inconnue d'ailleurs. Ah Leandro... Rien que son prénom était chaleureux, il émanait ce pouvoir réchauffant, vous savez, cette sensation de sûreté, ce côté douillet, agréable. Il ramenait un peu de la chaleur du Mexique à une fille habituée aux froids canadiens. Oui, il aurait été un excellent ami, si seulement Elizabeth avait réfléchi un peu plus. Car elle qui appréciait sa chaleur, se retrouvait en froid avec lui. Quelle ironie, n'est-ce pas ? Elle s'approcha donc du bar, s'installa sur le siège vide à côté de lui, et se tourna vers lui. Elle affichait un léger sourire ; refusait de ressasser les nombreuses disputes, et était plutôt déterminée à recoller les morceaux avec lui.
« J'espère que t'as pas trop bu, ça serait dommage que tu deviennes encore plus grognon à cause de l'alcool. »
Elle ne se voulait pas désagréable, elle aimait bien taquiner les personnes qu'elle appréciait ; même si elle savait pertinemment qu'avec Leandro, ça allait partir loin. Trop loin. Mais il fallait croire qu'Elizabeth avait tendance à repousser les personnes qu'elle aimait.
« Un scotch, s'il vous plait. » dit-elle furtivement au barmaid qui lui jeta un coup d'oeil. Puis, de nouveau à Leandro :
« Oh allez, fais pas la tête là. C'est moi qui devrais avoir honte, ou qui devrait me taire. Mais tu vois, je suis là. Leandro... ? »
Elle s'était accoudée, la tête posée sur les avant-bras, et regardait Leandro avec son regard qui voulait dire ''alors, t'en dis quoi ?''

crédit : .Lipstick B*TCH & Puckessa

Ma vie est désespérante. Non rectification : ma vie amoureuse est désespérante. Cela fait des mois que je n’ai eu aucun contact avec Jenna, la femme de ma vie, excepté lorsqu’elle m’amène la petite Jamie ou lorsque je la dépose chez elle. Pas de contact, donc. Si je disais que cette fille ne me manquait pas, je serais un menteur. Seulement, étant très rancunier et fier, il m’est impossible de lui pardonner son mensonge. Et puis, il y a Alaska, maintenant. Cette fille met de la fraîcheur dans ma vie. Je n’éprouve aucuns sentiments amoureux envers elle –puisqu’ils se dirigent tous vers Jenna- et heureusement, elle n’éprouve rien pour moi non plus. Pourtant, nous sommes en couple. J’éprouve seulement une grande affection et une forte attirance envers elle et je ne me permettrais jamais de lui faire du mal –d’ailleurs, je m’en voudrais énormément, si par malheur, je le faisais. Bref, et il y a aussi Graziella, mon amour de petite sœur, qui ne se dérange pas pour mettre son grain de sel partout. Elle a son mot à dire sur tout ce que je fais, mais je ne peux pas lui en vouloir et pour cause : je fais exactement la même chose avec elle. Donc, ma vie amoureuse est désespérante. C’est peut-être pour cette raison que je me retrouve à boire de la tequila dans un bar irlandais de la petite ville d’Arrowsic. Et moi qui criais sur tous les toits que je ne bois pas d’alcool, c’est raté, même si je n’ai bu qu’un petit-mini verre. Nouvelle rectification : JE suis désespérant.

Je soupire en commandant une nouvelle fois de la tequila. Ouais, je bois de l’alcool, mais que du mexicain. En plus d’être rancunier, fier et désespérant, je suis chauvin. En venant ici, je me suis dit que peut-être je tomberais sur Nate, l’espèce de chose qui est censé être mon meilleur ami mais qui est autant plongé dans sa vie que moi et que je n’ai pas vu depuis trop longtemps. Mais non, pas de trace du blond dans le bar irlandais. Dans ces cas-là, peut-être que je tomberais sur Abbey, une fille très gentille que j’avais rencontré dans des circonstances malheureuses, lors de la tempête qui avait frappée Arrowsic il y a quelques mois de ça. Mais non, il faut croire que la seule fois où je viens de ce bar, c’est la seule fois où elle prend un jour de repos. Je m’étais donc assis au bout du bar, en priant pour que je ne tombe sur personne que je connaisse. Je n’avais pas la moindre envie de discuter.

« J’espère que t’as pas trop bu, ça serait dommage que tu deviennes encore plus grognon à cause de l’alcool. » J’ai reconnu cette voix dès le premier mot et je soupirais immédiatement. Je n’avais pas envie de parler, et encore moins à Elisabeth Calaan. Ça ne fait même pas six mois que je connais cette fille et nous étions certainement destinés à être amis, mais il y a eu un clash, des mots qui ne m’ont pas plu et ma rancune est plus forte que moi. Je n’ai pas envie d’entendre parler d’elle, mais j’ai l’impression qu’elle est là tout le temps, elle est partout, c’est incroyable. Je ne tourne pas la tête vers elle et peut-être que mon ignorance va la contraindre à changer de place. « Un scotch, s’il vous plaît. » Apparemment, non, elle s’était installée sur le tabouret à côté de moi et semblait bien assise là. Et merde. Je soupirais une nouvelle fois. « Oh allez, fais pas la tête là. C’est moi qui devrais avoir honte, ou qui devrait me taire. Mais tu vois, je suis là. Leandro… ? » Je ne la regardais toujours pas mais je sentais ses yeux scruter mon visage. Elle est têtue ! Je tournais lentement ma tête vers elle tout en soupirant. « J’ai bien vu que tu étais là, c’est bien ça le problème. » Je bus rapidement le reste de tequila qui restait dans mon verre avant de le poser brutalement sur le bar, montrant mon exaspération. « Qu’est-ce que tu me veux ? »

Les hommes et leur ego qui faisait dix fois leur taille, leur fierté de mâles, leur arrogance... Ils n'étaient certes pas tous comme ça, mais c'étaient bien sur ces hommes-là qu'Eli tombait toujours. Ces hommes qui veulent se montrer fort et fier, et puissant, et qui souvent dans le fond sont brisés ou fragiles – parfois ce sont juste des imbéciles aussi. A vrai dire, Elizabeth aurait été un des leurs, si elle avait été un homme. Mais bon, ce n'est pas le cas, donc elle se contentait de les fréquenter ; s'ils voulaient bien de sa compagnie. « Qu’est-ce que tu me veux ? » C'était tellement lui ça, ce ton presque agressif, alors qu'Elizabeth était venue souriante et qu'ils ne s'étaient finalement rien passé entre eux.
« Se saouler à la tequila un jeudi soir, seul dans un bar irlandais... C'est toujours mieux à plusieurs. » Puis son verre arriva, elle adressa un léger sourire au barmaid en guise de remerciement, avant de se retourner vers Leandro, à son plus grand bonheur.
« Je te comprends pas. Voilà ce que je veux, je voudrais des explications. Tu me repousses comme si j'étais ta pire ennemie, la fille que tu méprises le plus, mais dans le fond, je suis pas cette fille-là. J'ai rencontré beaucoup de personnes qui m'ont dit, oh Elizabeth, tu ressembles à cette pute qui m'a brisé le coeur, ou même, oh tu ressembles à ma mère. Bon. A force, je m'y habitue. Mais tu sais, si je ressemble à la fille qui t'a brisé le coeur, c'est pas de ma faute. »
A ce moment là, elle était plutôt calme. Mais ça n'allait sans doute pas durer longtemps. Elle venait toujours chercher des explications ou régler des problèmes quelconques avec un large sourire, un air détaché, comme si finalement, cela ne l'importait peu. Enfin, si jamais Leandro voulait vraiment qu'elle arrête, elle le ferait, ce n'était pas ça le problème ; il n'était pas son meilleur ami pour qui elle aurait pu se sacrifier ; ou quelque chose dans ces eaux là, de tout aussi niais et romantique. En fait, son sale caractère lui rappelait son frère, et il fallait croire que c'était la raison pour laquelle Elizabeth s'acharnait à vouloir recoller les morceaux. Comme si arranger ce qu'il y avait entre elle et Leandro pouvait avoir une conséquence sur la relation qu'elle avait désormais avec son frère. Naïve Elizabeth, hein ?
« Puis t'étais adorable quand on s'était rencontré. C'était un peu cette ambiance là... Enfin, en moins irlandais et moins rustique. Mais on y est presque. Alors qu'est-ce qui a pu te plaire chez moi ce soir là, en à peine deux secondes, et que tu t'obstines à repousser aujourd'hui ? »

(Je trouve ça ridiculement court -_-)

crédit : .Lipstick B*TCH & Puckessa

Je me souviens encore de la période à laquelle j’ai rencontré la brune qui se tient à côté de moi en ce moment-même. Je n’étais pas encore « officiellement » en couple avec Alaska et c’était vraiment la prise de tête avec Jenna. C’était lors d’une fête je ne sais plus où, elle n’était pas si bien cette fête. On a passé toute la soirée ensemble à rire, danser et faire connaissance, principalement. Au fil de la soirée, on s’est découvert de nombreux points communs et nous avons échangés nos numéros, afin de nous revoir et passer de bons moments ensembles. Quand je dis bons moments, je pensais à « de bonnes grosses rigolades » à ce moment-là.

« Se saouler à la tequila un jeudi soir, seul dans un bar irlandais… C’est toujours mieux à plusieurs. » Autant le dire tout de suite, Elizabeth ne pensait certainement pas à la même chose que moi. Nous nous sommes revus plusieurs fois après cette soirée –en tout bien tout honneur, évidemment- et nous sommes devenus de bons amis. Puis, un jour, la Calaan m’a avoué son attirance et tout a changé. Sur le coup, je pensais qu’elle me faisait une blague –pas marrante, certes, mais ça aurait pu être une blague. Mais non, elle était sérieuse, très sérieuse. J’ai tout de suite tout fait pour mettre un terme à tout ça. Je lui ai très clairement dit que je n’attendais pas d’elle plus que de l’amitié et que si ça ne lui convenait pas, alors on n’avait plus rien à se dire. J’ai conscience d’avoir été brutal avec elle, mais je me suis dit que c’était la meilleure solution. C’est comme enlever un pansement : il faut y aller directement sans hésitation. « Je te comprends pas. Voilà ce que je veux, je voudrais des explications. Tu me repousses comme si j’étais ta pire ennemie, la fille que tu méprises le plus, mais dans le fond, je ne suis pas cette fille-là. J’ai rencontré beaucoup de personnes qui m’ont dit, oh Elizabeth, tu ressembles à cette pure qui m’a brisé le cœur, ou même, oh tu ressembles à ma mère. Bon. A force, je m’y habitue. Mais tu sais, si je ressemble à la fille qui t’a brisé le cœur, c’est pas de ma faute. » Oui, Elizabeth aurait pu être vraie amie mais elle me ressemble beaucoup trop et ce n’est pas compatible. C’est ce que je pense. Après ma réaction brutale, la sienne n’a pas été plus calme. Elle a eu des mots plus hauts que les autres. Certains ne m’ont pas plu et une dispute a éclaté entre nous deux. Je n’acceptais qu’elle me parle de la sorte et je ne l’ai toujours pas accepté d’ailleurs. C’est mon réel problème, sans compter le fait que je pense ne pas avoir besoin d’une femme « comme moi » dans ma vie. « Puis t’étais adorable quand on s’était rencontré. C’était un peu cette ambiance là… Enfin, en moins irlandais et moins rustique. Mais on y est presque. Alors qu’est-ce qui a pu te plaire chez moi ce soir-là, en à peine deux secondes, et que tu t’obstines à repousser aujourd’hui ? » Je l’écoutais attentivement et sa question a fait tilt dans mon esprit.

Qu’est-ce que je m’obstine à repousser ? Ma première réponse serait : rien. Mais après réflexion, la réponse évidente serait : moi. Je me trouve désespérant et pathétique en ce moment, je m’énerve. Mes problèmes me tapent sur le système et je cherche à les fuir, c’est indéniable. Et comme je le dis depuis que je la connais, Elizabeth me ressemble énormément. C’est ce qui m’a plu chez elle, au début. J’étais content de voir que quelqu’un pouvait me comprendre sans même faire un effort, cependant, c’est exactement la même chose qui faisait que je voulais m’éloigner d’elle maintenant. « Qui te dis qu’une fille m’a brisé le cœur ? Et de toute manière, tu ne ressembles à personne de mon entourage alors tu peux être sûre que ce n’est pas ça qui me pose problème. » Normal, puisqu’elle me ressemble à moi. Je m’apprêtais à recommander de la tequila mais je me repris. Je n’ai pas l’habitude de boire de l’alcool et je n’aime pas particulièrement ça. « Un truc sans alcool, peu importe, s’il vous plaît. » J’enchaînais « Tu n’es pas ma pire ennemie, tu n’es pas la fille que je méprises le plus mais tu n’es pas non plus celle que j’ai envie de voir, si tu veux tout savoir, c’est carrément le contraire. Oh et je ne sais pas ce qui m’a plu chez toi, ce soir-là. Cela reste un vrai mystère pour moi, tu vois ? » Je n’avais pas trouvé meilleure option que de mentir et il paraît qu’il m’arrive d’être un bon menteur. J’avais un sourire en coin qui montrait que je me fichais carrément d’elle. J’étais hautain, ouais et alors ?


J'ai aimé ton post (:

On dit beaucoup de choses. Que les opposés s'attirent, parce que certaines âmes littéraires se sont senties d'humeur scientifique, et qu'ils ont voulu dire que nous étions de petits ions qui se cherchaient pour faire des liaisons, pour s'entraider afin de devenir stables. Puis certains autres affirment que ceux qui se ressemblent s'assemblent, parce que généralement, les points communs entre deux êtres ont tendance à faire naître de l'affection. Enfin, ça, c'est ce qu'on dit. Combien de ont dit sont de simples bobards ? Beaucoup. Combien de ont dit sont indéniablement vrais ? Beaucoup aussi. C'est comme le loto, on peut s'y fier une fois sur trente six – et encore, je suis gentille, les chances pour le loto sont beaucoup plus réduites que ça. Et il fallait dire que Leandro et Elizabeth, c'était les deux à la fois. « Qui te dis qu’une fille m’a brisé le cœur ? Et de toute manière, tu ne ressembles à personne de mon entourage alors tu peux être sûre que ce n’est pas ça qui me pose problème. » C'était drôle, oui, c'était presque drôle de voir comment ses réponses étaient précipitées, mais tout cela, dissimulé sous un apparent calme et une maîtrise de soi. Évidemment, on ne laisse pas échapper la colère, ou quelconque sentiment lorsqu'on tente de mentir.
« On a tous une fille qui nous a brisé le coeur. Et si ce n'est pas le cas, c'est le fait qu'aucune fille ne nous ai brisé, qui nous brise. »
Elle se contenta d'esquisser un léger sourire, puis il reprit : « Tu n’es pas ma pire ennemie, tu n’es pas la fille que je méprises le plus mais tu n’es pas non plus celle que j’ai envie de voir, si tu veux tout savoir, c’est carrément le contraire. Oh et je ne sais pas ce qui m’a plu chez toi, ce soir-là. Cela reste un vrai mystère pour moi, tu vois ? » De nouveau, elle affichait un sourire en coin, tout comme Leandro d'ailleurs. Le sien n'était peut-être pas aussi méprisable, mais elle trouvait tout ça bien risible. Elle se moquait de lui, et un petit peu d'elle aussi.
« Leandro... Tu me sors des phrases toutes faites que j'ai déjà sorti à des milliers de gens. T'essaies de me retourner mes questions comme le ferait un psy, parce que tu refuses de me dire ce que tu as en tête ; et tu as bien quelque chose en tête... Oh, mais attends, tu m'en veux depuis le jour où on s'est disputé depuis la première fois. A partir de là, on a fait que ça d'ailleurs. C'est TOI qui m'a repoussé, et c'est TOI qui m'en veut ? Tu déconnes. Ou quoi, t'as mal pris le fait que je t'ai dit que tu étais un imbécile incapable d'aller de l'avant ? Pour tout ce que tu m'as dit en retour, je crois qu'on est quitte. »
Elle avala une gorgée de son verre, à peine entamé. Les choses étaient insensées, désordonnées, mais Elizabeth semblait pourtant y trouver son chemin à elle. Vous savez, certaines situations vous paraissent tellement inutiles, tellement bordéliques s'il fallait réfléchir avec la logique, mais il y a l'instinct qui peut vous aider à éclaircir certaines d'entre elles. Et l'instinct faisait tout avec Leandro.
« Ne t'inquiète pas hein, je vais pas me jeter sur toi une seconde fois, enfin si je le fais ça sera certainement pas pour t'embrasser. Je suis pas en train de courir derrière toi pour t'avoir dans mon lit, j'aurais l'impression de... sortir avec moi-même. Et je m'aime pas jusqu'à ce point là. »

crédit : .Lipstick B*TCH & Puckessa

J’ai fait des études. Je l’avoue, ce n’était pas de longues études, mais c’était des études quand même. J’ai même fais de la philosophie pendant un moment et je dois dire que ça m’a toujours intéressé, même si je n’ai pas continué. Enfin bref, le fait est qu’une dame, un jour a dit : « Les hommes vivent dans un monde où ce sont les mots et non les actes qui ont du pouvoir, où la compétence ultime, c’est la maîtrise du langage. » A vrai dire, cette phrase ne m’avait fait aucun effet avant que Graziella ne me fasse remarquer qu’elle me ressemblait, comme si elle avait été écrite pour moi. Pourquoi ? Parce que je suis persuadé que les mots sont plus forts que les actes, je préfère parler plutôt qu’agir et c’est exactement ce que je faisais en ce moment avec Elizabeth. Plus la conversation avançait, plus je m’énervais mais je sais me maîtrise et je sais paraître calme lorsque je ne le suis pas réellement. « On a tous une fille qui nous a brisé le cœur. Et si ce n’est pas le cas, c’est le fait qu’aucune fille ne nous ai brisé, qui nous brise. » Son air de « madame-je-sais-tout » me tape sur le système. Elle croit vraiment tout savoir mais je suis sûr que c’est simplement un air qu’elle essaye de se donner. Comment appellerait-elle le fait que je suis brisé parce que c’est moi-même qui ait brisé le cœur d’une fille ?

Après avoir commandé n’importe quelle boisson sans alcool, je lui annonçais que je ne pensais pas qu’elle soit ma pire ennemie, ce qui n’est pas faux, je ne la déteste pas. Je lui avouais aussi que je ne savais pas ce que j’avais pu apprécier chez elle. Bien sûr, je mentais mais je suis persuadé d’être un bon menteur (on me l’a déjà dit), donc il n’y aucun problème là-dedans. Elle lâcha un soupir et je savais que « madame-je-sais-tout » était de retour. « Leandro… Tu me sors des phrases toutes faites que j’ai déjà sorti à des milliers de gens. T’essaies de me retourner mes questions comme le ferait un psy, parce que tu refuses de me dire ce que tu as en tête ; et tu as bien quelque chose en tête… Oh, mais attends, tu m’en veux depuis le jour où on s’est disputé depuis la première fois. A partir de là, on a fait que ça d’ailleurs. C’est TOI qui m’as repoussé, et c’est TOI qui m’en veux ? Tu déconnes. Ou quoi, t’as mal pris le fait que je t’ai dit que tu étais un imbécile incapable d’aller de l’avant ? Pour tout ce que tu m’as dit en retour, je crois qu’on est quitte. » Pour qui elle se prend, sérieusement ? Déjà, elle me raconte sa vie alors que je m’en fiche comme de ma première layette, puis elle essaye de m’analyser et je déteste ça. Et puis merde, si elle n’est pas contente de ma réaction, elle n’est pas obligée de me courir après comme ça. Le serveur déposa doucement un verre de jus de je ne sais quel fruit devant moi et reparti directement. Je pense qu'il avait senti la tension qui augmentait entre Elizabeth et moi. Je bus une petite gorgée et je reconnus un jus d’orange. Merde, je n’aime pas les oranges. Je fis une petite grimace sans même m’occuper d’Elizabeth, pourtant, elle parlait. « Ne t’inquiète pas hein, je vais pas me jeter sur toi une seconde fois, enfin si je le fais ça sera certainement pas pour t’embrasser. Je suis pas en train de courir derrière toi pour t’avoir dans mon lit, j’aurais l’impression de… sortir avec moi-même. Et je m’aime pas jusqu’à ce point-là. »

Encore une fois, elle me sortit une phrase qui fit tilt dans ma tête. Alors comme ça, elle aussi a remarqué que nous étions très similaires ? De toute manière, ce n’est pas dur à remarquer. C’est même flagrant, je dirais. J’avais toujours mon verre dans la main et j’entrepris de le déposer avant de lui répondre. « Premièrement, évite de m’analyser comme tu le fais, tu seras gentille. Deuxièmement, ne me raconte pas ta vie, je m’en fiche. Troisièmement, tu ne me sauteras pas dessus tout court, ça va pas ou quoi ? Et quatrièmement, si j’te fais chier, si tu n’aimes pas ma manière d’agir ou de te parler, tu peux t’en aller. J’te retiens pas, au contraire. » Tout ce que je venais de dire, je lui avais dit en la regardant droit dans les yeux, pour qu’elle comprenne que je suis sérieux et que je en suis pas en train de plaisanter avec elle –comme elle semble le croire, d’après moi, mais je peux me tromper. Et bien entendu, je n’avais pas ressenti le besoin de répondre à ce qu’elle m’avait dit sur le fait qu’on se ressemble bien plus qu’on ne l’avoue.



Je suis désolée, mon post est nul :/

Elle ne savait pas vraiment si elle devait trouver ça blessant ou drôle. C'était sur, Leandro n'y allait pas de main morte, que se soit il y a des mois ou aujourd'hui ; mais finalement, et étrangement surtout, Eli ne se sentait pas vraiment heurtée par ses propos. Sans doute car elle avait elle-même conscience qu'ils se ressemblaient, et qu'éventuellement, sa façon de lui dire qu'elle était inutile et qu'il souhaitait très fort qu'elle s'en aille lui rappelait étroitement celle de son frère. Tout se réunissait pour qu'Eli s'effondre en larmes, mais elle prenait ça avec plus de témérité, et ça ressemblait plus à un défi qu'autre chose. Peut-être qu'en recollant les choses avec Leandro – puis franchement, pourquoi tout s'est cassé la figure ? - tout irait mieux, dans son quotidien. Peut-être qu'en « récupérant » l'once d'amitié naissante que Leandro avait, tout irait mieux. Mais combien de temps tout ça allait durer ? Combien de temps lui faudra-t-il pour qu'elle réalise que rien n'est lié ? Elizabeth était loin d'être réellement naïve, elle savait que les poneys n'étaient pas roses et n'avaient pas un arc-en-ciel tatoué sur le flanc, même si parfois elle tentait vainement de se convaincre que c'était le cas. Les romantiques dénonçaient un monde matérialiste où l'argent prônait sur la passion ; devrais-je dire que la tête d'Eli aurait été le refuge parfait pour ces enfants qui souffraient du mal du siècle ? Que Musset aurait pu noyer sa peine dans son liquide céphalique plutôt que d'ingurgiter autant d'alcool ? Enfin, peut-être qu'Eli s'y noierait à sa place, ça serait une nouvelle forme de suicide involontaire, peut-être vénérée dans le mouvement romantique, où la passion aurait tellement pris le dessus, qu'elle serait devenue trop puissante et incontrôlable.
Leandro ne lui répondit qu'une seule chose, avec son habituel ton agressif. Non, vraiment, c'est lassant ce ton, il pourrait innover un peu, juste un peu. Il l'avait regardée fixement en débitant ses paroles, et Eli en fit de même. Elle détourna le regard quelques secondes après en ayant un léger sourire, qui disparut bien rapidement. Non, vraiment, elle ignorait si elle devait se sentir blessée ou trouver ça drôle.
« Je suis têtue, hein ? Et je sais, je peux me barrer sans que tu me préviennes ou que tu m'en donnes l'autorisation, crois-moi. Mais je vais rester, encore un peu tout cas. »


(Non non )

Je venais d’employer un ton particulièrement agressif à l’encontre de la miss Calaan, mais quand on me tape sur le système, mon réflexe est d’être agressif. Je suis comme ça, je l’ai toujours été et je ne compte pas changer d’attitude. Seulement, au lieu de la faire fuir ou de la persuader à me laisser seul et tranquille, comme je l’ai espéré, elle se contenta de tourner la tête quelques secondes pour sourire et je le prenais comme une moquerie. Elle s’est assise à côté de moi pour se moquer ? Parce qu’elle peut repartir, je n’ai pas de temps à perdre avec elle. « Je suis têtue, hein ? Et je sais, je peux me barrer sans que tu me préviennes ou que tu m’en donnes l’autorisation, crois-moi. Mais je vais rester, encore un peu en tout cas. » Têtue ? Elle croit qu’elle est têtue ? Mais pas du tout, elle est casse-couilles, c’est tout. Pourquoi elle fait ça ? Pourquoi elle cherche absolument à me parler dès qu’elle me voit ? Pourquoi ne se contente-t-elle pas de faire comme si elle ne me connaissait pas, de m’ignorer ? Je suis qui pour qu’elle s’obstine autant à rester en contact avec moi ? Je veux dire, je suis juste Leandro Dos Santos et je n’occupe pas une place importante dans sa vie. Nous étions amis et nous ne le sommes plus, entonces : cuál es el problema ?

J’étais déjà tourné vers elle, mais j’étais carrément affalé sur le tabouret, comme pour montrer que je me fichais d’elle. Je me redressais et m’asseyais correctement sur le tabouret de la personne et c’est comme si toute l’agressivité s’en alla. Il fallait que je comprenne pourquoi elle était aussi insistante. Et je sais que je peux être aussi têtu qu’elle. « Bon, puisque tu veux rester, autant que me serves à quelque chose, n’est-ce pas ? » Je marquais un très léger temps, comme si j’attendais une réponse de sa part, ce qui n’était pas le cas. Je ne lui laissais pas le choix. « Pourquoi tu t’accroches à moi comme ça, Elizabeth ? Tu es toujours là, partout et tu refuses de couper les ponts avec moi ! Explique-moi. » On aurait pu croire que je lui demandais tout ceci gentiment, comme un ami le ferait. Sauf que nous ne sommes pas amis. Même si je n’étais plus autant agressif que tout à l’heure, je n’en étais pas moins plus gentil.

« Tu ne laisses pas partir quelqu'un avec qui tu.... Tu sais, il y a certaines personnes avec qui t'entends si bien dès les premiers mots, dès les premiers regards, et... C'est pas quelque chose qui s'explique. Tu laisses pas partir une personne qui peut te comprendre avec autant de facilité, avec autant de simplicité, et surtout, aussi rapidement. Ne me dis pas que tu ne sais pas de quoi je parle, parce que je sais que j'ai raison, et donc, dans ce cas, tu penses la même chose. » Elle avait raison. Je savais exactement de quoi elle parlait, puisque je ressentais la même chose. Seulement, bien que je sois extrêmement têtu, je ne passais pas mon temps à lui courir après, contrairement à elle. S’il m’arrivait de la voir dans certains endroits, ce n’est pas pour autant que j’irais lui parler, je ferais comme si je ne l’avais vu. Mais elle n’est pas comme ça, non, elle insiste. Et elle insiste un peu trop selon moi, elle est lourde, quoi. « Et je te traque pas, je fais pas une liste de tous tes déplacements pour pouvoir me retrouver dans le même bar que toi au même moment, je m’en fous Leandro. Mais tu es tout le temps là, peu importe ce que je fais et peu importe où je vais. Tu es là, et tu refuses de… Enfin, t’es comme ça là, hautain, à vouloir me faire dégager au plus vite ; et je comprends pas. Alors putain mais… explique-moi. » Je suis surpris par ce qu’elle vient de me dire. Elle retourne la situation. Elle fait comme si je cherchais à vouloir la voir, alors que c’est totalement le contraire, je la fuis. Et ça ne me plait pas.

« Calaan, tu dis n’importe quoi. Tout comme tu ne me traque pas, je ne le fais pas non plus. Seulement, ce que je voulais dire, c’est que lorsque tu me vois, tu ne peux pas t’empêcher de venir me voir. Tu sais comment je vais réagir et je sais que tu détestes quand je réagis comme ça, et pourtant, tu continues… Mais tu n’as pas tort, tu sais… » Je vis son regard interrogatif mais je repris la parole tout de suite. Je ne savais pas comment formuler tout ce que je voulais dire, j’avais presque perdu l’habitude de ne pas être agressif envers elle.

« Tu as dit qu’on se ressemblait beaucoup, et je pense la même chose. Le problème, c’est que l’on se ressemble trop. Beaucoup disent que qui se ressemble s’assemble mais moi, je serais plutôt du genre à dire que les contraires s’attirent. Quand je te parle, j’ai l’impression de me parler à moi-même et je n’aime pas ça. Je ne vais pas te mentir, tout ce que tu as pensé ressentir pour moi n’a été qu’une excuse pour m’éloigner de toi. Mais ça, tu dois déjà t’en douter… »

J’essayais sincèrement de la comprendre. J’oubliais toute la haine infondée que j’ai pu ressentir, j’oubliais tout, juste pour tenter de la comprendre. Mais plus elle me parlait et plus cela était difficile. Je n’aimais pas sa manière de me parler et j’aimais encore moins le fait qu’elle essaye d’appliquer sa psychologie à deux balles sur moi. Je contractais mon point sur le bar, ce qui m’aidait à contrôler mes paroles. A me contrôler tout court, en fait. « Tu sais, ce n’est pas parce que tu ne crois pas à ces choses, que c’est forcément faux. Tu n’es pas celle qui définit le bon du mauvais, le vrai du faux. Et puisque tu le demande, non, je ne me déteste pas. C’est simplement que j’ai assez de problème à gérer avec ma vie, je n’ai pas envie de gérer les tiens. Ça peut te paraître méchant, mais j’imagine que ça ne t’étonne pas venant de moi… » Ma main se décrispa et je me détendis. Je disais ce que j’avais à dire, donc je n’avais plus de raison d’être énervé. « Tu ne t’en rends pas compte, tu crois que tu as une carapace épaisse comme je ne sais pas quoi, mais c’est faux. Je ne sais pas quels sont tes problèmes, mais c’est évident que tu en as. Ne me dis pas le contraire, c’est écris sur ton visage. Et donc, quand on te parle, c’est comme si tu nous exposais tes problèmes, comme si on avait mal avec toi. C’est pour ça que je n’aime pas parler avec toi. »
Le serveur vint me demander si je voulais un autre verre. C’est quoi ? Il me surveille pour me servir à chaque fois que je termine mon verre pour que je consomme ? En plus, ça coûte cher ! Je refuse. « Finalement, ça doit être une histoire de destin entre nous. On ne doit pas être fait pour s’entendre… »

Mon post est super nul, j'suis désolée :/

« Je sais. Je sais que je ne suis pas Dieu ou encore une puissance suprême quelconque à qui tu donneras raison, je suis rien de ça et j'en ai conscience. Je te dis juste ce que j'en pense, après c'est pas mon but que de te faire croire mes idées. »
Puis Leandro continua. Touché. A ce moment là, Elizabeth se noyait dans tout son orgueil et toute sa fierté, une balle avait traversée la carapace qu'elle pensait solide et tout s'effondrait ; et elle le voyait. Était-ce si évident ? Toute cette mascarade, ces sourires qui se voulaient les plus naturels possibles, ces joies à peine déçu ne servaient donc à rien ? Etait-elle une actrice si médiocre pour qu'un homme comme Leandro lui dise ça ? Leandro qui préférait le mépriser et l'ignorer ? Alors qu'en était-il de ces gens qu'elle fréquentait tous les jours, se disaient-ils la même chose ? Elle fronça les sourcils, partagée entre l'idée de lui donner raison ou de tout nier. Elle avait beaucoup de mal à mentir lorsque c'était quelque chose qui la touchait vraiment, et c'est avec une voix tremblotante qu'elle répondit :
« On en a tous, pas vrai ? »
C'était plutôt minable hein ? En fait, il était difficile pour elle de raconter des mensonges avec une voix qui ressemblait à une vulgaire feuille de fin d'automne à frissonner au gré du vent, et de se montrer convaincante. Elle n'était pas du genre à persévérer dans une voie qui se montrait sans issue.
Elizabeth se demandait surtout comment il avait pu la percer comme ça. Elle avait le souvenir d'être une fille joyeuse et niaise à ses côtés, à le coller à droite et à gauche, mais surtout pas une fille qui émanait toute sa tristesse à chaque parole qu'elle prononçait.
« J'imagine que c'est le destin. Au moins j'ai une réponse. »
Elle se décida quelques instants : était-elle véritablement casse-pied et têtue, et surtout stupide pour continuer à lui parler ou devait-elle s'en aller ?
« J'imagine aussi que c'est à ce moment que je te dis que je vais m'en aller et que tu ne me reverras plus maintenant que j'ai ma réponse. Mais je vais juste m'en aller. »
Elle but cul-sec le fond de son verre, sortit de son sac son portefeuille et déposa quelques billets sur le comptoir. Elle adressa un dernier regard à Leandro avant de descendre de son tabouret. Un dernier regard qui confirmait sans doute ces paroles ; qui insistait même dessus : Elizabeth exposait ses problèmes en un simple regard.

Je venais de débiter toutes ces choses pas tellement gentilles à Elizabeth et je vis son visage se décomposer. On voyait déjà qu’elle avait des problèmes avant, mais on voyait aussi qu’elle essayait de les cacher et qu’elle ne voulait embêter personne avec ça. Seulement, je venais de lui cracher au visage que tous ses efforts étaient vains, elle avait carrément raté. Et là, une question me vient en tête : est-ce que je suis un enfoiré à ce point-là ? « On en a tous, pas vrai ? » En voyant la tristesse dans les yeux de la brune qui se tenait en face de moi et en entendant sa voix tremblotante, j’avais envie de répondre oui. Qui suis-je donc pour lui dire ça ? Je l’avoue, je me sens coupable.

Je me mis soudain à repenser à certains moments que nous passions ensembles. Nous rigolions et passions des moments vraiment sympas. Jusqu’à ce qu’il y ait une sorte d’ambiguïté et que je remarque que finalement, elle me plombait le moral plus qu’autre chose. « J’imagine que c’est le destin. Au moins j’ai une réponse. » En entendant sa voix encore plus tremblotante que tout à l’heure, je me sens encore plus coupable que tout à l’heure et la question revient. Est-ce que je suis un enfoiré à ce point-là ? « J’imagine aussi que c’est à ce moment que je te dis que je vais m’en aller et que tu ne me reverras plus maintenant que j’ai ma réponse. Mais je vais juste m’en aller. » Je la regarde finir son verre cul-sec, payer et commencer à partir. Elle me lance un regard empli de tristesse et autres émotions que je n’arrive pas à déceler. Je soupirais et me retournai vers elle, alors qu’elle me montrait déjà son dos. « Calaan, attend. » Elle s’arrête, sans se retourner, attendant une autre parole. « Ecoute bien ce que je vais dire, je ne le répèterais pas. Je suis désolé. J’ai été un con avec toi, alors je te demande de m’excuser… » Ce jour est à marquer d’une pierre blanche, j’ai laissé tomber ma fierté.

Elle ne faisait pas vraiment attention au doute qui s'affichait sur le visage de Leandro, trop préoccupée par le contrôle de soi-même. Elle ne fut ni surprise, ni soulagée lorsqu'elle entendit « Calaan, attends. » ; car à vrai dire, elle trouvait ça pitoyable. Elle ne savait pas qui l'était le plus dans l'histoire, elle sans doute, mais c'était assez piteux qu'il vienne la retenir alors que quelques minutes auparavant, il aurait juste souhaité qu'elle s'en aille. Elizabeth s'arrêta, dos à Leandro. Elle leva les yeux au ciel, tentant désespérément de retenir les quelques larmes qui se formaient.
 « Ecoute bien ce que je vais dire, je ne le répèterais pas. Je suis désolé. J’ai été un con avec toi, alors je te demande de m’excuser… » En effet, c'était juste pitoyable. Alors c'était ça ? Il fallait qu'il la perce jusqu'au bout, jusqu'à l'usure, jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus, pour obtenir quelques mots qui ne relevaient pas de la catégorie du mépris ? Si c'était le cas, elle n'en voulait pas. Elizabeth détestait la pitié, ce sentiment misérable et faible, et même si certes, elle le ressentait, elle haïssait le voir dans les autres. Elle soupira, se retourna enfin, les yeux rougis, les sourcils froncés :
« Leandro, je sais pas quel déclic il y a eu chez toi pour que tu viennes me rattraper et me dire ça. T'as pitié de moi, et ça se voit. Et j'en ai pas besoin. J'ai pas besoin de sentir à quel point tu me trouves misérable, j'en ai vraiment pas besoin. J'ai ma propre opinion de moi et je peux te dire que ça me suffit ; largement. T'as pas besoin de t'excuser pour quoique se soit ; je hais véritablement très peu de personnes et tu n'en fais visiblement pas partie. »
Elle était lasse, et fatiguée. Fatiguée de voir que malgré les jours qui passaient, rien ne s'arrangeait, que tout semblait aussi fragile qu'avant, et qu'il lui suffisait d'un rien pour partir dans des mélodrames insupportables.