L'amour est aveugle, il faut donc toucher. Ornora Hortenss & Felix Moorgate
À vingt-sept ans, on pourrait déjà sentir la crise de la trentaine arriver. On pourrait se dire que la vieillesse arrive aussi. Et on pourrait se dire que l'on a plus grand chose à découvrir de la vie, qu'on a fait la nôtre et qu'il suffit de suivre notre destin jusqu'au bout. Sauf que non. Ayant gardé mon esprit d'enfant, j'ai plutôt tendance à subir une crise d'adolescence de temps en temps. Et puis, vingt-sept ans c'est encore jeune non ? La preuve, beaucoup de gens n'ont pas encore d'enfant à cet âge, alors que moi oui. Cela fait d'ailleurs partie des découvertes. Disons que Carlie n'était pas vraiment désirée au départ, et qu'elle est arrivée avec sa mère du jour au lendemain... dix ans plus tard. Sa mère s'appelle Ornora. Lorsque je l'ai rencontrée, j'ai menti sur mon âge, me faisant passer pour majeur alors que je n'avais que seize ans. Honnêtement, j'avais dragué Ornora, parce qu'elle était parfaitement mon style de femmes et puis, autant l'avouer, elle était loin de me laisser indifférent. Sauf que cette aventure n'a duré qu'une nuit et que le lendemain matin je me suis échappé comme un voleur, préférant faire cela plutôt que mes parents apprenne cette liaison et portent plainte contre elle. Je les connais, ils en auraient été capables s'ils l'avait découvert. Après tout, Ornora avait touché à "leurs fils adoré"... Même si j'étais plus que d'accord pour cette relation, mon avis n'aurait pas compté, et elle aurait eu des problèmes à cause de moi.
Et dix ans plus tard, nous revoilà. Avec une fille, au passage adorable. Nous nous étions retrouvés, nous avions discutés le jour de nos retrouvailles, pour s'expliquer un peu sur toute cette histoire et surtout pour que je sache pourquoi elle ne m'avait jamais annoncé la naissance de Carlie, alors qu'il lui suffisait de composer un numéro de téléphone pour réussir à me joindre. Elle n'avait pas changé, toujours aussi belle dix ans après. Mes parents non plus n'avait pas changés... et ce n'est pas mon âge qui les avait empêché de me passer un savon. Lorsque je leur avais annoncé que j'avais une fille, j'ai bien cru que ma mère allait faire une crise cardiaque. Et j'avais ainsi eu le droit aux sermons que pourrait avoir un adolescent qui avait mit sa petite amie enceinte. Enfin, lorsque je leur avais présenté Carlie, ils s'étaient tout de suite calmés, attendris par sa bouille.
Depuis, j'ai revu Ornora et Carlie. Comme ce soir par exemple, où je l'avais invitée au restaurant pour passer une soirée rien qu'à deux, Ornora et moi. J'étais donc arrivé à l'avance au Muffy's, m'étais garé un peu plus loin puis étais revenu à pieds jusqu'au restaurant. Il faisait déjà nuit, et seuls les lampadaires et les phares des voitures éclairaient la rue. Les lumières qui venaient des magasins et des maisons également. J'avais décidé d'attendre Ornora à l'extérieur, pour que l'on rentre ensemble et que l'on se trouve plus facilement. Et je ne tardais pas à la voir arriver.
Sujet: Re: L'amour est aveugle, il faut donc toucher •• Ornora Dim 25 Sep - 15:59
Il lui avait donné rendez-vous pour un diner. Un diner au Muffy’s, rien de plus banal. En apparence, certes, mais la réalité se révélait être toute autre : rien ne pouvait être encore banal lorsque Felix était à ses côtés. Dès leur première rencontre, la norme avait été mise de côté pour la remplacer par un couple mi-majeur, mi-adulte. La blonde c’était réveillée le lendemain comme elle s’était réveillée neuf mois plus tard, à la différence près que ce second réveil équivalait à la naissance de son bébé. Sa fille. La plus belle de toutes, la plus douce, son épousée, son amoureuse et sa meilleure amie. Elle leur ressemblait. Un doucereux mariage de ses deux parents, de longs cheveux blonds entourant ses joues d’enfant. Ornora ne connaissait pas son père, elle savait qui il était mais son caractère lui restait encore inconnu, c’est pourquoi elle ne pouvait dire que Carlie lui ressemblait à ce niveau-là. Il était possible qu’elle ne ressemble à aucun des deux, d’ailleurs. Sa princesse était unique, et nullement calquée sur le modèle de ses parents. Puis dix ans plus tard, les deux amies refirent surfasse pour surprendre papa Felix dans son lieu d’habitation. Tout sauf classique, me diriez-vous ? Je suis entièrement d’accord. La suite n’en est que meilleure. Une première rencontre, une seconde, et Carlie qui peu à peu se découvre, se redécouvre dans les bras d’un père qu’Ornora, elle, n’a jamais eu. Madame Hortenss la vierge immaculée, morte à la naissance de ce fardeau de trois kilogrammes pour cinquante centimètres, ne donna aucun indice sur l’identité de ce prétendu père. Jalouse Ornora ? Elle se disait que d’un côté, la réponse paraissait positive. Mais que de l’autre.. Elle n’enviait pas les sorties Felix-Carlie, elle voulait les nuits Felix-Ornora.
Veila s’était affairée à faire garder sa tendre petite fille ce soir-là. Une nourrice bien en chair avait fait son apparition en début de soirée, et depuis, Carlie jouait au fantôme avec la bonne Anita et ses bourrelets disgracieux. De son côté, Ornora poursuivait les cintres de gauche de sa penderie de droite. Le cinquième fut le bon, et la jolie blonde se saisit de la robe. Blanche à manches longues, descendant jusqu’en haut des genoux, et d’un ivoire emplis de dentelle plus ou moins discrète selon les endroits. Ainsi, son dos serait nu et offert au désir, puis ses hanches et ses bras presque découverts. Une fine ceinture du même ton albâtre encadrerait sa taille, le brin finement relié par un nœud double-bouclé. Par-dessus ses dessous, la dite robe fut enfilée. Ornora trouva bon d’ajouter un plastron plutôt garni en doré autour de son cou, qu’elle assortit à de fins talons retenus par trois sangles autour du pied tendu de la maman qui se soir, mettait son rôle de mère au placard. Du rouge sur ses lèvres, du noir autour des yeux, ses longs cheveux blonds sur ses épaules, cascadant librement le long de son dos tenu droit. Une dernière goute de son fidèle Shalimar et Ornora prit le parka kaki d’un ancien commandant Allemand dont elle avait hérité des trésors de guerre, la posant dignement sur ses frêles mais puissantes épaules. Un dernier baiser à Carlie, puis partie.
La nuit était tombée lorsqu’elle arriva devant le restaurant. Elle marcha en direction de celui qui l’attendait, reconnaissant ses traits dans l’obscurité rendue incomplète par la faible luminosité des réverbères. Elle ne savait pas comment faire. Lui serrer la main comme à un collègue de travail ? Deux baisers sur ses joues chaudes ? Ou alors rien qu’un seul, comme avec Carlie. La dernière option fut préférée et elle l’embrassa légèrement pour ne pas le tacher de rouge et pour profiter de sa douce odeur.
Sujet: Re: L'amour est aveugle, il faut donc toucher •• Ornora Dim 25 Sep - 19:37
Pendant un an j'avais attendu et espéré qu'elle m'appelle, prenant ainsi un rôle plutôt adapté aux jeunes filles qui attendent un appel de leur petit ami et l'occasion de se racheter. Mais j'avais finalement abandonné, voyant que ça ne servait à rien d'attendre. J'avais repris ma vie de fin d'adolescent-jeune adulte comme un jeune de mon âge, ou du moins comme le reste de ma bande d'amis de l'époque : à draguer et à boire. De cette bande, un seul était resté : mon meilleur ami. C'était de toute façon le seul en qui j'avais réellement confiance. Et pour joindre l'utile à l'agréable, plusieurs demoiselles étaient passées dans mon lit. Des aventures d'un soir... sauf que celles-ci ne se terminèrent pas de la même façon qu'avec Ornora. Déjà, pas d'enfant à la sortie. Et puis nous étions tous les deux d'accord à chaque fois : elle ne m'aimait pas, je ne l'aimais pas non plus. Quand Ornora était revenue avec Carlie, quelques jours plus tard, je m'étais rendu compte que j'avais sûrement couché avec autant de filles pour oublier cette nuit. Cette nuit rien qu'à nous et qui s'est terminée trop vite. Cette nuit qui ne s'est jamais renouvelée.
Alors ce soir, j'avais décidé de l'inviter au restaurant. Pour que l'on passe du temps ensemble, et aussi pour que l'on apprenne à se connaître. Car malgré tout, nous ne nous connaissions pas vraiment. Disons... Juste physiquement. Je m'étais mis sur mon "31 décontracté", puisque je n'aimais pas avoir l'air d'un pingouin ou simplement avoir un balais dans les fesses. Alors attrapant un pantalon noir et une chemise blanche que je laissais légèrement entrouverte dans le haut, j'avais décidé de ma tenue. Juste avant de partir, j'avais refais mes cheveux en bataille, avais saisi ma veste en cuir et avais fait un dernier bisous à mon chien. Honnêtement, ce chien est ce que j'appelle "un fidèle compagnon" ! Même s'il n'apprécie pas trop lorsque je m'énerve sur un article à cause du manque d'inspiration, il reste adorable.
Je me dirigeai vers le restaurant, garai ma voiture un peu plus loin, là où une place me permettait de me glisser, puis retournai vers le Muffy's pour attendre Ornora. Elle arriva bien vite, vêtue d'une belle robe blanche et d'une parka qui la protégeait du froid. Enfin, la robe a beau être belle, je préfère la personne qui la porte. Elle s'approcha de moi tandis que j'affichai un petit sourire et je vis ses lèvres rouges s'approcher de ma joue pour y déposer un baiser. De la part de Carlie soi-disant... Mon sourire s'agrandit.
« Alors tu pourras le faire aussi de ma part. Mais... Et de la tienne, non ? Je n'ai pas le droit ? »
Je la regardai dans le yeux avec un air amusé en attendant sa réaction. Puis nous entrâmes dans le restaurant. Je la laissai passer devant moi, puis repassais devant elle pour annoncer la réservation au serveur. Il nous emmena sur une table deux personnes, dans un petit coin du restaurant. Nous nous installâmes tous les deux en même temps et je la regardai pendant un moment, avant de prendre la parole, dans mon éternel tempérament de dragueur.
« Cette robe te va magnifiquement bien. »
Je lui souris de nouveau, tout en continuant à la regarder.
Sujet: Re: L'amour est aveugle, il faut donc toucher •• Ornora Dim 2 Oct - 18:32
Il lui offrit finalement ce qui semblait être son plus beau sourire. La soirée se révélait vraiment compliquée, ne pouvait-il pas cesser de la regarder avec ces yeux là, les lèvres écartées en un large sourire ? Felix avait le don de faire grossir cette boule dans l’estomac de la jeune femme, qui lentement, mais surement, remontait jusqu’à sa gorge. Il était beau et c’était indéniable. Même si elle ne se souvenait plus exactement de leur nuit partagée il y a de cela quelques longues années, Ornora se souvenait trait pour trait de ce sourire signé Felix Moorgate. Mais maintenant il n’était plus fantôme hantant sa proie, mais bel et bien vivant devant son corps diaphane. Et de son audace bien cachée, la jeune femme lui rendit son sourire enjôleur, absorbant comme par magie ses paroles tout aussi séduisantes.
- J’attends ton baiser avant de pouvoir te donner le mien, lâcha-t-elle finalement avant de le suivre vers l’intérieur du restaurant, amusée comme rarement.
Felix eut la galanterie de la laisser devant jusqu’à ce que la table soit annoncée. Une jolie table pour deux personnes, dans un coin isolé comme elle les aimait. Ornora se détendit un peu alors qu’elle s’asseyait, croisant ses jambes dignement pour cacher la faible étendue de sa robe. Mais l’idée qu’elle soit trop courte fut bien vite supprimée à la vue des compliments de son voisin. Elle ne put retenir ses yeux de sourire et esquissa un merci presque muet. Ornora ne le quitta pas des yeux alors qu’elle se saisit du menu placé devant elle. Elle avait vu Felix la semaine précédente pour la dernière fois, venu chercher Carlie pour une journée père/fille. C’était la toute première fois qu’ils se voyaient sans l’excuse Carlie, tout du moins pour Nora.. Et c’était plutôt appréciable de ne plus avoir de prétexte à le regarder dans les yeux. La blonde quitta néanmoins ce regard pour s’attarder sur les divers et variés menus que proposait la carte. Son œil fut sans la moindre hésitation attiré par le magret présenté sur la première page. De simples pommes de terres baignées de crème fraiche suffiraient d’accompagnement et le désert viendrait après, si la faim lui restait encore au moment venu. Pas vraiment difficile en ce qui concernait la boisson, d’un geste rapide elle appela le serveur afin que Felix puisse également passer commande et choisir par la même ce qu’ils buvaient ce soir.
- Enfin seuls. Ca me fait plaisir d’être avec toi ce soir, vraiment, puis sans Carlie, enfin tu vois.. Je sais pas si tu sais comme ces dix années furent longues.
Je suis désolée de la médiocrité du truc, j'ai honte et je compte bien me rattraper.
Sujet: Re: L'amour est aveugle, il faut donc toucher •• Ornora Lun 3 Oct - 20:02
Comme Ornora ne m'avait jamais rappelé après notre seule et unique nuit ensemble, j'avais finis par abandonner, recommençant ma vie d'adolescent/jeune adulte comme je l'entendais, c'est-à-dire : amis, filles, études, dormir. C'était un peu la même vie qu'avant en fait... Je n'avais pas oublié Ornora, loin de là, d'autant plus que son image m'étais immédiatement revenue lorsqu'elle m'avait appelée il y a quelques semaines pour me demander de la rejoindre dans un café d'Arrowsic. Lorsque je l'avais revu, dix ans plus tard, cela m'avait fait un certain choc. Elle avait quand même pas mal changée, en bien d'ailleurs. Encore plus belle que lorsque je l'avais connu, alors que je pensais que c'était impossible d'être plus belle qu'elle ne l'était déjà à cette époque. Mais cela avait du lui faire aussi un choc de me revoir. Peut-être encore plus d'ailleurs. J'avais beaucoup changé physiquement : j'avais encore un peu grandit, une vraie barbe de deux-trois jours et pas deux poils qui se battent en duel, bref, un style plus homme et plus mature que lors de mes dix-sept ans. Le boulot avait aussi contribué à me faire redescendre de mon petit nuage enfantin pour me faire prendre des responsabilités d'adulte. Malheureusement. Mais il n'arrivera jamais à me faire perdre mon âme d'enfant, ça c'est certain. Quand Ornora me déposa un baiser sur la joue, soi-disant de la part de Carlie, j'affichais un petit sourire. Et elle attendit un baiser de ma part avant de m'en faire un de la sienne. Si nous continuions comme cela, nous allions passer la soirée à nous embrasser ! Alors, agrandissant mon sourire, je m'approchais d'elle comme elle l'avait fait pour y déposer un bisous sur sa joue gauche, profitant au passage de son odeur.
« Je peux en avoir un entièrement de ta part alors ? »
Un vrai gamin qui veut absolument sa récompense ! Quand je disais que j'avais gardé une âme d'enfant ! Je la laissais finalement passer devant moi dans le restaurant, puis le serveur nous conduit à notre table, laissant deux menus face à nous. Je lui fis un compliment sur sa robe, ou du moins sur la façon dont elle la portait, et elle me répondit d'un simple petit "merci" que j'entendis à peine. Puis nous regardâmes tous les deux les menus, créant un petit blanc loin d'être embêtant. Quand Ornora appela le serveur, elle se annonça le plat qu'elle voulait prendre. J'émis un petit rire en m'adressant au serveur : "la même chose". Il fallait vraiment le faire pour que nous pensions à prendre le même repas ! Le serveur dévia aux boissons.
« Qu'est-ce que tu veux ? »
J'attendis sa réponse. J'aimais beaucoup de choses au niveau boissons, alors elle allait peut-être prendre la même chose que moi, une nouvelle fois. Le serveur s'en alla, nous laissant, comme Ornora le disait "enfin seuls".
« Oui j'imagine ! Je crois que c'était surtout la première année qui était assez longue pour moi. Tu m'aurais vu, façon jeune ado en pleine déprime en face de son téléphone. »
Je souris doucement, ne sachant si elle savait que j'avais attendu qu'elle me rappelle pendant pas mal de temps. Puis j'avais laissé un peu tombé.
Sujet: Re: L'amour est aveugle, il faut donc toucher •• Ornora Jeu 27 Oct - 13:49
Ornora ne put retenir son sourire lorsque Felix lui avoua qu’il avait longtemps attendu son appel. La jeune femme était à l’époque persuadée que ce n’était qu’une nuit, qu’ils s’étaient amusés et que rien n’irait plus loin. Pour lui, comme pour elle. Mais la maternité l’a rattrapée, et en maman elle s’est transformée, sans grandes croyances à ce sujet. Des années durant elle avait gardé ce numéro tendrement caché dans une partie de sa chambre, une partie de son cœur. Ornora n’avait jamais oublié, et elle savait que Carlie était la fille de Felix, mais tout n’était pas aussi simple.
- Oh.. Tu vois, confia-t-elle, je n’avais jamais imaginé que tu puisses attendre mon coup de téléphone. Et j’ai été la plus étonnée de toutes lorsque dix ans plus tard, tu as reconnu ma voix.
La blonde baissa sa tête, caressant sa main gauche de la droite. Emue d’être là, comme s’il ne s’était écoulé qu’une semaine. Elle respira profondément l’air étouffant du restaurant pour cacher ses possibles larmes et releva fièrement la tête, obligée par le serveur et ses bras remplis de nourriture. Elle dit merci de la tête et le laissa la servir, regardant le plat qu’il installait en même temps devant Felix. Le fait qu’ils aient choisis le même plat l’amusait, mais elle n’en dit rien. Le serveur finit par verser quelques gouttes du vin que cette dernière avait choisi, puis il s’en alla en leur souhaitant un excellent repas. Enfin seuls, le retour. Nora prit son verre et parfait miroir à Felix, elle le porta à ses lèvres, esquissant un « santé » dument mérité.
- Hum, Felix ? J’aimerai beaucoup en savoir plus sur toi, sur ta vie. Je ne sais même pas tes passions, la musique que tu écoutes, comment as-tu été éduqué.. Et pourtant, nous avons une fille en commun.
Elle roula des yeux sur l’évidence avouée et reporta ceux-ci sur la personne en question, qui n’était autre que Felix. Elle voulait percer ce regard et les secrets qu’il pouvait contenir, elle voulait le savoir par cœur, encore et encore. La maman finit par prendre ses couverts et goutta son plat, laissant son compagnon perdu dans ses pensées, attendant qu’il réponde à ses multiples questions avec impatiente. N’étant pas une des plus grandes mangeuses que le monde ait pu connaitre, la belle ne finit pas son plat et le poussa devant elle, espérant que cette fois, Felix dirait quelque chose. Elle pensa à Carlie. Elle pensa à elle. Elle pensa à lui, puis vint le moment de penser à eux, enveloppés par le doux regard baigné de tendresse de la précédente.
Sujet: Re: L'amour est aveugle, il faut donc toucher •• Ornora Ven 28 Oct - 12:35
Pendant un an j'avais attendu, espéré ce coup de fil de la part d'Ornora, puis mon meilleur ami m'avait convaincu de laisser tomber. Il avait avancé le très bon argument de "j'en ai marre de te voir dépérir chez toi, sors de là et oublie-la". Il m'avait alors traîné dans les rues, et j'avais repris ma vie d'avant Ornora : fêtes, filles, amis, et parfois alcool. Une vie d'adolescent épanoui en fait. Mais aujourd'hui, tout était différent. Non seulement j'avais vieilli, j'étais devenu beaucoup plus mature qu'avant, mais j'avais aussi retrouvé Ornora... et Carlie. Quand elle m'a téléphoné, dix ans plus tard, j'avais immédiatement reconnu sa voix. Rien qu'en une soirée, elle s'était imprimée dans mon esprit comme si je l'avais connu pendant des années.
« Comment aurais-je pu l'oublier ? »
Je baissais la tête un instant tout en souriant, puis la relevais lorsque le serveur arriva avec nos plats et une bouteille de vin. Il y eut un moment de blanc pendant lequel nous observâmes tous les deux les gestes du serveur. Personnellement, je me demandais surtout combien de temps il allait mettre à nous servir, car j'étais plutôt pressé qu'il s'éloigne un peu. Il s'en alla finalement, tandis qu'Onora m'adressait un "santé" auquel je répondis par un signe de tête et un sourire. Comme un miroir, nous portâmes notre verre à notre bouche en même temps. J'avais commencé à manger comme elle m'annonça qu'elle voulait en savoir plus sur moi, sur ma vie. J'hésitais un instant, ne sachant pas trop comment commencer. Disons qu'en vingt-sept ans, il s'était passé pas mal de choses, j'avais parfois changé de passions et de goûts alors il fallait que je remette tout en ordre.
« Eh bien... Je suis journaliste artistique. D'ailleurs si Carlie ne travaille que dans les matières qu'elle aime à l'école, ça vient de moi... »
J'affichais un léger sourire, repensant à cette époque ou je ne travaillais que dans les matières littéraires et artistiques, et grâce auxquelles j'ai quand même réussi à m'en sortir, contrairement à ce que disait mes professeurs.
« Hum... J'adore voyager, passer du temps avec mes amis, sortir... Bref aller voir ailleurs. »
Je passais sous silence mes relations amoureuses ces dix dernières années. Déjà parce que je trouvais que je ne devrais pas trop parler de ça face à Ornora (après tout, cette soirée n'est qu'à nous deux, pas à d'autres filles), et puis parce que je ne me voyais pas lui dire "oui j'ai eu pas mal d'aventures"... Je terminais mon plat et repoussais mon assiette, jetant un regard à Ornora en affichant un petit sourire.
« Et toi, raconte-moi tout. »
J'avais l'impression de revivre ma première sortie père/fille avec Carlie, où l'on se posait plein de questions pour apprendre à se connaître.
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