Le programme de Lenny à Arrowsic était toujours un peu le même. Dès qu’il avait du temps, sa principale occupation était de grimper dans son van, et de rouler… rouler sans toujours savoir où il allait d’ailleurs. Son van, c’était sa façon à lui de se sentir libre et sans attaches. Il pouvait conduire où il voulait, quand il voulait et ne dépendant plus de personne dans ces moments-là. Mais ce qu’il préférait par-dessus tout, c’était de se retrouver seul ou presque. Lorsqu’il était au beau milieu de la forêt, les chances de croiser une foule telle que celle qui se pressait dans les rues d’Arrowsic étaient minces et c’était très bien comme ça. Pourtant, Lenny ne vivait pas dans une de ces mégapoles où l’air devient irrespirable et où il est impossible de faire deux pas sans bousculer quelqu’un ! Il se savait de toute façon totalement incapable de cohabiter avec autant de gens à la fois, il tenait bien trop à sa tranquillité et à sa solitude.

La météo n’était pas spécialement au beau fixe mais qu’importe, le jeune homme décida quand même de quitter son appartement. A chaque fois, il ne savait pas s’il le quittait pour quelques heures ou pour quelques jours… mais il pouvait compter sur Rudy pour s’occuper à la fois de John, et des plants qui poussaient sur son petit balcon. Dans ces cas-là, il devait avouer que c’était bien pratique d’avoir un frère comme lui… Enfilant une veste par-dessus son t-shirt et attrapant ses clés, Lenny se retrouva dehors à peine cinq minutes après avoir décidé de partir. Avec lui, c’était toujours comme ça. Il avait horreur des emplois du temps bien cadrés et des horaires à respecter. Il tenait à son indépendance, et appréciait particulièrement le fait de ne pas se préoccuper du temps. A bord de son véhicule, la première chose qu’il fit fut de mettre en route l’autoradio. Et quoi de mieux qu’un vieux CD de Marley pour entamer cette excursion ? C’était terriblement cliché, Lenny le savait mais il n’en avait rien à faire. Même si les gens se retournaient souvent sur son passage, le jeune homme semblait ne même pas les remarquer.

Dans les rues de la ville, quelques personnes se baladaient, avançant lentement en examinant chacune des vitrines qu’ils trouvaient sur leur chemin. Mais tout à coup, au milieu des passants, Lenny sembla reconnaître une silhouette qui lui était familière. Un sourire éclaira alors son visage, et il stoppa son van quasiment à la hauteur de la jeune femme en question. Il bloquait la route ? Et alors ? C’était bien le dernier de ses soucis. Lenny se contorsionna pour ouvrir la fenêtre côté passager et s’écria : « Lha ! Ca fait un bail ! Ca va ? » Un coup de klaxon derrière lui lui signifia alors que les autres automobilistes n’appréciaient pas forcément qu’il se mette à parler de la pluie et du beau temps au milieu de la route. En esquissant une grimace, le jeune homme regarda rapidement dans son rétroviseur, et il leva les yeux au ciel en découvrant un homme en train de faire des grands gestes l’incitant à se garer. Mais au lieu de ça, Lenny se retourna une nouvelle fois vers son amie en souriant, et lui fit signe de monter avec lui à bord du van. « Viens, monte !»