Pourquoi vous êtes là ? Vous m’avez acheté un poney ? ♣ HOUSE.MD
ft. EDDIE &&. SUE
2012, Sutton's appartment.

Blottie au fond du canapé, couverture jusqu'aux épaules et tête cachée derrière ses genoux, le regard de Sutton-Rooney ne décollait pas une seconde de l'écran. Étant seule ce soir, elle avait décidé de se faire un petit plaisir et de regarder un de ses films favoris. Pour ce faire, elle avait commencé par rouler un joint, avant de lancer Shining. Le meilleur film d'horreur de tous les temps, selon elle. La jeune fille avait beau l'avoir vu une dizaine de fois, elle frissonnait, découvrait et était prise dans le film comme lors du premier visionnage. C'était ça qui était beau, pour elle, dans le cinéma de Kubrick : il y a toujours des détails, des sous-entendus, des invitations, que l'on trouve à chaque fois que l'on redécouvre l'un de ses films. Et Shining, god, c'était l'apogée. « Bordel de merde ! » En venait le moment le moment proche de la fin, où le flamboyant Jack Nicholson découpe la porte à coups de hâche, et l'image célèbre de son visage passant à travers la brèche créée. Il est inutile de préciser que Sue, la petite chose, s'est cramponnée à ses genoux,comme on agrippe à une corniche au dessus du vide, pendant toute la fin. Si bien que quand vint le moment pour elle de bailler aux corneilles, elle était surexcitée. Elle avait beau être fatiguée, elle eut énormément de mal à s'endormir. Non qu'elle était apeurée à l'idée qu'un monstre se cachait sous son lit, mais le film tournait encore et encore dans sa tête. Quel bon film !
Saleté de destin. Au moment pile où Morphée l'emporta dans sa ronde, la sonnette de la porte résonna dans l'appartement. Elle n'eut même pas le courage de rouvrir les yeux pour s’enquérir de l'heure, et préféra se caler un peu plus sous les couvertures. Seulement, l'invité surprise était persévérant, et il sonna une seconde fois. Elle se leva d'un bond, bien décidée à dire ses quatre vérités à l'importun. Elle ne jeta pas un regard à l'horloge, ni à la glace, et ne prit même pas la peine de se couvrir.
Résultat, lorsqu'elle ouvrit la porte, elle avait les yeux mi-clos et les cheveux en bataille. Pas très accueillant. Lorsqu'elle vit son ami son agressivité disparut pour laisser place à un petit sourire au coin des lèvres. Visite surprise. Bien que le voir lui faisait plaisir, elle détestait ce surnom. "Razebitume". Humiliant. Ridicule. Mais comme à son habitude, elle fit mine de ne pas le remarquer, bien qu'elle savait pertinemment que son ami n'était pas dupe là dessus. Il adorait la voir rager de l'intérieur et se montrer imperturbable à ce sujet à l'extérieur. Lorsqu'il lui demanda si elle compter le laisser sur le pas de la porte toute la nuit, elle se rendit compte qu'ils étaient toujours plantés là. Elle lui fit un signe de tête, pour lui indiquer qu'il était le bienvenu, et le précéda dans l'appartement. « C'est pas croyable. Y a vraiment qu'toi pour venir sonner chez les gens à une heure pareille ! » lança-t-elle alors qu'elle se dirigeait vers sa chambre, afin de se couvrir d'un petit gilet et de récupérer de quoi attacher ses cheveux en bataille. Elle laissait son ami derrière lui, fermer la porte et faire à son aise dans le salon. Elle ne prit que quelques secondes à faire tout ça, ce qui fit que lorsqu'elle se montra dans la pièce, le jeune homme venait à peine de prendre place sur le canapé. De façon tout sauf féminine, elle se posa à ses côtés sur le sofa à la manière d'un mammouth s'asseyant sur des œufs. « Bon qu'est-ce qui t'arrive minicat ? T'as enfin trouvé la réponse à l'énigme de la semaine dernière ? » osa-t-elle en commençant à se rouler une cigarette, toute ouïes sur son ami. Quant à l'énigme, ou plutôt la "question humoristique", elle en était complètement inintéressante, mais saupoudrée d'un humour non moins spécial que plutôt très... personnel : "Quel est le point commun entre un lapin et un pneu ?" Et il devait sûrement l'avoir déjà bien oubliée...

Pourquoi vous êtes là ? Vous m’avez acheté un poney ? ♣ HOUSE.MD
ft. EDDIE &&. SUE
2012, Sutton's appartment.

Sutton-Rooney s'arrêta net dans son roulage de cigarette. Comment ça son énigme était pourrie ? Elle arqua un sourcil, et fit la moue à son ami. Certes, ses blagues n'étaient ni très évoluées, ni hilarantes. Mais tout de même, de là à dire qu'elle était pourrie, il y allait un peu fort quand même. Elle marmonna un « Les deux sont en caoutchouc, mec, sauf le lapin... » à peine audible. Elle y tenait, à son énigme elle. Puis elle se remit à l'ouvrage. Cigarette presque terminée dans les mains, oreilles sur les mots de son ami, et regard passant de sa clope à son voisin. Quel travail, à une heure pareille.
Puis la conversation changea du tout au tout. Alors que la jeune fille allait demander à son ami dans quelles genres d'emmerdes il s'était encore fourrées, celui-ci posa ses yeux sur le dvd qui trainait sur la table. « Ah ouais mec, non mais j'te jure. Si un jour je croise Nicholson dans la rue, j'le viole. Même si il doit avoisiner les cent vingt-deux ans aujourd'hui... » avait-elle presque hurlé, complètement surexcitée à la pensée de cet acteur qu'elle idolâtrait. Elle exagérait sûrement un tout petit peu, il devait plus avoir dans les quatre-vingt que dans les cent vingt ans, mais peu importe. Le viol de Jack Nicholson n'était pas vraiment le sujet de la discussion là. Et puis, Edward allait la trouver encore plus bizarre qu'elle ne l'était déjà. Il fallait limiter les frais.
Afin de détourner la conversation de cela, et parce que la présence de son ami l'intriguait, voir l'inquiétait, elle lui sourit, alluma sa cigarette et se risqua à poser la "question qui tue" « Eddie, sincèrement, qu'est-ce qui t'arrive mon pote ?... ». Elle l'appelait rarement par son prénom, ou par ce surnom très usuel. Sue ne l'utilisait que lorsque le ton était sérieux, qu'elle s'inquiétait pour lui. Elle ne voulait pas qu'il déprime, en pensant à tout ça, mais elle avait besoin de savoir. Il lui dirait ce qu'il aurait envie, lui avouerait tout ou pas, à son bon vouloir. Elle ne pourrait sûrement pas l'aider, pas le consoler, elle n'était pas douée pour ça. Mais elle voulait tout de même essayer. Être plus qu'une simple spectatrice de son malheur.
Elle fronça les sourcils, tout en affichant un petit sourire sincère aux coins des lèvres, lorsqu'il lui répondit qu'il avait besoin d'un toit. Ses soucis étaient sérieux, apparemment. N'était-il pas censé habiter avec sa copine, dont il était fou amoureux ? Ah les peines de coeur... saleté de Cupidon. Sutton avait toujours détesté ce chérubin à flèches. L'amour était une illusion. « Bien sûr mon pote. Mon humble masure est tout à toi. Seulement, il y a une règle, et tu la connais... » lança-t-elle afin, à la fois de détendre la conversation, mais aussi pour lui rappeler la règle d'or qui pesait dans son appartement. Une règle étrange, mais qu'il connaissait. « ... Ne jamais me parler quand je suis au pipi-room. Sinon je te casse en deux, tu te souviens, hein ? » prononça-t-elle sur un ton à la fois très sérieux et amusé. Allait-il lui répondre sur un ton aussi léger ? Ou lui parler de ses soucis ? Peu importe, elle s'adapterait tout aussi bien. Après tout, elle connaissait son ami par coeur, mais là elle ne saurait deviner...

Pourquoi vous êtes là ? Vous m’avez acheté un poney ? ♣ HOUSE.MD
ft. EDDIE &&. SUE
2012, Sutton's appartment.

Elle attendit qu'il finisse de parler, que tous ces mots s'arrêtent de couler de sa bouche. Il n'y avait pas grand chose, une simple phrase, qui parut une éternité pour Sutton. Trois mots tournaient en boucle dans sa tête "Izzie et Tyler, Izzie et Tyler, Izzie et Tyler". Comment avait-elle pu faire une chose pareille ? Elle ne voulait demander à Edward. D'abord parce qu'il ne devait sûrement pas savoir, mais en plus, il était inutile de s’épandre là dessus. Sa mine triste blessait Sutton, au moins autant que de savoir tout cela. Eux qui semblaient être le couple parfait. Les deux seules personnes en lesquelles Sue croyait. Les deux qui lui faisaient penser que l'amour existe, venaient de se séparer. Iziie-Kate avait l'air d'une fille bien, pourtant... Pourtant elle a couché avec Tyler! Pourquoi ? Non seulement elle était dégoûtée pour son ami, mais en plus, elle sentit une pointe de jalousie monter en elle. Mais non, ce n'était pas de la jalousie, c'était juste de l'énervement, oui, juste de la colère. Elle n'en voulait pas à Izzie d'avoir touché à Tyler, mais d'avoir trompé Ed'. Avec n'importe qui, cela aurait été pareil à ses yeux. Tout de moins, c'est ce dont elle essayait de se persuader. Elle avait des sentiments étranges envers Ty', même si elle ne voulait l'admettre... Mais ceci est une autre histoire.
Elle se concentra sur son ami, et lâcha un « Holy shit. » sec en levant ses fesses du canapé. Ses illusions étaient perdues, l'amour n'existait donc réellement pas. Et pour faire passer la pilule, elle avait besoin d'un verre. D'ailleurs, elle pensait bien qu'un coup d'alcool ferait le plus grand bien à son ami. Elle se dirigea vers le meuble où elle stockait toutes ses bouteilles. Faisant mine quelques secondes de réfléchir, elle lança à son ami, d'un ton amusé « J'te demande pas c'que je te sers. Je sais c'que t'aime minicat ! ». Elle revint s'asseoir à ses côtés une fois les deux verres servis, lui tendit le sien et leva celui qui restait dans sa main. Ils trinquèrent, et elle avala d'une traite la boisson.
Lorsqu'il changea de sujet en relevant la règle d'or, elle pensa que c'était une bonne idée, autant pour lui que pour elle. Sue n'était pas le genre de fille à être très douée pour réconforter les gens, elle ne savait jamais comment s'y prendre. Et pour Ed', c'était inutile de s'épleurer sur le drame. Autant profiter de la nuit qui s'annonçaient à eux. Elle ria, à son allusion perverse, et se releva une seconde fois. Même ritournelle. Elle resservit deux verres, et continua sur la lancée « Hmm... Non. Attends, c'est un tue l'amour ça ! Pire que les chaussettes ! ». Elle revint s'asseoir, et au moment où ils finirent leurs boissons pour la seconde fois, elle pensa que plutôt que de se lever encore et encore et encore, elle ferait bien mieux de rapporter la bouteille près d'eux. Ce qu'elle fit à la seconde suivante. « Oh putain ! Moi qui avait décidé de ne pas boire ce soir ! Pour une fois... » prononça-t-elle sourire jusqu'aux oreilles, yeux pétillants et finissant son verre pour la troisième fois en quelques minutes.

Spoiler:

Pourquoi vous êtes là ? Vous m’avez acheté un poney ? ♣ HOUSE.MD
ft. EDDIE &&. SUE
2012, Sutton's appartment.

Un rire sincère et incontrôlable s'échappa de ses lèvres lorsqu'il l'appela "Docteur Sue". Elle ? Doc' ? Elle trouvait ça tellement saugrenu qu'elle ne put prendre au sérieux plus de cinq minutes ce qu'il avait dit. Non seulement c'était drôle, mais au delà de ça, elle était incapable d'avoir autant de responsabilités qu'un médecin. La preuve, elle était femme de ménage. Le stress et un vrai job, très peu pour elle. Et puis même, elle n'était pas douée pour réconforter les autres, trouver la façon de leur faire oublier leurs soucis, même le temps de quelques heures. Alors que Ed' la surnomme affectueusement "Docteur" la...
Mais soudain, elle se rendit compte que son esprit la transportait loin. Beaucoup trop loin, et qu'il fallait qu'elle revienne à ses moutons. Elle se racla la gorge, haussa les sourcils d'un air grave et prit un air faussement sérieux et hautain pour lui répliquer. « Ah ah, si j'étais toubib, je prescrirais l'alcool pour toutes les pathologies. On a beau dire, avec les piquouses et les antibios, mais on ne me fera jamais croire que l'alcool n'est pas le remède miracle ! » c'était sérieux, dans le fond. L'alcool c'était vraiment magique. Mais étant incapable de mentir ou de tromper, elle ne put rester sérieuse bien longtemps. Ses lèvres étaient pincées, tentant de retenir un rire. Sue avait grand mal à rester de marbre, ses yeux la trahissaient également. Mais tout sourire s’effaça d'elle lorsque son ami lui prit son verre des mains. Elle était presque outrée. Quoi ? Que voulait-il ? Quel malotru ! « Eeeeeeeeeeeeeeeeeh rends moi mon verre ! » hurla-t-elle à travers toute la pièce. Lorsqu'il arqua un sourcil et commença à tâter le goulot de la bouteille, son regard se remit à pétiller. L'appel de l'alcool. Sutton était vraiment trop dépendante à ça. Elle allait sûrement mourir avant trente ans, ronde comme une barrique, et on a la retrouvera au fond d'un caniveau. Mouaah, advienne que pourra, aimait-elle à se répéter pour s'empêcher de songer à son avenir, qui s'annonçait des plus ombrageux. Gentil garçon, une fois sa gorgée prise, il la tendit à la jeune fille, qui ne se fit pas sous-entendre deux fois qu'elle pouvait se servir à son tour. Lorsqu'elle porta le goulot à ses lèvres et commença à pencher la bouteille, son ami lui rétorqua quelque chose qui ne lui fit pas du tout plaisir. Si bien qu'elle ne prit aucune gorgée avant de froncer les sourcils et de le regarder droit dans les yeux. « J'te demande pardon ? Coincée ? Moi ? Coincée ? Tu dois te tromper de personne branquignol ! » Elle était sérieuse, et remontée. Ce coup-ci elle porta à nouveau la bouteille à sa bouche, et prit une gorgée. Elle fit ensuite mine de lui tendre le whisky, mais en lâchant un petit rire, elle reporta la bouteille à ses lèvres avant qu'il n'ait eu le temps de l'attraper. Elle sentit la moue boudeuse de son ami se poser sur elle, alors qu'elle s'enfilait les gorgées. Mais elle s'en foutait, c'était trop bon. Enfin, elle s'enclint à lui rendre le Saint-Graal. « Très bien. Et c'est quoi l'enjeu ? » demanda-t-elle, les yeux rivés sur la table basse, à la recherche de son matos. Elle avait besoin d'un joint. Tout de suite. C'était pour couronner le tout. Couronner d'or cette longue nuit qui s'annonçait. Et plutôt bien, finalement. Une fois le matériel en main, elle commença à rouler son pétard. Et une fois celui-ci finit, lorsque son ami lui retendit la bouteille, elle poussa un cri. Vide ! Elle était vide ! Salaud, il allait lui payer ça. Elle se leva d'un bond, joint au bord des lèvres, un œil fermé à cause de la fumée, et en ouvrant son buffet, elle prit autant de bouteilles qu'elle put en porter. Violemment, elle vint les poser une à une sur la table, ne quittant pas Edward des yeux. « Je vais te faire mordre la poussière, sale poulpe à poils courts ! » lança-t-elle avec un petit rire machiavélique, et un regard noir et amusé à la fois. Bien décidée à en découdre avec ce fils à papa.