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 Because you need that one person that won't judge you - Ferny & Matanuska

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Fernando Gautier-Perez
Fernando Gautier-Perez
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MessageSujet: Because you need that one person that won't judge you - Ferny & Matanuska   Because you need that one person that won't judge you - Ferny & Matanuska EmptyMar 6 Nov - 3:31

C'est mardi. C'est seize heures. L'heure du thé. L'heure Matanuska. Le rendez-vous hebdomadaire. Ca fait des mois, des mois que sans rien dire je me pointe chez elle. Des fois j'amène un cake, des fois j'amène des fleurs, des fois j'amène juste mon sourire et ma bonne humeur. Bref, je viens. Je viens chaque semaine - ou presque - prendre de ses nouvelles et lui créer un lien avec le monde extérieur. Mata, une femme adorable, et incomprise. Une femme qui a trop aimé un homme, et qui se fait aujourd'hui détester pour ça. Comme tout le monde à Arrowsic, je connais l'histoire, mais ça ne m'a jamais déranger. Je ne juge pas Mata par les actes qu'a commis son frère, je ne le ferai jamais. La seule chose que les gens reprochent à la jeune femme ? Avoir trop aimé son frère, oui, trop aimé son frère et lui avoir trop fait confiance. Je trouve ça stupide. Les gens sont stupides. Les gens sont mesquins. Les gens parlent, ils parlent beaucoup. Les rumeurs se tissent, les rumeurs se créent, les rumeurs détruisent tout sur leur passage. Comme les tempêtes. Oui, les rumeurs c'est comme de grosses tempêtes. Elle démarrent doucement, tout doucement. Elles tournent un peu en rond. Elles s'emplifient un peu. Puis beaucoup. Puis énormément. Et elles tuent.

Je suis en retard, un peu, beaucoup, en retard. Je presse le pas. J'accélère. Ma respiration se fait plus haletante. Ca fait au moins trois semaines que j'y suis pas allé. Aucun signe de vie. Pas un message. Rien. Elle n'a pas pris de mes nouvelles. Je la souçonne d'avoir eu peur que je la laisse tomber, moi aussi. Elle a pas assez confiance en les gens, Mata. Mais je la blâme pas, au contraire, je la comprends. Elle a du croire que je m'étais fait retourner le cerveau par tous ces imbéciles et que, dorénavant, je n'oserai plus l'approcher. Oh, mensonge. C'est juste que... Ces dernières semaines ont été particulièrement spéciale avec le décès de ma mère, avec Kai, le voyage en Suisse, Jonhson qui se fait virer, et finalement... La fusillade. Ca aussi, c'était une raison suffisante pour aller la voir, juste vérifier, que ce jour là elle n'étais pas sortie. Je sais qu'elle ne sort jamais, mais dans le doute, je préfèrai en avoir le coeur net et surtout, la rassurer à mon sujet. Je vais bien moi aussi.

J'y suis enfin. Je m'arrête quelques secondes devant la porte. Je reprends ma respiration et je toque. Elle ouvre instantanément. Comme si elle m'attendait déjà devant la porte, prête à m'accueilir. « Hey ! Comment ça va ? » Sans attendre qu'elle m'invite à rentrer, je m'incruste à l'intérieur, constatant que rien n'avait changé depuis la dernière fois. « J'ai apporté des cupcakes ! C'est moi qui les ai fait ! » dis-je en montrant fièrement mon tupperware renfermant l'art culinaire que m'avait enseigné Rudy. J'observe un petit sourire gêné sur son visage. Je ne peux m'empêcher de remarquer à quel point ma venue semble inattendue pour elle. Ca ne m'étonne pas, je m'y attendais. Un peu gêné, moi aussi du coup, je me dirige vers le canapé où je m'installe comme si j'étais chez moi. « Alors quoi de neuf ? » Question débile, étant donné que sa situation n'avait pas l'air d'avoir changé en trois semaines et la vie recluse dans un petit à appartement d'Arrowsic n'est pas tout ce qu'il y a de plus intéressant. J'essaye juste d'orienter la conversation sur un autre sujet que moi, car je veux absoluement éviter le "Mais t'étais passé où pendant tout ce temps au juste, Fernando ?". C'est pas forcément le bon moment pour lui dire que jusqu'ici j'ai menti à tout le monde, que je me suis inventé une vie, un passé et que j'ai passé toutes ces dernières semaines à pleurer la mort de ma mère qui, selon mes dires, était sensée être déjà décédée depuis des années...
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MessageSujet: Re: Because you need that one person that won't judge you - Ferny & Matanuska   Because you need that one person that won't judge you - Ferny & Matanuska EmptyDim 18 Nov - 15:20


Mat' est assise devant sa fenêtre et elle attend, comme elle sait si bien le faire. Passive, comme toujours. Impuissante, incapable de se lever et de dire non. Non à cette ville à l'air empoisonnée de préjugés, de haine, de stéréotypes. Elle en a tellement assez d'être jugée, détestée, tout ça parce qu'elle a osé soutenir son frère jusqu'au bout. Sûrement que si elle l'avait envoyé en hôpital de suite après son accident, tout le monde l'aurait traitée de lâche incapable de s'occuper de ses proches, abandonnant son propre frère. Dès que le monde à l'occasion de faire un bouc émissaire, il n'hésite pas.

Mat' s'est fourrée dans la tête que quoi qu'elle fasse, ce ne serait jamais bien. Vision pessimiste, mais pas si fausse qu'on ose l'espérer. Alors elle ne fait rien, et attend. Elle pourrait changer de ville, aller quelque part où personne ne la connaît, mais elle n'ose pas sortir de cet état de léthargie dans lequel elle est installée depuis trop longtemps. Alors elle fait avec, et regarde le monde vivre quand elle se contente d'exister.

Aujourd'hui, on est mardi, et comme tous les mardis elle est postée derrière ses rideaux, le front appuyé sur la vitre glacée de sa fenêtre, son souffle y formant un petit nuage de buée. Elle attend Fernando, tout en sachant d'avance qu'il ne viendra pas. Qu'il ne viendra plus. Pendant quelques temps, il avait été son ami, puis il l'avait oubliée. La première semaine où il n'était pas venu, elle avait mis cela sur le compte de la vie remplie du jeune homme. La deuxième sur ses études. Ce n'était qu'à la troisième semaine que Mat' avait compris qu'il l'avait tout simplement oubliée. Comme la plupart des habitants d'Arrowsic. Jamais elle ne l'avait appelé. L'idée ne lui avait même pas effleuré l'esprit, pour tout dire. La solitude était pour elle une fatalité qu'elle avait pleinement acceptée, et a laquelle elle n'avait pas envie de tenter de remédier.

L'habitude de rester postée à la fenêtre ne l'avait pas quittée pour autant. Elle regardait les passants déambuler dans les rues, et s'imaginait dans leur peau. Elle se demandait comment était leur vie, et cette existence par procuration lui suffisait.

Son regard s'accrocha sur une silhouette familière, et elle eu un sursaut. C'était celle qu'elle avait attendue depuis des mois. Enfin Fernando était là. Elle se leva d'un bond, regardant le jeune homme se diriger vers l’immeuble dans lequel elle habitait. Son cœur battait à la chamade. Il ne l'avait pas oubliée. Toute souriante, elle se plaça derrière sa porte, prête à ouvrir dès que Fernando y frapperait.

Mais les secondes s'égrènent et le sourire de Mat' disparaît. Elle entend les pas de son ami se rapprocher, mais elle recule d'un mètre. Elle ne veut plus lui ouvrir. Elle ne veut plus passer tous ses mardis à l'attendre. Elle ne veut plus lui redonner ce pouvoir. Elle en a assez d'être prise pour cette petite chose qu'on brise et qu'on reprend quand on en a besoin.

Sa mâchoire se contracte et pour la première fois depuis des années, elle sent la colère l'envahir. Elle avance vers la porte, et en attrape la poignée, prête à exploser dès que Fernando oserait toquer. Les pas se rapprochent encore, puis s'arrêtent.

Et elle explose. Elle ouvre la porte à la volée, une série de mots durs ne demandant qu'à dévaler ses lèvres. Et tout ça disparaît d'un seul coup quand elle voit le visage souriant de Fernando. La rage qui l'habitait une seconde plus tôt disparaît complètement quand elle entend sa voix bienveillante. Elle éclate en sanglots, et n'entend même pas les derniers mots de son ami quand il passe le pas de sa porte.

C'est trop d'émotion en trop peu de temps pour Mat', à la vie tellement monotone qu'elle en est venue à oublier qu'on peut ressentir autre chose que de la solitude et de l'ennui. Surprise, puis joie, et enfin rage. Trop de sentiments en à peine deux minutes, lorsqu'elle n'a rien éprouvé depuis des mois.

Mat' regarde Fernando, à travers les larmes qui lui embrument les yeux. Elle ouvre la bouche, mais pour dire quoi ? L'engueuler ? Le remercier de ne pas l'avoir laissée pourrir seule dans son appart' une semaine de plus ? Lui faire des reproches ? Lui dire qu'il lui a manqué ?

« Ça fait neuf semaines que je suis toute seule. Je les ai comptées. » Ce n'est pas un reproche. Une simple affirmation. Fernando l'a oubliée pendant neuf longues semaines.
© Belzébuth



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MessageSujet: Re: Because you need that one person that won't judge you - Ferny & Matanuska   Because you need that one person that won't judge you - Ferny & Matanuska EmptySam 24 Nov - 20:37

Je frappe à la porte un peu naïvement, pensant qu'il suffit de me repointer avec le sourire pour effacer l'absence, pensant qu'il suffit d'être sympathique pour éviter les questions. Mensonge ! Je suis bien stupide parfois. Et je regrette, je regrette immédiatement mon comportement après avoir toquer une première fois. Mata n'est pas longue à ouvrir la porte. Je lui sers mon sourire, mes cupcakes. Elle fond en larme, juste comme ça. J'approche de quelques pas. Je referme la porte derrière moi. Je pose les gâteaux sur la commode de l'entrée et j'attrape mon amie dans mes bras. Je l'attire contre moi et je l'entends murmurrer: « Ça fait neuf semaines que je suis toute seule. Je les ai comptées. » C'est vrai. Ca fait neuf semaines que je ne me suis plus pointé. Neuf semaines que j'étais loin, que je n'ai pas écrit, que je n'ai pas pris de ces nouvelles. Et le pire, c'est que je n'y ai même pas vraiment pensé. J'étais occupé, très occupé même par ma vie et mes problèmes. Mais je m'en veux. Parce que Mata n'a personne. Mata est seule et je me dois d'être là pour elle. J'ai promis. J'ai promis et elle ne m'a jamais cru. Quelque part, elle avait peut-être raison de ne pas me faire confiance, mais je voulais lui prouver qu'elle avait tord, et j'avais échoué.

Je passe ma main dans ses cheveux. « Je suis désolé, j'aurai du prévenir. » C'est vrai, c'est le minimum en général. Juste prévenir, juste dire qu'on ne pourra pas le faire cette fois-ci mais qu'on remet ça à la prochaine fois. La première semaine, je m'étais pas tellement inquiéter. C'est déjà arrivé que je loupe un de nos rendez-vous sans rien dire, c'était pas grave. Je pensais que de toute façon, j'irai la semaine d'après. Puis ma mère est décédée, et là tout s'est enchaîné. Kai, le voyage en Suisse, la fusillade, Anton, Ella, ma vie ne ressemblait plus à rien, elle ne ressemblait plus qu'à un enchaînement d'évènements plus improbable les uns que les autres. « J'ai été très occupé... » dis-je lentement, comme si ça allait tout expliquer. Evidemment, Mata avait besoin d'en savoir plus, de comprendre pourquoi je n'étais pas venu. Ou peut-être qu'elle n'en avait pas besoin, peut-être bien qu'elle préférait ne pas savoir. Moi, quelque part j'avais besoin de lui dire, de lui expliquer, je voulais qu'elle comprenne que ce n'étais pas elle le problème, que je ne l'avais pas abandonné, que j'avais mes raisons. Mais lui dire équivalait à lui avouer que j'avais menti au sujet de mon passé... Même si, peu à peu, je commence désormais à en parler, je ne me sens pas encore totalement en confiance pour tout révéler à tout le monde du jour au lendemain. Même si, à Mata, je peux tout lui dire, même si c'est triste à dire, elle n'a pas grand monde autour d'elle à qui elle pourrait le répéter. J'ai surtout peur qu'elle soit blessé de mon mensonge à vrai dire.

« Je suis là maintenant, arrêtes de pleurer s'il te plait. » Je m'écarte doucement de ses bras pour la regarder. Elle semble vraiment atteinte. Même si elle ne l'avoue pas, je sais que la solitude lui pèse. Elle est peut-être habituée, mais je sais très bien que personne ne peut resté seul indéfiniment. Et donc là, je me promets de ne plus jamais la laisser aussi longtemps. Plus jamais.
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