« l'assurance ; 11 ans » Jambes croisées, corps rétracté et enfoncé sur le canapé, le regard droit devant, plongeant dans l'écran comme pour entrer dans la télévision. L'émission était stupide mais elle demeurait divertissante. Dans la pièce à côté, on pouvait entendre ma mère préparer à manger. Elle était fière, rapide et cachait surement son stresse. Il faut dire que c'était tout un évènement: Noel. Et nous étions arrivés à Arrowsic depuis à peine un an. Nous nous y étions faits rapidement, surtout que mes parents y avaient déjà habité avant de m'adopter en Australie. Je n'avais rien laissé ou abandonné, à part quelques amis d'enfance mais rien de bien sérieux. Ils ne me manquaient pas, ni même ma ville natale. Arrowsic, un nouveau départ simple et tranquille qui ne ruinait absolument pas l'harmonie de notre famille. Au contraire, elle renforçait les liens vu que je me rapprochais de ma famille adoptive et m'éloignait de ma famille biologique, si elle existait encore. Pour un gamin adopté et qui change de continent après dix ans de vie, je m'en sortais très bien. Aucun traumatisme, et même cette période de Noel semblait ordinaire. Des pas dans la cuisine s’accélérèrent jusque dans le salon. Doucement, je levais les yeux et vis ma mère dans un tablier de cuisine, s'avançant vers moi le sourire aux lèvres. Elle baisa ma tempe, évitant de me toucher avec ses gants de cuisine encore chaud d'avoir enlevé le plat du fou. L'odeur se répandait dans la maison, envahissait nos narines en les titillant. Je me mis à glousser, et regardant ma mère me lâcher progressivement, je lui souris avec un air légèrement mesquin. Elle devait lire ma faim inconditionnel qu'alimentait ce que dégageait son mets puisqu'elle m'annonça que le dîner allait être servi dans une demi-heure. Soudain, une forme agitée arriva à ma hauteur, sautant sur le canapé pour me serrer dans ses bras. Je me débâtais doucement, chatouillant l'assaillant comme je pouvais qui se mit à rire. Laisse ta cousine tranquille. Mes paupières clignèrent une dizaine de fois et, écarquillant mes yeux, je rétorquai. C'est elle qui a commencé. Effectivement, il fallait préciser que mon père était absent, occupé par quelques dossiers à trier, mais qu'il n'allait pas tarder puisque son frère était arrivé avec sa femme, leur fille et leur fils. Les tourtereaux était à table, discutant de leur fille chérie. Elle venait d'ailleurs d'échapper à leur contrôle afin de me retrouver sur le canapé alors que son frère dormait doucement à côté de moi. Alors que ma mère retournait aux fourneaux afin de terminer de perfectionner le repas, les parents de ma cousine nous regardèrent comme heureux de nous voir nous entendre aussi bien. Installée confortablement contre moi, elle se mise également à fixer la télévision, prise par cette émission étrange qui semblait captiver le regard comme des aimants. Noel s'annonçait bien, et même si ces gens ne m'étaient pas encore familier à cent pour cent, à force de les voir, je les considérais comme ma famille. Ma vraie famille.


« la débauche ; 15 ans » Un grognement à peine audible fut la seule chose que je pus dire sur le moment. Contrairement à moi, "elle" était en forme. De si bon matin, j'avais beaucoup de mal mais au moins, le réveil était intéressant. Allongé confortablement dans son lit, son corps recouvrant le mien tandis qu'elle bougeait doucement. Elle cherchait à me taquiner, je le sentais. Elle semblait déjà de bonne humeur. Fronçant légèrement les sourcils, j'ouvrai progressivement mes yeux et discernait les traits de son corps. Elle avait relevé la couette sur elle, lui tombant jusqu'au bas de son dos pendant qu'elle baisait mon ventre de doucement, chatouillant mon épiderme de sa langue, faisant le tour de mon nombril comme si son la lame de sa bouche conduisait un véhicule et que mon nombril était le centre d'un rond point. Mes poils se dressaient sous la sensation que cela me procurait, un mélange d'excitation et de sensibilité de peau. Je saisissais doucement ses bras de mes mains, la tirant plus proche de moi. Ses cheveux tombait sur mon crâne, ondulant derrière ma nuque tandis que nos visages se faisaient face. Un rictus apparut sur son visage alors que dans un sourire flatteur je m'emparai de ces lèvres, goûtant le nectar de sa bouche avec une infinie gourmandise. Nous devions avoir l'air amoureux alors que nous étions seulement deux bêtes. Et à l'image de deux bêtes, nous étions nus, désireux d'assouvir simplement nos besoins. Cela paraît de suite moins romantique mais nous n'étions qu'amusement. Elle était la deuxième adolescente avec qui je couchais, après ma première véritable petite amie que j'avais quitté sans regret. Il faut croire que l'amour que je porte en moi est seulement familial et amical, et qu'il ne se prêtera pas au jeu de l'amour passionnel. Je ne le voulais pas, et je n'y pensais même pas. "Elle" non plus d'ailleurs. Une fois nos lèvres séparées, nos regards se croisèrent. L'étincelle dans nos yeux se firent échos. La même idée, le même désir venait d'être échangé dans un simple regard. Et de si bon matin, nous réitérâmes l'acte du soir passé. Encore un simple échange où la recherche du plaisir prône sur le désir de plaire. Nous nous plaisions, cela était suffisant, cela se voyait, se ressentait. Ma réputation se forgeait. Je n'étais pas un collectionneur, ni même un séducteur. Je prenais mes coups de coeur parmi mes fans et comme un acheteur, j'ajoutais à mon lit, comme un client normal à son panier, les "articles" qui me faisaient envie. Le sexe n'avait pas la même valeur pour moi qu'il a aujourd'hui. Nous étions bêtes, nous n'étions qu'objets. Que l'on me pardonne d'avoir été jeune.


« l'union ; 19 ans » Nous étions tous les six là, au même endroit mais séparés. Depuis mon arrivée dans leur vie, par un hasard monstrueux, j'avais, sans le vouloir, fragilisé les liens entre chacun des membres de la bande. Maxéis était à côté de Adriel, dans la pièce à côté. Ils se disputaient gentiment dont le propos m'échappait. Kenael était à côté de moi, légèrement confus. Et de l'autre côté, en face de nous étaient assis à côté Marlon et Stanley. Ils ne se regardaient pas vraiment, Marlon en voulait encore à Stanley. Pourtant, nous essayions tous de faire des efforts, se parlant comme si tout allait bien alors que la situation était particulièrement déstabilisante. Maxéis et Adriel sortirent de la chambre, un peu pressés. Maxéis s'engouffra par la porte d'entrée, suivi par Adriel qui cherchait à retenir Maxéis. Je levai un sourcil songeur, demandant la raison de ce comportement. Kenael esquissa un sourire avant de me répondre. Disons que c'est... Compliqué. Ils ont du mal à se mettre d'accord sur l'attitude à avoir, je crois. Grognant doucement, je me levai face à tous. Je n'avais pas à répondre à Kenael, ne sachant pas quoi dire. Je fouillai alors mes poches et me dirigeai vers la porte d'entrée. Je vais m'en griller une... Alors que je descendis les escaliers, j'entendis des bruits de pas derrière moi, et lorsque je fus dehors, je vis Stanley débarquer juste après moi. Il semblait stressé et en même temps gêné. Plongeant ma main dans la poche de mon blouson, je sortais mon paquet de cigarettes, en tirai une avec le briquet. Haussant les yeux, je portai la cigarette à ma bouche avant de bredouiller quelques mots. Tu en veux une ? Il me fit non de la tête alors que j'allumais ma cigarette. Il s'approchait de moi doucement, me fit face en essayant de sourire tant bien que mal. Tu sais, c'est encore un peu tendu mais il faut juste du temps pour que l'on s'y fasse tous. Moi, je trouve ça stylé un jumeau de mon ami d'enfance. Tirant sur ma clope, je gloussai en baissant la tête, la relevant vers lui. Je fis glisser ma main délicatement sur son cou, passant mon bras autour de ce dernier et posant mon front contre le sien. Je lus dans ses yeux une certaine surprise et de la gêne à nouveau. Mon regard dans le sien, je me fis doux et compatissant. T'en fais pas, je comprends. Je ne me sens pas blessé, ni rien. Puis, je le lâchai doucement, souriant en coin et posant à nouveau ma cigarette entre mes deux lèvres. On s'entendait plutôt bien tous les deux. Stan semblait vouloir me protéger mais j'étais déjà rôdé. Cela m'amusait car on aurait dit qu'il me prenait pour son petit frère ou un équivalent. Chacun des membres de la bande avait pourtant un secret bien plus lourd et dérangeant que celui que Kenael et Stanley ont gardé pendant une semaine, soit celui de mon existence. Ils ignoraient tout de moi lorsque Stanley me vit par inadvertance et pensa que j'étais Kenael. J'avais joué sur la confiance du groupe sans le vouloir et sans le savoir, j'allais aider à celle-ci à s'endurcir et devenir plus forte. Je venais d'arriver dans la bande mais j'avais déjà mon importance.