Sujet: « on s'était fixé une règle. une seule. on ne s'attache pas. c'était le compromis. » ♣ loneleï&ashlann. Mer 16 Mar - 21:10
« you don't think i can love you but i can. i feel you in my bones. »
Le vent me giflait le visage, je crois qu'il me saccageait toute entière. Assise en tailleur sur le palier de la maison familiale, je me laissais aller à la contemplation du paysage, presque sereine. Mon cerveau semblait avoir cessé de fonctionner, me laissant certainement un moment de répit, histoire que je reprenne un peu mon souffle. Mes cheveux remuaient au rythme du vent et un sourire naquit à la commissure de mes lèvres. J'appréciais ces rares moments de calme, ces rares instants pendant lesquels j'étais autorisée à penser à autre chose que ce passé qui me hantait toujours un peu. Un peu trop souvent. Un peu trop fort aussi. Je basculai ma tête en arrière afin d'avoir une meilleure vue sur le ciel qui était plus que dégagé. Serait-ce une bonne journée ? Une partie de moi désirait se vautrer dans cette certitude. Peut-être était-ce plus qu'une idée : une envie ? Peut-être aussi la tempête n'allait-elle pas tarder à envoyer balader toutes ces esquisses de bonheur ? Je n'en savais strictement rien. Et pour une fois, ces interrogations sans réponses ne me dérangeaient pas. Je n'attendais rien de plus de cette journée que de pouvoir rester assise ainsi, la tête en l'air, la tête ailleurs. Je n'attendais rien de plus de cette journée que de pouvoir rire aux éclats sans en inventer chaque son. « Tata Lonie ? » Un léger sursaut me secoua : j'en avais oublié les autres. Sans détourner les yeux de l'immense toile bleue, je tapotai des mains mes genoux pour que mon neveu vienne s'y installer. Une exclamation de joie s'échappa de sa bouche et je me mis à rire tandis qu'il se glissait sur moi rapidement. « Que veux-tu, Sawyer ? » « Tu peux m'emmener jouer sur la plage ? Maman travaille et papa est dehors. Je veux faire des châteaux de sable moi ! » J'étudiais sa demande avant attention, pesant le pour et le contre. Que risquais-je en y allant, si ce n'était d'être éclaboussée ? Pas grand chose. Quelque chose me dérangeait pourtant, une légère boule au creux du ventre qui s'évertuait à me rappeler que tout n'était qu'éphémère. « Si tu veux, mon Ange. On va préparer tes affaires ? » Tant pis. Son bonheur passait avant tout car je le savais encore enfermé dans cette bulle d'insouciance ; bulle qui le protégeait du reste du monde. « Oui. Je vais chercher mon sac. » Soupir. « On pourra aller chercher Ashlann ? Ses châteaux sont trop beaux! » Simeo... Je me passai négligemment la main dans les cheveux, soudain mal à l'aise.
Ashlann était mon nouveau petit ami, du moins nous nous plaisions à nous considérer comme un couple. Avec lui, tout avait été très vite, peut-être trop vite. Je l'avais rencontré chez lui, ce soir où il m'avait appelée à la rescousse pour réparer la flotte qui noyait son appartement. Puis il m'avait proposée de boire un verre pour me remercier, ou quelque chose comme ça. Je me souviens que je n'avais pas ri autant depuis longtemps et que son humour décalé m'avait permis de m'évader un peu, moi qui venais à l'époque de rentrer à Arrowsic, ville que j'avais fuie. J'avais fini par partir, laissant dans son salon l'écho de mon rire. Le laissant seule avec sa solitude. Mais il m'avait rappelée, prétextant une autre fuite d'eau. Et nous nous étions revus, sans jamais parler de moi. J'avais dévoré sa vie comme un dévore un livre dont on ne veut jamais voir la fin. J'avais appris son épopée sur le bout de la langue, découvrant chaque instant passé à travers ses yeux. Il s'était ouvert à moi de la plus jolie des manières et je n'avais pas su faire la même chose. Pas par manque de confiance, non. Parce que j'avais confiance en lui, parce que dans ses bras, tout disparaissait. C'était autre chose, quelque chose de bien plus profond qui finirait par massacrer tout ce que j'avais bâti avec lui en seulement deux mois. D'ailleurs, une question me lancinait continuellement depuis deux jours : tout cela était-il vain ? Notre relation avait-elle été balayée après cette énième dispute ? Cette idée m'effrayait, quelque part me tuait. Je n'avais pas eu de nouvelles de lui depuis plus de deux jours. Et même si je n'avais pas daigné en donner, une plaie s'ouvrait lentement au creux de mes reins. Serait-ce le souvenir de la marque que laissent les gens lorsqu'il s'en vont trop tôt ? Lorsque, écœurés par ce que vous êtes, ils décident de fuir avant de tomber avec vous ? Sawyer me tira énergiquement le bras et je compris qu'il était prêt. Me relevant, je me laissais entraîner à la dérive des sentiers, sentant à l'intérieur de ma main ses petits doigts douillets.
« Ne va pas trop près de l'eau mon Ange ! » Et voilà qu'il se mettait déjà à courir une dizaine de mètres devant moi, un sourire collé sur la face. Je n'étais pas d'humeur à faire des châteaux de sable, encore moins à me rouler sur le sol. Non. J'étais occupée ailleurs, même si l'avouer semblait bien trop difficile. Que devais-je faire ? Mettre ma putain de fierté de côté pour lui dire de me rejoindre ? Ou le laisser vivre dans son coin, à l'ombre de mes secrets ? Mes doigts glissèrent le long de mon corps et s'enfoncèrent dans ma poche trouée. J'en ressortis un cellulaire et écrivis aussi vite possible. Comme si attendre une minute de plus me plongerait droit dans mon passé. Comme si t'attendre me rendait triste, un peu trop fiévreuse... T'es l'anticorps. Mon passé le microbe, mon passé mon fardeau Ashlann... Viendrait-il ? Resterait-il ? Etait-ce fini ? Avait-ce au moins débuté ? Je me souvenais juste l'avoir traité de connard sous l'emprise de la colère. Je me souvenais juste du bruit de la porte qui claque et du silence étouffant qui avait suivi.
Sujet: Re: « on s'était fixé une règle. une seule. on ne s'attache pas. c'était le compromis. » ♣ loneleï&ashlann. Ven 18 Mar - 15:59
[img][/img]
loneleï&ashlann,, episod one
Ca puait le printemps. Printemps, saison synonyme d’amour, de bonheur et de gaité dans le cœur endolori par l’hiver des personnes. A vrai dire, il suffisait simplement de regarder le visage de ces inconnus qui se trouvaient dans le petit square d’Arrowsic. Un sourire au bout de leurs lèvres, et ils oublièrent presque tous leurs petits soucis du quotidien, ces petites emmerdes qui les mal menaient chaque jour. Les enfants courraient partout, chantaient leur amour sous le chant mélodieuse de ces stupides oiseaux, vous savez ces bestioles dotées de deux ailes. Ashlann soupira bruyamment lorsque l’un de ces gamins sans défenses passa devant lui à toute vitesse. Il n’eut même pas le temps d’identifier son visage, tellement ce fut si rapide. Ce soupir ne signifiait à vrai dire pas grand-chose, en fait si. Non, ce n’était pas du désespoir, ni de l’antipathie, ou une quelconque réaction éprouvant son dégoût pour les personnes qui hurlaient leur amour haut et fort. C’était plus de l’ennui. Oui de l’ennui, voyez-vous. Combien de temps était-il ici ? Combien de temps était-il assis sur ce banc à regarder ces personnes, à regarder ces inconnus ? Combien de temps, oui ? Un quart d’heure ? Une demi-heure ? Ou bien peut-être plus… La notion du temps ne lui semblait pas si pertinente que cela. Oh ça oui. C’est alors que petit à petit, ses yeux se posèrent sur son téléphone portable. Objet qu’il tenait précieusement dans les mains. Et comme par un tour de magie inconnu, comme par enchantement, l’écran de son portable s’alluma progressivement et laissa s’afficher un message. Un fin sourire vint alors s’afficher sur son visage lorsqu’il lut le nom de l’expéditeur de ce fameux message. Loneleï. A cet instant, son visage semblait comme se réveiller, comme s’illuminer à nouveau. « Plage, deuxième ponton. Je t’attends. ». Le message était bref et concis. Après une rapide lecture, Ashlann rangea son portable. Sans même prendre d’y répondre. Après tout, à quoi bon y répondre ? Que voulez-vous qu’il lui répondre ? Certes, un « j’arrive… » aurait pu satisfaire comme réponse. Une réponse sûrement accompagnée par un « je t’aime », ou non. Il préférait faire le muet, se taire et ne pas y répondre. Non pas par ignorance, ni quoique ce soit d’autre. Comment aurait-il pu ignorer la fille qu’il aimait ? Comment, oui ?! Ca aurait été se montrer être un sans cœur, comme un être dépossédé de tous sentiments. Le jeune homme quitta alors sa place, quitta son banc. Non pas à contre cœur. Et le voilà alors parti à ce fameux rendez-vous. C’est vrai. Il aurait pu ne pas y aller. Sachons comment c’était terminé leur matinée. Une énième dispute. Dispute entre elle et lui. Entre Loneleï et Ashlann. Vous savez, le destin avait fait en sorte qu’ils se rencontrent un jour, oui soyons un brin romantique dans notre pâle récit. A vrai dire, ils s’aimaient. Elle l’aimait, il l’aimait. Une histoire basée sur une attirance réciproque et des sentiments tous plus forts les uns des autres partagés. Pourtant rien n’était si simple entre eux deux. Ca aurait été trop beau si ça avait été le cas. Trop beau, oui. Leur histoire, leur relation aurait pu être tout bonnement banal… mais non. Elle n’avait rien de banal. Rien du tout. Elle était plus ou moins particulière, ou plutôt délicate. Il en était persuadé, elle lui cachait des choses. Des choses dont il ignorait et pourtant qu’il aimerait tant savoir… il ne demandait qu’une chose, il aimerait qu’une seule chose oui : la connaitre mieux. La connaitre dans ses moindres détails, la connaitre par cœur comme il connaissait par cœur chacune de ses formes. C’était sûrement trop en demander, à en croire les réactions de la jeune femme. Un soupir, encore une fois. Ashlann secoua alors légèrement la tête comme pour chasser ses pensées, chasser ces images qui s’étaient ancrées à son esprit. Il venait d’arriver à l’endroit prévu. Au loin, il aperçut sa silhouette. La silhouette de Loneleï. Il s’arrêta net dans sa marche, la contemplant au loin silencieusement, sans un mot, sans une pensée. Il venait alors de se demander, de se questionner finalement. Devait-il y aller ? La réponse fut évidente. Sans trop attendre, il reprit la marche avec qu’un seul but. Un seul but, un seul objectif. La rejoindre. Ses pas le menèrent alors jusqu’à elle, et silencieusement il s’approcha d’elle. Puis il vint lui attraper une main délicatement. Toujours dans ce silence meurtrier. Ashlann observa longuement le panorama qui s’offrait à lui, sans un mot. C’est alors que son regard se posa sur la jolie brune, sur Loneleï. « C’est beau, ici… ». Il laissa sa phrase en suspens, laissant alors place à un sourire qui venait de se dessiner sur ses lèvres. Le silence ne fut qu’installé que quelques secondes cette fois-ci. Son regard plongé dans celui de Loneleï. « Est-ce que cet endroit a une valeur particulière pour toi ? ». C’était assez osé comme valeur, sachons qu’elle ne parlait peu d’elle dans le fond. Mais après tout, on avait tous un lien, ou plusieurs lieux, particulier qui nous rappelait des souvenirs, ces lieux qui avaient des valeurs si particulières à nos yeux, des endroits qui avaient des saveurs de nostalgie par moment. On en avait tous, oui. Même Ashlann. Il pourrait vous en citer quelques uns. Le cour de tennis par exemple, toute son enfance, toute son adolescence, puis l’hôpital. Certes ce dernier lui avait laissé un goût amer… mais des lieux auxquels on avait une grande importance, il y en avait.
Sujet: Re: « on s'était fixé une règle. une seule. on ne s'attache pas. c'était le compromis. » ♣ loneleï&ashlann. Lun 21 Mar - 13:40
« you don't think i can love you but i can. i feel you in my bones. »
« C’est beau, ici… » Je ne l'avais pas vu venir, encore moins senti. Sa présence me semblait même encore un peu irréelle tandis que sa main rugueuse se glissait dans la mienne, beaucoup plus petite, beaucoup plus fragile. Alors il était bien là, il s'était présenté sur ce ponton comme un visiteur l'aurait certainement fait aux barrières d'une prison. J'étais la prisonnière, lui le moment de répit. Condamnée à mort ? Bien sûr que non. Cette perspective me semblait cependant parfois moins douloureuse que ces silences qui me poussaient à éloigner Ashlann de moi. Ainsi, nous nous disputions beaucoup plus souvent, beaucoup plus violemment aussi. Les mots volaient dans mon appartement -ou le sien-, claquaient contre les murs avant de finir sur le sol, écrasés par nos cent pas colériques. Évidemment, aussi étrange que cela pouvait paraître, c'était à mon corps frêle qu'était destiné la culpabilité, à mes yeux vides que le terme de bourreau s'attachait. Alors non, je n'avais pas pensé qu'il viendrait, encore moins qu'il se ramènerait accompagné du calme qui permettait actuellement à son pouce d'effectuer des ronds sur ma paume moite. Il semblait si... détaché. Comme si la tempête qui nous avait saccagés deux jours plus tôt ne l'avait pas affaibli un peu, comme si les insultes criées au gré du vent n'avaient pas laissé de cicatrices sur son torse musclé. Comme s'il m'aimait un peu plus que de raison, un peu plus que de passion. Qu'avais-je à lui répondre ? Que devais-je lui répondre ? Que j'étais désolée d'être aussi souvent à l'ouest ? Que si j'avais pu, j'aurais brûlé chacun de mes souvenirs avec Dorian en échange d'une relation simple avec lui ? Que si je ne parlais pas, c'est parce que parler revenait à cracher l'envie de me fondre dans mon passé ? Mieux valait que je me taise, que je n'offre pas à mes vieux démons l'opportunité de me secouer une énième fois, par sadisme plus que par devoir. Je soupirai, agacée par ces dizaines de questions qui me faisaient mal à la tête et faisaient battre mon sang au niveau de mes tempes. « Oui, tu as raison. C'est beau. » murmurai-je, pour moi-même. La plage offrait une vue imprenable sur la mer sereine aujourd'hui. Et pourtant, je n'attendais de me perdre que dans un seul océan : celui de ses yeux.
« Est-ce que cet endroit a une valeur particulière pour toi ? » Même pas surprise par sa question. Ces derniers temps, il n'arrêtait pas de laisser les interrogations qui se promenaient dans son esprit voler la place du silence, me refroidissant toujours jusqu'à l'os. Une question d'une simplicité inimaginable. Une question innocente qui avait brûlé les lèvres de mon petit ami tandis qu'elle s'était échouée sur mon cœur, fière de me mettre mal à l'aise. La vie me paraissait tout à coup bien plus chienne que quelques minutes auparavant. Une salope née pour me foutre à genoux, qu'il fasse beau ou qu'il pleuve. Qu'il vente ou qu'il tonne. Ce que j'attends de cette conne ? Qu'elle m'oublie un peu. Qu'elle me laisse me reconstruire en invitant Ashlann au creux de mes reins à la tombée de la nuit. Je voulais juste ignorer celle que j'avais été pour vivre pleinement avec mon nouveau petit ami. Il était largement temps de tourner la page... et pourtant, faire le résumé de ce livre afin de le refermer entièrement s'avérait être bien plus difficile que ce que j'avais imaginé jusque là. Peut-être un peu pour ça que je m'étais cassée trois ans loin de ce trou, trois ans loin de cette fosse à souvenirs. « Ashlann, je... » Je n'y arrivais pas. Est-ce que cet endroit avait une valeur particulière pour moi ? La réponse était évidente. Chaque sentier de Arrowsic, chaque infrastructure me faisait penser à quelque chose, de plus ou moins lointain. Le phare, un peu à l'écart, me rappelait cette nuit où nous avions retrouvé le corps d'un marin tombé dans les eaux violentes. Le ponton numéro quatre, à une cinquantaine de mètres sur notre droite, me faisait penser à Nate, la personne en qui j'avais le plus confiance ici, et même ailleurs. Et le petit snack qui s'invitait sur la plage chaque été rimait avec Dorian. Tout avait une signification. Mais ne pouvait-il simplement pas comprendre que je souhaitait envoyer tout ça aux oubliettes ? Perdue dans son regard, je luttais afin que la flotte ne gagne pas le mien. Un petit tour du côté de la plage : Sawyer se roulait sur l'étendue granuleuse, heureux... innocent. Revenant à la réalité, je glissai doucement mes doigts le long de son torse, frémissant légèrement à l'idée qu'ils ne l'avaient pas parcouru depuis deux jours. C'était clair : les heures à ses côtés m'avaient rendue dépendante. Et à travers cette dépendance résonnait une saveur amère, celle de la peur de l'abandon... « Chaque lieu où nous passons, par hasard ou non, finit par avoir une valeur particulière à nos yeux, non ? » Au moins, je ne mentais pas. J'espérais juste qu'il ne m'en tiendrait pas rigueur, qu'il ne soupirerait pas et passerait à autre chose. « Tu m'as manqué, Jlyen. » Petit sourire en coin, j'étais amoureuse de son second prénom et l'usais dès que possible avec ça. Avançant d'un pas vers lui, j'agrippai son T-shirt, soudain envieuse de finir dans ses bras. Je suis désolée... De ne pas pouvoir t'offrir plus que ça, de t'avoir déjà tout donné... Alors que c'est trop peu. Tu m'en veux, dis moi ? D'être un fantôme ? De te laisser ignorant au sujet de celle que je suis... J'aurais dû lui dire tout ça, mais je ne sus pas.