there's no escape I can't hide I need a hit baby, give me it you're dangerous I'm lovin' it.

Je passais quasiment toutes mes soirées au Jack's Lounge. Et ce soir-là, je n'échappais pas à la règle. Je trouvais cet endroit reposant, convivial et rassurant. C'était comme ma deuxième maison. D'ailleurs, le gérant me connaissait par cœur, c’était pour cette raison qu’il me lança un « Tiens, mais c’est le petit Jay ! » quand j’entrai dans la pièce parfumée à l’alcool. Je lui adressai un bref signe d’amitié en retour, heureux de cet accueil chaleureux que l’on me faisait. Je m’entendais beaucoup plus avec les adultes qu’avec les adolescents dans cette ville, ce qui, n’était pas très normal pour mon âge, enfin bon, c’était comme ça. Je préférais sans doute les gens avec du bon sens et une certaine maturité, et qui pouvaient supporter mon humeur fracassante. Je me rendais compte que je me montrais beaucoup plus aimable avec les adultes, mais bon. Au lycée, rien ne me plaisait. Pour moi, cet établissement était synonyme d’enfer. Je n’y pouvais rien. C’était comme ça. Je m’assis sur un tabouret, dans un coin. Il y avait déjà quelques personnes devant leurs chopes de bière, mais ce n’était pas l’heure de pointe. En même temps, nous étions mercredi soir et il n’était que vingt heures. A l’intérieur, l’ambiance était bonne. Tout le monde avait envie de se reposer après une dure journée de travail, et je les comprenais. Même si je ne faisais rien en cours, le fait d’aller au lycée m’épuisait. Le fait de voir des gens que je n’appréciais pas et qui me regardait étrangement m’exaspérait et me lassait à la fois. Le fait d’entendre parler d’équation, de métaphores ou d’atomes me plombaient la tête et manquaient de me faire évanouir. Oui, travailler était une vraie torture pour moi, et le seul remède était l’alcool. C’était pour cette raison que le Jack’s Lounge était mon endroit favori. L’alcool coulait à flots, les barmans étaient sympathique et de bonne humeur, et les clients toujours très avenants. Même si je ne leur parlais pas, j’aimais bien les gens qui se rendaient ici.

Je commandai un verre de whisky. Les bras croisés sur le comptoir, les yeux plongés dans les bouteilles d’alcool, je ne disais rien. En même temps, j’étais seul. Définitivement seul. Je guettais autour de moi si une femme passait le perron de l’établissement. En tout cas, je l’espérais. Pas de Sheila en vue. Ni de Robyn. Ni de Romane. Ni de Charlie. Ni de Leoni. Bon et bien tant pis, mes amantes « habituelles » ne viendraient sans doute pas ce soir. Peut-être serait-ce l’occasion de rencontrer une nouvelle proie alors ? Cette idée commença à me tourmenter la tête et à me mettre de bonne humeur. Dès qu’il s’agissait de femmes, j’étais excité comme une puce. Ouais, j’étais complètement dingue de sexe, et je le savais. Cependant, cela n’était pas un complexe pour moi, au contraire. Avec l’alcool, c’était la seule chose qui me divertissait à Arrowsic. Alors je n’allais pas me priver, surtout si ces dames succombaient à mon charme. Je ne disais jamais non. Non, jamais. J’étais toujours partant et bouillonnant de désir. D’ailleurs, j’entendis des talons claquer sur le sol en bois de la pièce. Il y eut un grand silence. Je ne pus m’empêcher de regarder en direction de ce bruit. Et ce que je vis apaisait ma rétine. Une créature splendide, grande, blonde, aux courbes parfaites et au visage charmant, entrait dans le bar, constitué seulement d’hommes pour le moment. Tout le monde se demandait où elle allait s’assoir. Tout le monde espérait recevoir cette magnifique compagnie, y compris moi. Et la chance fit que cette délicieuse apparition vienne poser ses jolies jambes à côté de moi. Je ne pus m’empêcher de la regarder, après tout, elle était juste divine. « Salut beauté. » C’était un réflexe de ma part d’appeler les femmes « beautés », et tant pis si cela les dérangeait.

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Le fait que cette magnifique blonde ait mis le grappin sur moi me flattait et me remplissait d’orgueil également. Je pouvais constater les regards jaloux de ces messieurs portés sur moi, et cela me faisait beaucoup rire. Ce soir-là, j’avais été la star, le chanceux que tout le monde envie, et cela me satisfait. J’ignorais l’âge de cette grande blonde, et à vrai dire, je m’en fichais. Elle était juste sublime. Ma soirée allait bien se passer finalement, et j’aimais rencontrer de nouvelles personnes, surtout si elles étaient aussi canon qu’elle. Cette mystérieuse inconnue, sortie de nulle part, avait finalement un nom, qui était Keira. C’était plutôt joli. Visiblement, le barman avait l’air de la connaître, ce qui ne me surprit pas. En général, les barmans connaissaient tout le monde, ainsi que leurs petits secrets. Moi j’aimais bien ces gens chaleureux qui vous servaient toujours des verres, d’une part parce que ça leur faisait gagner de l’argent, d’autre part parce que cela leur faisait plaisir. Je crois que le métier de barman m’aurait bien plu, même si je pense qu’à la longue, ça m’aurait lassé. D’ailleurs, je cherchais depuis quelques temps ce à quoi ma vie aspirait. J’avais très rapidement fini à la conclusion que ma vie n’avait aucun sens, et que j’étais un ignorant qui ne servait à rien. Cependant, je voulais prendre ma vie en main, et marcher sur la route qui permet de passer à l’âge adulte. Je savais que c’était pour bientôt, alors je cherchais quoi faire. Alors parfois des idées me venaient, mais elles retombaient aussitôt. Bien que j’avais l’air de passer complètement au-dessus des études, cela comptait pour moi. Moi je voulais devenir quelqu’un et ne pas me sentir inutile. Moi je voulais être un homme puissant. Oui, mais comment ? Mon père avait réussi, et même plus que ça. Il était riche et puissant. Seulement, il n’avait pas trouvé l’amour. C’était le seul inconvénient. Au-delà de ça, il pouvait avoir tout ce qu’il voulait, le monde était à ses pieds. Et moi, je voulais devenir comme lui.

Mes rêves de grandeur ne m’empêchaient pas de regarder avec attention la jeune blonde qui était à côté de moi. Je ne me lassais pas de l’admirer, et aucun défaut ne ressortait de ce corps resplendissant. D’ailleurs, je me demandais bien comment se faisait-il que je ne l’avais pas vu auparavant. Enfin bon, il vaut mieux tard que jamais, parait-il. Alors tout simplement, curieux et envieux de commencer une conversation, je lui demandai : « Dis-moi, qu’est-ce que fait une créature aussi belle que toi dans une ville aussi triste que Arrowsic ? » A peine avais-je prononcé ces mots que je me rappelais d’une soirée que j’avais passé avec Sheila. Il me semblait que j’avais dit la même chose. Il fallait peut-être que je me renouvelle. Enfin bon, aucune Strugatsky en vue, donc ce n’était pas très grave. Elle ne s’en rendrait sans doute pas compte. Le barman intervint alors dans notre discussion. Toujours à vouloir taquiner les gens, lui. Cependant, cela n’avait pas l’air de gêner la dénommée Keira, qui avait plutôt l’air d’apprécier cette remarque. Bon de toute façon, cela m’aidait à la draguer, alors je n’allais pas me plaindre. Elle commanda une vodka, et je dis au barman : « Deux vodkas s’il te plait ! » Celui s’exécuta aussitôt, satisfait de son tour de main. La jeune inconnue semblait intéressée par moi, ce qui me flattait. Et j’étais content. Content qu’elle m’ait choisi parmi cette fourmilière à hommes. Maintenant, il s’agissait de ne pas la perdre. « Moi c’est Jay. » Je ne savais pas si mes airs hautains et provocateurs la gênaient, mais en tout cas, mon visage était serein, apaisé et prétentieux, et je ne savais pas si cela lui plaisait ou pas. Du moment qu'elle ne s'enfuie pas.