nom : SPITZ. Ҩ prénom : LÉOPOLDINE. Ҩ âge : VINGT ET UN ANS. Ҩ origines FRANCO-AMÉRICAINES.. Ҩ statut civil : VOLAGE LIBERTINE (lesbienne). Ҩ occupation : AUCUNE (peintre à ses nombreuses heures perdues). Ҩ avatar : FREJA BEHA ERICHSEN. Ҩ crédits : fuckyeahfrejabeha | tumblr.

Un jour, quelqu'un m'aimera. Un jour, quelqu'un m'aimera. Un jour, quelqu'un (…) Tu répètes cette phrase en boucle. Tu la chuchotes, juste pour toi. Peut-être pour y croire un peu – un peu plus. T'as sept ans, peut-être huit, pas plus. Enfermée dans ta chambre, tu t’enivres de ces mots, qui à la fin, ne veulent plus rien dire. T'es punie. T'es punie parce que t'as voulu foutre le feu aux cheveux d'une fille de ta classe. Elle le méritait, elle l'avait cherché. Mais ça, personne ne veut le comprendre. La maîtresse, ton père, ta mère : tout le monde s'en fout de ta version des faits. C'est la connasse blonde qui a gagné, avec son doux sourire et ses yeux humides. Alors toi, t'as plus l'droit de sortir de ta chambre – à part pour aller à l'école et subir son regard de pouffe. Même manger, tu dois le faire dans ta chambre. Tes parents t'apportent une assiette froide, une assiette presque vide, sans un sourire, sans un mot gentil. Tu es le vilain petit canard, tu fais honte à ta famille, ils ne veulent plus te voir. Et alors ? Et alors.
Un jour, quelqu'un m'aimera. Tu sais très bien que ces mots ne veulent rien dire. Tu l'sais, parce que tu te sens déjà à part. Tu ne comprends pas les autres – ils te le rendent bien. Alors pourquoi est-ce qu'on s'intéresserait à toi ? Tu n'en veux pas la peine. Tous les soirs, t'as les larmes qui t'montent aux yeux, c'est un véritable torrent derrière tes paupières : mais tu te retiens. Pleurer, c'est pour les gamines, c'est pour les faibles. Pleurer, c'est pas pour toi, tu l'as bien compris. (et de toute façon, ça servirait à quoi?) Tu ravales tes larmes, tu ravales tes cris, tu prends sur toi.
Y'a comme une tempête à l'intérieur de ta tête. Y'a comme des vagues qui font trois fois ta taille, comme un ouragan, comme. Comme un truc incontrôlable, un truc qui te dépasse, juste. Sept ans, déjà une folle envie de liberté et d'ailleurs. Et si ? Et si tu t'barrais, t'es sûre que tes parents ne te chercheraient pas. Et si ? Et si tu crevais, t'es sûre qu'ils ne pleureraient pas. Le soir, tu te racontes des histoires toute seule, dans le froid de ton lit. Tu imagines. Avec des 'si', tu refais ta vie, et c'est mieux comme ça, oui. Et si tu étais cette blonde au sourire d'ange, aux yeux qui papillonnent ? Mais non. Non, tu n'es que toi, Léo. Sauvage avant l'âge. Rebelle, mais à peine jolie.