« Pas de caprices Perle s'il te plaît. » »Mais maman, te plaît » « Perle ça suffit » Sa moue boudeuse ne put me pousser à jouer la mère sévère trop longtemps, et j'embrassais sa joue rebondie avec un plaisir évident. De jour en jour elle s'épanouissait, ses cheveux châtains retombant en boucle souple sur son visage. Ses cheveux, je prenais plaisir à les voir s'allonger, auréoler son visage de manière aussi angélique. S'embellissant, elle me ressemblait de façon étonnante, et je parvenais ainsi à en oublier un père sur lequel j'avais tiré un trait. Les souvenirs s'effacent... amour d'adolescence rejeté, amitié rejetée. Jewelly pourtant me manquait avec force, bien plus que ce demi-frère qui m'avait pourtant permis de donner la vie. Soulevant mon bébé contre moi, la portant sur ma hanche, je m'éloignais après avoir verrouillé la lourde porte. « On va où? » « Et bien on va se promener et faire quelques courses. » « Une zolie robe? » « Si tu es très sage » Tapant dans ses mains toute heureuse, elle resserra ses bras autour de ma nuque tout en chantonnant à pleine voix. Souriante, je descendis la rue, tout en la dévorant des yeux. Elle était encore si innocente.... Je m'étais promis quoiqu'il arrive de veiller sur ce bonheur, de faire en sorte que jamais elle ne connaisse de peines. Du moins jusqu'à ce qu'elle ne pose trop de questions sur un père dont je n'avais envie de ne révéler que quelques anecdotes. Mais je savais qu'un jour, elle demanderait à le rencontrer, à le découvrir... alors que de son côté il ignorait tout de son existence. La vie était si cruelle... même si sur ce point je l'avais été davantage, privant mon enfant d'un père... le privant de sa fille. Mais je n'étais pas certaine qu'il apprécierait la nouvelle puis... « Mama garde!!! » Levant la tête, je repérais les oiseaux dans le ciel, et je souris. « Oui mon ange. » M'appuyant contre son visage, je la respirais. Je ne voulais la garder que pour moi. Elle était mon soleil, mon amour, et je ne voulais pas la partager.

« Lizie!! » Tournant la tête pour apercevoir une vieille connaissance, je descendis la rue avec le jeune homme, souriant faiblement aux quelques plaisanteries qu'il pouvait me lancer. Il essayait de rentrer dans mes bonnes grâces, de me charmer par ses tournures de phrases, mais je ne parvenais à être conquise par son jeu de syllabe. Mon cœur tanguait à présent pour un autre, même s'il m'avait déçu au point que je ne désirais plus même le voir. Mais ce n'était qu'une histoire de plus... de cœur brisé. Le laissant près d'un magasin, je m'éclipsais avec la petite, rejoignant une boutique de vêtements pour enfant. « Oh mama garde la dame! Elle est presque aussi zolie que toi. » Je suivis des yeux le doigt qu'elle pointait vers la vitrine et me figeais soudainement face au visage entraperçus. Sous le choc, j'en laissais tomber le haut que je tenais dans la main, avant de serrer ma fille dans les bras. Je ne m'attendais pas à tomber sur Jew ici... pas maintenant.... Comme prise en faute, je rougis violemment avant de me cacher comme une enfant derrière les étalages. C'était puérile? Peut-être. Mais nous nous étions perdus de vue et un secret trop lourd à révéler désormais m'incombait. J'en perdis mon souffle avant de jeter un nouveau regard et, ne la voyant plus, je sortis précipitamment de la boutique, remontant vers la librairie. « Mama, veux robe! » Soupirant faiblement, je la regardais. Ses prunelles lançaient des éclairs, et elle faisait de nouveau sa moue de petite fille gâtée. Ce qui n'était que de ma responsabilité en effet. « Demain? » Le pli de sa bouche s'accentua, tandis que je me poussais contre son visage en murmurant. « S'il te plaît ma chérie. » « Non » Adorable mais aussi têtue que sa mère cette petite. Un son me fit tourner la tête, un enfant qui criait, et c'est à ce moment précis que je la vis de nouveau. Sauf que cette fois, je n'étais pas passée inaperçue. La douleur refit surface, mon cœur se brisa de nouveau, les souvenirs néfastes revinrent. Trahison... horreur... je ne savais pas même quoi lui dire. « C'est la dame:!! » Les enfants étaient perspicaces, mais parfois pas assez ou trop.